Naples à Paris Le Louvre invite le musée de Capodimonte

A disputa do Santíssimo Sacramento, de Rafael

Jusqu'au 8 janvier 2024, Le Louvre invite le musée de Capodimonte, de Naples
Plus de soixante-dix des plus grands chefs-d’oeuvre du musée napolitain sont exposés dans trois lieux différents du Louvre
Commissariat général : Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre et Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte.
Commissariat scientifique : Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures, Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre et Patrizia Piscitello, conservatrice de la collection Farnèse et des collections de peintures et de sculptures du XVIe siècle, Allessandra Rullo, directrice du département des Collections, conservatrice des peintures et des sculptures des XIIIe-XVe siècles, Carmine Romano, conservateur, responsable de la numérisation et du catalogue numérique des oeuvres, Museo e Real Bosco di Capodimonte. 

Jusqu'au 8 janvier 2024, Le Louvre invite le musée de Capodimonte, de Naples
Plus de soixante-dix des plus grands chefs-d’oeuvre du musée napolitain sont exposés dans trois lieux différents du Louvre
Commissariat général : Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre et Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte.
Commissariat scientifique : Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures, Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre et Patrizia Piscitello, conservatrice de la collection Farnèse et des collections de peintures et de sculptures du XVIe siècle, Allessandra Rullo, directrice du département des Collections, conservatrice des peintures et des sculptures des XIIIe-XVe siècles, Carmine Romano, conservateur, responsable de la numérisation et du catalogue numérique des oeuvres, Museo e Real Bosco di Capodimonte. 

Présentation

Réaffirmant l’importance des collaborations entre les institutions muséales européennes, le musée du Louvre a noué pour l’année 2023 un partenariat d’une envergure inédite avecle musée de Capodimonte.

Chefs d’oeuvre

Ancienne résidence de chasse des souverains Bourbon, le palais (la Reggia en italien) abrite aujourd’hui l’un des plus grands musées d’Italie et l’une des plus importantes pinacothèques d’Europe, tant par le nombre que par la qualité exceptionnelle des oeuvres conservées. Capodimonte est l’un des seuls musées de la péninsule dont les collections permettent de présenter l’ensemble des écoles de la peinture italienne. Il abrite également le deuxième cabinet de dessins d’Italie après celui des Offices ainsi qu’un ensemble remarquable de porcelaines.

Une ambitieuse programmation culturelle donne à cette invitation, au-delà des salles du musée, les dimensions d’une véritable saison napolitaine à Paris.

« En 2023, les plus beaux chefs-d’oeuvre du musée de Capodimonte dialogueront avec ceux du Louvre, au sein même du musée, dans le cadre d’un dispositif inédit. Une programmation musicale et cinématographique foisonnante viendra enrichir cette invitation pour définitivement installer Naples à Paris pendant près de six mois. Palais royaux transformés en musées, riches de collections héritées des plus grands souverains, symboles des liens historiques entre la France et l’Italie, le Louvre et Capodimonte ont beaucoup à partager et à dire. Je veux sincèrement remercier Sylvain Bellenger, Directeur du musée de Capodimonte, qui en confiance et amitié nous fait le grand honneur d’accepter notre invitation. Cette collaboration exceptionnelle et exclusive, illustre parfaitement l’élan européen et international que je souhaite pour le Louvre. », déclare Laurence des Cars

UN DISPOSITIF EXCEPTIONNEL

Salon Carré, Grande Galerie et salle Rosa (Aile Denon, 1er étage)

La volonté des deux musées est de voir les insignes chefs-d’oeuvre de Naples se mêler à ceux du Louvre, dans une présentation véritablement exceptionnelle : la réunion des deux collections offre pendant six mois aux visiteurs un aperçu unique de la peinture italienne du XVe au XVIIsiècle, permettant également une vision nouvelle tant de la collection du Louvre que de celle de Capodimonte.

Trente-et-un tableaux de Capodimonte, parmi les plus grands de la peinture italienne,  dialoguent avec les collections du Louvre (oeuvres de Titien, Caravage, Carrache, Guido Reni pour n’en citer que quelques-uns), soit les compléter en permettant la présentation d’écoles peu ou pas représentées – notamment bien sûr, la singulière école napolitaine, avec des artistes à la puissance dramatiques et expressives tels que Jusepe de Ribera, Francesco Guarino ou Mattia Preti.

Sébastien Allard,
« l’une des premières tentatives de l’histoire de l’art pour rendre la vision perspective da sotto in sù ».


Cela est aussi l’occasion de découvrir la bouleversante Crucifixion de Masaccio, artiste majeur de la Renaissance florentine mais absent des collections du Louvre, un grand tableau d’histoire de Giovanni Bellini, La Transfiguration,

dont le Louvre ne possède pas d’équivalent ou encore trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique Antea. La confrontation de ces oeuvres avec les Corrège du Louvre promet assurément d’être l’un des moments forts de cette réunion.

PRESENTATION DU MUSEE DE CAPODIMONTE
Par Sylvain Bellenger

L’exposition Naples à Paris, Le Louvre invite le Musée de Capodimonte est une première dans l’histoire des expositions. Le sujet de l’exposition n’est ni un artiste ni un mouvement, ni même un pays, mais un musée. Le musée, on le sait depuis longtemps, et chaque jour d’avantage, n’est pas un simple contenant mais bien un acteur de l’histoire. Ses collections constituent un grand récit, avec l’exposition ce récit se transforme en dialogue, des oeuvres se rencontrent et racontent le Musée, les deux musées.

La rencontre est d’autant plus forte que l’invitation faite à Capodimonte, pendant la fermeture de ses galeries pour de grands travaux, est de s’exposer non pas isolé, mais en compagnie des collections italiennes du Louvre, dans la Grande Galerie, le Salon Carré, la salle Salvator Rosa et la salle de la Chapelle, les lieux les plus historiques et les plus illustres du musée, ainsi que dans la salle de l’Horloge. Le choix des oeuvres a été fait pour solliciter cette rencontre qui porte un éclairage nouveau sur les oeuvres mais aussi sur la collection, son esprit, son histoire.


Des histoires qui se ressemblent

L’histoire de Capodimonte est indissociable de l’histoire du royaume de Naples comme l’histoire du musée du Louvre est indissociable de la Révolution française. La création du premier est liée à la création du royaume qui occupa toute la botte italienne comme la création du second résulte de la Révolution Française. Comme le Louvre, la Reggia di Capodimonte est un des rares palais royaux à être transformé en musée.

Mais Capodimonte a la particularité d’avoir été construit pour abriter des collections, celles de la famille Farnèse qu’Élisabeth Farnèse (1692-1766), reine consort d’Espagne par son mariage en 1714 avec Philippe V d’Espagne, le petit fils de Louis XIV, donne à son cinquième fils, Charles de Bourbon (1716-1788), duc de Parme et de Plaisance quand il devient roi de Naples en 1734.

Le royaume de Naples, antique Vice-Royaume espagnol et plus récemment Vice-Royaume autrichien fut l’enjeu de toutes les convoitises des grandes puissances européennes – l’Espagne, l’Autriche et la France – pendant les guerres de succession d’Espagne (1701-1714), puis celle de Pologne (1733-1738). Il devient, grâce à l’habileté diplomatique d’Élisabeth Farnèse un royaume indépendant gouverné jusqu’á l’Unité de l’Italie par les Bourbons de Naples, une branche cadette des Bourbons d’Espagne.
Élisabeth, la dernière des Farnèse, grande famille de collectionneurs, qui depuis la Renaissance, avec le Cardinal Alexandre Farnèse, sous le Pontificat de Paul III Farnèse, avait constitué une des plus grandes collections d’antiques et d’oeuvres des grandes écoles italiennes (Venise, Bologne, Florence, Rome), commandités, hérités ou conquises, qui étaient abritées dans les grands palais familiaux, le palais Farnèse, la villa de Caprarola ou le palais de la Pilotta à Parme.

L’ensemble de cette fabuleuse collection familiale fut transporté à Naples, qui s’enrichit subitement d’une collection d’oeuvres d’art comparable à celle des grandes capitales européennes. Naples sous le règne de Charles de Bourbon devient une Capitale des Lumières que les découvertes des villes romaines d’Herculanum et de Pompéi activement promues par le nouveau pouvoir, met sur la carte du monde.

La traditionnelle vitalité de la vie musicale de la ville se développe avec la création du théâtre San Carlo, le premier théâtre d’opéra d’Europe et la création à Capodimonte d’une manufacture de porcelaine, un enjeu technologique d’avant-garde pour toute l’Europe du XVIIIe siècle qui fait de la capitale du nouveau royaume une des destinations principales du Grand Tour. Naples est alors, après Londres et Paris, la troisième ville d’Europe. La collection Farnèse est alors hébergée dans l’aile sud-ouest de la Reggia de Capodimonte, majestueuse construction située sur une des collines de la Ville, où est planté un énorme parc pour la chasse, passe-temps favori de tous les Bourbons. La collection devient une collection dynastique et Charles de Bourbon la laisse à Naples, à son fils Ferdinand IV, quand la mort de son demi-frère Ferdinand VI, en 1759, le fait monter, vingt-cinq ans après son intronisation napolitaine, sur le trône d’Espagne.

La collection Farnèse enrichie par tous les régimes politiques qui, de Joachim Murat, roi de Naples de 1808-1815, à la Maison de Savoie jusqu’à la République unitaire, dote Capodimonte d’une collection qui illustre bien au-delà de l’école napolitaine pratiquement toutes les écoles de la péninsules représentés au plus haut niveau.

En 1957, après la Seconde Guerre mondiale, Capodimonte restauré devient le Musée National de Capodimonte. La grande pinacothèque du Sud promeut de grandes expositions sur la civilisation napolitaine. En 2014, la réforme du ministre Franceschini rend le musée autonome de la Surintendance de Campanie et lui adjoint le parc royal, un jardin historique planté au XVIIIe et au XIXe siècle avec des essences qui sont souvent des cadeaux diplomatiques offerts au roi de Naples. Ce parc, le Bosco de Capodimonte, est le plus grand parc urbain d’Italie : outre la Reggia, il contient une vingtaine d’édifices qui sont placés sous la direction unique du nouveau site « Museo e Real Bosco di Capodimonte ».

Tous ces édifices font depuis 2017 partie d’un MasterPlan, qui leur attribue une destination, culturelle, éducative, sportive ou culinaire et qui entoure la grande pinacothèque d’un véritable campus culturel pluridisciplinaire : une Foresteria et Centre de recherche sur l’art et l’architecture des grandes cité portuaires, dans l’ancienne Capraia, une école de jardiniers dans l’Ermitage des Capucins, un musée de l’Arte Povera dans la Palazzina dei Principi, une école de digitalisation des biens culturels et des paysages, une Maison de la photographie, un centre de la santé et du bien-être, trois résidences d’artistes, une chapelle récemment dotée d’un décor de porcelaine réalisé par Santiago Calatrava dans les locaux même de la Manufacture Royale de porcelaine, aujourd’hui une école des métiers de la porcelaine,…
L’entrée du parc est gratuite et sa récente restauration en fait un des lieux favoris des Napolitains.

Informations Pratiques

BIENVENUE AU LOUVRE

Il y a toujours une bonne raison de venir au Louvre. Les œuvres du palais vous étonnent, vous invitent à rêver, à imaginer. Il est temps de préparer votre visite. Besoin d’inspiration ? Parcours et visites guidées vous font découvrir les lieux emblématiques. Et au cœur de Paris, les jardins vous accueillent.
Métro ligne 1 arrêt Palais Royal musée du Louvre
Bus 63

Sommaire du mois de juillet 2023

La villa des Roches Brunes à Dinard

30 juillet 2023 : Art is Magic Jeremy Deller
28 juillet 2023 : « FOREVER SIXTIES » Au Couvent des Jacobins de Rennes
27 juillet 2023 : Attention ARNAQUE
24 juillet 2023 : Irving Penn, Portraits d’artistes à la Villa Les Roches Brunes, Dinard
23 juillet 2023 : « Traînard : collectionneur, amateur et curieux »
22 juillet 2023 : A la rencontre de Vincent Gicquel via François Pinault
19 juillet 2023 : Week-end Membership Bretagne
10 juillet 2023 : Abdelkader Benchamma – Géologie des déluges
03 juillet 2023 : David Zuccolo
01 juillet 2023 : Charmion von Wiegand

« Traînard : collectionneur, amateur et curieux »


Daniel Ruggiero
+ Spécial Guest

Suite à sa résidence au « Palais des paris » en juillet 2023, Daniel Ruggiero (Urbangame) nous fait le plaisir de nous présenter un ensemble de dessins accompagné d’une collection de planches de skate qui ont été investies par une vingtaine d’artistes spécialement choisis pour l’occasion.

Exposition
ouverte samedi 29 et dimanche 30 juillet 2023
de 12h00 à 18h00.
Adresse : Palais des paris,
96-2 Ôhashimachi,
Takasaki 370-0803
Japon
Organisateur : Palais des paris
Partenariat :
AVV,Service de la culture – ville de LausanneFondation art-en-jeu,
LGS Board Manufacture, ABU Board distribution
 

Les artistes de la collection de skate :

Julien Babel – Crystel Ceresa – Anaëlle Clot – Jérémie Cortial – Hadrien Dussoix – Thierry Feuz –Ludo Gabriel – Elise Gagnebin-de Bons – Balmer Hählen – Martin Hyde – Andreas Kressig – Eric Martinet – Giancarlo Mino – Sandrine Pelletier – Christophe Riotton – Sylvain Rossel –  Denis Roueche – Daniel Ruggiero – Sdzn – Sébastien Théraulaz – Cyril Vandenbeusch

Partenariat : AVVService de la culture – ville de LausanneFondation art-en-jeu, LGS Board Manufacture, ABU Board distribution

Informations pratiques

Si vous souhaitez faire une résidence au Palais des paris dans la ville de Takasaki en périphérie de Tokyo, contactez-moi directement en message privée. Envoyez-moi un dossier d’artiste, un dossier de projet est tout à fait facultatif. Je vous répondrai rapidement et vous donnerai les contraintes inhérentes à notre contexte.

Pour me contacter :
https://www.instagram.com/palaisdesparis/
https://www.instagram.com/weigelfrederic/
https://www.facebook.com/frederic.weigel.16/

Charmion von Wiegand

Au Kunstmuseum Basel, neubau jusqu'au 13.8.2023, exposition Charmion von Wiegand (1896-1983)
Commissaire : Maja Wismer avec Martin Brauen
L’artiste
Portrait of American abstract painter Charmion von Wiegand (1896 – 1983) as she poses in her studio with several of her paintings, August 16, 1961. (Photo by Arnold Newman Properties/Getty Images)

Au printemps 2023, le Kunstmuseum Basel présente une exposition monographique de Charmion von Wiegand (1896-1983), journaliste, critique d’art et peintre américaine. Il s’agit de la première rétrospective depuis près de quarante ans et de la toute première exposition institutionnelle en Europe. Celle-ci s’étend de ses débuts comme correspondante dans le Moscou post-révolutionnaire des années 1930 jusqu’à son oeuvre picturale tardive. À travers 49 peintures et esquisses ainsi que des documents variés, l’exposition retrace le parcours d’une artiste tombée dans l’oubli ayant manifesté une ouverture à d’autres cultures et un intérêt pour la diversité.

Reconnaissance

Au milieu du XXe siècle, Charmion von Wiegand bénéficie d’une reconnaissance en tant qu’artiste associant les principes de l’abstraction géométrique aux formes et aux couleurs du symbolisme d’Extrême-Orient.
Née à Chicago, elle grandit tour à tour en Floride, en Arizona, puis à San Francisco et à Berlin avant de s’installer à New York en 1915. Membre active des cercles littéraires des années 1920, elle est familière de la scène new-yorkaise. Reporter dans le Moscou soviétique des années 1930, elle se fait un nom comme critique d’art pour différentes publications. Sa percée artistique survient en 1945 lorsqu’elle présente une oeuvre dans l’exposition visionnaire The Women organisée à la galerie Art of This Century de Peggy Guggenheim. S’ensuit sa première exposition individuelle dans une petite galerie new-yorkaise renommée en 1947.

L’influence de Piet Mondrian

En 1941, après sa critique du pamphlet Five on Revolutionary Art dans lequel Piet Mondrian est qualifié de « véritable artiste révolutionnaire », Charmion von Wiegand contacte l’artiste qui vient d’émigrer aux États-Unis. Cette rencontre aura de profondes répercussions sur le parcours de Charmion von Wiegand. D’une part, elle introduit Mondrian dans la société new-yorkaise et écrit des articles sur son travail, d’autre part elle corrige ses textes et réalise des esquisses pour le premier état de Victory Boogie-Woogie (1942–44), une peinture inachevée de Mondrian. Le peintre néerlandais influence également son oeuvre pictural. Son vif intérêt pour l’approche artistique de Mondrian renforce sa conviction que l’abstraction géométrique ne doit demeurer purement formelle, mais peut également restituer une idée.

Mondrian Circle

                           Charmion von Wiegand, Night Rhythm, 1948
                           Huile sur toile, 76 x 50 cm
                     Fondazione Marguerite Arp, Locarno Photo: Roberto Pellegrini

Cette révélation se reflète notamment dans ses « tableaux urbains » qu’elle exécute après le décès de Mondrian en 1944. À cette époque, elle fréquente un groupe d’artistes américains connu sous le nom de « Mondrian Circle » auquel appartient également Fritz Glarner, un peintre suisse en exil. Vassily Kandinsky et Hans Arp constituent d’autres références artistiques majeures dans son travail. Charmion von Wiegand se libère bientôt de la réduction chromatique rouge, jaune, bleu. Dans le même temps, elle recourt à une palette élargie afin d’exprimer sur la toile son intérêt pour les écrits d’Helena Petrovna Blavatsky, fondatrice de la théosophie. Charmion von Wiegand éprouve une fascination pour ses réalisations consacrées aux codes couleur bouddhistes et aux formes géométriques, en particulier les mandalas.

Spiritualité et bouddhisme

                                        Charmion von Wiegand
                                       The Ascent to Mt. Meru, 1962
                                       Gouache sur papier, 59.4 x 46.7 cm
                                       Solomon R. Guggenheim Museum, New York

À partir des années 1950, Charmion von Wiegand s’adonne à la pratique spirituelle du bouddhisme tibétain. Elle nourrit son intérêt pour la théosophie en approfondissant ses connaissances de l’art tibétain à travers l’étude d’ouvrages ethnologiques. Par la suite, elle joue un rôle décisif dans la création d’un Tibet Center à New York. Bouddhiste pratiquante, elle s’intéresse désormais à l’élaboration d’un vocabulaire artistique lui permettant également d’employer forme et couleur comme supports d’expression de la spiritualité. Charmion von Wiegand développe ainsi un langage pictural en faveur d’un
« bouddhisme transculturel moderne », comme l’écrit Haema Sivanesan dans le catalogue de l’exposition.


L’exposition Charmion von Wiegand présente 49 peintures et travaux sur papier issus de prêts suisses et internationaux. La majorité de ces oeuvres provient de la succession de l’artiste. D’autres prêts d’oeuvres ont été consentis notamment par le Museum of Modern Art (MoMA) de New York, le Seattle Art Museum et le Walker Art Center de Minneapolis.

Charmion von Wiegand
Programmes & événements

Charmion von Wiegand, le bouddhisme tibétain et le mandala de Kalachakra
24.7. – 13.8.2023, Neubau, Eventfoyer
Pendant les heures d’ouverture régulières
En collaboration avec le monastère de Namgyal, Dharamsala (Inde), un mandala de sable Kalachakra (en sanskrit : « roue du temps »), l’un des plus complexes de son genre, sera réalisé au Kunstmuseum Basel. À partir du 24 juillet, les visiteurs pourront suivre le processus de création complexe. Lors du finissage de l’exposition le 13 août, le mandala sera dissous et « remis » au Rhin en présence du public et dans un acte rituel.
La réalisation du mandala sera accompagnée par le commissaire invité Martin Brauen, auteur entre autres du livre Mandala : Sacred Circle in Tibetan Buddhism (2009).

Informations pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
CH-4010 Bâle
Téléphone +41 61 206 62 62
Fax +41 61 206 62 52
info@kunstmuseumbasel.ch

DI ; JEU–DIM 10h–18h
MER 10h–20h
LUN fermé

mar–dim 11h–18h
lun fermé

BISTRO ART MUSEUM
St. Alban-Graben 16
Postfach
CH-4010 Basel
Téléphone +41 61 271 55 22
Mail

Sommaire de juin 2023

La Dentelière de Vermeer en prêt au Louvre Lens
Pendant près d’un an, le musée du Louvre prête sa précieuse Dentellière de Vermeer au Louvre-Lens. Le chef-d’œuvre est visible gratuitement dans la Galerie du temps.

29 juin 2023 : Manet / Degas
24 juin 2023 : Fondation Vasarely
22 juin 2023 : BASQUIAT X WARHOL, À QUATRE MAINS
17 juin 2023  : Shirley Jaffe Forme et expérience
14 juin 2023 : Doris Salcedo, suite
12 juin 2023 : Destins Communs, Omar Ba
11 juin 2023 : Basquiat, The Modena Paintings
07 juin 2023 :Janet Cardiff & George Bures Miller Dream Machines
05 juin 2023 :Mémoires et gestes, une soirée de performances 
03 juin 2023 :LE TEMPS S’ENFUIT SANS DISPARAÎTRE
01 juin 2023 :Découvrez le musée Moco à Amsterdam

Shirley Jaffe Forme et expérience

Atelier de Shirley Jaffe, Paris, 13 octobre 2008
Tableau à l’arrière-plan : Shirley Jaffe, Bande Dessinée en Noir et Blanc, 2009
© Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, MNAM-CCI / Jean-Christophe Mazur © 2023, ProLitteris, Zurich

Jusqu'au 30.7.2023, le Kunstmuseum Basel | Neubau présente Shirley Jaffe
Commissaires :
Olga Osadtschy (Kunstmuseum Basel),
Frédéric Paul (Musée national d’art moderne Centre Pompidou)
Introduction

Le Kunstmuseum Basel présente Shirley Jaffe. Forme et expérience. Il s’agit de la première rétrospective consacrée à cette peintre américaine obstinée et audacieuse qui devint un modèle pour nombre de jeunes artistes. C’est à Paris, où elle s’installe dans les années 1950, qu’elle élabore son propre langage formel au fil des années. L’exposition conçue en coopération avec le Centre Pompidou de Paris et le Musée Matisse de Nice donne à voir 113 oeuvres allant de ses débuts marqués par l’expressionnisme abstrait jusqu’aux grandes peintures géométriques caractéristiques de son oeuvre.

Biographie

Shirley Jaffe (1923–2016), née Shirley Sternstein dans le New Jersey, étudie à la Cooper Union à New York. En 1949, elle s’installe à Paris en compagnie de son mari, le journaliste Irving Jaffe, grâce au G.I. Bill destiné aux soldats vétérans américains. Son mariage ne tient pas longtemps, mais elle reste en France. Bientôt, elle fréquente de nombreux artistes américains parmi lesquels Al Held, Norman Bluhm, Kimber Smith, Sam Francis, Joan Mitchell et le Canadien Jean-Paul Riopelle installés dans la capitale française après-guerre. Ses tableaux expressionnistes abstraits de l’époque, à l’instar d’Arcueil Yellow (1956), évoquent des formations géologiques. En même temps que l’épanouissement de la gestualité, sa touche et sa palette gagnent en complexité (p. ex. East Meets West, 1962).

Shirley Jaffe Arcueil Yellow, 1956 Huile sur toile, 199 x 197 cmCentre Pompidou, Musée nationale d’art moderne, Paris © 2023, ProLitteris, Zurich
Photo: Centre Pompidou, RMN-Grand Palais / Audrey Laurans

La période baloise

En 1958, Darthea Speyer organise une exposition des oeuvres de Shirley Jaffe avec celles de Sam Francis et de Kimber Smith au Centre culturel américain de Paris. Par l’entremise de Sam Francis, Shirley Jaffe fait la connaissance du commissaire Arnold Rüdlinger. Directeur de la Kunsthalle Bern (1946–1955) et de la Kunsthalle Basel (1955–1967), celui-ci transforme et modernise durablement le paysage artistique suisse. Arnold Rüdlinger présente les tableaux de Shirley Jaffe dans plusieurs expositions collectives et fait l’acquisition de deux de ses oeuvres pour la légendaire collection privée
« La Peau de l’Ours » créée à Bâle en 1955 par sept amateurs d’art et pour laquelle il assure la fonction de conservateur. En 1964, l’ensemble des oeuvres de cette collection sont exposées à la Kunsthalle Basel.

Dans le même temps, Shirley Jaffe présente son travail dans différentes galeries suisses : chez Handschin à Bâle et chez Klipstein & Kornfeld à Berne. En 1969, une de ses peintures entre pour la première fois dans une collection française publique. À partir de 1985, le Musée national d’art moderne acquiert des oeuvres de l’artiste. Suite à une importante dation posthume d’oeuvres de Shirley Jaffe en 2019, le Centre Pompidou possède le plus riche ensemble institutionnel de son oeuvre. La majeure partie des archives de l’artiste sont, quant à elles, conservées à la bibliothèque Kandinsky.

Rupture avec l’expressionnisme abstrait …

Dans les années 1960, Shirley Jaffe se détourne de l’expressionnisme abstrait de ses débuts. Ce tournant dans son oeuvre commence en 1963 lors d’un séjour à Berlin-Ouest où elle passe un an et demi, grâce à une bourse de la Fondation Ford, avant de revenir à Paris. Dans ses peintures, elle introduit des formes simples, bien distinctes, dont la géométrie contraste avec une gestualité puissante. Le recours à une palette très vive comme dans The Big Square (1965) met en évidence la structure de ses tableaux.

Kunstmuseum Basel, © 2023, ProLitteris, Zurich Photo: Jonas Hänggi
Shirley Jaffe Big Square, um 1965 Huile sur toile, 204 x 190 cm

Changement radical

Un changement encore plus radical survient à partir de 1968 : Shirley Jaffe renonce dorénavant à toute gestualité pour faire place à une géométrie ordonnée et à des couleurs mates. Des compositions frontales formées d’aplats voient le jour. Boulevard Montparnasse (1968) illustre bien cette évolution.

En 1969, Shirley Jaffe s’installe dans un petit atelier de la rue Saint-Victor dans le 5e arrondissement (le Quartier Latin) où elle vivra et peindra jusqu’à son dernier souffle en 2016. De nombreux artistes lui rendent visite au fil des ans, dont Polly Apfelbaum, Beatriz Milhazes et Sarah Morris. En osant se détourner radicalement de l’expressionnisme abstrait et s’engager dans une nouvelle voie, elle devient un modèle et une référence pour les générations suivantes qui découvrent son oeuvre à la galerie parisienne Nathalie Obadia notamment.

Shirley Jaff Untitled, 1968 Huile sur toile, 162 x 114 cm
Galerie Nathalie Obadia, Pairs / Brussels © 2023, ProLitteris, Zurich Photo: © Bernard Huet / tutti image

Vers un style personnel

À partir des années 1970, Shirley Jaffe commence à développer une écriture personnelle aux contours ciselés. Cette phase de création se caractérise par des formes libres dérivant de la géométrie classique et formant chacune leur propre plan coloré. Si des lignes se trouvent sur une surface colorée, elles ne débordent ni sur la couleur, ni ne se recoupent. Vers la fin de cette période, Shirley Jaffe tente en outre de se libérer du cadre rectangulaire.

Introduction du blanc

À partir de 1983, son oeuvre est entièrement placée sous le signe du blanc qui isole d’abord les formes les unes des autres pour leur conférer davantage d’indépendance (p. ex. Sailing, 1985). Durant cette phase de création, l’artiste explore également la manière dont le blanc contribue à la répartition dynamique des aplats sur la toile. Des formes auparavant disjointes se rencontrent désormais dans des constellations géométriques osées.
Le blanc ne se veut pas une couleur de fond, ses nuances variant au fil des tableaux : jamais cette couleur n’est composée à l’identique.
Shirley Jaffe complète ses oeuvres de longues lignes courbées ou anguleuses parcourant plusieurs plans colorés qui renforcent ainsi une impression de superposition (p. ex. All Together, 1995).
Enfin, à partir de 1995 puis 2001 en particulier, des variations de densité chromatique apparaissent à l’intérieur des formes. Des traces de pinceaux ou des éléments colorés diffus fracturent désormais le chaos ordonné des tableaux de même que les aplats parfaitement homogènes.

Shirley Jaffe All together, 1995 Huile sur toile, 240 x 254 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris
© 2023, ProLitteris, Zurich
Photo: © Centre Pompidou, RMN Grand-Palais, Philipp Migeat

Notes d’atelier

L’exposition s’accompagne de notes d’atelier de l’artiste, qui a scrupuleusement consigné la lente exécution de ses oeuvres, ainsi que des documents d’archives provenant de sa succession privée.

Ces deux dernières années, le Kunstmuseum Basel a fait l’acquisition de deux peintures de Shirley Jaffe : Medrano (1958) et Big Square (1965). Le musée dispose ainsi d’une oeuvre de jeunesse et d’un travail exécuté au début du tournant vers l’élaboration de son écriture personnelle. Le Kunstmuseum possède en outre quatre travaux sur papier de la fin des années 1950.

Shirley Jaffe Medrano, 1958 Huile sur toile, 207.5 x 194 cm
Kunstmuseum Basel, © 2023, ProLitteris, Zurich Photo: Jonas Hänggi

Shirley Jaffe Oral (Art) History

Le projet Shirley Jaffe Oral (Art) History a invité des témoins de l’époque, amis et collègues de Jaffe, à jeter un regard sur la vie et l’oeuvre de l’artiste sous différentes perspectives. Une sélection du matériel ainsi obtenu est intégrée à l’exposition du Kunstmuseum Basel sous forme d’installation audio. L’ensemble du matériel de ce projet d’histoire orale est accessible sur le site web du musée.

Information pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch


Basquiat, The Modena Paintings

Jean-Michel Basquiat, Untitled (Woman with Roman Torso [Venus]), 1982
Acrylique et pastel gras sur toile, 241 x 419,7 cm Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Robert Bayer

Basquiat à Modène du 11 juin – 27 août 2023 à la Fondation Beyeler présente les
« Modena Paintings », huit toiles de grand format que Basquiat a peintes en 1982 dans la ville italienne de Modène pour un projet d’exposition qui n’a finalement jamais vu le jour
L’exposition est placée sous le commissariat conjoint de Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, et d’Iris Hasler, Associate Curator à la Fondation Beyeler.
Introduction

13 ans après la grande rétrospective qu’elle avait consacrée à Jean-Michel Basquiat, la Fondation Beyeler accueille une nouvelle fois l’oeuvre de l’artiste new-yorkais. Elle présentera les « Modena Paintings », huit toiles de grand format que Basquiat a peintes en 1982 dans la ville italienne de Modène pour un projet d’exposition qui n’a finalement jamais vu le jour. Plus de 40 ans plus tard, la Fondation Beyeler réunit pour la première fois ces chefs-d’oeuvre, aujourd’hui détenus dans des collections privées aux États-Unis, en
Asie et en Suisse, parmi eux plusieurs des oeuvres les plus célèbres et les plus chères de Basquiat. C’est dans l’air du temps, après Basquiat et Warhol à la Fondation Vuitton et Basquiat et la musique à la Philharmonie de Paris, pour la Fondation Beyeler c’était une évidence.

le plus jeune artiste invité à la dOCUMENTA 7

Jean-Michel Basquiat (1960–1988) compte parmi les artistes majeurs du XXe siècle finissant. Au début des années 1980, il accède en peu de temps à une notoriété internationale, alors que la peinture figurative connaît une renaissance. Basquiat, une des personnalités les plus magnétiques du monde de l’art, débute dans l’underground new-yorkais en tant que poète graffeur et musicien avant de se consacrer pleinement à l’art. Sa peinture hautement expressive et débordante d’énergie lui vaut rapidement l’admiration du milieu.
Âgé de seulement 21 ans, il est le plus jeune artiste invité à participer à la Documenta 7 qui se tient à Kassel en été 1982. Encouragé par Andy Warhol, il devient une véritable célébrité artistique, fêtée dans le monde entier. Fils d’un père haïtien et d’une mère dont les parents venaient de Porto Rico, il est le premier artiste noir à percer dans un milieu artistique dominé par des protagonistes blancs·ches. Outre Andy Warhol, Basquiat collabore avec Keith Haring, Francesco Clemente, Debbie Harry et d’autres artistes et
musicien·ne·s. Jusqu’à son décès soudain en août 1988, il produit en moins d’une décennie un vaste oeuvre comptant plus de 1’000 tableaux et objets ainsi que 3’000 oeuvres sur papier.

Un nouveau langage visuel

Après l’âge d’or de l’art conceptuel et de l’art minimal dans les années 1960 et 1970, Basquiat parvient à imposer un nouveau langage visuel figuratif et expressif. Ses oeuvres, peuplées de personnages évoquant ceux des bandes dessinées, de silhouettes de squelettes, d’objets étranges du quotidien et de slogans poétiques sont puissantes et somptueusement colorées. Elles font converger des motifs issus de la culture pop et de l’histoire culturelle, entre autres des domaines de la musique et du sport, ainsi que des thèmes
politiques et économiques, pour aboutir à des commentaires critiques de la société de consommation et de l’injustice sociale, en particulier du racisme.

Première exposition personnelle

                   Jean Michel Basquiat et Emilio Mazzoli

La première exposition personnelle de Basquiat se tient en 1981 à la Galleria d’Arte Emilio Mazzoli à Modène, à l’époque encore sous le pseudonyme SAMO© qu’il inscrivait à la bombe aérosol sur les wagons et les parois du métro new-yorkais et qui datait de sa collaboration avec le graffeur Al Diaz. Le jeune artiste avait capté l’attention du galeriste italien Emilio Mazzoli quelques mois auparavant dans l’exposition collective « New York / New Wave » organisée par Diego Cortez au P.S. 1 Contemporary Art Center (aujourd’hui MoMA PS1) à
Long Island City. Emilio Mazzoli avait alors mis à la disposition de Basquiat
un espace de travail et du matériel pour lui permettre de créer de nouvelles oeuvres. Au début de l’été 1982, à l’invitation de Mazzoli, Basquiat retourne à Modène pour sa première exposition européenne sous son vrai nom.

Atelier de Modena

Jean-Michel Basquiat
Boy and Dog in a Johnnypump, 1982
Acrylique, pastel gras et peinture à l’aérosol sur toile, 240 x 420,4 cm
Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Daniel Portnoy

À Modène, Mazzoli dispose d’un entrepôt qui sert aux artistes de passage pour travailler. Ainsi, plusieurs années durant Mario Schifano séjourne régulièrement à Modène pour y peindre. Lorsque Basquiat arrive, il tombe sur plusieurs reliquats du travail de Schifano : outre des tableaux achevés, il trouve aussi des toiles apprêtées et des toiles vierges. Attiré par leurs dimensions exceptionnelles, il les utilise pour ses propres tableaux. Il produit ainsi un groupe d’oeuvres de chacune plus de deux mètres sur quatre, plus grandes
que et différentes de tout ce qu’il avait peint jusque là. En apposant l’indication « Modena » et sa signature au dos des toiles, il les désigne comme un groupe d’oeuvres cohérent.
Mais des désaccords opposent les galeristes Annina Nosei, qui représente Basquiat à New York depuis fin 1981, et Emilio Mazzoli, entraînant l’abandon du projet d’exposition à Modène. Dans une interview accordée au New York Times en 1985, Basquiat revient sur son deuxième séjour à Modène et exprime sa
frustration :
« Ils ont organisé les choses de telle manière que je doive produire huit tableaux en une semaine », et il compare son travail dans l’entrepôt à
« une usine, une usine malsaine. J’ai détesté. »

Au final, Mazzoli règle Basquiat pour les oeuvres produites et l’artiste retourne à New York.

Projet abandonné

Les huit tableaux peints à Modène trouvent finalement de nouveaux propriétaires par l’entremise d’Annina Nosei : Bruno Bischofberger en acquiert quatre (Profit I, Boy and Dog in a Johnnypump, Untitled [Woman with Roman Torso (Venus)], The Guilt of Gold Teeth) et les autres passent dans diverses collections à l’international. Aujourd’hui, les huit toiles se trouvent dans différentes collections particulières aux États-Unis, en Asie et en Suisse. Certaines d’entre elles se sont recroisées dans le cadre de rétrospectives,
d’autres n’ont que rarement été montrées en public. Le projet de la Galleria d’Arte Emilio Mazzoli n’a pas encore fait l’objet de recherches et de mises en lumière approfondies. Et pourtant, non seulement les tableaux produits à Modène figurent parmi les plus importants de l’oeuvre de Basquiat et les oeuvres les plus chères de tout l’art contemporain, mais le projet d’exposition finalement abandonné constitue lui aussi un événement particulier dans la carrière de l’artiste. Pour la première fois, les tableaux de Modène sont
 réunis au sein d’une présentation unique à la Fondation Beyeler – 40 ans plus tard, le projet d’exposition est ainsi enfin réalisé.

Sam Keller explique

Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, explique :
« Tous les ‹ Modena Paintings › se trouvent aujourd’hui dans des collections privées. Certains d’entre eux ont été donnés à voir dans le cadre d’expositions consacrées à Basquiat, mais jamais encore ils n’avaient figuré ensemble et côte à côte dans une même présentation ainsi que l’avait prévu Basquiat à l’origine. Grâce à notre bonne collaboration de longue date avec la famille Basquiat et les collectionneurs de Basquiat, nous sommes parvenus à réunir
toutes les oeuvres et à rattraper ainsi un moment
d’histoire de l’art. »

Le cycle de Modène

Jean-Michel Basquiat Untitled (Angel), 1982
Acrylique et peinture à l’aérosol sur toile, 244 x 429 cm
Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Robert Bayer

Untitled (Devil), 1982
Acrylique et peinture à l’aérosol sur toile, 238,7 x 500,4 cm
Collection privée
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: © 2023 Phillips Auctioneers LLC. All Rights Reserved.

Les « Modena Paintings » partagent plusieurs caractéristiques en termes de motif et de style : les huit tableaux sont tous dominés par une figure monumentale, souvent noire, sur fond de larges traits de pinceau à la gestuelle expressive. Untitled (Angel) et Untitled (Devil), opérant comme un quasi diptyque, donnent à voir les figures titulaires d’un ange et d’un démon sous forme de portraits en buste, les deux bras levés – posture pouvant être comprise aussi bien comme implorante que triomphante, et qui non
seulement se répète dans d’autres images du cycle mais apparaît de manière récurrente dans l’oeuvre de Basquiat. Le squelette suggéré à coups de traits horizontaux sommaires dans Untitled (Devil) de même que le crâne aux orbites et aux cavités nasales profondes caractérisent également les figures dans Boy and Dog in a Johnnypump et The Field Next to the Other Road. Parmi les autres signes distinctifs des personnages de Basquiat figure un ornement placé au-dessus de leur tête, parfois auréole et parfois couronne d’épines, qui apparaît également dans Untitled (Woman with Roman Torso [Venus]) et Profit I.
Comparées aux autres oeuvres du groupe, ces deux dernières présentent tout comme The Guilt of Gold Teeth une plus grande densité des « griffonnages » si typiques de Basquiat. The Guilt of Gold Teeth, avec ses mots cryptiques, ses combinaisons de chiffres et ses symboles de dollar, préfigure déjà certaines
évolutions plus tardives de l’oeuvre de l’artiste. Avec Untitled (Cowparts), qui donne à voir une vache plus grande que nature aux énormes yeux ronds, le cycle se boucle dans la mesure où les épais traits de pinceau blancs utilisés pour accentuer le corps noir dans Untitled (Angel) soulignent ici les contours de
l’animal.

Le geste pictural

Jean-Michel Basquiat Profit 1, 1982
Acrylique, pastel gras, feutre et peinture à l’aérosol sur toile, 220 x 400 cm
Collection privée, Suisse
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Robert Bayer

À l’exception des deux tableaux Profit I et The Guilt of Gold Teeth, dans lesquels la combinaison d’acrylique, de peinture aérosol et de crayon à l’huile établit un dialogue avec le dessin, le groupe d’oeuvres met l’accent sur le geste pictural. Le collage visuel d’images et de mots habituellement si typique du travail de Basquiat n’apparaît que peu dans les oeuvres réalisées à Modène.

Jean-Michel Basquiat
The Guilt of Gold Teeth, 1982
Acrylique, pastel gras et peinture à l’aérosol sur toile, 240 x 421,3 cm
Nahmad Collection
© Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Photo: Annik Wetter

Dans l’ensemble, le répertoire de Modène est moins morcelé et se concentre sur des compositions plus vastes et expansives. Le corps humain et animal y occupe le premier plan. Contrairement aux oeuvres antérieures, celles de Modène ne
donnent pas à voir d’impressions des rues de la grande ville. On retrouve dans plusieurs des huit toiles les mêmes tonalités, ainsi dans les vastes fonds plats, de même que l’utilisation semblable et répétée de traits de pinceau rouge écarlate pour appuyer les figures représentées. Basquiat avait pour habitude de travailler sur plusieurs toiles en parallèle car les différentes couches de couleur avaient besoin de temps pour sécher.

Catalogue


Un catalogue est publié au Hatje Cantz Verlag, Berlin, en allemand et en anglais, retraçant le développement du concept d’exposition initial jusqu’à son abandon en 1982 et consacrant un court texte à chacun des tableaux créés à Modène.
Il comprend des textes de Dieter Buchhart, Iris Hasler, Fiona Hesse, Michiko Kono, Regula Moser, Demetrio Paparoni et Jordana Moore Saggese.

Informations pratiques
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125
Riehen/Bâle, Suisse

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00 – 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00,
le vendredi jusqu’à 21h00

Accès
Depuis la gare SBB ou DB
t
ram n°2 descendre à Messeplatz
puis prendre le tram n°6 direction Grenze
descendre à l'arrêt Fondation Beyeler

Janet Cardiff & George Bures Miller Dream Machines

The Forty Part Motet

Au musée Tinguely de Basel du 7 juin au 24 septembre 2023
Commissaire de l'exposition: Roland Wetzel              
Assistante: Tabea Panizz
À partir du 1er juillet 2023, l'exposition sera augmentée extra muros d'une installation au sein de la Druckereihalle Ackermannshof (Bâle).
Les Travaux

Le couple d’artistes canadiens Janet Cardiff (*1957) et George Bures Miller (*1960) crée des installations stimulant tous les sens.  Leurs installations sonores et leurs performances multimédias, vont crescendo. À travers l’exposition Dream Machines, le Musée Tinguely propose, pour la première fois en Suisse, un large aperçu de leur œuvre : des premiers travaux sonores interactifs jusqu’aux installations dystopiques et immersives plus récentes. Leurs travaux rendent hommage à des pratiques culturelles riches d’une longue tradition à l’instar du cinéma, du théâtre ou de la musique. Du 7 juin au
24 septembre 2023, le musée invite le public à un voyage et à une immersion dans des univers oniriques et poétiques en explorant in situ leurs œuvres multimédiales mises en scène avec détail. Le travail du couple met en avant l’interaction et la participation du public dans leurs installations, mettant en scène des environnements où le visiteur se trouve non seulement spectateur, mais également acteur. Leurs créations nous invitent à nous immerger dans un univers sonore éclectique, qui interagit avec l’espace et les images, mélangeant les références culturelles et historiques dans un dialogue fluide entre l’art et le spectateur.

À partir du 1er juillet 2023, l’exposition sera augmentée extra muros d’une installation au sein de la Druckereihalle Ackermannshof (Bâle).
(image ci-dessus)

La réalité augmentée

La carrière de ce couple d’artistes, longue de plus de trente ans, débute par des ‘promenades audio’ adaptées à un lieu spécifique avec des walkmans ou des discmans. À partir de l’an 2000, il développent une forme particulière de réalité augmentée en élargissant d’une dimension leurs promenades au moyen de différents lecteurs vidéos : une expérience décrite par les participant.e.s comme une sorte de cinéma interactif qu’on expérimente avec le corps. Les installations présentées au Musée Tinguely invitent également le public à participer et à plonger dans des univers oniriques.


Pour ce faire, Cardiff et Miller adoptent différentes approches techniques afin de créer des expériences sonores variées. To touch (1993), The Cabinet of Curiousness (2010) et

Experiment in F# Minar (2013) jouent avec la possibilité d’activer le son par le mouvement. Le contact ou l’ombre d’un corps donnent vie aux œuvres et libèrent des bruits du quotidien, des mélodies, des compositions musicales ou des voix chuchotées.

La création

L’œuvre de Cardiff & Miller se nourrit d’une fascination pour des pratiques culturelles imaginatives comme l’écriture et la narration, le cinéma, le théâtre (de marionnettes), l’opéra et la musique.

 Tous deux travaillent délibérément avec l’inconscient et les rêves qui autorisent des associations d’idées imaginaires et souvent disruptives. The Instrument of Troubled Dreams (2018) permet ainsi de composer sa propre bande originale de film. Les touches du mellotronne – une forme primitive analogue du sampler – produisent une variété de sons numériques :

                                                   mellotronne

du crépitement de la pluie, en passant par un chant et un morceau d’orgue, jusqu’à des aboiements de chien ou à des échanges de tirs. Une intrigue imaginaire peut ainsi être racontée de manière combinée ou séquentielle. En revanche, The Muriel Lake Incident (1999) nous plonge de nouveau dans une salle de cinéma miniature. Les casques audio ne restituent pas uniquement le son du film projeté: le système audio binaural rend le son dans l’espace tout en créant l’illusion d’être assis au milieu d’un public de cinéma produisant de légers bruits, chuchotant ou mangeant du popcorn. Le récit narratif s’efface au profit des spectateur.trice.s qui prennent part activement à la scène.

L’apothéose macabre

Les deux artistes témoignent de leur fascination pour l’autonomie des machines dans l’œuvre de Jean Tinguely et le considèrent comme l’une de leurs influences majeures. Comme dans la présentation de la collection au Musée Tinguely, l’installation The Killing Machine (2007) requiert de presser un bouton rouge pour déclencher un spectacle pour ainsi dire encore plus sinistre. Inspiré de la nouvelle La Colonie pénitentiaire (1919) de Franz Kafka, deux bras robotisés entreprennent une danse macabre en malmenant une victime imaginaire allongée sur un fauteuil de dentiste à l’aide de leurs aiguilles acérées. Dans Sad Waltz and the Dancer Who Couldn’t Dance (2015), la machine oblige une marionnette à danser maladroitement.

escape room

Des installations spatiales comme Opera for a Small Room (2005) ou Escape Room (2021) permettent enfin aux visiteur.euse.s de pénétrer entièrement dans les univers créés par Cardiff & Miller pour fuir la réalité. Aménagés à l’aide d’une multitude de petits éléments et détails, ces espaces donnent l’impression que leurs habitant.e.s peuvent surgir à chaque instant. Des effets sonores et lumineux mis en scène avec soin donnent vie à la pièce, stimulent l’imagination et évoquent des rêves oubliés depuis longtemps.

The Forty Part Motet (2001)

Du 1er juillet au 10 septembre, une pièce majeure sera visible au sein de l’imprimerie du Ackermannshof à Bâle: The Forty Part Motet (2001), une installation musicale majeure de Janet Cardiff. Cette installation sonore repose sur une composition vocale spirituelle: le motet Spem in Alium (vers 1570) pour huit chœurs à cinq voix de Thomas Tallis. Le duo d’artistes a enregistré individuellement les voix de quarante chanteur.euse.s sur différentes pistes audio afin de les restituer à l’unisson. Disposés en ovale, quarante haut-parleurs représentant autant de choristes restituent la sculpturalité du son dans l’espace.

Ce projet d’exposition est une coopération avec le Lehmbruck Museum de Duisbourg. Au printemps 2022, l’exposition y a été présentée à l’occasion de la remise du prix Wilhelm Lehmbruck au couple d’artistes en 2020 qui fut également décerné à Jean Tinguely en 1976.

Informations pratiques

Musée Tinguely
I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Vernissage: mardi 6 juin 2023 à 18h30

Vidéo

Heures d’ouverture:
mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h,
pendant la semaine de la foire ART Basel
9h-19h, jeudi 9h-22h

Site Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely #cardiffmiller #dreammachine

Découvrez le musée Moco à Amsterdam

Fondé en 2016, le Moco Museum Amsterdam s’engage à exposer des œuvres emblématiques d’artistes modernes et contemporains célèbres et d’étoiles montantes.

Moco Amsterdam est installé dans la Villa Alsberg, une maison de ville du XIXe s. Il bénéficie d’une situation géographique exceptionnelle en surplombant la Museumplein au cœur d’Amsterdam (entre le Rijksmuseum et le musée Van Gogh). Le bâtiment a été conçu en 1904 par Eduard Cuypers, neveu du célèbre Pierre Cuypers, concepteur de la gare centrale d’Amsterdam et du Rijksmuseum. Cette résidence privée a été l’une des premières maisons familiales construites le long de la Museumplein et a conservé cette fonction jusqu’en 1939. Par la suite, la maison a été léguée aux prêtres qui enseignaient à l’école Saint Nicolas d’Amsterdam, puis elle a été transformée en bureau pour un cabinet d’avocats.

L’occupation de l’espace de la Villa Alsberg par Moco Museum est un acte qui va de pair avec sa raison d’être : rendre l’art accessible à tous et accueillir tous. Au sein du musée Moco, grandit la mission et la vision d’exprimer le pouvoir infini de l’art. Une visite au musée Moco vous place dans le centre d’art d’Amsterdam avec tout à portée de main.

C’est l’un des établissements culturels les plus fréquentés de la ville.  On y retrouve des oeuvres iconiques de quelques uns des plus grands noms de l’art moderne et contemporains, comme Wahrol, Lichtenstein, Dali ou Banksy, Icy & Sot, JR, KAWS, Keith Haring, Jeff Koons, Damien Hirst, Tracey Emin, Yayoi Kusama, THE KID, Andy Warhol, Studio Irma, Abrahamowitz et tant d’autres !
Le Musée Moderne Contemporain (Moco) a élu domicile dans l’historique Villa Alsberg sur Museumplein (Honthorststraat 20, 1071 DE Amsterdam, NL)
et l’ancien Palacio Cervelló (c / Montcada 25, 08003 Barcelone, SP).  

Celui d’Amsterdam est connu pour sa collection de Banksy, un artiste de rue britannique, ainsi que pour sa collection d’oeuvres de Salavador Dali.


Il propose plusieurs expositions et collections entièrement consacrées à l’art contemporain et moderne, et séduit ainsi les amoureux d’art. C’est une attraction populaire pour les amateurs d’art et les touristes.

Le musée Moco se concentre sur des artistes confirmés avec une vision unique.

« Nous représentons la voix de la rue et nous faisons confiance à l’art en tant que véhicule incroyable pour nous aider à y arriver. » 

Kim & Lionel, fondateurs du Moco Museum

Moco Museum plaide pour le modèle de musée inclusif. Nous créons des spectacles et des expositions accessibles à Amsterdam et à Barcelone qui éclairent, inspirent et responsabilisent la communauté. Pour cette raison, Moco est devenu une destination de choix pour les amateurs d’art du monde entier.

« Nous utilisons le pouvoir de l’art pour défier la norme, défendre la vérité, ouvrir les esprits et remettre en question le monde qui nous entoure. »

Voix des rues

Moco embrasse la voix du street art parce qu’il connecte les gens, défie les idéologies et active l’implication. À Barcelone et à Amsterdam, le Moco Museum met un point d’honneur à exposer des œuvres d’artistes comme JR, OsGemeos, Icy & Sot, Stik et Banksy pour encourager les conversations sur notre monde et notre existence partagée.

Osez changer

Comme cela se reflète dans la collection d’art de Moco, il en va de même pour le soutien philanthropique du musée à des œuvres caritatives telles que Movement On The Ground, Aidsfonds, Metakids. Moco Museum s’efforce d’autonomiser et d’aider les autres dans la mesure du possible. Notre esprit fondateur a toujours été de voir le monde si éclairé que la paix et l’unité sont inévitables. Une partie des recettes du musée Moco est reversée à des œuvres caritatives proches du cœur des initiateurs.

Découvrez et explorez le Moco Museum Amsterdam et le Moco Museum Barcelona. Libérez le pouvoir de l’art pour nous réveiller, nous secouer et nous faire plaisir.

Dans l’art nous avons confiance.

RENDEZ NOUS VISITE!

Important

Le Musée Moco ne disposant pas d’ascenseurs et comptant plusieurs marches d’escalier, il ne convient pas aux visiteurs à mobilité réduite.
Dès mon arrivée, l’accueil m’a immédiatement donné un tabouret afin de rendre ma visite plus agréable et moins fatigante, sans que j’en exprime la demande

Sommaire du mois de mai 2023

Biennale Mulhouse 023, galerie de la Filature

21 mai 2023 : Germaine Richier, Sculpteur
18 mai 2023 : Éternel Mucha
14 mai 2023 : GIOVANNI BELLINI, INFLUENCES CROISÉES
10 mai 2023 : Naples pour passion, Chefs-d’œuvre de la collection De Vito
07 mai 2023 : Marc Desgrandchamps – Silhouettes
01 mai 2023 : Sarah Bernhardt et la femme créa la star