Aux temps du sida. Œuvres, récits et entrelacs

Au Musée d'art Moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS
jusqu'au 04 FÉVRIER 2024
Commissariat général : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du patrimoine et responsable du MAMCS.
Conseillers scientifiques : Thibaud Croisy, auteur et metteur en scène et
Didier Roth-Bettoni, historien du cinéma.
Équipe de recherche : Anna Millers, Thierry Laps, Coralie Pissis, Alexandre Zebdi-Libot, Musées de la Ville de Strasbourg
Scénographie : Roll Office, Ian Ollivier et Lucie Rebeyrol
Graphisme : Studio Plastac
Conception éclairage : Studio 10-30, Léopold Mauger

Vidéo de présentation

Artistes exposés (liste non exhaustive):

Sophie Calle, Copi, Johan Creten, Marlene Dumas, General Idea, Nan Goldin, Felix Gonzales-Torres, Hervé Guibert, John Hanning, Derek Jarman, Michel Journiac, Zoe Leonard, Mehryl Ferri Levisse, Robyn Orlin, Bruno Pelassy, Jean-Michel Othoniel, Marion Scemama, Barthelemy Toguo, Jean-Luc Verna, David Wojnarowicz…

Le projet

L’exposition « Aux temps du sida » parle d’un temps encore non révolu où l’épidémie n’est pas surmontée en dépit d’importantes avancées médicales. Les quarante dernières années ont vu s’entremêler des moments de peur, de deuil, de courage, de solidarité, d’espoir, tous adossés à des formes de créations dont la force demeure inspirante pour notre époque. Exposition pluridisciplinaire,
« Aux temps du sida » présente quatre décennies de création où les arts plastiques, la littérature, la musique, le cinéma, la danse rencontrent la recherche scientifique, la culture populaire et l’action déterminante des associations.

                                        le Couloir du temps

Parcours

Le parcours de l’exposition s’organise en dix sections aux ambiances caractérisées où les oeuvres plastiques, littéraires, chorégraphiques, cinématographiques… se déploient et s’entrelacent pour former un récit qui sollicite non pas seulement le regard du visiteur.euse mais aussi sa sensibilité toute entière. Exposition sensorielle, Aux temps du sida mobilise en certains points de son parcours le corps du public en l’entraînant dans des dispositifs audio et audiovisuels immersifs ou en l’invitant à activer lui-même l’une des oeuvres.

Un signe des temps

https://reineblancheproductions.com/mathieu-lindon-michel-foucault-herve-guibert/En 1984, Group Material – collectif d’artistes auquel participeront notamment Felix González-Torres, Jenny Holzer ou Barbara Kruger – conçoit une  « aids timeline ». Cette ligne du temps qui raconte le sida dans tous ses aspects (politiques, médicaux, médiatiques, artistiques…) inclut des textes, des journaux, des objets, des oeuvres… Cette vaste frise déployait alors à la fois l’histoire du virus et celle des luttes qui l’entourent.
Le « Couloir du temps » qui ouvre l’exposition de Strasbourg s’inspire de cette démarche sans la reproduire. Il propose d’établir d’emblée que parler du sida impliquera un récit à plusieurs voix.


Partant d’où nous sommes, soit en 2023, le visiteur remonte le temps et rencontre des affiches pour la PrEP, une nuée de disques et de romans, des médicaments, des affiches de films, le portrait de Françoise Barré-Sinoussi (co-découvreuse du virus, Prix Nobel en 2008) par Hervé di Rosa, une photo de Michel Foucault par Hervé Guibert, une aquarelle de singe vert par Françoise
Pétrovitch
Culture populaire, informations médicales, discours militant forment tous ensemble un vaste entrelacs où résonne la chanson Sign ☮’ the Times (qui donne son titre à cette grande galerie) dans laquelle le chanteur Prince évoque, en 1987, « a big disease with a little name » (une grave maladie avec un nom court), le sida. Ce « sas » en amont de l’exposition inclut une production conçue spécialement pour ce projet : une vaste tapisserie réalisée par l’artiste Mehryl Ferri Levisse (né en 1985) qui vit et travaille dans le Grand Est. Pour l’exposition, il crée un papier peint qui propose au visiteur.euse un riche univers de références (la composition met en évidence des marges dont l’esthétique en noir et blanc rappelle le dance floor de certaines boîtes de nuit, les mains gantées peuvent être celles de soignants ou de divas, les fleurs
géométriques prennent la forme stylisée d’un virus,…) ou le plonge tout simplement dans la couleur, le motif et la sensation.

Antichambre

Après une densité visuellement très forte d’objets et d’oeuvres, se rencontre dans une petite salle aux contours arrondis un très petit nombre d’oeuvres. Trois artistes seulement sont ici présentés. De leurs oeuvres se détachent des corps, un visage et des mots.
Des corps fragmentés (ceux des photographies de Kiki Smith), un visage d’enfant radieux (celui de John Hanning), des mots en forme de provocation
(la devise franquiste détournée par Bruno Pélassy), tels sont les hôtes étranges qui habitent cette antichambre, monde miniature où le virus avance ici à pas feutrés et là à ciel ouvert.
Cette antichambre ouvre réellement l’exposition et en donne le ton : ce qui se passe est grave et nous concerne tous, nous les corps et les visages qui regardons ces « autres » qui sont nos semblables. Les corps photographiés par Kiki Smith (qui sont des détails de ses sculptures) ne sont ni hommes ni femmes, ni jeunes ni vieux, ni d’une origine identifiable, ils sont « tout le monde ». John Hanning tord le cou à l’inévitable charge dramatique qui entoure le mot sida en déclarant « I survived AIDS » sous la photographie de son visage d’enfant souriant tandis que Bruno Pélassy fait de l’attente de la mort un moment de défi aussi étincelant que les cristaux de Swarovski qui composent son rideau de perles « Viva la Muerte ».

« Je sors ce soir »

Cette section, qui emprunte son titre au roman éponyme de Guillaume Dustan, est dédiée à la nuit. Sortir, c’est s’exposer. La nuit (et ce qui va avec – la danse, la musique, les excès -) est propice à l’exposition des corps aux regards, aux rencontres, aux expériences, et, potentiellement, aux risques. Les visages/masques d’Ed Paschke et les photos de graffitis à caractère sexuel de Zoe Leonard incarnent cette nuit à double tranchant.
La section réunit deux types d’espaces : un premier dans lequel s’entrelacent textes et photographies : les mots de Dustan (« Queer = bizarre ; Queer = tout le monde » ou encore « Je danse donc je suis ») et les Suites nocturnes du photographe Luc Chery qui établissent ensemble un dialogue harmonieux.
Un second espace prend la forme d’une « box » accueillant alternativement un dance floor (dans lequel résonne une version de Tainted Love de Soft Cell) et une scène d’opéra où les danseurs de Bill T. Jones jouent Still/Here. Cette salle enveloppe complètement de sons et de lumières les visiteurs.euses qui oublient, peut-être, en ce point de l’exposition qu’ils.elles se trouvent en fait
dans un musée. Le personnage installé dans la Dance Box est-il réel ou est-ce un mannequin ?
Le trouble s’installe aussi dans la perception.

My Beautiful Closet

Adossée à la Dance Box, l’entrée de cette salle secrète s’active grâce à un mécanisme que l’on actionne soi-même. Réunissant quelques oeuvres à caractère sensible, ce Beautiful Closet conçu par Jean-Michel Othoniel réfère au « placard » dans lequel certain.e.s sont resté.e.s ou sont sorti.e.s, assumant leur sexualité, leur séropositivité, leurs colères aussi.
Entre l’autoportrait en drag de Robert Mapplethorpe et les préservatifs déroulés sur des cornes d’animaux chez Jean-Baptiste Carhaix, entre un spot d’Act up censuré en son temps et l’esthétique Benetton qui, via son magazine Colors spécial sida, afflige Ronald Reagan d’un sarcome de Kaposi, le Closet questionne la notion d’interdit, de tabou, de scandale qui diffère pour chacun : qu’est-ce qui nous dérange le plus dans la photographie de Wim Delvoye, le fait qu’il s’agisse d’un acte sexuel ou que cet acte soit saisi par les rayons X, révélant bien plus que l’anatomie des amants ?

 

Conclusion

Conçue comme un voyage chrono-thématique qui place le visiteur dans un maelström de sensations et de réflexions, l’exposition s’articule en sections qui mettent en évidence les entrelacs qui unissent les énergies mobilisées contre ce qui n’est pas une maladie mais bien un scandale (pour reprendre les mots d’Elisabeth Lebovici). Les œuvres se déploient dans l’espace de l’exposition aux côtés de montages audiovisuels de l’INA, d’objets et d’archives liés à la mémoire du sida. La scénographie, tantôt immersive, tantôt intimiste, propose aux visiteurs un parcours qui fait la part belle à la sensation et rend compte de la diversité des champs de création investis par ce projet qui mise sur la pulsion de vie qui innerve la création. L’exposition s’accompagne, en outre, d’une
« Permanence » qui propose aux visiteurs qui le souhaitent d’échanger avec des représentants du secteur de la santé et de la solidarité, des spécialistes de la prévention, des bénévoles issus d’associations diverses et ce, dans l’enceinte du musée qui fait ainsi valoir son rôle citoyen au sein de la cité.

Informations pratiques

La Permanence
Au sortir de l’exposition, se tient dans la nef du MAMCS un lieu dévolu à la rencontre, à la pause, à l’échange. Plusieurs acteurs et actrices du secteur médico-social ont été convié.es à diffuser de l’information sur le virus, le dépistage, les droits, l’accompagnement des malades et des familles… dans le musée-même.
Lieu d’information, de discussion, de ressources, la Permanence est animée par des associations aux représentations locales et/ou nationales et accueille les visiteurs et visiteuses individuel.le.s ou petits groupes autour d’une thématique (ex. la prévention, le traitement préexposition, vieillir avec le VIH…).

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le lundi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches
de 10h à 18h
Fermé le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 Novembre et le 25 décembre.
Accueil des groupes : plus d’informations sur le www.musees.strasbourg.eu/groupes-tarifsreservations
Tarif : 7,5 € (réduit : 3,5 €)
Gratuité les 1er, 2 et 3 décembre 2024 à l’occasion de la journée internationale de la Lutte contre le sida

Visite

DÉVOILER – Jean-Christophe Ballot

Exposition de photographies de l'artiste Jean-Christophe Ballot
Commissaire : Pierre-Jean Sugier
Galerie : Cahn comtempory, Basel, Jean-David Cahn
jusqu'au 16 novembre 2023

Présentation

C’est un voyage archéologique, un dévoilement, une fusion entre l’art contemporain et l’archéologie à travers la Mésopotamie, l’Égypte et Rome à partir de ses photographies, orchestrés par l’archéologue et galerie Jean-David Cahn et le curateur en art contemporain, Pierre-Jean Sugier.

Vidéo

Des prises de vues qui s’étalent de 1991 à 2022, avec de nombreux tirages d’époque (pièces uniques sur des papiers aujourd’hui disparus) comme des épreuves réalisées dans le laboratoire de la Villa Médicis en 1991.
Et des nouveautés avec une série sur Rome produite cet automne à partir de sa dernière campagne photographique réalisée en 2022.

L’accrochage met en perspective quatre siècles de représentations des paysages urbains de la Ville Éternelle, avec la présentation pour la première fois de pièces issues de ses collections comme des tirages albuminés du XIXème ou des gravures de Piranèse.

Les photographies des sites égyptiens prises en 2004, exposées pour la première fois, furent en majorité prises dans le mystère de la nuit…

Le voyage en Mésopotamie est tiré directement du travail qu’il a réalisé pour l’ouvrage « L’épopée de Gilgamesh » publié l’an passé aux éditions Diane de Selliers.

 Biographie

Jean-Christophe Ballot est un photographe contemporain, né en 1960. Il poursuit depuis 1987 (premier portrait de ville) un chemin singulier dans le monde artistique, revendiquant et pratiquant une photographie contemplative.

Architecte DPLG (1986), diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (1990), diplômé de La Femis et ancien pensionnaire de la Villa Médicis (1991), ses œuvres figurent dans les collections de nombreux musées : Metropolitan Museum of Art de New York, Musée du Louvre, Fonds national d’art contemporain, Centre Pompidou, Maison européenne de la photographie, Musée Carnavalet, Petit Palais, Musée Rodin, Festival de Chaumont-sur-Loire, Bibliothèque nationale de France, Musée de la photographie de Thessalonique, Musée national d’art contemporain de Thessalonique.
Son regard contemplatif se porte aussi sur la statuaire qu’il traite comme
des portrait

Le paysage urbain

« Diplômé d’architecture, cinéaste et photographe, Ballot travaille à la chambre, ce qui l’oblige à s’installer davantage dans le décor. Il opte pour une frontalité qui privilégie la forme brute de l’architecture, et souligne ainsi le chaos des villes où les signes urbains se confrontent. Acteurs de la composition, les bâtiments sont les révélateurs de la théâtralité des lieux et de leur mémoire. »
Pascal Hoël, Une Collection, Maison européenne de la photographie, Arles, éditions Actes Sud,  

En 1987, étudiant à l’École nationale supérieure des arts décoratifs dans le département photo, Jean-Christophe Ballot reçoit une bourse de l’Office franco-allemand pour la jeunesse afin de passer deux mois à Berlin. Il part avec une chambre Sinar de studio faire ses premiers paysages urbains. Ces photographies sont ensuite présentées au jury de la Villa Médicis et lui permettent de partir travailler sur Rome en 1991.

                Rome, pyramide de Caïus Cestius, 2022

Son projet était de réaliser un portrait urbain de Rome. Pour lui, c’était une manière de parler d’une certaine modernité, un peu de la Renaissance
et beaucoup de l’Antiquité. C’est il y a une dizaine d’année qu’est né le projet de mettre son travail en perspective avec l’oeuvre de Piranèse.
Il a commencé à collectionner des gravures de Piranèse, puis des gravures du XVIIIe siècle, puis des albums photos du XIXe s, dont beaucoup de tirages albuminés. Puis des cartes postales du début du XXe s. Tout ceci est mis en perspective et en résonance  sur 3 siècles. En 2022 il décide de retourner à Rome, pour écrire une quatrième page de ce projet, sur un quatrième siècle.
Il a ainsi les gravures du 18e s, les photos albuminées du 19e s, son travail à la chambre 4’x5′ sur film argentique du 20e s et le travail en numérique du 21e s.
Les quatre siècles correspondent non seulement à une évolution technique, mais aussi à une évolution sensible du regard.

« Rome est un sujet d’exposition à lui seul, qui porte une vocation muséale. Ton invitation, qui est de mettre en perspective, la Mésopotamie, l’Egypte, et la Rome antique avec des oeuvres archéologiques est un enjeu passionnant pour moi. De fait, j’ai du réduire Rome à un sujet : la colonne. C’est le A de l’alphabet de l’architecture. C’est un élément constructif qu’on retrouve dans toutes des architectures.
JC Ballot

Rome, temple de Venus et amphithéatre Flavien, (Colisée) 1991

L’épopée de Gilgamesh

De septembre 2021 à avril 2022, Diane de Selliers et Jean-Christophe Ballot sont partis en Irak, au coeur de la Mésopotamie sur les traces  des oeuvres représentant le célèbre héros. JC Ballot a réalisé autour de L’Épopée de Gilgamesh

Figurine-plaquette : deux guerriers, Irak. Époque amorrite, vers 2000-1600 av. J.-C. Terre cuite, 10,1 x 8,8 cm, musée du Louvre, Paris. © Jean-Christophe Ballot

une œuvre photographique redonnant vie à une centaine de pièces millénaires, conservées principalement dans les départements d’antiquités orientales du musée national d’Irak à Bagdad, mais aussi dans les grandes collections européennes constituées au cours du XIXe siècle : au musée du Louvre à Paris, au British Museum à Londres et au Pergamon Museum à Berlin. À travers cette série de quatre articles, nous vous dévoilons les coulisses de cette aventure artistique et éditoriale en quatre étapes : les recherches préliminaires au Pergamon Museum (épisode 1), les mardis au musée du Louvre (épisode 2)

Statuette : orante tenant un vase, dite la « femme à l’aryballe ». Irak, Époque néo-sumérienne, vers 2100 av. J.-C. Albâtre, 20 × 8,2 cm. Musée du Louvre, Paris © Jean-Christophe Ballot,

une nuit au British Museum (épisode 3) et enfin l’épopée irakienne de Jean-Christophe Ballot et Diane de Selliers (dernier épisode).

L’Egypte

Les photographies des sites égyptiens prises en 2004, exposées pour la première fois, furent en majorité prises dans le mystère de la nuit. En Egypte Il y a une omniprésence de la sculpture avec les bas-reliefs et les hiéoglyphes, sur pratiquement toutes les architectures. Architectures et sculptures sont donc Intimement mêlées. Mais la sculpture est un peu en retrait par rapport aux grandes masses, aux grands volumes, aux pyramides, aux colonnes et aux salles hypostyles. C’est donc ce principal élément d’architecture , que j’ai retenu dans mon travail sur l’Egypte ancienne. Ce qui aussi intéressé, ce sont les prises de vues de nuit pour ajouter une dimension encore plus mystérieuse, plus spirituelle. Ainsi les dieux de l’Egypte ancienne vont nous parler.
JC Ballot

Information pratiques

Galerie Cahn comtempory
19 Steinentorstrasse
Basel

Ouvert du jeudi au dimanche
13 h à 19 h

Visite avec les artistes le dimanche 5 novembre à 16h, suivi d’un verre de l’amitié.

Je confirme ma présence à la visite dimanche 5 nov. 16h

Mark Rothko, peintre du vertige intérieur

La Fondation Vuitton présente la première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970), jusqu'au 2 avril 2024
Commissaire de l’exposition : Suzanne Pagé
Co-commissaire de l’exposition : Christopher Rothko 
avec François Michaud et Ludovic Delalande, Claudia Buizza, Magdalena Gemra, Cordélia de Brosses

« C’était seulement l’extase ; l’art est extatique ou il n’est rien ».
Telle était la profession de foi de Mark Rothko (1903-1970). 

Mark Rothko, Self Portrait, 1936
Huile sur toile 81,9 x 65,4 cm
Collection de Christopher Rothko
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp, Paris, 2023

Première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970) depuis
celle du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1999, l’exposition présentée à la Fondation Louis Vuitton à partir du 18 octobre 2023 réunit quelque 115 oeuvres provenant des plus grandes collections institutionnelles et privées internationales, notamment la National Gallery of Art de Washington, la Tate de Londres, la Phillips Collection ainsi que la famille de l’artiste. Se déployant dans la totalité des espaces de la Fondation, selon un parcours chronologique, elle retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste depuis ses premières peintures figuratives jusqu’à l’abstraction
lui définit aujourd’hui son oeuvre.

« Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture pour qu’elle soit aussi poignante que la musique et la poésie. »
Mark Rothko

L’exposition s’ouvre sur des scènes intimistes et des paysages urbains – telles les scènes du métro new-yorkais – qui dominent dans les années 1930, avant de céder la place à un répertoire inspiré des mythes antiques et du surréalisme à travers lesquels s’exprime, pendant la guerre, la dimension tragique de la condition humaine.

Mark Rothko, Untitled (The Subway), 1937
Huile sur toile 61 x 91,4 cm
Collection Elie and Sarah Hirschfeld, New York
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko -Adagp, Paris, 2023

Mark Rothko, The Omen of the Eagle, 1942
Huile et crayon sur toile 65,4 x 45,1 cm
National Gallery of Art, Washington DC Gift of the Mark Rothko Foundation, Inc., 1986.43.107 © 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

À partir de 1946, Rothko opère un tournant décisif vers l’abstraction dont la première phase est celle des Multiformes, où des masses chromatiques en suspension tendent à s’équilibrer. Progressivement, leur nombre diminue et l’organisation spatiale de sa peinture évolue rapidement vers ses oeuvres dites « classiques » des années 1950 où se superposent des formes rectangulaires suivant un rythme binaire ou ternaire, caractérisées par des tons jaunes, rouges, ocre, orange, mais aussi bleus, blancs…


Mark Rothko,
No. 21, 1949
Huile et techniques mixtes sur toile
238,8 x 135,6 cm
The Menil Collection, Houston
Acquired in honor of Alice and George Brown
with support from Nancy Wellin and Louisa Sarofim
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

En 1958, Rothko reçoit la commande d’un ensemble de peintures murales destinées au restaurant Four Seasons conçu par Philip Johnson pour le Seagram Building – dont Ludwig Mies van der Rohe dirige la construction à New York. Rothko renonce finalement à livrer la commande et conserve l’intégralité de la série. Onze ans plus tard, en 1969, l’artiste fera don à la Tate de neuf de
ces peintures qui se distinguent des précédentes par leurs teintes d’un rouge profond, constituant une salle exclusivement dédiée à son travail au sein des collections.

Mark Rothko,
Black On Maroon, 1958
Huile sur toile
266,7 x 365,7 cm
Tate, Londres
Presented by the artist through American
Foundation of Arts, 1969
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

Cet ensemble est présenté exceptionnellement dans l’exposition.
En 1960, la Phillips Collection consacre au peintre une salle permanente, la première « Rothko Room », étroitement conçue avec lui, qui est également présentée ici.


Mark Rothko,
The Ochre (Ochre, Red on Red), 1954
Huile sur toile
235,3 x 161,9 cm
The Phillips Collection, Washington DC
Acquired 1960
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

L’année suivante, le MoMA organisera la première rétrospective de son oeuvre qui voyagera dans plusieurs villes européennes (Londres, Bâle, Amsterdam, Bruxelles, Rome, Paris). Au cours des années 1960, il répond à de nouvelles commandes, dont la principale est la chapelle voulue par Jean et Dominique de Menil à Houston, inaugurée en 1971 sous le nom de Rothko Chapel.
Si depuis la fin des années 1950, Rothko privilégie des tonalités plus sombres, des contrastes sourds, l’artiste n’a pourtant jamais complètement abandonné sa palette de couleurs vives, comme en témoignent plusieurs toiles de 1967 et le tout dernier tableau rouge demeuré inachevé dans son atelier. Même la série des Black and Grey de 1969-1970 ne peut mener à une interprétation simpliste
de l’oeuvre associant le gris et le noir à la dépression et au suicide.


Mark Rothko,
Untitled (Black on Gray), 1969
Acrylique sur toile
236,2 x 193,4 cm
Anderson Collection at Stanford University,
Gift of Harry W. and Mary Margaret Anderson,
and Mary Patricia Anderson Pence, 2014.1.023
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

Ces oeuvres sont réunies dans la plus haute salle du bâtiment de Frank Gehry aux côtés des grandes figures d’Alberto Giacometti, créant un environnement proche de ce que Rothko avait imaginé pour répondre à une commande de l’UNESCO restée sans lendemain.


La permanence du questionnement de Rothko, sa volonté d’un dialogue sans mots avec le spectateur, son refus d’être vu comme un « coloriste », autorisent à travers cette exposition une lecture renouvelée de son oeuvre – dans sa vraie pluralité.

Suzanne Pagé, Commissaire de l’exposition

Comment dire ce qui ne peut l’être et pourtant s’éprouve si intensément ? Comment introduire par les mots à une oeuvre qui a porté à son incandescence la picturalité, langage irréductible à tout autre ? Que cherche le visiteur captif de ce qui parle si fort à ses yeux, à son coeur, à tout son être? Que cherche sans répit l’artiste lui-même que de rares photos montrent dans l’atelier scrutant
inlassablement les champs colorés auxquels il a peu à peu réduit ses propres toiles ? Pourquoi, aujourd’hui encore, cette oeuvre nous apparaît-elle si nécessaire dans son urgence intemporelle à évoquer la condition humaine, cette poignancy tapie au plus profond de chacun comme Rothko la veut au
coeur de son oeuvre, récurrente aussi dans ses carnets ?

Biographie

Né Marcus Rotkovitch et ayant quitté à l’âge de dix ans sa Russie natale après un passage par l’école talmudique, l’artiste ne cessera de nourrir sa peinture de lectures et de réflexions sur l’art et la philosophie. Après avoir quitté Yale où il avait bénéficié d’une formation intellectuelle plurielle – des mathématiques à l’économie, la biologie, la physique, la philosophie, la psychologie, les langues…
– et avoir déjà manifesté à travers un journal un engagement social permanent et lié à une volonté constante de transmission. C’est à l’École de la vie qu’il s’éprouve ensuite avant d’être brièvement tenté par le théâtre. Découvrant fortuitement la peinture à l’Art Students League en 1923, il y retournera notamment auprès de Max Weber puis en deviendra membre pour la quitter en 1930.
C’est en 1938 qu’il sera naturalisé, adoptant deux ans plus tard le nom de Mark Rothko.

« à ceux qui pensent que mes peintures sont sereines, j’aimerais dire que j’ai emprisonné la violence la plus
absolue dans chaque centimètre carré de leur surface » Rothko.

Christopher Rothko

extrait …..Aussi justifiée soit sa réputation d’artiste réservé, je pense qu’il y a derrière sa réticence à évoquer sa technique une motivation bien plus forte. À ses yeux, les matériaux, les méthodes et même les titres détournaient le spectateur de l’expérience d’absorption dans l’oeuvre. Il voulait simplement que le visiteur regarde, qu’il soit présent face à l’oeuvre.
Si Rothko était là aujourd’hui, il vous enjoindrait de cesser de lire cet essai, de lire les textes muraux, d’arrêter de vous demander où il achetait ses couleurs, s’il portait ou non ses lunettes pour peindre, ou de vous informer sur l’éclairage dans l’atelier. Regardez la peinture. Regardez dans la peinture.
Mon père ne vous demande pas de vous préoccuper de la façon dont il l’a réalisée, il veut que vous fassiez l’expérience de ce qu’il a lui-même éprouvé en l’exécutant. Il ne veut pas d’un étudiant, ni d’un observateur, il a besoin d’un co-créateur. vidéo
Traduction de l’anglais par Annie Pérez

Conclusion

Pour l’artiste hier comme pour le visiteur aujourd’hui de quel exil cet art serait-il donc le signe ? De quelle quête scellée au plus profond de chacun ?
L’état d’hypersensibilité né à la surface des tableaux et développé par les oeuvres – comme par un excès de beauté – suscite et aiguise simultanément plénitude et incomplétude. En même temps qu’est décuplé un ravissement sensoriel se creuse comme une attente puis viennent des questionnements
de l’ordre de la transcendance dont ces oeuvres autorisent l’accès. Chacun y mettra ses mots, séraphiques ou tragiques. Félicité ou néant lié à la hantise de la condition de mortel, Rothko ne choisit pas. Si les gens veulent des expériences sacrées, ils les trouveront, s’ils veulent des expériences profanes, ils les trouveront.

Cette exposition d’un artiste pour qui la musique était vitale – Mozart, Schubert… – et qui avait la volonté d’élever la peinture au même degré d’intensité que la musique et la poésie, sera l’occasion d’une création
exceptionnelle du compositeur Max Richter inspirée par l’oeuvre de Rothko.

Informations pratiques

Réservations
Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr
Horaires d’ouverture
(hors vacances scolaires)
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h
Vendredi de 11h à 21h
Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h
Samedi et dimanche de 10h à 20h
Fermeture le mardi
Horaires d’ouverture
(vacances scolaires)
Vacances de Pâques : Tous les jours de 10h à 20h
Vacances d’été : lundi, mercredi et jeudi de 11h à
20h – samedi et dimanche de 10h à 20h –
fermeture le mardi
Accès
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons,
sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les
20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile,
44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service
réservé aux personnes munies d’un billet Fondation
et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en
vente sur
www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord
France culture

PARIS+ PAR ART BASEL

Partenaires institutionnels
Les partenaires institutionnels de Paris+ par Art Basel sont la Ville de Paris, la Réunion des Musées Nationaux — Grand Palais (RMN-GP), le Musée du Louvre, le Centre Pompidou, le Palais d’Iéna / CESE et les Beaux-Arts de Paris.
 Clément Delépine a pris la direction de Paris+ par Art Basel lorsque le groupe Bâlois a remporté l’appel d’offre de la RMN (Réunion des Musées Nationaux) – Grand Palais en 2022.
Du 18 octobre au 22 octobre 2023

Le directeur


C’est l’un des personnages les plus en vue du marché de l’art et paradoxalement l’un des plus discrets. Il a pris la direction de Paris+ par Art Basel lorsque le groupe Bâlois a remporté l’appel d’offre de la RMN (Réunion des Musées Nationaux) – Grand Palais en 2022. Né à Paris, il a grandi en Suisse avant de partir pour les États-Unis où il s’est forgé une expérience solide.

Présentation

Paris+ par Art Basel renforce sa présence à Paris avec une deuxième édition couronnée de succès et un ambitieux programme public à l’échelle de la ville.
La deuxième édition de Paris+ par Art Basel s’est achevée, mettant une fois de plus en évidence le rayonnement culturel exceptionnel de la capitale française et sa montée en puissance en tant que place forte du marché de l’art mondial. Avec 154 galeries prestigieuses, dont 61 possédant un espace en France, la foire a offert un vaste panorama de la scène artistique florissante du pays, à laquelle elle a également contribué par un programme public élargi et accessible gratuitement. Réalisé en collaboration avec des institutions culturelles parisiennes de renommée mondiale, ce programme a attiré des milliers de visiteurs et a pris place dans six lieux emblématiques de la capitale.

De plus, la deuxième édition de Paris+ par Art Basel a bénéficié de la présence de nombreuses galeries internationales d’Europe, des Amériques, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, dont 15 participaient à la foire pour la première fois. Paris+ par Art Basel s’est tenu au Grand Palais Éphémère  et a attiré près de 38’000 visiteurs sur l’ensemble de ses journées professionnelles et publiques.
La prochaine édition retrouvera le mythique Grand Palais, du 18 au 20 octobre 2024.

Les galeries

Les galeries ont fait état de ventes importantes couvrant tous les segments du marché, dont des oeuvres de maîtres du XXe siècle tels qu’Alexander Calder, Ed Clark, Niki de Saint Phalle, Leonor Fini, Jean Hélion, Aristide Maillol, Robert Rauschenberg et Anna Zemánková ; d’artistes contemporains de premier plan tels que Mark Bradford, Tracey Emin, Camille Henrot, Loie Hollowell, Lee Ufan, Wolfgang Tillmans, Yan Pei-Ming et Flora Yukhnovich ; d’artistes confirmés comme Katinka Bock, Mohamed Bourouissa, Reggie Burrows Hodges, Sayre Gomez, Rachel Jones, Suki Seokyeong Kang, Jean-Luc Moulène et Laure Prouvost ; et d’artistes émergents comme Jenna Bliss, Gaëlle Choisne, Elladj Lincy Deloumeaux, Karol Palczak, Nora Turato, Sophie Varin, Xie Lei et Trevor Yeung.

Clément Delépine, directeur de Paris+ par Art Basel, a déclaré :

« Je suis profondément reconnaissant envers les galeries, les artistes, les collectionneur·euses, les représentant·es des institutions et les partenaires qui nous ont rejoint·e·s pour la deuxième édition de Paris+ par Art Basel et qui en ont fait un tel succès. Ensemble, nous avons déployé une programmation exceptionnelle, du Grand Palais Éphémère au Jardin des Tuileries. L’impact de la foire sur la vie culturelle de la ville est indéniable et ne pourra que s’amplifier avec notre arrivée au Grand Palais en 2024, dont nous nous réjouissons déjà. »

Le programme public

Accessible gratuitement au public et réalisé en collaboration avec la Ville de Paris et les institutions culturelles locales, le programme public élargi de Paris+ par Art Basel comprenait trois expositions, deux installations monumentales en plein air et une série de discussions et de débats, présentées dans six lieux emblématiques de la ville. Certains projets restent exposés au-delà des dates de la foire.

Pèle mêle

A l’année prochaine

Gertrude Stein et Pablo Picasso, L’invention du langage

Cécile Debray et Assia Quesnel, les commissaires de l’exposition "Gertrude Stein et Pablo Picasso. L'invention du langage", vous guident dans le Musée du Luxembourg à travers un siècle d’art, de poésie, de musique et de théâtre.. Une exposition à découvrir jusqu'au 28 janvier 2024
scénographie : Studio Matters
mise en lumière : Aura Studio

Un écrivain devrait écrire avec ses yeux et un peintre peindre avec ses oreilles.
Gertrude Stein, 1940

Les 2 artistes

L’amitié entre l’artiste Pablo Picasso et l’écrivaine Gertrude Stein s’est cristallisée autour de leur travail respectif, fondateur du cubisme, à partir de ce qui constitue leur pratique littéraire et picturale : décomposition
analytique des objets du quotidien, du langage et de la peinture, sérialité, circularité et répétition – autant de formulations et de trouvailles fondatrices des avant-gardes picturales et littéraires du XXe siècle.

Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musÈe national Picasso – Paris. MP16.

Gertrude Stein est une immigrée américaine, juive, homosexuelle, installée à Paris, rue de Fleurus, peu après l’arrivée en 1901 de Pablo Picasso, jeune artiste espagnol. Leur position d’étrangers, maîtrisant approximativement le français, leur marginalité fondent leur appartenance à la bohème parisienne et leur
liberté artistique.

                 Gertrude Stein dans les jardins du Luxembourg
Leur postérité est immense. Examiner leur complicité, leur inventivité et suivre le parcours de Gertrude Stein entre Paris et les États-Unis, permet d’esquisser une traversée des approches conceptuelles, performatives et critiques de l’art, de la poésie, de la musique et du théâtre à travers de grandes figures de l’art américain :
John Cage, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Merce Cunningham, Nam June Paik, Yvonne Rainer, Lucinda Childs, Trisha Brown, Ray Johnson, Bruce Nauman, Carl Andre, James Lee Byars, Joseph Kosuth, Hanne Darboven, Andy Warhol, Glenn Ligon, Ellen Gallagher, Gary Hill, Deborah Kass, Felix Gonzalez-
Torres…

Ainsi l’exposition entend porter un éclairage inédit et documenté sur l’oeuvre poétique mal connue de Gertrude Stein, en regard des peintures et des sculptures de Picasso, le « Paris Moment » (rue de Fleurus et rue Christine, à deux pas du musée du Luxembourg qu’elle fréquente assidument).

La postérité américaine de ce dialogue forme la seconde partie du parcours, l’« American Moment », avec des oeuvres emblématiques issues de l’écriture steinienne, des années 1950 à nos jours : depuis le Living Theater et les expérimentations musicales, plastiques et théâtrales néo-dada et fluxus, en passant par l’art minimal autour du langage et du cercle, jusqu’aux oeuvres néo-conceptuelles et critiques.

Une série de portraits et d’oeuvres hommages, comme le fameux polyptique Ten Portraits of Jews of the Twentieth Century d’Andy Warhol ou des photographies de Cecil Beaton, évoque l’icône Gertrude Stein.


Cette exposition est programmée dans le cadre de la Célébration Picasso 1973-2023, coordonnée par le Musée national Picasso-Paris, qui à cette occasion partage sa collection par le prêt exceptionnel de 26 oeuvres de sa collection essentiellement centrées autour des années héroïques des Demoiselles d’Avignon et du cubisme, ainsi qu’un ensemble d’archives remarquable. La Célébration Picasso et l’exposition sont placées sous le haut patronage de la Présidence de la République.


Un programme de performances conçues par le metteur en scène Ludovic Lagarde accompagne l’exposition pour faire entendre l’écriture cubiste de Gertrude Stein. Ces performances de 30 à 40 minutes auront lieu à
l’occasion des nocturnes du lundi à 19h ou à 20h (programme détaillé) , pendant toute la durée d’ouverture au public de l’exposition (hors vacances scolaires et 2 octobre) dans la salle Tivoli adjacente aux espaces
d’exposition (sur simple présentation du billet de l’exposition).

France culture podcast

Informations pratiques

Rmn – Grand Palais
254-256 rue de Bercy
75 577 Paris cedex 12
horaires d’ouverture :
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne les lundis jusqu’à 22h sauf le 2
octobre
les 17 octobre, 24 et 31 décembre de
10h30 à 18h
fermeture exceptionnelle le 25 décembre
accès :
M° St Sulpice ou Mabillon
Rer B Luxembourg
Bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du
Luxembourg / Sénat
informations et réservations:
museeduluxembourg.fr

À l’occasion de son 170e anniversaire, le Musée Unterlinden de Colmar propose une exposition-anniversaire

L'exposition propose une participation au public à travers 11 personnages clés mis à l'honneur, onze voix sous les tilleuls - une création littéraire inédite-, qui ont marqué l'histoire du musée, des outils numériques d'aide à la visite et ceci jusqu'au 4 mars 2024.
Chloé Heninger, commissaire de l'exposition a imaginé avec son équipe un parcours ludique. Assistante d’exposition : Léa Rosenfeld

Des oeuvres emblématiques retracent ses 170 ans d’existence et témoignent du rôle essentiel du musée et de la Société Schongauer, association qui gère et administre le musée depuis son ouverture et qui insuffle la stratégie, valide et finance les différentes actions proposées pour la conservation et la diffusion
du patrimoine artistique, historique et archéologique.
Des temps festifs et de convivialité permettent aux publics d’être partie prenante de la construction du musée de demain. Le musée du 21e siècle n’est
plus un sanctuaire silencieux et hors du temps ; c’est un lieu de vie, d’échanges et de partage à célébrer.

Mot de la commissaire

Parce qu’un anniversaire se fête à plusieurs, le musée a convié un grand nombre de partenaires à participer à l’élaboration de cette exposition. Ce travail en commun permet de repenser tout ce qui constitue une exposition – les prêts, les cartels, les textes de salle, les outils de médiation, la programmation culturelle, les supports de communication – et de réinterroger nos pratiques pour « faire » autrement, en les enrichissant par des contributions extérieures.
Dans le cadre de projets pédagogiques, des étudiants se sont emparés de questions relatives à la muséographie, à la perception des oeuvres et aux outils d’aide à la visite. Les musées prêteurs, liés historiquement au Musée Unterlinden, ont contribué aux choix et à la valorisation d’oeuvres témoignant d’un patrimoine culturel commun à l’échelle du territoire. De nombreux partenaires culturels ont été sollicités pour construire une programmation culturelle axée sur l’interdisciplinarité, la mise en lien des oeuvres avec le théâtre, la danse contemporaine, la musique, les arts plastiques, le spectacle vivant et la littérature.
Les textes institutionnels se sont ouverts, par le biais d’une résidence littéraire et d’ateliers d’écriture, à la plume d’une romancière et d’écrivains amateurs. Les membres de la Société Schongauer ont ainsi contribué à l’exposition par la rédaction de cartels « L’ oeuvre vue par… », donnant leur point de vue personnel sur les oeuvres.
Chloé Héninger,
Attachée de conservation
Responsable des collections archéologiques – extrait

Onze personnalités incontournables mises à l’honneur

Tout au long du parcours d’exposition, des outils numériques d’aide à la visite, des oeuvres emblématiques, des albums photographiques ainsi que des textes biographiques littéraires rédigés par la romancière Carole Martinez,
retracent l’histoire de onze personnalités incontournables qui ont fait l’histoire du musée.
À travers le cloître, la chapelle, l’ancienne cave du couvent abritant les collections archéologiques, la galerie souterraine ainsi que les salles consacrées
à l’art moderne dans l’Ackerhof, les visiteurs découvrent ces personnalités, leurs époques et leurs liens avec le musée et ses collections.

                  Martin Schongeur & Auguste Bartholdi

Six premières personnalités sont à découvrir dans les salles d’exposition permanentes du musée :
Auguste Bartholdi, Théophile Klem, Madeleine Jehl, Edmond Fleischhauer, Jean-Paul Person et Jean-François Jaeger.

Le parcours se poursuit au niveau 2 de l’Ackerhof dans l’espace dédié aux expositions temporaires, avec la présentation de cinq autres personnalités
majeures :
Louis Hugot, Ignace Chauffour, Florine Langweil, Jean-Jacques Waltz et Charles Bonnet.

Onze voix sous les tilleuls – Une création littéraire inédite

Une résidence d’écriture, une édition
Le Musée Unterlinden innove en invitant la romancière Carole Martinez dans le cadre de la mise en place de sa première résidence artistique. Poursuivant
son ambition de faire dialoguer les artistes contemporains avec ses collections, son architecture ou encore son histoire, le musée a proposé à l’écrivaine d’être la voix des onze personnalités mises à l’honneur dans le parcours d’exposition.
Carole Martinez livre onze textes littéraires et biographiques à travers lesquels elle plonge le lecteur dans l’histoire intime et sensible de la vie de ces hommes et ces femmes qui ont oeuvré à la création et au rayonnement du musée.

Livre Onze voix sous les tilleuls
Éditions I Médiapop – Prix I 9 € – Date de distribution I 14 octobre 2023
En savoir plus

Programme

Retrouvez ici le programme de l’exposition qui vous invite à fêter les 170 ans du musée !

Découvrez en ligne une sélection d’œuvres en lien avec les onze personnalités incontournables qui ont fait l’histoire du musée depuis 170 ans.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture
Musée Unterlinden

Mercredi au lundi : 9h – 18h

Dernier accès au musée à 17h30 – Clôture des caisses 30 minutes avant la fermeture du Musée.
Mardi : fermé

Le dimanche 24 décembre et le dimanche 31 décembre 2023 le musée est ouvert de 9h à 16h

Jours fériés de fermeture : 1.1., 1.5., 1.11., 25.12

Accueil téléphonique du lundi au vendredi de 8h à 12h :

+33 (0)3 89 20 15 50

À partir du 14.10.23, date d’ouverture de son exposition-anniversaire
« 170 ans – Ça se fête avec vous ! », le Musée Unterlinden de Colmar propose une carte «
Jeunes membres » de la Société Schongauer aux moins de 30 ans.

Bibliothèque

Mercredi et vendredi sur rendez-vous : 14h – 17h.
Rendez-vous auprès de Corinne Sigrist, bibliothécaire,  au +33 (0)3 89 20 22 76 ou csigrist@musee-unterlinden.com   

Boutique

Mercredi au lundi : 10h – 18h

Dimanche : 11h – 18h
Mardi : fermé

Café-Restaurant Schongauer

Mercredi au dimanche :  10h00 à 17h00

Fermé les lundis et les mardis toute l’année.

Pour toute demande de réservation, vous pouvez contacter le restaurant par mail cafe@musee-unterlinden.com

Nicolas de Staël, l’intranquille

Nicolas de Staël, Agrigente (détail), 1954, huile sur toile, 60 x 81 cm, collection particulière © ADAGP, Paris, 2023

Le Musée d'Art moderne de Paris accueille, jusqu'au 24 janvier 2024, une rétrospective magistrale de l'œuvre de Nicolas de Staël. 
Charlotte Barat-Mabille et Pierre Wat, sont les commissaires de l’exposition.

Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre une grande rétrospective à Nicolas de Staël (1914-1955), figure incontournable de la scène artistique française d’après-guerre. Vingt ans après celle organisée par le Centre Pompidou en 2003,l’exposition propose un nouveau regard sur le travail de l’artiste, en tirant parti d’expositions thématiques plus récentes ayant mis en lumière certains aspects méconnus de sa carrière (Antibes en 2014, Le Havre en 2014, Aix-en-Provence en 2018).
La rétrospective rassemble une sélection d’environ 200 tableaux, dessins, gravures et carnets venus de nombreuses collections publiques et privées, en Europe et aux Etats-Unis. À côté de chefs-d’oeuvre emblématiques tels que le Parc des Princes, elle présente un ensemble important d’oeuvres rarement, sinon jamais, exposées, dont une cinquantaine montrées pour la première fois dans un  musée français.

                                          Le Soleil 1963, CP
Organisée de manière chronologique, l’exposition retrace les évolutions successives de l’artiste, depuis ses premiers pas figuratifs et ses toiles sombres et matiérées des années 1940, jusqu’à ses tableaux peints à la veille de sa mort prématurée en 1955. Si l’essentiel de son travail tient en une douzaine d’années, Staël ne cesse de se renouveler et d’explorer de nouvelles voies : son
« inévitable besoin de tout casser quand la machine semble tourner trop rond »
le conduit à produire une oeuvre remarquablement riche et complexe,
« sans esthétique a priori ».
Insensible aux modes comme aux querelles de son temps, son travail bouleverse délibérément la distinction entre abstraction et figuration, et apparaît comme la poursuite, menée dans l’urgence, d’un art toujours plus dense et concis :
« c’est si triste sans tableaux la vie que je fonce tant que je peux »,
écrivait-il.

                                                Eau de vie 1948
La rétrospective permet de suivre pas à pas cette quête picturale d’une rare intensité, en commençant par ses voyages de jeunesse et ses premières années parisiennes, puis en évoquant son installation dans le Vaucluse, son fameux voyage en Sicile en 1953, et enfin ses derniers mois à Antibes, dans un atelier face à la mer.

Les poissons Antibes 1955

« Je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine » : Nicolas de Staël, l’urgence de la peinture
Biographie

La vie de Staël a d’emblée créé un mythe autour de son art : de son exil après la révolution russe jusqu’à son suicide tragique à l’âge de 41 ans, la vie du peintre n’a cessé d’influer sur la compréhension de son oeuvre. Sans négliger cette dimension mythique, la rétrospective entend rester au plus près des recherches graphiques et picturales de Staël, afin de montrer avant tout un peintre au travail, que ce soit face au paysage ou dans le silence de l’atelier.

                                         Le Bateau 1956
Enfant exilé devenu voyageur infatigable, l’artiste est fasciné par les spectacles du monde et leurs différentes lumières, qu’il se confronte à la mer, à un match de football, ou à un fruit posé sur une table. Variant inlassablement les outils, les techniques et les formats (du tableautin à la composition monumentale), Staël aime « mettre en chantier » plusieurs toiles en parallèle, les travaillant par superpositions et altérations successives. Le dessin joue, dans cette exploration, un rôle prépondérant dont une riche sélection d’oeuvres sur papier souligne le caractère expérimental.

Le film

Un extrait du documentaire : Nicolas de Staël, la peinture à vif
de François Lévy-Kuentz, co-écrit avec Stéphane Lambert et Stephan Lévy-Kuentz et produit par Martin Laurent, Temps Noir, en coproduction avec ARTE France, est présenté en permanence dans les salles de l’exposition et diffusé dans son intégralité sur ARTE le 24 septembre 2023 et en replay.

Le catalogue

Le catalogue de l’exposition permet d’approfondir encore la connaissance du travail du peintre, grâce à des textes sur sa relation aux maîtres du passé et à son contemporain Georges Braque,ou encore son rapport au paysage et à la nature morte. L’ouvrage contient également un entretien des commissaires avec Anne de Staël, fille aînée de l’artiste, ainsi que le texte intégral et inédit du « Journal des années Staël » de Pierre Lecuire, écrivain, éditeur et ami proche      de Staël.

Informations Pratiques
HORAIRES

Mardi au dimanche de 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h15)
Nocturne les jeudis jusqu’à 21h30 uniquement pour les expositions temporaires.

Fermeture le lundi et les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
Fermeture exceptionnelle à 17h les 24 et 31 décembre. 

TRANSPORTS

Métro : ligne 9 – Arrêt Alma-Marceau ou Iéna
Station Vélib’ : 4 rue de Longchamp ; 4 avenue Marceau ; place de la reine Astrid ou 45 avenue Marceau

Antony Vest, Floating Manurhin

Expo éclair à la cour des arts vernissage vendredi 13 à partir de 18h30.
Samedi 14 de 10h à 18h. Dimanche de 10h à 17h.

Anthony Vest rend hommage aux ouvriers qui ont œuvré durant l’âge d’or d’une grande manufacture mulhousienne. (Manurhin) Les toiles de l’artiste s’exposent  à la Cour des arts de Brunstatt. Après avoir exposé ses « tentatives d’archéologie industrielle » lors de sa résidence d’artiste au sein des Musées historique et des beaux-arts, à Mulhouse, en 2022, il montre son travail pour une exposition « éclair » à la cour des Arts. Anthony Vest poursuit sa recherche sur les artefacts des usines mulhousiennes.

                                                          Photo l’Alsace
Antony Vest est diplômé de de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Après avoir occupé un atelier à la Manurhin, il a déménagé pour
un espace plus vaste, dans le quartier mulhousien de la Mer Rouge.

Artiste pluridisciplinaire, Anthony Vest construit au jour le jour un réseau d’images tantôt en dessin, peinture ou photo, tantôt à travers objet ou installation. Il choisit le médium correspondant le plus justement à une construction personnelle d’un univers dans lequel notre œil corrompu se perd inconsciemment.

Sa démarche est une proposition d’observation, une contemplation humble et positive traduite par l’économie des moyens mis en oeuvre.

Les installations présentées proviennent de moules récupérés dans les bennes de Manurhin. Elles deviennent des oeuvres d’art  sous forme de sculptures
et de peintures. Confectionner un glacis est une technique qu’il a dû apprendre pour révéler au mieux ces pièces en bois, de diverses couleurs et numérotées.
« Façonnées jusque dans les années 1950-1960, elles servaient de gabarit pour le moulage de pièces industrielles en bronze », explique l’artiste. Pourquoi faut-il se hâter de découvrir les huiles de la série baptisée Floating Manurhin ? L’artiste répond simplement que « la prochaine expo ne sera pas dans le coin ».


Un regard d’artiste sur des objets témoins d’un savoir-faire en voie de disparition, les moules aux formes convexes étaient destinés à la destruction

Infos pratiques

La Cour des Arts Brunstatt
301 avenue d’Altkirch, Brunstatt, France
03 89 44 81 85

Contact@courdesarts.fr
courdesarts.fr

La BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse

Christophe Bourguedieu, St Nazaire 2017

« La BPM a pour objectif de montrer une pratique photographique
contemporaine en perpétuel mouvement et interrogation.
Le rapport de la production photographique à sa contemporanéité
est l’un des axes de la programmation : son rapport à l’évolution
du médium mais aussi au contexte écologique, social, économique. »
Anne Immelé, directrice artistique
DIRECTION ARTISTIQUE

                                    Photo Dominique Bannwarth
La direction artistique de la BPM est confiée à Anne Immelé, photographe et Docteure en art. Son travail de curatrice est souvent fondé sur une compréhension spatiale des lieux et sur l’association des photographies entre elles, en témoigne l’exposition Those eyes, these eyes, they fade
(Galerie Valetta Contemporary, Malte, 2022). Ses recherches curatoriales découlent d’une thèse intitulée Constellations photographiques, soutenue en
2007 à l’Université de Strasbourg et publiée par Médiapop Éditions en 2015. Son intérêt concernant les enjeux de l’exposition dans le champ de la photographie contemporaine se reflète également dans des articles publiés dans le magazine Art Press. Photographe, elle est l’auteure de plusieurs livres, dont WIR avec le philosophe Jean-Luc Nancy aux éditions Filigrane, Oublie Oublie, et Jardins du Riesthal, parus chez Médiapop en 2020 et 2022. Son travail photographique est régulièrement exposé, comme en 2019 à la Fondation Fernet-Branca (Saint-Louis) (comme un souvenir). Elle travaille actuellement dans le bassin méditerranéen sur le projet Melita. Soutenu par la CNAP, ce projet interroge la notion de refuge depuis l’antiquité à partir de la traversée de la Méditerranée, une première exposition aura lieu durant la MaltaBiennale
en 2024.
Enseignante à la HEAR, Haute école des arts du Rhin, elle vit et travaille à Mulhouse et Malte.

NOVO

À chaque édition de la BPM son Hors-Série de Novo. Les différents portraits de photographes, entretiens et textes critiques participent ensemble à la réalisation d’une revue-catalogue diffusée gratuitement lors de la Biennale.
https://mediapop-editions.fr/novo/

L’EXPOSITION
10 ANS /
10 PHOTOGRAPHES

C’était


QUAI DES CIGOGNES, MULHOUSE
OUVERTURE LE 7 OCTOBRE 2023
14h : Inauguration de l’exposition au quai des Cigognes
16h : Table ronde, Bibliothèque Grand’Rue
Questions d’exposition : Enjeux et perspectives des festivals photographiques
Avec la participation de Sarah Girard (directrice des Journées Photographiques de Bienne),
Sébastien Arrighi (président et fondateur
du festival Mascarone Lab)
et Anne Immelé (directrice de la BPM). Discussion menée par Dominique Bannwarth, président de Mulhouse Art Contemporain.

16h : Table ronde, Bibliothèque Grand’Rue
Questions d’exposition : Enjeux et perspectives des festivals photographiques
Avec la participation de Sarah Girard (directrice des Journées Photographiques de Bienne), Sébastien Arrighi (président et fondateur
du festival Mascarone Lab) et Anne Immelé (directrice de la BPM). Discussion menée par Dominique Bannwarth, président de Mulhouse Art Contemporain.

Les photographes

Janine Bächle
Geert Goiris
Matthew Genitempo
Pascal Amoyel
Rebecca Topakian
Paul Gaffney
Michel François
Nathalie Wolff & Matthias Bumiller
Céline Clanet
Christophe Bourguedieu

À l’occasion des 10 ans de la BPM, cette exposition dans l’espace public réunit
10 photographes ayant participé aux différentes éditions du festival depuis 2013. La sélection montre une diversité d’approches photographiques, mais tous les photographes témoignent d’une approche sensible, à la fois poétique et politique du monde contemporain.
Le fil conducteur des photographies exposées est le questionnement sur la possibilité ou l’impossibilité d’habiter le monde transformé par l’activité humaine. Janine Bächle, Céline Clanet et Paul Gaffney se questionnent sur les moyens de vivre en harmonie avec la nature, Rebecca Topakian, Michel François, Christophe Bourguedieu, Nathalie Wolff & Matthias Bumiller interrogent la société post-capitaliste, ses frontières et ses contradictions.
Plus intimistes, Matthew Genitempo et Pascal Amoyel photographient leurs proches dans une relation au territoire de vie. Enfin, Geert Goiris illustre une tension fondamentale entre l’humain et la nature.

Continuer la lecture de « La BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse »

Identités partagées – Daniel Tiziani

Jusqu'au 16 décembre 2023 à l'Abri Mémoire de Uffholtz
Quelques silhouettes anonymes, les soldats morts pour la France et des
bornes frontières usées par le temps. L’artiste mulhousien Daniel Tiziani nous présente des dessins, empreintes et gravures en lien avec les traces du passé... que tout le monde voit sans les remarquer. PROJECTION DU FILM DOCUMENTAIRE LE LISERÉ VERT
° En présence du réalisateur Gilles Weinzaepflen, de l'artiste Daniel Tiziani et du docteur en histoire Benoît Vaillot
Samedi 14 octobre, 20h00

Artiste plasticien attentif aux détails que personne ne remarque, sensible aux traces laissées par la main de l’homme, Daniel Tiziani invite à la réflexion sur notre identité partagée. Dans cette exposition où l’art rencontre l’histoire, que nous apprennent ces oeuvres des événements majeurs du passé et des
récits intimes…  Son approche nous permet d’explorer ces thèmes de manière esthétique et émotionnelle et nous offre une occasion précieuse de réfléchir à notre identité collective

Stamala avec Francine Hebding écoutez ici
Il est venu accompagné de Dany Weber, conseillère déléguée à la culture de la Com Com Thann- Cernay ainsi que Jean Paul Welterlen, ancien maire d’Uffholz entre autre. On y parle de l’expo, de l’artiste mais aussi d’histoire et de cet endroit qu’est l’Abri Mémoire à découvrir sans faute.

L’exposition se divise en deux parties :

Partie 1.
Silhouettes anonymes (salle 1)
Partie 2.
Bornes frontières (salle 2)

Silhouettes anonymes

Fondée en 1843 d’après l’idée du rédacteur en chef Edouard CHARTON,
L’Illustration est un magazine illustré français. Il devient le premier magazine au monde en 1906 et ses abonnés habitent dans plus de 150 pays. Dès ses débuts, la revue place le dessin et la gravure au centre de ses publications.

Sa politique journalistique est alors révolutionnaire pour l’époque : recherche de l’information à sa source, envoi des correspondants ou appel à la collaboration des lecteurs. L’impartialité est l’objectif principal de la publication. Chaque édition présente une double page remplie d’illustrations, où l’image se révèle plus importante que le texte.

L’artiste Daniel Tiziani utilise alors ce célèbre magazine comme médium pour ses gravures. Il y imprime des silhouettes anonymes directement sur les pages de la revue : mère, militaire, danseuse étoile, petite fille… ce sont autant de personnages anonymes fixés sur des photographies de personnes célèbres, sur des publicités, ou placés en parallèle de textes journalistiques, telles de nouvelles illustrations. Une Image qui revient souvent, charmante dans sa simplicité, émouvante dans son dépouillement, la petite fille anonyme, dont le procédé photographique, me fait penser à celui d’Irving Penn vu en juillet à la Villa des Roches Brunes de Dinard
 Chaque page utilisée nous apporte des références culturelles et historiques, parfois effacées par le temps. L’emplacement des figures est toujours réfléchi et choisi minutieusement par l’artiste. Quelquefois
un clin d’oeil ironique avec le texte ou la publicité.
Daniel Tiziani nous interroge :
qu’en est-il de ces figures oubliées disparues lors des conflits ?

Silhouettes connues

Les Frères Belmont, immortalisés à travers les gravures de Daniel Tiziani, sont issus d’une famille profondément cultivée et religieuse, qui s’établit à Grenoble en 1893. Parmi les sept frères et la soeur de cette famille, Joseph se distingue particulièrement grâce à la publication de ses lettres de la Première Guerre mondiale, à partir de 1916.
Marie-Victorine, bien qu’absente de cette exposition, est infirmière durant la Grande Guerre. Ferdinand Joseph, né en 1890, est initialement médecin puis Capitaine du 11e bataillon de chasseurs alpins. Il s’est retrouvé blessé d’un éclat d’obus au Hartmannswillerkopf et est décédé de ses blessures à l’hôpital de Moosch, le 28 décembre 1915. Il fut chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la croix de guerre.
Jean, né en 1893, est élève à l’Institut Polytechnique de Grenoble lorsqu’il rejoint le 22e Régiment d’Infanterie. Il meurt au col d’Anozel le 28 août 1914, dans les Vosges.
L’abbé Joseph Régis, né en1895, est étudiant au Grand Séminaire de Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux. Il est nommé caporal au 175e régiment d’infanterie, combat aux Éparges puis à la bataille de l’Argonne, avant de mourir le 02 juillet 1915 au Bois-de-la-Gruerie, dans la Marne.
Maxime, né en 1897, est incorporé au 14e bataillon d’artillerie, puis affecté aux chemins de fer après le décès de ses trois frères, tout comme
Paul, né en 1899.

Ces portraits presqu’anonymes ont été imaginés et produits par l’artiste avant qu’il n’ait eu connaissance de leurs photographies. Il s’agit d’un hommage rendu à tous ces soldats morts pour la France, à travers des portraits-robots pouvant évoquer plusieurs soldats.

Un peu d’histoire

L’Alsace et la Lorraine sont revendiquées par l’Empire allemand dès le début du XIXe siècle. À l’issue de la guerre de 1870, après l’armistice du 29 janvier 1871, la France se voit contrainte de céder à l’Allemagne les territoires qui formeront l’Alsace-Lorraine, par le traité de Francfort de 1871. La nouvelle frontière franco-allemande suit alors en grande partie la ligne de crête des Vosges et traverse principalement des espaces forestiers en altitude.
Adolphe THIERS (1797-1877) se voit imposer la négociation du tracé delà nouvelle frontière à partir d’un « liseré vert », déjà tracé par
Wilhelm LIEBENOW (1822-1897). L’Empire allemand tente de faire correspondre la nouvelle frontière avec la ligne de crête des Vosges.
Les négociations aboutissent au traité préliminaire de paix à Versailles le 26 février 1871.
La nouvelle frontière doit être définie de manière plus approfondie lors des conférences de Bruxelles de mars à mai 1871. Des pionniers de la géographie sont chargés de la définition de la frontière, le français Aimé LAUSSEDAT (1819-1907) et l’allemand Wilhelm HAUCHECORNE (1828-1900).
Le traité définitif depaix est signé le 10 mai 1871
sans qu’aucune carte ne soit produite à cette occasion.

L’Alsace-Lorraine : une identité partagée

Le traité de Francfort du 10 mai 1871 consacre en effet l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand, mais aussi celle de tous ceux qui en sont originaires. Cependant, une clause d’option a été introduite dans le traité et permet aux Alsaciens-Lorrains de conserver la nationalité française, à condition toutefois de « transporter leur domicile » hors des territoires cédés.

Bornes frontières

Sur les cartes, la frontière est matérialisée par un liseré vert.
 Le traité de Francfort prévoit que la commission de délimitation se rende
«sur le terrain immédiatement» pour une phase de démarcation
de la frontière. Le terrain est étudié, les arbres sont rasés et les bornes frontières sont commandées. La commission de délimitation met alors plusieurs années à matérialiser la nouvelle frontière sur le terrain.
Plus de 5 500 bornes sont posées entre le Luxembourg et la Suisse.


Les géomètres français et allemands font le levé du tracé de la frontière. Ils le consignent dans un registre et le reportent sur des cartes de deux types : cartes de détail échelle 1/1250e et les cartes d’ensemble échelle 1/20000e. Pour l’installation de ces bornes, de nombreux arbres ont été rasés, qui aboutiront à la création de circuits de randonnée. Si la frontière se trouve au niveau d’un cour d’eau, deux bornes sont placées de chaque côté, à égale distance. La rive française comporte uniquement la lettre F, la rive allemande la lettre D. En France,de nombreux « D » gravés ont été détruits au fil du temps.
.
Aujourd’hui, cette frontière franco-allemande est comme
oubliée.  Certaines bornes sont conservées, mais elles ne bénéficient pas de la protection des Monuments historiques.

Daniel Tiziani est parti à la recherche de ces bornes frontières souvent ignorées. Sans les déplacer, son art permet de se les remémorer et de les valoriser. Il pose sa feuille sur le dessus, la frotte à l’aide d’une mine de plomb et en relève l’
empreinte: l’angle qui indique l’emplacement des deux autres bornes. Il précise aussi quel côté de la borne appartient à quel pays, où se situent les points cardinaux ou encore le numéro de la borne. Par ses empreintes et décalquages, Daniel Tiziani met en valeur l’objet devenu mémoriel, transformant un artefact tri-dimensionnel presqu’invisible, en une surface plane et riche d’histoire et de géographie. Enfin, dans son atelier, l’artiste rehausse le dessin de couleurs, attirant alors notre regard, en particulier sur la fameuse ligne rouge.

Informations pratiques

Abri mémoire
1 rue du Ballon,
68700 Uffholtz

Visites et activités gratuites
Informations et réservations :
03.89.83.06.91
abri-memoire@cc-thann-cernay.fr

Suivez-nous
abri-memoire.org
Mégane Liguori
Chargée de médiation et d’accueil
07.78.20.60.20
m.liguori@cc-thann-cernay.fr

VISITES GUIDÉES
° Rencontres avec l’artiste
° Rendez-vous à l’Abri
Tous les samedis, 15h00

ATELIERS
° Animés par l’artiste
samedi 14 octobre,
samedi 18 novembre,
samedi 16 décembre,
14h30

PROJECTION DU FILM DOCUMENTAIRE LE LISERÉ VERT
° En présence du réalisateur Gilles Weinzaepflen, de l’artiste Daniel Tiziani
et du docteur en histoire Benoît Vaillot
Samedi 14 octobre, 20h00