Une de mes aventures de déplacement, qui s’ajoute à la liste des autres :
Ce jour-là, JR me réveille trop tôt, avant l’heure prévue par mon réveil. Cela me contrarie et me met un peu mal à l’aise. Mauvais pressentiment pour la suite, qui se dissipe plus tard. Ma destination, le Kunstmuseum de Bâle pour une rencontre de presse. J’avais décidé d’y passer plus de temps, afin de rattraper les expo que j’avais manquées en juin, pour cause d’Art Basel.
Soudain appel de XXX, qui voulait me rencontrer dans l’après midi, ce n’était pas prévu. Je continue mes visites, je déjeune tranquillement à la cafétéria du musée, puis je retourne au musée. 2e appel de XXX qui me dit que son RDV de l’après midi est annulé et qu’il est disponible. Je lui fixe RDV pour 16 h.
. Je termine ma visite à 14 h, prends le tram pour rejoindre la gare SBB, puis saute dans le TER pour Mulhouse, qui par chance est en gare. Panique, je me rends compte que j’ai oublié mon sac à dos dans le tram. J’avais un 2e sac en bandoulière contenant le catalogue de l’expo du matin, qui par conséquent pèse lourd .
Mon sac à dos contient mon appareil photo tout neuf, l’autre m’ayant été volé au restaurant, il y a peu. Le veille JR m’a presque obligée à résilier l’assurance contre le vol, du nouveau bijou.
Immédiatement je décide de descendre du TER à St Louis, de rebrousser chemin et d’appeler les trams de Bâle. Pas de réponse, je retourne à Bâle avec un autre TER. A Bâle j’ai enfin une réponse téléphonique, qui me dit d’aller à la gare SBB aux objets trouvés. Je me mets en quête de ce bureau, il est au sous-sol de la gare, dans un coin retranché, personne au guichet, je sonne, 2 suisses, l’un me dit d’aller Barfussplatz, il ne peut rien faire, les objets trouvés y sont déposés. Le 2e me conseille d’aller sur le quai des trams, place de la gare, de chercher le tram n° 1, en principe le conducteur fait une pose. J’y cours, je trouve ce tram sans conducteur, il est au fond du quai, je lui explique tant bien que mal, mon affaire, il parle un peu le français. Il contacte par tél, le conducteur du tram n° 2, lui dit que je suis descendue à 14 h à la gare SBB, et là l’autre conducteur, demande mon nom. J’avais mis ma CI périmée (souvenir du vol Nice/Bâle) dans mon sac, elle m’a sauvée la mise. Réponse : « attendez, à 16 h 03, le tram 2 avec le conducteur n° 7 sera de retour il vous rendra votre sac. »
J’ai guetté, sur le quai à partir de 15 h 45, ne sachant pas de quelle direction il allait venir. Les conducteurs ont une plaque jaune avec un numéro, pour les personnaliser. J’ai arpenté les quais, jusqu’à 17 h, pétrifiée d’angoisse.
Le tram 2 avec le conducteur n° 7, arrive, je suis à l’autre extrémité du quai, je cours, le téléphone sonne, il m’échappe des mains et tombe sur la face (plein de stries) sur le béton. Je récupère mon sac in extremis, je regagne Mulhouse, avec un mal d’estomac, une migraine d’enfer et un téléphone accidenté.
En fait mon Iphone n’était pas cassé, c’est juste le verre protecteur qui était fracassé.
Si vous me croisez, ne soyez pas étonné de me trouver l’air concentré, voire constipé, c’est que je m’applique à ne pas oublier, mon petit sac, mon sac à dos, accessoirement le sac en toile avec le Kit du musée, et une douceur achetée à la gare de Basel
« Avec Frieder Burda, le monde de l’art perd l’un de ses grands collectionneurs, qui a toujours voulu partager son amour et son enthousiasme pour les arts avec un nombre particulièrement élevé de personnes », a annoncé le musée Frieder Burda. Il était un exemple de modestie et d’humanité pour ses employés. Frieder Burda était né le 29 avril 1936, fils du couple Verleger Franz et Aenne Burda à Gengenbach. Tout d’abord, il a suivi une formation en impression et en publication, puis une formation en tant qu’homme d’affaires dans le groupe. Son jeune frère, Hubert Burda, a repris le secteur de l’imprimerie et de l’édition. À la fin des années soixante, il a commencé à collectionner des œuvres d’art.
À l’âge de 30 ans, Burda achète une image du peintre Lucio Fontana à la Documenta de Kassel, jetant ainsi les bases de sa collection. Aujourd’hui, il possède environ 1 000 œuvres, notamment celles de Pablo Picasso, Max Beckmann et Ernst Ludwig Kirchner, Jackson Pollock, Gerhard Richter, Georg Baselitz et Sigmar Polke.
Grand merci à lui pour sa générosité. Il nous a permis à nous frontaliers de connaître les très grands artistes allemands, comme Gerhard Richter, Georg Baselitz et Sigmar Polke, Katharina Grosse, William N. Copley, Andreas Gursky et James Turrell, avant qu’ils ne soient célèbres, connus et collectionnés pas les grands. En tant que donateur et fondateur du musée, il a généreusement fait don à sa ville natale d’une maison qui attire les visiteurs du monde entier à Baden-Baden
Il était aussi ouvert à l’art contemporain pour preuve : A l’occasion du 15e anniversaire de cette année, l’exposition « Ensemble », qui célèbre l’amitié germano-française basée sur l’interaction avec des chefs-d’œuvre de la collection du Centre Pompidou à Paris, est actuellement présentée. Au début de l’année, la maison avait fait fureur avec une exposition àBanksy. Avec le Salon Berlin, dirigé par sa belle-fille Patricia Kamp, le musée comble aujourd’hui le fossé avec l’art contemporain, on peut se souvenir aussi de l’exposition JR.
Le Musée Frieder Burda, oeuvre d’une vie En 1998, et après des efforts inaboutis pour l’établir à Mougins dans le sud de la France, la Fondation Frieder Burda est créée pour conserver la collection et la rendre accessible au public. Elle servira de base au musée conçu par le célèbre architecte Richard Meier, édifice abritant depuis 2004 la Collection Frieder Burda à Baden-Baden aux côtés d’autres chefs d’oeuvre internationaux : un ouvrage solitaire immaculé et radieux se dressant dans la Lichtentaler Allee, avenue historique, souvent appelé aujourd’hui le « Joyau dans le parc. » La Kunsthalle de Baden Baden jouste le musée.
Museum Frieder Burda · Lichtentaler Allee 8b · 76530 Baden-Baden Telefon +49 (0)7221 39898-0 · www.museum-frieder-burda.de Öffnungszeiten Dienstag bis Sonntag, 10 – 18 Uhr an allen Feiertagen geöffnet
Les mots « Pâque » ou « Pâques » viennent du latin pascha emprunté au grec πάσχα, lui-même, par l’intermédiaire de
l’araméen pasḥa, issu de l’hébreu biblique pesaḥ, dérivé du verbe pasaḣ qui signifie « passer au dessus » car, selon la bible, les juifs avaient reçu l’ordre de sacrifier
un agneau indemne de toute tare et d’en badigeonner
le sang sur les montants des portes afin que les puissances
qui viendraient détruire les premiers nés égyptiens
lors de la dixième plaie, passent au dessus de ces
portes sans s’arrêter.
Chaque année les juifs commémorent cet événement lors
de la fête dePessa’h.
La Passion du Christ s’étant déroulée, selon les évangiles,
durant ses célébrations, le christianisme a recyclé cette fête
et sa symbolique, le Christ devenant l’agneau immolé
pour sauver l’humanité de ses péchés.
C’est seulement après le XVe siècle que la distinction
sémantique a été marquée par la graphie entre Pasque
(ou Pâque) désignant la fête juive et Pasques (ou Pâques)
désignant la fête chrétienne.
Coup de tonnerre dans la galaxie des blogs, après 13 ans, le préavis de dégagisme est de 58 jours, Incompréhension et déception, La blogosphère en émoi
Wordpress sera obsolète dans l’avenir Quel hébergeur choisir ?
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Deux engueulades et un semi-compliment
Tout Baigne ce matin-là, le soleil est au rendez-vous.
Le TER, puis l’ICE sont à l’heure.
A Bâle, SBB je m’installe dans un compartiment « Ruhe » où je suis
la seule voyageuse. Ce n’est qu’à Freiburg, qu’un musicien
après avoir bien inspecté les réservations affichées sur
la porte me rejoint. Il doit aussi être à la recherche de
calme.
Il pose délicatement sa contrebasse dans le compartiment
à bagages et se plonge dans un livre.
A Baden Baden le « schnell-bus » est en gare, bondé, je crains
le pire, en effet, pas de place assise, je reste debout jusqu’au
musée Burda.
Après ma visite au musée Frieder Burda, ayant déjeuné
au soleil à une terrasse,
je poursuis ma balade, les fleurs annoncent le printemps.
Je marche sur une plate bande pour zoomer sur les belles
fleurs bleues.
Je suis apostrophée par une dame, en allemand qui visiblement
n’apprécie pas mon geste. Je lui réponds, avec mauvaise foi,
que je ne la comprends pas. Surtout que d’autres personnes
en font autant, et c’est à moi qu’elle s’adresse !
Au retour, je m’assieds à l’extérieur de la gare de Baden Baden, au
soleil. Un léger vent, qui monte de plus en plus en intensité.
Une chaise vole. Ne voilà-t’il pas qu’un distributeur de
journaux gratuits, m’interpelle sur un ton menaçant, il
ramasse la chaise, et me fait comprendre que je dois prendre
soin du matériel, matériel qui est à tous, et ne m’appartient en
aucun cas.
A peine a t’il le dos tourné, que la fameuse chaise s’envole
à nouveau. On est repartit pour la scène 2.
Deux allemandes me demandent la permission de
s’installer à ma table, étant donné que les autres sont
prises, elles ramassent la chaise, s’attablent pour
manger, les plats achetés au self de la gare.
Soudain, un coup de vent emporte le petit pot
de sauce prévu pour assaisonner la salade de l’une d’elle,
ainsi que son petit pain. Elle ramasse le tout et,
imperturbable, affamée sans doute, elle mange de bon
appétit. Le pot s’envole à nouveau, je lui montre la
poubelle, ravie, elle l’y jette.
Puis comme c’est l’heure du retour, je vais sur le quai pour
attendre le TGV, annoncé à l’heure.
Sur le tableau des placements il y a une grand barre
rouge qui indique « vous êtes ici ». Trop contente, je constate
que la voiture 15 où je dois prendre place s’arrêtera exactement
à cet endroit. Le TGV arrive et comme de coutume à Baden Baden
cela devient surréaliste, c’est panique sur le quai,tous les voyageurs courent, la plupart munis de valises, et accompagnés d’enfants, car entre les indications du plan et l’arrêt réel du TGV il y a comme un grand écart.
C’est comme si entre la DB et la SNCF il y a une mésentente viscérale, dont l’origine est inexplicable.
Puis je gagne ma place dans un carré où 3 jeunes
ont fermé le rideau pour mieux se pencher sur leurs
smartphones respectifs.
Arrivée à destination je m’apprête à descendre,
c’est là qu’un jeune m’interpelle : « Vous avez ENCORE le look »
moi : pourquoi encore ?
lui : je voulais vous faire un compliment, je voulais
être gentil
moi : maladroit…
il aggrave son cas
lui : ben il y a des jeunes de 30 ans qui s’habillent comme des vieux. 😡
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Par propos recueillis par Dominique Simonnet et , publié le 02/08/2004 à 00:00 dans L’Express Styles
Le jaune a t’il un bel avenir devant lui ?
Faut-il débuter par la fin de l’article ?
Cela nous permet de nous plonger dans le livre des couleurs de Michel Pastoureau (vidéo), érudit et historien des couleurs
et qui se défend d’être historien de l’histoire de l’art.
Le jaune est assurément la couleur la moins aimée, celle que
l’on n’ose pas trop montrer et qui, parfois, fait honte. Qu’a-t-elle donc fait de si terrible pour mériter une telle
réputation?
Elle n’a pas toujours eu une mauvaise image. Dans l’Antiquité,
on appréciait plutôt le jaune. Les Romaines, par exemple, ne
dédaignaient pas de porter des vêtements de cette couleur lors
des cérémonies et des mariages. Dans les cultures non européennes
– en Asie, en Amérique du Sud – le jaune a toujours été valorisé:
en Chine, il fut longtemps la couleur réservée à l’empereur,
et il occupe toujours une place importante dans la vie quotidienne
asiatique, associé au pouvoir, à la richesse, à la sagesse.
Mais, c’est vrai, en Occident, le jaune est la couleur que l’on
apprécie le moins: dans l’ordre des préférences, il est cité en
dernier rang (après le bleu, le vert, le rouge, le blanc et le noir).
Sait-on d’où vient cette désaffection?
Il faut remonter pour cela au Moyen Age. La principale raison
de ce désamour est due à la concurrence déloyale de l’or: au fil
des temps, c’est en effet la couleur dorée qui a absorbé les symboles
positifs du jaune, tout ce qui évoque le soleil, la lumière, la chaleur,
et par extension la vie, l’énergie, la joie, la puissance.
L’or est vu comme la couleur qui luit, brille, éclaire, réchauffe.
Le jaune, lui, dépossédé de sa part positive, est devenu une
couleur éteinte, mate, triste, celle qui rappelle l’automne, le déclin,
la maladie? Mais, pis, il s’est vu transformé en symbole de la
trahison, de la tromperie, du mensonge? Contrairement aux
autres couleurs de base, qui ont toutes un double symbolisme,
le jaune est la seule à n’en avoir gardé que l’aspect négatif.
Comment ce caractère négatif s’est-il manifesté?
On le voit très bien dans l’imagerie médiévale, où les personnages
dévalorisés sont souvent affublés de vêtements jaunes.
Dans les romans, les chevaliers félons, comme Ganelon, sont
décrits habillés de jaune. Regardez les tableaux qui, en Angleterre,
en Allemagne, puis dans toute l’Europe occidentale, représentent
Judas.
Au fil des temps, cette figure cumule les attributs infamants:
on le dépeint d’abord avec les cheveux roux, puis, à partir
du XIIe siècle, on le représente avec une robe jaune et, pour
parachever le tout, on le fait gaucher! Pourtant, aucun texte
évangélique ne nous décrit la couleur de ses cheveux ni celle
de sa robe.
Il s’agit là d’une pure construction de la culture médiévale.
Des textes de cette époque le disent d’ailleurs clairement:
le jaune est la couleur des traîtres! L’un d’eux relate comment
on a peint en jaune la maison d’un faux-monnayeur et comment
il a été condamné à revêtir des habits jaunes pour être conduit au
bûcher. Cette idée de l’infamie a traversé les siècles.
Au XIXe, les maris trompés étaient encore caricaturés en costume
jaune ou affublés d’une cravate jaune. On comprend bien comment la symbolique du déclin a pu lui être associée. Mais pourquoi le mensonge?
Eh bien, nous n’en savons rien! Dans l’histoire complexe des
couleurs que nous racontons ici, nous voyons bien que les codes
et les préjugés qui leur sont attachés ont une origine assez
logique: l’univers du sang et du feu pour le rouge, celui du destin
pour le vert, en raison de l’instabilité de la couleur elle-même…
Mais, pour le jaune, nous n’avons pas d’explication! Ni dans les
éléments qu’il évoque spontanément (le soleil), ni dans la fabrication
de la couleur elle-même. On obtient le jaune avec des végétaux telle
la gaude, une sorte de réséda qui est aussi stable en teinture qu’en
peinture, et les jaunes fabriqués à base de sulfures tel l’orpiment
ou de safran en peinture ont les mêmes qualités: la teinture jaune
tient bien, elle ne trahit pas son artisan, la matière ne trompe pas
comme le vert le fait, elle résiste bien? Faudrait-il alors chercher du côté du soufre, qui évoque
évidemment le diable?
Il est possible que la mauvaise réputation du soufre,
qui provoque parfois des troubles mentaux et qui passe pour
diabolique, ait joué, mais cela est insuffisant? Le jaune est une
couleur qui glisse entre les doigts de l’historien. L’iconographie,
les textes qui édictent les règlements vestimentaires religieux et
somptuaires, les livres des teinturiers – en bref, tous les documents
dont nous disposons – sont curieusement peu bavards à son sujet.
Dans les manuels de recettes pour fabriquer les couleurs datant de
la fin du Moyen Age, le chapitre consacré au jaune est toujours
le moins épais et il se trouve relégué à la fin du livre.
Nous ne pouvons que constater que, vers le milieu de la période
médiévale, partout en Occident, le jaune devient la couleur des
menteurs, des trompeurs, des tricheurs, mais aussi la couleur
de l’ostracisme, que l’on plaque sur ceux que l’on veut condamner
ou exclure, comme les juifs. Déjà, en cette fin de Moyen Age, on invente l’étoile jaune?
Oui. C’est Judas qui transmet sa couleur symbolique à l’ensemble
des communautés juives, d’abord dans les images, puis dans la
société réelle: à partir du XIIIe siècle, les conciles se prononcent
contre le mariage entre chrétiens et juifs et demandent à ce que
ces derniers portent un signe distinctif.
Au début, celui-ci est
une rouelle, ou bien une figure comme les tables de la Loi,
ou encore une étoile qui évoque l’Orient. Tous ces signes s’inscrivent
dans la gamme des jaunes et des rouges. Plus tard, en instituant
le port de l’étoile jaune pour les juifs, les nazis ne feront que puiser
dans l’éventail des symboles médiévaux, une marque d’autant
plus forte que cette couleur se distinguait particulièrement
sur les vêtements des années 1930, majoritairement gris, noirs,
bruns ou bleu foncé. Quand le jaune devient le symbole, négatif, de la félonie ?
C’est précisément le moment où la société médiévale se crispe
et où le christianisme n’a plus d’ennemis à l’extérieur. Les croisades
ayant échoué, on se cherche plutôt des ennemis à l’intérieur,
et on acquiert une mentalité d’assiégé. En découle une extraordinaire
intolérance envers les non-chrétiens qui vivent en terre chrétienne,
comme les juifs, et envers les déviants, tels les hérétiques,
les cathares, les sorciers. On crée pour eux des codes et des
vêtements d’infamie. Cet esprit d’exclusion ne va pas s’apaiser
avec la Réforme chez les protestants: en terre huguenote,
on manifeste le même rejet des juifs et des hérétiques. La Renaissance ne va rien changer au statut du jaune?
Non. On le voit bien dans la peinture. Alors que le jaune était
bien présent dans les fresques pariétales (avec les ocres) et les
oeuvres grecques et romaines, il régresse dans la palette des
peintres occidentaux des XVIe et XVIIe siècles, malgré l’apparition
de nouveaux pigments comme le jaune de Naples, qu’utilisent
les peintres hollandais du XVIIe (notons cependant que, sur
les peintures murales, certains jaunes ont pu pâlir et s’estomper
au fil du temps).
Même constat avec les vitraux: ceux du début
du XIIe comportent du jaune, puis la dominante change et
devient bleu et rouge. Le jaune n’est presque plus utilisé que
pour indiquer les traîtres et les félons. Cette dépréciation va
perdurer jusqu’aux impressionnistes. On songe évidemment aux champs de blé et aux tournesols
de Van Goghet aux tableaux des fauves, puis aux jaunes
excessifs de l’art abstrait.
Dans les années 1860-1880, il se produit un changement de palette
chez les peintres, qui passent de la peinture en atelier à la peinture
en extérieur, et un autre changement quand on passe de l’art
figuratif au semi-figuratif, puis à la peinture abstraite: celle-ci utilise
moins la polychromie, elle use moins des nuances. C’est aussi
le moment où, l’art se donne une caution scientifique et affirme
qu’il y a trois couleurs primaires: le bleu, le rouge et notre jaune
qui, contrairement au vert, se voit donc brusquement valorisé.
Il est possible que le développement de l’électricité ait également
contribué à cette première réhabilitation.
Une fois encore, ce changement de statut du jaune se produit à une période clef, la fin du XIXe siècle, qui est aussi celle des bouleversements de la vie privée et des moeurs.
Oui. Les couleurs reflètent en fait les mutations sociales,
idéologiques et religieuses, mais elles restent aussi prisonnières
des mutations techniques et scientifiques. Cela entraîne des goûts
nouveaux et, forcément, des regards symboliques différents.
Et puis il y a le maillot jaune du Tour de France. Lui aussi, il redonne un coup de jeune au jaune.
Au départ, il s’agissait d’une opération publicitaire lancée en
1919 par le journal L’Auto, l’ancêtre de L’Equipe, qui était imprimé
sur un papier jaunâtre. La couleur est restée celle du leader.
L’expression «maillot jaune» s’est étendue à d’autres domaines
sportifs et à d’autres langues: en Italie, on l’emploie pour désigner
un champion, alors que le premier du Tour d’Italie porte un maillot
rose! L’art et le sport ont donc contribué à réinsérer le jaune
dans une certaine modernité. Mais pas dans la vie quotidienne, ni dans les goûts des
Occidentaux. Le jaune infamant est toujours là, dans
notre vocabulaire en tout cas: on dit qu’un briseur de
grève est un «jaune». On dit aussi «rire jaune».
L’expression française «jaune» pour désigner un traître remonte
au XVe siècle, et elle reprend la symbolique médiévale. Quant au
«rire jaune», il est lié au safran, réputé provoquer une sorte de folie
qui déclenche un rire incontrôlable.
Les mots ont une vie très
longue, qu’on ne peut éliminer. Qu’on le veuille ou non, le jaune
reste la couleur de la maladie: on a encore le «teint jaune», surtout
en France, où l’on connaît bien les maladies du foie. Pour un
spécialiste des sociétés anciennes, tout signe est motivé.
Au Moyen Age, on pensait qu’un mot désignant un être ou
une chose avait à voir avec la nature de cet être ou de cette chose.
L’arbitraire était impensable dans la culture médiévale.
Les mots sont-ils des constructions purement intellectuelles ou
correspondent-ils toujours à des réalités plus tangibles?
On en débat depuis Platon et Aristote!
Notre jaune ne s’est donc pas complètement débarrassé de ses oripeaux. On s’en méfie toujours un peu, non?
Il est peu abondant dans notre vie quotidienne: dans les
appartements, on s’autorise parfois quelques touches de jaune
pour égayer, mais avec modération. Nous l’admettons dans nos
cuisines et nos salles de bains, lieux où l’on se permet quelques
écarts chromatiques, mais on est revenu de la folie des années 1970,
où on le mettait à toutes les sauces, l’associant même à des marrons
et à du vert pomme. Les voitures jaunes, par exemple, restent rares. A l’exception de celles de La Poste?
C’est récent. Depuis le XVIIe siècle, la Poste, qui dépendait de la
même administration que les Eaux et Forêts, était associée
au vert. Le changement a eu lieu quand j’étais adolescent,
avec les premières voitures Citroën à carrosserie jaune,
probablement par imitation des PTT suisses, qui avaient adopté
le jaune. On a tout simplement eu le souci de mieux distinguer
ce service et, comme le rouge était déjà pris par les pompiers?
On voit ainsi que le jaune fait parfois fonction de demi-rouge:
c’est le carton jaune du football. Autre constat: le doré n’est plus
vraiment son rival, beaucoup d’Européens du Nord lui ayant tourné
le dos. Pour quelles raisons?
Peut-être est-ce un reliquat de la haine des moralistes protestants
envers les fastes et les bijoux. Depuis le XXe siècle, la couleur
or est devenue vulgaire. Les bijoutiers savent que la majorité
des clients préfèrent l’or blanc et l’argenté plutôt que le doré.
Et, dans les salles de bains, les robinets dorés, qui furent un temps
à la mode, ne le sont plus. Le vrai rival du jaune, aujourd’hui,
c’est l’orangé, qui symbolise la joie, la vitalité, la vitamine C.
L’énergie du soleil se voit mieux représentée par le jus d’orange
que par le jus de citron (le jaune a aussi un caractère acide).
Seuls les enfants le plébiscitent: dans leurs dessins, il y a souvent
un soleil bien jaune et des fenêtres éclairées en jaune.
Mais ils se détachent de ce symbolisme en grandissant.
A partir d’un certain âge, chacun prend en compte plus ou moins
inconsciemment le regard des autres, et adopte les codes et
mythologies en vigueur. Ainsi les goûts des adultes sont-ils non
plus spontanés, mais biaisés par le jeu social et imprégnés par
les traditions culturelles. Va-t-on vers une vraie réhabilitation du jaune?
C’est le cas dans le sport: importé comme le vert par les clubs
de football d’Amérique du Sud, le jaune s’insinue dans les maillots
et les emblèmes. Si revalorisation du jaune il y a, elle passera d’abord
par les femmes, et par les vêtements de loisir (à l’égard desquels
on s’autorise davantage de liberté).
Si j’étais styliste, je m’engouffrerais dans cette voie? Je pense que,
si des changements s’opèrent dans nos habitudes des couleurs,
qui se jouent sur la longue durée, ce sera dans les nuances de jaune.
Etant tombée très bas, et ayant commencé à se relever doucement,
cette couleur-là ne peut que se redresser. Le jaune a un bel avenir devant lui. Newsletter STYLES
Conférence donnée par la suite au Séchoir à Mulhouse
Elle n’a pas du être lue par les gilets jaunes ….
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