Friedrich Dürrenmatt. La satire dessinée

Les noces de Cana

Jusqu’au 31 octobre 2020
Au Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration,
à Strasbourg

« Par rapport à mes œuvres littéraires, mes dessins ne sont pas un travail annexe, mais des champs de bataille, faits de traits et de couleurs »
écrivait en 1978 l’auteur suisse Friedrich Dürrenmatt (1921-1990).

Pourtant, même si ses pièces de théâtre comme Les Fous de Dieu
(1947), La Visite de la Vieille Dame (1955) et Les Physiciens (1962) ont été traduites en plus d’une quarantaine de langues, son œuvre graphique reste aujourd’hui largement méconnue. C’est pourquoi le Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration propose de faire découvrir pour la première fois en France près de 100 dessins originaux de l’auteur, grâce aux prêts généreusement consentis par le Centre Dürrenmatt Neuchâtel et les collections privées suisses Liechti et Bloch.

Mythologie et bible

Inspirés par Goya et et Bosch l’univers dessiné de Friedrich Dürrenmatt et peuplé entre autres de figures issues de la bible et de la mythologie.
Il aime représenter des scènes terrifiantes comme celles de l’Apocalypse et des figures monstrueuses comme le Minotaure. Dans son répertoire iconographique une place est réservée aux Anges, ces intermédiaires entre le divin et l’humain, qu’il traite de manière humoristique et même satirique.

Tomi Ungerer, Babylone

Tomi Ungerer et Friedrich Dürrenmatt partageaient le même regard critique sur la société de leur époque. L’auteur suisse écrivit même une préface pour Babylon, un recueil de dessins satiriques de Tomi Ungerer publié en 1979 chez leur éditeur commun, Diogenes Verlag à Zurich.  Il qualifie ceux-ci de hyéroglyphes de la terreur. Tomi Ungerer illustre dans un style graphique qui évoque les lithographies de Daumier, les grands maux de notre société moderne, de la déshumanisation et de la surconsommation.

Satire sociale et politique

Il s’est montré un juge féroce de notre temps dans ses œuvres graphiques et littéraires. Tracés au stylo à bille ou à l’encre ses dessins sont mordants et spontanés. Il a illustré des sujets très divers allant des critiques littéraires à l’église, la dictature, la bombe atomique. Sa critique politique atteint un sommet dans Die Heimat im Plakat. Ein Buch für Schweizer Kinder (la patrie dans l’affiche, un livre pour les enfants suisses) où il se livre à une attaque violente de son propre pays.

Le Monde, un théâtre

L’œuvre graphique et picturale de FD « dessinateur dramaturgique » est intimement liée à son œuvre littéraire. S’il illustre rarement ses propres créations, en revanche, il donne à ses dessins une dimension tragique. Le collage qu’il expérimente en parallèle sur le plan littéraire avec le montage

(Portrait d’une planète) est l’une des techniques qui y contribue.
Ce n’est qu’à la fin des années soixante qu’il l’utilise avec des documents découpés associés à la gouache.

Les livres pour enfants

Mais cet ogre était aussi capable de tendresse comme en témoigne le livre, haut en couleurs et plein de fantaisie, qu’il avait dessiné dans les années 1950 pour ses trois enfants.

Un livre pour les enfants suisse est un recueil de dessins satiriques réalisés par FD, suite à l’épidémie de typhus qui a contaminé en 1963 la célèbre station de
Zermatt et que les autorités ont voulu dissimuler. L’artiste a choisi d’intituler le dessin qui montre un cadavre pendu par un cor de chasse qui est suspendu à un crochet de boucher, « Auf Hor steht Todesstrafe », littéralement « sur le cor est inscrit peine de mort » Il se livre à un jeu de mot à partir de « Horn » qui signifie cor de chasse. Le mot apparait aussi dans le nom de la montagne qui domine Zermatt, « Matterhorn » (le Cervin) et qui pourrait être déformé en « Marterhorn » (pic de la torture). Dürrenmatt joue ainsi sur les anti-thèses (santé-maladie, paradis-enfer) qui reflètent toute l’ambiguité de la situation de l’époque

Commissariat : Thérèse Willer, conservatrice en chef du Musée Tomi Ungerer
et avec le conseil scientifique de Peter André Bloch, professeur émérite à l’Université de Haute-Alsace

 INFORMATIONS PRATIQUES
Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration
2, avenue de la Marseillaise, Strasbourg
Ouvert tous les jours de 10h à 18h – sauf le mardi
Tél. +33 (0)3 68 98 50 00

POP-UP artistes

Dynamisme et force créative de la région Rhénane

Du 1er juillet au 13 septembre 2020,
la Fondation Fernet-Branca accueille pour sa réouverture l’exposition
POP-UP ARTISTES. C’est un régal, la fête de l’art, un mini-festival à déguster sans modération.

La pandémie a crée des idées, la nécessité d’ouvrir à nouveau les lieux d’exposition, malgré les contraintes sanitaires. Chose qui ne vous empêchera pas, d’aller voir, les lunettes embuées, dans l’odeur de sa propre haleine et les grésillements de l’élastique frottant sur les écouteurs de son appareil auditif.

Pierre-Jean Sugier directeur de la Fondation

POP-UP ARTISTES présente le dynamisme et la force créative de la région Rhénane. Après près de trois mois de confinement, la Fondation Fernet-Branca invite pour sa réouverture des artistes pour la majorité de la région.
Cette exposition permet de montrer à son public la richesse et la pluralité des approches artistiques que propose chacun de ses artistes. Cette biodiversité artistique nous renvoie à ce souci de chaque artiste dans son atelier, où il remet en question, refait, repose et transforme ce qu’il a fait la veille. Ce glissement, cette plasticité créatrice, nous entraîne dans un univers très différent et dont le souci est d’entrer en contact avec vous, le public et de partager ces émotions. Chaque artiste dispose d’un mur qu’il aménage à sa façon et s’est beaucoup investi dans la présentation. Il y  des mulhousiens, des colmariens,  certains originaires d’Italie, de Corée, mais tous résidents dans le Grand Est, à deux exceptions près.
Pierre-Jean Sugier est devant la tapisserie des
quatre saisons d’Anne-Sophie Tschiegg

Rencontres avec les artistes

Chaque week-end,  vous pouvez rencontrer des artistes de l’exposition
POP-UP ARTISTES


                              photo Antonio Piccarreta Talis
Programme des rencontres

Les rencontres débutent à 14h.

Possibilité de déjeuner, à partir de 13h, avec un pique-nique tiré du sac dans la cour de la Fondation, si le temps est favorable.
Et n’oubliez pas de vous inscrire !

Il est très difficile de parler de 40 artistes à la fois
aussi je vous invite à consulter ma page FaceBook où j’ai publié de
nombreuses photos de leurs travaux

Les artistes de Motoco

Nicola Aramu

« Ma peinture est inspirée du quotidien, de la mémoire et de l’histoire. Le passé de ceux
qui nous ont précédés me réapparaît en images : en cartes postales et anciennes
photographies en noir et blanc … des souffles de nostalgie et de douce mélancolie
des choses perdues. En donnant une deuxième vie à ces souvenirs privés et publics,
je m’applique à la création d’une poésie fantastique et parfois ambiguë qui inspire
notre mémoire et imagination. Ainsi j’emploie la couleur pour créer des nouvelles émotions
visuelles ». 

 

Les artistes du Séchoir

Vincent Campos

« Mon travail oscille souvent entre le jeu et la mise en avant d’une réalité où
l’humour peut retentir comme un écho à l’adversité des choses. Au travers de
récits bercés d’une insouciante légèreté, le temps semble s’être arrêté mais nous
sommes invités à suivre le mouvement.
Bâtir des forêts, ériger des ponts fragiles, faire résonner des tours de papier
sont des actions potentielles. En jouant sur des territoires en pleine mutation,
je questionne notre rapport au monde et ses potentialités.
Je me laisse surprendre par la matière, pris dans une nouvelle temporalité, saisi
par un bouleversement qui ne saurait témoigner des évènements à venir ».

Quelques coups de coeur

Il faut bien faire un choix, pour vous inciter à y aller,c’est  tout près de chez vous,
Didier Paquignon

 

nous montre des peintures de voyages , les vaches indiennes,(sacrées) de Pondichery, qui déambulent dans la ville, qui font les sacs poubelles
en totale liberté, mais aussi une vue d’Istanbul qu’il a retravaillée pour l’exposition, avec la mer du Bosphore.
Des vues d’Espagne, un peu abstraites avec de chaudes couleurs ocres.

Eric Béridon
« Mes travaux s’intéressent à la question universelle de la présence de l’homme dans le monde, de son origine et sa destinée en cherchant à s’approcher au plus près du lien qui peut exister entre le corps et l’esprit, le matériel et le spirituel.
Tout mon travail consiste à traduire par le langage plastique cette réflexion.
Je ne voulais pas montrer le corps par la figuration, je cherchais quelque chose de plus antérieur et à l’origine de la matière ; je ne voulais pas non plus maitriser le dessin et laisser à la nature son pouvoir créatif, c’est pourquoi le corps dans mon travail est représenté par l’empreinte de restes de feu imprégnés sur la toile ».

Céline Martin
« Mon travail interroge la perception, la place, « le traitement » de l’altérité, de la vulnérabilité et de la fragilité dans nos sociétés.
J’y traite par essence d’humanité, de corporalité, de sollicitude, de soin et d’éthique.
C’est pour moi une nécessité prégnante d’expérimenter, de matérialiser pour discerner et traduire ce que j’observe des relations inter-humaines ».
Puis elle cite
«Ce que je fais : je regarde. Je n’ai jamais fait que regarder les gens. Je n’ai fait que voir ou essayer de voir les rapports humains afin d’en parler. Voilà ce qui m’intéresse. Je ne connais d’ailleurs rien de plus important.»
Pina Bausch

OH Kee Hyung
Lorsqu’elle quitte ses pinceaux, OH Kee Hyung prend l’argile.
Ses pérégrinations vers l’Extrême Orient l’amènent à d’autres rencontres, visages émotions, lissés par la lumière, creusés par des sillons de vie. Et comme dans ses
aquarelles, elle retrouve ce Geste Universel, geste de son père calligraphe, geste
qui donne vie à ses visages en céramique. Geste-Souffle qui émerge de ses mains et donne à ses céramiques émotion, sérénité, lumière tel le lotus qui s’élève de la boue.

Pour conclure ne manquez pas d’aller dans le mystérieux sous-sol de la fondation pour y contempler l’échiquier d’Yves Bringert :
Mat en deux coups

Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis
fondationfernet-branca.org

Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche
de 13h à 18h

Pass-musées

Je profiterai des vacances d’été, pour parler plus avant de vous tous

Sommaire du mois de juin 2020

Abbatiale d’Ottmarsheim, joyau de l’art roman

27 06 2020 : Sandra Kunz
26 06 2020 :LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE
23 06 2020 : Pedro Reyes. Return to Sender
17 06 2020 : La Force du dessin Chefs-d’œuvre de la Collection Prat
10 06 2020 : Didier Paquignon, dans son atelier
09 06 2020 : Art Basel 2020
07 06 2020 : OSEZ au Séchoir

LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE

JEUDI 2 JUILLET 19H VENDREDI 3 JUILLET 20H SAMEDI 4 JUILLET 15H + 19H spectacle initialement prévu en mars 2020

Un spectacle à nul autre pareil qui nous mène vers cette terre d’enfance où les mythes entrent en nous comme des instincts de vie. Suivons les Centaures, ils existent si l’on y croit.
À Marseille, il est un lieu unique, à la lisière de la ville et des calanques, un royaume de paille et de bois. Camille en est la princesse, Manolo le prince. Les chevaux en sont les animaux, doués du pouvoir magique de se métamorphoser en centaures. Oui, les centaures existent : ils se nomment Manolo – Idra et Camille – Gaïa, le premier dans la majesté d’un pur andalou, le second dans la puissance tranquille d’un frison. Centaures, quand nous étions enfants raconte l’histoire exceptionnelle et exemplaire de ces deux-là, de cette métamorphose, d’un rêve d’enfant devenu réalité. Fascination des chevaux magnifiques et de la virtuosité des cavaliers, beauté des images fulgurantes qui écartent les ténèbres, vertige devant le corps-à-corps dansé de l’homme et de l’animal jusqu’à la fusion des deux dans un centaure féminin/masculin d’une beauté éblouissante, frisson lorsque parfois l’animal fait mine de renâcler.
Tel un conte de fées des temps modernes, le spectacle offre, aux enfants et parents réunis, une dense matière à émotions, sensations, méditation sur notre place dans le monde et notre capacité à l’enchanter. Et longtemps après la représentation, les rêves exhumés se balancent encore entre la réalité et l’enfance déposée dans l’âme des jouets et celle des animaux.

théâtre équestre · grande salle 50 min · à voir en famille dès 7 ans
avec Camille & Manolo et les chevaux Indra (étalon ibérique), Gaïa (étalon frison), voix Elsa Scholler, Timeo Bonnano, Lua Gaggini, Laurent Schefer, Christiane Suter, Claude Thébert d’après l’histoire véritable de Camille & Manolo, texte, mise en scène Fabrice Melquiot
plus d’infos, photos, vidéo sur ce spectacle

La Filature


tarif spécifique 14 € la place (réduit 8 €)
billetterie à partir du jeudi 25 juin 03 89 36 28 28
ou sur www.lafilature.org

La Force du dessin Chefs-d’œuvre de la Collection Prat

du 16 juin au 4 octobre 2020

Le Petit Palais à Paris est très heureux de présenter dans ses murs la Collection Prat, certainement l’un des plus remarquables ensembles au monde de dessins français allant du XVIIe jusqu’au début du XXe siècle. Initiée dans les années 1970 par Louis-Antoine et Véronique Prat, elle est la première collection privée à avoir fait l’objet d’une présentation au Louvre en 1995. Vingt cinq ans après, le Petit Palais entend témoigner de la vitalité de la collection qui s’est enrichie ces dernières années de pièces majeures montrées ici pour la première fois.
Les 184 feuilles présentées comptent parmi les dessins les plus importants de Callot, Poussin, Le Brun, Watteau, Prud’hon, Ingres, Delacroix, Redon, Cézanne ou Toulouse-Lautrec

Prud’hon, Psyché enlevée par les Zéphyrs, XIXe siècle.
Pierre noire, réhauts de blanc sur papier bleu, 33 x 17 cm,
Collection Prat

Un panorama du dessin français de 1580 à 1900


La Collection Prat se concentre sur l’école française avant 1900, et constitue un survol particulièrement représentatif de trois siècles de création, de Callot à Seurat.
L’exposition propose donc de suivre ce fil chronologique tout en offrant quelques incursions thématiques. Le parcours s’ouvre sur une série de dessins du XVIIe siècle qui témoignent de l’influence de l’Italie chez les artistes français comme François Stella à la fin des années 1580 dont le dessin présenté ici est le plus ancien de la collection. Le Lorrain, Jacques Callot, Poussin bien sûr, ainsi que Vouet traverseront aussi les Alpes et l’influence de ce séjour s’exprime dans les feuilles réunies ici. La section suivante présente plusieurs dessins préparatoires aux décors de Versailles par Le Brun, Coypel ou La Fosse. Les deux amateurs ont toujours privilégié dans leurs choix des œuvres très significatives du point de vue de l’histoire de l’art, et certains de leurs plus fameux dessins sont liés à la genèse d’œuvres séminales de la peinture française.

L’exposition aborde ensuite le style Rocaille avec Watteau et Boucher. Poursuivant cette évocation du XVIIIe siècle, Natoire et Greuze évoquent tour à tour le dessin sur le motif, ainsi que les débuts du réalisme et la recherche de vérité psychologique dans le portrait, sans oublier la fantaisie d’un Fragonard.

Un bel ensemble de projets sculptés ou architecturaux, de Bouchardon, Challe, Petitot, Desprez ou Hubert Robert manifestent de la prégnance encore du séjour romain en plein siècle des Lumières.

Odilon Redon, Tête suspendue par une chaîne, 1881, Fusain sur papier beige, 45 x 37 cm, Collection Prat.

Viennent ensuite des illustrations fortes du retour à l’Antique comme en témoignent plusieurs œuvres de Jacques-Louis David dont un dessin préparatoire pour La Douleur d’Andromaque. À la même époque, d’autres artistes comme Boilly ou Prud’hon élaborent un style tout à fait personnel. Ce début du XIXe est marqué par des tensions entre l’affirmation du style néo-classique et l’émergence du romantisme.

Eugène Delacroix, Cheval ruant, vers 1825,
Aquarelle, gouache, 15,1 x 13 cm, Collection Prat.

Les feuilles de Gros, Géricault, et trois beaux ensembles de Ingres, de Delacroix et de Chassériau offrent un florilège des tendances esthétiques qui agitent cette période si riche. L’exposition aborde ensuite les académismes et les réalismes d’après 1850 avec les dessins de Corot, Courbet, Millet, Daumier ou encore Carpeaux, Gustave Doré et Puvis de Chavanne.

Seurat, La femme accoudée à un parapet, XIXe siècle.
Crayon Conté, 24,1 x 16 cm, Collection Prat

Une sélection remarquable de dessins d’écrivains enrichit de façon originale ce panorama avec de magnifiques lavis et encres de Victor Hugo et de Baudelaire complétés par des œuvres symbolistes de Redon et de Gustave Moreau d’inspiration littéraire.
Le parcours se termine en ouvrant vers la modernité avec des feuilles de Manet, Degas et Rodin. Les expérimentations de Seurat et de Cézanne achèvent magistralement la présentation de cette collection construite et réfléchi avec le plus grand soin par deux amateurs engagés et passionnés.

COMMISSARIAT GÉNÉRAL :
Pierre Rosenberg, président-directeur honoraire du musée du Louvre Christophe Leribault, directeur du Petit Palais

Catalogue, éditions Paris Musées, 328 pages, 49,90 euros.
Eugène

Petit Palais
Avenue Winston Churchill 75008 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
INFORMATIONS www.petitpalais.paris.fr

les collections permanentes sont en accès libre, mais la réservation en ligne est obligatoire pour visiter
l’exposition La Force du dessin, Chefs-d’œuvre de la Collection Prat.

Retrouvez toutes les informations pour préparer votre visite ici

Didier Paquignon, dans son atelier

La Fondation Fernet Branca, par l’intermédiaire de son directeur
Pierre Jean Sugier nous emmène visiter l’atelier de Didier Paquignon

On se souvient de l’exposition sur les Muses de Didier Paquignon en 2016.

Il les dessine et les imprime en monotype.
Il avait accroché aux cimaises, à touche touche, 138 corps d’hommes à
moitié dévêtus, topless, pas plus bas que la ceinture.
Ce sont des monotypes, un concept particulier de Didier Paquignon,
un travail artisanal dans son atelier, qu’il a entamé depuis 5 ans,
les Muses.
D’abord il photographie ses modèles consentants, tous cadrés de la même
manière, de face, de profil, voire de dos, sur 1 m, 20 de hauteur, en gommant tous les attributs sociaux, puis il peint sur plexiglass, les imprime à la presse sur de grandes feuilles, avec des rectangles de la taille des plexiglass, en essayant d’être au plus près de la photo, puisque c’est de la peinture, en noir et blanc, avec ses ombres portées.

Depuis des années, Didier Paquignon glane pour le plaisir des faits divers absurdes dans des journaux, des livres et des sites internets. Que ces événements soient tragiques ou ubuesques, véridiques ou inventés, peu lui importe : Didier Paquignon traduit ces moments d’absurde par des images incongrues.
Le Coup du lapin, et autres histoires extravagantes en rassemble une hilarante sélection, parmi les centaines de dessins conçus par l’artiste à ce jour.

Didier Paquignon est né à Paris le 30 septembre 1958. Artiste, il est connu pour ses peintures. Une exposition lui fut consacrée au Musée de l’orangerie en 2009
Tu rencontreras d’abord les sirènes.
Par ses nombreux voyages, Didier Paquignon peut aisément se définir comme un artiste cosmopolite, qui a su tirer profit de ses expériences. Son œuvre, souvent déployée sur de grands formats, offre un regard ciselé sur des thèmes que certains pensaient dépassés : nus féminins, natures mortes, vues d’intérieur ou paysages urbains. Ces thèmes apparemment  classiques sont  « revisités » et témoignent de la vitalité de cette peinture contemporaine.

                                                               La Meute
Dans la vidéo de l‘atelier (ici) ,  il nous parle de ses errances picturales,
inspirées de ses lectures, qui ont suscité un désir de voyages.
Son besoin de voir de plus près a donné lieu a des voyages successifs
en Grèce, Espagne, Portugal,  Chine, Égypte, Italie, Turquie et la Syrie.
Tombé amoureux de ces pays, il s’y installe épisodiquement, il séjourne dans une ville, afin de s’y imprégner de sa substance.
Il en rapporte des paysages urbains, qui font un peu penser aux cabanes de
Marie Amélie Germain, ou encore aux danseurs de Sarah Jérôme, des couleurs chaudes, ensoleillées, un jeu de transparences, couleurs vives et franches dans des compositions élaborées, des couleurs de vacances rapportées du bassin méditerranéen. Les peintures du Tintoret au Louvre et en Italie l’inspirent,
il en fait des copies, sur de grands formats. Il peint aussi sur la base de photos,
comme pour les Muses.
Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas avoir vu lexposition
que lui a consacrée en 2009 le musée de l’Orangerie à Paris.
On pourra le retrouver à la Fondation Fernet Branca, dans une exposition
collective, POP-UP Artistes, dès la sortie du confinement. (1 juillet 2020)

OSEZ au Séchoir

Petite structure, le Séchoir Mulhouse va reprendre ses activités publiques à compter du samedi 6 juin.
A cette fin l’exposition OSEZ, peu vue en raison du confinement, est prolongée jusqu’au 28 juin.

OSEZ – Exposition collective
Artistes exposés :
Bonami Elisa​ -​ ​Burt Chloé​ -​ ​Cheni​ -​ ​Descazals Eléonore -​ ​Dubois Marion Bruno FriedmannKerzerho Lucie – ​Kiki DeGonzag Lagabbe Marie Mouret Marion Clémentine Muller –​Rouby Vincent​Rurru Mipanochia Schmitt Yolaine – ​Sintic Iva ​Stahl Matthieu – ​Stahl Sandrine ​– ​Walliser Henri

PROPOS
 » Les peintres et les poètes ont toujours eu le droit de tout oser. » Horace
“ Osez, osez Joséphine Osez, osez Joséphine Plus rien ne s’oppose à la nuit.
Rien ne justifie ” Jean Fauque.

AD LIBIDO est une biennale organisée par le Séchoir qui s’est donnée comme objectif de présenter un panorama de l’Art érotique contemporain, sans exclusive de médium, format ou thématique et questionnement. Simplement, à chaque fois, le propos est un peu “orienté ». La première interrogeait les liens entre désir et création en renvoyant à Foucault, la deuxième parlait de
“ position libre ” en faisant référence à “ King Kong Théorie ” de Virginie Despentes. Pour cette troisième édition, Le Séchoir a souhaité que les pièces exposées posent un regard sans filtre moralisateur sur la sexualité d’aujourd’hui.
Pour vous donnez un avant goût de l’exposition vous pouvez visionner
la vidéo ci-dessous

Les règles sanitaires malgré tout s’imposent.
ACCES AVEC MASQUE OBLIGATOIRE ET RESPECT DISTANCIATIONS PHYSIQUES.
Tous les samedi et dimanche de 14h à 17h

ACCES RESERVE aux + de 18 ans.
Un temps d’attente est possible en fonction de l’affluence.
Réservation possible pour groupe de plus de 6 personnes par mail uniquement (contact@lesechoir.fr).
Entrée gratuite.
Un chapeau sera à votre disposition à la sortie si vous souhaitez soutenir les artistes du Séchoir.
Adhésion possible sur place pour soutenir l’association (paiement par chèque uniquement).
Les évènements prévus dans le cadre de l’exposition seront recalés sur le mois d’octobre.
Le concert de Chloé MONS aura lieu le 17 octobre.

Sommaire du mois de mai 2020

The happy Fisherman Gregory Forstner

En état de choc #georgefloyd – pas de mots.
Bref aperçu de ce tableau – il fait partie d’une série «étude pour un nouvel archétype américain et The happy Fisherman» que j’ai réalisée en vivant à Brooklyn. Il me semblait que peu de gens étaient fans de ces œuvres car
c’était très direct, frontal, l’on ne pouvait échapper aux questions portées par le sujet. Mais je m’en fichais, pour moi c’était très important de passer par là. La peinture a une responsabilité vis-à-vis de ses sujets, c’est un jeu avec des conséquences. Je voulais faire face à notre responsabilité – la société blanche – dans le traitement, intellectuel, culturel, politique, de la diversité de la culture noire américaine aux États-Unis en faisant face aux mensonges installés dans notre inconscient collectif. J’ai essayé de ne pas le faire de manière naïve,
au contraire . De toute évidence, nous, Européens, n’avons aucune leçon à donner. Je suis né au Cameroun et j’en ai toujours été si fier, je ne sais pas pourquoi, mais je me sentais toujours plus fort en sachant ce petit fait. Et en vivant à Brooklyn il y a 10 ans, cela m’a donné la chance de comprendre un peu et de faire face à travers mon travail à des problèmes collectifs. C’est trop de mots inutiles, notre seul moyen, nous les artistes, c’est notre travail, des peintures surtout dans mon cas, pour tenter d’affronter la réalité.

#georgefloyd

Gregory Forstner

22 mai 2020 : Fondation Beyeler
17 mai 2020  : Le Char de la mort, Emmanuel Honegger
14 mai 2020  : Rencontre avec Marie Freudenreich
08 mai 2020 : Circular Flow – De l’économie des inégalités, Gegenwart Kunstmuseum Basel
03 mai 2020 : Céline Cléron, visite d’atelier

Le Char de la mort, Emmanuel Honegger.

Le « Char de la mort » est un livre d’Emmanuel Honegger au Verger éditeur.
Il devait paraître officiellement le 20 mars 2020. Dans les circonstances que nous vivons, (Covid-19) la parution de l’ouvrage, véritable hymne de Théophile Schuler à la République, est reporté au 5 juin en librairie
C’est une rencontre virtuelle, Covid-19 oblige
Merci à Emmanuel Honegger de m’avoir envoyé son livre.


C
‘est la première grande toile que l’on aperçoit lorsque l’on arrive dans
la partie art moderne, à l’Akerhof, au musée Unterlinden.
Intrigante par sa construction pyramidale, un triomphe guerrier, une mort de Sardanapale inversée ? Cela mérite un décryptage et attention.
C’est ce que propose dans son livre Emmanuel Honegger.

Tout le monde connait Gustave Doré ! Théophile Schuler, son contemporain,
né et mort à Strasbourg (1821-1878), n’est pas aussi célèbre…
c’est une véritable injustice. Dessinateur, peintre romantique et graveur, Schuler illustra notamment Jules Verne, Victor Hugo et Erckmann-Chatrian.
Emmanuel Honegger

Le Char de la mort est une immense peinture de 3.5 mètres de long présentée au musée Unterlinden de Colmar.
Ce tableau, peint au milieu du XIXe siècle, coupe véritablement le souffle, un peu comme le fait Le Radeau de la Méduse de Géricault ou La Liberté guidant le peuple de Delacroix.

Mais outre son aspect grandiose, l’œuvre se révèle une véritable profession de foi… politique ! En raison de la censure, sévère à l’époque, le peintre fut obligé de ruser : Il camoufla donc sa dénonciation de l’ancien régime, comme son immense désir de République. Pour cela, ce fils de pasteur mêla de multiples allusions religieuses aux symboles politiques qu’il choisit…

Aller à l’oeuvre pour observer tous les détails ici
en promenant votre souris sur le tableau
cela vous donnera encore plus l’envie de vous plonger dans le livre
et son analyse

Le livre d’Emmanuel Honegger se propose de décrypter les nombreux messages cachés « entre les lignes » de la fresque. Par exemple, on peut avancer que l’ange de la mort se tient en réalité debout sur le cercueil de Napoléon, ou découvrir pourquoi Jonas, personnage biblique resté trois jours dans le ventre d’une baleine, figure parmi les personnages représentés…

Vous découvrirez pourquoi ce tableau, peint après la révolution de juin 1848 qui fit 5500 morts à Paris, est un cri en faveur de la République et une charge impitoyable contre l’ancien régime.

Le peintre fut obligé de livrer son message sous forme d’énigmes pour parer à la virulente censure de Napoléon III.

L’enquête se révèle aussi passionnante qu’un bon roman policier…

La crise du milieu du 19e siècle et notamment la Révolution de 1848 marquèrent profondément l’esprit romantique de certains artistes. Tel fut le cas de Théophile Schuler, peintre originaire de Strasbourg, élève de Gabriel-Christophe Guérin à Strasbourg, à Paris de Michel-Martin Drolling de 1839 à 1843 puis du peintre d’histoire Paul Delaroche de 1843 à 1848.
Le char de la Mort daté de 1848 exorcise le tumulte des évènements qui secouent l’Europe cette année-là. Inspiré autant par les Danses macabres d’Holbein que par le goût romantique pour l’ésotérisme et l’au-delà, Schuler conçoit une composition audacieuse d’une grande richesse iconographique.

Sur un char mené par quinze chevaux réduits à l’état de squelettes chevauchant dans un paysage désolé de cimetière aux tombes béantes, la Mort emporte sur son passage tous les hommes, qu’importe leur condition telle la figure du roi tentant vainement de retenir sa couronne. Les arts ne sont pas épargnés, évoqués à la fois par leurs personnifications féminines ainsi que par la pierre tombale portant, au centre de la composition, le nom du peintre.

Cette oeuvre, s’aborde aussi comme un livre d’histoire. Surchargée de symboles politiques et religieux, il a fallu deux années de travail à l’auteur pour en décrypter les messages cachés. La censure sous le second Empire avait amené Théophile Schuler à « écrire entre les lignes ».
Faire revivre sa pensée républicaine est le résultat d’une enquête minutieuse avec des rebondissements et doubles pistes dignes d’un roman policier.
Préface de Rémy Valléjo, frère dominicain, et postface de l’historien
Georges Bischoff.

NB : Le Meiselocker (charmeur de mésange), statue de la fontaine de la place Saint Etienne à Strasbourg, présente sur son socle le portrait de Théophile Schuler (et, de l’autre côté, celui de Daniel Arnold, l’auteur de la première pièce de théâtre écrite en Alsacien : Le Pfingstmontag traduite en 2014 par Roger Siffer et Suzanne Mayer, que Schuler avait illustrée.)


Emmanuel Honegger

Emmanuel Honegger présente Le Char de la mort et le travail du peintre Théophile Schuler à la salle blanche de la librairie Kléber, à Strasbourg, interviewé par Walter KIWIOR, grand spécialiste en peinture alsatique.
vidéo ici

Auteur et dessinateur, Emmanuel Honegger est né en 1956 à Paris.

Il vit et travaille à Haguenau, dans le Bas-Rhin.
J’ai publié sur mon blog, l‘article d’Emmanuel Honegger, sur David Hockney
après une discussion sur Facebook.

– Diplômé de l’École des Arts décoratifs de Strasbourg, promotion 1979.
– Président des Amis de l’œuvre et de la pensée de Georges Migot, peintre et compositeur.
– Vice-président des Amis du compositeur Jean-Jacques Werner.
– Vice-président de l’Académie rhénane.
Ancien vice-président de la SAAMS (Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg)
– Ancien président de la commission Théophile Schuler de la SAAMS, récompensant des artistes de moins de 35 ans vivant et travaillant en Alsace.
Site d’Emmanuel Honneger

Rencontre avec Marie Freudenreich

Marie Freudenreich née à Colmar en 1975
sculpteuse, barbouilleuse.

C’est une rencontre virtuelle, Covid-19 oblige

Parcours
Ecole Nationale des Beaux-Arts de Nancy (1995 à 1998), D.N.A.P.
– Art Student’s League of New York (1998 à 2003), Certificate of Completion in Fine Arts Sculpture
– atelier à Motoco depuis 2013

photo Robert Cahen

Un monde qui tient avec du scotch.
Comme si l’image que nous percevons comme la
« réalité » n’était qu’un décor de carton, prêt à s’envoler au premier coup de vent.
Une illusion d’optique qui cache à peine, comme une jupe trop courte, le vide qui nous entoure : le cosmos immense et noir, l’éternité de mort qui encadre nos vies.
La fragilité de tout ce que nous connaissons.
Quand deux couleurs sont juxtaposées, elles sont vraiment bord à bord. Il n’y a pas de chevauchement, aucune marge de sécurité.
Si on les écartait d’un demi-millimètre, on découvrirait l’abîme caché derrière.
C’est un peu cela, mes peintures.
Marie Freudenreich

Comment définirais-tu ta peinture ?
Peindre, c’est un peu comme apprendre la mécanique. Démonter la réalité (ou l’illusion) étaler les pièces
devant soi, essayer en se grattant la tête de
comprendre comment ça s’articule. Ensuite remonter tout ça.
La plupart du temps on se trompe, on abîme une pièce ou on la remonte à l’envers. Je tente de faire de chouettes erreurs. Après tout c’est la panne qui révèle le mécanisme.

Quand travailles-tu ?
Plutôt en fin d’après-midi, le soir, la nuit, je n’ai pas d’horaire défini.

A quel endroit, maison, atelier ?
Je travaille à Motoco, dans mon atelier, avant ça je travaillais chez moi.

J’ai réessayé pendant le confinement de travailler chez moi, sans y parvenir.

photo Robert Cahen

Un rite pour te mettre au travail ?
J’ai souvent besoin de plusieurs heures pour me vider la tête, épuiser en quelque sorte la partie de moi qui s’éparpille en tracas divers, faire baisser le niveau de tension nerveuse avant de pouvoir démarrer. C’est probablement pour ça que je commence souvent ma journée de travail à l’heure où d’autres

la finissent. Mais pas de rituel précis

Quelle est ta technique ?
Récemment, huile sur contreplaqué, huile sur carton et tempera à l’oeuf sur papier. Sculpture sur bois aussi et installation.
pendant ma formation, j’ai fait beaucoup de sculpture sur pierre et de la gravure
(eau forte)

Huile sur bois

L’ambiance, musique, silence, intérieur, extérieur ?
En intérieur avec de la musique, sans perturbations.

J’ai besoin de me sentir seule au monde, comme au fond d’une grotte,
et plongée dans la musique, pouvoir chanter en travaillant

Qui sont tes maîtres ?
Fra Angelico, Joseph Albers, Jacob Laurence, Mark Rothko

Zut il n’y a que des mecs
Louise Bourgeois, Agnès Martin, Frida Kahlo

Quelles sont tes références littéraires ?
« Interaction of Color » Josef Albers

J’ai aussi un gros faible pour l’écriture des dramaturges américains, Eugene O’Neill : « Long days’s journey into night »
Tennessee Williams :  » A street car named Desire »
Ce qui me touche, c’est leur art de dissimuler le drame qui sous-tend la pièce et fait craquer les coutures des personnages entre les lignes des dialogues les plus triviaux.
Rien de ce qui est important n’est jamais énoncé, et pourtant tout se dessine, petit à petit, dans les fissures du récit.
J’aime tellement l’écriture de ces pièces, que je n’éprouve pas le besoin de les voir mises en  scène, les lire me bouleverse.

Que devient ton travail pendant le confinement, est-il une source de création et de recherches plastiques ?
Le confinement n’a pas eu d’effet bénéfique sur ma créativité.

J’avais un projet « spécial confinement » mais ça n’a pas du tout marché.

Que cherches-tu à exprimer dans ton travail, qui ne serait pas possible avec des mots ?
Que dire ..

Tout sauf le titre ?
Les mots capables de dire, sans doute, les mêmes choses qu’une oeuvre d’art plastique sont les mots des poètes. Pourtant malgré l’immense respect que j’ai pour la poésie, je ne suis pas sûre qu’elle ait vocation à supplanter toutes les autres formes d’expression, et surtout, je ne comprends pas en quoi ce serait un progrès.
Je ne ressens pas cette supposée supériorité du verbe.
L’idéal pour moi, serait qu’une oeuvre permette de transporter une idée, une émotion, une interrogation, une intuition, une image mentale ou peu importe sous forme graphique (ou volumique), directement du cerveau de l’artiste à celui du regardeur, via ses yeux, sans passer par le laminoir ou la moulinette de la verbalisation, pire encore, de la rationalisation.

Comment définirais-tu ton travail ?
C’est une espèce de chemin que j’emprunte sans connaître et sans vouloir connaître ma destination.

Ce n’est que quand une étape (comme l’application d’une couleur) est achevée que je décide de la suivante, comme un marcheur qui déciderait à chaque croisement de la direction à emprunter.
J’ai répondu un peu à côté de la question, parce que je ne sais pas définir mon travail. Mais il semble que si je savais le définir, je serais incapable de le poursuivre. Sa définition serait comme son rapport  d’autopsie.

Peins-tu des autoportraits ?
On dit que chaque oeuvre est un portrait de son auteur.
Des autoportraits de ma tête, ça m’est arrivé, mais très peu, mais quand je peins une table ou un bol, c’est aussi une sorte d’autoportrait.
Cela dit, j’aime bien les autoportraits des autres, surtout quand ils révèlent un trouble, comme ceux de Schoenberg.
J’aime aussi ceux, nombreux, où on sent de la méfiance, quand l’artiste se regarde d’un air de dire :
« toi mon coco, je te connais trop bien pour te faire confiance »

Motoco ? Depuis ?
J’ai eu la chance in extremis de pouvoir intégrer Motoco dès le démarrage, en 2013. Mischa Schaub m’avait attribué le tout dernier espace disponible à l’époque.

A modifié ta manière de travailler de vivre ?
J’ai mis longtemps à arriver à vraiment travailler à Motoco, à y retrouver le degré de concentration dont j’ai besoin, et qui peut aujourd’hui encore être facilement compromis, par l’absence de séparation phonique entre les ateliers, la chaleur étouffante en été, le froid en hiver.

photo Robert Cahen

Motoco est-il un apport pour toi ?
Motoco m’a apporté énormément en terme de vie sociale, et même d’existence sociale. Pouvoir échanger avec les autres artistes du lieu est infiniment précieux.
Ma présence à Motoco m’a aussi permis de rencontrer un public, qui ignorait mon existence et mon travail jusque là.

Pour terminer, peut-on revenir sur l’exposition au forum de St Louis en 2012
A ce moment là, je pensais que c’était un appel, solitaire, tu voulais convier les gens à ta table, muette, tu t’exprimais par ton travail.
La table exposée à Saint-Louis, je crois qu’elle date de 2005. Je l’ai mise en œuvre 5 fois à ce jour. C’est une idée qui m’est venue comme ça, toute faite et qui ne m’a plus lâchée, même si je ne la comprenais pas.

Elle a longtemps été sans titre.
Tout ce que je savais en dire est que c’était une pièce importante pour moi, d’où son titre transitoire « wie ich tisch ».
Elle a maintenant je crois son titre définitif: « Tableau ».

Dans cette vidéo de l’exposition au forum de St Louis de 2012,
on peut constater que Marie est dans la continuité de son travail et de son maître Josef Albers

Expositions
– CORK Gallery, Lincoln Center New York, 2002 (Nessa Cohen memorial Grant winners show)
– CORK Gallery, Lincoln Center New York, 2004 (idem)
– « Liquid Memories » (exposition personnelle), 2006, association culturelle :
à table !, Boulogne-sur-Mer conjointement à cette exposition,
publication d’ un livret de dessins intitulé :
« my life is as empty as a room full of boxes »
– « (é)mouvantes couleurs (vidéo)» en duo avec Robert Cahen, 2012, forum de l’ Hôtel de ville de Saint-Louis
– « archéologies mentales » en duo avec Eric Smolinski, hiver 2013-2014,
« Mulhouse Jeune Art Contemporain »
– REGIONALE 14 : « Noli Me Tangere » (group show), E-WERK Freiburg
« à la croisée des chemins potentiels » (group show), FABRIK culture, Hégenheim
– Janvier 2017 : « ÉDEN », galerie Jean-François Kaiser, Strasbourg
– Février-Mars 2018 : « Et, toujours, ils tiennent le monde / Désirer un coin de soi-même inconnu « , LE GRANIT et la Cantine d’art contemporain, Belfort
Régionale 20, « les chemins du rêve » Fabrikculture Hégenheim 2019/20

crédit photos :
Robert cahen 1,2,3,8
Marie Freudenreich 6,7
Elisabeth Itti 4,5,8 + 1 vidéo