Au séchoir, « Pour tout le sel de la terre », jusqu’au 20 septembre 2020
Dans le cadre de la Biennale de la Photographie de Mulhouse, commissaire général: Anne Immelé, l’exposition collective conçue par Mickaël Roy, propose une lecture post-industrielle, environnementale et sociale du Bassin potassique alsacien à travers une sélection de photographies de Bernard Birsinger, Stéphane Spach, Dominique Bannwarth, Jacky Naegelen & Sylvain Scubbi.
Sandrine Stahl, Mickaël Roy, Anne Immelé
Origine du projet
Mickaël Roy, commissaire d’exposition raconte : C’est un projet qui vient de ses années d’adolescence durant lesquelles il fréquenta le collège Joliot-Curie de Wittenheim. « Le collège est construit sur un ancien puits minier, mais jamais personne ne nous a parlé de l’histoire minière, aucune trace, aucune plaque ne rappelle cette mémoire. Partant de cette forme d’amnésie collective, je me suis dit qu’il serait intéressant de faire émerger une mémoire visuelle et sociale de ce territoire. »
Bernard Birsinger
Cinq photographes
Trois corpus d’images y sont rassemblés, dont certaines n’ont jamais été montrées en Alsace, et témoignent de la transformation des paysages d’un territoire alsacien emblématique.
Stéphane Spach Mickaël Roy y a rassemblé les travaux de cinq photographes publiés dans les années 1980 et 1990. Ils étaient tout jeunes alors ! Stéphane Spach, aujourd’hui installé à La Claquette dans le Bas-Rhin, a derrière lui une belle carrière de photographe ; autodidacte, il a longtemps été inspiré par la nature et s’adonnait aussi à la photographie culinaire. Il a publié en 1999 Terres fertiles, dont sont tirés les clichés exposés.
Dominique Bannwarth, Sylvain Scubbi
Jacky Naegelen et Dominique Bannwarth travaillaient quant à eux à l’agence locale de L’Alsace à Wittelsheim lorsqu’ils publièrentKali avec Sylvain Scubbi. Le premier a mené depuis une brillante carrière de photographe de presse pour Reuters, il est aujourd’hui retraité. Le second exerce toujours, au sein du journal L’Alsace , mais il a privilégié l’écriture. Le dernier a assidûment pratiqué la photo en parallèle d’une carrière dans l’industrie.
Bernard Birsinger
Quant à Bernard Birsinger, il fut partie prenante de la Mission photographique de la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) dans les années 1980 et en dévoile quelques clichés. Photographe professionnel, il a mené une carrière prolifique en expositions et en ouvrages.
Sylvain Scubbi
Histoire sociale et dimension mémorielle
Tout en noir et blanc, avec quelques photos actuelles qui concèdent à la couleur dans cette exposition où le documentaire se mélange au patrimoine. Histoire sociale, humaine, patrimoniale, environnementale, tout est abordé ici, par la force des photographies. « Un territoire conserve la mémoire des lieux. Le Bassin potassique a été habité et transformé par le prisme du temps et des transitions humaines et environnementales. Les photographes ont saisi des images dignes d’être représentées, que ce soit dans une dimension documentaire, frontale ou sublime et onirique », complète Mickaël Roy. Le commissaire de l’exposition insiste aussi sur sa dimension mémorielle et souhaite qu’elle soit une amorce à quelque chose de plus large, conviant le public à partager des témoignages ou des photos.
avec l’aimable autorisation pour le texte de Claudine Studer Carrot
Mickaël Roy, commissaire
Après des études d’histoire de l’art, on a pu le rencontrer au Musée des beaux-arts de Mulhouse en tant que médiateur culturel. Puis il développe une pratique indépendante de recherche en arts, de critique d’art, de commissariat d’expositions et de projets artistiques ainsi que d’enseignement, de conférences et de médiation dans le champ des arts visuels et plastiques. Il a œuvré notamment auprès de la Biennale d’art contemporain de Lyon, de la galerie du Granit à Belfort, mais aussi plus récemment comme chargé de mission à la mairie de Wittenheim. Mickaël Roy est actuellement chargé du développement culturel auprès de l’association Emmaüs Centre-Alsace, avec notamment la préfiguration d’un lieu d’action artistique, culturelle et solidaire, la villa Kientz. Le thème du Bassin potassique s’est imposé à lui lorsqu’Anne Immelé, directrice artistique de la Biennale de la photographie de Mulhouse, lui a confié le commissariat d’une exposition pour l’édition 2020. Plusieurs expositions se déploient dans Mulhouse : Ce noir tout autour qui parait nous cerner, Nolwenn Brod, Isabelle Giovacchini, Jean-Baptiste Grangier, Alain Willaume, Giovanna Silva, Geert Goiris ainsi que des photographies issues de la collection de Madeleine Millot-Durrenberger (commissariat d’Anne Immelé au Musée des Beaux-arts), Avant la nuit de Christophe Bourguedieu à La Filature, Comme des tourbillons de poussière, exposition collective conçue par Pascal Amoyel à la Galerie de la bibliothèque, se déploie à partir des séries photographiques d’Olivier Kervern, Louis Perreault, Antoine Seiter et Jean Marquès.
Le Séchoir 25, rue Josué Hofer 68200 Mulhouse
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Un coup de coeur Au cœur de l’architecture blanche du Centre Pompidou-Metz, Susanna Fritscher, transforme en paysage imaginaire une des galeries suspendues entre terre et air. Tout le plateau est pris parl’installation (vidéo), avec le jeu de la baie vitrée du musée, qui si l’on avance donne à voir, un paysage large, de loin, la vue sur l’église de Metz.
Le plaisir des yeux, mais de la permanence de l’éphémère
Susanna Fritscher, Frémissements
La cathédrale Saint-Étienne de Metz
L’artiste autrichienne installée en France qui a récemment fait basculer les espaces des Mondes Flottants de la Biennale de Lyon, du Musée d’arts de Nantes et du Louvre Abu Dhabi dans l’immatérialité, réinvente notre relation au réel, à ce qui nous entoure, à l’environnement qu’elle soulève, trouble, confondant l’atmosphère avec l’architecture qui devient liquide, aérienne, vibratile.
« Les matériaux que j’utilise, plastiques, films, voiles ou fils, sont si volatiles qu’ils semblent se confondre avec le volume d’air qu’ils occupent. Dans le jeu qu’ils instaurent dans et avec l’espace, la matérialité bascule et s’inverse : l’air a désormais une texture, une brillance, une qualité ; nous percevons son flux, son mouvement. Il acquiert une réalité palpable, modulable – une réalité presque visible – ou audible, dans mes œuvres les plus récentes qui peuvent se décrire en termes de vibration, d’oscillation, d’onde, de fréquence… » précise l’artiste.
Photo centre Pompidou Metz
Elle explore le système d’aération du Centre Pompidou-Metz comme un organisme dont elle capte le pouls. Les pulsations de l’air qui émanent de son métabolisme deviennent la matière première d’une chorégraphie de lignes formées par les longs fils de silicone qui captent et reflètent la lumière. Les vagues ondulatoires sans cesse réinventées se propagent et mettent en branle cette forêt impalpable que les visiteurs sont invités à traverser. La nef du centre d’art résonne et amplifie les flux d’air qui y circulent et qui la métamorphosent en un immense corps sonore, instrument à vent qui laisse sourdre les souffles libérés du bâtiment.
Ce belvédère sensible et propice à la contemplation capte les mouvements et frissonnements de la nature. Comme par capillarité, les rythmes générés par ces lignes infinies de silicone, que Susanna Fritscher dompte et orchestre, vibrent et s’harmonisent à l’unisson avec ceux des corps des visiteurs-promeneurs, invités à se détacher de la pesanteur, de la gravité. Cet environnant rend également perceptible l’instabilité du temps présent et ses frémissements figurent alors un prélude ou une invitation à de possibles soulèvements. Les visiteurs apparaissent comme des grisailles.
Prénom : Richard Nom : Chapoy Profession : promeneur dans les arts signe particulier : dendrophile Faut-il encore le présenter ? Il est « presque » connu comme le loup blanc dans sa jungle poétique d’arbres, présent localement dans de nombreuses expositions, et sur les réseaux sociaux.
Les 28/29/30 août les visiteurs ont pu découvrir ses dernières créations disséminées dans son jardin, bien en évidence ou cachées dans la végétation luxuriante de l’été, ainsi que dans son atelier qui occupe une bonne partie de son sous-sol à Illzach. Un dessin a été offert au visiteur, à choisir dans la profusion de sa production par celui qui réfute le qualificatif d’artiste. Ce gaucher contrarié, en guise de représailles contre les Ayatollahs de la main droite, a autorisé dans ses cours, l’usage de toute possibilité permettant de dessiner . Il a enseigné le dessin dans différents collèges et endroits de la région.
Comment est- vous venu à l’art ?
Enfant en découvrant les reproductions des impressionnistes et des fauves dans l’almanach que recevait ma grand-mère tous les ans. Très marqué par l’entrée en gare St Lazare de Monet (une grande émotion la première fois devant le tableau au musée d’Orsay).
Depuis quand dessinez-vous ?
Depuis ma petite enfance, une activité importante avec plein de petits bricolages.
Comment définissez-vous votre travail ?
Une promenade quotidienne dans les mélanges improbables, une recherche de matières, de réactions, vers une simplification maximale avec le temps …
Faites-vous des dessins préparatoires ?
Non, tout démarre comme une improvisation qui se structure sur la durée avec un fond d’expérimentations et de souvenirs.
Quand travaillez-vous ?
Tous les jours, tout le temps. Dans l’atelier ou le jardin. En fonction du jour, je peux commencer à 6h le matin jusqu’à 23h. Entre 3 et 12h par jour depuis 30 ans par besoin vital !
Quelle est votre technique ?
Un jeu avec toute sorte de constituants, une « cuisine » très personnelle. Toutes sortes de papiers, papier de soie, papier Kraft, cartons, bois, boîtiers de CD, nacre…) et des réactions entre les produits (émulsions instables, matières végétales, solvants, acides, colorants, encres…)
Très nombreux depuis mon enfance : Monet, Matisse, Ernst, Magritte, Klee, Alechinsky, Hartung, Dubuffet, Soulages, Baselitz, Fautrier, Richard Long, Richard Serra, Mondrian (hommage à) … et d’autres.
Références littéraires : Antonin Artaud (les œuvres complètes), Henri Michaud, Pierre Daix, Michel Pastoureau, Michel Draguet …
Le confinement a t’il influé votre travail, on a pu voir de nombreuses publications sur un réseau social ?
Pas de changement sauf une réalisation quotidienne de paysages imaginaires. Pas d’incidence, je suis un contemplatif très affairé, sans angoisse ni certitude avec un besoin vital de faire !
A cause du confinement, 4 expositions ont été annulées, 4 réalisées, 3 en prévision cette année.
A venir, une exposition à la cave dimière de Guebwiller, Pour être informé de ses prochaines expositions, vous pouvez consulter les informations sur sa page Faceboock ci dessous
L’artiste
« Je ne suis pas artiste juste un promeneur dans les arts, l’actualité me fait parfois réagir (quelques dessins et peintures sur les naufrages des migrants en méditerranée mais que je ne mettrais pas en vente) mais pour l’essentiel je suis « homme des cavernes » loin des visions sociologiques ou politiques de certains.« La simplicité d’une forme d’art, le plaisir du regard partagé, mon petit univers en croissance permanente …
Sa devise :
Pour une poésie du concret, pour que l’improbable trouve une réalité.
Sa définition de l’art :
Un souffle de vie, comme un vent apportant l’émotion.
Richard Chapoy -ARTCHIMIE–
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Exposition à la Galerie de la Filature de Mulhouse jusqu’au 13 septembre 2020
Le temps fort de la 4e Biennale de la photographie de Mulhouse (BPM)
Christophe Bourguedieu a été l’hôte de la galerie de la Filature en 2002, c’était déjà une proposition d’Anne Immelé, collaboratrice à l’époque, pour la programmation et le suivi des projets auprès de Paul Cottin. Christophe Bourguedieu nous a guidé à travers son exposition, « Avant la Nuit », en toute improvisation, en ponctuant certains éléments, en soulignant, la pertinence ou la cohérence de ses choix, soutenu, par la commissaire Anne Immele, qui est à l’initiative du choix du photographe, qui souligne la commande de la photographie spécialement conçue pour Mulhouse.
Une salle dédiée à Mulhouse
Une salle est spécifiquement dédiée à Mulhouse, des paysages, des maisons, des personnages, qui devraient être le reflet de notre ville. D’autres photographies, provenant du monde entier où Christophe a voyagé proposent des lieux étranges, parfois très impersonnels. Des liens imperceptibles se voient, par certaines couleurs, un peu de rouge, comme le petit pan de mur jaune …. une voiture jaune, des volets de même couleur, une lumière idéale, une photo parfaite.
La présence de certains animaux, des constructions se répondent par des jeux de symétrie, ou des inversions, suggérant la possibilité d’une lecture différente. Un boxeur, un Botticelli, un après-midi chez le voisin d’Anne, un hôtel mulhousien (Witz), de belles jeunes femmes, un chien blanc, en rappel un ragondin blanc, toutes ses choses doivent faire sens et lien. L’univers de Wim Wenders, d’Edward Hopper, par le côté impersonnel, voire mélancolique, sensoriel.
Christophe Bourguedieu est un photographe mondialement connu et reconnu
Il n’aime pas les images trop évidentes, trop esthétiques, trop symboliques, trop militantes, voire, trop humaines. Ses photographies peuvent sembler anodines, impersonnelles, sa recherche de la neutralité est presque obsessionnelle, pas de couleurs claquantes. Il s’attache à la lumière, à l’espace, à la singularité.
La BPM-BIENNALE ou
le Microcosme mulhousien de la culture masqué
Benoit André professionnel de la culture, ancien de Chaillot est à son affaire, il n’a pas eu de chance, nouveau directeur de la Filature depuis le 1er janvier, il est tombé de plein pied dans la pandémie. Il s’est fait fort de faire ouvrir la Galerie de la Filature, auprès des autorités préfectorales qui lui opposaient la COVID, ce qui a permis d’exposer les photographies de Christophe Bourguedieu, À la tombée de la nuit.
Anne Immele, professeur, docteur en Photographie, maitre d’œuvre de la Biennale, nous explique avec enthousiasme la cohérence des photos exposées, l’étrangeté de l’ambiance dans le contexte actuel, de la pandémie, du désert culturel, des catastrophes mondiales, Californie, Liban, Australie, l’image de Mulhouse en lien avec St Nazaire, une photo de l’arrêt de tram St Nazaire…..
Anne Catherine Goetz, nouvelle adjointe à la culture issue des récentes élections municipales, par son discours de vernissage, inaugure ses nouvelles fonctions, et ouvre ainsi l’exposition Christophe Bourguedieu,
Éric Kheliff, comédien, vice-président de MAC, en doublure de Dominique BANNWARTH, président de MAC, absent pour cause de vacances, déclame ou plutôt lit son papier, pour se féliciter de la participation de MAC à la Biennale et à la Galerie de la Filature, de leur partenariat avec l’Agrandisseur. Il remercie, Christophe Bourguedieu, Anne Immele, Benoit André et Anne Catherine Goetz pour leur collaboration. En conclusion il annonce une future exposition en off, de l’artiste Fahd El Jaoudi, soutenu par MAC, Mulhouse Art Contemporain.
L’exposition est accompagnée d’un guide de salle, édité par Novo, dans lequel vous pouvez lire un entretien entre Michel Poivert et Christophe Bourguedieu.
il est très difficile de photographier des photos
Informations
Des visites aux horaires suivants : du mardi au samedi de 13h30 à 18h30 Sauf samedi 29 août de 11h à 18h30
Dimanche 30 août de 14h à 18h
Visites commentées possibles sur RDV (à partir de 4 personnes) au 06 99 73 81 80 ou agrandisseur@gmail.com
Le Musée Würth d’Erstein (Bas-Rhin) présente du 12 juillet 2020 au 20 octobre 2021 une vaste rétrospective à Christo et Jeanne-Claude (1958-2019) , grâce au fonds exceptionnel de la Collection Würth Claire Hirner, commissaire
Le musée alsacien , propose de pénétrer plus intimement un œuvre qui marque de son empreinte le paysage artistique et l’imaginaire collectif des XXe et XXIe siècles.
Dessins, croquis, esquisses, collages et maquettes
Ils ont préfiguré, défendu et illustré les projets majeurs de la carrière du couple de 1958 à 2019 : les portiques de Central Park, les chemins flottants sur le lac Iseo, l’empaquetage du Reichstag, du Pont-Neuf ou des îles de la baie de Biscayne, les parapluies jumelés d’Ibaki et de Los Angeles, le rideau tendu dans la vallée du Colorado…
CHRISTO ET JEANNE-CLAUDE Valley Curtain, Rifle, Colorado 1970-72
L’exposition (vidéo) reflète le parcours créatif d’une vie. Fidèle à sa démarche de qualité en marge des sentiers battus, le Musée Würth d’Erstein, au sud de Strasbourg, fait écho à l’empaquetage spectaculaire par Christo de l’Arc de triomphe (18 septembre-3 octobre 2021) en mettant en lumière le talent de dessinateur extraordinaire mais peu connu de l’artiste américain d’origine bulgare décédé récemment (31 mai 2020).
Le processus complexe d’élaboration des projets du couple
Christo et Jeanne-Claude ont créé, à quatre mains, un geste poétique fort, coloré, rythmé, immédiatement reconnaissable dans sa singularité, son mystère et sa beauté. Leurs empaquetages, recouvrements, tentures, parapluies et murs de bidons les ont gratifiés d’une visibilité et d’une notoriété publique mondiales. Les traces dessinées portant signature de Christo sont plus confidentielles et pourtant essentielles à la concrétisation de leurs installations.
portiques de Central Park Ces véritables œuvres d’art – des tableaux souvent de larges dimensions associant carte topographique, photo, plans et dessin du projet émaillés de notes, souvent même d’un échantillon de tissu – témoignent du processus de création, souvent mesuré à l’aune de décennies, d’un couple d’artistes sans égal. Elles invitent aussi à considérer autrement, « au mur » et à échelle humaine, en regard de photographies des projets aboutis, des œuvres monumentales dont on ne connaît souvent que la forme finale, aussi impressionnante que temporaire. La vidéo de l’exposition au Centre Beaubourg
La rétrospective du musée Würth
Ces travaux préparatoires, inscrits dans la tradition du dessin de drapé tout autant que dans la modernité, sont également, depuis longtemps, une ressource déterminante du couple pour l’autofinancement de ses installations. Pour sa rétrospective, seul acteur en région de cette manifestation d’envergure nationale, et sur une large période de dix mois, le Musée Würth d’Erstein puise dans le fonds exceptionnel de la Collection Würth, qui a acquis depuis la fin des années 1980 quelque 130 esquisses et maquettes, et témoigne du soutien résolument engagé de l’industriel et collectionneur Reinhlod Würth envers cet œuvre remarquable.
chemins flottants sur le lac Iseo Une occasion unique de découvrir un visage méconnu de l’art de Christo, peu représenté dans les collections publiques et complémentaire des événements qui animent la capitale française en 2021. Ces dessins et maquettes sont une sorte de mémoire inaltérable d’installations qui elles ont disparu. Très tôt, Christo et Jeanne-Claude ont eu conscience de l’importance de ces traces. Ils ont documenté, filmé leurs préparatifs ou leurs négociations dès leurs débuts.
Pénétrer le processus de création
Les propos de Christo servent de guide à cette traversée rebroussant le temps, des projets les plus récents – et des dessins de plus grand format, allant jusqu’à plus de 2 mètres – jusqu’aux années 1950. « L’œuvre d’art, ce n’est pas l’objet mais le processus», citation sur laquelle s’ouvre le rez-de-chaussée, pourrait accompagner l’ensemble de la rétrospective.
vue du musée RDCH
Un talent de dessinateur remarquable et peu connu
Chaque œuvre est singulière dans sa genèse, sa maturation et sa réalisation, chacune possède une histoire qui lui est propre, déroulée au fil de travaux préparatoires dessinés. Enfin, cette rétrospective permet de mettre en lumière le talent de dessinateur remarquable et peu connu de Christo – il signe de son nom seul ses dessins, contrairement aux projets, dont il partage la paternité avec Jeanne-Claude –, que le grand public considère principalement à l’aune de ses empaquetages, et que les collections publiques valorisent peu. Pour cet artiste qui reconnaît que « les croquis d’un architecte sont parfois meilleurs que ses constructions», le dessin est primordial. Comment ne pas le rapprocher, avançant Wrapped Oil Barrels sur ce « chemin du réel » qu’est pour lui le dessin avec un constant souci du textile et de sa représentation, d’artistes ayant pratiqué l’art du drapé, notamment d’un Léonard de Vinci, lui aussi obsédé par cette quête du réel et de la vie, couvrant des carnets entiers de tombées d’étoffes ?
L’empaquetage du Reichstag.
Reinhold Würth avait également sollicité le couple d’artistes pour un empaquetage de l’intérieur du Museum Würth de Künzelsau (BadeWurtemberg), en 1995, l’année de l’empaquetage du Reichstag. Aux côtés de l’habillage du Reichstag (1971-1995) – représenté par la maquette mais aussi par de nombreux dessins – est évoqué l’empaquetage intérieur du Museum Würth en Allemagne (1994-1995) et celui, extérieur, des arbres de la Fondation Beyeler (Suisse, 1997-1998).
Christo et Jeanne Claude, l’empaquetage du Reichstag1971-1995
Encourager de nouvelles expériences sensorielles
La première pièce de l’étage met en scène les dessins et photos d’un projet initié en 1984, étiré non plus seulement dans le temps mais aussi dans sa géographie : en 1991, trois mille cents parapluies sont plantés et ouverts simultanément à Ibaki, au Japon (parapluies bleus), et sur trente kilomètres au nord de Los Angeles, aux États-Unis (parapluies jaunes), créant une œuvre jumelle inscrite dans des espaces et des cultures différents.
parapluies jumelés d’Ibaki Prémonition des Floating Piers italiennes, les Surrounded Islands habillent, dès les années 1980, les îles de Biscayne Bay, en Floride, d’un voile rose. Le Pont-Neuf reflète quant à lui, en 1985, son drapé jaune d’or dans la Seine. L’eau est très souvent présente dans les projets de Christo et Jeanne-Claude – illustration de cette « expérience sensible » que le couple invite à vivre avec ses œuvres. En témoignent encore les dessins des chemins recouverts de Kansas City (Wrapped Walk Ways, 1977-1978), du ruban flottant sur les collines californiennes de Running Fence (1972-1976), du rideau orange tendu entre deux falaises du Valley Curtain Project for Rifle (1970-1972), de l’empaquetage de la Little Bay en Australie (1968-1969)…
Quand Christo emballe une femme
Wrapping Woman Düsseldorf, 1963
On peut voir sur une vidéo, le déroulement de l’opération
Christo et Jeanne-Claude : un geste poétique à quatre mains
«Il n’y a aucun message, confiait Christo à propos de son Mastaba installé sur le lac Serpentine à Londres en 2018. Il y a quelque chose à découvrir soi-même. C’est une invitation géante, comme un escalier tendu vers le ciel.» Avant de clore son parcours à travers ce riche corpus, le Musée Würth d’Erstein évoque des projets pensés dans les années 1960-1970 – réalisés ou non – pour Barcelone, Milan, Rome, Time Square, la Kunsthalle de Berne, le Whitney Museum of American Art et la documenta IV de Cassel. « On voit que le dessin, dès les débuts de l’artiste, précise Claire Hirner, a accompagné la pensée de Christo, conscientisé ses interrogations, ses réflexions sur la faisabilité de ses projets. » La boucle est bouclée avec les Wrapped Oil Barrels, que l’on peut voir comme des préliminaires, en 1958, du Mur de 1999 abordé en début d’exposition.▪
D’origine bulgare, naturalisé américain, Christo (1935‑2020) a depuis longtemps tissé des liens étroits avec Paris : installé dans la capitale française de 1958 à 1964, il y rencontre son épouse Jeanne‑Claude (1935‑2009), avec qui il donnera naissance à un œuvre singulier, et y habille son plus vieux pont, le PontNeuf. Christo et elle seraient nés le même jour à la même heure. L’inédit du propos, le gigantisme de l’œuvre et son accessibilité au grand public, le renouvellement du regard sur le patrimoine parisien auquel elle invite créent à l’époque l’enthousiasme, après des années de négociations et d’études.
Fondation Beyeler
au Japon
Craters 1959
le Pont Neuf
Informations
Entrée gratuite pour tous et tous les jours Horaires Du mardi au samedi, de 10h à 17h Dimanche, de 10h à 18h Groupes et visites guidées Renseignements et réservations +33 (0)3 88 64 74 84 mwfe.info@wurth.fr Visites guidées : Français : tous les dimanches à 14h30
Jusqu’au 31 octobre 2020 Au Musée Tomi Ungerer– Centre international de l’Illustration, à Strasbourg
« Par rapport à mes œuvres littéraires, mes dessins ne sont pas un travail annexe, mais des champs de bataille, faits de traits et de couleurs » écrivait en 1978 l’auteur suisse Friedrich Dürrenmatt (1921-1990). Pourtant, même si ses pièces de théâtre comme Les Fous de Dieu (1947), La Visite de la Vieille Dame (1955) et Les Physiciens (1962) ont été traduites en plus d’une quarantaine de langues, son œuvre graphique reste aujourd’hui largement méconnue. C’est pourquoi le Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration propose de faire découvrir pour la première fois en France près de 100 dessins originaux de l’auteur, grâce aux prêts généreusement consentis par le Centre Dürrenmatt Neuchâtel et les collections privées suisses Liechti et Bloch.
Mythologie et bible
Inspirés par Goya et et Bosch l’univers dessiné de Friedrich Dürrenmatt et peuplé entre autres de figures issues de la bible et de la mythologie. Il aime représenter des scènes terrifiantes comme celles de l’Apocalypse et des figures monstrueuses comme le Minotaure. Dans son répertoire iconographique une place est réservée aux Anges, ces intermédiaires entre le divin et l’humain, qu’il traite de manière humoristique et même satirique.
Tomi Ungerer, Babylone
Tomi Ungerer et Friedrich Dürrenmatt partageaient le même regard critique sur la société de leur époque. L’auteur suisse écrivit même une préface pour Babylon, un recueil de dessins satiriques de Tomi Ungerer publié en 1979 chez leur éditeur commun, Diogenes Verlag à Zurich. Il qualifie ceux-ci de hyéroglyphes de la terreur. Tomi Ungerer illustre dans un style graphique qui évoque les lithographies de Daumier, les grands maux de notre société moderne, de la déshumanisation et de la surconsommation.
Satire sociale et politique
Il s’est montré un juge féroce de notre temps dans ses œuvres graphiques et littéraires. Tracés au stylo à bille ou à l’encre ses dessins sont mordants et spontanés. Il a illustré des sujets très divers allant des critiques littéraires à l’église, la dictature, la bombe atomique. Sa critique politique atteint un sommet dans Die Heimat im Plakat. Ein Buch für Schweizer Kinder (la patrie dans l’affiche, un livre pour les enfants suisses) où il se livre à une attaque violente de son propre pays.
Le Monde, un théâtre
L’œuvre graphique et picturale de FD « dessinateur dramaturgique » est intimement liée à son œuvre littéraire. S’il illustre rarement ses propres créations, en revanche, il donne à ses dessins une dimension tragique. Le collage qu’il expérimente en parallèle sur le plan littéraire avec le montage
(Portrait d’une planète) est l’une des techniques qui y contribue. Ce n’est qu’à la fin des années soixante qu’il l’utilise avec des documents découpés associés à la gouache.
Les livres pour enfants
Mais cet ogre était aussi capable de tendresse comme en témoigne le livre, haut en couleurs et plein de fantaisie, qu’il avait dessiné dans les années 1950 pour ses trois enfants.
Un livre pour les enfants suisse est un recueil de dessins satiriques réalisés par FD, suite à l’épidémie de typhus qui a contaminé en 1963 la célèbre station de Zermatt et que les autorités ont voulu dissimuler. L’artiste a choisi d’intituler le dessin qui montre un cadavre pendu par un cor de chasse qui est suspendu à un crochet de boucher, « Auf Hor steht Todesstrafe », littéralement « sur le cor est inscrit peine de mort » Il se livre à un jeu de mot à partir de « Horn » qui signifie cor de chasse. Le mot apparait aussi dans le nom de la montagne qui domine Zermatt, « Matterhorn » (le Cervin) et qui pourrait être déformé en « Marterhorn » (pic de la torture). Dürrenmatt joue ainsi sur les anti-thèses (santé-maladie, paradis-enfer) qui reflètent toute l’ambiguité de la situation de l’époque
Commissariat : Thérèse Willer, conservatrice en chef du Musée Tomi Ungerer et avec le conseil scientifique de Peter André Bloch, professeur émérite à l’Université de Haute-Alsace
INFORMATIONS PRATIQUES Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration 2, avenue de la Marseillaise, Strasbourg Ouvert tous les jours de 10h à 18h – sauf le mardi Tél. +33 (0)3 68 98 50 00
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Du 1er juillet au 13 septembre 2020, la Fondation Fernet-Branca accueille pour sa réouverture l’exposition POP-UP ARTISTES. C’est un régal, la fête de l’art, un mini-festival à déguster sans modération.
La pandémie a crée des idées, la nécessité d’ouvrir à nouveau les lieux d’exposition, malgré les contraintes sanitaires. Chose qui ne vous empêchera pas, d’aller voir, les lunettes embuées, dans l’odeur de sa propre haleine et les grésillements de l’élastique frottant sur les écouteurs de son appareil auditif.
Pierre-Jean Sugier directeur de la Fondation
POP-UP ARTISTES présente le dynamisme et la force créative de la région Rhénane. Après près de trois mois de confinement, la Fondation Fernet-Brancainvite pour sa réouverture des artistes pour la majorité de la région. Cette exposition permet de montrer à son public la richesse et la pluralité des approches artistiques que propose chacun de ses artistes. Cette biodiversité artistique nous renvoie à ce souci de chaque artiste dans son atelier, où il remet en question, refait, repose et transforme ce qu’il a fait la veille. Ce glissement, cette plasticité créatrice, nous entraîne dans un univers très différent et dont le souci est d’entrer en contact avec vous, le public et de partager ces émotions. Chaque artiste dispose d’un mur qu’il aménage à sa façon et s’est beaucoup investi dans la présentation. Il y des mulhousiens, des colmariens, certains originaires d’Italie, de Corée, mais tous résidents dans le Grand Est, à deux exceptions près. Pierre-Jean Sugier est devant la tapisserie des quatre saisons d’Anne-Sophie Tschiegg
Rencontres avec les artistes
Chaque week-end, vous pouvez rencontrer des artistes de l’exposition POP-UP ARTISTES
Possibilité de déjeuner, à partir de 13h, avec un pique-nique tiré du sac dans la cour de la Fondation, si le temps est favorable. Et n’oubliez pas de vous inscrire !
Il est très difficile de parler de 40 artistes à la fois aussi je vous invite à consulter ma page FaceBook où j’ai publié de nombreuses photos de leurs travaux
Les artistes de Motoco
Nicola Aramu « Ma peinture est inspirée du quotidien, de la mémoire et de l’histoire. Le passé de ceux qui nous ont précédés me réapparaît en images : en cartes postales et anciennes photographies en noir et blanc … des souffles de nostalgie et de douce mélancolie des choses perdues. En donnant une deuxième vie à ces souvenirs privés et publics, je m’applique à la création d’une poésie fantastique et parfois ambiguë qui inspire notre mémoire et imagination. Ainsi j’emploie la couleur pour créer des nouvelles émotions visuelles ».
Vincent Campos « Mon travail oscille souvent entre le jeu et la mise en avant d’une réalité où l’humour peut retentir comme un écho à l’adversité des choses. Au travers de récits bercés d’une insouciante légèreté, le temps semble s’être arrêté mais nous sommes invités à suivre le mouvement. Bâtir des forêts, ériger des ponts fragiles, faire résonner des tours de papier sont des actions potentielles. En jouant sur des territoires en pleine mutation, je questionne notre rapport au monde et ses potentialités. Je me laisse surprendre par la matière, pris dans une nouvelle temporalité, saisi par un bouleversement qui ne saurait témoigner des évènements à venir ».
Il faut bien faire un choix, pour vous inciter à y aller,c’est tout près de chez vous, Didier Paquignon
nous montre des peintures de voyages , les vaches indiennes,(sacrées) de Pondichery, qui déambulent dans la ville, qui font les sacs poubelles en totale liberté, mais aussi une vue d’Istanbul qu’il a retravaillée pour l’exposition, avec la mer du Bosphore. Des vues d’Espagne, un peu abstraites avec de chaudes couleurs ocres.
Eric Béridon « Mes travaux s’intéressent à la question universelle de la présence de l’homme dans le monde, de son origine et sa destinée en cherchant à s’approcher au plus près du lien qui peut exister entre le corps et l’esprit, le matériel et le spirituel. Tout mon travail consiste à traduire par le langage plastique cette réflexion. Je ne voulais pas montrer le corps par la figuration, je cherchais quelque chose de plus antérieur et à l’origine de la matière ; je ne voulais pas non plus maitriser le dessin et laisser à la nature son pouvoir créatif, c’est pourquoi le corps dans mon travail est représenté par l’empreinte de restes de feu imprégnés sur la toile ».
Céline Martin « Mon travail interroge la perception, la place, « le traitement » de l’altérité, de la vulnérabilité et de la fragilité dans nos sociétés. J’y traite par essence d’humanité, de corporalité, de sollicitude, de soin et d’éthique. C’est pour moi une nécessité prégnante d’expérimenter, de matérialiser pour discerner et traduire ce que j’observe des relations inter-humaines ». Puis elle cite «Ce que je fais : je regarde. Je n’ai jamais fait que regarder les gens. Je n’ai fait que voir ou essayer de voir les rapports humains afin d’en parler. Voilà ce qui m’intéresse. Je ne connais d’ailleurs rien de plus important.» Pina Bausch
OH Kee Hyung Lorsqu’elle quitte ses pinceaux, OH Kee Hyung prend l’argile. Ses pérégrinations vers l’Extrême Orient l’amènent à d’autres rencontres, visages émotions, lissés par la lumière, creusés par des sillons de vie. Et comme dans ses aquarelles, elle retrouve ce Geste Universel, geste de son père calligraphe, geste qui donne vie à ses visages en céramique. Geste-Souffle qui émerge de ses mains et donne à ses céramiques émotion, sérénité, lumière tel le lotus qui s’élève de la boue.
Pour conclure ne manquez pas d’aller dans le mystérieux sous-sol de la fondation pour y contempler l’échiquier d’Yves Bringert : Mat en deux coups
Fondation Fernet-Branca 2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis fondationfernet-branca.org
Horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 13h à 18h
Pass-musées
Je profiterai des vacances d’été, pour parler plus avant de vous tous