Rembrandt, la Pièce aux cent florins

Autoportrait de Rembrandt, en costume oriental 1631
Rembrandt Leyde, 1606 – Amsterdam, 1669 
Petit Palais

L‘exposition du Kunstmuseum de Bâle sur les eaux fortes de Rembrandt, mais aussi, la conférence de Paris Musées Arts, Introduction à l’histoire de l’art :
« La valeur des détails : un voyage au cœur des œuvres »
par Charles Villeneuve de Janti, m’a incitée à me plonger plus avant, dans les eaux fortes de Rembrandt.

La Pièce aux cent florins (en néerlandais : Honderdguldenprent) est une gravure à l’eau-forte vraisemblablement achevée par Rembrandt vers 1648-1649 et commencée dix ans plus tôt.

De predikende Christus (De Honderdguldenprent), Rembrandt van Rijn, 1775
Rijksmuseum
Composition

Sa composition s’inspire du 19e chapitre de l’Évangile selon Matthieu. Le Christ se tient au centre de la scène, entouré de plusieurs groupes de personnages : à droite, une foule de pauvres, des malades, des personnes âgées ou blessées l’implorent de les guérir ; à gauche, les pharisiens lui tournent le dos, le défient, le provoquent au sujet du droit de l’homme à répudier sa femme ; devant lui, deux femmes s’approchent pour lui demander de bénir leurs enfants.
À saint Pierre qui tente de les repousser, le Christ ordonne :
« Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi ».
Enfin, un jeune homme riche qui hésite à abandonner sa fortune s’oppose au chameau tout à droite de la composition, rappelant la formule de Jésus :
« Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. »

Le titre

Cette gravure tient son titre de l’histoire selon laquelle Rembrandt l’aurait échangée contre une série complète de gravures du maître italien Marcantonio Raimondi, plutôt que de lui payer les 100 florins demandés, somme très élevée à l’époque. Une autre théorie suggère que l’estampe aurait été offerte par Rembrandt à son ami le marchand d’art Jan Pietersz Zomer, ce qui expliquerait qu’elle ne soit ni datée ni signée.

Les exemplaires de l’estampe originale sont très rares et sa plaque a connu un destin surprenant, le capitaine et imprimeur britannique William Baillie, qui l’avait acquise au XVIIIe siècle, l’ayant retravaillée puis découpée en différents motifs afin de les revendre.

Importance

La Pièce aux cent florins est considérée comme la gravure la plus aboutie de Rembrandt, qui innove à plusieurs niveaux. Il représente le Christ comme une source paisible de méditation plutôt que comme figure de souffrance et renferme plusieurs épisodes en une seule scène. Pour mettre ses personnages dans l’ombre ou dans la lumière, engage tous ses moyens techniques — cette eau-forte a été rehaussée à la pointe sèche et au burin sur deux états — et artistiques — avec notamment une intense recherche de la lumière et du visage du Christ dans des œuvres antérieures.

— Catalogue de l’exposition au musée du Petit Palais, 1896

« C’est la première œuvre majeure dans laquelle la lumière et l’ombre atteignent à une telle puissance d’expression et où la vie intérieure s’exprime si fortement à travers une nouvelle maîtrise technique. À cet égard, La Pièce aux cent florins, datée arbitrairement de 1649, ouvre le chemin aux œuvres de la dernière période de Rembrandt graveur. Mais c’est aussi une œuvre charnière représentant la quintessence du travail d’une décennie entière, reflétant toutes les aspirations, tous les accomplissements de l’artiste. »

Sommaire du mois de novembre 2020

Je dédie ce mois de novembre à Ramon Ciuret, qui nous a tiré sa révérence,
avec élégance, le 15 novembre 2020.
Une nouvelle étoile luit au firmament des photographes.
Ce petit homme malicieux et joyeux, toujours armé de son appareil photo
ou de son smartphone, pour capturer les beautés de ce monde. Avec son
regard et son oeil, si juste et bienveillant,  il transmettait avec bonheur
ses prises de vue, pour le plaisir de tous dans des expositions et sur
les réseaux sociaux.
Merci à lui pour le partage.

Tu m’avais enseigné le fish eye, je n’oublie pas notre blague sur le ragondin
du bord de l’Ill, et que tu intervenais, avec justesse, dans les  commentaires
sur mon blog.
Tes nombreux amis, du monde entier sont en deuil et attendent avec impatience, une exposition de tes nombreuses et magnifiques photos.
Vous pouvez le retrouver dans un enregistrement fait avec
Francine Hebding, sur radio MNE sous ce lien
Cher Ramon tu nous manques à tous.

les liens du mois de novembre 2020

30 novembre 2020 : Sommaire du mois de novembre 2020
27 novembre 2020 : Snowman de Fischli/Weiss
24 novembre 2020 : Ana González Sola, A LAS CINCO DE LA TARDE…
19 novembre 2020 : Elina Brotherus, La Lumière Venue Du Nord
14 novembre 2020 :L’Orient de Rembrandt
11 novembre 2020 : Roni Horn You are the Weather
7 novembre 2020  : Eaux-fortes de RembrandtLes donations Eberhard W. Kornfeld
3 novembre 2020 : Le lion a faim…Présentation de la Collection à la Fondation Beyeler

Ana González Sola, A LAS CINCO DE LA TARDE…

A la Fondation Fernet Branca jusqu’au 10 janvier 2021

« elle parle encore avec l’acharnement de la palette »
Léonardo Crémonini

Une belle découverte, des couleurs exacerbées, une ambiance féerique, la Corée du sud, c’est Ana González Sola
Vidéo

Le choc

A las cinco de la tarde, -le choix du titre, tiré d’un poème de Federico García Lorca, Le Coup de Corne et la Mort, – nous fait pressentir, toute la sueur, la chaleur, la lumière et l’odeur du moment de la mort de la corrida.
Dès que vous pénétrez dans la salle qui lui est dédiée, vous êtes pris par la force
de ses toiles accrochées aux cimaises de la Fondation. Elles sont inondées de couleurs, nimbées de reflets chatoyants, tout à fait particuliers, sur leur support en bois.


On entre de plein pied dans les marchés coréens, grouillant de personnages
à l’activité débordante. A peine s’étonne-t’on de ne pas sentir l’odeur du poisson. Il se dégage une telle sensualité des tons, une luminosité poétique.
Il faut s’en approcher, on éprouve l’impression d’être dans la peinture même, dans ces marchés asiatiques.


La transparence étonnante des couleurs, malgré l’effet de nuit voulu, dans des lieux fermés, sans ciel, donne à voir une peinture saisissante, avec parfois une dimension géométrique.

Trois grandes séries sont présentées ensemble :
série la Corée et le Japon, les Marchés, les robes et Vitrines.

               tryptique du port de Beyrouth

Ces séries sont accompagnées de trois tableaux de paysages du port de Beyrouth, avant l’explosion.
Ces oeuvres sont des constructions architecturales de l’espace dans lequel
la vie prend forme par la couleur et la lumière.

L’histoire de l’art revisitée

Elle convoque l’histoire de la peinture avec ses séries aux abattoirs, les écorchés de boeufs à la Rembrandt.

Ainsi les enfilades de la boucherie reviennent dans celles de la penderie pour nous parler du corps vivant qui était là, comme si sa palpitation pouvait diminuer la nostalgie de sa présence / absence.
De cette vitalité qui traverse encore l’utopie espagnole et humaniste, de son flamenco et de ses corridas…  De même que les boutiques avec les étals de peignes, de sacs, de coiffes, de perruques ou de broches, tout est couleurs, lumière et désirs. Tout évoque son origine espagnole.

La série Foot

La série Foot de 30 monotypes, des figures de personnages gravés à la Goya, sont d’une extrême violence.

Née en 1977, à Madrid, Ana González Sola vit et travaille à Paris
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2001
Résidence Casa de Velázquez à Madrid de 2003 à 2005.

Informations pratiques

Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis
fondationfernet-branca.org Instagram @fernetbranca Facebook @fernetbranca68
Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche de 13h à 18h
Accès : Aéroport Bâle/Mulhouse (à 5 minutes)
SNCF -Autoroute A35
La Ville de Bâle est à 5 minutes de Saint-Louis.
Arrêt de bus « Carrefour Central / Croisée des Lys » (à 3 minutes du musée) – direction Bâle station « Schifflände »


Des visites guidées étaient prévues en parallèle avec l’exposition :
Un monde infini: Artistes chamanes, autour d’une collection de l’Himalaya
qui ont du être annulées pour cause de confinement

 

Elina Brotherus, la lumière venue du nord

Exposition de courte durée à la Galerie de la Filature qui se termine le
29 novembre 2020
Elina était plusieurs fois annoncée,
hélas les circonstances actuelles ont empêché sa venue.

« Quand je me photographie, c’est moi mais en même temps ce n’est pas moi… C’est la condition humaine que j’essaie de décrire » Elina Brotherus


this is the first day of the rest of your life

(c’est le premier jour du reste de ta vie)

Elina Brotherus, et Cindy Sherman, ont en commun le sujet de leurs photographies, une seule et même personne : elle.
Pour Elina Brotherus, ce n’est pas une métamorphose, il faut regarder les détails pour passer au second degré. Elle se montre de face ou de dos, telle qu’elle est, nue, debout ou assise, sans pose recherchée, ni artifice qui l’embellisse. Son pied est presque toujours posé sur le déclencheur de l’appareil photo. Elle opère toujours seule, d’une part pour n’avoir personne sur le dos ! d’autre part parce qu’elle utilise une matériel léger, qu’elle peut transporter à elle toute seule. Avec la photographie, et plus récemment la vidéo, Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie.

Comme l’art est aujourd’hui le seul domaine dans lequel on accepte que des adultes s’amusent, elle ne s’en prive pas. C’est en tout cas ainsi que l’artiste finnoise qui pratique depuis un quart de siècle l’autoportrait mis en scène, généralement seule, mais parfois accompagnée de son chien ou, plus récemment de complices, présente sa démarche.
Elle construit tout avec une belle prise de distance qui n’empêche nullement une vision poétique, entre autres dans les paysages de sa Scandinavie natale ou de sa Bourgogne d’adoption.
Le paysage, aux différentes saisons, devient un décor à la respiration ample, un paysage en écho à la peinture romantique
– et à la peinture en général dont Elina a une belle connaissance – pour un corps libre, tour à tour dénudé ou vêtu de couleurs qui dialoguent avec celles de la nature.
Une peinture qu’elle réinterprète en jouant, en référence aux grands moments d’histoire et en écho du contemporain, en allant de l’atelier et de ses modèles réinventés à la mise en situation de son corps, à la limite de l’équilibre,
dans des lieux inattendus comme le chantier des grands magasins de La Samaritaine, exposés ici pour la première fois.

La  couleur

Savante coloriste, elle a cette capacité rare, en milieu de carrière et avec toujours ce mélange de sérieux et de fantaisie, de distance et de sourire,
de se pencher sur ce qu’elle a fait et de recomposer un passé récent qu’elle transforme pour la série 12 ans après.
L’image animée, série de fables qui ne sont jamais édifiantes, est une occasion de plus de jouer. De se jouer de l’espace, de le construire et de le faire exister en devenant illusionniste et magicienne.

Travaux pratiques, bricolages, rêves et divertissements articulent
une oeuvre dont la cohérence profonde n’enlève jamais
l’indispensable légèreté.
C’est rare, voire unique aujourd’hui.
extrait du Texte Christian Caujolle (commissaire de l’exposition), août 2020

Photos choisies

« Cette image d’autoportrait est aussi un clin d’œil à la difficulté que j’ai eu à mon arrivée en France, je n’avais pas les mots pour communiquer en français… »

C’est grâce à des amies photographes, après un parcours en sciences, – une maitrise en chimie -, études suivies en parallèle, qu’elle apprend l’autoportrait. Pour elle cela a été une libération. C’était la mode dans les années 90 dans les écoles d’art. Quand elle regarde les photos de cette période, elle dit avoir crée une autofiction.
Dans Le reflet dans la suite des séries françaises, elle est dans le coin de la photo,
le visage découpé, on en voit que le menton. Une salle de bain devant un lavabo où sont collés une multitude de post-it, un post-it sur le reflet de son visage cache son reflet. Post-it où il est marqué : reflet.
Tout les objets sont nommés sur les post-it. C’est la première fois qu’elle sortait de son pays pour aller en résidence au musée Nicéphore Niépce. Comme elle ne parlait pas le français c’était
le meilleur moyen d’apprendre la langue en nommant les objets.

Biographie

Elina Brotherus est née en 1972 à Helsinki et partage sa vie et son travail entre la Finlande et la France. Avec la photographie et plus récemment la vidéo,
Elina Brotherus explore le paysage émotionnel, les sentiments de
l’individu et tente de déterminer comment celui-ci devient une partie de l’ensemble formé par les autres. Avec un langage délibérément structuré, elle travaille sur sa propre personne à partir des événements de sa vie.
Bien que ses autoportraits dominent son oeuvre, elle n’interprète jamais de rôles et ne crée pas de mises en scène ; ses paysages révèlent tout autant la nature de ses sentiments.

Dans sa série The New Painting, Elina Brotherus questionne aussi bien les
codes esthétiques de la peinture que la notion de Beauté et va au-devant de questions sur la réalité et sa représentation.
parcours détaillé sur www.gbagency.fr

Sommaire du mois d’octobre 2020

Balthus, Passage du commerce St André, 1952/1954 à la fondation Beyeler

30 octobre 2020 : MOOC Culturels
24 octobre 2020 : Fragments éphémères
17 octobre 2020  : L’OEil de Huysmans. Manet, Degas, Moreau
10 octobre 2020  : Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton
04 octobre 2020 : Man Ray et la mode

MOOC Culturels

C’est le moment de profiter du confinement forcé pour vous
plonger dans les
MOOC culturels et autres histoires de l’art et d’histoire,
proposés par divers sites.

Ces parcours courts – environ 45 minutes – proposent d’aborder des thématiques transverses aux MOOC de la Collection de la Fondation Orange. Composées principalement d’une vidéo, de ressources complémentaires et d’un quiz, ces Graines sont accessibles à tous.

Autre nouveauté… Pour compléter chaque thématique, vous êtes invités à suivre une conférence d’une heure, en ligne et en direct avec Haywon Forgione, conférencière et historienne de l’art.
le lien ici

Trois Graines de culture

Trois Graines de culture sont proposées sur trois thématiques différentes, à raison d’une par mois.

N ° 1 « Scandale ! », c’est le titre du premier Graine consacrée aux œuvres qui ont indigné la critique. Vous y découvrirez entre autre comment la notion de scandale dans l’art a évolué entre le XIXe siècle et aujourd’hui.

Alors notez bien ces rendez-vous :
toujours accessibles

 Graine de culture « Scandale ! » sur la plateforme MOOC Culturels et le mardi , conférence en ligne et en direct. Lien ici

Voici donc de quoi enrichir votre jardin culturel, jusqu’à l’ouverture du prochain MOOC, qui sera consacré à la Bande dessinée.
Oui, à la Bande dessinée ! Vous en saurez  plus très bientôt.

N° 2 Analyser une peinture

Il y a mille et une façons de regarder une peinture, car chaque regard est unique, et chacun réagit différemment : “J’adore !”, “Je n’aime pas”, “Je ne comprends pas”,… Au premier regard, l’observateur va laisser parler ses émotions face au tableau, va chercher à l’interpréter, va associer ce qu’il voit à ce qu’il connait.

Rentrer dans l’analyse d’une peinture va cependant permettre d’aller plus loin, de mieux comprendre un tableau, et ainsi aider à mieux saisir ce que l’artiste a voulu exprimer. Que faut-il regarder en premier lieu ? Que dire des couleurs, de la composition ? Et qu’a voulu nous dire l’artiste en mettant en scène tels personnages, en agençant telles formes ?

Cette graine de culture vous offre les bases de l’analyse d’œuvres. Au bout du parcours, rien d’autre que le plaisir de mieux apprécier les œuvres… Tentant, n’est-ce pas ? Alors, en route
la conférence en direct ici

N° 3 Art et pouvoir

Ouverture : 12 novembre
Conférence : 24 novembre à 18h30

L’Histoire par l’image décrypte l’Histoire

Actuellement en ligne 2780 œuvres, 1535 études et 118 animations
L’Histoire par l’image explore les événements de l’Histoire de France et les évolutions majeures de la période 1643-1945. A travers des peintures, dessins, gravures, sculptures, photographies, affiches, documents d’archives, nos études proposent un éclairage sur les réalités sociales, économiques, politiques et culturelles d’une époque. Comprendre les images et les événements d’hier c’est aussi savoir décrypter ceux d’aujourd’hui. Un site qui s’adresse à tous, famille, enseignants, élèves … mais aussi à tous les curieux, amateurs d’art et d’histoire.
le lien ici 

Bonne visite et lecture

Fragments éphémères

Hao Jingfang & Wang Lingjie, Over the rainbow, 2016.

C’est la 8ème édition du concours Talents Contemporains de la Fondation François Schneider, qui est  présentée jusqu’au  3 janvier 2021,
sous la direction de Marie Terrieux.

Rachael Louise Bailey • Guillaume Barth • Olivier Crouzel • Hao Jingfang & Wang Lingjie . Eva Nielsen • Capucine Vandebrouck • Wiktoria Wojciechowska

sont les artistes sélectionnés par Le Grand Jury International de la 8ème édition  composé de :

Jean-Noël Jeanneney – Président du Jury ; Felizitas Diering – Directrice du FRAC Alsace ; Alfred Pacquement – Conservateur général honoraire du patrimoine ; Ernest Pignon-Ernest, dessinateur, photographe ;
Fabrizio Plessi – Artiste représentant l’Italie à la 42ème Biennale de Venise
en 1986 ; Roland Wetzel – Directeur du Musée Tinguely (Bâle, Suisse), 

La création contemporaine sur le thème de l’eau

Au programme, un arc en ciel composé de milliers de micro billes de verre chez le duo d’artistes Hao Jingfang & Wang Lingjie, (Over the Raibow ) , une flaque d’eau dessinée au sol comme une installation vivante qui par essence est en mutation éternelle chez Capucine Vandebrouck (série Puddle ), les cyclistes de la photographe Wiktoria Wojciechowska pris sous un orage chinois et
couverts de minuscules gouttelettes évanescentes sur leurs larges capes de pluie (Short Flashes, 2013). La découverte se poursuit avec Elina, une planète éphémère conçue en brique de sel sur le salar de Uyuni en terre Bolivienne par Guillaume Barth, narrant la fragilité du monde et la puissance de la nature.
Eva Nielsen quant à elle propose une peinture où jeux d’optique, illusion et mirage sont au rendez-vous pour ses trouées sur l’océan. Il est aussi question d’océan et de fêlure chez Olivier Crouzel qui a patiemment filmé l’immeuble du Signal à Soulac sur mer, bâtiment à l’abandon, à la nouvelle vie délabrée… 18 rideaux vidéos composent une gigantesque installation-projection.
Enfin Rachael-Louise Bailey expose Global, une grosse sphère flottante, composée de 3,5 km de chambres à air, récoltées parmi les matières polluantes trouvées en mer. De ces objets éparpillés et fragmentés, elle les regroupe pour leur donner une nouvelle fonction.
Originaires de Chine, de Grand-Bretagne, de Pologne, du Danemark ou de France, chacune et chacun des artistes explorent la fugacité des éléments et
du monde.

Rachael Louise Bailey,
Rachael Louise Bailey, Global, 2018.
Plastique, 3m de diamètre.
© FFS – Rachael Louise Bailey

Dans le parc, dès l’accueil, une sculpture, Global, qui s’apparente à une balle flottante de deux mètres de diamètre composée de matières polluantes ramassées dans la mer. Rachael Louise Bailey collectionne ainsi ces objets issus de la pollution marine depuis 2016. Elle collecte en particulier les chambres à air de voitures qui ont été recyclées et reconditionnées avant d’être utilisées dans la culture industrielle de l’huître. Ce plastique est régurgité par la mer.

Guillaume Barth, Le deuxième Monde, Elina, 2015

Si ci-dessus on est dans l’écologie, avec Guillaume Barth, on entre de plein pied
en poésie. C’est l’alsacien de l’étape.

Guillaume Barth, Elina, 2015. Photographie de la
sculpture en sel et eau, 300cm de diamètre, Salar de
Uyuni, Bolivie, projet-Elina, 2013-2015.
© Guillaume Barth

 Elina, est un doux nom qui résonne à nos oreilles… Serait-ce celui d’une princesse, une divinité, une incantation ?
Elina est une planète imaginaire conçue à partir de briques de sel selon des techniques artisanales des indiens Ayamaras, peuple de Bolivie, au nord du grand désert de sel. Guillaume Barth y a passé 3 mois pour réaliser
son projet, se déployant en une sculpture éphémère (Elina ), un film (Le deuxième monde, Elina ) et un livre. L’artiste avait exposé à la Chapelle
St Quirin de Sélestat un projet original en 2011

Olivier Crouzel, 18 rideaux, 2015

18 rideaux est une installation vidéo racontant les vies et les vues d’un immeuble à l’abandon devant l’océan.
L’eau monte, le trait de côte avance : le Signal, immeuble construit en 1967 sur le littoral atlantique, à Soulacsur-mer, est menacé par l’érosion. Le 8 décembre 2014, un arrêté préfectoral oblige les résidents à quitter définitivement leurs appartements. À l’abandon, l’immeuble est vandalisé. L’installation vidéo 18 rideaux a été tournée dans le Signal de 2015 à 2019.
Les 18 vidéos fixent ce que les habitants voyaient à travers leur fenêtre, depuis leur appartement, des vues imprenables sur l’océan. Comme une horloge fatiguée, les rideaux s’ouvrent et se ferment, inlassablement. On
entend grincer les mécanismes des fenêtres et le vent à travers les vitres cassées.

Hao Jingfang & Wang Lingjie, Over the rainbow, 2016

Over the Rainbow est une installation composée de sable de verre et de sable blanc sur lequel apparait un arcen-ciel. Le duo d’artiste Hao Jingfang & Wang Lingjie s’inspire de la philosophie chinoise 水不洗水,尘不染尘. Qui
dit que : « L’eau ne se purifie pas par l’eau, La poussière ne se contamine pas par la poussière ».

L’arc en ciel, provoqué par la réflexion des rayons de lumière sur une surface irisée de l’oeuvre apparaît comme un instant fugace à saisir. Visible seulement depuis certains points, il se déplace avec la marche du spectateur, puis disparaît. Le dépouillement du dispositif souligne la nature délicate de cette apparition. L’expérience sensorielle et méditative permet d’apprécier différents phénomènes liés à l’écoulement du temps, aux variations lumineuses ou aux limites de notre perception.

Eva Nielsen, Zode IV : la mer, horizon des possibles, 2018

Zode IV : la mer, horizon des possibles est une peinture hybride constituée de strates successives, alternant sérigraphie, huile brossée et dilutions réalisées à l’encre.

Eva Nielsen, Zode IV : la mer, horizon des possibles, 2018.
Huile, acrylique et sérigraphie sur toile, 200 x 180 cm.
© FFS – Eva Nielsen

Un fragment de réel se superpose ici à un paysage marin dans une volonté de collage. La grille sérigraphiée de la toile fragmente la perception sur l’étendue marine, réduite à une ligne, à la fois proche et inaccessible. Une échappée visuelle se crée pour le regardeur et encadre dans le même mouvement la perception de l’espace.
La mer se présente ici à la fois comme une projection et la suggestion d’un ailleurs. C’est bien sur l’horizon de la peinture, celui qui obsède les peintres depuis des siècles.
Eva Nielsen utilise à la fois ses photographies, des morceaux d’image trouvés, des parties uniquement dessinées. Cette peinture répond à une obsession qui anime l’artiste depuis quelque temps : les stigmates des architectures dans le paysage, ce qu’il reste, ce qui est en conflit avec le paysage ou qui lui donne un sens.

Capucine Vandebrouck, Puddles, 2017

Puddles est une installation éphémère et vivante dessinant une flaque d’eau. Capucine Vandebrouck en suivant un protocole précis la contient grâce à une frontière hydrophobique préalablement esquissée au sol.
Elle façonne ici l’éphémère et renverse le réel.
En revisitant les frontières de ce qu’on connaît déjà et en cernant ce qui habituellement ne peut être contenu, Puddles nous conduit dans un entre deux, entre la compréhension et la lecture de la réalité. Cette installation
vivante en perpétuelle mutation met à l’épreuve le « ici et maintenant » propre à l’impermanence du matériau.


Cette étendue d’eau devient alors un miroir où se reflète l’environnement qui l’entoure et où les jeux de lumière sont omniprésents. Capucine Vandebrouck
a participé à la Kunsthalle à l’exposition Où sommes-nous.

Wiktoria Wojciechowska, Short Flashes, 2013-2014

Short Flashes est une série de 12 photographies. En septembre 2013, Wiktoria Wojciechowska est au coeur d’un typhon saisonnier sur la ville de Hangzhou, au sud-est de la Chine. L’eau submerge la ville et ses habitants.
Ils se hâtent sous la pluie. L’artiste a ainsi pour première impression, une ville pluvieuse et colorée, remplie de cyclistes vêtus d’imperméables. L’artiste a mémorisé les expressions de leurs visages, les émotions, la fatigue,
les silhouettes colorées et brillantes mues par le vent, les réactions du corps au mauvais temps.


Seul un flash pouvait figer le moment. De courts éclairs capturent les gens qui se battent contre la pluie. Les visages sont nets et détaillés et l’effet presque pictural des imperméables colorés créent un portrait paradoxal de
ces habitants : une tentative d’isoler les individus, de saisir une myriade d’expressions sur les visages trempés, sans ne jamais savoir qui ils sont vraiment.

Wiktoria Wojciechowska, Short Flashes,
2013-2014.
12 impressions jet d’encre sur papier
d’archive, 80×768 cm.
© FFS – Wiktoria Wojciechowska

Transporteurs, cuisiniers, étudiants, ouvriers ou constructeurs. Sous
la pluie, ils sont tous égaux et la protection de plastique coloré ne peut dévoiler aucun statut social. Wiktoria Wojciechowska a présenté à la Filature de Mulhouse « Sparks (Étincelles) », un focus sur la Pologne, une exposition qui donne à voir en 72 portraits de quelque 60 personnes différentes,  inspirée de
la tradition des portraits militaires.

Informations pratiques

Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller – FRANCE
TEL : +33 (0)3 89 82 10 10 info@fondationfrancoisschneider.org

Visites guidées (dates ici)
Tous les mercredis à 14h et tous les premiers dimanches du mois à 11h et 14h.
Visite comprise dans le billet d’entrée.
Réservation obligatoire au 03.89.82.10.10. ou à info@fondationfrancoisschneider.org
Port du masque obligatoire.

N’oubliez pas de cliquer sur le nom des artistes pour découvrir leurs sites
et ainsi leur travail

L’OEil de Huysmans. Manet, Degas, Moreau

Jusqu’au 17 janvier 2021
Au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS)

Commissariat : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du Patrimoine, directrice du MAMCS. L’étape strasbourgeoise de cette exposition a bénéficié de l’expertise de Robert Kopp, professeur de littérature française, Université de Bâle.

« Nul n’a jamais été doué d’un regard aussi aigu, aussi vrillant, aussi net, aussi adroit à s’insinuer jusque dans les replis des visages, des rosaces et des masques. Huysmans est un œil. »

Remy de Gourmont, Le Livre des Masques, Paris, 1896-1898

Le projet

En partenariat avec le musée d’Orsay et conçue comme un voyage dans l’oeuvre de l’écrivain Joris-Karl Huysmans (1848-1907), l’exposition du MAMCS présente les écrits, les oeuvres et les objets qui contribuent à forger les univers de Huysmans, caractéristiques d’une fin de siècle qui oscille entre fascination pour le progrès et curiosité pour l’occulte.

La scénographie de l’exposition

Conçu par l’atelier FCS – Frédéric Casanova Scénographe -, la scénographie de l’exposition L’OEil de Huysmans : Manet, Degas, Moreau,… s’est attaché à établir un parcours fluide aux ambiances différenciées dans lequel l’écriture de Huysmans est centrale. Sans hiérarchie de genre, ce parcours magnifie aussi bien le chef d’oeuvre que le petit objet, tout en maintenant une présence fortes des écrits de l’auteur qui constituent véritablement le coeur du projet de l’exposition.

Figure du naturalisme (considéré comme « fils spirituel de Zola »), chroniqueur d’un Paris en pleine mutation, critique d’art éclairé, auteur décadent, écrivain catholique, Huysmans fut toutes ces plumes à la fois. Elles ne s’excluent pas les unes les autres, mais au contraire se superposent comme autant de couches de glacis sous le pinceau du peintre Primitif. « Exposer Huysmans » relève du défi car un tel projet implique de mettre en présence des œuvres, objets et écrits bien différents : les carnations d’Edgar Degas et les noirs de Félicien Rops, le livre précieux et le traité médical, les parfums élégants et l’objet de pacotille. Huysmans collectionne les mots et offre à son lecteur de rutilants catalogues de couleurs, de matières et de sensations, quelle que soit la nature du récit qui l’occupe (chroniques pour la presse, romans, correspondances…).

Volet complémentaire et enrichi du projet développé par le musée d’Orsay, cette exposition est conçue comme autant de tableaux aux ambiances différenciées. Elle est agencée en dix salles qui vont du boudoir à la rue de Paris, du Salon à l’évocation de la demeure de Des Esseintes, héros iconique d’À Rebours (1884), sans oublier l’architecture et l’art religieux, sujets de prédilection du dernier Huysmans. Le visiteur est invité à découvrir un parcours sensoriel où se rencontrent une certaine idée de la modernité et la décadence latine, le retable d’Issenheim et les Folies-Bergères, le rêve et la mélancolie.

Parcours

L’exposition ouvre sur l’oeuvre magistrale de l’artiste contemporaine luxembourgeoise Su-Mei Tse (née en 1973), Many spoken words (2009), que l’on peut sans difficulté rapprocher du repas funèbre raconté par Huysmans dans À Rebours (1884).  Cette superbe et étrange fontaine où s’écoule en continu une eau teintée de noir rappelle l’intérêt de l’artiste (venue de la musique) pour le son.

Le Drageoir aux épices

Cette première salle met en place les « menus bibelots » et « fanfreluches » (pour reprendre la dédicace de l’ouvrage) qui forgent l’univers d’un jeune homme, alors employé administratif au ministère de l’Intérieur qui rêve aussi bien de couleurs que de matières, de paysages hollandais que de japonaiseries, de la Reine Margot et d’un hareng saur. Drageoir en cristal, invraisemblables sonnettes de tables, bonbonnières, gravures anciennes, font cercle autour
d’une galerie de portraits contemporains et posthumes de l’écrivain (notamment par Forain, Vallotton ou encore André Breton).

Croquis parisiens

Huysmans aimait à se présenter comme « un inexplicable amalgame d’un parisien raffiné et d’un peintre de la Hollande ». Né dans une vieille bâtisse du quartier latin, à deux pas de Notre-Dame, il n’aura de cesse, toute sa vie, d’arpenter sa ville de coeur, de la peindre à la manière d’un Rembrandt ou d’un Jan Steen. Étudiant bohème, il fréquente les théâtres, bals et musichalls,
et s’éprend d’une actrice de Bobino, qu’il encense dans ses toutes premières critiques. La salle dédiée aux Croquis parisiens présente notamment un ensemble important d’affiches anciennes (liées au monde du spectacle, à la littérature, aux réclames pour des objets usuels) témoignant de la vitalité de la capitale, issues de la collection du MAMCS.

Huysmans au Salon

« Sur les 3040 tableaux portés au livret, il n’y en a pas cent qui valent qu’on les examine »,
déclare, péremptoire, Huysmans à l’issue de sa visite au Salon de 1879.
Cette salle propose une évocation de ce rendez-vous annuel où
sont exposées des milliers d’oeuvres, quasiment à touche-touche, sur plusieurs lignes, où se mélangent les genres, les styles… et les talents. Ce « Salon » imaginaire reconstitué pour l’exposition superpose en fait plusieurs expositions (officielles et indépendantes) ; il accueille une sélection d’oeuvres exceptionnelles, issues des collections du musée d’Orsay et des musées
de Strasbourg, où se côtoient en une même vision, les engouements et détestations de Huysmans. Impitoyable envers les gloires académiques (le commentaire de La Naissance de Vénus de Bouguereau est en soi un morceau inoubliable de sa critique d’art), Huysmans encense les peintres qui ont
« le souci de la vie contemporaine » au premier rang desquels il place notamment Degas, Caillebotte (avec les célèbres Raboteurs de parquets)
et Raffaëlli.

Décadences

Décadents, symbolistes, poètes maudits… Les dernières décennies du XIXe siècle voient émerger une nébuleuse d’écrivains dont Huysmans fut partie prenante.  Dans sa bibliothèque décadente idéale, des Esseintes, l’anti-héros d’À Rebours, abrite des auteurs qui, pour certains,
furent aussi les amis de Huysmans. Robert de Montesquiou, dandy, collectionneur et poète,  ne
pardonnera jamais à Huysmans de l’avoir utilisé comme modèle pour des Esseintes, faisant de lui l’archétype de l’esthète décadent.

L’Art de la nuance

À Rebours est publié en 1884. Dans ce « livre empoisonné » (comme l’appellera Dorian Gray dans le roman d’Oscar Wilde), Huysmans raconte les névroses d’un anti-héros, le comte Jean Floressas des Esseintes. Nerveusement épuisé par la vanité de toute chose, des Esseintes se retire « loin du monde » La salle, véritable « cabinet rouge », présente des collections d’objets issus de la culture
technique tels que les nuanciers utilisés par les fabricants de textiles, les palettes utiles aux peintres émailleurs ainsi qu’une sélection de papiers peints de la fin du XIXe siècle. La salle accueille également un « petit théâtre » évoquant l’épisode du dialogue entre le Sphinx et la Chimère dans lequel des Esseintes engage une ventriloque pour qu’elle anime les créatures en leur faisant réciter un extrait de La Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert (1874).
La salle présente enfin la seconde oeuvre d’art contemporain acquise dans la perspective de l’exposition : il s’agit d’un cabinet de curiosités intitulé The Unruly Collection par l’artiste nord-américain Mark Dion (né en 1961) qui réunit quarante-trois « curiosités » faussement issues de la nature, car toute de la main de l’artiste.

Éloge de l’artifice et de la sensation

Avec À Rebours, Huysmans porte à son apogée l’idée de correspondances chère à Baudelaire, selon laquelle « les parfums, les couleurs et les sons se
répondent ». Dans cette salle, un dispositif olfactif évoquant l’orgue à parfums de Des Esseintes invite le visiteur à faire l’expérience des parfums rencontrés chez Huysmans, recréés spécifiquement pour l’exposition par la maison Lubin (qui fournissait déjà l’écrivain à la fin du XIXe siècle) :
l’héliotrope, l’opoponax, le patchouli, la rose thé et l’inimitable frangipane offrent ainsi un moment de pure synesthésie au milieu du parcours.

Le Goût de l’étrange

Rechercher dans l’étrange de nouvelles sensations, voilà qui retient aussi
l’attention de Des Esseintes : le héros décadent d’À Rebours, comme son auteur, s’intéressent de près à la science des rêves, aux façons de soigner les névroses, aux prémices de la psychiatrie. Les traités médicaux figurent parmi les lectures de Huysmans.
Sur le plan artistique, c’est Odilon Redon qui incarne le mieux cet attrait pour un ailleurs que Huysmans envisage comme « un fantastique de maladie et de délire. » Ses suites gravées chères à Huysmans (Hommage à Goya, Sur le Rêve, Edgar Poe) qui en fut l’élogieux commentateur traduisent, en effet, un imaginaire au symbolisme sombre qui semble le prolongement des cauchemars de Des Esseintes.

Expériences occultes

Cherchant une compensation « aux purulences d’une époque qui répugne »,
Huysmans s’est lancé à la recherche d’un savoir que, depuis la nuit des temps, les hommes ont essayé de se procurer par la sorcellerie, la magie noire, l’ésotérisme, l’astrologie, la voyance et autres sciences occultes.

Élévations

Après l’écriture d’À Rebours, Huysmans se trouve dans une impasse existentielle. L’écrivain Barbey d’Aurevilly affirme qu’il ne lui reste plus qu’à choisir « entre la bouche d’un pistolet et les pieds de la croix ». Ce sera la croix ; après Là-bas, consacré à l’occultisme, Huysmans se tourne vers la mystique chrétienne.

La Religion de l’art

Les oeuvres des peintres dits « primitifs » influencent la vie spirituelle de l’écrivain. Il s’incline devant Memling, le maître de Flémalle, Fra Angelico ou Van der Weyden, artistes profondément croyants des XVe et XVIe siècles.

Mais c’est la découverte de l’oeuvre de Matthias Grünewald, peintre rhénan de la même époque, qui constitue sa plus grande révélation, preuve pour Huysmans que l’esprit peut loger au plus intime de la matière

Informations pratiques

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : tous les jours – sauf le lundi – de 10h00 à 18h00

Programme des visites et conférences, catalogue :
https://www.musees.strasbourg.eu/l-oeil-de-huysmans

Man Ray et la mode

Jusqu’au 17 janvier 2021 au Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris

« Pour plonger dans la flamboyance des années 1920 et 1930 en France, il n’y a guère de lecture plus évocatrice que celle de l’Autoportrait de Man Ray […] »

« Est-ce parce que l’objet le fascine que Man Ray est de ces photographes de mode par inadvertance qui n’oublient pas la mode elle-même ? »

Olivier Gabet, Directeur du musée des Arts décoratifs, Paris

commissaire général : Xavier Rey, directeur des musées de Marseille
commissaires scientifiques
Alain Sayag, conservateur honoraire au Musée national d’Art moderne 
Catherine Örmen, conservateur, historienne de la mode
scénographie : Agence NC, Nathalie Crinière assistée de Lucile Louveau
graphisme : Anamorphée/Pauline Sarrus
conception lumière : Studio 10-30

A regarder sur Arte « l’amour à l’oeuvre – Man Ray et Lee Miller »

Les portraits ( bande annonce -vidéo )

L’oeuvre de cette grande figure de la modernité est ici présentée sous un angle méconnu. Protagoniste de la vie artistique parisienne de l’entre-deux guerres et du surréalisme en particulier, Man Ray avait fait l’objet d’une importante rétrospective au Grand Palais en 1998, et d’une exposition à la Pinacothèque de Paris en 2008. Mais son oeuvre n’avait jamais été explorée sous l’angle de la mode.

Man Ray est sans conteste le père de la photographie de mode. Il arrive à Paris en 1921 sur les conseils de Marcel Duchamp, qui l’introduit dans le milieu de l’avant-   garde et dans le Tout-Paris des années folles. Pour des raisons alimentaires, Man Ray va d’abord s’adonner avec succès au portrait mondain et glisser peu à peu des mondanités vers la mode.
Son premier contact dans le monde de la mode sera Paul Poiret, mais bien vite la plupart des grands couturiers vont faire appel à lui : Madeleine Vionnet, Coco Chanel, Augusta Bernard, Louise Boulanger, et surtout, Elsa Schiaparelli.                                 
                                                                                               Peggy Guggenheim   

La photographie de mode

Née avec le XXe siècle, la photographie de mode est balbutiante : au début des années 1920, elle est utilitaire, documentaire et inféodée aux codes de l’illustration de mode. Rapidement, les magazines, principaux vecteurs de diffusion des modes, vont lui consacrer de plus en plus de place. Ainsi Man Ray
commence-t-il à publier ses portraits dans les chroniques mondaines de Vogue, Vanity Fair, et Vu, mais c’est Harper’s Bazaar, au cours des années 1930, qui fera de lui un photographe de mode célèbre.
Ses compositions étranges, ses recadrages, jeux d’ombres et de lumière, ses solarisations, colorisations et autres expérimentations techniques vont contribuer à la création d’images oniriques et frappantes, qui
s’inscriront dans des mises en page particulièrement novatrices.
C’est ainsi que l’artiste offre à la mode une vision nouvelle du désir et du rêve
et à la photographie de mode ses lettres de noblesse.


La publicité

Figure de l’avant-garde, Man Ray est ainsi impliqué dans la culture de masse qui émerge au travers de la mode et de la publicité. L’exposition met en lumière cet enrichissement permanent entre « l’art pour l’art » et les productions assujetties à une commande. Ainsi de la photographie iconique, Les Larmes,
qui est d’abord, il convient de le rappeler, une publicité pour une commande pour une marque de rimmel, le « Cosmécil » d’Arlette Bernard, publiée dans le
magazine Fiat en 1934, accompagnée du slogan « pleurez au cinéma / pleurez au théâtre / riez aux larmes, sans crainte pour
vos yeux » Cette composition est devenue une des images les plus célèbres de Man Ray. Ces Larmes, exemple type du changement qu’il peut opérer.  Elle juxtapose une image en gros plan de l’oeil du modèle et de larmes de verre. Le recadrage gomme la platitude du contact photographique et lui confère un graphisme qui donne tout son mystère à l’image.

Les modèles de haute couture

Dans l’exposition, une large sélection de photographies – tirages originaux, mais également tirages contemporains de grand format – dialogue avec quelques modèles de haute couture et des documents cinématographiques évocateurs de la mode des années 1920 et 1930, une mode qui fait désormais la
part belle à la coiffure et au maquillage.

Ces courts extraits audiovisuels donnent un autre éclairage sur la mode en montrant que la manière de filmer s’émancipe aussi. Quant aux revues de mode, elles occupent une large place, afin de souligner le rôle majeur qu’elles ont tenu dans la diffusion toujours plus large d’une esthétique nouvelle. Man Ray a tout fait pour dissimuler ce qu’il considérait comme une activité mineure, son « métier » de
photographe professionnel, préférant privilégier une posture d’artiste peintre inventif et libre. Lorsqu’il pratiquait la photographie de mode il tirait parcimonieusement, se limitant aux contacts puis seulement aux images retenues pour la publication. A cette époque, les revues étaient propriétaires, non seulement des tirages, mais aussi des négatifs. La dispersion et la rareté de ces images aujourd’hui réunies dans
l’exposition leur confère un caractère exceptionnel.

Le recours à des tirages modernes pour en montrer certaines permet d’apprécier les différences entre des épreuves qui ont cependant toutes été réalisées à partir des négatifs originaux, car la photographie est un
objet, et pas seulement une image.

L’apogée de la photographie

Lee Miller, le visage peint

Kiki de Montparnasse

Noire et blanche
Epreuve gélatino argentique, Tirage d’exposition
réalisé d’après le négatif sur plaque de verre
20,4 x 28,2 cm
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art
moderne/Centre de création industrielle,
achat par commande
Madame Toulgouat portant une robe d’Elsa Schiaparelli
EN GUISE DE CONCLUSION

L’exceptionnelle vitalité du milieu mondain et le contexte des années 1920 favorable à l’abolition des frontières entre les arts, ont joué en faveur d’une promotion de la mode. Les couturiers, désormais personnalités mondaines à part entière, ont eux-mêmes encouragé les artistes et stimulé leur créativité.
En peu de temps, la mode – et plus particulièrement la haute couture –, a vu son aura s’élargir. Quant à son corollaire, la photographie de mode, elle devient, dès les années 1930, une discipline artistique autonome.
Man Ray quitte Paris en 1939. A son retour en en mai 1951 la ville n’est n’est plus celle qu’il avait découverte, à peine débarqué d’Amérique, au début des années 1920. La chaleur communicative des passions partagées avec Tristan Tzara ou Marcel Duchamp, la découverte amusée d’un mode de vie relativement confortable, sont bien loin. Il se retrouve confiné dans l’humidité obscure d’un ancien garage, à l’ombre des tours sévères de l’église Saint-Sulpice. Sa réussite de photographe de mode recherché, de coqueluche des riches expatriés américains, appartient désormais au passé et il se consacre à sa vocation de peintre qui ne l’a jamais vraiment quitté.
Face à l’histoire il prend une posture, qu’il tiendra jusqu’à la fin, celle d’un « touche-à-tout » de génie, dilettante de talent qui ne prétend faire que ce qui l’amuse et récuse toute contrainte économique et sociale.
Pourtant, la photographie de mode, cette partie longtemps occultée de son travail de photographe professionnel, demeure le témoignage d’une incontestable réussite.
Le parcours de l’exposition se déroule à travers les sections suivantes:
Du portrait des années 1920 à la photographie de mode, La montée de la mode et de la publicité et L’apogée d’un photographe de mode, les années Bazaar.

Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris

ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h / nocturne jusqu’à 22h le lundi
fermetures exceptionnelles à 18h les 24 et 31 décembre

Sommaire du mois de septembre 2020

Robes du soir, présentées dans l’exposition Man Ray et la mode au musée du Luxembourg
Jeanne Lanvin et Jean Charles Worth (1925)

20 septembre 2020 : Le Monument, Le Labeur Et L’hippocampe
15 septembre 2020 :  Delphine Gutron
12 septembre 2020 :  Taro Izumi. ex
08 septembre 2020 : Pour tout le sel de la terre
06 septembre 2020 : Susanna Fritscher, Frémissements
04 septembre 2020 : Richard Chapoy -ARTCHIMIE-