La Collection Morozov. Icônes de l’art moderne 

La Fondation Louis Vuitton annonce une fréquentation record de 1 250 000 visiteurs pour l’exposition LA COLLECTION MOROZOV. ICÔNES DE L’ART MODERNE, du 22 septembre 2021 au 3 avril 2022. Malgré l’impact évident de la situation sanitaire sur la fréquentation, le public s’est déplacé en très grand nombre pour découvrir et admirer, pour la première fois hors de Russie, les 200 chefs-d’œuvre de l’une des plus importantes collections d’art impressionniste et moderne au monde, avec environ 84 % des visiteurs venus de la France entière pour cet événement dont l’écho a été mondial.

                                              Ivan Abramovitch Morozov

Initialement prévue jusqu’au 22 février 2022, l’exposition, en raison de son immense succès populaire, avait été prolongée jusqu’au 3 avril, soit une durée totale de plus de 6 mois.

Après l’exposition de LA COLLECTION CHTCHOUKINE en 2016, l’exposition de la Collection Morozov constituait le second volet du thème ICÔNES DE L’ART MODERNE, organisé par la Fondation Louis Vuitton en partenariat avec le Musée d’État de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), le Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou) et la Galerie nationale Trétiakov (Moscou).

Les deux expositions du thème ICÔNES DE L’ART MODERNE, sous le commissariat d’Anne Baldassari, ont été dédiées à deux des plus grands collectionneurs – mécènes pionniers de l’art moderne, et auront donc rassemblé
2 550 000 visiteurs au total.

                                               Portrait de Jeanne Samary
Autre performance remarquable, le catalogue et l’album « La Collection Morozov » publiés par la Fondation Louis Vuitton et édités par la Maison Gallimard ont été vendus à 120 000 exemplaires (60 000 + 60 000).

A propos de l’exposition

Déployée dans l’ensemble des salles du bâtiment de Frank Gehry, l’exposition LA COLLECTION MOROZOV rassemblait un ensemble de chefs-d’œuvre emblématiques de la modernité artistique naissante de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, issus de la collection des frères Mikhaïl et Ivan Morozov. Dans une muséographie originale, les visiteurs ont pu admirer les œuvres des plus grands artistes français et russes tels que : Manet, Rodin, Monet, Pissarro, Lautrec, Renoir, Sisley, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Bonnard, Denis, Maillol, Matisse, Marquet, Vlaminck, Derain et Picasso aux côtés de Répine, Vroubel, Korovine, Golovine, Sérov, Larionov, Gontcharova, Malévitch, Machkov, Kontchalovski, Outkine, Sarian ou Konenkov.

Point d’orgue du parcours, le « Salon de musique » de l’hôtel particulier moscovite d’Ivan Morozov, constitué d’un ensemble décoratif monumental composé de 7 panneaux commandés par Ivan Morozov en 1907 à Maurice Denis sur le thème de l’Histoire de Psyché (1908-1909), et de 4 sculptures créées par Aristide Maillol, était présenté pour la première et seule fois hors du musée de l’Ermitage.

Le catalogue de l’exposition, coédité par la Fondation Louis Vuitton et les Éditions Gallimard, a permis de réunir des textes et documents inédits témoignant de la singulière histoire de la famille Morozov et d’établir le catalogue général des fonds d’œuvres français de leurs collections.

Retour des oeuvres

Deux tableaux de la collection Morozov, dont celui d’un oligarque russe et un autre appartenant à un musée ukrainien, exposés à la Fondation Vuitton à Paris jusqu’à début avril, vont « rester en France », a annoncé samedi à l’AFP le ministère de la Culture. Le premier tableau « restera en France tant que son propriétaire, un oligarque russe, demeurera visé par une mesure de gel d’avoirs », a indiqué le ministère, sans donner le nom du propriétaire. Le second, un portrait de Margarita Morozova du peintre Serov, appartient au Musée des Beaux-Arts de Dnipropetrovsk en Ukraine et restera « jusqu’à ce que la situation du pays permette son retour en sécurité », à « la demande des autorités ukrainiennes ».

La situation particulière d’une troisième œuvre « détenue par une fondation privée, liée à un autre oligarque qui vient d’être ajouté sur la liste des personnalités visées par des mesures de gel, fait l’objet d’un examen par les services de l’État », a ajouté le ministère. L’oligarque russe visé par le gel de son tableau (un autoportrait de Piotr Kontchalovski) est Petr Aven, proche de Vladimir Poutine, qui figure sur la liste des personnalités russes faisant l’objet de sanctions occidentales, a-t-on précisé de source proche du dossier.

Ce qui est inattendu dans  ce genre d’exposition, contrairement aux musées suisses et allemands, le public visite avec manteaux, sacs à dos, smartphones.
On n’a pas l’impression que c’est contingenté, malgré la crise sanitaire, aussi,
le plaisir et la chance  de voir toutes ces toiles sont un tantinet gâché par le trop plein de public.

Signé Whistler

La Frick Collection, ouverte au public en 1935 dans la « mansion » new-yorkaise du magnat de l’industrie et grand collectionneur Henry Clay Frick (1849-1919), est l’un des plus importants musées d’art européen des États-Unis. À la faveur de la fermeture de l’institution pour travaux et de la présentation temporaire des collections au « Frick Madison » entre 2021 et 2023, un important ensemble d’œuvres du peintre américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) quitte New York pour la première fois depuis plus d’un siècle pour être présenté au musée d’Orsay jusqu’au 8 mai 2022.

Cette présentation exceptionnelle rassemble 22 œuvres dont 4 peintures, 3 pastels et 12 eaux-fortes de la Frick Collection ainsi que 3 peintures des collections du musée d’Orsay.

Entré de son vivant dans les collections du musée du Luxembourg, peintre américain exigeant d’être retenu dans la section française, ce grand artiste dont le Musée d’Orsay conserve l’un des chefs-d’œuvre, le portrait de sa mère, a tenté de définir une beauté qu’on appelle le « whistlerisme« .
Un artiste, cité par Baudelaire, ami très intime de Mallarmé, de Huysmans et pour un temps d’Oscar Wilde deviendra l’incarnation d’un des personnages majeurs de Marcel Proust, le peintre Elstir.
                      Whistler Portrait of Mrs. Frances Leyland,

Pour les uns, il fut un imposteur qui jetait un pot de peinture à la tête du public, pour d’autres, un artiste déterminant qui proposait une esthétique radicalement nouvelle.

Ses portraits ou ses paysages ont des titres peu descriptifs de leurs sujets mais beaucoup de leurs apparences Arrangement en gris et noir ; Nocturne en en bleu et or ; Variation en violet ou Symphonie en blanc.

James McNeill Whistler mal connu aujourd’hui du grand public en France est un des artistes les plus en vue et les plus débattus à Londres, New York et Paris à la fin du XIXe siècle.

Apparu à la fin des années 1850 dans le sillage du réalisme de Courbet, il s’écarte rapidement de cette veine pour rechercher une peinture libre de toute anecdote, de tout autre propos que celui de son esthétique. Cet engagement vers art pour l’art, le conduit à défendre contre le grand critique anglais de l’époque, John Ruskin, la liberté absolue de l’artiste.

Présentation exceptionnelle en salle 9

Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, la France est une des trois patries du peintre. Né en 1834 dans le Massachussetts, Whistler fait son apprentissage et ses débuts à Paris entre 1855 et 1859. Après son installation à Londres, l’artiste garde un lien privilégié avec la scène artistique parisienne, exposant aux côtés des refusés en 1863 et devenant dans les années 1890 l’un des « phares » de la nouvelle génération symboliste. En 1891, l’État français achète son chef-d’œuvre : Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste. À la même date, Henry Clay Frick bâtit sa collection, et au début des années 1910, l’ouvre à l’art de la fin du XIXe siècle. Il achète dix-huit œuvres de Whistler – peintures et arts graphiques – faisant ainsi de cet artiste l‘un des mieux représentés de sa collection. Aujourd’hui, les grands portraits en pieds de Whistler comptent parmi les œuvres les plus admirées des visiteurs au côté des remarquables peintures d’Holbein, Rembrandt, Van Dyck ou Gainsborough de la collection.

Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste

Au Musée d’Orsay sont présentés l’étonnant paysage L’Océan, peint par Whistler lors d’un voyage au Chili, trois pastels et douze estampes à sujets vénitiens, et trois grands portraits représentatifs de ses célèbres
« symphonies en blanc »

Whistler, Symphony in Grey and Green
et
« arrangements en noir » : le portrait de Mrs Frederick Leyland (chef-d’œuvre de l’Aesthetic Movement) , le portrait de Rosa Corder, et enfin celui de l’extravagant esthète Robert de Montesquiou-Fezensac. Ce dernier, l’un des ultimes tableaux peints par Whistler, est probablement l’œuvre la plus moderne de la collection de Frick. Alors que l’année 2022 sera placée sous le signe de Marcel Proust, dont nous célébrerons le centenaire de la mort, cette effigie nous rappellera aussi l’influence de Montesquiou et de Whistler dans l’élaboration de La Recherche et la création des personnages du baron de Charlus et du peintre Elstir.

Pratique

Lundi Fermé
Mar. Mer. 9h30 – 18h00
Jeudi 9h30 – 21h45
Ven. Sam. Dim.9h30 – 18h00
Localisation
Musée d’Orsay
Adresse
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris

Depuis les champs Elysées bus 73

Charles Ray
Sculpture-fiction

Horse and Rider (2014).

Jusqu’au 20 juin 2022

Commissariat :
Jean-Pierre Criqui, conservateur, service de la collection contemporaine, Musée national d’art moderne
Assistée d’Annalisa Rimmaudo, attachée de conservation au service
des collections contemporaines, Musée national d’art moderne

Pour la première fois en France, le Centre Pompidou et la Bourse de Commerce — Pinault Collection proposent une monographie consacrée à
Charles Ray, figure majeure de la sculpture américaine contemporaine
(né à Chicago en 1953, vivant et travaillant à Los Angeles).
Imaginée en dialogue avec l’artiste, l’exposition du Centre Pompidou,
propose, à travers un ensemble d’œuvres représentatif de ses cheminements, une promenade, un paysage à habiter autant par le corps que par l’esprit.

« L’espace est le médium principal du sculpteur et les sculptures sont elles-mêmes faites d’espace. Elles font, en quelque sorte, partie de la mosaïque spatio-temporelle. Ce sont des événements dans l’espace, faits d’espace. » Charles Ray

Artiste essentiel de l’art de notre temps, le sculpteur américain Charles Ray  fait l’actualité culturelle : en dialogue avec Charles Ray, la Bourse de Commerce — Pinault Collection lui consacre aussi une importante exposition. Cette carte blanche à l’artiste, inédite en France et en Europe par son ampleur, est partagée avec le Centre Pompidou : deux expositions présentées dans les deux musées, voisins l’un de l’autre. Le corpus de l’œuvre de Charles Ray étant composé d’une centaine de sculptures et de bas-reliefs, c’est plus d’un tiers de son œuvre sculptée qui se trouve présenté à Paris pour la première fois, avec près d’une vingtaine d’œuvres à la Bourse de Commerce — Pinault Collection comme au  au centre Pompidou

Les mannequins The Big Lady ou Fall 91

Entre formalisme et réflexion sur la représentation et sur l’individu, Charles Ray joue avec la notion d’échelle, le recours au réalisme comme à la stylisation. Ici une attention soudaine au détail, ailleurs une veine qui s’efface, un regard absent, une expression suspendue… Faits sculptures, les êtres et les objets quotidiens pris pour modèles déjouent sobrement nos repères, par ces imperceptibles décalages et transpositions, par un recours à ce que l’œil pourrait, au premier regard, retenir comme une obsession hyperréaliste, virtuose presque, mais dont les détails, les particularismes, se dérobent.

Sans attribut, contexte, ni narration, les œuvres de Charles Ray parviennent, par leur présence, leur masse, leur monumentalité, à s’ériger en figure universelle, jusqu’à l’abstraction.

L’artiste s’amuse à « nous y faire regarder à deux fois ». Plus encore : tant par leur «étrange familiarité », leur ambiguïté, que par leur indicible précision aux allures de prouesse, les œuvres de Charles Ray déstabilisent, comme sous l’effet d’une hallucination, parvenant presque à ébranler l’espace autour d’elles, la réalité même, faisant entrer silencieusement le regardeur dans une forme de fiction.

Boy with frog 

M. Pinault m’avait demandé de faire une sculpture pour la Punta de la Dogana quelques années avant l’ouverture du musée. À l’époque, j’allais me faire opérer à cœur ouvert pour remplacer une partie de mon cœur. Sa demande m’a instantanément fait visualiser cette sculpture. Je crois que c’est à cause du rôle de la grenouille en Amérique : elle est utilisée en cours de sciences à l’école primaire, pour les premières dissections. Les enfants l’ouvrent pour regarder à l’intérieur. En un sens, cette sculpture renvoie à mon cœur ou à mes entrailles. 

Le corpus de Charles Ray, s’il est restreint en quantité (une centaine d’objets à ce jour) est extrêmement riche. Son travail interroge le spectateur : qu’est-ce qu’une sculpture ? Les réponses de l’artiste sont multiples. Grâce à une profonde connaissance de l’histoire de l’art sculptural, des sculptures archaïques grecques jusqu’aux réalisations de ses contemporains, le travail de Charles Ray se distingue par son immédiateté. 

Huck and Jim

Charles Ray, “Huck and Jim“ (2014) d’après Mark Twain’s The Adventures of Huckleberry Finn. © Charles Ray. Courtesy Matthew Marks Gallery. Photograph by Josh White
Paru en 1884, le livre dont l’action se situe une 40e d’années auparavant, raconte les péripéties de deux fugitifs qui descendent ensemble le Mississipi : Huck un adolescent blanc fuyant un père tyrannique, et Jim, un homme noir tentant d’échaper à sa condition d’esclave. Dans sa sculpture Ray imagine Huck
courbé dans l’eau du fleuve en train de ramasser des oeufs de grenouille. Jim étend sa main au-dessus de lui en un geste protecteur.

“La” nouvelle œuvre de l’artiste a été placée au Centre Pompidou :

Elle a été réalisée, de manière particulièrement non conventionnelle, en papier blanc, et représente une femme nue allongée. Portrait of the Artist’s Mother (2021) est assurément une forme inédite : en sus de la qualité singulière que lui confère le papier blanc devenu volume, un motif floral coloré est peint à la gouache sur sa surface. La couleur, imbibant le papier, semble entrer dans ses profondeurs. Le motif, plaqué sur la forme, en complique la lecture, comme deux récits qui seraient superposés et entreraient en conflit pour devenir cette sculpture… prouvant bien qu’on peut encore inventer des formes dans une discipline qu’on décrit souvent comme ne permettant plus aucune invention.

Elle semble également bien légère, cette œuvre de papier, qui s’oppose aux sculptures en acier de plusieurs tonnes. Ray s’en amuse et conclut ainsi le texte qu’il a rédigé pour l’impeccable catalogue qui accompagne la rétrospective parisienne : “Merci d’avoir visité mon exposition à la Bourse de commerce et au Centre Pompidou. Le poids total des deux expositions s’élève à vingt-six tonnes. Trop lourd pour échapper à l’attraction terrestre. Mais ce que je partage avec vous et avec les sculptures, c’est une réalité physique qui intègre un processus mental.”

Vu ci-dessous au Kunstmuseum Basel et Museum für Gegenwartskunst 

Pratique

Bourse Pinault
métro arrêt Louvre Rivoli
Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h.

Pompidou arrêt Hôtel de Ville

11h – 21h, tous les lundis, mercredis, vendredis, samedis, dimanches
11h – 23h, tous les jeudis

Réservation fortement recommandée

Marcel Proust,
un roman parisien

Jusqu’au 10 avril 2022 au musée Canavalet

« J’avais toujours à portée de ma main un plan de Paris »

Marcel Proust,
La recherche du temps perdu,
Du côté de chez Swann

COMMISSARIAT GÉNÉRAL
Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet – Histoire de Paris
COMMISSARIAT SCIENTIFIQUE
Anne-Laure Sol, conservatrice en chef du patrimoine, responsable du département des Peintures et Vitraux, musée Carnavalet – Histoire de Paris
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Jérôme Bastianelli, président de la société des Amis de Marcel Proust

Le musée Carnavalet – Histoire de Paris commémore le 150e anniversaire de la naissance de Marcel Proust (1871-1922).
Consacrée aux rapports de Marcel Proust à Paris, où se déroule l’essentiel de son existence, l’exposition Marcel Proust, un roman parisien interroge pour la première fois la place de la ville dans le roman proustien.

Première partie

                         Avenue de l’Opéra Pissarro

La première partie de l’exposition explore l’univers parisien de Marcel Proust. Né et mort à Paris, la vie de l’écrivain s’est déroulée au coeur d’un espace fort restreint, un quadrilatère allant du Parc Monceau à la place de la Concorde, de la Concorde à Auteuil, d’Auteuil au Bois de Boulogne et à l’Étoile.

                                
 Paris a une dimension décisive dans l’éveil de la vocation littéraire de Marcel Proust, depuis ses premiers textes à la fin des années 1890 avec ses condisciples du Lycée Condorcet, jusqu’à ses débuts dans la haute société parisienne et la rencontre de personnalités déterminantes.
Sa découverte des milieux artistiques et mondains parisiens, les amitiés et les amours qui y naissent affermissent la personnalité de l’écrivain et le mènent vers la révélation de sa vocation. Une importante cartographie permet de matérialiser la présence de Marcel Proust dans Paris, ses réseaux et lieux de prédilection.


Au coeur de l’exposition, l’évocation de la chambre de Marcel Proust offre – grâce à un dispositif inédit – une plongée immersive dans l’univers de l’écrivain. Les éléments de mobiliers et les objets qui la composent, liés à la vie intime de Marcel Proust et de sa famille, permettent de représenter l’espace de création et de rendre compte de la genèse de l’oeuvre.

La seconde partie

La seconde partie de l’exposition ouvre sur le Paris fictionnel créé par Marcel Proust. En suivant l’architecture du roman À la recherche du temps perdu et au travers de lieux parisiens emblématiques, elle offre un voyage dans l’oeuvre et dans l’histoire de la ville, en s’attachant aux principaux protagonistes du roman. La ville de Paris, poétisée par la fiction, est le cadre de la quête du narrateur, double de l’auteur, jusqu’à la révélation finale de sa vocation d’écrivain.

Environ 280 oeuvres (peintures, sculptures, oeuvres graphiques, photographies, maquettes d’architecture, accessoires et vêtements), manuscrits et documents d’archives, provenant de collections publiques et privées, françaises et étrangères, évoqueront l’univers parisien de Marcel Proust, oscillant entre réel et réinvention. De nombreux extraits de films d’archives, d’adaptations cinématographiques et de captations sonores d’À la recherche du temps perdu offriront aux visiteurs une introduction sensorielle au roman et au monde proustien.

Dans le même temps, au sein des collections permanentes, une exposition-dossier
« Anna de Noailles, L’Ombre des jours »
permettra de découvrir l’univers de création d’une amie de Marcel Proust, la poétesse Anna de Noailles, née Brancovan (1876-1933) qui, dans les années 1910, habitait 40 rue Scheffer dans le XVIe arrondissement. Sa chambre, donnée au musée à la fin des années 1970, sera reconstituée.

INFORMATIONS PRATIQUES

Musée Carnavalet – Histoire de Paris
23 rue de Sévigné – 75003 Paris
Tél. : 01 44 59 58 58
www.carnavalet.paris.fr
Ouvert du mardi au dimanche
De 10h à 18h
Métro St Paul

Pionnières
Artistes dans le Paris
des Années folles

Jusqu’au 10 juillet 2022 au Musée du Luxembourg

commissariat général : Camille Morineau, Conservatrice du Patrimoine et directrice d’AWARE : Archives of WOmen Artists, Research and Exhibitions
commissaire associée : Lucia Pesapane, historienne de l’art
scénographie, mise en lumière : Atelier Jodar et Fabrique.66
audiovisuel : département production et diffusion numérique de la Rmn – Grand Palais

Historique

                                                          Tamara de Lempicka
Très longtemps marginalisées et discriminées tant dans leur formation que dans leur accès aux galeries, aux collectionneurs et aux musées, les artistes femmes de la première moitié du XXeme siècle ont néanmoins occupé un rôle primordial dans le développement des grands mouvements artistiques de la modernité sans pour autant être reconnues de leur vivant en tant que telles. Ce n’est que récemment que leur rôle dans les avant-gardes est exploré : de fait il est à prévoir que lorsque le rôle de ces femmes sera reconnu à leur juste valeur, ces mouvements seront profondément changés.
Cette exposition nous invite à les réinscrire dans cette histoire de l’art en transformation : du fauvisme à l’abstraction, en passant par le cubisme, Dada
et le Surréalisme notamment, mais aussi dans le monde de l’architecture, la danse, le design, la littérature et la mode, tout comme pour les découvertes scientifiques. Leurs explorations plastiques et conceptuelles témoignent d’audace et de courage face aux conventions établies cantonnant les femmes à certains métiers et stéréotypes. Elles expriment de multiples manières la volonté de redéfinir le rôle des femmes dans le monde moderne.                     
                                                                                                                 Amrita Sher Gil       
Les nombreux bouleversements du début du XXeme siècle voient s’affirmer certaines grandes figures d’artistes femmes. Elles se multiplient après la révolution russe et la Première Guerre mondiale qui accélèrent la remise en cause du modèle patriarcal pour des raisons pratiques, politiques et sociologiques.
Les femmes gagnent en pouvoir et visibilité et les artistes vont donner à ces pionnières le visage qui leur correspond.

Pionnières, les années 20

Un siècle après, il est temps de se remémorer ce moment exceptionnel de l’histoire des artistes femmes. Les années 1920 sont une période de bouillonnement et d’effervescence culturelle, d’où sera tiré le qualificatif
d’années folles. Synonymes de fêtes, d’exubérance, de forte croissance économique, cette époque est aussi le moment du questionnement de ce que l’on appelle aujourd’hui les «rôles de genre», et de l’invention ainsi que de l’expérience vécue d’un «troisième genre». Un siècle avant la popularisation du mot «queer», la possibilité de réaliser une transition ou d’être entre deux genres, les artistes des années 20 avaient déjà donné forme à cette révolution
de l’identité.

Les femmes sur tous les fronts

La crise économique, la montée des totalitarismes, puis la Seconde Guerre mondiale vont à la fois restreindre la visibilité des femmes, et faire oublier ce moment extraordinaire des années 20 où elles avaient eu la parole. L’euphorie avant la tempête se joue surtout dans quelques capitales où Paris tient un rôle central, et plus précisément les quartiers latin, de Montparnasse et de Montmartre.

L’exposition

                                      Marie Laurencin portrait de Gabrielle Chanel

L’exposition Pionnières. Artistes dans le Paris des Années folles présente 45 artistes travaillant aussi bien la peinture, la sculpture, le cinéma, que des techniques/catégories d’objets nouvelles (tableaux textiles, poupées et marionnettes). Des artistes connues comme Suzanne Valadon, Tamara de Lempicka, Marie Laurencin côtoient des figures oubliées comme Mela Muter, Anton Prinner, Gerda Wegener. Ces femmes viennent du monde entier, y compris d’autres continents où certaines exporteront ensuite l’idée de modernité : comme Tarsila Do Amaral au Brésil, Amrita Sher Gil en Inde,
ou Pan Yuliang en Chine.

Les nouvelles Eves

Après les “femmes nouvelles” du XIXeme siècle liées à la photographie,
ces « nouvelles Eves », sont les premières à avoir la possibilité d’être reconnue comme des artistes, de posséder un atelier, une galerie ou une maison d’édition, de diriger des ateliers dans des écoles d’art, de représenter des corps nus, qu’ils soient masculins ou féminins, et d’interroger ces catégories de genre. Les premières femmes à avoir la possibilité de vivre leur sexualité, quelle qu’elle soit, de choisir leur époux, de se marier ou pas et de s’habiller comme
elles l’entendent. Leur vie et leur corps, dont elles sont les premières à revendiquer l’entière propriété, sont les outils de leur art, de leur travail, qu’elles réinventent dans tous les matériaux, sur tous les supports.
L’interdisciplinarité et la performativité de leur création a influencé et continue d’influencer des générations entières d’artistes.

Organisation spatiale en neuf chapitres

                                                    Tamara de Lampicka – les 2 amies

L’exposition se veut aussi foisonnante que ces années 1920, convoque artistes et femmes de l’art, amazones, mères, androgynes à leurs heures et révolutionnaires presque toujours, qu’elle rassemble dans neuf chapitres thématiques. Dans certaines salles/chapitres une sélection d’extraits de films, chansons, partitions, romans, revues évoquent les grands personnages féminins dans les domaines du sport, de la science, de la littérature, de la mode.
En introduction, « Les femmes sur tous les fronts » examine comment la guerre a promu les femmes engagées volontaires comme infirmières au front, mais aussi remplaçant les hommes décimés par une guerre meurtrière partout où leur présence était nécessaire.

Paris, c’est la ville des Académies privées où les femmes sont bienvenues ; la ville des librairies d’avant-garde, des cafés où les artistes croisent les poètes et romanciers dont les livres sont traduits et diffusés dans des librairies uniques au monde, où le cinéma expérimental s’invente…. Tous ces
lieux sont tenus ou remplis, par des femmes ; elles sont dans toutes les avant -gardes et toutes les formes d’abstraction.

Comment les avant-gardes se conjuguent au féminin.
Pour ces femmes libérées et autonomes, Vivre de son art est un impératif essentiel : elles développent des ponts entre l’art et les arts appliqués, la peinture et la mode, inventent des espaces intérieurs et des architectures ou même des décors de théâtre, et enfin inventent de nouvelles typologies d’objet comme des poupées/portraits, des marionnettes/sculptures, des tableaux en textile. Sonia Delaunay aura sa boutique ainsi que Sarah Lipska

                                                   Juliette Roche – huile sur toile

Non contentes de réinventer le métier d’artiste, elles se saisissent du temps de loisir et représentent le corps musclé, sous le soleil, voire sportif, transformant le sport masculin en un équivalant féminin à la fois élégant,
ambitieux et décontracté, inventant ce qui deviendra un poncif du XXIeme siècle.

La garçonne

découvre les joies de ne rien faire au soleil (l’héliothérapie), s’inscrit aux Jeux Olympiques ou promeut son célèbre nom grâce à des produits dérivés, pratiquant aussi bien le music hall la nuit, que le golf la journée : elle s’appelle
Joséphine Baker.


Tandis que le corps se déploie librement sous le soleil dans des poses nouvelles, il se réinvente aussi Chez soi, sans fard. Ces odalisques modernes se représentent dans leurs intérieurs avec naturalisme. Plus
besoin de paraître ni de faire semblant : la maternité peut-être ennuyeuse et fatigante; les poses de nues excentriques, le déshabillage une échappatoire aux diktats du regard du monde.
Ainsi s’élabore dans les années 20 ce nouveau point de vue complexe et informé de femmes éduquées et ambitieuses, déterminées à représenter le monde telles qu’elles le voient, à commencer par leur corps. C’est là que leur regard s’affute, se mesure au passé, rêve un autre futur.

Le female gaze des années 20 s’emploie à représenter le corps autrement.
Parmi les tropes que ces années folles inventent et surtout mettent en pratique au grand jour, celui des « deux amies » décrit une amitié forte entre deux femmes sans la présence d’hommes, ou une histoire d’amour, ou d’amitié.

Pour conclure, l’exposition rappellera que ces artistes furent aussi des voyageuses : d’un continent à l’autre pour se former et lancer des avant-gardes dans leur pays ; ou exploratrices de pays inconnus, ou peintres
et sculpteuses à la découverte d’un « autre » dont elles tentent de saisir l’identité sans les poncifs du regard colonial. Ces Pionnières de la diversité souffraient de l’invisibilité dans leur pays : elles étaient à même de
comprendre d’autres identités mises à l’écart : elles ont beaucoup à nous apprendre.

Informations

horaires d’ouverture:
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne tous les lundis jusqu’à 22h
ouvert tous les jours fériés sauf le 1er mai

Bus 63 depuis la gare de Lyon arrêt St Sulpice

René Groebli, l’âge d’or de la photographie suisse

Karussell, 1947 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff

A la Galerie de la Filature jusqu’au 6 mars un maître de la photographie.
René Groebli
fait figure de dernier représentant vivant d’un âge d’or de la photographie suisse. Plus jeune que Werner Bischof et Robert Frank, mais déjà plus âgé qu’un René Burri, le photographe a commencé sa carrière il y a plus de 70 ans.
À ces photographes zurichois de légende partageant d’incontestables connivences de facture, il faudrait encore ajouter le nom de Jakob Tuggener, leur aîné à tous.

Formation

René Groebli est né en 1927 à Zurich. Il prend ses premières photos avec un Rolleiflex en 1942 et commence à apprendre la photographie l’année suivante. En 1945, il étudie à l’école d’arts appliqués de Zurich auprès de Hans Finsler puis se forme comme opérateur de cinéma et commence à expérimenter la photographie du mouvement.

Publication

Magie du rail, # 394, 1949 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff

En 1949, il publie son premier livre Magie der Schiene (Magie du Rail), d’une esthétique radicale par son travail sur le flou et le grain de l’image. En 1954,
Das Auge der Liebe (L’OEil de l’amour),

L’oeil de l’amour, 1953 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff

regroupe des photographies de sa femme Rita Dürmüller prises lors de leur voyage de noces et offre un regard poétique sur la photographie de nu.
Dans les années 1950, il travaille comme reporter pour l’agence londonienne Black Star et publie dans les grands magazines de l’époque puis ouvre
un studio de photographie publicitaire et industrielle qu’il conservera jusqu’à sa retraite.

Reconnu comme un maître

Reconnu comme un maître de la couleur, il pratique tous les genres et suit les évolutions stylistiques et techniques de la photographie dans une
approche où l’avant-garde se mêle à une esthétique plus classique. En 1999, le Kunsthaus de Zurich lui consacre une grande exposition rétrospective. Il continue depuis à exposer et à publier son travail, en explorant avec bonheur un
fonds extraordinaire.

SÉRIES EXPOSÉES

Landdienst, 1946
Karussell, 1947
London, 1949
Magie der Scheine (Magie du Rail), 1949
Das Auge der Liebe (L’OEil de l’Amour), 1952
Beryl Chen – London, 1953
Kalender (Calendriers), 1955-56
New York, 1978
Portraits, 1949-1970
Nus, 2001-2002
Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff (ewgalerie.com)
Impressions jet d’encre René Groebli
Impressions encres latex sur papier peint Picto

DES RENDEZ-VOUS EN ENTRÉE LIBRE

EXPOSITION du mer. 26 janv. au dim. 6 mars 2022
du mar. au sam. de 13h30 à 18h30 et dim. de 14h à 18h + soirs de spectacles

VERNISSAGE

en présence du photographe vendredi le 4 février à 19h

CLUB SANDWICH jeu. 24 fév. 12h30

visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac sur inscription 03 89 36 28 28

VISITES GUIDÉES sur rendez-vous

edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

DEUX EXPOSITIONS À DÉCOUVRIR À PARIS

GALERIE ESTHER WOERDEHOFF du jeu. 24 mars au sam. 7 mai 2022
MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE
du mer. 30 mars au dim. 21 août 2022
exposition collective Love Songs, photographies de l’intime

PRIX

Bourse helvétique, 1951
Prix d’encouragement, 1953
Membre d’honneur de l’Union suisse des photographes, 1983
Lifetime Award de la Swiss Photo Academie (Schweizer Fotoschaffen Photo 06 Lifetime Award),

COLLECTIONS

MoMA, New York
Folkwang Museum, Essen, Allemagne
Fondation suisse pour la photographie, Zurich
Maison européenne de la photographie, Paris
Photo Vision, Montpellier, France
Collection Michèle + Michel Auer, Hermance, Suisse
Banque du Gottard, Lugano, Suisse
Musée Réattu, Arles, France
Hungarian Museum for Photography, Kecskemét, Hongrie

LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse ·
03 89 36 28 28 · www.lafilature.org

Anselm Kiefer
Pour Paul Celan

Jusqu’au 11 janvier 2022 au Grand Palais Éphémère
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en partenariat avec la Galerie Thaddaeus Ropac
commissariat : Chris Dercon, Président de la Rmn – Grand Palais

Celan pour Kiefer
L’artiste allemand déclare que « Paul Celan »(…) ne le quitte jamais (…)
il vit en sa compagnie et tente, de façon presque rituelle, d’écrire « sa langue » sur ses toiles.
Cette dernière indication est à prendre au pied de la lettre, puisque Kiefer inscrit des poèmes ou des extraits sur nombre d’oeuvres, mais également parce que le plasticien cristallise les images du poètes, ce qu’il résume :
« Je pense en images. Les poèmes m’y aident« 

Anselm Kiefer, Car tu as trouvé le Tesson de la Détresse, 2018/2021

C’est un artiste qui m’interpelle, m’attire, m’émeut.
Je me souviens de l’opéra « Am Anfang » à l’opéra Bastille,  où l’Installation-spectacle, la Conception, la mise en scène, les décors et les costumes
étaient sous son autorité.
De l’émotion éprouvée lors de Monumenta au Grand Palais, il y a 15 ans,
de ma première rencontre avec l’oeuvre de l’artiste au
musée Würth d’Erstein, son goût de la provocation (faisant le salut nazi),
une visite mémorable de blogueurs au Louvre qui a acquis 3 de ses oeuvres.
C’est avec un plaisir immense que j’ai pénétré dans la blanche galerie
Thaddaeus Ropac, où les oeuvres trouvent leur juste place, se détachant
avec bonheur de la surface blanche.


N’a t’il pas évoqué pendant l’entretien avec Chris Dercon de ce 15 décembre sa préférence pour le white cube. Le champ labouré derrière le Grand Palais éphémère, avec la Tour Eiffel surplombant l’ensemble fait penser étrangement
à une toile de Kiefer, au grand jour, à nous d’y apporter notre poésie.

                                              Anselm Kiefer, La Seule Lumière

Quinze ans après avoir inauguré la série des Monumenta au Grand Palais en 2007, Anselm Kiefer est le premier plasticien à investir l’intégralité de l’espace du Grand Palais Éphémère, à l’invitation de la Rmn – Grand Palais pour un projet inédit. Projet quelques peu surprenant par sa présentation sur roulettes
et son ambiance de cimetière. C’est un peu la répétition systématique d’une formule.
Avec Pour Paul Celan, Anselm Kiefer poursuit son travail sur la mémoire européenne dont la France et l’Allemagne sont les grands acteurs. Dans cette exposition des sculptures, installations, et 19 toiles de grand format interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande,
Paul Celan.

                                        Anselm Kiefer, Cendre des Puits d’Accra
L’oeuvre de Paul Celan a sans cesse été présent dans les peintures d’Anselm Kiefer, depuis l’adolescence et la découverte du poème « Todesfuge »
(« Fugue de mort »), et se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec ce nouvel ensemble de peintures. Ce dialogue se densifie au cours des dernières années et notamment en 2020 à la faveur de la période d’isolement du confinement

              Anselm kiefer, Comme une arche, elle a quitté la route

Dans les extraits de son journal rédigés pendant la préparation de l’exposition au Grand Palais Éphémère, Anselm Kiefer écrit :
Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé.
(…)
la langue de Paul Celan vient de si loin, d’un autre monde auquel nous n’avons pas encore été confrontés, elle nous parvient comme celle d’un extraterrestre. nous avons du mal à la comprendre.
Nous en saisissons ça et là un fragment. Nous nous y accrochons sans jamais pouvoir cerner l’ensemble. J’ai humblement essayé, pendant soixante ans. désormais, j’écris cette langue sur des toiles, une entreprise à laquelle on s’adonne comme à un rite.

A.K.
l’exposition au grand palais : comment mettre Celan dans une salle construite pour des olympiades ? n’est-ce pas une entreprise impossible, blasphématoire ? tes grands tableaux dans lesquels tu cites Celan : n’est-ce pas comme si tu placardais Celan sur des colonnes Morris ? ne devrais-tu pas mettre le feu aux tableaux, les brûler en public ? 

Celan, qu’ils commentent, et en retour les vers du poète donnent vie aux peintures. Ici les disciplines artistiques s’emparent des conflits de l’histoire, même si, toujours selon Alexander Kluge,
« un Bauhaus pour la prévention de la guerre, » ça n’existe pas.

                               Madame de Staël : de l’Allemagne, 2015-2021

Cette exposition se déroule au moment où la France prend la présidence de l’Union européenne.
Elle en est une forme de prologue, comme si, selon les mots d’Anselm Kiefer,
« Madame de Staël s’adressait à l’Allemagne ».
Les peintures de Pour Paul Celan sont posées dans l’espace dénué
de scénographie classique et de cimaises, sans chronologie, comme les mémoires non traitées de notre existence humaine.

Ouh-la l’-Art Adèle Van Reehtsur France culture
Le Grand Palais Éphémère, espace monumental de 10 000m2 conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, est l’environnement vivant de cette installation.
L’Ecole Militaire ainsi que les bâtiments modernes de l’UNESCO au Sud,
feront écho aux leitmotivs qui hantent l’oeuvre de l’artiste :
l’histoire politique de l’Europe traversée par ses conflits.
Un ouvrage accompagne le projet, rassemblant des textes du philosophe Emanuele Coccia, de l’artiste Edmund de Waal, du cinéaste Alexander Kluge et du conservateur Ulrich Wilmes ainsi que des extraits du journal
d’Anselm Kiefer.

Discours inaugurale d’entrée au collège de France

Informations pratiques

horaires : tous les jours de 10h à 19h
nocturne jusqu’à 21h les vendredi et samedi
(sauf les 24 et 25 décembre : fermeture à 19h)
tarifs: 13 € / 10 € (TR)
gratuit pour les moins de 16 ans
tarif réduit : carte famille nombreuse,
demandeur d’emploi
accès : Grand Palais Éphémère, Place Joffre, 75007 Paris
métro : arrêt «La Motte Piquet Grenelle» par les lignes 6, 8 et 10
arrêt «Ecole Militaire» par la ligne 8
bus : arrêt «Ecole Militaire» par les Bus 28, 80, 86, 92
arrêt « Général de Bollardière» par les Bus 80 et 82

Le Théorème de Narcisse
Jean-Michel Othoniel

Jusqu’au 2 janvier 2022 à l’invitation du Petit Palais,
Jean-Michel Othoniel investit la totalité du musée et son jardin. Il s’agit
de la plus grande exposition personnelle de l’artiste à Paris depuis sa
rétrospective My Way au Centre Pompidou en 2011.

Pour l’occasion, en plus de 70 oeuvres nouvelles, Othoniel invente
Le Théorème de Narcisse : un homme-fleur, qui en se reflétant lui-même, reflète le monde autour de lui. Selon Gaston Bachelard,
« le narcissisme n’est pas toujours névrosant, il joue aussi un rôle
positif dans l’oeuvre esthétique. La sublimation n’est pas toujours la
négation d’un désir. Elle peut être une sublimation pour un idéal. »
L’artiste tisse une toile d’irréalité, d’enchantement, d’illusion,
de libération de l’imagination. Rivières de briques bleues, Lotus
et Colliers d’or, Couronne de la Nuit, Noeuds Sauvages et Precious
Stonewalls miroitants, ces oeuvres sont enchâssées dans le bâtiment,
suspendues aux arbres ou posées sur l’eau ; elles dialoguent avec
l’architecture du Petit Palais et les ors de son jardin.
Cette exposition est un message d’ouverture offert gratuitement au
public. Elle est placée sous le signe du ré-enchantement et de la
théorie des reflets que l’artiste développe depuis près de dix ans
avec la complicité du mathématicien mexicain Aubin Arroyo. Cette
invitation au rêve nous permet, le temps de l’exposition, de résister à
la désillusion du monde.

Commissariat
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais
Juliette Singer, conservatrice en chef du patrimoine, responsable
des projets art contemporain du Petit Palais

Parcours de l’exposition

La Rivière bleue (2021)
Adressant un signal fort aux passants, une Rivière bleue en verre miroitant semble dévaler en cascade l’escalier d’honneur du Petit Palais. Réalisée in situ avec des briques en verre indien, cette sculpture-architecture joue sur le rapport d’expression entre deux couleurs : les teintes aigue-marine, froides et
nocturnes de la rivière bleue, répondent au jaune d’or solaire de l’exceptionnelle grille en ferronnerie
de Charles Girault (1851-1932), qui marque l’entrée du musée. Par cette installation opalescente, qui semble faite de pierres précieuses, Othoniel fait basculer l’architecture du musée vers celle d’un château de conte de fée ; la nuit en particulier, la magie opère, à travers un saisissant effet de flottement
et d’irréalité.

Le Jardin (26 sculptures, 2014-2021)
Un monumental lotus noir et or se dessine à travers la fenêtre
de la rotonde d’accueil. Comme les compagnons d’Ulysse qui,
dans l’Odyssée d’Homère, ne voulurent plus quitter l’île enchantée
des lotophages après avoir goûté à cette fleur magique, les
visiteurs sont invités par cette fleur à pénétrer dans le jardin
et à tout oublier, le temps d’une parenthèse enchantée. Celui-ci
recèle de nombreuses surprises, qui entrent en harmonie
avec l’esprit Art Nouveau du Petit Palais. Sur les mosaïques
colorées du péristyle, six noeuds d’argent, aux entrelacs parés
de perles réalisées en réalité en inox, reflètent tout ce qui
les entoure et notamment la colonnade en demi-cercle, et les
fresques de Paul Baudoüin (1844-1931) qui retracent le cycle
des saisons, avec les heures du jour et de la nuit. Ils ouvrent
ainsi sur l’infini du cosmos, et l’éternel recommencement.
Dans la verdure, au milieu des acanthes et des palmiers, se
révèlent d’autres merveilles : des Colliers précieux, accrochés
aux branches. Dorés, ils font écho aux guirlandes suspendues
du péristyle ; mais ils apportent aussi une autre dimension,
de l’ordre du désir et de la sensualité, tout comme les colliers
dressés au sol, dans les alcôves du péristyle. Dans les
bassins aux mosaïques turquoise et violette, évocateurs des
jardins orientaux, trois lotus dorés se mirent dans une eau,
dont l’image se reflète à son tour à travers les perles-miroirs
qui les composent. Ils rappellent la fleur jaune dans laquelle
Narcisse, épris de sa propre image, a fini par être transformé.
L’homme et son image, ici interrogés, peuvent être vus comme
le dédoublement de l’artiste et son oeuvre ; ou comme le visiteur qui, pris dans ce jeu, peut découvrir à travers ce reflet une certaine image méconnue du monde, et de lui-même.

La Couronne de la Nuit (2008)
Surplombant le magnifique escalier en spirale conçu par Charles Girault, la Couronne de la Nuit tient lieu de lustre
géant et surprend, telle une « folie » cachée. Faisant pendant à la fresque de Maurice Denis, l’Histoire de l’art français (1919-
1925) situé dans l’aile opposée, elle est dominée par des bleus profonds, outremer et aigue-marine, qui invoquent la Reine de
la Nuit, héroïne opératique de la Flûte enchantée de Mozart.
Ces teintes froides sont réchauffées çà et là par quelques perles rouges, comme autant d’étoiles. Deux coeurs renversés,
symbole romantique par excellence, occupent son centre, et sont surmontés d’une énorme boule-miroir, dite « affolante » qui sert habituellement à effrayer les oiseaux

La Grotte de Narcisse (46 oeuvres)
Espaces enfouis à l’abri des regards, les grottes sont, parfois,
érigées en sanctuaires. Platon, dans le mythe de la Caverne,
s’en sert pour montrer combien il est difficile pour les hommes, enchaînés dans leurs illusions, d’accéder à la vérité et de la
partager. Ici, l’Agora (2019), en briques argentées, forme un antre où se cacher seul ou à plusieurs pour renouer avec un dialogue simple et direct, à l’abri des regards, loin des surveillances vidéos et des réseaux sociaux.

Les Noeuds sauvages
Avec son « collier-cicatrice » exposé dans le jardin de la collection
Peggy Guggenheim à Venise, en 1997, Jean-Michel Othoniel
adopte le module de la perle de verre soufflée, qui devient emblématique de ses oeuvres. À l’autre bout du monde, au Mexique, un jeune mathématicien, Aubin Arroyo se consacre, dans les années 2000, à une nouvelle théorie des reflets. Il
utilise l’image virtuelle de perles miroirs comme base à ses
calculs de « noeuds sauvages ». En 2015, grâce au hasard d’Internet,
les colliers noués d’Othoniel, et les images virtuelles d’Arroyo confrontent leurs troublantes ressemblances.
Les deux hommes décident de se rencontrer et entament de
riches échanges. En 2017, Othoniel conçoit le Noeud infini, une
sculpture de verre miroité, qu’il offre à la salle des mathématiques de l’université Nationale de Mexico (UNA), où Arroyo présente le fruit de ses recherches. Issues pour les unes, de l’oeuvre personnelle d’un artiste et pour l’autre de travaux mathématiques, ces formes présentent d’étonnantes similitudes, elles ouvrent sur la notion d’un univers sensible présent dans l’infini mathématique. Cette théorie des reflets invite à une vision cosmique du « mythe de Narcisse ».

Au cours de la séance plénière du mercredi 14 novembre 2018, l’Académie des beaux-arts a élu Jean-Michel Othoniel au 5e fauteuil précédemment occupé par Eugène Dodeigne (1923-2015), dans la section de Sculpture


Sur France Culture podcast

Informations pratiques

Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Entrée libre et gratuite
Métro n°1
arrêt Champs Elysées Clémenceau

Sommaire de novembre 2021

Mina Mond galerie Pol Lemetais

21 novembre 2021 : Merci Seppi. Un cadeau merveilleux au Musée Tinguely
29 novembre 2021 : BILAN : ST-ART 2021, une édition anniversaire

Stand by depuis août jusqu’à novembre pour cause de maladie

ST’ART 2021 – Une édition sous le signe de l’écologie

BILAN : ST-ART 2021, une édition anniversaire

Un visitorat qualitatif
Si, par la force des choses et en raison de la pandémie de
COVID-19, ST-ART n’avait pas pu avoir lieu en novembre
2020, la foire est revenue cette année, du 26 au 28
novembre et a enfin pu fêter sa 25ème édition !
Les exposants saluent une fréquentation qualitative de
collectionneurs, professionnels et amateurs avertis.

« J’ai vu beaucoup de collectionneurs sur cette édition »
Patrick Adler, Galerie Aedaen
• Audrey Clerc, Galerie Murmure, souligne les belles rencontres et le beau relationnel noué avec des nouveaux clients : « J’ai rencontré beaucoup de
nouvelles personnes qui ne connaissaient pas la galerie ».
• Pour Sandra Blum, la foire a été l’occasion de retrouver des collectionneurs qu’elle attendait, et fidéliser des contacts.
Delphine Courtay, qui participait pour la 1ère fois, a noté la présence d’un certain nombre de visiteurs étrangers à Strasbourg et notamment allemands,
également des visiteurs qui ne venaient plus et qui sont revenus cette année :
« ST-ART a un vrai potentiel« .

Une édition plus conviviale qui a séduit exposants comme visiteurs

Le format resserré de ce grand rendez-vous de l’art contemporain a permis des échanges plus qualitatifs et l’édition a été jugée très belle tant par les exposants que par les visiteurs
Patrick Adler (galerie Aedaen) souligne une belle édition : « un des plus beaux ST-ART qu’il ait vu » avec des espaces agréables et une belle circulation.
Audrey Clerc (galerie Murmure) a beaucoup apprécié de pouvoir rencontrer ces confrères dans ce format : « de très belles relations se sont créées entre les exposants ; on est seul dans nos galeries, c’est important de se rencontrer, la foire a permis ces rencontres et a su synthétiser les belles énergies
pour créer du positif ».
Delphine Courtay a salué une bonne ambiance sur la foire.

Patrick Adler (galerie Aedaen) présentait entre autres une magnifique, hypnotique et poétique, vidéo de Robert Cahen

ST-ART célébrait ses 25 ans à travers une série d’événements et expositions
Une édition sous le signe de l’écologie

Avec deux expositions ayant pour thématique la relation des artistes à l’environnement, ST-ART 2021 a posé son regard sur les enjeux climatiques.
Patricia Houg, directrice artistique de la foire et commissaire de l’exposition « FUTURAE« , a réunit 6 artistes dont le travail questionne les enjeux écologiques. Vaughn Bell, Jérémy Gobé, Ha Cha Youn, Clay Apenouvon, Luc Lapayre et Ryo Tomo ont ainsi réalisé chacun une pièce où il interroge l’impact
de l’homme sur la nature, « l’idée étant de pointer du doigt des phénomènes dramatiques avec beaucoup d’esthétisme« .


La Région Grand Est proposait quant à elle une exposition intitulée
« Il n’y a pas de planète B » réunissant 7 artistes du territoire sous le commissariat de Vincent Verlé et dont le parcours initiatique
guidait le visiteur depuis les relations entretenues par les premiers peuples avec la Nature jusqu’à la destruction des écosystèmes par l’Homme.

Hommage à l’artiste R.E. Waydelich

À l’occasion des 25 ans de ST-ART, la galerie strasbourgeoise l’Estampe, en collaboration avec les éditions Rémy Bucciali, proposait une exposition hommage à l’artiste R.E. Waydelich, retraçant 50 ans de carrière de cet artiste singulier, qui est aujourd’hui l’artiste alsacien vivant le plus populaire en
France, et dont la renommée dépasse nos frontières.
Collectionneur infatigable d’objets et de photos, R.E. Waydelich s’est construit une oeuvre protéiforme, qui mêle collages, assemblages, installations.
C’est une méticuleuse et fantaisiste méditation plastique, à la fois mélancolique et pleine d’humour, sur le temps et la mémoire.

Exposition de la Collection Françoise et Jean Greset

Pour célébrer 25 années de présence à ST-ART, Patricia Houg proposait à la galerie Jean Greset d’exposer une sélection des artistes qui avait été présentés à ST-ART durant cette période.
Cette exposition a permis aux visiteurs de revisiter, à travers l’oeil de ces collectionneurs, le mouvement de l’art construit.

Des Facebook Live, retour sur 25 ans de foire
En 25 ans, ST-ART a présenté, découvert et promu plus de 600 artistes par an. La foire a proposé des expositions d’exception, de la Maison Européenne de la Photographie au Museo Picasso Barcelona, et plus récemment en s’ouvrant au Design avec une exposition autour de l’assise.

3 Facebook live ont ainsi permis de se replonger dans 25 ans de soutien à la création contemporaine.

Un jeu concours
Pour la 1ère fois, ST-ART organisait un jeu concours pour faire gagner une oeuvre d’une valeur de 150 euros. 878 participants ont tenté leur chance pour acquérir une aquatinte et pointe sèche signée de l’artiste Alma Bucciali.

 

 

Pour plus détails voir ici le blog de Robert Becker dit la Fleur du dimanche


RDV en novembre 2022 pour la 26e édition !