Elles font l’abstraction

Hélène Frankenthaler, Cool Summer 1962

L’exposition « Elles font l’abstraction » présentée au Centre Pompidou  jusqu’au 23 août 2021, propose une relecture inédite de l’histoire de l’abstraction depuis ses origines jusqu’aux années 1980, articulant les apports spécifiques de près de cent dix « artistes femmes ».

 


La commissaire générale Christine Macel et la commissaire associée pour la photographie, Karolina Lewandowska, revisitent cette histoire, tout en mettant en évidence le processus d’invisibilisation qui a marqué le travail des
« artistes femmes », à travers un parcours chronologique mêlant arts plastiques, danse, photographie, film et arts décoratifs. Les artistes y sont présentées, selon les termes choisis pour le titre, comme actrices et cocréatrices à part entière du modernisme et de ses suites.

Cette histoire au féminin remet en cause la limitation de l’étude de l’abstraction à la seule peinture, une des raisons pour lesquelles nombre de femmes en ont été écartées, une certaine approche moderniste rejetant la dimension spiritualiste, ornementale et performative de l’abstraction.

La perspective se veut également globale, incluant les modernités d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie, sans oublier les artistes africaines-américaines qui n’ont eu de visibilité qu’à partir du début des années 1970, pour raconter une histoire à plusieurs voix et dépasser le canon occidental. Des espaces plus documentaires sont dévolus dans la scénographie à des expositions fondatrices, des actrices majeures de l’abstraction, des figures de la critique, notamment au sein des luttes féministes des années 1970 puis de leur relecture postmoderne.

Les questionnements

« Elles font l’abstraction » soulève par ailleurs de multiples questionnements.

Le premier concerne les termes mêmes du sujet : l’abstraction, ce langage à partir de formes plastiques qui s’épanouit au début du 20e siècle, embrasse en fait de multiples définitions.
Un autre porte sur les causes de l’invisibilisation spécifique des femmes dans les histoires de l’abstraction perdurant encore aujourd’hui. Peut-on continuer
à isoler des « artistes femmes » dans une histoire séparée, alors qu’on la souhaiterait plurivoque et non genrée ?
Il s’agit enfin de révéler les apports spécifiques des artistes présentées. Chacune à leur façon, ces artistes particulières, originales et uniques, sont partie prenante de cette histoire.

Le parcours

Ce sont 42 salles un peu labyrinthiques qui vont du Symbolisme, en passant par
Les Russes de l’avant-garde, les Expressionnismes abstraits, la Sculpture, le néo-concrétisme brésilien, au Abstractions cosmologiques. Un magnifique parcours qui demande attention et concentration.
Un podcast que vous pouvez télécharger et écouter sur votre smartphone,
enregistré par la commissaire Christine Macel  vous guide à travers l’exposition

Quelques jalons du parcours

Georgiana Houghton

Après des études artistiques, Georgiana Houghton se tourne vers le spiritualisme alors

en vogue en Angleterre. À partir de 1861, à l’aide d’une planchette à laquelle elle suspend des crayons puis à main libre, elle réalise des dessins abstraits inspirés par des guides spirituels, relevant du « symbolisme sacré ». En 1871, elle présente 155 dessins dans une galerie qu’elle loue à Londres. Malgré l’échec financier, quelques critiques lui sont favorables. Elle écrit que « ses œuvres ne pouvaient être critiquées selon des canons connus et acceptés de l’art ». Elle ne sera redécouverte internationalement qu’en 2015. Houghton se définissait comme artiste mais n’a pas conceptualisé son abstraction. Celle-ci relève encore d’un désir de « représentation » du transcendant. Il n’en demeure pas moins qu’en abandonnant le figuratif, elle a été la plus radicale de ces artistes spirites et elle se situe aux origines de l’abstraction à venir.

Hilma af Klint

Formée à l’Académie royale des beaux-arts de Stockholm où les femmes pouvaient étudier depuis 1864 − fait exceptionnel en Europe −, puis initiée au spiritisme, Hilma af Klint peint ses premières œuvres abstraites dès 1906, avec la série Primordial Chaos. Entre 1906 et 1915, elle réalise son œuvre centrale, les 193 Peintures pour le Temple. Influencée par la théosophie puis l’anthroposophie de Rudolf Steiner, elle reçoit des « commandes » d’êtres supérieurs rencontrés dès la fin des années 1890. Les découvertes de la théorie de l’évolution en biologie ainsi que de l’atome et de la théorie de la relativité en physique renforcent sa conviction que l’esprit domine la matière et que la conscience peut changer l’être. L’abstraction est pour elle la manifestation naturelle de l’esprit vivant qui relie tous les êtres. Cependant, ces œuvres sont plus a-mimétiques (elles n’imitent pas le réel) qu’abstraites, au sens de « formes pures » détachées de toute volonté de représentation. En 1932, af Klint soustrait volontairement son œuvre au regard, exigeant qu’elle ne soit dévoilée que vingt ans après sa mort. Elle n’aura donc pas de reconnaissance avant les années 1980. Mais l’ampleur et l’originalité de sa recherche en font une précurseure longtemps méconnue de l’abstraction symboliste de la fin du 19e siècle.

Sonia Delaunay-Terk

Sonia Delaunay-Terk étudie en Allemagne avant de s’installer à Paris en 1906. Elle y épouse Robert Delaunay en 1909 devant lequel elle s’est trop souvent effacée pour mieux entretenir son souvenir. Son abstraction colorée, exaltée par la loi des « contrastes simultanés », s’étend des beaux-arts aux arts appliqués, en une union originale entre art et vie quotidienne.
Par ses assemblages de morceaux de tissus ou de papiers colorés, elle réalise dès 1911 des œuvres abstraites. En 1913, La Prose du Transsibérien inaugure ses recherches sur les correspondances entre la couleur, le son, le mouvement et le rythme. Exilée en Espagne pendant la première guerre mondiale, elle ouvre à Madrid une maison de décoration et de mode, Casa Sonia, puis conçoit des costumes et ouvre sa propre maison de couture en 1925 à son retour à Paris. Évoluant dans un milieu essentiellement masculin, elle refusera toujours d’être perçue comme une « femme artiste ». Elle devra cependant attendre 1967 pour être enfin reconnue pour elle-même.

Sophie Taeuber-Arp

Artiste majeure de l’abstraction, Sophie Taeuber, fille d’une féministe avant l’heure ouverte aux arts, fréquente l’école de dessin du musée pour l’industrie et l’artisanat de Saint Gall en Suisse avant de recevoir une formation de textile et travail du bois à Munich. Elle développe son propre vocabulaire formel abstrait à partir de formes géométriques, sans passer par un processus d’abstraction. Elle décloisonne également les arts, mettant sur le même plan arts plastiques et arts appliqués. En 1915, lorsqu’en pleine guerre, Taeuber fait la connaissance de Jean Arp, elle a déjà une vaste culture, à la fois théorique et concrète. Ses essais de broderies et tissages impressionnent et influencent Arp. Son œuvre traverse ensuite toutes les époques et les médiums, de la danse dadaïste en 1916 et des têtes en bois tourné à partir de 1918, à ses réalisations à L’Aubette en 1928, en passant par ses contributions aux groupes phares de l’abstraction à partir des années 1930, jusqu’à son décès brutal en 1943.
Son abstraction épurée demeure imprégnée de mouvement et de rythme, caractéristiques de sa pratique de danseuse au milieu des années 1910. Eclipsé en partie par celle de son mari qui se réclamait pourtant de son influence, son œuvre rencontre une reconnaissance posthume amorcée par la Documenta 1 de 1955, où elle est l’une des rares femmes exposées.

« Eccentric Abstraction »

                 Louise Bourgeois, Eva Hesse, Lynda Benglis, Rose Marie Castoro.

 

En 1966, la critique d’art Lucy Lippard organise l’exposition « Eccentric Abstraction » à la Fischbach Gallery de New York. Elle y rassemble des artistes privilégiant des matériaux peu conventionnels, comme la fibre de verre ou le latex, dont les sculptures informes sont imprégnées d’un fort sentiment corporel. Leur abstraction à l’aspect organique répond de façon subversive et parfois humoristique à la modularité rigide de la forme minimale.
Des sculptures de Louise Bourgeois, Eva Hesse ou Alice Adams y sont présentées. L’œuvre sculpturale de Rosemarie Castoro, légèrement postérieure, relève d’une même déconstruction du formalisme géométrique de l’art minimal.
                                                        Apy Art centre collective
                                   la loi des femmes est vivante sur nos terres 2018

Informations pratiques

Le Centre Pompidou 75191 Paris cedex 04
Métro : Hôtel de Ville, Rambuteau RER Châtelet-Les-Halles

Horaires
Exposition ouverte tous les jours de 11h à 21h, sauf le mardi

Museum Tinguely AHOY !

Das umgebaute Frachtschiff MS Evolutie auf dem Rhein vor dem Basler Münster© 2021 Museum Tinguely, Basel; Foto: Matthias Willi

Paris – Amsterdam – Bâle

Museum Tinguely AHOY ! Paris – Amsterdam – Bâle

A Paris le 17 juillet – 26 septembre 2021

Départ de Bâle depuis le 27 juin 2021

Le projet

À l’occasion de son 25e anniversaire, le Musée Tinguely entame cet été un grand voyage en bateau intitulé « Museum Tinguely AHOY ! » : à bord d’une péniche reconvertie, le musée fera ainsi découvrir de plus près l’art de Jean Tinguely (1925-1991), l’un des artistes suisses les plus importants et les plus novateurs du xxe siècle.

Le navire amarrera dans différents lieux qui ont marqué l’évolution artistique de Tinguely – de Paris à Bâle, en passant par Anvers et Amsterdam et la région métropolitaine Rhin-Ruhr. Le voyage a  débuté à Paris le 17 juillet, et, après un itinéraire de onze semaines à travers la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, le bateau reviendra à Bâle le 25 septembre 2021. Il présentera une exposition dans la coque du navire et une spectaculaire sculpture-fontaine sur le pont. Ce voyage anniversaire traversera onze endroits en tout et proposera, en collaboration avec des institutions partenaires locales, un programme varié de chaque fois deux jours – expositions, médiations culturelles et performances d’artistes contemporaines. Le trajet montre combien, dès le milieu des années 1950, l’artiste était inscrit dans un réseau international et quelles relations intenses le musée entretient aujourd’hui avec d’autres institutions. 
Le projet« Museum Tinguely AHOY ! » se déplace à bord d’une péniche reconvertie de 40 mètres de long, la MS Evolutie.

Anniversaire

À l’occasion de son 25e anniversaire, le Musée Tinguely fête
« 25 Years of Moving Art» jusqu’au mois de décembre de cette année.
Comme point fort des festivités, le musée se lance cet été dans une aventure qui mènera l’art par les voies fluviales, tout comme Tinguely lui-même aurait pu le faire. Avec cette expédition, le musée entend aussi afficher l’image qu’il a de lui-même et cultiver les partenariats existants, en susciter de nouveaux, et manifester, en cette année particulière, son souhait d’offrir au public une expérience culturelle tout à fait unique dans différents lieux d’Europe. Pour la fête d’anniversaire, prévue  du  25 au  26 septembre  2021, la péniche effectuera la dernière étape de ce grand voyage et retournera à Bâle, où elle accostera directement devant le Musée Tinguely.


Une exposition

Une exposition documentaire sur l’art de Jean Tinguely est présentée à bord de la péniche, avec des références particulières à chacune des étapes du voyage qui retracent la biographie de Tinguely en tant qu’artiste, voyageur, homme de réseaux et ami. Pour couronner le tout, la sculpture fontaine Schwimmwasserplastik  (1980)  de  Tinguely,  qui se trouve sinon devant le Musée Tinguely, est montée sur le pont de la péniche même.

Le voyage

Le voyage de la péniche MS Evolutie ira de Paris à Bâle en passant par Amsterdam. Ses différentes étapes se feront dans les lieux qui ont marqué la carrière de Jean Tinguely et la réception de son œuvre. La péniche a quitté Bâle le 27 juin et a effectué sa première escale à Paris le 17 juillet. De là, elle poursuit vers Anvers et Amsterdam,  puis remontera le Rhin jusqu’à  Bâle,  où  elle arrivera  pile  pour fêter le fameux anniversaire  pendant tout un week-end.
Le choix des escales correspond à des références historiques et des institutions significatives pour le travail de Tinguely.  Ce  parcours  illustre la  force  du réseau international de l’artiste  à  partir  du  milieu  des  années 1950  et l’importance continue de ce réseau aujourd’hui pour le Musée Tinguely.

« Museum Tinguely AHOY ! » est une occasion unique de découvrir le musée et l’artiste hors de Bâle, dans de nombreuses localités européennes en lien avec la vie de l’artiste. L’accès à la péniche dépend d’un lieu à l’autre de la réglementation sanitaire en vigueur dans le pays concerné.

Les étapes du voyage

Paris, du 17 au 18 juillet, RMN-Grand Palais, La Villette et Centre Pompidou

Paris est à la fois centre et lieu d’inspiration dans la carrière artistique du jeune Tinguely. À partir de 1954 ont lieu de nombreuses expositions en galerie suivies par de grandes rétrospectives muséales.

Anvers, du 28 au 29 juillet, Het Bos et Royal Academy of Fine Arts

À Anvers, Tinguely a participé à deux expositions collectives importantes: en 1957, à la rve Biennale voor Beeldhouwkunst, Middelheimpark, et en 1959 à Vision in Motion Motion in Vision au Hessenhuis.

Maastricht, du 2 au 3 août, Bonnefantenmuseum

Le Bonnefantenmuseum est un partenaire de coopération du Musée Tinguely dans différents projets.

Amsterdam, du 8 au 9 août, Stedelijk Museum Amsterdam

Au Stedelijk Museum d’Amsterdam ont eu lieu de nombreuses expositions novatrices avec des œuvres de Tinguely : Jean Tinguely: Tekeningen (1969), Jean Tinguely (1973), Jean Tinguely (1984), ainsi que l’exposition Bewogen Beweging (1961) et Dylaby: dynamisch labyrint (1962). Et plus récemment, en 2016-2017, la grande rétrospective : Jean Tinguely Machine Spectacle.

Gelsenkirchen, du 16 au 17 août, Kunstmuseum Gelsenkirchen et Musiktheater im Revier

En 1958-1959, à l’invitation d’Yves Klein, Tinguely a participé à la décoration de l’opéra, où il a installé un relief cinétique qui existe encore aujourd’hui.

Duisbourg, du 20 au 21 août, Wilhelm Lehmbruck Museum

En 1976, Tinguely a reçu le prix Wilhelm-Lehmbruck et en 1978, il a organisé la grande exposition Jean Tinguely: Meta-Maschinen. Plusieurs œuvres cinétiques spectaculaires se trouvent aujourd’hui dans la collection du musée.

Krefeld, du 25 au 26 août, Kunstmuseen Krefeld

En 1960, Tinguely présentait sa première exposition monographique au musée Haus Lange. Le premier relief multiple de Tinguely, à savoir le « tableau machine » Haus Lange de 1960, a été créé pour Krefeld.

Düsseldorf, du 28 au 29 août, ZERO Foundation

Tinguely était ami avec les artistes du groupe Zero. Il a participé à des expositions communes et été représenté à plusieurs reprises à la Galerie Schmela. En 1959, il y a mis en scène le lancer de son manifeste Für Statik depuis un avion.

Coblence, du 3 au 4 septembre,  Ludwig Museum Koblenz

Le Ludwig Museum Koblenz abrite dans sa collection des œuvres de Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle et Eva Aeppli.

Francfort, du 8 au 9 septembre, Frankfurter Kunstverein

En 1979, le Musée Stadel a présenté l’exposition Tinguely –  Luginbühl.

Mannheim, du 14 au 15 septembre, Kunsthalle Mannheim

L’art de Tinguely constitue ici un point fort de la collection. En 2002-2003, la Kunsthalle a présenté la rétrospective Jean Tinguely Stillstand gibt es nicht.

Bâle, du 25 au 26 septembre, Musée Tinguely


Fondé en 1996, cinq ans après la mort de Tinguely, le Musée Tinguely fête son 25e anniversaire en 2021.

La sculpture-fontaine Schwimmwasserplastik

Le point fort du projet « Museum Tinguely AHOY ! » est la Schwimmwasserplastik (1980) de Jean Tinguely, qui se trouve normalement devant le Musée Tinguely, dans le parc Solitude environnant. Elle est installée pour l’occasion sur le pont de la péniche.

Jean Tinguely, Schwimmwasserplastik (1980) 407 x 214 x 184 cm, ferraille, tuyaux d’arrosage, embouts, moteurs électriques Musée Tinguely, Bâle,
donation Paul Sacher
© 2021 Musée Tinguely, Bâle ; photo : Daniel Spehr

Actionnée par des roues peintes en noir, la sculpture-fontaine projette de l’eau dans toutes les directions à partir de cinq buses différentes ; en fonction du vent, ce spectacle de pulvérisation mécanique peut éclabousser le spectateur. Tinguely voulait que la fontaine déverse de l’eau à profusion et dans toutes les directions, comme un feu d’artifice. L’artiste aimait d’ailleurs particulièrement le caractère ludique de l’eau et a créé ainsi des formes éphémères qui en prolongent le jaillissement. De la même manière, il a augmenté ses sculptures de mouvements ou de sons pour générer des expériences sensorielles complètes

Informations pratiques Musée Tinguely

Itinéraire du navire : départ à Bâle le 27 juin 2021 / ire escale Paris, le 17 juillet 2021
/ Retour à Bâle, le 24 septembre 2021
Titre de l’exposition :
« Et tout ceci est vrai ! Sur les traces de Tinguely entre Paris, Amsterdam et Bâle »
détail àvenir
 présentation : du 17 juillet au 26 septembre 2021 sur la péniche
transformée MS Evolutie, « Museum Tinguely AHOY ! »
2e présentation : du 20 octobre 2021 au 23 janvier 2022 au Musée Tinguely (Journée portes ouvertes: le 19 octobre 2021 de 11h à 20h)
Adresse: Musée Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle
Heures d’ouverture : de 10h à 20 h
Heures d’ouverture du bateau : du mardi au dimanche, de 11h à 18h

Sites Internet : www.tinguely.ch I www.mtahoy.com
Réseaux sociaux : @museumtinguely 1 #museumtinguely 1 #tinguely 1
#museumtinguely251 #museumtinguelyahoy 1 #tinguelyontour

photos Musée Tinguely

© 2021 Museum Tinguely, Basel; photo: Matthias Willi

 

Palais Augmenté

La Rmn – Grand Palais et Fisheye créent le premier festival dédié à la création artistique en réalité augmentée, ouvert au grand public les samedi 19 juin et dimanche 20 juin (le vendredi 18 juin uniquement pour les professionnels).
Pendant deux jours, l’espace vide et monumental du Grand Palais Éphémère est transformé par cinq oeuvres en réalité augmentée, créées pour l’occasion par cinq artistes internationaux : Mélanie Courtinat, Lauren Moffatt, Mélodie Mousset, Manuel Rossner et Theo Triantafyllidis.
Deux écoles, GOBELINS, l’école de l’image et l’ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne sont également impliquées et présentent chacune une création de leurs étudiant.e.s.
Le public pourra découvrir ces oeuvres se déployant virtuellement dans l’espace du Grand Palais Éphémère, en déambulant munis de son smartphone ou d’un smartphone dernière génération qui lui sera prêté le temps de cette expérience inédite.

Les artistes et les oeuvres

Pour sa première édition, au sein du Grand Palais Éphémère, la programmation réalisée en partenariat avec Fabbula invite les artistes à multiplier les possibilités de perception du réel, à questionner et ré-enchanter notre regard sur le monde.
Mélanie Courtinat (née en 1993) propose Des empreintes sur la grève une installation interactive multi-utilisateur, rendue possible grâce à la 5G d’Orange. L’oeuvre propose aux visiteurs de déambuler dans un espace entre réel et virtuel, et de se connecter à ce dernier à travers l’écran du smartphone qu’ils tiennent dans la main. Oeuvre en mouvement perpétuel, cette dernière permet au public de laisser une trace virtuelle de son passage au Grand Palais Éphémère.
Manuel Rossner (né en 1989) Where to go from here (“Et Maintenant, où ?”) investit le Grand Palais éphémère par un parcours de sculptures digitales. Les visiteurs découvrent l’oeuvre avec leur smartphone, en suivant un avatar en réalité augmenté au sein de l’espace. Ils sont guidés à la frontière des mondes physiques et virtuels par Rossner, qui soulève la question : quelles sont les nouvelles technologies qui définissent notre société actuelle ? Les Champs de Mars, site de l’exposition universelle de 1878, sont une mise en exergue des développements technologiques de l’époque. Rossner propose de nouvelles innovations techniques à l’un des sites historiques des expositions universelles, par ses algorithmes dynamiques modernes. L’esthétique soignée de l’oeuvre, “signature du présent” (Byung Chul-Han) représente l’ère digitale
dans laquelle vitesse, flexibilité et gamification des rapports sont idéalisés. L’installation en réalité augmentée Where to go from here? met en lumière l’influence des nouvelles technologies sur le monde, par les mécaniques de gamification, et la “jouabilité” attendue de la vie quotidienne de nos jours.

Lauren Moffatt (née en 1982), transforme avec Contre-Plongée le Grand Palais Éphémère en un conservatoire rempli de fleurs fantastiques, et l’observateur est réduit à la taille d’un insecte. Cette oeuvre invite le public à explorer des
imaginaires décentralisés, où les humains sont rendus insignifiants par leurs homologues non-humains et peuvent ainsi faire l’expérience de l’interconnexion des espèces. Les plantes et les fleurs de l’oeuvre en réalité augmentée ont été créées en associant peintures à la main et scan photogrammétrique. L’échelle macroscopique des coups de pinceau,
généralement vus de très loin, révèle les détails qu’il est facile de manquer depuis notre point de vue humain.
Mélodie Mousset (née en 1981) propose une expérience dans le monde de HanaHana, vaste désert virtuel qui se peuple des interactions avec le public. Chacun peut générer des formes et laisser des traces de son passage dans ce désert habité par des sculptures archaïques, et y faire fleurir des mains humaines de toutes tailles et couleurs. Dans ce monde surréel, les bras sont non seulement des extensions des joueuses et joueurs, qui multiplient leurs corps à l’extérieur d’eux mêmes, ce sont aussi des preuves matérielles de leur passage dans ce vaste bac à sable collectif. Le Grand Palais Éphémère devient ainsi un espace partagé, à la frontière de l’intime et du public, aussi virtuel que réel.

Theo Triantafyllidis (né en 1988) revisite l’esprit du lieu avec Genius loci, une installation augmentée à grande échelle et spécifique au Grand Palais Éphémère. Une créature géante flotte sous la voûte, se parlant à elle-même et au public, commentant la situation actuelle, et revenant sur l’histoire, la culture, l’architecture du bâtiment. La créature est arrogante, aguicheuse, sournoise, tour à tour odieuse et adorable. Elle se déplace dans les airs en prenant diverses poses, interpellant le public et l’engageant à jouer avec elle. Cette rencontre avec l’humour et le sublime sera une expérience collective,
rapprochant les visiteurs dans une expérience commune avec le virtuel.
GOBELINS, l’école de l’image, à Paris, associée à la médiation de l’événement, présente aussi l’oeuvre Japosta, le fruit d’une collaboration entre les étudiants de première et deuxième année du bachelor Graphiste jeu vidéo et de deuxième
année du bachelor Photographe et Vidéaste. Dans un jardin d’une ère future imaginée, la nature renaissante vient taquiner des vestiges architecturaux,
dans un processus de réappropriation inéluctable. Des pyramides brutalistes s’élèvent dans le ciel tel les temples d’un monde renversé, derniers témoins d’un anthropocène qui s’éteint. Une oeuvre soutenue par TikTok, partenaire du festival.
Enfin, l’ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne présente une série de projets en Réalité Augmentée créés par des étudiants en Bachelor Media & Interaction Design et en Master Photographie, qui sont accessibles à tous sur la façade
Eiffel du Grand Palais Éphémère et sur Instagram via smartphone.

Informations pratiques

Le samedi et le dimanche, le festival est ouvert au public gratuitement sur inscription.
Nous demandons au public de venir profiter de l’exposition muni de son téléphone portable (batterie quasi pleine).
L’application de l’événement, nécessaire à la visualisation des oeuvres, pourra être téléchargée au préalable sur les plateformes Androïd et Apple.
Des médiateurs seront présents pour accompagner les visiteurs le jour J, afin de répondre aux questions et de guider chacun dans la découverte de cette nouvelle technologie.
Fisheye (éditeur de magazine photo, producteur de contenus et incubateur de startup entre technologie et culture) défriche les nouvelles écritures de l’image. Depuis 2013, Fisheye produit des oeuvres et événements qui explorent l’immersif en s’associant aux plus grands artistes pionniers des technologies virtuelles.
Partenaires officiels : Orange, TikTok, Samsung, RATP
Associés : Fabbula, Blinkl
Partenaires institutionnels : ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne, GOBELINS, l’école de l’image
ouverture : 10h – 18h
entrée libre sur réservation
réservations ouvertes le 31 mai 2021 sur palaisaugmente.fr
application « Palais Augmenté » disponible le 31 mai 2021
également sur Androïd et Apple
accès : métro : arrêt «La Motte Piquet Grenelle» par les lignes
6, 8 et 10 ; arrêt «Ecole Militaire» par la ligne 8
bus : arrêt «Ecole Militaire» par les Bus 28, 80, 86, 92
arrêt « Général de Bollardière» par les Bus 80 et 82

Yan Pei-Ming – Au nom du père

Autoportrait mis en regard de ceux de ses parents

Jusqu’au 11 octobre 2021 au Musée Unterlinden, de Colmar
Commissaire de l’exposition :
Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef

« Souvent je fais des formats assez grands car je veux que le spectateur puisse physiquement pénétrer dans la peinture […] il y a un rapport physique entre le spectateur et la peinture ».
Yan Pei-Ming – l’atelier A, Arte vidéo, entretien réalisé en octobre 2012.

Tout à fait exact, surtout lorsque vous pénétrez au 2e étage, que vous vous retrouvez seul, dans cette grande salle, face aux grandes toiles, l’émotion vous saisit. C’est une expérience tout à fait singulière d’être confronté si directement
avec les oeuvres. 

C’un parcours qui réunit plus de 60 tableaux et dessins, dont un ensemble d’oeuvres inédit. Le parcours se développe ensuite de façon magistrale par la présentation des peintures monumentales de Yan Pei-Ming déployées sur les deux niveaux de l’Ackerhof. Six sections chrono-thématiques illustrent plusieurs sujets récurrents et emblématiques du travail de l’artiste.

J’avais un peu délaissé Yan Pei Ming, au vue de ses portraits de Mao, qui me semblaient toujours analogues, puis je suis allée à Dijon, voir
L’HOMME QUI PLEURE, puis à Paris au Petit Palais,  Courbet Corps-à-corps, l’exposition précédemment exposée à Ornans, puis à Orsay, L’Enterrement à Ornans de Gustave Courbet, au fur et à mesure je devenais « YanPeiMingphile »

Prélude – Galerie, cabinet d’art graphique

En prélude à l’exposition, un portrait inédit de la grand-mère de (1976) marque les débuts de l’histoire du peintre. Alors âgé de 16 ans, il cherche sa voie et interroge ses racines dans le cercle familial. Cette oeuvre est accompagnée de ses premiers autoportraits, réalisés en Chine et peu après son arrivée en France, lorsqu’il était élève à l’école supérieure des Beaux-Arts de Dijon.
L’ensemble présenté à Colmar appartient au fonds privé de l’artiste ; il est présenté pour la première fois dans une exposition en France.

Ackerhof ̶ Niveau 1

Mao

« Mao pour moi c’est une sorte de laboratoire. Je fais tous mes essais, toutes mes expériences sur ses portraits ».
Discussion de M. Nuridsany avec Yan Pei-Ming in L’art contemporain chinois, Paris, Flammarion, 2004, p.50.

L’accrochage débute avec la figure de Mao Zedong, le célèbre fondateur et dirigeant de la République populaire de Chine. Sujet par excellence de la peinture de propagande chinoise au sein d’une tradition artistique qui méprise pourtant le portrait, Mao a été le premier sujet traité par l’artiste en Chine, dès 1974, et celui qui l’a rendu célèbre en France au milieu des années 1980.

La mort s’impose chez Yan Pei-Ming comme un thème incontournable, tant dans son travail que dans sa réflexion existentielle.

Le Père

Le parcours se poursuit avec des portraits du père de l’artiste, où Yan Pei-Ming porte sur lui un regard mêlé d’intransigeance, de tendresse et d’empathie.
La démarche de Yan Pei-Ming donne d’emblée la même importance aux figures d’anonymes qu’à celle de Mao. Le portrait devient celui de l’homme en général, un portrait universel, le prétexte à la représentation d’une forme d’humanité.

«Tous les portraits de mon père que je fais en ce moment s’appellent ‘L’homme le plus… A travers lui, je peux imaginer toute l’humanité ».

 

« Je ne fais pas trop de différence entre Mao et mon père (…) On nous a toujours dit, en Chine, que Mao était plus important que notre père. Mais, moi, je n’étais pas d’accord (…) Évidemment que Mao, c’est le père ».

Bouddha

« Depuis tout petit, j’étais énormément attiré par tout ce qui touche et concerne le bouddhisme, parce que je suis né dans un temple et que j’ai baigné dans la culture bouddhiste dès le départ. Pour moi, ce n’est pas difficile d’avoir accès à Bouddha. Quand j’étais tout petit, je faisais déjà des Bouddha pour en offrir à la famille autour de moi. Parce qu’à l’époque on n’en trouvait pas. Il faut toujours avoir un côté rebelle ». Entretien de Fabian Stech avec Yan Pei-Ming in Yan Pei-Ming, Fils du dragon, 2e éd., Dijon, Les presses du réel, 2004, p.9.

Paysage international

Il avait été marqué en 1978 à Shanghai par l’une des premières expositions d’art étranger consacrée au paysage français du XIXe siècle.
En France, ce genre entre dans le corpus de son oeuvre sous le titre générique Paysage international au milieu des années 1990, décrivant un environnement géographique non identifié et commun à tous les continents.


Comme l’ensemble de sa peinture, ils sont majoritairement monochromes et peints selon la même technique et avec la même énergie.

Autoportraits

La grande salle d’exposition du Musée Unterlinden est consacrée aux récents autoportraits de l’artiste. Dans la tradition des vanités et des memento mori, Yan Pei-Ming se représente aux différents âges de sa vie. Ses portraits, mis en regard de ceux de ses parents, composent un hommage émouvant et sensible.

Dans la dernière section de l’exposition, face au chaos du monumental paysage Ruines du temps réel, émerge l’imposant triptyque Nom d’un chien ! Un jour parfait (2012), première représentation en pied de Yan Pei-Ming, frontal, vertical, jaillissant de l’espace abstrait de la toile, comme un symbole de rédemption.

Nom d’un chien ! Un jour parfait 2012,
triptyque, huile sur toile, 400 x 280 cm/toile

Collection particulière, France

« C’est une peinture un peu particulière dans mon oeuvre car c’était la première fois que je me représentais en entier depuis le nu à la gouache de 1982. Cette fois-ci, avec un jeans déchiré pour montrer que je suis à la mode. Le petit détail qui tue ! Une fois la peinture finie, je me suis dit qu’elle irait très bien dans la chapelle (chapelle de l’oratoire de Nantes)  et que le titre pourrait être « Un jour parfait ». Xavier Douroux est passé me voir à l’atelier et a crié « Nom d’un chien ! » en voyant la peinture. Je lui ai demandé : « Qu’est-ce que ça veut dire ? » et il m’a répondu : « Que je suis choqué. » Je ne comprenais pas vraiment la signification, mais j’ai trouvé l’expression très belle. Alors j’ai combiné les deux idées, ce qui a donné
Nom d’un chien ! Un jour parfait. C’est surtout la réaction de Xavier que j’avais en tête, parce que « Un jour parfait » c’est un peu trop lisse, ça ne choque personne ».
La position christique, en lévitation, comme les sculptures dAdel Abdessemed sont en écho au célèbre Retable d’Issenheim.

Pandémie

Le tableau Pandémie a été peint à l’initiative de Yan Pei-Ming pour l’exposition « Au nom du père » Dès sa conception, l’oeuvre a été envisagée comme une confrontation avec le Retable d’Issenheim destinée à faire écho aux panneaux de la Crucifixion peints par Grünewald.
Tout au long de l’histoire de l’art, les famines et les épidémies, les massacres et les catastrophes, les guerres et les révolutions ont suscité des oeuvres marquantes permettant à leurs auteurs d’exorciser leurs angoisses et celles de leurs contemporains dans un processus d’identification avec les sujets représentés. Il reprend la composition monumentale du retable, il invite le spectateur à s’identifier aux personnages de son oeuvre confrontés à l’épidémie de Covid-19 dans une transposition contemporaine du Golgotha médiéval.
Il rappelle l’oeuvre qui était montrée aux malades du feu de St Antoine, pour leur rémission.

A gauche, la silhouette lumineuse de la basilique Saint-Pierre à Rome, substitut moderne à la ville antique de Jérusalem, sur la droite, une cité HLM :  l’espoir de salut, l’univers sacré et protégé du Saint-Siège. Ming observe à ses pieds la forme imposante du cadavre dans sa housse, comme le reflet de sa propre finitude. Dans Pandémie, le temps est suspendu à l’interruption de l’action et au recueillement. Par son réalisme et son absence d’idéalisation, l’oeuvre s’inscrit dans la tradition des peintures de scènes de genre

Biographie

Né à Shanghai en 1960, Yan Pei-Ming a grandi dans le culte de Mao en pleine Révolution culturelle. En 1978, deux ans après le décès du Grand Timonier, la Chine connaît une vaste entreprise de démaoïsation et une libéralisation relative du régime communiste. À la fin du Printemps de Pékin, Yan Pei-Ming, qui voulait étudier à l’École des Arts appliqués de Shanghai, voit sa candidature rejetée. Grâce à la réforme de l’éducation initiée en 1977 par Deng Xiaoping, permettant ainsi aux étudiants chinois d’étudier à l’étranger, il décide de quitter la Chine en 1980, à l’âge de dix-neuf ans, pour poursuivre sa formation en France.d. Il rencontre très vite le succès grâce à ses portraits monochromes, notamment ceux de Mao Zedong qui mêlent la tradition occidentale aux références culturelles chinoises.

Catalogue

Un catalogue bilingue (français-anglais) est édité à l’occasion de l’exposition.
Il est illustré de l’ensemble des oeuvres exposées et inclut des textes de Christian Besson et Éric de Chassey, ainsi qu’un entretien de Frédérique Goerig-Hergott avec Yan Pei-Ming.
Éditions Hazan
Format 230 x 280 mm, 192 pages
Prix : 30€

Informations pratiques

Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 50
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com
Horaires d’ouverture
Lundi, Mercredi 9-18 h
Jeudi – Dimanche 9-18 h
Premier jeudi du mois 9-20 h
Mardi : fermé

A voir la vidéo de la télé locale de Colmar un reportage sur l’exposition
Sur France culture affaires culturelles linvité Yan Pei Ming (podcast)

Conférences

Le texte de Luc Maechel

« Tigres et vautours » de Yan Pei-Ming est annoncée du 1er juin 2021 au 31 janvier 2022 à la Grande Chapelle du Palais des Papes et du 25 juin au 26 septembre 2021 et dans les salles du rez-de-chaussée des Hôtels de Caumont et de Montfaucon, à la Collection Lambert.

Le château de Versailles et le Grand Palais
de chez soi, comme si on y était

Alors que certaines frontières sont encore fermées, la nouvelle plateforme propose l’expérience de visite à distance dans
deux lieux exceptionnels : le château de Versailles et le Grand Palais. Accompagnés en direct d’un guide conférencier,
les visiteurs, en petit groupe, suivent des vidéos et contenus exclusifs et peuvent ainsi poser des questions comme ils le
feraient dans une visite guidée.

Le Grand Palais Révélé (Grand Palais)

Cette visite du Grand Palais, de la Nef jusqu’à sa toiture majestueuse, est une expérience unique car le Grand Palais est fermé pour travaux et qui ne sera plus accessible jusqu’en 2024. Elle permet d’explorer avec un guide des endroits
inaccessibles du bâtiment. Le Grand Palais constitue un résumé des goûts de la Belle Époque et marque en même temps la fin d’une certaine conception de l’architecture, d’une époque antérieure à l’ère de l’électricité et à la dimension du principal moyen de transport du XIXe siècle : le cheval. Récit inédit de la construction du Grand Palais en trois ans, survol aérien de la coupole, découverte des sculptures et des sculptures de la façade, visite accompagnée de la grande nef et du salon d’honneur, plongée dans les archives d’un siècle de salons et d’expositions sont les ingrédients d’une visite très particulière : le Grand Palais comme on n’a jamais vraiment l’occasion de le voir.

La matinée du Roi (Château de Versailles)

Cette visite de Versailles est destinée à faire vivre au public une expérience étonnante : la matinée du Roi.
Lever de soleil sur le château de Versailles : il est huit heures, c’est le réveil de Louis XIV. Le public suit, grâce au récit interactif du guide, une matinée au palais, avec son jeu d’étiquette à la cour. Il assiste dans la chambre à la cérémonie du petit et du grand lever, puis déambule à travers les salons du Grand appartement meublés. Une occasion unique de révéler les pièces les plus prestigieuses des grands appartements et de la Galerie des Glaces avec des vidéos permettant de découvrir en haute définition des détails des plafonds et décors ainsi que la Chapelle royale, tout juste restaurée, résonnant au son de l’orgue. Cette visite, disponible en français en anglais, pour les publics du monde entier, s’adresse aux passionnés de Versailles mais aussi à ceux qui n’ont pas encore eu la chance de s’y rendre et qui peuvent ainsi avoir
un premier contact avec le Château et ses espaces les plus emblématiques.

À propos de Re.Guide

Conçue par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, par Réciproque et par MyTourLive, soutenue par le Ministère de la Culture et lauréate de l’Appel à services numériques innovants 2020, Re.Guide est une plateforme proposant au
public une nouvelle expérience de visite à distance, scénarisées et animées par des médiateurs qualifiés grâce à une application leur permettant de diriger la visite en temps réel dans un environnement immersif. La crise sanitaire a permis de questionner les conditions de visite des espaces d’exposition, au travers des outils de visioconférence. Beaucoup de citoyens, d’élèves, de touristes sont empêchés d’accéder aux oeuvres et au patrimoine. Re.Guide a pour objectif de rendre accessible ce bien public et ces collections au plus grand nombre. Les séquences vidéos de Re.Guide élèvent la qualité de l’image à un autre niveau. Scénario mis au point avec des experts et des guides de terrain, tournages techniques dans des conditions exceptionnelles, HDR, 50 images/secondes, Ultra HD 6K, optiques spécifiques, montage d’archives rares. La réception en streaming haute définition est garantie jusqu’à l’utilisateur final via le réseau le plus rapide et le plus implanté au monde (Amazon Web Services), sous réserve d’une connexion internet stable de 5Mb/s minimum. Chaque visiteur peut recevoir une image de qualité adaptée à son niveau d’équipement technique.
en savoir plus sur www.reguide.fr

informations pratiques

durée : 1 heure
groupe : 20 participants
tarif : 10 euros
prochaines visites :
Le Grand Palais Révélé
17 juin à 18h30, 18 juin à 14h30 et à 18h30, 25 juin à 14h30, à 16h30
et à 18h30
programme complet des visites et réservations sur grandpalais.fr
La Matinée du Roi
15 juin à 16h, 16 juin à 21h, 17 juin à 13h, 19 juin à 14h
programme complet des visites et réservations sur chateauversailles.fr

motoco, l’insolite au quotidien !

Vous avez fantasmé sur le Bateau Lavoir, rêvé de la Ruche, des ateliers des artistes de Montmartre, à Mulhouse, ville d’art et d’histoire, en dehors de ses nombreux musées, des galeries d’art, de la Kunsthalle, de la HEAR, de la Galerie de la Filature, des ateliers privés, vous trouverez des lieux tout aussi actifs qui regroupent des ateliers d’artistesle Séchoiret le plus impressionnant par le nombre d’artistes regroupés en seul endroit : motoco 
Empêché d’ouvrir les ateliers, pour la grande messe des ATELIERS OUVERTS du Grand Est, pour des raisons administratives de classement du bâtiment, dans une catégorie L, non autorisée de recevoir des visiteurs, pour raison de Covid, le sésame est arrivé, les ateliers ouverts se tiendront les 3 et 4 juillet 2021

motoco, est un lieu de production artistique créé en 2012 à Mulhouse dans le quartier DMC
Un lieu, 140 artistes, 100 évènements par an et un quotidien d’improbables possibles.


Malgré la pandémie l’ancienne usine DMC a turbiné à fond

Le site est tellement bien fait, il n’y a rien à rajouter, qu’il suffit de le consulter, ci-dessous :

motoco (MOre TO COme) c’est 8800m2 de brique chaude et mate, une ruche avec des artistes et artisans d’art qui y bossent et parfois piquent, sept actionnaires sérieux-mais-pas-que, deux passionnés qui dirigent en équilibristes ubiquistes, des collectivités locales qui protègent, beaucoup d’amour, des torgnoles, de la force brute et surtout une mégatonne d’énergies et de talents rassemblés.
motoco est géré par la SAS motoco&co, et compte une dizaine de nationalités (30 % d’étrangers), un incubateur géré par la HEAR (Haute école des Arts du Rhin), des résidents étrangers de passage gérés par La Kunsthalle, un pôle image, un atelier de sérigraphie et un pôle céramique en construction, un studio d’enregistrement et deux grands espaces dédiés à l’événementiel.

Le site DMC

Le site DMC est le plus grand site industriel désaffecté du Sud Alsace. L’enjeu
de sa transformation concerne aujourd’hui 12 hectares et 100 000 m2 de surface bâtie à l’intérieur d’un site qui globalement représente 70 ha, au coeur de
Mulhouse.
Le site DMC est nominé Iba Basel 2020

La présidente

C’est une ruche où tout le monde travaille, mais il n’y a qu’une reine
Martine Zussy, Présidente de motoco&co, appelée plus familièrement
« Cap’taine »
je lui laisse la parole :

Début de la pandémie

En mars 2020, lorsque nous entamions le terrible périple sanitaire, cela faisait pile deux ans que motoco&co avait pris le pari de reprendre le projet motoco délaissé par ses initiateurs, de le structurer et de le faire perdurer de façon autonome avec comme seul objet : le développement de la production des arts visuels dans un cadre professionnel, ici à Mulhouse, ici au cœur du site DMC et de ces 9000 m2 de briques chaudes et rouges.

Deux premières années pendant lesquelles nous avions œuvré comme des fous pour réussir ce challenge. Les premiers résultats avaient dépassé nos espérances : des finances à l’équilibre, des artistes professionnels de plus en plus nombreux, des compétences de plus en plus pointues et diversifiées, une vie interne remplie de projets collectifs, de désir de partage, de fêtes, d’esprit familial à certains endroits, d’exigence professionnelle sur d’autres sujets.

Quand début mars 2020, nous avons pris conscience de la gravité de la situation à Mulhouse, une seule obsession a pris place : poursuivre et faire poursuivre à tous ceux qui composent motoco, leur quête artistique. Quelque soit la situation environnante ! Tout ce qui nous permettait de vivre s’est arrêté de façon si brutale : l’activité événementielle, les projets culturels, les expos, les résidences,… Tout ! Très vite, on a senti la facilité de la plainte nous effleurer et on s’est tous promis de ne pas y sombrer. De rester debout et de tenir l’autre debout lorsque la croyance lui devient difficile.

On s’est lancé dans des rdv en ligne, en premier lieu avec le #pasunjoursansuneligne puis sur d’autres sujets de dessin et de photo, de performance à réaliser entre ses 4 murs et à partager en ligne. Etrangement, à travers ces petites actions que nous rendions, nous nous découvrions encore un peu plus les uns et les autres et nous avons été rejoint virtuellement par un public généreux de soutien et d’encouragement. On rythmait ces rencontres quotidiennes en ligne par des sauts à motoco, certains jours où le besoin de travail nécessitait la présence au château.

On a aussi mis nos espaces événementiels désertés à disposition de projets solidaires.

On a tenu comme cela tout le premier confinement et on s’est retrouvé en juin 2020, fous de joie de reprendre chacun nos quêtes personnelles et, ensemble, notre bataille pour ce lieu qu’on savait maintenant, plus qu’avant, lieu précieux de résistance.

La période estivale 2020

Pour la période estivale 2020 on a décidé d’y installer un nouveau lieu de partage égoïstement pour nous mais aussi avec ceux qui nous entourent. En trois semaines, on a créé la guinguette « Chez ta mère » (Alexandra Weisbeck et Nicolas Ziegler ont été les magiciens du lieu)

en apprenant au mieux et au plus vite, les dessous des licences de vente de boissons et restauration, les normes et règles propres à cette activité. Cet été-là, on a aussi donné vie à l’exposition Botanica (initiée par Marie-Paule Bilger et riche de nombreux résidents) en un rien de temps, on a accueilli quelques événements incroyables comme le festival Météo et Pop-up, on a construit des projets pour la fin d’année.

Cet été-là, on a passé des soirées entières à échanger sur le statut des artistes, sur le manque de cohésion des arts visuels qui nuit à une parole unique audible par le gouvernement, à l’intérêt d’essayer de s’en sortir par des stratèges qui se posent hors du champ artistique ! On s’est aussi questionné sur la survie de motoco si l’événementiel devait à nouveau s’arrêter (on avait tenu cette période de quelques mois avec une amputation de 80% du chiffre d’affaires nécessaire à l’équilibre, mais comment pourrait-on faire pour tenir plus longtemps si la situation sanitaire se dégradait une nouvelle fois).

Deuxième confinement

Lorsque le deuxième confinement est arrivé, que les projets imaginés pour la fin d’année ont, tous, perdu leur espérance de réalisation, la force de résistance vécue lors du premier confinement a pris un sacré coup. On a tous vécu des moments douloureux de désespérance, de peur (on a eu notre premier cas de COVID en interne) et de forte inquiétude matérielle. Malgré tout, toujours grâce à celui ou celle qui, à son tour, tenait debout a bataillé dans tous les sens :

  • On a cherché des projets dans l’aménagement intérieur et extérieur, dans l’espace urbain, … et on a réussi à développer des choses incroyables avec des acteurs privés et publics (les réalisations de Noël dans l’espace urbain en sont des exemples)
  • On a développé des prestations artistiques à domicile (#dessinemoimonchezmoi,(vidéo) #dessinesmoimonamour,…)
  • On a bataillé pour que chacun puisse bénéficier des aides mises à disposition par l’état (et cela n‘a pas toujours été simple, y compris pour motoco, qui est une structure hybride qui a du mal à entrer dans les cases universelles).

On a poursuivi le travail et le questionnement collectif de fond. On a partagé en interne avec d’autres artistes et structures artistiques sur ce fameux statut de l’artiste, sur le financement de son travail lorsque la diffusion est arrêtée (pourquoi n‘existe-t-il par un CNRS artistique ?), sur le rôle et la liberté d’une entité comme motoco&co, sur les intérêts et les nuisances de tout ce qui émerge en ligne, faute de pouvoir vivre IRL, sur les précarités grandissantes d’une part et sur les explosions de nouveaux marchés spéculatifs surréalistes d’autre part (comme les NFT).

On a continué à soigner notre château et de nombreux résidents ont profité de moments creux pour améliorer le confort de leurs ateliers (mezzanines, peinture, mobilier, …), étudier notre environnement naturel et réunir pour sa préservation, mettre en place des améliorations quant à la gestion des ressources et des déchets (traitement des eaux usées, récupération de matériaux,…).

Dernière période de confinement

Aujourd’hui, on sort doucement de cette dernière période de confinement (notre bâtiment bénéficie en partie d’un classement ERP de type L et il reste à ce jour très contraint !). Les projets d’expo et de résidences des résidents reprennent et c’est un énorme soulagement.

En ce qui concerne motoco, les prochains gros sujets sont les suivants

Naissance de Marcelle

  • Ouverture de la guinguette le 20 Juin.
    Elle sera cette année conduite par un partenaire professionnel dont on se réjouit : le Petit Marcel. Elle s’appellera « Marcelle », l’ambiance sera celle de l’année dernière (toujours Alex aux commandes de l’aménagement et de la déco) et l’offre de restauration sera dingue. Elle sera ouverte tous les jeudis, vendredis et samedis de 18 h à 24 heures jusqu’au 29 aout + lors d’événements

Evènements

  • 21 Juin : fête de la musique : un concert organisé par la ville de Mulhouse + guinguette ouverte
  • 25 juin : soirée Top chef en partenariat avec la librairie 47 degrés nord
  • 3 et 4 juillet : portes ouvertes des ateliers. De nouveaux ateliers, de nouveaux artistes à découvrir le samedi entre 14h et 19h et le dimanche de 11h à 18h + guinguette ouverte de 12h à 24h
  • Fin août : festival météo
  • Fin août : Popup
  • 17 Septembre : Biennale de la jeune création contemporaine organisée avec la ville de Mulhouse. Ce sera fou je crois !!!

La fin d’année sera remplie d’événements de tous types dont un concert électro, une soirée avec le Ballet du Rhin, des festivals, …

Parallèlement à cela, on poursuit un travail de fond :

  • Développement de nouvelles matérialités en collaboration avec des acteurs publics et économiques (toujours un projet de création de véhicules urbains, plusieurs projets d’aménagement)
  • Etude avec d’autres structures artistiques indépendantes françaises sur le statut et le financement de l’activité artistique

Documentaire

  • Un documentaire réalisé par Robin Hunzinger qui s’immerge dans motoco depuis quelques semaines et qui y restera pendant deux ans
  • Un récit de motoco et de ses acteurs qui se construit avec un journaliste
  • Des projets d’édition qui devraient offrir des résultats surprenants

Les artistes résidents

motoco accueille aujourd’hui 140 artistes et artisans d’art qui disposent d’ateliers individuels ou collectifs d’une surface de 10 à 250 m2. La résidence est aujourd’hui complète mais dès qu’un atelier se libère, il fait l’objet d’un appel à candidature. Les nouveaux arrivants sont sélectionnés sur dossier, par une commission dédiée.
Il est également possible de postuler spontanément : postuler

Chaque artiste et collectif aujourd’hui présent à motoco, vous est brièvement présenté ci-après. N’hésitez pas à prendre contact directement avec eux !
Voir la liste ici

La boutique Révélateur

La boutique révélateur.io
Découvrez de nouveaux talents et des créations faites main. Des produits et des services uniques proposés par de véritables artistes.

Le catalogue

Un catalogue complet, régulièrement mis à jour, vous permet de consulter
en live la production de la ruche

Et très bientôt dans les bus Soléa

Design graphique, couverture bus scania Solea / M2a

motoco
bâtiment 75 de la friche DMC
11 rue des Brodeuses
68200 Mulhouse

Au cœur de Mulhouse, à 20 mn de l’aéroport Basel-Freiburg-Mulhouse,
à 5 mn de la gare de Mulhouse, à 5 mn de la sortie Mulhouse Ouest de l’A35

Les territoires de l’eau

Muh-he-kun-ne-tuk
Studio Anne Denastas & Jean Wollenschneider

Jusqu’au 26 septembre 2021
Une exposition co-produite par la Fondation François Schneider et le
musée du quai Branly – Jacques Chirac
Un dialogue entre le fonds d’art contemporain de la Fondation François Schneider et la collection d’objets extra-européens du musée du quai Branly – Jacques Chirac pour mettre en lumière l’universalité du thème de l’eau
Plus de 120 oeuvres et objets d’artistes, créateurs et artisans plongeant
dans les siècles, les matériaux et les représentations de l’eau sur les 5
continents.

Pirogue
Archipel des Tuamotu, Polynésie française
Début du 20e siècle
Bois, fibres végétales
© musée du quai Branly – Jacques Chirac,

Statuette féminine.
Idoma, Nigéria, région de la Bénoué.
© musée du quai Branly – Jacques Chirac,
photo Patrick Gries

L’exposition les territoires de l’eau met en résonance des œuvres et objets des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac avec une sélection des œuvres de la Fondation François Schneider, fonds d’art contemporain constitué depuis 2011 sur la question de l’eau. Le concours Talents Contemporains récompense 7 lauréats de toutes disciplines et nationalités confondues. Vidéos, photographies, dessins, installations, œuvres numériques, sculptures de verre soufflé constituent un ensemble de pièces racontant l’eau sous toutes ses formes. La traversée de la Méditerranée, des moutons à la dérive, une odyssée sur les fjords norvégiens, l’étain et l’eau en fusion, des rituels contemporains, des interrogations sur la pêche de masse, les barrages, la mécanique de l’eau, une planète réinventée… sont les thèmes et sujets variés des artistes contemporains lauréats du concours. Ces histoires d’eau méritent une mise en perspective avec des œuvres extra-européennes, mettant en lumière l’universalité du sujet. Les exceptionnelles pièces du musée du quai Branly – Jacques Chirac offrent ainsi la possibilité de créer un parcours inédit invitant le visiteur à une plongée dans les matières, les siècles et les représentations liées à l’eau.
Depuis des millénaires, les artistes, créateurs, artisans ont pu être fascinés par ce sujet et l’on observe ainsi des résurgences et liens iconographiques importants entre toutes les périodes. Quels que soient leurs statuts, objets
de la vie quotidienne, objets sacrés ou oeuvres d’art contemporain, toutes ces oeuvres témoignent des liens tissés par les hommes avec la source première
de la vie.
Le parcours de l’exposition permet de naviguer dans 5 grandes sections : la fabrique des techniques et du paysage, le quotidien de l’eau, imaginaires liquides, territoires du sacré et géographie des traversées.

L’exposition se divise donc en cinq chapitres dans lesquels oeuvres d’art contemporaines et oeuvres d’art extra-occidentales se côtoient pour raconter des histoires d’eau. Les associations d’oeuvres faites dans l’exposition sont tout aussi bien intellectuelles et thématiques que formelles et esthétiques.

La fabrique des techniques et du paysage

Nasses, hameçons & photographies d’Antoine Gonin et Edouard Decam
Différentes nasses provenant de divers lieux dans le monde (Océanie, Afrique, Asie), sont ici présentées comme sur le lit d’une rivière. Les nasses ont été soclées de telle manière qu’on a l’impression que les poissons ou autres animaux aquatiques vont y pénétrer pour s’y faire piéger.
En effet, les nasses comme les hameçons servent à attraper les poissons, c’est donc un outil pour l’homme pour se nourrir. La fabrication de ses nasses requiert d’un réel savoir-faire. Elles sont posées dans le courant ou aux marées, avec des appâts, afin d’attirer les poissons.

Les hameçons présentés dans plusieurs vitrines dans cette salle proviennent également de différentes régions du monde et figurent quant à eux parmi les objets les plus anciens retrouvés en contexte archéologique. Ils étaient associés à des lignes, des cannes, des flotteurs, des lests et munis de leurres. Ils sont
adaptés à la pêche en eaux profondes ou en surface. Les matériaux précieux (os, écaille de tortue, nacre, le coquillage haliotis) en faisaient des objets de
valeur qui étaient échangés et transmis dans les familles.

Les êtres qui peuplent l’eau inspirent de tout temps. Grâce à cet aquarium géant reconstitué dans la grande halle de la Fondation, les visiteurs peuvent voir de quelles manières dans certaines cultures les masques en formes de poissons, requins, etc. sont utilisés pour personnifier des esprits aquatiques tout en plongeant ensuite dans les abysses et l’univers féérique de l’artiste Yves Chaudouët. Seule une petite partie de la pièce est ici présentée dans un aquarium mis en parallèle avec des masques cimiers et autres créatures directement inspirées du monde aquatique.

Les Inuits sont un groupe de peuples autochtones, partageant des similitudes culturelles et une origine ethnique commune, vivant dans les régions arctiques de l’Amérique du Nord, au Groenland, au Canada et aux États-Unis. Ils utilisent de nombreuses techniques artisanales pour vivre dans leur environnement
parfois hostile. Le phoque leur fournit l’essentiel de leur alimentation et de leur culture matérielle. De l’animal rien ne se perd. En plus de donner la viande, la graisse et le sang pour la nourriture, il fournit la fourrure des vêtements,
la toiture des habitations, le revêtement des kayaks et la graisse des lampes.
Le manteau d’enfant, présenté ici, et datant du début du 20ème siècle a également été réalisé en intestin de phoque ce qui le rend totalement
imperméable.

Le quotidien de l’eau

L’eau est un élément majeur du quotidien des hommes, parce que nécessaire pour boire, arroser les cultures et abreuver les animaux, l’eau délimite un territoire de vie. Toutes les communautés humaines se sont constituées, à l’origine, autour d’un point d’eau. Et plus tard, en zone rurale comme en zone urbaine la présence de l’eau a un impact considérable dans les vies des individus, au quotidien.
L’eau, en arabe mā’, occupe une place prépondérante dans le monde arabo-musulman. Elle est l’élément culturel majeur de la civilisation islamique. Evoquée dans 44 versets du Coran, qui en fait la source même de toute vie, l’eau joue également un rôle essentiel dans le rite islamique.
L’eau est en effet nécessaire cinq fois par jour pour les ablutions servant à purifier le corps de tout musulman qui s’apprête à accomplir la prière.
L’eau rare, qu’il ne faut pas gâcher est une des préoccupations d’Asieh Deghani qui travaille sur l’espace intime, la dimension précieuse de l’eau, ce qui va dans le même sens que les objets du hammam.

Anahita, The Eros of Community est une série de vidéos, composée de séquences prises le long du Zayanderud, le plus grand fleuve du plateau central de l’Iran en voie d’assèchement, et du pont Siosepol qui le surplombe comme point de rendez-vous de l’eau et de la communauté. Anahita est le nom en
ancien perse de la déesse de l’eau, associée à la fertilité et à la sagesse.
Asieh Dehghani explore les façons dont la géopolitique, la religion et la culture de son pays ont sans cesse formé l’identité iranienne.
L’eau étant un fondement spirituel et matériel de la communauté iranienne – a toujours réuni les habitants des pays secs du Moyen-Orient, comme l’Iran.

Imaginaire liquide

L’eau est aussi source d’imaginaire pour les artistes. Les formes de l’eau en mouvement, la pluie, la silhouette des vagues sont successivement représentées dans cette section avec la peinture (aborigène, Australie), par la
broderie (robe et veste, Chine),

de manière numérique (Waterscape, Claire Malrieux) ou thermoformées sur du plexiglas (Holding the sea, Paul Souviron).
Ces représentations de l’eau font appel à l’imaginaire et permettent à l’esprit de divaguer, ils ont également des significations différentes en fonction des cultures et du sens que leur donnent les artistes. Une partie des
oeuvres contemporaines bien que présentant des formes parfois similaires aux ornements que l’on retrouve sur les tissus ou la peinture aborigène traitent également des questions environnementales de manière sousjacentes
comme l’oeuvre de Waterscape de Claire Malrieux.

Territoires du sacrées

L’eau accompagne la naissance de la vie. Qu’elle soit liquide, gazeuse, ou solide, vivante ou dotée de mémoire, sur le plan symbolique, elle remonte à la source du sacré, établissant un lien entre celui-ci et les créatures qui peuplent le monde. Les hommes de tous les continents n’ont cessé de diriger leurs
invocations pour que le miracle du vivant advienne, générant croissance et abondance.
Cette quatrième partie de l’exposition s’intéresse au lien entre eau et sacrée. Différents objets et masques utilisés pour les dévotions sont ainsi présentés en parallèle de mythologies plus contemporaines. On y retrouve donc des masques utilisés lors de divers rituels, certains objets qui ont des fonctions de
dévotions pour l’appel à la pluie, la fertilité et d’autres qui ont même un potentiel « magique ».


Le cimier Ciwara apparait au moment des semailles, juste avant la saison des
pluies lors de rituels liés à la pluie et à la fécondité.
Ciwara est le nom de la créature qui, dans le mythe d’origine des bambaras du
Mali, apprit aux hommes à cultiver la terre.

L’image de Mami Wata (déformation de « Mother of Water ») est très présente en Afrique centrale et occidentale. Elle figure en
esprit aquatique, capricieux et versatile, qui procure richesse et prospérité à ses adeptes les plus dévoués. Les origines de Mami Wata
sont complexes et multiples : à l’origine, il s’agirait d’une image en chromolithographie d’une charmeuse de serpents qui aurait été produite en Europe du Nord – ce qui explique que la figure féminine tienne en mains deux reptiles.

Géographie des traversées

La notion de traversée induit un déplacement, qui peut être physique ou mental. Dans les deux cas, un mouvement est à l’oeuvre. La traversée marque un temps suspendu, un entre-temps, un temps long, étiré, qui permet l’émergence d’un nouveau statut.
Les oeuvres présentées dans cette dernière partie de l’exposition invitent le visiteur au voyage et à faire perdurer celui qu’il a entamé dès le début de l’exposition, en découvrant l’eau à travers ses représentations et usages selon les cultures. Ici se côtoient des pirogues océaniennes, des cartes maritimes traditionnelles ou plus contemporaines, ou encore les questions migratoires et les drames humains qu’elles engendrent.


Du face-à-face entre les oeuvres traditionnelles océaniennes et celles des artistes contemporains comme Cristina Escobar et Mehdi Medacci émerge également une faille. Là où les oeuvres du Pacifique évoquent une profonde connexion aux éléments et à l’eau en particulier, les oeuvres
contemporaines interrogent la violence de la rupture entre les hommes et leur environnement, autant intérieur qu’extérieur. La traversée porte alors la balafre de l’arrachement, du déracinement ; elle est comme suspendue entre l’eau et le ciel.

Conclusion

Petits et grands, peuvent s’amuser sur la terrasse extérieure à remonter les courants, mais attention à ne point s’y perdre !
Muh-he-kun-ne-tuk ?!
Incantation, dieux aztèque, spécialité culinaire… mais que nous dit ce curieux nom ? Dans la culture amérindienne, Muh-he-kun-ne-tuk signifie « le fleuve qui coule dans les deux sens ». C’est un jeu de parcours intuitif proposé par le Studio Anne Denastas & Jean Wollenschneider qui invite à traverser le temps et les cultures, à se remémorer les forces symboliques et philosophiques de l’eau.

Artistes de la collection de la Fondation François Schneider

Nour Awada, Guillaume Barth, Benoît Billotte, Mathieu Bonardet, Jessie Brennan, Julie Chaffort, Yves Chaudouët, Edouard Decam, Asieh Dehghani, Rebecca Digne, Cristina Escobar, Sara Ferrer, Antoine Gonin, Elizaveta Konovalova, Mathilde Lavenne, Olivier Leroi, Claire Malrieux, Mehdi Meddaci, Camille Michel, Gustavo Millon, Hélène Mugot, Benoît Pype, Paul Souviron, Wiktoria Wojciechowska.

Informations

Commissariat général
Marie Terrieux, directrice de la Fondation François Schneider
Commissariat associé
Constance de Monbrison, responsable des collections Insulinde
(musée du quai Branly – Jacques Chirac)
Aurélien Gaborit, responsable des collections Afrique
(musée du quai Branly – Jacques Chirac)
et responsable du Pavillon des Sessions (musée du Louvre)
Scénographie
Olivia Berthon, Studio Vaste

Fondation François Schneider
27 rue de la première armée
68700 Wattwiller (Haut Rhin)
fondationfrançoisschneider.org

Pratique

Ouvert du mercredi au dimanche de 11 h à 18 h

Sommaire du mois de mai 2021

Paris gare de Lyon 19 mai 2021 le couvre-feu passe à 21 h, vite vite, retour en TGV !

29 mai 2021 : Les OEuvres vives de Geraldine Husson
20 mai 2021 : Peintres femmes, 1780-1830
12 mai 2021 :  Bruce Conner – Light out of Darkness
07 mai 2021 : Georges Senga, photographe congolais
01 mai 2021 : François Boucher, « peintre rococo »

Les OEuvres vives de Geraldine Husson

Colonnes, tissu, papier, D. 0.30; L. 195 cm, 2021

Carte blanche à Geraldine Husson, au musée des Beaux Arts de Mulhouse jusqu’au 29 août 2021

Sablier inversé, miroir, sable, encore de chine, dimensions variables, 2021

Les « oeuvres vives » sont la partie immergée de la coque d’un bateau qui se situe sous la ligne de flottaison. Elles sont considérées comme vives, car elles contribuent à son allure et à sa pérennité. Ce sont celles sur lesquelles il s’appuie pour naviguer.
Geraldine Husson

C’est un cheminement à travers les Œuvres vives, série d’installations qui questionnent tant le matériau que la notion d’espace. Dans son travail de plasticienne, Geraldine Husson interroge la porosité entre les disciplines, le statut de l’objet et celui de l’œuvre d’art.

L’œuvre sensible et poétique de Geraldine Husson transcende l’économie de moyens : miroir, verre, cuir, sable sont utilisés à l’état brut puis minutieusement travaillés pendant de longs mois. Le marbre est choisi par l’artiste pour sa préciosité autant que pour sa minéralité.


Limites. Ambivalences : leitmotiv de l’artiste depuis ses premières années de création, le concept rejoint des questionnements universels : la vie, ses origines, ses cycles et transformations. Autant d’hybridations à la recherche de l’harmonie. Les Ovoïdes ou les Mappes se lisent non comme des œuvres uniques mais comme des ensembles qui se répondent et dialoguent avec les installations présentées dans l’exposition.

Salle 1

Dans la salle introductive du parcours, l’artiste sublime
des matériaux «pauvres», couverture de survie et plastique iridescent, à travers les installations Disque iridescent et Fragments. Le cercle évoque l’infini, le cycle naturel et celui de l’univers. La perception des couleurs et de la lumière fragmentée, diffère selon le plan et le déplacement dans l’espace.

Disque iridescent, couverture de survie, Amarre, cordage,

Salle 2

Le marbre est utilisé par l’artiste à la fois pour sa préciosité et sa minéralité. La pièce Aequilibris, composée d’un trapèze et d’anneaux de gymnaste,
installation en suspension, contraste avec la densité du matériau marbre. Geraldine Husson a travaillé avec un designer de la région de Carrare (Italie) pour créer cette oeuvre.

Le trapèze nécessite de l’élan, les anneaux de l’équilibre. En passant par le balancement, ils mobilisent de l’énergie et réunissent des forces, physiques et mentales, pour harmoniser le mouvement et la posture. Oscillation entre
maintenir et lâcher.

Un textile à imprimé de marbre devient sculpture factice ou trompe-l’oeil à travers la pièce Colonnes.
Les proportions sont inspirées des ruines du temple
d’Apollon à Delphes en Grèce.

Les colonnes inspirent la stabilité, la constance, la force, l’espérance aussi.
Parmi les ruines des monuments antiques, seules les colonnes restent debout.
Leur dimension à l’échelle humaine, la fluidité du tissu et la légèreté du papier font corps.

Apollonis est une photographie réalisée en collaboration avec le modèle et photographe Aurélien Mathis. Inspirée à la fois des sculptures antiques et de la peinture italienne, l’oeuvre est une mise en abyme d’un sujet incarnant la
figure humaine, déchue, qui se réveille d’un rêve sans fin.

Salle 3

L’installation Sablier, composé de sable coloré en noir à l’encre de Chine, prend la forme d’un sablier inversé disposé sur un miroir : image de la vie, son
cycle, l’écoulement jusqu’à la disparition. Dans la mythologie grecque, le sablier est l’attribut de Chronos, la personnification du temps. Cailloux est présentée en écho ; le reflet du miroir rappelle l’effet iceberg, surfaces
non visibles dans lesquels les images se confondent.

Le grain de sable roule, s’arrête, voyage, au gré des éléments, de l’eau, du vent et au fi l du temps.

Salle 4

Les séries des Ovoïdes et des Cellules sont développées par l’artiste depuis 2013. Cellules mouvantes fixées sur la toile, composées de pigments minéraux, elles
sont travaillées sur différents supports, toile, carton, cuir et avec divers matériaux, poudre minérale, eau, encre de Chine, laque. Les cellules perforées jouent avec le contraste d’aplats de noirs mats et de surfaces brillantes laquées.

Salle 5

La série Mappes est une réflexion menée sur les différentes projections et représentations du planisphère et de la carte du ciel. Minutieusement élaborées dans l’atelier de l’artiste, des heures durant, Geraldine Husson découpe et
pique, colle à chaleur de la bougie les éléments : épingles, cristaux, sequins, punaises, assemblés avec finesse sur son support.

A travers l’association de ces matériaux et de leurs contrastes, l’artiste souligne la complexité d’un monde précieux.

Certains planisphères évoquent la Pangée,
continent unique qui préexistait aux origines de la Terre.

Maelstörm, plaque de marbre retravaillée à l’encre de chine et laque, évoque ce trou noir de l’Océan situé sur les côtes de Norvège.

Biographie

Geraldine Husson est née en 1983 à Mulhouse.
Elle vit et travaille à Strasbourg depuis 2007.
Formée à la HEAR, Haute Ecole des Arts du Rhin, elle expose en France, en Europe et à l’international : Mac de Lyon Sucrière (2015),
Castello Sforzesco Milan (2012), MUDAM
Luxembourg (2011), Xuzhou Museum of Art Chine (2010), Kunsthalle Basel Regionale.

Geraldine Husson est enseignante à l’UNISTRA
Faculté des Arts de Strasbourg.

Informations

Musée des Beaux Arts de Mulhouse
Place Guillaume Tell – 68100 Mulhouse
03 89 33 78 11
www.musees-mulhouse.fr

Ouvert tous les jours sauf le mardi et les jours fériés, de 13h à 18h30.
Du 1er juillet au 31 août : de 10h à 12h et 13h à 18h30.

Peintres femmes,
1780-1830

Marie-Victoire Jaquotot, inspiré par Raffaello Santo,
Corinne au Cap Misène (d’après Gérard)
1825 peinture sur porcelaine

Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Paris, jusqu’au 4 juillet 2021, au Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard – 75006 Paris
Martine Lacas,
commissaire de l’exposition
Loretta Gaïtis et Irène Charrat, scénographie

 


« …comment pourront-elles trouver assez de temps pour être à la fois épouses soigneuses, mères tendres & surveillantes, chefs vigilants de leurs domestiques, & peindre autant qu’il est nécessaire pour le faire bien ? »
Abbé de Fontenay, Journal général de France n°71, 14 juin 1785, p. 283

Naissance d’un combat

Parcours du demi-siècle qui s’étend entre les années pré-révolutionnaires jusqu’à la Restauration, l’exposition Peintres femmes 1780-1830 (vidéo). Naissance d’un combat comprend environ 70 oeuvres exposées provenant de
collections publiques et privées françaises et internationales.
L’exposition s’attache à porter à la connaissance du public une question peu ou mal connue : comment le phénomène alors inédit de la féminisation de l’espace des beaux-arts s’articule à cette époque avec la transformation de l’organisation de l’espace de production artistique (administration, formation, exposition, critique) et une mutation du goût comme des pratiques
sociales relatives à l’art.

salle 1 : Le droit d’être peintres

l’anti-académisme et la féminisation des beaux-arts
Autour de 1780, controverses et rivalités s’attisent, à l’extérieur comme à l’intérieur de l’Académie royale de peinture. Sa hiérarchie, ses privilèges et sa pédagogie suscitent un mécontentement qui n’est pas étranger à la crise socio politique en germe.
Dans le même temps, en marge du Salon officiel, le Salon du Colisée, l’Exposition de la Jeunesse, le Salon de la Correspondance suscitent l’engouement. On y découvre de jeunes peintres femmes de talent. La presse en parle.

                                      Elisabeth Louise Vigée Le Brun, 1800
Autoportrait de l’artiste peignant le portrait de l’impératrice Maria Féodorovna

L’admission en mai 1783 à l’Académie d’Élisabeth Vigée Le Brun et d’Adélaïde Labille-Guiard, déjà célèbres, crée l’événement. Le sujet passionne, déclenche les controverses. On limite à quatre le nombre d’académiciennes. La prééminence de la peinture d’histoire, fer de lance du programme de
restauration de la grandeur de l’école nationale, est menacée, s’inquiète-t-on, par la féminisation croissante des beaux-arts.
L’étude du nu, préalable indispensable au grand genre, est en principe interdit au « sexe faible » car contraire à la morale. Comme l’est la mixité que favorise l’ouverture croissante des ateliers de

Adélaïde Labille Guiard (1764-1794)
Portrait d’Elisabeth-Philippine-Marie-Hélène De France, Madame Elisabeth

formation aux demoiselles. Le débat fait rage, se politise.
La Révolution éclate. Le premier Salon libre ouvre en 1791, l’Académie royale de peinture est abolie en 1793. La même année, la Société populaire et républicaine des arts, mettant en balance vocation domestique et vocation artistique, interdit jusqu’en octobre 1794 aux femmes d’y adhérer. Mais rien
ne les empêche désormais d’exercer professionnellement ni d’exposer : seulement une trentaine dans les salons révolutionnaires, elles seront deux cents au milieu des années 1820.

Salle 2 : Entre Salon et critiques : être une artiste visible

Elle est consacrée à la formation, donc tout ce travail en atelier, ce changement de sociologie aussi, qui s’opère. La fin de cette section 2 aborde la question des réseaux de sociabilité, des amitiés, et aussi un phénomène nouveau, le voyage en Italie. Celui de la peinture de paysage, de plein air, qui rompt avec cette idée de la femme recluse dans l’espace domestique, autour de Sarazin de Belmont et d’un envoi

d’Hortense Haudebourt-Lescot, au salon quand elle était encore à Rome.

Salle 3 le salon

   Un des intérêts de l’exposition est d’avoir déplacé l’origine du point de vue sur les productions des artistes femmes. Les livrets des salons (avec les commentaires des oeuvres, les noms des exposant-e-s), les articles
de la presse en pleine expansion à cette époque, les oeuvres elles-mêmes (par qui ont elles été commandées ? achetées ? etc.),

les témoignages contemporains constituent un paysage totalement différent de celui que l’histoire de l’art traditionnelle nous a transmis : il est beaucoup plus complexe, et le sort des artistes femmes y apparaît moins tributaire qu’on a voulu le dire du schéma manichéen opprimées / oppresseurs, empêchées / favorisés, féminin / masculin. Il s’est donc agi de redonner toute sa place aux témoins et aux acteurs de l’époque dont la parole avait été occultée mais aussi aux oeuvres, à la démarche artistique.


Dans le salon une première zone, s’attache à montrer cette incursion des femmes dans la peinture d’histoire, mais très vite on a cette domination de la peinture de genre, qui emprunte à l’histoire nationale, et là, on rejoint la politique et l’idéologie qui prévaut de façon contemporaine.

Salle 4 « moi peintre »

Cette salle montre différents portraits qui expriment justement cette volonté de se présenter en tant qu’artistes, qu’elles se posent des questions de peinture, qu’elles réagissent par rapport à une mémoire historique de la peinture, reconsidérons-les comme des peintres.

Mes coups de coeur

 Isabelle Pinson
L’attrapeur de mouche
Fille d’un valet du Vicomte de Jaucourt et d’une femme de chambre d’Isabelle de Jaucourt, elle reçoit une éducation raffinée grâce à cette dernière, sa marraine. Formée dans l’atelier
de François-André Vincent puis, à la fin des années 1780, dans celui de Régnault, elle est, grâce au cercle amical des Jaucourt, en contact avec de nombreux représentants de l’élite artistique et intellectuelle comme le sculpteur Jean-Antoine Houdon pour lequel elle a très probablement posé. C’est lui, d’ailleurs, qui aurait favorisé la rencontre de la
jeune artiste et son mariage en 1792 avec André Pierre Pinson, ancien chirurgien major de la compagnie des Cent-suisses et artiste, qui est chargé en 1794 avec le peintre Anicet Lemonnier de seconder, en tant que modeleur en cire, le chef des travaux anatomiques à l’école de médecine, Honoré Fragonard. Sans surprise, elle est amenée à fréquenter le monde médical et à réaliser des portraits de médecins célèbres.
Isabelle Pinson expose au Salon entre 1796 et 1812.

Ana Geneviève Greuze
(1762-1842)Formée par son père, Jean-Baptiste Greuze, qui ouvrit un atelier de jeunes femmes au Louvre dans les années 1770, elle a peint des scènes de genres et des portraits. Selon un schéma traditionnel de transmission familiale et conformément au rôle longtemps dévolu aux filles et aux femmes de
peintres, particulièrement au sein de la corporation de saint Luc dont était issu Greuze, sa manière se confond avec celle du maître, « auteur » de toutes les oeuvres sorties de son atelier, très productif.

Joseph Benoit Suvée
L’invention du dessin (étude)
1776-1791

Le mythe de Dibutade est raconté par Pline l’ancien dans son Histoire Naturelle publiée vers 77 au temps de l’empereur Vespasien.

Le potier Butadès de Sicyone (Dibutade) découvrit le premier l’art de modeler des portraits avec de l’argile. Cela se passait à Corinthe et il dut son invention à sa fille qui était amoureuse d’un jeune homme. Celui-ci partant pour l’étranger, elle entoura d’une ligne l’ombre de son visage projetée sur le mur par la lumière d’une lanterne. Son père fit un relief avec de l’argile appliquée dessus et le mit à durcir au feu avec le reste de ses objets faits avec de la terre. Ce relief fut conservé durant 200 ans au Nymphaeum de Corinthe avant d’être détruit dans un incendie. Le mythe fut considéré au début du 18ème siècle comme l’origine de la peinture et de la sculpture et donna lieu à de nombreux tableaux.

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

https://museeduluxembourg.fr/fr

  • du lundi au dimanche de 10h30 à 19h, nocturne le lundi jusqu’à 22h. 
    En raison du couvre-feu, le Musée du Luxembourg ferme exceptionnellement à 19h les lundis 24 mai, 31 mai et 7 juin 2021.