Mathieu Pernot à la Filature de Mulhouse

« les Gorgan », 1995-2015 jusqu’au 14 novembre à la Filature
de Mulhouse
podcast sur France culture

Les Gorgan relate l’expérience du photographe Mathieu Pernot
avec une famille rom. Croisant ses photographies avec celles réalisées
par la famille, l’auteur établit la singularité du destin de chaque
individu au-delà de l’appartenance communautaire.
À La Filature, Mathieu Pernot présente, sur 7 murs distincts,
les images de Johny et Ninaï (les parents) mais aussi de Rocky,
Giovanni, Priscilla, Ana et Doston (5 de leurs 8 enfants).
Il doit certes avoir plus que de l’empathie pour eux, au point
d’être le parrain d’Ana et d’assister, lui le gadjo,  discrètement
à l’accouchement d’un enfant de Ninaï et de veiller Johny mort.
Créer un récit familial et individuel

photo Filature de Mulhouse

« J’ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes
études à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Les parents, Johny et Ninaï, vivaient alors en caravane avec leurs
sept enfants, sur un terrain situé entre la gare de fret et le Rhône.
Je ne savais rien de cette communauté et ignorais alors que
cette famille rom était installée en France depuis plus d’un siècle.
J’ai réalisé mes premières images en noir et blanc, m’inscrivant
dans une tradition documentaire face à ceux qui m’étaient encore
étrangers. Je maintenais une distance et essayais de comprendre
ce que ce médium pouvait encore nous apprendre d’eux.

La découverte des quelques archives qu’ils possédaient puis
les prises de vue réalisées dans le Photomaton de la gare
avec les enfants m’ont rapidement fait comprendre que la
diversité des formes et des points de vue était nécessaire
pour rendre compte de la densité de la vie qui s’offrait à mon regard.
Mon déménagement à Paris en 2001 m’a éloigné des Gorgan
pendant plusieurs années. C’est en 2013, plus de dix ans après
avoir réalisé ces photographies, que nous nous sommes retrouvés,
comme si l’on s’était quitté la veille. L’évidence que cette histoire
devait continuer le plus longtemps possible m’est immédiatement
apparue. Ils m’ont alors confié leurs images de ces années
passées sans se voir.

Vingt ans après cette rencontre fondatrice, le temps a fait son
oeuvre sur les corps et les visages des Gorgan.
Un temps différent de celui de notre monde gadjé.
Johny et Ninaï sont désormais grands-parents et les caravanes
ont quelquefois été délaissées pour des appartements jugés
plus confortables.
J’ai vécu en leur compagnie une expérience qui dépasse
celle de la photographie. À leur côté, j’ai assisté, pour la première
fois, à la naissance d’un enfant ; j’ai aussi veillé le corps de
celui que j’avais vu grandir : Rocky, mort brutalement à l’âge de
30 ans.
L’exposition reconstitue les destins individuels des membres
de cette famille. Elle retrace l’histoire que nous avons construite
ensemble. Face à face. Et désormais, côte à côte. »
MATHIEU PERNOT

Johny est né en 1964. Passionné par les voitures, il ne s’est jamais
séparé de sa BMW, malgré le retrait de son permis.
Il m’est souvent arrivé de le conduire avec sa famille dans ma
Ford Fiesta, pour les emmener au foyer dans lequel leur fille Ana
a été placée quelques temps ou au cimetière, dans lequel est
enterrée une partie de leurs proches. En 2001, il est incarcéré
quelques mois dans la maison d’arrêt d’Avignon.
À son retour au foyer, il est chaleureusement fêté.
Aujourd’hui fragilisé par des problèmes de santé, il ne s’éloigne
plus guère du terrain.

Ninaï s’est mariée avec Johny en 1982, à l’âge de 17 ans.
Elle accouche de son premier fils Rocky, l’année suivante.
Sept autres enfants naissent après lui, dont Ana, qui voit le
jour à l’hôpital d’Avignon le 1er octobre 1996.
Son quotidien ressemble à celui des femmes de sa
communauté : lignes de la main, courses et préparation des repas.
Elle a aujourd’hui vingt-deux petits-enfants et continue d’aller,
aussi souvent qu’elle le peut, au cimetière des neuf Collines
pour se recueillir sur la tombe de Rocky.

Rocky est l’ainé de la fratrie. Il avait 12 ans lorsque nous avons
fait connaissance. Deux ans après cette rencontre, je l’accompagne
à l’hôpital d’Avignon pour une courte hospitalisation.
Quelques années plus tard, il se marie avec Claire Vidale,
une gadjie qui a grandi dans le sud de la France.
Ensemble, ils ont quatre enfants, élevés dans un logement
social du quartier du Trébon, à Arles.
Après le décès de son mari, Claire est repartie à Sète avec ses enfants.

Giovanni vit avec Cathy Reyes, membre de la communauté
gitane d’origine espagnole. Ils vivent dans le lotissement des
platanes de Barriol construit pour reloger les familles qui
vivaient en bidonville. Il a avec elle cinq enfants, dont il s’est
fait tatouer les prénoms sur l’épaule. Lorsqu’il avait une dizaine
d’années, il allait souvent jouer dans la gare de transports
de marchandises, située juste à côté du terrain occupé par
la caravane.
Priscilla est l’ainée des trois soeurs. Elle est aussi la plus timide
d’entre elles et enfant, elle se cachait souvent le visage quand
je voulais la photographier. Elle vit avec Hervé et a fait le choix
de revenir à la caravane après avoir logé pendant quelques
années dans un appartement. C’est enceinte de son cinquième
enfant que je la photographie au cours de l’été 2016.

Ana est ma filleule. Je l’ai surtout photographiée bébé en train
de dormir et faisant ses premiers pas. Elle est venue me voir à
deux reprises à Paris au cours des dix années où je me suis
éloigné d’Arles. Sa personnalité n’a d’égal que sa force physique.
Elle vit maintenant avec un Rom bosniaque, dans une caravane
située sur le terrain de la famille. Avec son compagnon, elle voyage
de temps à autre en Europe et rêve de vivre à l’étranger.
Doston est le cadet de la famille. Il est né en 2007 et vit encore
avec Johny et Ninaï dans la caravane. Son enfance ressemble
trait pour trait à celle de ses aînés, tout comme son énergie,
dont je tente de capter la source depuis plus de vingt ans.
« LES GORGAN » Éditions Xavier Barral, 2017
relié, 24 x 31 cm, 232 pages, environ 300 photographies et documents
textes de Mathieu Pernot, Clément Chéroux, Johanne Lindskog
Dans l’esprit d’un album photographique, cette monographie
marque l’aboutissement de ce travail retraçant 20 ans
d’histoire de cette famille et témoigne ainsi de la complexité
de la culture tsigane à travers ce récit à plusieurs voix.
Au fil des pages, se mêlent différents types de photographies
du polaroïd au cliché N&B pris au Rolleiflex, des instantanés aux
portraits posés, de joyeuses réunions aux moments plus
douloureux liés à l’incarcération, à la mort qui sont livrés à nous
sans filtre, tels qu’ils sont vécus.
Prises par Mathieu Pernot ou les Gorgan eux-mêmes, ces
photographies forment un ensemble sans hiérarchie aucune,
ni distinction entre leurs auteurs, comme le souhaitait le
photographe. Les Gorgan ne sont plus seulement sujets d’étude
mais de véritables acteurs impliqués à la fois dans la réalisation
des images et le choix du contenu.
L’essai de Clément Chéroux recontextualise cet ensemble dans
l’histoire de la photographie et des albums de famille.
Celui de Johanne Lindskog examine quant à lui la démarche
à la fois artistique et ethnographique du photographe.
plus d’infos sur le site des Éditions Xavier Barral
« Photomatons », 1995-19970

Ces photomatons proviennent de l’archive familiale de
Bietschika Gorgan, père de Johny et ancien patriarche de la
famille. Réalisées entre 1950 et 1995, ces images montrent
la transformation de l’esthétique de la photographie d’identité
(noir et blanc, présence du rideau, fond coloré) dans le temps
et la réappropriation que pouvaient en faire les membres
d’une famille pour constituer une archive d’identité familiale.

« Les hurleurs », 2001-2004
Des individus à la pose théâtrale, tous cadrés à mi-corps, sont
photographiés alors qu’ils hurlent dans des décors urbains.
Les images ont pour hors champ des prisons du Sud de la
France et de Barcelone. Leurs protagonistes sont des proches
des détenus avec lesquels ils tentent de communiquer par-delà
les murs d’enceinte. La tension des corps manifeste la contrainte
invisible de la détention et la difficulté à communiquer qu’elle
implique. Nouvelle variation à partir du genre traditionnel
du portrait, la série forme un contrepoint aux espaces vides
photographiés par Mathieu Pernot à l’intérieur des prisons.

« Le feu », 2013
Les membres de la famille Gorgan sont photographiés à la
tombée de la nuit, éclairés par la lumière d’un feu autour
duquel ils se tiennent. Absorbés dans leurs pensées, silencieux,
ils ont les yeux baissés, comme s’ils ne voulaient pas voir ce
qui se trouve devant eux. En contrechamp de ces photographies,
une caravane leur ayant appartenu se consume dans les flammes
d’un incendie. Comme des photogrammes extraits d’un film,
les images laissent le spectateur tenter seul de comprendre
le sens de ce qui lui est montré.
MATHIEU PERNOT
Né en 1970 à Fréjus, Mathieu Pernot vit et travaille à Paris.
www.mathieupernot.com
Après des études d’histoire de l’art à la faculté de Grenoble,
Mathieu Pernot entre à l’École nationale de la photographie
d’Arles, d’où il sort diplômé en 1996.
Son travail s’inscrit dans la tradition d’un art politique
nourri d’histoire et de sociologie. L’artiste procède par séries
qui sont autant de points de vue analytiques et successifs sur
les grandes questions politiques et sociales de l’identité et de la
mémoire, de l’aliénation et du progrès. Au cours des années 2000,
il développe différents projets consacrés à l’enfermement,
à l’urbanisme et à la question migratoire. Son travail réalisé
avec Philippe Artières sur les archives de l’hôpital psychiatrique
du Bon Sauveur a été récompensé par le prix Nadar en 2013.
Il a obtenu le prix Niépce en 2014, l’année où le Jeu de Paume lui
a consacré une exposition, La traversée, retraçant vingt ans de
photographies.
L’exposition Les Gorgan, qui a fait l’objet d’une publication
avec Xavier Barral, est présentée en 2017 aux
Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles,
puis du 13 mars au 26 août 2018 au
Musée national de l’histoire de l’immigration.
Mathieu Pernot est représenté par la galerie Éric Dupont, à Paris.
Rencontres
rencontre « apéro photo »
mercredi 7 nov. 19h15 (entrée libre, réservation conseillée
T 03 89 36 28 28)
Observation et réflexion autour d’une photographie le temps
d’un apéritif, avant un spectacle.
conférence par Ilsen About* et Mathieu Pernot
« Une traversée photographique, regards sur les
mondes romani »

mercredi 14 nov. 18h30 (entrée libre)
La fabrique des stéréotypes montre le rôle central de la
photographie dans la construction d’une identité tsigane
présentée depuis toujours comme différente et étrangère.
Mais au-delà de l’exposé des clichés, le fil des images compose
des récits inédits qui imposent et révèlent, à travers la
photographie, une autre présence sociale et historique.
* historien, chargé de recherche au CNRS / Centre Georg Simmel,
École des Hautes Études en Sciences Sociales
LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE – MULHOUSE

« Joana Vasconcelos, I Want to Break Free », au MAMCS

Jusqu’au 17 février 2019 au Musée d’art moderne et
contemporain de Strasbourg – MAMCS

Joana Vasconcelos, photo MAMCS

On dit souvent que les oeuvres des artistes, sont leur portrait,
ici c’est plus vrai que jamais. Elle est généreuse, exubérante, féminine
rock and  roll et féministe, elle le revendique, en paroles et en actes.
Elle donne leur place aux minorités non visibles. Elle pétille de bonne
humeur et clame la liberté et l’indépendance de penser, créer et agir.
.Agencée à la façon dʼun appartement, avec corniches,
moquettes et couloirs, la salle dʼexposition du MAMCS se
transforme, le temps de lʼexposition
« Joana Vasconcelos, I Want to Break Free », en
demeure extravagante où les objets se voient dotés de
pouvoirs extraordinaires.

Ce « home sweet home » propose un parcours qui inclut à
la fois des oeuvres « iconiques » de lʼartiste portugaise
(Cinderella, Coeur Indépendant) marquées par lʼesthétique
glamour qui a fait sa renommée, ainsi que des pièces beaucoup
plus tendues (Menu du jour, Esposas) attestant dʼune capacité
de réinvention constante.

Toutes ont en commun dʼoffrir au visiteur la possibilité de regarder
le quotidien autrement et, ce faisant, de le transcender, tant
chacune dʼelle nous plonge dans un monde alternatif, quʼil soit
dérangeant, ludique ou enchanté. Joana Vasconcelos part de
lʼordinaire – lʼobjet de tous les jours, quʼil sʼagisse dʼun lavabo,
dʼune fourchette en plastique ou dʼun séchoir à linge – pour
nous entraîner dans un récit fantasque qui ne laisse aucune
place à la fadeur.
Avec Joana Vasconcelos, les douches se changent en ouvrages
de passementerie baroques brodés de perles, tandis que le
dressing de Monsieur sʼanime grâce à des ventilateurs ou
encore quʼun amas de cheveux prend lʼaspect dʼune créature
fantastique, méduse aux bigoudis ou Chewbacca1 chez
lʼesthéticienne.
Joana Vasconcelos est une artiste féministe, qui manie
lʼhumour et la fantaisie tout autant quʼelle développe une
oeuvre au contenu politique, éminemment ancrée dans
la société dʼaujourdʼhui.

La question de la domesticité est au coeur de ce projet qui
emprunte son titre à lʼunivers pop rock2 et propose à chacun
et chacune de cheminer dans cet intérieur qui sollicite tous
les sens : les oeuvres se présentent au regard, certaines peuvent
être touchées, quand dʼautres diffusent de la musique ou
exhalent une odeur âcre.

Son travail combine objets usuels, arts appliqués et savoir-faire
issus de la culture portugaise (notamment la céramique, la
broderie, la ferronnerie) ; de cette rencontre naissent des
sculptures, des installations et des monuments que lʼartiste a
fréquemment installés dans lʼespace public.

Joana Vasconcelos (née en 1971, elle vit et travaille à Lisbonne)
figure parmi les artistes les plus reconnues de la scène
contemporaine : première artiste-femme à avoir été invitée à
exposer au Château de Versailles (2012), elle représente le Portugal
à la Biennale de Venise en 2013 et fait lʼobjet, en 2018, dʼune vaste
exposition au musée Guggenheim de Bilbao.

Commissaire : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du
patrimoine, Directrice du MAMCS
Exposition organisée dans le cadre de Happy 20,
programme de manifestations de la Ville de Strasbourg,
à lʼoccasion des 20 ans du Musée dʼArt moderne et
contemporain
de Strasbourg, célébrés en 2018.

Horaire du  Mardi au dimanche
10 h à 18 h
 

Mon Nord est Ton Sud

Jusqu’au 11 novembre 2018 à la Kunsthalle de Mulhouse
L’objet de l’exposition Mon Nord est Ton Sud, n’est pas de
développer une analyse sur ce qui rapproche ou éloigne
Mulhouse et Freiburg im Breisgau mais de prendre le
prétexte de ces deux villes pour observer des réalités plurielles
et développer une réflexion sur ce qui différencie deux sujets,
deux situations a priori proches voire confondues.
Sandrine Wymann

Katrin Ströebel

L’exposition est construite autour d’une autre idée de
l’exotisme : il existe plusieurs espaces qui se côtoient, dont
l’espace géographique à l’intérieur desquels les objectifs,
les visées ou les attentes sont pluriels parfois même
contradictoires.
les artistes :
Bertille Bak – Chto Delat – Gil & Moti – Jan Kopp
Georg ia Kotretsos – Katrin Ströbel -Clarissa Tossin
– Maarten Vanden Eynde

Gil & Mot
i
(nés respectivement en 1968 et 1971 en Israël, ils vivent
et travaillent aux Pays Bas)

Ce duo d’artistes masculins affiche clairement son identité :
couple homosexuel, ex-juifs israéliens immigrés aux Pays-Bas.
De là découle tout leur travail qui prend la forme d’installations,
de peintures, dessins, films et photographies. Réunis depuis 1998, ils
partagent tout, chaque moment, mêmes vêtements, mêmes clés,
même portefeuille… À eux deux, ils se sont fabriqué une nouvelle
individualité hors norme, bien décidés à explorer sans concession les
thèmes socio-politiques qui les animent, comme celui des minorités
discriminées, du racisme, de l’altérité.
En 2014 est né le projet Dutch Volunteers. La première
condition pour pouvoir s’inscrire comme volontaires
d’une ONG néerlandaise et partir dans les territoires Cisjordaniens
afin d’apporter leur aide aux palestiniens, était
qu’ils abandonnent leur nationalité israélienne pour devenir
des citoyens néerlandais. Cette nouvelle nationalité
obtenue, ils ont pu se rendre à la fois dans les territoires
occupés et en Israël. Les oeuvres présentées dans Mon Nord
est Ton Sud sont des témoignages de plusieurs communautés
qui se côtoient sans savoir se rencontrer.
Jan Kopp (né en 1970, il vit et travaille
à Lyon en France)

Dessin, vidéo, sculpture, performance, l’ensemble de ces médiums
sont présents dans la pratique de Jan Kopp, pourvu qu’ils
lui laissent la possibilité de prolonger une rencontre.
L’« être ensemble » est un thème qu’il explore sous
différentes formes aussi bien participatives que
contemplatives. Il s’intéresse à la ville qui est un
vivier formidable d’architecture mais aussi de
chaos, d’organisations sociales et de personnes.
Elle lui offre des espaces à arpenter et des détails
à observer.
Utopia House est un projet et une oeuvre nés de l’écoute et
de la rencontre. La commande initiale était de réhabiliter un foyer
décati d’élèves de lycée, d’offrir à de jeunes adolescents un espace
de vie agréable. En les écoutant, Jan Kopp s’est aperçu
que l’envie d’évasion était au moins aussi forte que
la demande d’un nouveau lieu de convivialité.
À ce message, il a répondu par Utopia House, une
sculpture habitable qui est à la fois un bateau et
une habitation. Construite collectivement par une
mise en commun de savoir-faire et d’immenses
énergies, l’oeuvre a ensuite navigué pendant
plusieurs semaines de Mulhouse à Lyon, aller retour.
Georg ia Kotretsos (née en 1978 à Thessalonique en Grèce,
elle vit et travaille à Athènes)
Georgia Kotretsos, a grandi
en Afrique du Sud, étudié aux Etats-Unis puis est
revenue travailler en Grèce. De là, elle développe
une oeuvre très inscrite dans l’actualité du monde
qu’elle observe à partir de son statut de femme
artiste grecque. La question du savoir, de son
partage et le débat sont au coeur de son engagement.
Activiste, elle a un travail de photographie, de
dessin, de sculpture mais elle est aussi à l’initiative
de rassemblements, de conférences, de textes qui
traduisent autant sa parole que celles de ceux qu’elle
engage à ses côtés.
En avril 2016, elle entreprend la première
expédition liée à son projet The Phototropics. En
partant sur l’île d’Ithaki, l’objectif est de mener un
voyage de recherche pour explorer le phénomène
du phototropisme appliqué aux mouvements
humains. Sur place, elle déploie des gestes
éphémères, comme inscrire le mot « HELP » en
anglais et en arabe sur les plages avec les parasols
des vacanciers. Les expéditions suivantes la mènent
au Maroc à Merzouga dans le désert, autre point
stratégique de la migration humaine, puis aux
grottes d’Hercule point de départ de nombreux
migrants. Les photographies et dessins présentés
dans Mon Nord est Ton Sud documentent les
voyages successifs tandis que les sculptures
attenantes rappellent la fragilité des états jamais
définitivement installés.
Pour construire votre visite / parcours au sein de
l’exposition :
Emilie George / Chargée des publics
emilie.george@mulhouse.fr
+33 (0)3 69 77 66 47
Éventail des visites à thème téléchargeable sur
www.kunsthallemulhouse.com

Miro au Grand Palais de Paris

Le Grand Palais, à Paris, présente dans  une rétrospective dédiée
au grand maître catalan Joan Miró (1893-1983),
près de 150 oeuvres,  jusqu’au 4 février 2019.

Miro Peinture Poème

ceci est la couleur de mes rêves

« Il m’est difficile de parler de ma peinture, car elle est
toujours née dans un état d’hallucination, provoqué
par un choc quelconque,
objectif ou subjectif, et duquel je suis entièrement
irresponsable.

Quant à mes moyens d’expression, je m’efforce d’atteindre
de plus
en plus le maximum de clarté, de puissance et
d’agressivité plastique,

c’est-à-dire de provoquer d’abord une sensation physique,
pour arriver ensuite à l’âme. »
« Déclaration », Minotaure : revue artistique et littéraire,
n° 3-4, décembre 1933, p. 18, dans Joan Miró :
Écrits et entretiens
, Margit Rowell (éd.),
Paris, Daniel Lelong, 1995, p. 132
Miro Autoportrait

Les oeuvres sont réunies afin de donner à cet oeuvre unique
et majeure toute la place qui lui revient dans la
modernité.  Des prêts exceptionnels, provenant de grands musées
internationaux, européens et américains, ainsi que de grandes
collections particulières mettent l’accent sur les périodes
charnières de Miró qui déclarait :
« Les gens comprendront de mieux en mieux que
j’ouvrais des
portes sur un autre avenir, contre toutes
les idées fausses,
tous les fanatismes ».
La création de cet artiste protéiforme, colorée, poétique,
d’exception irrigue l’art de tout le XXe siècle, irradiant de sa
puissance et de sa poésie près de sept décennies avec une
générosité et une originalité inégalées.
Miro, la Ferme 1921 / 22

Dans une scénographie, créée tout spécialement pour les
espaces du Grand Palais et rappelant l’univers
méditerranéen de Miró, des oeuvres majeures (peintures
et dessins, céramiques et sculptures, livres illustrés)
se côtoient afin de mettre en lumière cet itinéraire marqué
de renouvellements incessants.
Miro le Carnaval d’Arlequin 1924/25

L’exposition débute au premier étage, avec les périodes
fauve, cubiste et détailliste, suivie de l’époque surréaliste où
Miró invente un monde poétique, inconnu jusqu’alors
dans la peinture du XXe siècle. Ces périodes fécondes
mettent en évidence les questionnements de l’artiste, ses
recherches ainsi que sa palette de couleurs toujours au
service d’un vocabulaire de formes inusitées et nouvelles.
Miro , l’Addition 1925

C’est un esprit rebelle et libre qui crée un langage propre
Ni abstrait ni figuratif, riche de multiples inventions, c’est
dans un parcours poétique que l’on découvre le langage
résolument neuf que n’a eu de cesse de développer
Miró. Son art prend ses sources dans la vitalité du quotidien
pour s’épanouir dans un monde jusqu’alors méconnu où les
rêves du créateur occupent une place privilégiée.

« Il me faut un point de départ, explique Miró, ne serait-ce
qu’un grain de poussière ou un éclat de lumière. Cette forme
me procure une série de choses, une chose faisant naître
une autre chose. Ainsi un bout de fil peut-il me déclencher
un monde. »
La montée du fascisme, dans les années 1930, le voit s’engager
dans une lutte sans fin pour la liberté. Des peintures dites
« sauvages » illustrent la force étrange et inédite qu’il donne
à son oeuvre dans ces moments de tension extrême.

Pour l’exposition universelle de 1937, il expose à côté de Guernica
son oeuvre , le Faucheur, un paysan avec une faucille.
Oeuvre malheureusement perdue, qu’il avait donnée aux espagnols.
Dans les années 1940, l’apparition des Constellations, une série
de petits formats exceptionnelle exécutée à Varengeville-sur-Mer,
en Normandie, livre un dialogue avec des rêves inassouvis.
Bientôt ce sera l’interrogation sur la céramique qui donnera
naissance à une sculpture qui témoigne, là aussi, de cette passion
pour la réalité et une part de rêverie qui n’était pas a priori
imaginable dans cette discipline.

Miró
transforme le monde avec une apparente simplicité
de moyens, qu’il s’agisse d’un signe, d’une trace de doigt ou de celle
de l’eau sur le papier, d’un trait apparemment fragile sur la toile,
d’un trait sur la terre qu’il marie avec le feu, d’un objet insignifiant
assemblé à un autre objet.

Il fait surgir de ces rapprochements étonnants et de ces mariages
insolites un univers constellés de métamorphoses poétiques qui vient
réenchanter notre monde.
« Pour moi, avoue Miró, un tableau doit être comme
des étincelles.

Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou
d’un poème ».

Miro et Prévert

Les dernières salles sont consacrées aux vingt-cinq dernières années
de la création du peintre. Dans son grand atelier de Palma de Majorque
construit par son ami l’architecte Josep Lluis Sert, Miró peint
des oeuvres de plus grands formats qui donnent une ampleur
nouvelle à un geste toujours aussi méticuleusement précis.
Le vide s’empare d’une grande partie des toiles longuement
méditées. Miró déploie une énergie nouvelle

avec des signes et des formes mettant en évidence une création
toujours en éveil. De grandes sculptures en bronze, parfois peintes,
disent, aussi à cette époque, la juxtaposition heureuse entre
le réel et l’irréel. Dans cette oeuvre ultime où le noir surgit
souvent avec une force nouvelle, le tragique frôle toujours
l’espoir.
Ainsi Miró investit-il l’univers pictural et sculptural avec une
acuité attisée par le temps qui passe.
Jean-Louis Prat

commissariat :
Jean-Louis Prat, ancien directeur de la fondation Maeght
(1969-2004), historien de l’art,
membre du Comité Joan Miró et ami de l’artiste
scénographie : Atelier Maciej Fiszer

Podcast les Constellations avec Jean Louis Prat
Il y évoque aussi les toiles sur le prisonnier qui attend son execution

 

Sommaire du mois de septembre 2018

01 septembre 2018 : Balthus à la Fondation Beyeler
12 septembre 2018 : 150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen
17 septembre 2018 : The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973
19 septembre 2018 : Nagasawa Rosetsu – D’un pinceau impétueux
23 septembre 2018 : Mondes intérieurs au Kunstmuseum de Bâle
26 septembre 2018 : Alphonse Mucha
28 septembre 2018 : Eblouissante Venise au Grand Palais

Eblouissante Venise au Grand Palais

Jusqu’au 21 janvier 2019 au Grand Palais
L’exposition semble un peu sombre lorsqu’on y pénètre,
mais c’est pour mieux révéler les splendides toiles vénitiennes
que l’on peut découvrir au long du parcours. Si on a de la
chance, des musiciens du conservatoire vous accompagnent
en musique.
Héritière d’une tradition multiséculaire, la civilisation
vénitienne brille de tous ses feux à l’aube du XVIIIe siècle,
dans le domaine des arts plastiques autant que dans ceux
des arts décoratifs, de la musique et de l’opéra.

Francesco Guardi

Grâce à la présence de très grands talents, parmi lesquels,
pour ne citer qu’eux, les peintres Piazzetta et Giambattista Tiepolo,
le vedutiste Canaletto, les sculpteurs Corradini et Brustolon,
Venise cultive un luxe et une esthétique singuliers.
La musique y vit intensément à travers les créations de
compositeurs comme Porpora, Hasse, Vivaldi, servies par
des chanteurs de renommée internationale comme le castrat
Farinelli ou la soprano Faustina Bordoni.
Farinelli

Au sein des « Ospedali » les jeunes filles orphelines ou pauvres
reçoivent une éducation musicale approfondie et leur virtuosité
les rend célèbres dans toute l’Europe.
Dans la cité, pendant le Carnaval, le théâtre et la farce sont
omniprésents, la passion du jeu se donne libre cours au
« Ridotto » .
Francesco Guardi

La renommée internationale des peintres et sculpteurs vénitiens
est telle qu’ils sont invités par de nombreux mécènes
européens. La portraitiste Rosalba Carriera, Pellegrini,
Marco et Sebastiano Ricci, Canaletto, Bellotto, voyagent
en Angleterre, France, dans les pays germaniques et en Espagne
où ils introduisent un style dynamique et coloré qui prend
la forme de la rocaille en France, du Rococo dans les pays
germaniques et contribuent à former de nouvelles générations
de créateurs. L’immense chef d’œuvre de Giambattista Tiepolo,
la voute de l’escalier d’honneur de la Résidence de Wurzbourg
est exécuté entre 1750 et 1753.

Cependant la situation politique et économique de Venise
devient de plus en plus fragile et un essoufflement se fait
sentir à partir de 1760 même si la Sérénissime demeure la
destination privilégiée des voyageurs du grand tour qui constitue
une clientèle attitrée pour les « Vedute » de Canaletto,
Marieschi et Francesco Guardi.
Pietro Longhi

Tout au long du XVIIIe siècle, le mythe de Venise, cité unique
par son histoire, son architecture, son mode de vie, sa vitalité festive,
se développe peu à peu. De grands peintres s’expriment encore,
dans la ville elle -même et sur la terre ferme.
Canaletto

Avec Giandomenico Tiepolo et Pietro Longhi, la peinture
incline progressivement vers la représentation plaisante d’un
quotidien vivant, coloré, sonore, peuplé d’étranges figures masquées.
Le carnaval bat son plein et Goldoni restitue par le théâtre
sous forme comique, les travers et les contradictions de la société
contemporaine. De plus en plus, derrière les fastes des cérémonies publiques, l’organisation oligarchique de l’Etat et l’économie se sclérosent
dangereusement. L’intervention de Napoléon Bonaparte
provoque la chute de la République en 1797.

L’exposition est un hommage à cette page d’histoire artistique
de la Serenissima, en tout point remarquable, par le choix des
peintures, sculptures, dessins et objets les plus significatifs
ainsi que par la présence de comédiens et musiciens se produisant
in situ.
Marionette Brighella

Un pas de côté!
Macha Makeïeff a imaginé des espaces à la fois pour un récit
vivant de cette Venise éclatante mais aussi pour une traversée
de sensations et d’étonnements : échos de musique, de danse et
de scène, rendez-vous nocturnes réguliers pour un public désireux
de remonter le temps dans la lagune (programme détaillé à venir).
Week-end à Venise avec Macha Makeïeff
podcast France culture
Antonio Corradini, Allégorie de la Foi

Avec la complicité du Conservatoire national supérieur de musique
et de danse de Paris, des théâtres Gérard Philipe à Saint-Denis
et de La Criée à Marseille, et du Pavillon Bosio, école supérieure
d’Arts plastiques de la Ville de Monaco, qui se prêtent au jeu
des mélanges heureux.
Podcast L’art est la matière France culture
Venise l’Insolente Arte

Alphonse Mucha

Jusqu’au 27 janvier 2019 au Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris
Alphonse Mucha (1860-1939) est un artiste à la fois célèbre
et méconnu. Célèbre pour avoir parfois donné son nom à
l’Art nouveau, dont il fut sans doute le représentant le plus
populaire. Méconnu pour son immense ambition de peintre voué
à la cause nationale de son pays d’origine, qui ne s’appelait pas
encore la Tchéquie, et des peuples slaves.

L’exposition du Musée du Luxembourg, la première consacrée à
l’artiste dans la capitale depuis la rétrospective du Grand Palais
en 1980, se propose donc de redécouvrir le premier Mucha et de
découvrir le second, de redonner à cet artiste prolifique toute sa
complexité artistique, politique et spirituelle.
Né en 1860 en Moravie, Mucha arrive à Paris en 1887 et
commence une carrière d’illustrateur.

Alphonse Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900
En décembre 1894, c’est sa rencontre avec la grande tragédienne,
Sarah Bernhardt, qui lance sa carrière d’affichiste. Il réalise pour
elle l’affiche de Gismonda, une pièce de Victorien Sardou,
première d’une longue série d’affiches publicitaires, ou simplement
décoratives, variant à l’infini un répertoire de figures féminines
entremêlées de fleurs et de volutes graphiques, qui lui apporteront
une immense notoriété et l’amitié d’artistes comme Gauguin ou
Rodin. Il est parallèlement sollicité pour des travaux de décoration,
par le joaillier Georges Fouquet, ou d’illustration pour des livres.
Mais dès 1900 et à l’occasion de l’Exposition universelle,
il entreprend de concevoir un projet qui dépeint l’histoire et la
civilisation du peuple tchèque et des peuples slaves.

On passe d’un artiste décoratif, à un artiste spirituel et politique.
Au travers de toutes ces œuvres, c’est la figure d’un homme
qui se dessine, mystique et visionnaire, animé d’une véritable
pensée politique, à l’heure du renouveau national tchèque et
de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois.

Tout le travail préparatoire pour L’Épopée slave qui l’occupe
entre 1911 et 1928 témoigne de son attachement à son pays
natal et de son rêve d’unité entre les peuples slaves.
Au-delà du maître de l’Art nouveau, c’est donc l’œuvre
foisonnante et la personnalité singulière de cet artiste
que l’exposition entend révéler aux visiteurs.

Cette entreprise, teintée d’une philosophie humaniste,
franc-maçonne, va l’occuper les trente dernières années
de sa carrière et le conduire à peindre des toiles gigantesques,
pour lesquelles il produit une abondante quantité d’études
préparatoires au dessin virtuose.

Cette rétrospective montre donc non seulement les affiches qui
ont fait sa gloire, mais aussi ses merveilleuses planches d’illustrateur,
ses peintures, ses photographies, bijoux, sculptures, pastels
qui permettent aux visiteurs de découvrir toute la diversité
de son art.
commissaire : Tomoko Sato, conservateur de la Fondation Mucha,
Prague

Sommaire du mois d'août 2018

Jean Tinguely – Hommage to New York

01 août 2018 : Corpus Baselitz – Musée Unterlinden
05 août 2018 : Subodh Gupta à la Monnaie de Paris
10 août 2018 : « Au diapason du monde » Fondation Vuitton
17 août 2018 : Too early to Panic, Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger
20 août 2018 : L’Immobilité n’existe pas au musée Tinguely
29 août 2018 : Egon Schiele, l’exposition du jubilé

« Au diapason du monde » Fondation Vuitton

se termine le 26 août
Au-delà d’un accrochage, « Au diapason du monde » se veut une
exposition sur la base d’une thématique précise. Celle-ci renvoie aux
questionnements actuels liés à la place de l’Homme dans l’univers
et à la nouvelle approche qui le lie à son environnement et au monde
du vivant, soulignant les interconnexions entre l’humain, l’animal,
le végétal voire le minéral.

Deux parcours complémentaires dans l’ensemble du bâtiment :
Le Parcours A, présenté au niveau 2 du bâtiment
(galeries 9, 10 et 11)
, offre une plongée dans l’univers de
l’artiste japonais Takashi Murakami (né en 1962).
S’appuyant sur l’histoire politique, culturelle et sociale du Japon,
Takashi Murakami cultive un monde à part, à la fois sombre et
fabuleux, qui combine l’esthétique Kawaii à des références aux
traumatismes de son pays, comme la bombe atomique ou plus
récemment le tsunami. À travers une multiplicité de formes et
de supports (peinture, sculpture, vidéo…), auquel fait écho cet
accrochage, l’œuvre prolifique de Takashi Murakami développe un
imaginaire débridé, saturé de couleurs et peuplé de créatures
fantastiques, mi-humaines mi-animales où se mêlent culture
populaire et savante, iconographie bouddhique et manga,
tradition et modernité, Occident et Orient, technique ancestrale
et technologie de pointe.
Cette présentation, conçue en collaboration étroite avec l’artiste,
s’articule autour de trois ensembles :

– La galerie 9 est dédiée à DOB, premier personnage inventé
par l’artiste en 1993 et considéré comme son alter ego.
Il apparaît aussi bien sous les traits d’une charmante souris
dans le style de Mickey Mouse que d’un monstre malicieux
ou féroce couvert d’yeux et aux dents acérées.

– La galerie 10 montre une fresque monumentale présentée
pour la première fois à Paris.
Intitulée The Octopus eats its own leg (2017), elle met e
n scène des personnages de la mythologie traditionnelle
chinoise entourés d’une faune et d’une flore généreuses
et merveilleuses. En s’appropriant l’iconographie traditionnelle
de la peinture japonaise du 18e siècle combinée au style
des grandes fresques historiques, l’artiste livre une version
contemporaine des Huit Immortels de la religion taoïste.

– La galerie 11 propose un espace Kawaii, (‘’mignon’’ en japonais)
esthétique japonaise que l’artiste s’approprie à travers une pluralité
de formes et de supports : sculpture, papiers peint, peinture de
fleurs ou encore film d’animation d’inspiration manga.
Le Parcours B, L’homme dans l’univers du vivant, réunit
28 artistes français et internationaux de générations différentes,
toutes techniques confondues. Il s’étend sur les trois autres
niveaux du bâtiment et à l’extérieur, dans le Grotto.
S’inspirant de l’injonction de Roland Barthes dans
La Chambre claire (1980)
« J’ai décidé de prendre pour guide la conscience de mon émoi »,
les œuvres s’articulent selon un principe d’affinités sensibles.
Le parcours s’organise autour de trois axes complémentaires
présentés chacun sur un niveau du bâtiment :
Irradiances (Niveau 1) ;
Là infiniment (Niveau 0) ;
L’Homme qui chavire (Niveau -1).
• Irradiances, au niveau 1, dans les galeries 5, 6 et 7 présente
des œuvres de : Matthew Barney, Mark Bradford,
Christian Boltanski,
Trisha Donnelly, Dan Flavin,
Jacqueline Humphries, Pierre Huyghe,

Yves Klein, James Lee Byars, François Morellet,
Sigmar Polke,
Gerhard Richter, Shimabuku et Anicka Yi.
L’intitulé « Irradiances » fait référence au rayonnement de
l’œuvre de Dan Flavin et réunit des œuvres aux supports variés :
peintures, sculptures, vidéos, installations. Chacune procède
d’un dialogue continu avec la nature et explore la matière et
ses métamorphoses dont l’ensemble compose un paysage cosmique.
Untitled de Dan Flavin, une de ses premières réalisations en tube
fluorescent, dégage une force originelle conférant à la sculpture
une vibration particulière.
Alors que les couleurs éclatantes sont rigoureusement structurées
dans Lilak (1982) de Gerhard Richter, les deux œuvres de sa série
Flow (2013) renvoient au flux de la peinture répandu par le geste
de l’artiste et régulé par la pose d’un panneau de verre sur la surface,
faisant miroir.
Selon une démarche secrètement alchimique, l’œuvre
Nachtkappe I (1986) de Sigmar Polke, est née du mélange inédit
de peinture, de jus d’indigo et de vernis à l’alcool.
Water Cast 6 (2015) de Matthew Barney témoigne de la rencontre
explosive du bronze en fusion et de l’eau, générant avec des
subtilités d’orfèvrerie, un ensemble de formes abstraites à
connotation organique
.
L’aquarium de Pierre Huyghe, Cambrian explosion (2014),
fait écho à l’explosion du même nom qui marqua l’apparition
des grandes espèces animales entre 542 et 530 millions d’années
et prend la forme d’un écosystème évoluant de manière autonome.
Le monochrome IKB81 (1957) d’Yves Klein traduit en direct
une « zone de sensibilité picturale » tandis que les éponges
RE46 (1960) et SE231 (1960) imprègnent la matière vivante
du même pigment bleu.
Reports of the rain (2014) de Mark Bradford fédère collage
et peinture dans une veine lyrique très musicale.
Faisant écho à la démarche de Polke, Jacqueline Humphries utilise
dans l’œuvre Untitled (2007) de la série « Silver Paintings »,
une laque industrielle argentée mélangée à de la peinture à l’huile.
La projection verticale de Trisha Donnelly, Untitled (2014), ouvre
une brèche mystérieuse sur un ciel de nuages en mouvement.
Dans les sculptures, Halo (1985) et Is (1989), James Lee Byars
associe deux matériaux minéraux (cuivre et marbre) à la préciosité
de l’or, en quête d’une forme parfaite.

Galerie 6, L’Avalanche (2006) de François Morellet mêle
l’ordre et le chaos.
La vidéo 3D d’Anicka Yi, The Flavor Genome (2016)
(coacquisition avec le Guggenheim Museum, New York),
développe un « documentaire fiction » mettant en scène la
recherche d’un arôme dans la forêt amazonienne.
Dans Untitled (2008) de Trisha Donnelly, une onde
magnétique jaillit du cœur d’une rose aux contours parfaits.
Dans l’Observatoire, The Snow Monkeys of Texas
Do snow monkeys remember snow mountains?
(2016), vidéo de Shimabuku, questionne la mémoire
et la capacité d’adaptation des espèces vivantes à leur
environnement.

En galerie 7, à l’écart, Animitas (2014) de Christian Boltanski
se compose d’un film tourné en temps réel en un seul plan fixe,
dans le désert d’Atacama au Chili et d’un parterre de fleurs.
L’installation originelle se compose de huit cents clochettes
japonaises dont le tintement évoque « la musique des astres
et la voix des âmes flottantes. » Pour l’occasion, il complète
cette présentation avec une enseigne lumineuse composée
d’ampoules qui forment le mot « Après ».
Là, infiniment…, au rez-de-chaussée, dans la galerie 4,
présente des œuvres de Cyprien Gaillard, Wilhelm Sasnal
et Adrián Villar Rojas.

À travers l’appropriation d’œuvres mythiques de l’histoire
de l’Art, ces trois artistes s’interrogent sur une certaine
domination de l’Homme dans l’histoire et sur sa possible
disparition.
Inspirée du David de Michel-Ange dont il ne reste, ici, que
les jambes, la sculpture en marbre monumentale d’
Adrián Villar Rojas, Untitled, From the series Theatre
of Disappearance (2017),
apparaît comme le seul vestige
d’un monde post-apocalyptique.
Avec Bathers in Asnières (2010), Wilhelm Sasnal
réinterprète l’œuvre de Seurat à partir de souvenirs liés au
contexte de la Pologne en 1939.
Combinant des images en différentes séquences au refrain
lancinant d’une musique d’Alton Ellis « I was born a loser »
/ « I was born a winner », Nightlife (2015)
de Cyprien Gaillard
propose au spectateur une expérience
immersive en 3D.
L’Homme qui chavire, au Rez-de-bassin, dans galeries 1, 2 et 3,
présente des œuvres de Giovanni Anselmo, Maurizio Cattelan,
Ian Cheng, Andrea Crespo, Alberto Giacometti, Dominique
Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, Yves Klein,
Mark Leckey, Henri Matisse, Philippe Parreno,
Bunny Rogers et Kiki Smith.

Cette séquence s’organise autour du corps dans tous ses états,
de ses formes les plus tangibles au plus fantasmées et prend
pour point de départ l’Homme qui chavire (1950-1951)
d’Alberto Giacometti,
autour duquel est présenté un ensemble
de quatre autres œuvres de l’artiste : Trois hommes qui marchent I
(1948), Buste d’Homme assis (Lotar III) (1965),
Grande femme II (1960). Tandis que Femme de
Venise III (1956-1957)
est montrée pour la première fois.
A l’entrée de la galerie 1, dans M.2062 (Fitzcarraldo)
(2014), Dominique Gonzalez-Foerster
fait une
« apparition » sous la forme d’un hologramme du personnage
Fitzcarraldo, héros d’une fiction de Werner Herzog.
Entrare nell’Opera (1971), œuvre photographique de
Giovanni Anselmo, montre une silhouette absorbée
dans un paysage infini.
Dans Nu bleu aux bas verts (1954) d’Henri Matisse,
le corps, en papier découpé, est célébré dans l’envol
même de la danse.
La sculpture en bronze de Kiki Smith, l’Annonciation (2010),
impose une présence mystérieuse.

Dans l’anthropométrie ANT 104 (1960) d’Yves Klein,
l’empreinte des corps, « pinceaux vivants », est révélée par
le seul pigment bleu.
Ian Cheng dévoile dans le deuxième épisode de sa trilogie,
Emissary Forks at Perfection (2015), une créature
entièrement programmée par un logiciel, alternative à l’homme
disparu.
Présenté pour la première fois en France,
Untitled (Human Mask) (2014) de Pierre Huyghe montre
un singe vêtu comme une petite fille portant un masque
Nô qui déambule dans un restaurant déserté de Fukushima.

Dans La ballade de Trotski (1996), Maurizio Cattelan
identifie l’Homme à un cheval évoquant la fin possible
des utopies. Autoportraits de l’artiste en latex, Spermini (1997),
aborde la question du double et du clonage.
Andrea Crespo explore dans son diptyque Self portrait
with Phantom Twin (2017), son identité plurielle.
Dans Study for Joan Portrait et Study for Joan Portrait
(Silence of the Lambs) (2016)
inspirés du personnage
de Jeanne d’Arc de la série télévisée Clone High,
Bunny Rogers développe une galerie de portraits modélisés.
Philippe Parreno initie et clôt le parcours du rez-de-bassin
avec deux vidéos : la première The Writer (2007)
l’entrée en galerie 1- s’approprie l’un des premiers automates
créés au XVIIIe siècle tandis qu’Anywhen (2017)
en Galerie 3 – filme un poulpe réactif à son environnement
accompagné d’une bande son inspirée de
Finnegans Wake de James Joyce.
À l’extérieur du bâtiment, le gigantesque Felix the cat (2017)
de Mark Leckey
est installé dans le Grotto.
Commissaire général : Suzanne Pagé
Commissaires : Angéline Scherf, Ludovic Delalande et Claire Staebler
Conseiller artistique et scénographe : Marco Palmieri
Les artistes présentés sont :
Giovanni Anselmo (1934, Italie), Matthew Barney (1967, États-Unis), Christian Boltanski (1944, France), Mark Bradford (1961, États-Unis), James Lee Byars (1932-1997, États-Unis), Maurizio Cattelan (1960, Italie), Ian Cheng (1984, États-Unis), Andrea Crespo (1993, États-Unis), Trisha Donnelly (1974 , États-Unis), Dan Flavin (1933-1996, États-Unis), Cyprien Gaillard (1980, France), Alberto Giacometti (1901-1966, Suisse), Dominique Gonzalez-Foerster (1965, France), Jacqueline Humphries (1960, États-Unis), Pierre Huyghe (1962, France), Yves Klein (1928-1962, France), Mark Leckey (1964, Royaume-Uni), Henri Matisse (1869-1954, France), François Morellet (1926-2016, France), Takashi Murakami (1962, Japon), Philippe Parreno (1964, France), Sigmar Polke (1941-2010, Allemagne), Gerhard Richter (1932, Allemagne), Bunny Rogers (1990, États-Unis), Wilhelm Sasnal (1972, Pologne), Shimabuku (1969, Japon), Kiki Smith (1954, États-Unis), Adrián Villar Rojas (1980, Argentine), Anicka Yi (1971, Corée du Sud)

Subodh Gupta à la Monnaie de Paris

Jusqu’au 16 août 2018
Subodh Gupta
(né en 1964 et vivant à New Delhi) est un artiste
contemporain de renommée internationale.

En effet depuis plusieurs années il nous intrigue à Art Basel,
en 2017, il invite les visiteurs à partager un repas de son pays.
Peintre de formation, Gupta, qui réside et travaille à New Delhi,
s’est aussi intéressé à d’autres formes artistiques telles que
la performance, la vidéo, la photographie, la sculpture, ou
les installations. Subodh Gupta conçoit l’exposition comme un
lieu propice à la rencontre, un rendez-vous que l’on se donnerait,
entrainant discussions, échanges et débats, à l’image du mot
et concept hindi « Adda ».

Cette exposition, qui met en valeur la diversité du travail de
Subodh Gupta, présente des sculptures emblématiques composées
d’ustensiles de cuisine en inox comme Very Hungry God (2006),
son oeuvre la plus connue, ou d’objets moulés en métal, comme
Two Cows (2003), ainsi que de nouvelles productions telles que
Unknown Treasure (2017) ou la vidéo Seven Billion Light Years
(2016).
Outre la diversité des matériaux employés, l’oeuvre de l’artiste se
caractérise par une  constante exploration de la présence des rituels
et de la spiritualité au sein de notre quotidien.
De la même manière que la cuisine est au centre de tous
les foyers indiens, ce sont les éléments qui s’y trouvent qui sont
au coeur du travail de Gupta. C’est à partir de ce quotidien là
qu’il mène une réflexion, non seulement sur des pratiques
personnelles et communautaires, mais aussi sur la façon dont,
souvent, certains objets et expériences intimes, apparemment
insignifiants, amènent vers une autre dimension, celle du cosmos.

L’exposition, qui occupe l’escalier d’honneur et les salons historiques
du 11 Conti, le long des rives de la Seine, se poursuit dans les cours
intérieures de la Monnaie de Paris avec des sculptures monumentales
spécialement conçues à cette occasion. La diversité des oeuvres exposées
montre l’utilisation que fait l’artiste des différentes échelles et matériaux,
mais aussi sa pratique du « readymade ». Certaines oeuvres exposées
permettent de susciter une réflexion sur les usages du métal, à la fois
du point de vue de sa valeur symbolique, que du point de vue des
techniques et des savoir-faire nécessaires pour le mettre en oeuvre
et lui donner sens.
« Adda / Rendez-vous » amène au dialogue entre deux univers :
les oeuvres métalliques monumentales de Subodh Gupta et à l’ADN
de la Monnaie de Paris, qui depuis 1150 ans travaille le métal
précieux
.
Il s’agit d’une véritable rencontre entre l’artiste et les savoir-faire
de la Monnaie de Paris.
Une exposition placée sous le commissariat de Camille Morineau,
Directrice des Expositions et des Collections de la Monnaie de Paris
et Mathilde de Croix, Commissaire d’exposition à la Monnaie de Paris.

Le parcours de l’exposition est organisé en 6 parties :
Le langage du commun
Subodh Gupta expose comme oeuvre l’objet quotidien, aussi iconique
que banal. Unknown Treasure (2017), qui surplombe l’escalier
d’honneur, en donne le signal.
Des objets trouvés se déversent d’un pot en bronze, comme d’une corne
d’abondance. Ce pot est lui-même l’agrandissement d’un ustensile
de cuisine indien traditionnel, le handi.

 Dieu insatiable
Avec Very Hungry God (2006) –– évocation d’un dieu
devenu vanité universelle, vorace et insatiable, Gupta
s’empare de la dimension spirituelle de l’alimentation.
Des centaines d’ustensiles en inox étincelants, tels qu’on
en trouve dans la majorité des foyers indiens des classes
moyennes et populaires, sont agrégés pour former
un crâne. L’oeuvre rend compte de la troublante dualité
qui résulte directement des modes de production
capitaliste : d’un côté l’abondance qui fascine, de l’autre
la faim qui paralyse.


Cette sculpture a été exposée pour la première fois
lors de la Nuit Blanche de 2006 dans l’église Saint-Bernard,
un lieu symbolique pour les luttes qui s’y étaient déroulées
dix ans auparavant. Occupée par des étrangers, pour
la plupart en situation irrégulière, l’église était devenue
un lieu de résistance et de manifestation contre les
expulsions ordonnées par le pouvoir politique alors
en place.
There Is Always Cinema
Les objets peuvent aussi être libérés de leurs fonctions,
mis à l’arrêt, par leur transfiguration en bronze ou
en laiton. Ils sont porteurs d’une histoire, comme nous
le rappelle le titre de l’oeuvre There Is Always Cinema
(2008). La Galleria Continua à San Gimignano s’est
installée dans un cinéma abandonné, construit après
la Seconde Guerre mondiale. L’artiste y découvre
une salle remplie de matériel mis de côté, vestiges
de la fonction première du lieu (projecteurs, bobines,
pellicules, chariots, toilettes du projectionniste, etc.).

Subodh Gupta en réalise des copies en métal et les
expose accompagnées de l’objet original. Ces paires
d’objets sont « chargées émotionnellement », selon les
mots de l’artiste. Elles créent un espace commémoratif,
qui renvoie sans doute tout autant à l’ancien cinéma
italien, qu’aux salles de théâtre de son enfance en Inde
où se tenaient parfois des projections. Comme souvent
dans le travail de Gupta, plusieurs niveaux de narration
cohabitent et se déploient à partir d’objets désignés
comme lieux d’identité et de mémoire.

Les dieux sont dans la cuisine
La nourriture est au coeur de l’oeuvre de Subodh Gupta :
il assemble et juxtapose des ustensiles de cuisine, il filme
la préparation des aliments, organise des performances
autour de leur ingestion, peint des plats avec les restes
d’un repas. L’artiste commence à utiliser les récipients
en acier inoxydable en 1996 et poursuit depuis l’explo–
ration de ce matériau. En dépit de la diversité de la société
indienne, ces ustensiles se trouvent dans tous les foyers.
L’artiste est fasciné par l’aspect rutilant de cette vaisselle
peu onéreuse qui symbolise la prospérité, alors même
qu’une partie de la population peine à la remplir chaque
jour. Voyage et exil
Si Two Cows (2003-2008) évoque la distribution
régulière de lait, le déplacement n’est pas seulement
une activité quotidienne chez Gupta. Il symbolise surtout
pour l’artiste l’exode et la migration. Dans la vidéo
All Things Are Inside (2007), il filme les maigres effets
possédés par des migrants indiens, partis travailler au
Moyen-Orient, qui se préparent à retourner dans leurs
familles. Sur un autre écran, défilent des séquences de
films Bollywood populaires dans lesquelles apparaissent
toutes sortes de sacs. La mise en parallèle de ces deux
vidéos confère ainsi aux bagages une valeur métonymique,
symbolisant la vie entière de leurs propriétaires.
Jal Mein Kumbh, Kumbh Mein Jal Hai (2012) associe
la barque –– qui, dans l’inconscient collectif, figure
la migration mais aussi le passage vers l’au-delà.

Corps céleste
Pure (1999), oeuvre la plus ancienne de l’exposition,
placée dans une sorte d’antichambre, marque un
tournant dans l’oeuvre de Subodh Gupta. Le corps,
son corps, est présent dès ses débuts, comme l’atteste
cette performance où il s’enduit de bouse de vache,
symbole de purification en Inde.

Les oeuvres récentes de l’artiste font de la nourriture
une allégorie de l’univers et du cosmos, où l’infiniment
grand s’inspire de l’infiniment petit. Anahad (2016)
transforme un signal sonore inaudible en une intense
vibration faisant soudainement trembler des panneaux
métalliques ; le visiteur voit alors son reflet se déformer
au rythme du signal et les contours de sa silhouette
se dissoudre pour ne faire qu’un avec ce qui l’entoure.
L’artiste donne ainsi forme au concept indien anahad
naad : la vibration cosmique, un son qui n’a ni début
ni fin, qui transcende l’espace et le temps.
Dans In This Vessel Lies the Philosopher’s Stone (2017),
Subodh Gupta
fait revivre le mythe de la pierre philosophale supposée
changer tout matériau en or. Dans Seven Billion Light
Years (2015-2016), la pâte du pain se meut comme
un corps céleste, se déplaçant dans un ailleurs que l’on
peine à situer avant de comprendre qu’il s’agit d’une
scène triviale, celle de la cuisson du pain.