Toulouse-Lautrec Résolument moderne

Jusqu’au 27 janvier 2020 au Grand Palais galeries nationales
entrée Square Jean Perrin
commissariat : Stéphane Guégan, Conseiller scientifique auprès de la Présidence de l’établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie ; Danièle Devynck, Conservateur en chef, Directrice du musée Toulouse-Lautrec, Albi
scénographie : Martin Michel

Lautrec Yvette Guilbert

Trois rejets conditionnent la vision courante de Toulouse-Lautrec (1864-1901) : il aurait méprisé les valeurs de sa classe, négligé le marché de l’art, exploité le monde de la nuit parisienne et du sexe tarifié, en le regardant de haut. La libération des formes et la verve satirique du meilleur de l’oeuvre en seraient la preuve. A cette vision conflictuelle de sa modernité, typique des années 1970-1980, il faut en substituer une autre, plus positive. Cette exposition – qui réunit environ 200 oeuvres – veut, à la fois, réinscrire l’artiste et dégager sa singularité. La contradiction n’est qu’apparente, tant Lautrec lui-même a agi simultanément en héritier, en homme de réseau, en conquérant de l’espace public et en complice du monde qu’il a traduit avec une force unique, une mansuétude parfois féroce, rendant plus intense et significative « la vie présente » sans la juger.

Plutôt que de l’affilier à la caricature qui cherche à blesser, voire humilier, il faut le rattacher à une lignée très française du réalisme expressif, brusque, drôle, direct (dirait Yvette Guilbert) dont sa correspondance égrène les noms : Ingres, Manet, Degas. Comme eux, par ailleurs, Lautrec fait de la photographie son alliée. Plus qu’aucun autre artiste du XIXe siècle, il s’associa aux photographes, amateurs ou professionnels, fut conscient de leur pouvoir, servit leur promotion, s’appropria leurs effets dans la recherche du mouvement. L’archive photographique de Lautrec rejoint, du reste, les pratiques du jeu aristocratique sur les apparences et les identités qu’on échange à plaisir, moyen de dire que la vie et la peinture n’ont pas à se plier aux limites ordinaires, ni à celles de l’avant-garde.
« Tout l’enchante », résume Thadée Natanson.

Depuis 1992, date de la dernière rétrospective française de l’artiste, maintes expositions ont exploré les attaches de l’oeuvre de Toulouse-Lautrec avec la « culture de Montmartre » dont il serait, à la fois, le chroniqueur et le contempteur. Cette approche sociologique, heureuse par ce qu’elle nous dit des attentes et inquiétudes de l’époque, a réduit la portée d’un artiste que ses origines, ses opinions et son esthétique ouverte préservèrent de toute tentation inquisitrice.

Lautrec ne s’est jamais érigé en accusateur des vices urbains et des nantis impurs. Par sa naissance, sa formation et ses choix de vie, il s’est plutôt voulu l’interprète pugnace et cocasse, terriblement humain au sens de Daumier et Baudelaire, d’une liberté qu’il s’agit de mieux faire comprendre au public d’aujourd’hui. A force de privilégier le poids du contexte ou le folklore du Moulin Rouge, on a perdu de vue l’ambition esthétique, poétique dont Lautrec a investi ce qu’il apprit, tour à tour, auprès de Princeteau, Bonnat et Cormon.
.                                Toulouse lautrec avec son cousin Tapié de Céleyran

Comme l’atteste sa correspondance, Manet, Degas et Forain lui ont permis, dès le milieu des années 1880, de transformer son naturalisme puissant en un style plus incisif et caustique. Nulle évolution linéaire et uniforme pour autant : de vraies continuités s’observent de part et d’autre de sa courte carrière.

L’une d’entre elles est la composante narrative dont Lautrec se départit beaucoup moins qu’on pourrait le croire. Elle est particulièrement active aux approches de la mort, vers 1900, quand sa vocation de peintre d’histoire prend une tournure désespérée. L’autre dimension de l’oeuvre qu’il convient de rattacher à son apprentissage, c’est le désir de représenter le temps, et bientôt d’en déployer la durée plus que d’en figer l’élan. Encouragé par sa passion photographique et l’adoubement de Degas, électrisé par le monde des danseuses et des inventons modernes, Lautrec n’aura cessé de reformuler l’espace-temps de l’image.

Dès que l’oeuvre bascule dans la synthèse saisissante des années 1890, ouverte par l’affiche révolutionnaire du Moulin Rouge, Lautrec développe une stratégie entre Paris, Bruxelles et Londres, que l’exposition souligne en distinguant la face publique de son oeuvre du versant plus secret. Lautrec renonce au Salon officiel, non à l’espace public, ni au grand format. Preuve qu’il cherchait bien, comme Courbet et Manet avant lui, une relève de la peinture d’histoire par l’exploration de la société moderne en ces multiples visages, au mépris souvent des bienséances. Qu’il ait joui du spectacle de Montmartre, qu’il ait célébré l’aristocratie du plaisir et des prêtresses du vice à la façon de Baudelaire, est indéniable.

La maison close lui offre même un espace où les femmes jouissent d’une indépendance et d’une autorité uniques, si paradoxales soient-elles. Viveur insatiable, Lautrec perfectionne vite les moyens de communiquer l’électricité du cancan, l’éclat dur des éclairages modernes et la fièvre d’une clientèle livrée aux excès. Le mouvement, que rien ne bride, se décompose devant nos yeux, aboutissant aux affiches les plus dynamogènes, comme aux estampes de Loïe Fuller et aux panneaux de La Goulue, également cinématographiques.

Il y a là une folie de la vitesse et une capacité pré-futuriste qui réunit le galop du cheval, les chahuteuses des cabarets, la fièvre vélocipédique à l’automobile. Or, même la magie des machines ne parvient pas à déshumaniser sa peinture et ses estampes, toujours incarnées.A l’instar de ses écrivains d’élection, qui furent souvent les familiers de la Revue Blanche, Lautrec est parvenu à concilier la fragmentation subjective de l’image et la volonté de hisser la vie moderne vers de nouveaux mythes. Liant peinture, littérature et nouveaux médiums, l’exposition trouve son chemin, au plus près de cet accoucheur involontaire du XXe siècle.

Henri de Toulouse-Lautrec a su se créer une place dans la vie parisienne festive de la fin du XIXème siècle en capturant la bohème, ses nuits animées et les coulisses de ses cabarets.

                           Henri de Toulouse-Lautrec
                           Bruant à bicyclette
Parfois réduite aux scènes de vie de Montmartre qui ont fait son succès, l’oeuvre du peintre français est impressionnante. Toulouse-Lautrec est mort à 36 ans, en laissant derrière lui quelque 737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies et plus de 5000 dessins.

Grand Palais galeries nationales
entrée Square Jean Perrin
métro 1, arrêt Champs Elysées Clémenceau

Sommaire du mois d’octobre 2019

Leonor Antunes a seam, a surface, a hinge, or a knot
Fondation Beyeler

Et une curiosité dans l’exposition Or & Gloire
un Christ à tête de femme

Croix d’Herriman (archevêque de Cologne) et de sa soeur Ida
(abbesse de Werden).
La tête du Christ est un réemploi d’un camée romain
(époque julio-claudienne) en lapis-lazuli, peut-être l’impératrice Livia

30 octobre 2019 : Max Sulzbachner Nuits De Lune Et Tam-Tam À Bâle
28 octobre 2019 : Une Passion Pour L’art Louise Bachofen-Burckhardt : Collectionner Pour Bâle
19 octobre 2019 :  Giuseppe Penone La Matrice Di Linfa
15 octobre 2019 :  Tadeusz Kantor : Où Sont Les Neiges D’antan
13 octobre 2019 :  Or & Gloire Dons Pour L‘éternité
11 octobre 2019  : La Collection Rudolf Staechelin À La Fondation Beyeler
08 octobre 2019 : Resonating Spaces -Leonor Antunes, Silvia Bächli, Toba Khedoori, Susan Philipsz, Rachel Whiteread
06 octobre 2019 :  Käthe Kollwitz, Figure De L’expressionnisme Allemand

Sommaire du mois de septembre 2019

Joseph Mallord William Turner, Ein Festtag in Zürich, Aquarell und Gouache über Bleistift auf Papier, mit Auskratzung, aufgezogen, 29 x 47.8 cm, Kunsthaus Zürich, Grafische Sammlung

28 septembre 2019 : Focus Sur La Pologne
22 septembre 2019 : Où sommes-nous
18 septembre 2019 : Bacon. En toutes lettres
13 septembre 2019 : L’Âge d’or de la peinture anglaise
09 septembre 2019: Silences
06 septembre 2019: Turner, la mer et les alpes
01 septembre 2019 : Highland Titles

Bacon. En toutes lettres

Francis Bacon
Triptych inspired by T.S Eliot’s poem, Sweeney Agoniste, 1967
Huile et pastel sur toile, 198 x 147 cm
Hirshhorn Museum and Sculpture Garden – Smithsonian Institution, Washington
©

Au Centre Pompidou jusqu’au 20 janvier 2020
commissaire de l’exposition :
Didier Ottinger,
Directeur adjoint du Musée national d’art moderne
Scénographe : Laurence Fontaine

Francis Bacon, Selfportrait (1971)
Huile sur toile
35,5 × 30,5 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris
Donation Louise et Michel Leiris, 1984


Il était très discret. Il estimait que la peinture était un lieu de mystère et que chacun pouvait y apporter sa part de soi, que ce n’était donc pas à lui de livrer quoi que ce soit.                  
(Franck Maubert)

« Comment imaginer la vie sans la littérature ? Sans les livres ? C’est une source fabuleuse, un puits pour l’imaginaire »
Francis Bacon

L’exposition « Bacon en toutes lettres »  du Centre Pompidou s’attache aux oeuvres réalisées par Bacon  (1909 – 1992), le maître irlandais, peintre de la tragédie et de la condition humaine, durant les deux dernières décennies de son oeuvre.  L’exposition explore de façon inédite l’influence de la littérature sur la peinture de Francis Bacon.
Elle comporte soixante tableaux (incluant 12 triptyques, ainsi qu’une série de portraits et d’autoportraits), issus des plus importantes collections privées et publiques. De 1971 à 1992, (date du décès du peintre), la peinture est stylistiquement marquée par sa simplification, par son intensification. Ses couleurs acquièrent une profondeur nouvelle, il use d’un registre
chromatique inédit, de jaune, de rose, d’orange saturé.
Des corps ramassés, recroquevillés, qui se tordent sur eux-mêmes, se pâment, s’abîment dans des excès de volupté, des convulsions de la chair. Peintre du « cri plutôt que de l’horreur », répétant à l’envi que
« l’odeur du sang humain lui souriait »

In Memory of George Dyer, 1971
Huile et letraset sur toile, triptyque, 198 x 147.50 cm
Fondation Beyeler – Beyeler Museum, Bâle

L’année 1971 est pour Bacon une date charnière. L’exposition présentée au Grand Palais le consacre internationalement. La mort tragique de son compagnon, quelques jours avant le vernissage, ouvre
une période marquée par une culpabilité qui prend la forme symbolique et mythologique des Erinyes (les Furies) appelées à proliférer dans sa peinture. Les trois triptyques dit « noirs » peints en souvenir
de son ami défunt ( In Memory of George Dyer, 1971, Triptych–August 1972 et Triptych, May–June 1973, tous présents dans l’exposition), commémorent cette disparition.

Francis Bacon
Triptyque mai-juin 1973, 1973
Huile sur toile, chaque panneau 198 x 147.5 cm
Collection privée
© The Estate of Francis Bacon /All rights reserved / Adagp, Paris and DACS , London 2019

Axée en partie sur les liens entre le peintre et la littérature, l’exposition se place aux antipodes de toute narration ou de toute conception illustrative de la peinture. Des penseurs comme Georges Bataille ou Nietzsche, des écrivains comme Michel Leiris (auteur notamment d’une monographie sur le peintre, Francis Bacon : Face et profil) sont ainsi lus par de grandes voix dans les six « chambres d’écoute » qui jalonnent le parcours muséographique.

Francis Bacon, portrait of Michel Leiris

Michel Leiris occupe une place à part. Traducteur de la version française de ses entretiens avec David Sylvester, l’auteur de L’Âge d’homme devient le préfacier de ses expositions parisiennes. L’écrivain et le peintre se rencontrent à Londres, en 1965. Leiris adresse à Bacon la réédition récente de son Miroir de la tauromachie (publié en 1938) dans lequel il développe un parallèle entre l’art du poète et celui du matador. Une année après sa lecture de l’ouvrage, Bacon peint son premier taureau. Outre la poétique, Bacon transpose plastiquement chez Leiris, comme chez T.S. Eliot la forme fragmentaire de leurs œuvres, leur esthétique du « collage », qu’il rend parfois explicite, introduisant dans ses compositions des pages de journaux.


                                    Francis Bacon Study of a Bull, 1991
Huile sur toile, aérosol et poussière, 198 x 147.5 cm
Collection Agnelli, Londres
© The Estate of Francis Bacon /All rights reserved /

En outre, on retrouve dans les toiles de Bacon cet attrait pour la littérature sous des formes diverses et détournées, comme l’Orestie, qui donne son titre à certaines œuvres, mais aussi le corps comme viande, image si chère à Bacon, en écho à un texte de Georges Bataille sur l’abattoir ; le poème de T.S. Eliot, La terre vaine (The Waste Land), titre d’une des toiles, ou encore la réflexion nietzschéenne sur la tragédie, un motif obsessionnel chez le peintre.

Francis Bacon
Triptych Inspired by the Oresteia of Aeschylus, 1981
Huile sur toile, chaque panneau 198 x 148 cm
Astrup Fearnley Muse et fur moderne Kunst, Oslo
© The Estate of Francis Bacon /All rights reserved / Adagp, Paris and DACS , London 2019

Capter le mouvement de la vie est ce dont ont été capables les images modernes qui fascinaient Bacon. Ce que s’employaient à faire les images « chronophotographiques » de Muybridge, ce qu’accomplissait le cinéma. Le « vitalisme » dont Bacon s’applique à doter ses images était bien conforme à l’esthétique que lui inspirait la philosophie de Nietzsche. Pour être totalement accordée aux thèses de La Naissance de la tragédie, cette exaltation de la vie se devait de s’ouvrir à son négatif, à la puissance délétère de la mort. D’où les malentendus, la fixation d’une critique sensationnaliste sur la dimension morbide d’un art qui dit ne considérer la mort qu’à proportion de sa passion pour la vie.
« Plus on est obsédé par la vie, plus on est obsédé par la mort », confie Bacon à l’un de ses interviewers. 

« Je pense que sa vie était encore pire que ce qu’il peignait.  »  
(Franck Maubert) podcast

Parmi les toiles de grand format qui ne sont cependant pas prises dans un triptyque, ce sera Study for the Human Body Bacon ne cherchait pas des titres originaux et étranges –, de 1991

.Study for the Human Body

Il y a aussi des tableaux presque paysagers : une rue avec une voiture qui s’échappe et ce tableau  incroyable qui s’intitule  Jet of Water
[Jet d’eau], 1979, 
la toile est presque vierge à peine une toute petite zone  peinte, un robinet qui laisse échapper de l’eau, un tourbillon à la manière dont les corps à certains moments chez Bacon vont se liquéfier et quitter le cadre. 

Eau coulant d’un robinet.
Bacon l’a réalisée deux ans plus tôt.
« C’est sans doute un de mes plus beaux tableaux. […] parce que je le trouve ‹ immaculé › […] c’est une invention où j’ai eu le sentiment pendant un moment que ma peinture fonctionnait. » d’après le commissaire Didier Ottinger

Jet of Water
[Jet d’eau], 1979, 

Huile et caractères transfert sur toile
198 × 147,5 cm
Collection particulière

« C’est un double personnage, il est insaisissable, irrationnel, comme sa peinture. Je n’avais accès qu’à une face de Bacon, même s’il m’entraînait dans sa nuit, presque pour parfaire sa légende…« 
(Franck Maubert)

Bacon donne une forme visuelle à l’angoisse et cette forme, comme l’angoisse elle-même, revient régulièrement. Bacon est magistral, la puissance de ses tableaux est presque obsédante. Son art n’est en rien
« illustratif ». Les textes auxquels il se réfère lui inspirent des images, déconnectées de tous récits.

Dernier tryptique, des monstres qui hurlent dans Trois études de figure au pied d’une crucifixion, premier et décisif triptyque de Bacon de 1944, dont la seconde version, de 1988, est au bout de l’exposition, en un final terrible.

Second Version of Triptych 1944
[Seconde version du triptyque de 1944], 1988
Huile et peinture aérosol sur toile
Chaque panneau : 198 × 147,5 cm
Tate Gallery, Londres
Presented by the artist, 1991

Un film sur la vie de Bacon conclue l’exposition

Les podcasts du Centre Pompidou
Cette aide à la visite est proposée pour l’exposition
« Bacon en toutes lettres » et permet de se laisser guider parmi les sources d’inspiration littéraires de l’univers de Francis Bacon
très peu de cartels.

Podcast France Culture la compagnie des poètes
Francis Bacon de 1 a 4

Pendant les travaux de rénovation, le Centre Pompidou reste ouvert… seuls les accès changent !

À partir du mercredi 28 août 2019, l’entrée s’effectue rue Beaubourg, côté rue Saint-Merri.  

Billeterie  choisir un créneau

 Métro : Rambuteau (ligne 11), Hôtel de Ville (lignes 1 et 11), Châtelet (lignes 1, 4, 7, 11 et 14)

RER : Châtelet Les Halles (lignes A, B, D)
Bus : 29, 38, 47, 75

Sommaire de juillet 2019

Rainer Gross, Espace Malraux Colmar

25 juillet 2019 : Gilbert & George « There were Two Young Men, April 1971 »
20 juillet 2019 : José de Guimarães, de l’anthropologue à l’artiste
15 juillet 2019 : Décès de Frieder Burda
13 juillet 2019 : Le modèle noir de Géricault à Matisse
10 juillet 2019 : Hammershøi, le maître de la peinture danoise
04 juillet 2019 : Gregory Forstner, Get in, get out. No Fucking around

Sommaire du mois de juin 2019

Gregory Forstner, The Ship of Fools

La photo en exergue est issue de l’exposition de Gregory Forstner à la Fondation Fernet Branca
(billet à venir)
20 juin 2019 : Basim Magdy
17 juin 2019 : Elger Esser, MORGENLAND
13 juin 2019 : Art Basel 2019
10 juin 2019 : Céleste Boursier-Mougenot
08 juin 2019 : William Kentridge A Poem That Is Not Our Own
07 juin 2019 : Francisco de Goya de l’été 2020, Fondation Beyeler
05 juin 2019 : Rebecca Horn
01 juin 2019 : Helmut Federle

Sommaire du mois de mai 2019

L’image en exergue est exposée à la fondation Fernet Branca
Elger Esser, Jisr as-Zarqa I
Israel 2015
Courtesy Kewenig Galerie

02 mai 2019 : Josef Nadj, Mnémosyne
03 mai 2019 : Le Cosmos du Cubisme – De Picasso à Léger
05 mai 2019 : THOMAS SCHÜTTE
13 mai 2019  :  Leiko Ikemura – vers de nouvelles mers
18 mai 2019  : KunstKosmos Oberrhein (les arts du Rhin supérieur)
20 mai 2019 :  La Lune « Du voyage réel aux voyages imaginaires »
25 mai 2019 :  Rudolf Stingel
29 mai 2019 :  Estampes d’amitié, de Picasso à Sabartés

 

 

 

 

 

La Lune « Du voyage réel aux voyages imaginaires »

Jusqu’ au 22 juillet 2019 au Grand Palais Galeries nationales
entrée Square Jean Perrin

commissariat : Alexia Fabre, conservatrice en chef, directrice du Mac Val, musée d’art contemporain du Val de Marne et
Philippe Malgouyres, conservateur en chef, Département des objets d’art du musée du Louvre.
scénographie : Agence bGc studio: Giovanna Comana / Iva Berthon Gajsak

Abraham Janssens (Anvers, 1575 – Anvers, 1632)
L’Inconstance
vers 1617

La célébration du cinquantenaire des premiers pas de l’homme sur la Lune nous offre l’occasion de célébrer la longue relation des hommes avec cet astre familier, à travers des d’oeuvres d’art qui ont incarné les
multiples formes de cette relation. Cette exposition articulée en cinq parties propose au visiteur de se confronter aux créations artistiques de l’Antiquité à nos jours, de l’Europe et d’ailleurs, inspirées par la
Lune.

Sylvie Fleury
First Spaceship On Venus
2018

De la lune à la Terre, du voyage réel au voyage imaginaire
L’exposition débute par le voyage réel, en juillet 1969. Elle propose ensuite de remonter le temps, à travers les voyages rêvés par la littérature et les arts vers la Lune. Depuis l’Antiquité, l’idée de se rendre dans la lune par les moyens les plus fous déchaina l’inventivité et l’imagination la plus débridée. Avec l’expédition d’Apollo 11, le voyage, devenu réalité, inaugure le début d’une nouvelle ère. Pourtant, l’imagination n’y perd pas ses droits, bien au contraire : à la fantaisie s’ajoute de grandes interrogations sur l’humanité, la place des femmes, le nationalisme, l’inégalité du développement économique.

presse
images

La Lune observée
La première tentative de dessiner la Lune est de Thomas Harriot en 1609. A partir de Galilée, des instruments de plus en plus précis ont permis d’en explorer la surface : la Lune est observée. Les premières cartes de la planète sont dessinées au milieu du XVIIe siècle. A la fin de ce siècle, Cassini réalise une carte plus précise que les précédentes qui restera une référence jusqu’à l’apparition de la photographie. La présentation de la réplique de la lunette de Galilée, des premiers dessins et cartes, puis de photographies illustreront l’évolution d’un regard de prise de connaissance, à la recherche d’une vérité objective dont ne sont jamais absente le rêve et la contemplation esthétique.

d’après l’original copie de la lunette de Galilée

Les trois visages de la Lune
Le parcours articule en trois sections l’évocation des trois visages de la Lune ou de ses trois humeurs : caressante, changeante ou inquiétante. Le premier visage est bénéfique et caressant ; c’est la Lune qui protège et qui inspire. Sous sa protection, l’homme rêve, aime, dort, prie ou médite. Ainsi, dans le célèbre tableau de Girodet, Endymion endormi, Diane visite sous la forme d’un rayon lumineux le sommeil du beau jeune homme, et le caresse de sa lumière.

Anne Louis Girodet
Endymion. Effet de lune, dit aussi Le Sommeil
d’Endymion
1791

Le second visage est celui de la Lune changeante, versatile, dont les mutations scandent le temps des hommes et organisent leurs calendriers. Les croyances populaires en font l’origine de l’humeur des femmes, qualifiée de « lunatique ». Ses rythmes deviennent phénomènes optiques inspirant de nombreux artistes du XXe siècle. Enfin, le troisième visage est celui de l’astre des ténèbres, de la mélancolie ou de la folie : la Lune noire ou démoniaque, source de fantasmes et de peurs.

Paul Delaroche (Paris, 1797 – Paris, 1856)
La Jeune Martyre
1855

La Lune est une personne
La quatrième partie de l’exposition montre que, depuis l’antiquité, cet astre lointain est une divinité proche, de forme humaine, tantôt homme, tantôt femme, ayant souvent différents aspects liés à ceux, changeants, de la Lune. Si en Egypte, en Mésopotamie ou dans l’hindouisme moderne la Lune est déifiée sous une forme masculine (Thot, Nefertoum, Sîn, Chandra), l’antiquité classique la fait femme : Artémis, Diane, Séléné, Hécate. Dans le christianisme, la Vierge, qui reflète la lumière mais ne la produit pas, va être aussi associée à la Lune.

Puvis de Chavannes

Une expérience partagée de la beauté
La dernière partie de l’exposition montre la Lune comme source d’inspiration, proche et mystérieuse, qui dévoile la Nature sous une lumière réfléchie, étrange, intime, mélancolique, et toujours contemplative, propice à un renouvellement du thème du paysage. Elle est une expérience à part entière de la beauté. Une ultime promenade méditative sous le regard de la Lune.

Leonid Tishkov
Private Moon
2003-2017

L’exposition se clôt sur L’endymion endormi de Canova, moment paisible de contemplation.

L’endymion endormi de Canova

Réunion des musées nationaux – Grand Palais
254-256 rue de Bercy
75 577 Paris cedex 12

ouverture : du jeudi au lundi de 10h à 20h ;
mercredi de 10h à 22h ; fermeture hebdomadaire le mardi;
fermé le 1er mai et dimanche 14 juillet

THOMAS SCHÜTTE

C’est jusqu16 Juin 2019 à la Monnaie de Paris
La Monnaie de Paris organise la première rétrospective
parisienne de l’artiste allemand, majeur et inclassable,
Thomas Schütte (né en 1954 et vivant à Düsseldorf).
Élève de Gerhard Richter à la Kunstakademie de Düsseldorf
jusque dans les années 80, il est aujourd’hui reconnu comme
l’un des principaux réinventeurs de la sculpture.

Il fait partie du top ten des artistes allemands, comme
Gerhard Richter Sigmar Polke, Anselm Kiefer et
Georg Baselitz, avec lequel nous, habitants frontaliers
sommes familiarisés, grâce aux musées suisses et allemands,
ou encore colmarien. Après l’avoir admiré à la Fondation Beyeler,
ses migrants à la dOCUMENTA IX  , devant la Dogana et
Lion d’or à la Biennale de Venise 2005, c’est à une rétrospective
que nous sommes conviés.
Il fait figure de benjamin espiègle avec son « troisième animal »
(Trittes Tier) sorte de dragon aux naseaux
fumants qui vous accueille dans la cour arrière.

Il est autant marqué par l’art minimal et conceptuel que
par la sculpture classique et ses grands codes de représentation.
Ses oeuvres font partie des collections des plus grands musées
et sont très régulièrement exposées.
Cette rétrospective est intitulée, « Trois Actes », traduction
de Dreiakter, oeuvre la plus historique de l’exposition,
datant de 1982 et appartenant aux collections du Centre
Pompidou.
«Mes oeuvres ont pour but d’introduire un point d’interrogation
tordu dans le monde».

Le choix des oeuvres témoigne de sa troublante et grinçante
analyse de l’organisation de la société et de son impact sur
les individus. L’exposition construite en trois temps,
de manière thématique, inclut la présentation de plusieurs
séries majeures de son travail comme les United Enemies,
les Aluminium Frau et Vater Staat ainsi que des oeuvres
inédites.
C’est un pur bijou d’éclectisme et de curiosités, allant
des spirituelles marionnettes de pâte à modeler des années
1993-1994 aux multiples maquettes de maisons construites
pour des collectionneurs, présentées sous les ors du musée.
Inspiré des jouets de ses enfants dit-il, Thomas Schütte
a l’art de manipuler tous les médiums (céramique, bronze,
acier, aluminium, verre, textile, mais aussi aquarelle et gravure.

Le premier acte s’articule autour de la représentation
de la figure humaine – homme et femme – tantôt monumentale,
tantôt minuscule qui se plie à toute sorte de distorsions
et transformations.
Le deuxième acte conduit le visiteur à découvrir la relation
étonnante que l’artiste entretient avec la mort et ses
possibles représentations : masques mortuaires, esprits facétieux,
fleurs fanées, urnes funéraires…

Le troisième acte présente les modèles architecturaux qui
sont autant de monuments de notre civilisation
faisant grimacer, à l’instar de One Man House, tout à la fois
lieu de retraite et prison, ou Ferienhaus für Terroristen aux
accents modernistes. Plusieurs de ses maquettes
ont été réalisées à l’échelle 1 dont Kristall II installée
dans le Salon Dupré, maison de contemplation dans laquelle
le visiteur peut entrer.

L’artiste passe de la maquette à l’architecture grandeur nature,
de la miniature à la sculpture monumentale.
Les oeuvres de Thomas Schütte investissent l’espace public
et s’exposent dans la totalité des cours intérieures avec
des sculptures magistrales et inédites, accessibles à tous.
Ainsi cette rétrospective est construite en tandem, à
l’image de son oeuvre, les espaces intérieurs faisant écho
aux espaces extérieurs de la Monnaie de Paris.

L’exposition est le fruit d’une étroite collaboration avec
Thomas Schütte grâce à son exceptionnelle implication. Elle
bénéficie également de partenariats avec les musées français
dont le Musée National d’Art Moderne, le Musée de Grenoble
et le Carré d’Art de Nîmes et la Pinault Collection.

Thomas Schütte Vater Staat

Cette exposition prolonge des axes forts de la programmation
de la Monnaie de Paris : exposer les grands sculpteurs des XXe
et XXIe siècles, réfléchir sur le savoir-faire et le geste artistique
sur un site dont l’usine est encore en activité.
Commissaire : Camille Morineau, Directrice des Expositions
et des Collections de la Monnaie de Paris
Commissaire associée : Mathilde de Croix, Commissaire
d’exposition à la Monnaie de Paris
Podcast France culture la Dispute
MONNAIE DE PARIS
Horaires d’ouverture
Du mardi au dimanche 11h – 19h
Mercredi jusqu’à 21h
11, Quai de Conti
75006 Paris

Sommaire du mois d'avril 2019

Tous au Séchoir jusqu’au 26 mai 2019,

avec Mise au Vert et Fleurs, Fleurs, Fleurs
01 avril 2019 : Premier avril 2019
01 avril 2019 : La suppression des blogs du Monde ?
02 avril 2019 : La Collection Courtauld, Le parti de l’impressionnisme
05 avril 2019 : Fondation Louis Vuitton / La Collection : Le parti de la Peinture Nouvelle sélection d’oeuvres
13 avril 2019 : Talents Contemporains 7ème édition
16 avril 2019 : VASARELY, LE PARTAGE DES FORMES
18 avril 2019 : Thomas Houseago Almost Human
21 avril 2019 : Joyeuses Pâques
24 avril 2019 : Lois Weinberger – Debris Field
26 avril 2019 : Pas de poudre aux yeux, Françoise Saur
27 avril 2019 : Damien Deroubaix, Headbangers Ball – Porteur de lumière