Noël 2020

Les musées sont fermés ? Allons dans les églises
pour voir des oeuvres d’art, leurs lieux d’origine.

Joyeux Noël à vous
prenez soin de vous

Le lieu
Hippolyte Flandrin, l’adoration des rois mages

L’église Saint-Germain-des-Prés, située au cœur de Paris, est un édifice à l’histoire prestigieuse. Elle est l’héritière d’une abbaye royale, fondée au milieu du VIe siècle par le roi Childebert Ier et par saint Germain, évêque de Paris. Construite entre le Xe et le XIIe siècle, elle associe architecture romane, dans la nef, et gothique, dans le chœur. C’est l’un des grands décors sacrés de Paris, longtemps laissé à l’abandon. On pensait même le détruire vers 1960.
Les décors de Saint-Germain-des-Prés ont fait l’objet d’un important chantier de restauration, conduit entre 2016 et 2020 par la Ville de Paris.
L’église de Saint-Germain-des-Prés a pour elle l’immense avantage de se trouver dans un quartier bien en vue, juste en face des légendaires café de Flore et des Deux Magots. La renommée de cette église, parmi les plus visitées de Paris, a suscité des dons du monde entier pour soutenir ce chantier.
D’aucuns la surnomment la Chapelle Sixtine du XIXe s.

L’auteur

Originaire de Lyon, Hippolyte Flandrin (1809-1864) occupe une place majeure sur la scène artistique du XIXe siècle. Élève préféré de Jean Auguste Dominique Ingres, il est très vite distingué pour ses tableaux d’histoire, ainsi que pour ses portraits ; il devient, dans ce genre pictural, l’un des maîtres les plus recherchés de son temps. Le décor monumental s’impose comme l’une de ses spécialités et lui vaut une grande renommée auprès de ses contemporains.
Je vous propose une visite guidée du lieu

les vidéos des fresques

Rodin / Arp à la Fondation Beyeler

 Ptolémée III, Hans Arp et le Penseur de Rodin

Jusqu’au 16 mai 2021, l’exposition a été conçue par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, en coopération avec le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, Remagen, et organisée en collaboration avec le Musée Rodin, Paris. L’exposition est placée sous le commissariat de Dr. Raphaël Bouvier, commissaire d’exposition à la Fondation Beyeler.

* En raison de la nouvelle réglementation officielle du 11 décembre 2020 pour contenir le virus corona, le musée sera temporairement fermé jusqu’au 22 janvier 2021.

Pour la première fois, une exposition muséale fait dialoguer Auguste Rodin (1840–1917) et Hans Arp (1886–1966), mettant face à face l’oeuvre pionnier du grand réformateur de la sculpture du 19ème siècle finissant et l’oeuvre influent d’un des protagonistes majeurs de la sculpture abstraite du 20ème siècle. Les deux artistes possédaient une puissance d’innovation artistique et un goût pour l’expérimentation exceptionnels. Leurs oeuvres ont fortement marqué leur époque et ont conservé toute leur actualité.

« Et ainsi la vérité de mes figures, au lieu d’être superficielle, sembla s’épanouir du dedans au dehors comme la vie même. »

Auguste Rodin

« Nous ne voulons pas copier la nature. Nous ne voulons pas reproduire, nous voulons produire. Nous voulons produire comme une plante qui produit un fruit et ne pas reproduire. »

Hans Arp

Hommage et affinités

Les créations d’Auguste Rodin et de Hans Arp illustrent de manière impressionnante et exemplaire des aspects fondamentaux du développement de la sculpture moderne. Rodin a ainsi introduit des idées et des possibilités artistiques radicalement nouvelles dont Arp s’est saisi plus tard dans ses formes biomorphes, les faisant évoluer, les réinterprétant ou les contrastant.
Il n’est à ce jour pas certain que Rodin et Arp se soient jamais rencontrés personnellement, mais leurs oeuvres présentent des liens de parenté artistique et de références communes, tout comme des différences, qui font de la confrontation de leurs créations singulières une expérience visuelle particulièrement éloquente.

Inspiré de La porte de l’enfer (site)



un coup d’oeil sur le site permet de voir le détail

Le baiser ne se trouve pas dans la Porte de l’Enfer, il est remplacé par le couple
Paolo et Francesca (photo de gauche, sculpture qui n’est pas dans l’exposition)

Le Parcours

L’exposition (en vidéo)prend pour point de départ la sculpture de Hans Arp Sculpture automatique (Hommage à Rodin) de 1938 et son poème Rodin de 1952, hommages explicites au grand précurseur, qui illustrent aussi le vaste éventail créatif de Arp, allant de la sculpture à la poésie. Outre ces références explicites, le dialogue entre Rodin et Arp révèle aussi de nombreux autres liens, repères et préoccupations artistiques communs. L’exposition met ainsi en lumière des rapports de contenu et d’approche conceptuelle qui s’enracinent dans l’exploration de thèmes existentiels tels la création, la croissance, la transformation et la déchéance. Il en résulte des représentations de corps humains, animaux ou végétaux qui se fondent de manière nouvelle.

Entre assemblage et hasard

On rencontre chez Rodin et chez Arp une conception de la nature et de l’art toute singulière et pourtant comparable, qui met en avant le processuel et l’expérimental, et fait aussi du hasard un principe artistique. Les deux artistes s’intéressent à l’idée du vivant en tant que thème philosophique, auquel ils donnent corps dans des sculptures éclatantes de vitalité.

Arp
Fragment et intégralité – le torse

Les sculptures de Rodin et de Arp, mouvementées et émouvantes, fascinent aussi par leur jeu de volumes sensuels, fluides et immaculés d’une part et de surfaces et de formes altérées et accidentées d’autre part, qui trouvent leur idéal dans le torse. L’articulation entre construction et déconstruction est aussi palpable dans le genre de l’assemblage, que Rodin introduit en sculpture et que Arp développe plus avant. Il apparaît aussi chez les deux artistes des liens dans la méthode, par exemple dans le transfert des figures d’un matériau à un autre, et dans leur réalisation à différentes échelles allant du petit format au monument. Leur attention porte aussi sur la présentation de leurs sculptures, en particulier sur le socle, que Rodin est le premier à remettre en question.

Naissance et croissance

Enfin, il existe entre Rodin et Arp des liens en termes de motifs, par exemple celui de l’ombre, de la main créatrice ou du vase en tant qu’objet et volume. Les deux artistes puisent pour cela souvent dans la littérature, par exemple la mythologie antique ou la Divine Comédie de Dante.

Expériences sur papier
Corps et vases
Arp, Etoile
Rodin, Je suis Belle
Rodin, muse
Arp, Amphore relief

Réunissant environ 110 oeuvres de musées et de collections privées du monde entier, «Rodin / Arp» est l’une des expositions de sculpture les plus vastes présentées à ce jour par la Fondation Beyeler. Si l’exposition met l’accent sur les sculptures d’Auguste Rodin et de Hans Arp (y compris une sculpture d’extérieur monumentale dans le parc du musée), elle présente également des reliefs de Arp ainsi que des dessins et des collages des deux artistes.

L’exposition réunit des oeuvres emblématiques comme Le Penseur et Le Baiser de Rodin ou Ptolémée et Torse de Arp.
Des oeuvres moins célèbres font apparaître d’autant plus clairement les liens artistiques qui unissent les deux artistes.

L’exposition a été conçue par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, en coopération avec le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, Remagen, et organisée en collaboration avec le Musée Rodin, Paris. L’exposition est placée sous le commissariat de Dr. Raphaël Bouvier, commissaire d’exposition à la Fondation Beyeler.

En lien avec l’exposition «Rodin / Arp», la célèbre chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker, dont le travail compte parmi les plus influents de la danse contemporaine, présentera une nouvelle création,
à voir à la Fondation Beyeler entre le 29 janvier et le 14 février 2021.
Anne Teresa De Keersmaeker confronte son intervention chorégraphique
Dark Red aux univers sculpturaux d’Auguste Rodin et de Hans Arp.
La puissance palpable de l’obsession de Rodin pour le corps humain et sa force narrative implicite tout comme la soif d’émancipation formelle de Arp trouvent un écho direct dans la recherche chorégraphique de De Keersmaeker: une exploration des capacités d’abstraction du corps, un agencement du mouvement dans le temps et dans l’espace.

sur mon blog ma visite au musée Rodin au sujet de la Porte de l’Enfer

Horaire

Du lundi au samedi de 10h – 18h
Mercredi de 10h – 19h

* En raison de la nouvelle réglementation officielle du 11 décembre 2020 pour contenir le virus corona, le musée sera temporairement fermé les dimanches, jours fériés et après 19 heures jusqu’au 22 janvier 2021.

Plus d’informations

Rembrandt, la Pièce aux cent florins

Autoportrait de Rembrandt, en costume oriental 1631
Rembrandt Leyde, 1606 – Amsterdam, 1669 
Petit Palais

L‘exposition du Kunstmuseum de Bâle sur les eaux fortes de Rembrandt, mais aussi, la conférence de Paris Musées Arts, Introduction à l’histoire de l’art :
« La valeur des détails : un voyage au cœur des œuvres »
par Charles Villeneuve de Janti, m’a incitée à me plonger plus avant, dans les eaux fortes de Rembrandt.

La Pièce aux cent florins (en néerlandais : Honderdguldenprent) est une gravure à l’eau-forte vraisemblablement achevée par Rembrandt vers 1648-1649 et commencée dix ans plus tôt.

De predikende Christus (De Honderdguldenprent), Rembrandt van Rijn, 1775
Rijksmuseum
Composition

Sa composition s’inspire du 19e chapitre de l’Évangile selon Matthieu. Le Christ se tient au centre de la scène, entouré de plusieurs groupes de personnages : à droite, une foule de pauvres, des malades, des personnes âgées ou blessées l’implorent de les guérir ; à gauche, les pharisiens lui tournent le dos, le défient, le provoquent au sujet du droit de l’homme à répudier sa femme ; devant lui, deux femmes s’approchent pour lui demander de bénir leurs enfants.
À saint Pierre qui tente de les repousser, le Christ ordonne :
« Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi ».
Enfin, un jeune homme riche qui hésite à abandonner sa fortune s’oppose au chameau tout à droite de la composition, rappelant la formule de Jésus :
« Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. »

Le titre

Cette gravure tient son titre de l’histoire selon laquelle Rembrandt l’aurait échangée contre une série complète de gravures du maître italien Marcantonio Raimondi, plutôt que de lui payer les 100 florins demandés, somme très élevée à l’époque. Une autre théorie suggère que l’estampe aurait été offerte par Rembrandt à son ami le marchand d’art Jan Pietersz Zomer, ce qui expliquerait qu’elle ne soit ni datée ni signée.

Les exemplaires de l’estampe originale sont très rares et sa plaque a connu un destin surprenant, le capitaine et imprimeur britannique William Baillie, qui l’avait acquise au XVIIIe siècle, l’ayant retravaillée puis découpée en différents motifs afin de les revendre.

Importance

La Pièce aux cent florins est considérée comme la gravure la plus aboutie de Rembrandt, qui innove à plusieurs niveaux. Il représente le Christ comme une source paisible de méditation plutôt que comme figure de souffrance et renferme plusieurs épisodes en une seule scène. Pour mettre ses personnages dans l’ombre ou dans la lumière, engage tous ses moyens techniques — cette eau-forte a été rehaussée à la pointe sèche et au burin sur deux états — et artistiques — avec notamment une intense recherche de la lumière et du visage du Christ dans des œuvres antérieures.

— Catalogue de l’exposition au musée du Petit Palais, 1896

« C’est la première œuvre majeure dans laquelle la lumière et l’ombre atteignent à une telle puissance d’expression et où la vie intérieure s’exprime si fortement à travers une nouvelle maîtrise technique. À cet égard, La Pièce aux cent florins, datée arbitrairement de 1649, ouvre le chemin aux œuvres de la dernière période de Rembrandt graveur. Mais c’est aussi une œuvre charnière représentant la quintessence du travail d’une décennie entière, reflétant toutes les aspirations, tous les accomplissements de l’artiste. »

Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton

Cindy Sherman untitled# 590, 2016/2018
impression par sublimation thermique sur métal

Prolongée jusqu’au 31 janvier 2021

Commissariat général
Suzanne Pagé, Directrice artistique
Commissaires
Une rétrospective (de 1975 à 2020)
Marie-Laure Bernadac
et Olivier Michelon, Conservateur avec Ludovic Delalande, Commissaire d’exposition associé

Crossing Views :
La Collection, regards sur un nouveau choix d’oeuvres
Angeline Scherf
, Conservatrice, Nathalie Ogé, Chargée de recherche pour la Collection, Ludovic Delalande assistés de Claudia Buizza

Architecte scénographe
Marco Palmieri

Autant vous le dire d'emblée, c'est une exposition que j'ai adorée, pour la profusion et diversité des photos présentées, pour la scénographie, pendant 
la déambulation, on a l'impression de faire partie de l'exposition, la sécurité, par l'organisation du circuit (Covid).

«Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton » réunit, d’une part, une
rétrospective composée de quelque 170 oeuvres de l’artiste et, d’autre part, l’exposition Crossing Views, un choix de quelque cinquante oeuvres de la Collection, d’une vingtaine d’artistes français et internationaux, arrêté avec Cindy Sherman.

Podcast sur France culture à écouter
Vidéo sur Youtube

La rétrospective

Proprement dite de l’artiste regroupe ici quelque cent soixante-dix photos articulées en dix-huit séries. Partout, Cindy Sherman y figure, seule. Pourtant il ne s’agit jamais vraiment d’elle-même, le paradoxe étant que, unique objet de son œuvre, elle n’en est jamais le sujet et refuse à ses images le statut d’autoportrait (on peut néanmoins y déceler quelques infimes signes biographiques). Dès lors, certains ont pu s’interroger sur l’existence même de l’artiste. Sans nul doute, Cindy Sherman existe bien, et avec une rare vigilance continûment en alerte.  Si elle fabrique chacune de ses images, elle en assure aussi tous les rôles : maquilleuse, costumière, accessoiriste, metteuse en scène, photographe et même technicienne photo, tout en endossant d’abord le rôle de modèle derrière celui, prioritaire, de l’actrice (entretien Les Inrocks, octobre 2012).

Dans son parcours s’imposent des questionnements obsessionnellement récurrents aujourd’hui : ceux de l’identité, du flottement identitaire et de la
« fluidité des genres », dans une générale dissolution, jusqu’à leurs plus récents développements (men) et aux tapisseries inédites réalisées à partir de ses propres images manipulées sur Instagram. Dans cette nouvelle étape, elle ose, à ses propres dépens, s’opposer à la tyrannie généralisée d’une image idéale

Galeries 1 et 2

Le parcours de l’exposition est globalement chronologique à l’exception de la première section qui met en exergue l’influence continue que le cinéma exerce sur l’imaginaire de l’artiste. Sont ainsi mises en vis-à-vis, les séries Untitled Film Stills (1977-1980), rear screen projections (1980) et flappers (2015-2018).

S’ensuit une section autour de ses premières œuvres de jeunesse encore réalisées en noir et blanc, à travers lesquelles Cindy Sherman va poser les bases de son vocabulaire artistique (maquillage, déguisement, pose, etc.).
Ses photos n’ont pas de titre, elles sont toutes « untitled# » suivi d’un numéro et d’une date de création.

Alors que dans centerfolds (1981), elle réinterprète les doubles pages des magazines de charme, elle expérimente la couleur dans color studies (1982) et pink robes (1982). Depuis le début des années 1980, Cindy Sherman a entrepris un dialogue régulier avec la mode, tout en exerçant un regard très personnel qui en refuse les codes habituels : fashion (1983-1984/1993-1994).

L’artiste explore également l’univers du fantastique à travers différents ensembles (fairy tales, 1985) n’hésitant pas à repousser les limites du gore et du trash (Disasters, 1986-1989) jusqu’au morbide (sex and surrealist pictures, 1992-1996). Entre 1989 et 1990, elle réinterprète les grands maîtres de la peinture ancienne occidentale, de la Renaissance au 19ème siècle dans une série de portraits masculins et féminins (history portraits, 1989-1990).

Au tournant des années 2000, et après un ensemble de portraits masqués (masks, 1994-1996), l’artiste s’intéresse à la figure du clown dont elle explore la dimension carnavalesque à travers des personnages exubérants, grotesques et angoissants (clowns, 2003-2004).

Cette série marque une première étape dans le passage au numérique, l’artiste utilisant pour la première fois le logiciel de retouche Photoshop pour construire ses fonds et démultiplier les personnages dans l’image.

La galerie 2 se termine avec murals (2010), papier peint aux paysages grisés sur lesquels apparaissent des figures féminines et masculines aux dimensions monumentales avec lesquels viennent dialoguer collages (2015), assemblages de plusieurs photographies d’époques différentes.

FLAPPERS

Cindy Sherman qualifie de flappers les personnages qu’elle incarne dans cette série. Le terme, équivalent anglais de « garçonnes », situe ces héroïnes libérées dans l’entre-deux-guerres. Nous les imaginons en jeunes premières de l’âge d’or de Hollywood. Une parenthèse enchantée, car dix ans plus tard elles ont maille à partir avec le krach de 1929 et l’avènement du cinéma parlant ; clap de fin et mise au placard de plusieurs d’entre elles. Ces désormais grandes dames posent devant des décors qui sentent la réussite et la décadence (Untitled #571, Untitled #575 et Untitled #582), elles accessoirisent leur indépendance par du lamé et une cigarette (Untitled #580), mais sont parfois forcées de rejouer les mêmes comédies familiales en dépit de leur âge avéré (Untitled #577, Untitled #584). Mélancoliques, elles sont déjà parfois leur propre fantôme (Untitled #566). Toujours esquivée par l’œuvre de Cindy Sherman, la question biographique surgit au détour de cette série. Quarante ans après les Untitled Film Stills, l’artiste/actrice se livre dans des portraits promotionnels où ni le maquillage ni les retouches numériques n’effacent les marques du temps.

MEN 2019-2020

Tournant  dans l’œuvre de Cindy Sherman, men se caractérise par un changement de genre,  un passage du féminin au masculin qui ouvre de nouvelles possibilités de métamorphose.

C’est la première fois qu’elle y consacre une série complète. Pour explorer ce nouveau sujet, elle a saisi l’opportunité offerte par la créatrice de mode Stella McCartney de puiser dans ses collections, et notamment dans sa nouvelle ligne de vêtements pour homme. Elle a ainsi composé un ensemble de silhouettes à la masculinité androgyne qui apparaissent dans des paysages variés, retravaillés numériquement. Lorsqu’ils ne sont pas solitaires, ses personnages sont accompagnés d’un double, cette fois potentiellement féminin.

À travers les poses, les attitudes et les expressions, l’artiste cherche à révéler la vulnérabilité de ces hommes comme elle le fait pour ses personnages féminins. Dans cette galerie de portraits, elle réinvente les codes de représentation d’une masculinité nouvelle et volontiers ambiguë qui brouille les frontières habituelles entre les genres.

TAPISSERIES 2019-2020

Cette série marque une rupture dans la fabrication et dans l’impression des images de Cindy Sherman qui explore un nouveau support, la tapisserie. Dans la trame d’un tissage mêlant coton, laine et acrylique avec parfois de la soie, apparaissent des images préalablement conçues sur Instagram. Si, à l’instar de ses photographies imprimées sur papier, ses tapisseries sont accrochées au mur, mais suspendues à une tringle, un changement radical de régime s’opère pour ces images transposées de l’écran au textile, les faisant basculer du virtuel au matériel.  L’artiste se photographie au naturel à l’aide de son téléphone portable, à la manière d’un selfie, avant d’entamer sa métamorphose (cheveux, yeux, visage, lèvres, etc.) numériquement. Alors que les applications beauté Facetune, Perfect 365 et YouCam Makeup sont censées sublimer un visage en supprimant les imperfections, Cindy Sherman en détourne le dessein pour créer des personnages fantaisistes, caricaturaux ou grotesques.

LA SCÉNOGRAPHIE DE L’EXPOSITION PAR MARCO PALMIERI

L’exposition « Cindy Sherman à la Fondation » est construite comme un ensemble unique autour des œuvres de Cindy Sherman.

Une suite d’espaces semi-circulaires enveloppe les visiteurs dans chaque série de l’artiste, comme si ces derniers se retrouvaient face à un miroir aux multiples facettes. (tout à fait visible dans la vidéo ci-dessus)

Tout au long du parcours de l’exposition, les miroirs amplifient les connexions entre les séries. Ces miroirs ajoutent un autre niveau de complexité en intégrant le visiteur dans l’expérience,  en leur montrant leur propre reflet, celui des autres, et celui des œuvres. Ces miroirs suscitent également une légère gêne, ce qui créé un sentiment de confusion. La gêne je l’ai ressentie surtout dans la section sex and surrealist pictures.

La palette de couleurs a été choisie en référence aux couleurs que Cindy Sherman emploie pour le maquillage : le rose foncé d’un rouge à lèvre, le gris profond d’un eyeliner, le turquoise et le jaune vif d’un fard à paupières.

Crossing Views :

La Collection, regards sur un nouveau choix d’œuvres

60 œuvres de la Collection de la Fondation 23 artistes

Adel Abdessemed (1971, Algérie/France)
Marina Abramović (1946, Serbie)
Ziad Antar (1978, Liban)
Dara Birnbaum (1946, États-Unis) Christian Boltanski (1944, France) Louise Bourgeois (1911-2010, États-Unis) Clément Cogitore (1983, France) Rineke Dijkstra (1959, Pays-Bas) Samuel Fosso (1962, Cameroun)
Gilbert & George (1942, Royaume-Uni) Damien Hirst (1965, Royaume-Uni) Pierre Huyghe (1962, France)

                           Adel Abdessemed
Annette Messager (1943, France) Zanele Muholi (1972, Afrique du Sud) Albert Oehlen (1954, Allemagne) Rob Pruitt (1964, États-Unis) Torbjørn Rødland (1970, Norvège) Wilhelm Sasnal (1977, Pologne) Cindy Sherman (1954, États-Unis)
Wolfgang Tillmans (1968, Allemagne) Rosemarie Trockel (1952, Allemagne) Andy Warhol (1928-1987, États-Unis) Ming Wong (1971, Singapour)

Informations pratiques

Réservations

Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr

Horaires d’ouverture (hors vacances scolaires)
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h Vendredi de 11h à 21h
Nocturne jusqu’à 23h tous les 1
er vendredis du mois Samedi et dimanche
de 10h à 20h

Fermeture le mardi, le 25 décembre et le 1er janvier

 

Man Ray et la mode

Jusqu’au 17 janvier 2021 au Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris

« Pour plonger dans la flamboyance des années 1920 et 1930 en France, il n’y a guère de lecture plus évocatrice que celle de l’Autoportrait de Man Ray […] »

« Est-ce parce que l’objet le fascine que Man Ray est de ces photographes de mode par inadvertance qui n’oublient pas la mode elle-même ? »

Olivier Gabet, Directeur du musée des Arts décoratifs, Paris

commissaire général : Xavier Rey, directeur des musées de Marseille
commissaires scientifiques
Alain Sayag, conservateur honoraire au Musée national d’Art moderne 
Catherine Örmen, conservateur, historienne de la mode
scénographie : Agence NC, Nathalie Crinière assistée de Lucile Louveau
graphisme : Anamorphée/Pauline Sarrus
conception lumière : Studio 10-30

A regarder sur Arte « l’amour à l’oeuvre – Man Ray et Lee Miller »

Les portraits ( bande annonce -vidéo )

L’oeuvre de cette grande figure de la modernité est ici présentée sous un angle méconnu. Protagoniste de la vie artistique parisienne de l’entre-deux guerres et du surréalisme en particulier, Man Ray avait fait l’objet d’une importante rétrospective au Grand Palais en 1998, et d’une exposition à la Pinacothèque de Paris en 2008. Mais son oeuvre n’avait jamais été explorée sous l’angle de la mode.

Man Ray est sans conteste le père de la photographie de mode. Il arrive à Paris en 1921 sur les conseils de Marcel Duchamp, qui l’introduit dans le milieu de l’avant-   garde et dans le Tout-Paris des années folles. Pour des raisons alimentaires, Man Ray va d’abord s’adonner avec succès au portrait mondain et glisser peu à peu des mondanités vers la mode.
Son premier contact dans le monde de la mode sera Paul Poiret, mais bien vite la plupart des grands couturiers vont faire appel à lui : Madeleine Vionnet, Coco Chanel, Augusta Bernard, Louise Boulanger, et surtout, Elsa Schiaparelli.                                 
                                                                                               Peggy Guggenheim   

La photographie de mode

Née avec le XXe siècle, la photographie de mode est balbutiante : au début des années 1920, elle est utilitaire, documentaire et inféodée aux codes de l’illustration de mode. Rapidement, les magazines, principaux vecteurs de diffusion des modes, vont lui consacrer de plus en plus de place. Ainsi Man Ray
commence-t-il à publier ses portraits dans les chroniques mondaines de Vogue, Vanity Fair, et Vu, mais c’est Harper’s Bazaar, au cours des années 1930, qui fera de lui un photographe de mode célèbre.
Ses compositions étranges, ses recadrages, jeux d’ombres et de lumière, ses solarisations, colorisations et autres expérimentations techniques vont contribuer à la création d’images oniriques et frappantes, qui
s’inscriront dans des mises en page particulièrement novatrices.
C’est ainsi que l’artiste offre à la mode une vision nouvelle du désir et du rêve
et à la photographie de mode ses lettres de noblesse.


La publicité

Figure de l’avant-garde, Man Ray est ainsi impliqué dans la culture de masse qui émerge au travers de la mode et de la publicité. L’exposition met en lumière cet enrichissement permanent entre « l’art pour l’art » et les productions assujetties à une commande. Ainsi de la photographie iconique, Les Larmes,
qui est d’abord, il convient de le rappeler, une publicité pour une commande pour une marque de rimmel, le « Cosmécil » d’Arlette Bernard, publiée dans le
magazine Fiat en 1934, accompagnée du slogan « pleurez au cinéma / pleurez au théâtre / riez aux larmes, sans crainte pour
vos yeux » Cette composition est devenue une des images les plus célèbres de Man Ray. Ces Larmes, exemple type du changement qu’il peut opérer.  Elle juxtapose une image en gros plan de l’oeil du modèle et de larmes de verre. Le recadrage gomme la platitude du contact photographique et lui confère un graphisme qui donne tout son mystère à l’image.

Les modèles de haute couture

Dans l’exposition, une large sélection de photographies – tirages originaux, mais également tirages contemporains de grand format – dialogue avec quelques modèles de haute couture et des documents cinématographiques évocateurs de la mode des années 1920 et 1930, une mode qui fait désormais la
part belle à la coiffure et au maquillage.

Ces courts extraits audiovisuels donnent un autre éclairage sur la mode en montrant que la manière de filmer s’émancipe aussi. Quant aux revues de mode, elles occupent une large place, afin de souligner le rôle majeur qu’elles ont tenu dans la diffusion toujours plus large d’une esthétique nouvelle. Man Ray a tout fait pour dissimuler ce qu’il considérait comme une activité mineure, son « métier » de
photographe professionnel, préférant privilégier une posture d’artiste peintre inventif et libre. Lorsqu’il pratiquait la photographie de mode il tirait parcimonieusement, se limitant aux contacts puis seulement aux images retenues pour la publication. A cette époque, les revues étaient propriétaires, non seulement des tirages, mais aussi des négatifs. La dispersion et la rareté de ces images aujourd’hui réunies dans
l’exposition leur confère un caractère exceptionnel.

Le recours à des tirages modernes pour en montrer certaines permet d’apprécier les différences entre des épreuves qui ont cependant toutes été réalisées à partir des négatifs originaux, car la photographie est un
objet, et pas seulement une image.

L’apogée de la photographie

Lee Miller, le visage peint

Kiki de Montparnasse

Noire et blanche
Epreuve gélatino argentique, Tirage d’exposition
réalisé d’après le négatif sur plaque de verre
20,4 x 28,2 cm
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art
moderne/Centre de création industrielle,
achat par commande
Madame Toulgouat portant une robe d’Elsa Schiaparelli
EN GUISE DE CONCLUSION

L’exceptionnelle vitalité du milieu mondain et le contexte des années 1920 favorable à l’abolition des frontières entre les arts, ont joué en faveur d’une promotion de la mode. Les couturiers, désormais personnalités mondaines à part entière, ont eux-mêmes encouragé les artistes et stimulé leur créativité.
En peu de temps, la mode – et plus particulièrement la haute couture –, a vu son aura s’élargir. Quant à son corollaire, la photographie de mode, elle devient, dès les années 1930, une discipline artistique autonome.
Man Ray quitte Paris en 1939. A son retour en en mai 1951 la ville n’est n’est plus celle qu’il avait découverte, à peine débarqué d’Amérique, au début des années 1920. La chaleur communicative des passions partagées avec Tristan Tzara ou Marcel Duchamp, la découverte amusée d’un mode de vie relativement confortable, sont bien loin. Il se retrouve confiné dans l’humidité obscure d’un ancien garage, à l’ombre des tours sévères de l’église Saint-Sulpice. Sa réussite de photographe de mode recherché, de coqueluche des riches expatriés américains, appartient désormais au passé et il se consacre à sa vocation de peintre qui ne l’a jamais vraiment quitté.
Face à l’histoire il prend une posture, qu’il tiendra jusqu’à la fin, celle d’un « touche-à-tout » de génie, dilettante de talent qui ne prétend faire que ce qui l’amuse et récuse toute contrainte économique et sociale.
Pourtant, la photographie de mode, cette partie longtemps occultée de son travail de photographe professionnel, demeure le témoignage d’une incontestable réussite.
Le parcours de l’exposition se déroule à travers les sections suivantes:
Du portrait des années 1920 à la photographie de mode, La montée de la mode et de la publicité et L’apogée d’un photographe de mode, les années Bazaar.

Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris

ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h / nocturne jusqu’à 22h le lundi
fermetures exceptionnelles à 18h les 24 et 31 décembre

Sommaire du mois de septembre 2020

Robes du soir, présentées dans l’exposition Man Ray et la mode au musée du Luxembourg
Jeanne Lanvin et Jean Charles Worth (1925)

20 septembre 2020 : Le Monument, Le Labeur Et L’hippocampe
15 septembre 2020 :  Delphine Gutron
12 septembre 2020 :  Taro Izumi. ex
08 septembre 2020 : Pour tout le sel de la terre
06 septembre 2020 : Susanna Fritscher, Frémissements
04 septembre 2020 : Richard Chapoy -ARTCHIMIE-

Christo au musée Würth

Le Musée Würth d’Erstein (Bas-Rhin) présente du 12 juillet 2020 au
20 octobre 2021 une vaste rétrospective à Christo et Jeanne-Claude (1958-2019) ,
grâce au fonds exceptionnel de la Collection Würth
Claire Hirner
, commissaire

 Le musée alsacien ,  propose de pénétrer plus intimement un œuvre
qui marque de son empreinte le paysage artistique et l’imaginaire
collectif des XXe et XXIe siècles.

Dessins, croquis, esquisses, collages et maquettes

Ils ont préfiguré, défendu et illustré les projets majeurs de la carrière du couple de 1958 à 2019 : les portiques de Central Park, les chemins flottants sur le lac Iseo, l’empaquetage du Reichstag, du Pont-Neuf ou des îles de la baie de Biscayne, les parapluies jumelés d’Ibaki et de Los Angeles, le rideau tendu dans la vallée du Colorado…

                                        CHRISTO ET JEANNE-CLAUDE
                                           Valley Curtain, Rifle, Colorado 1970-72

L’exposition (vidéo) reflète le parcours créatif d’une vie.
Fidèle à sa démarche de qualité en marge des sentiers battus, le Musée Würth d’Erstein, au sud de Strasbourg,  fait écho à l’empaquetage spectaculaire par Christo de l’Arc de triomphe (18 septembre-3 octobre 2021)
en mettant en lumière le talent de dessinateur extraordinaire mais peu connu de l’artiste américain d’origine bulgare décédé récemment (31 mai 2020).

Le processus complexe d’élaboration des projets du couple

Christo et Jeanne-Claude ont créé, à quatre mains, un geste poétique fort, coloré, rythmé, immédiatement reconnaissable dans sa singularité, son mystère et sa beauté. Leurs empaquetages, recouvrements, tentures,
parapluies et murs de bidons les ont gratifiés d’une visibilité et d’une notoriété publique mondiales. Les traces dessinées portant signature de Christo sont plus
confidentielles et pourtant essentielles à la concrétisation de leurs installations.

                             portiques de Central Park
Ces véritables œuvres d’art – des tableaux souvent de larges dimensions associant carte topographique, photo, plans et dessin du projet émaillés de notes, souvent même d’un échantillon de tissu – témoignent
du processus de création, souvent mesuré à l’aune de décennies, d’un couple d’artistes sans égal. Elles invitent aussi à considérer autrement, « au mur » et à échelle humaine, en regard de photographies des projets aboutis, des œuvres monumentales dont on ne connaît souvent que la forme finale, aussi impressionnante que temporaire.
La vidéo de l’exposition au Centre Beaubourg

La rétrospective du musée Würth

Ces travaux préparatoires, inscrits dans la tradition du dessin de drapé tout autant que dans la modernité, sont également, depuis longtemps, une ressource
déterminante du couple pour l’autofinancement de ses installations.
Pour sa rétrospective, seul acteur en région de cette manifestation d’envergure nationale, et sur une large période de dix mois, le Musée Würth d’Erstein puise dans le fonds exceptionnel de la Collection Würth, qui a acquis depuis la fin des
années 1980 quelque 130 esquisses et maquettes, et témoigne du
soutien résolument engagé de l’industriel et collectionneur Reinhlod Würth envers cet œuvre remarquable.


                          chemins flottants sur le lac Iseo
Une occasion unique de découvrir un visage méconnu de l’art de Christo, peu représenté dans les collections publiques et complémentaire des événements qui animent la capitale française en 2021. Ces dessins et maquettes sont une sorte de mémoire inaltérable d’installations qui elles ont disparu. Très tôt, Christo et Jeanne-Claude ont eu conscience de l’importance de ces traces. Ils ont documenté, filmé leurs préparatifs ou leurs négociations dès leurs débuts.

Pénétrer le processus de création

 Les propos de Christo servent de guide à cette traversée rebroussant le temps, des projets les plus récents – et des dessins de plus grand format, allant jusqu’à plus de 2 mètres – jusqu’aux années 1950.
« L’œuvre d’art, ce n’est pas l’objet mais le processus »,
citation sur laquelle s’ouvre le rez-de-chaussée, pourrait accompagner l’ensemble de la rétrospective.

vue du musée RDCH

Un talent de dessinateur remarquable et peu connu

 Chaque œuvre est singulière dans sa genèse, sa maturation et sa réalisation, chacune possède une histoire qui lui est propre, déroulée au fil de travaux préparatoires dessinés.

Enfin, cette rétrospective permet de mettre en lumière le talent de dessinateur remarquable et peu connu de Christoil signe de son nom seul ses dessins,
contrairement aux projets, dont il partage la paternité avec Jeanne-Claude –, que le grand public considère principalement à l’aune de ses empaquetages, et que les collections publiques valorisent peu.
Pour cet artiste qui reconnaît que « les croquis d’un architecte sont parfois
meilleurs que ses constructions », le dessin est primordial.
Comment ne pas le rapprocher, avançant
                                                                                                      Wrapped Oil Barrels
sur ce « chemin du réel » qu’est pour lui le dessin avec un constant souci du textile et de sa représentation, d’artistes ayant pratiqué l’art du drapé, notamment d’un Léonard de Vinci, lui aussi obsédé par cette quête du réel et de la vie, couvrant des carnets entiers de tombées d’étoffes ?

L’empaquetage du Reichstag.

Reinhold Würth avait également sollicité le couple d’artistes pour un
empaquetage de l’intérieur du Museum Würth de Künzelsau (BadeWurtemberg), en 1995, l’année de l’empaquetage du Reichstag.
Aux côtés de l’habillage du Reichstag (1971-1995) –
représenté par la maquette mais aussi par de nombreux
dessins – est évoqué l’empaquetage intérieur du Museum
Würth en Allemagne (1994-1995) et celui, extérieur, des
arbres de la Fondation Beyeler (Suisse, 1997-1998).

Christo et Jeanne Claude, l’empaquetage du Reichstag 1971-1995
Encourager de nouvelles expériences sensorielles

La première pièce de l’étage met en scène les dessins et photos d’un projet initié en 1984, étiré non plus seulement dans le temps mais aussi dans sa géographie :
en 1991, trois mille cents parapluies sont plantés et ouverts simultanément à Ibaki, au Japon (parapluies bleus), et sur trente kilomètres au nord de Los Angeles, aux États-Unis (parapluies jaunes), créant une œuvre
jumelle inscrite dans des espaces et des cultures différents.

                                         parapluies jumelés d’Ibaki
Prémonition des Floating Piers italiennes, les Surrounded Islands habillent,
dès les années 1980, les îles de Biscayne Bay, en Floride, d’un voile rose. Le Pont-Neuf reflète quant à lui, en 1985, son drapé jaune d’or dans la Seine.
L’eau est très souvent présente dans les projets de Christo et Jeanne-Claude – illustration de cette « expérience sensible » que le couple invite à vivre avec ses œuvres.
En témoignent encore les dessins des chemins recouverts de Kansas City (Wrapped Walk Ways, 1977-1978), du
ruban flottant sur les collines californiennes de Running Fence (1972-1976), du rideau orange tendu entre deux falaises du Valley Curtain Project for Rifle (1970-1972), de
l’empaquetage de la Little Bay en Australie (1968-1969)…

Quand Christo emballe une femme
Wrapping Woman Düsseldorf, 1963

On peut voir sur une vidéo, le déroulement de l’opération
Christo et Jeanne-Claude : un geste poétique à quatre mains

«Il n’y a aucun message, confiait Christo à propos de son Mastaba
installé sur le lac Serpentine à Londres en 2018. Il y a quelque chose
à découvrir soi-même. C’est une invitation géante, comme un escalier
tendu vers le ciel
Avant de clore son parcours à travers ce riche corpus, le Musée Würth d’Erstein évoque des projets pensés dans les années 1960-1970 – réalisés ou non – pour Barcelone, Milan, Rome, Time Square, la Kunsthalle de Berne, le Whitney Museum of American Art et la documenta IV de Cassel.
« On voit que le dessin, dès les débuts de l’artiste, précise Claire Hirner, a accompagné la pensée de Christo, conscientisé ses interrogations, ses réflexions sur
la faisabilité de ses projets. »
La boucle est bouclée avec les Wrapped Oil Barrels, que l’on peut voir comme des préliminaires, en 1958, du Mur de 1999 abordé en début
d’exposition.▪

D’origine bulgare, naturalisé américain, Christo (1935‑2020) a depuis longtemps tissé des liens étroits avec Paris : installé dans la capitale française de 1958 à 1964, il y rencontre son épouse Jeanne‑Claude (1935‑2009), avec qui il donnera naissance à un œuvre singulier, et y habille son plus vieux pont, le PontNeuf. Christo et elle seraient nés le même jour à la même heure. 
L’inédit du propos, le gigantisme de l’œuvre et son accessibilité au grand public, le renouvellement du regard sur le patrimoine parisien auquel elle invite créent à l’époque l’enthousiasme, après des années de négociations et d’études.

Informations

Entrée gratuite
pour tous et tous les jours
Horaires
Du mardi au samedi, de 10h à 17h
Dimanche, de 10h à 18h
Groupes et visites guidées
Renseignements et réservations
+33 (0)3 88 64 74 84
mwfe.info@wurth.fr
Visites guidées :
Français : tous les dimanches à 14h30





La Force du dessin Chefs-d’œuvre de la Collection Prat

du 16 juin au 4 octobre 2020

Le Petit Palais à Paris est très heureux de présenter dans ses murs la Collection Prat, certainement l’un des plus remarquables ensembles au monde de dessins français allant du XVIIe jusqu’au début du XXe siècle. Initiée dans les années 1970 par Louis-Antoine et Véronique Prat, elle est la première collection privée à avoir fait l’objet d’une présentation au Louvre en 1995. Vingt cinq ans après, le Petit Palais entend témoigner de la vitalité de la collection qui s’est enrichie ces dernières années de pièces majeures montrées ici pour la première fois.
Les 184 feuilles présentées comptent parmi les dessins les plus importants de Callot, Poussin, Le Brun, Watteau, Prud’hon, Ingres, Delacroix, Redon, Cézanne ou Toulouse-Lautrec

Prud’hon, Psyché enlevée par les Zéphyrs, XIXe siècle.
Pierre noire, réhauts de blanc sur papier bleu, 33 x 17 cm,
Collection Prat

Un panorama du dessin français de 1580 à 1900


La Collection Prat se concentre sur l’école française avant 1900, et constitue un survol particulièrement représentatif de trois siècles de création, de Callot à Seurat.
L’exposition propose donc de suivre ce fil chronologique tout en offrant quelques incursions thématiques. Le parcours s’ouvre sur une série de dessins du XVIIe siècle qui témoignent de l’influence de l’Italie chez les artistes français comme François Stella à la fin des années 1580 dont le dessin présenté ici est le plus ancien de la collection. Le Lorrain, Jacques Callot, Poussin bien sûr, ainsi que Vouet traverseront aussi les Alpes et l’influence de ce séjour s’exprime dans les feuilles réunies ici. La section suivante présente plusieurs dessins préparatoires aux décors de Versailles par Le Brun, Coypel ou La Fosse. Les deux amateurs ont toujours privilégié dans leurs choix des œuvres très significatives du point de vue de l’histoire de l’art, et certains de leurs plus fameux dessins sont liés à la genèse d’œuvres séminales de la peinture française.

L’exposition aborde ensuite le style Rocaille avec Watteau et Boucher. Poursuivant cette évocation du XVIIIe siècle, Natoire et Greuze évoquent tour à tour le dessin sur le motif, ainsi que les débuts du réalisme et la recherche de vérité psychologique dans le portrait, sans oublier la fantaisie d’un Fragonard.

Un bel ensemble de projets sculptés ou architecturaux, de Bouchardon, Challe, Petitot, Desprez ou Hubert Robert manifestent de la prégnance encore du séjour romain en plein siècle des Lumières.

Odilon Redon, Tête suspendue par une chaîne, 1881, Fusain sur papier beige, 45 x 37 cm, Collection Prat.

Viennent ensuite des illustrations fortes du retour à l’Antique comme en témoignent plusieurs œuvres de Jacques-Louis David dont un dessin préparatoire pour La Douleur d’Andromaque. À la même époque, d’autres artistes comme Boilly ou Prud’hon élaborent un style tout à fait personnel. Ce début du XIXe est marqué par des tensions entre l’affirmation du style néo-classique et l’émergence du romantisme.

Eugène Delacroix, Cheval ruant, vers 1825,
Aquarelle, gouache, 15,1 x 13 cm, Collection Prat.

Les feuilles de Gros, Géricault, et trois beaux ensembles de Ingres, de Delacroix et de Chassériau offrent un florilège des tendances esthétiques qui agitent cette période si riche. L’exposition aborde ensuite les académismes et les réalismes d’après 1850 avec les dessins de Corot, Courbet, Millet, Daumier ou encore Carpeaux, Gustave Doré et Puvis de Chavanne.

Seurat, La femme accoudée à un parapet, XIXe siècle.
Crayon Conté, 24,1 x 16 cm, Collection Prat

Une sélection remarquable de dessins d’écrivains enrichit de façon originale ce panorama avec de magnifiques lavis et encres de Victor Hugo et de Baudelaire complétés par des œuvres symbolistes de Redon et de Gustave Moreau d’inspiration littéraire.
Le parcours se termine en ouvrant vers la modernité avec des feuilles de Manet, Degas et Rodin. Les expérimentations de Seurat et de Cézanne achèvent magistralement la présentation de cette collection construite et réfléchi avec le plus grand soin par deux amateurs engagés et passionnés.

COMMISSARIAT GÉNÉRAL :
Pierre Rosenberg, président-directeur honoraire du musée du Louvre Christophe Leribault, directeur du Petit Palais

Catalogue, éditions Paris Musées, 328 pages, 49,90 euros.
Eugène

Petit Palais
Avenue Winston Churchill 75008 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
INFORMATIONS www.petitpalais.paris.fr

les collections permanentes sont en accès libre, mais la réservation en ligne est obligatoire pour visiter
l’exposition La Force du dessin, Chefs-d’œuvre de la Collection Prat.

Retrouvez toutes les informations pour préparer votre visite ici

Sommaire du mois de février 2020

Autoportrait dans l’ascenseur de la Kunsthalle
en quête de nouveautés et de savoirs.

29 janvier 2020 je déroge à mes habitudes, je me montre

01 février 2020 :  Ernest Pignon-Ernest – Ecce Homo
06 février 2020 : De mains et d’yeux au musée Unterlinden
08 février 2020 : Peindre la lumière du soleil – Edward Hopper à la Fondation Beyeler
11 février  2020  : Sarah Jérôme, à la Santé du Serpent
15 février 2020  : Hans Hartung, La Fabrique Du Geste
22 février 2020 : Picasso, Chagall, Jawlensky Chefs-D’œuvre De La Collection Im Obersteg
26 février 2020 : Algotaylorism à la Kunsthalle de Mulhouse

Hans Hartung, La fabrique du geste

Hans Hartung dans son atelier près d’Antibes.

Hans Hartung : « Je déguste la nature et la vie comme chacun, ça n’a rien à faire avec ma position picturale »

À l’occasion de sa réouverture après une année de travaux de rénovation,
le Musée d’Art Moderne de Paris présente Hans Hartung,
La fabrique du geste.

L’exposition se termine le 1er mars 2020.
La dernière rétrospective dans un musée français datant de 1969, il était important de redonner à Hans Hartung (1904-1989) toute la visibilité qu’il mérite. L’exposition porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’œuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps :
l’abstraction.
Acteur d’un siècle de peinture, qu’il traverse avec une soif de liberté à la mesure des phénomènes qui viennent l’entraver – de la montée du fascisme dans son pays d’origine l’Allemagne à la précarité de l’après-guerre en France et à ses conséquences physiques et morales
– jamais, il ne cessera de peindre.
Le parcours de la rétrospective comprend une sélection resserrée d’environ trois cent œuvres, provenant de collections publiques et particulières françaises et internationales et pour une grande part de la Fondation Hartung-Bergman.

Cet hommage fait suite à l’acquisition du musée en 2017
d’un ensemble de quatre œuvres de l’artiste.
L’exposition donne à voir la grande diversité des supports,
la richesse des innovations techniques et la panoplie d’outils
utilisés durant six décennies de production. Hans Hartung, qui place l’expérimentation au cœur de son travail, incarne aussi une modernité
sans compromis, à la dimension conceptuelle.

Les essais sur la couleur et le format érigés en méthode rigoureuse
d’atelier, le cadrage, la photographie, l’agrandissement, la répétition, et plus surprenant encore, la reproduction à l’identique de nombre de ses œuvres, sont autant de recherches menées sur l’original et l’authentique, qui résonnent aujourd’hui dans toute leur contemporanéité.
Hans Hartung a ouvert la voie à certains de ses congénères, à l’instar de Pierre Soulages qui a toujours admis cette filiation.

L’exposition est construite comme une succession de séquences chronologiques sous la forme de quatre sections principales.
Composée non seulement de peintures, elle comprend également des photographies, témoignant de cette pratique qui a accompagné l’ensemble de sa recherche artistique. Des ensembles d’œuvres graphiques, des éditions limitées illustrées, des expérimentations sur céramique, ainsi qu’une sélection de galets peints complètent la présentation et retracent son itinéraire singulier.
Afin de mettre en relief le parcours d’Hans Hartung, en même temps que son rapport à l’histoire de son temps, cette exposition propose des documents d’archives, livres, correspondances, carnets, esquisses, journal de jeunesse, catalogues, cartons d’invitations, affiches, photographies, films documentaires, etc.
Figure incontournable de l’abstraction au XXe siècle, Hans Hartung ne se laisse pas pour autant circonscrire dans ce rôle de précurseur historique, car sa vision d’un art tourné vers l’avenir, vers le progrès humain et technologique, vient nous questionner aujourd’hui encore. Le parcours met en tension et en dialogue ces deux aspects complémentaires qui constituent le fil rouge de cette exposition.


Un catalogue comprenant une quinzaine d’essais et une anthologie de textes est publié aux Éditions Paris Musées.
podcast France culture

Informations pratiques
Musée d’Art Moderne de Paris
11 Avenue du Président Wilson
75116 Paris Tél. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr
Ouvert du mardi au dimanche De 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h