Georg Baselitz rétrospective à la Fondation Beyeler

Jusqu’au 29 avril 2018 à la Fondation Beyeler
« Je ressemble de plus en plus à mon père
cela m’inquiète « 
dit Georg Baselitz en conclusion de la rencontre de presse
Réflexion surprenante, puis on apprend qu’il s’appelle
en réalité Kern, né le 23 janvier 1938 de
Hans-Georg Bruno Kern à Deutschbaselitz,
Saxe (Allemagne).

Georg Baselitz
Der Brueckercor 1983, photo Philip Anstett

« J’avais pour l’essentiel deux raisons :
premièrement,
je détestais mon nom, Kern.
Ce nom était
synonyme de domination, une domination
énorme
qui avait chez moi des effets négatifs. Les rapports
père-fils étaient absolument mauvais, avec beaucoup
d’agressivité de ma part. Cela s’expliquait aussi par le
fait que mon père était membre du Parti. Par la suite,
je suis revenu sur tout ça et je me suis excusé « .
La Fondation Beyeler consacre sa première exposition
de l’année 2018 au peintre, graphiste et sculpteur allemand
Georg Baselitz  À l’occasion du 80e anniversaire de cet
artiste majeur de l’art contemporain, une vaste rétrospective
réunit de nombreuses sculptures et peintures-phares réalisées
par Baselitz au cours des six dernières décennies.
L’exposition dévoile des prêts issus d’institutions et de collections
privées européennes et nord-américaines, dont certains n’ont pas
été montrés au public depuis fort longtemps. Elle sera présentée sous
une autre forme au cours de l’été au Hirshhorn Museum and
Sculpture Garden à Washington, D. C.
Les expositions de Baselitz sont un événement rare en Suisse et
aux États-Unis. La dernière exposition monographique de l’oeuvre
de Baselitz présentée en Suisse remonte à 1990, au Kunsthaus Zürich;
et la dernière rétrospective nord-américaine date de 1995, faisant
escale, entre autres, au Musée Guggenheim de New York et au
Musée Hirshhorn de Washington.

L’exposition se concentre sur Georg Baselitz en tant qu’artiste
profondément enraciné dans l’histoire de la peinture et de la
sculpture européennes et américaines: en effet, il y occupe
une position particulière et exceptionnelle en tant que créateur
d’un langage iconographique figuratif idiosyncratique qu’il n’a de
cesse de développer. L’appropriation de modèles iconographiques
et stylistiques qui se mutent en une structure de sens complexe
et ambivalente dans ses créations picturales est l’une des
particularités de l’art de Baselitz. L’univers pictural de l’artiste
s’articule comme un palais des glaces dans lequel ses images
tirées du souvenir ou de l’imagination et empreintes de modèles
historiques et artistiques se fondent sans cesse dans de nouvelles
compositions picturales.
Dans notre monde peuplé d’images numériques et projetées,
Baselitz se préoccupe tout particulièrement
de la qualité sensuelle de l’oeuvre. Depuis ses débuts dans les années
1960, son travail témoigne de l’importance et de l’impact
puissant de la peinture; c’est l’une des raisons pour lesquelles
la pertinence de son art est si constante depuis des décennies
et nous touche encore aujourd’hui.
L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste.
La sélection des oeuvres et sa présentation ont été guidées par le
désir de faire émerger l’essence de plus de soixante années
d’une vaste production artistique à travers la mise en juxtaposition
de peintures et de sculptures issues de toutes les périodes créatrices
de l’artiste.
L’ordre chronologique des créations choisies fait apparaître
immédiatement et de façon tangible la singularité et l’ingéniosité
de forme et de contenu du travail de Baselitz. Le rapprochement
d’univers iconographiques à première vue hétérogènes crée une
fascination, une attraction qui captive le spectateur et le laisse
sous le charme à chaque fois. Cette expérience est en grande partie
responsable du fait que l’art polymorphe de Baselitz représente
aujourd’hui encore, tel qu’il y a 30 ou 40 ans, un défi esthétique
et intellectuel.

Organisée à la Fondation Beyeler par Martin Schwander,
Curator at Large
, l’exposition rassemble environ
90 peintures et 12 sculptures réalisées entre 1959 à 2017.
Des oeuvres-clés des années 1960, telles que les séries de tableaux
Helden [Héros] et Fraktur [Fractures], Verschiedene Zeichen
[Signes divers] également, sont présentées dans cette exposition,
ainsi que plusieurs peintures à sujet renversé –
dont Porträt Elke I [Portrait Elke I] –
qui ont fait la renommée de Baselitz dans les années 1970.

«Depuis 68-69, je me suis appliqué à faire de la peinture,
mais je n’ai réellement commencé à la toucher du doigt
qu’à partir du renversement des motifs. […] Pour moi,
la problématique est d’éviter de créer des images anecdotiques
et descriptives. De plus, j’ai toujours détesté l’arbitraire
nébuleux de la théorie sur la peinture non-figurative.
Le renversement du motif dans mes tableaux m’a donné
la liberté de faire face à des problèmes picturaux.»
Je me souviens de ma première vision des sculptures
de Baselitz à la Staatlichen Kunsthalle Baden-Baden
qui faisaient suite à ses peintures renversées au musée
Frieder Burda
en 2009, gigantesques, taillées à la hache,
étonnement, émerveillement, amusement.
«La sculpture est une chose miraculeuse. […]
Elle n’est pas une carcasse, elle n’est pas une coquille vide,
une enveloppe délaissée; elle s’apparente plutôt à une machine
éteinte – on y devine un esprit à l’intérieur, en attente d’un contact
Outre des sculptures en bois colorées de grand format telles
que Dresdner Frauen [Femmes de Dresde] et des reliefs peints,
l’exposition compte également un groupe de peintures de la série
Remix. Les peintures ainsi que les sculptures intérieures et
extérieures des deux dernières décennies complètent la vision de
l’un des artistes contemporains les plus originaux de son temps.
Un groupe d’oeuvres réalisées à l’automne 2017 et encore jamais
révélées au public conclut le parcours de l’exposition.
Le catalogue de l’exposition, publié en allemand et en anglais,
rassemble différentes perspectives sur la production artistique
multifacette de Baselitz. Auteures et auteurs européens et
américains renommés ont enrichi la publication de nouvelles
contributions à la recherche.
Demandez le tiré à part en français
Le célèbre cinéaste et écrivain allemand Alexander Kluge
(né en 1932 à Halberstadt, Saxe-Anhalt) a réalisé en l’honneur de son ami et
artiste Georg Baselitz un hommage cinématographique
qui est présenté en avant-première au sein de l’exposition.
Un autre film de 15 minutes produit par Heinz Peter Schwerfel
à l’automne 2017 donnera un aperçu sur la façon de penser et
de travailler de Baselitz. Il est pour la première fois présenté au
public à l’occasion de l’exposition à la Fondation Beyeler.
Parallèlement à l’exposition de la Fondation Beyeler, le
Kunstmuseum Basel présente une rétrospectives des
oeuvres graphiques de Georg Baselitz.
France culture : la Dispute podcast
www.fondationbeyeler.ch
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00, et le mercredi jusqu’à 20h
Télématin

Sommaire du mois de janvier 2018

Pastel de Nicolas Party
Fondation de l’Hermitage Lausanne

01 janvier 2018 :  Voeux 2018
03 janvier 2018 : Nuit des musées bâlois 2018
05 janvier 2018 : Le jardin secret des Hansen,
la collection Ordrupgaard
08 janvier 2018 : L’art du pastel de Degas à Redon
10 janvier 2018 : Claude Monet, Collectionneur
11 janvier 2018 :  Cours Publics 2018
13 janvier 2018 :  Cristina De Middel « Muchismo »
16 janvier 2018 :  FOLLOWERS – la HEAR
21 janvier 2018 : Joseph BEY – Le murmure des ombres
24 janvier 2018 : Women House à la Monnaie de Paris
26 janvier 2018 : Sofia Hultén – Here’s the Answer,
What’s the Question?
29 janvier 2018 : Hélène de Beauvoir, Artiste et femme engagée

Nuit des musées bâlois 2018

A vos agendas 19 janvier 2018

L’ouverture en nocturne des musées de Bâle pour une nuit
très spéciale est toujours un succès. Le principe ?
Avec l’achat d’un pass à 22,50€, vous accédez à près de
200 activités organisées dans l’un des 37 lieux participants
et vous profitez gratuitement du réseau de transport en commun.
Organisation suisse, qu’on se le dise.
C’est l’occasion de découvrir les musées autrement à travers
des concerts, lectures, workshop, ateliers, expériences sensorielles,
performances,  ateliers créatifs, jeux…

Laissez-vous entraîner dans une promenade nocturne au sein
de l’unique univers des musées bâlois.
La nuit des musées est une fête des histoires, des cultures,
des sciences et des arts. Elle transforme chaque année l’atmosphère
de l’ensemble de la ville.  Un parcours du Münchenstein à Riehen à
travers la ville ainsi que de l’autre  côté de la frontière
à St. Louis et Weil am Rhein.
Le billet Nuit des musées vous offre une mobilité maximale :
circulez librement avec divers moyens de transport a partir
de 17 heures jusqu’ à la fin du service.
Concoctez directement votre programme selon vos centres
d’intérêts en vous connectant sur le nouveau site internet
de la Nuit des musées bâlois. (allemand-anglais-français)

Au Musée d’anatomie, on pourra élucider une scène de crime
façon Cluedo avec l’aide de l’Institut de médecine légale de Bâle
ou reconstituer un squelette façon Lego avec un certain nombre
d’os à disposition.
Au Musée historique, on pourra se détendre dans une atmosphère
sous marine au son des baleines ou construire un sous-marin
à partir de matières premières simples.
Au musée Tinguely
PerformanceProcess programme spécial
avec San Keller & Heinrich Lüber
Coup de ciseau,

à ne pas confondre avec Sam Keller directeur de la
Fondation Beyeler
Les enfants et leurs familles pourront aussi participer à divers ateliers
: atelier de collage d’images avec Rebekka Moser au Kunstraum
Riehen, atelier pour créer son propre badge avec les illustrateurs
Eva Rust et Andreas Lori au Musée de la caricature et du
dessin humoristique.
De nombreuses visites guidées sont aussi organisées, y compris
en français, dans les musées ou dans la ville.
Ce n’est bien sûr qu’un petit aperçu de toutes les activités proposées.Pierre-Jean Sugier , directeur de la Fondation Fernet-
Branca , présente son programme 2018
Robert Combas pour la Nuit des Musées de Bâle
Vendredi 19 janvier
2018 18h à 2h du matin
Du 19.01.2018 au 18.02.2018 :
Exposition Rock’n Roll avec Robert Combas, Thomas Lévy-
Lasne et Benoit Grimbert
En Alsace
Les bus de la ligne de navette jaune circulent jusqu’à la fin
de la Nuit des Musées jusqu’à Saint-Louis
(arrêt Fondation Fernet-Branca).
Dernier départ de Bâle: à 1h20 du Fischmarkt.
Infos pratiques
Passmusées
20 tickets à gagner pour la Nuit des musées bâlois,
le 19 janvier 2018
Gagnez 2 billets pour la Nuit des musées bâlois,
le 19 janvier 2018. Cliquez sur le lien suivant afin
de participer au jeu-concours.
Date limite de participation : 7.1.2018
Renseignements :
00 41 61 267 84 01
www.museumsnacht.ch
Horaires :Vendredi 19 Janvier 2018 de 18h à 2h
Tarifs :
Prévente  dans tous les musées participants ainsi que
divers points de vente, également en Alsace et
en Bade-Wurtemberg.
Tarif normal : CHF 24.- / 22,50€
Moins de 26 ans (sur présentation d’une carte d’identité) :
Gratuit

Détenteurs de la CarteCulture et Passmusées :
CHF 12.- / 11€
 

Sommaire du mois de décembre 2017

Lucien Levy-Dhurmer
L’hymne à la Joie, Beethoven, l’Appassionata

02 décembre 2017 : La Fondation Beyeler
03 décembre 2017 : Sols, murs, fêlures, La Régionale à la Kunsthalle de Mulhouse
04 décembre 2017 : Les Vagamondes festival des cultures du Sud (6e édition)
06 décembre 2017 : Anders Zorn
10 décembre 2017  : Les aléas des spectacles publics
16 décembre 2017 :  Hommage à Malou Willig
18 décembre 2017 :  David Hockney
19 décembre 2017  : Malick Sidibé Mali Twist
21 décembre 2017 :  America ! America ! How real is real ?
23 décembre 2017 :  Gilgian Gelzer / Raul Illarramendi – streaming
24 décembre 2017 :  Raúl Illarramendi
25 décembre 2017 :  Joyeux Noël

La Fondation Beyeler

« Les oeuvres d’art doivent vivre en créant un dialogue
avec d’autres oeuvres ainsi que le public ».
Sam Keller, Directeur
Pour clôturer en beauté cette année anniversaire
de la Fondation Beyeler, le musée offre à son
public senior, en remerciement, un cadeau tout
spécial et accorde une
 
entrée gratuite à tous les
visiteurs de plus de 65 ans
pendant la période
de
l’Avent du 1er au 24 décembre.

En outre, la campagne «-25» se poursuivra tout au long
de l’année prochaine.
La visite du musée restera gratuite en 2018
pour les moins de 25 ans.
Ces opérations combinées permettent à deux générations
de visiter gratuitement le musée: en cette fin d’année,
grands-parents et petits-enfants peuvent venir admirer
ensemble les œuvres abstraites et colorées de Paul Klee
à la Fondation Beyeler.
Et, vice-versa, les petits-enfants
peuvent inviter leurs grands-parents au musée sans dilapider
leur argent de poche.

L’exposition de la collection «Coopérations» reste ouverte
jusqu’au 1er janvier 2018, l’exposition sur Paul Klee
et sa relation à l’abstraction jusqu’au 21 janvier 2018
 


progression des visiteurs

L’extension du musée


Pour l’année 2018
21 janvier – 29 mai 2018
Début 2018, la Fondation Beyeler consacrera une vaste exposition
à Georg Baselitz, né en 1938 à Deutschbaselitz, Saxe (Allemagne).
À l’occasion du 80e anniversaire de Baselitz, une rétrospective ciblée
réunira plusieurs des peintures et sculptures les plus importantes
réalisées par cet artiste majeur de l’art contemporain au cours
des six dernières décennies. En outre, de nouvelles oeuvres seront
pour la première fois exposées au public.
Cette exposition est organisée en collaboration avec
le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de
Washington, D. C.,

où elle y sera ensuite montrée sous une autre forme.
Parallèlement à l’exposition de la Fondation Beyeler, le
Kunstmuseum Basel exposera des oeuvres sur papier de
Georg Baselitz.
Bacon – Giacometti
29 avril – 2 septembre 2018
Au printemps et durant l’été 2018, la Fondation Beyeler
présentera deux protagonistes exceptionnels et
visionnaires du modernisme classique, amis aussi bien
que rivaux, qui ont largement influencé l’art de la
seconde moitié du XXe siècle et dont le rayonnement
continue à se faire sentir encore aujourd’hui.
Pour la toute première fois, une exposition muséographique
sera conjointement dédiée à Alberto Giacometti
(1901–1966) et Francis Bacon (1909–1992), et mettra
en lumière la relation réciproque de ces deux
grandes personnalités artistiques.
À première vue, leur travail respectif semble très différent
et indépendant l’un de l’autre; cette exposition révèlera
pourtant des similitudes et des parallèles étonnants. Vie et
créativité de ces deux artistes seront présentées ensemble
sous un jour nouveau.
Ces deux individualistes qu’étaient Giacometti et Bacon se
considéraient tels deux phares se lançant des
signaux lumineux au loin. Catherine Grenier, conservatrice
et directrice de la Fondation Giacometti à Paris,
Michael Peppiatt, spécialiste de Bacon et ami proche de l‘artiste,
ainsi que Ulf Küster, conservateur à la Fondation Beyeler,
révèleront à travers la centaine d’oeuvres présentées dans
cette vaste exposition des parallèles étonnants.
parallèles étonnants.
Ernesto Neto, GaiaMotherTree
Juin/juillet 2018, gare centrale de Zurich
En juin et juillet 2018, la Fondation Beyeler présentera
dans la gare centrale de Zurich une installation de
l’artiste brésilien Ernesto Neto, né en 1964
à Rio de Janeiro.
L’oeuvre monumentale GaiaMotherTree est
une sculpture arborescente polychrome, faite de rubans
de coton multicolores noués à la main, et
s’étendra jusqu’au plafond du hall de la gare,
à vingt mètres de haut. Cette installation, que les visiteurs
peuvent pénétrer et découvrir depuis l’intérieur,
constitue un lieu de rencontre, d’échange et de
méditation. Elle accueillera en son sein une multiplicité
d’événements, y compris des manifestations
musicales et dansantes, ainsi que des lectures
et des ateliers, à l’attention des adultes aussi bien
que des enfants.

au musée Tinguely en 2015

Catalogue de la collection
Cet ouvrage n’est pas un catalogue de collection classique.
Il s’agit plutôt d’un récit dans lequel les artistes
de la collection parlent de leurs créations, un mariage subtil
entre illustrations des oeuvres d’art et extraits
de textes originaux rédigés par les artistes eux-mêmes.
Ce recueil est à la fois historique et «contemporain»:
en effet, à travers ces écrits, la présence des artistes
devient palpable.
un bémol, il  n’existe qu’en allemand et en anglais
pourtant le français est la 2e langue de la Suisse
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h
Depuis la SBB tram n° 2 jusqu’à la Messe Platz
puis tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler
les billets de tram s’achètent aux composteurs
les cartes tram se compostent à l’extérieur 💡

Sommaire du mois de novembre 2017

vue depuis le Centre Pompidou

01 novembre 2017 : Fonte – Anna Katharina Scheidegger
02 novembre 2017 : KUNSTAR
03 novembre 2017 : Les poissons des grandes profondeurs ont pied – Yves Chaudouët
04 novembre 2017 : CÉZANNE. Métamorphoses
05 novembre 2017 : Corps et Visages
06 novembre 2017 : Collection Beyeler / Coopérations
11 novembre 2017 : Gauguin l’alchimiste
13 novembre 2017 :  Romains des villes, Romains des champs ?
20 novembre 2017 : ST’ART 2017
26 novembre 2017 : André Derain 1904 – 1914. La décennie radicale
28 novembre 2017 : Marianne Maric, les filles de l’Est et les autres

Collection Beyeler / Coopérations

jusqu’au 1er janvier 2018

À l’occasion de son 20e anniversaire,
la Fondation Beyeler présente la troisième
et dernière exposition «Coopérations» de
l’année avec plusieurs variantes, ainsi que les
possibilités de développement de la collection
grâce aux futurs prêts de longue durée,
acquisitions et donations. Héritiers de fonds
d’artistes, collectionneurs et artistes amis
de la maison ont été invités à sélectionner
des chefs-d’oeuvre en leur possession afin de
créer un rapprochement temporaire avec la
Collection Beyeler. Cette conception d’une
collection propre en tant qu’ensemble vivant
et entité unique en constante mutation
conditionne l’exploration incessante des possibilités
de présentation et d’exposition.

Cabinet de curiosités

Les trois premières salles rappellent des formats
de présentation traditionnels aussi bien dans
l’accrochage des objets individuels et des oeuvres
que dans l’agencement des pièces. Telle un musée
dans le musée, la première salle dévoile une
mise en scène unique et ouvre l’exposition en s’inspirant
du concept historique du cabinet de curiosités,
remontant ainsi aux origines du musée: le mariage des
oeuvres de la collection et des prêts issus
principalement d’une collection privée bâloise
font l’éloge de la grande tradition de la collection
d’art, de l’instinct et de la curiosité des collectionneurs
ainsi que de leur soif d’originalité, d’esthétique,
d’insolite ou de singularité.
Ainsi, par exemple, est exposée une défense de
narval, tenue autrefois pour une corne de licorne.

Autres points phares de cette partie de
l’exposition: les oeuvres d’art de l’Afrique et de
l’Océanie tirées de la collection Beyeler, complétées
par des prêts exclusifs tels qu’un masque malagan
de Mélanésie du musée Barbier-Mueller à Genève

ainsi que d’autres pièces remarquables issues
d’une collection privée new-yorkaise.
La deuxième salle rend hommage au Salon de l’art
moderne dans la tradition de Gertrude Stein ainsi
que d’autres pionniers de la collection d’art
moderne. Les visiteurs peuvent notamment admirer
des oeuvres de Paul Cézanne, Pablo Picasso
et Vincent van Gogh. Le Salon, lieu d’échange
entre artistes, collectionneurs et amateurs d’art,
trouve son équivalent dans le développement de
la Fondation Beyeler en tant que lieu de rencontre
prisé dans le monde artistique.

La troisième salle est consacrée au surréalisme
et aux artistes Max Ernst, René Magritte, Balthus et
Joan Miró.
La collection de la Fondation Beyeler s’est
considérablement enrichie, notamment grâce au
prêt d’importants travaux de Magritte.
En souvenir des expositions révolutionnaires
organisées par les surréalistes eux-mêmes, toutes
les oeuvres sont mises en scène sur fond noir et
sous un éclairage théâtral.

En outre, plusieurs collections privées allemandes
et suisses seront présentes à travers des chefsd’oeuvre
de différents protagonistes de l’expressionnisme
abstrait, tels que Morris Louis et Willem de
Kooning, ainsi que des oeuvres clés du Pop Art.

Plusieurs oeuvres majeures de Roy Lichtenstein
côtoieront celles de Andy Warhol. Sera notamment
exposé le tableau Joseph Beuys (1980) de Warhol.

C’est l’une des rares oeuvres que l’artiste a décoré
d’une fine couche de poussière de diamant. Après
plusieurs mois d’analyses poussées, de tests et
de nettoyage entrepris dans le cadre d’un projet de
restauration complexe, le tableau peut enfin à
nouveau être exposé au public.

Les salles qui mettent en dialogue deux artistes
sont particulièrement intéressantes. Ainsi, Yves Klein
rencontre Lucio Fontana,
et Claude Monet converse avec Marina Abramovič.

L’un des grands temps forts de cette partie de
l’exposition est sans aucun doute Anthropométrie
sans titre (1960) de Yves Klein, une peinture sur toile monumentale
qui est exposée en Suisse pour la toute première fois.
Des espaces d’artistes sont consacrés à
Gerhard Richter, Peter Doig et Louise Bourgeois.
The Hours of the Day [Le Livre des heures] (2016),
remarquable oeuvre papier et textile multipartite
de l’artiste newyorkaise est exposée au public pour
la première fois.
Le rideau de perle de Félix González-Torres
«Untitled» (Beginning) [Sans titre (Commencement)]
(1994) clôture l’exposition «Coopérations»

comme une métaphore de fin de présentation
de cette collection à l’occasion du 20e anniversaire de la
Fondation Beyeler, mais aussi comme un regard porté sur
la nouvelle année à venir.
L’exposition «Coopérations» suit la chronologie de l’histoire
de l’art: elle commence par le cabinet des curiosités en tant
qu’origine du musée, passe par le Salon de l’art moderne et
s’étend jusqu’au White Cube de l’art contemporain.

Près de 170 oeuvres issues de huit pays offrent un éventail
temporel de la fin de la Renaissance jusqu’au XXIe siècle.
Les prêts ont été recueillis auprès de plus d’une douzaine de
collections privées et institutions reconnues telles que le
Musée Barbier-Mueller à Genève, la Easton Foundation
à New York ou encore la collection Daros à Zurich.
«Coopérations» clôture la série des trois présentations
de collection de l’année 2017 en jetant un
regard vers l’avenir.
«L’originale» rend hommage à la toute première
exposition du fondateur de notre
musée, Ernst Beyeler. «Remix», la deuxième exposition,
crée un pont et un dialogue entre les nouvelles
acquisitions et la collection existante.
Cette exposition est co-dirigée par Sam Keller et Ulf Küster.
Sam Keller-Ulf Küster-Fondation Beyeler
crédit photo Véronique Bidinger

Scénographie, graphisme et architecture de l’exposition en
collaboration avec Martina Nievergelt, Thorsten Romanus
et Dieter Thiel.

Expositions de la Collection Beyeler à l’occasion
du 20e anniversaire
5 février 2017 – 1 janvier 2018

La Fondation Beyeler a été inaugurée officiellement
le 18 octobre 1997. La collection de remarquables
oeuvres d’art moderne et contemporain rassemblées avec
le plus grand soin depuis les années 1950 par
le couple de galeristes et de collectionneurs
Ernst et Hildy Beyeler
a trouvé un foyer dans le musée conçu en 1997 par
Renzo Piano à Riehen/Bâle.
On peut les y voir depuis cette date dans des
présentations changeantes, aux côtés de dons ultérieurs
des fondateurs. La collection de la Fondation
Beyeler a été précautionneusement agrandie par des achats,
des dons, des partenariats et des prêts de longue durée.
En 2017, la Fondation Beyeler fête ses vingt ans avec trois
expositions exceptionnelles successives, qui
présentent la Collection Beyeler sous trois perspectives
différentes :
un regard sur le passé, un regard sur le présent,
un regard vers l’avenir.
Collection Beyeler / L’Originale
5 février 2017 – 7 mai 2017
La première exposition de la collection de l’année, conçue
en hommage aux fondateurs du musée,
Ernst et Hildy Beyeler,

Collection Beyeler / Remix

9 juin – 3 septembre 2017
Avec des oeuvres d‘Andy Warhol de la Collection Daros
« Remix », la deuxième exposition de la collection,
présente celle-ci dans son état actuel. Les ajouts
des dernières années ont permis d’élargir la collection
en lui apposant un accent contemporain.
L’établissement d’un dialogue entre les nouvelles
acquisitions et la collection existante est un critère
majeur des réflexions sur chaque nouvelle acquisition.
« Remix » souhaite offrir une scène à ce
dialogue dans toute sa diversité. La présentation d’oeuvres
de la collection est complétée par d’importants prêts de longue
durée, avec notamment un ensemble de toiles de
Picasso de l’Anthax Collection Marx.
En outre, à l’occasion du 20e anniversaire de la
Daros Collection, le partenariat entre la Fondation
Beyeler et Daros est célébré par une présentation de
chefs-d’oeuvre d’Andy Warhol.
La commissaire de l’exposition est Theodora Vischer,
Senior Curator de la Fondation Beyeler.
www.fondationbeyeler.ch
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77,
CH-4125 Riehen
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h à 18h, le mercredi jusqu’à 20h

Paul Klee – La dimension abstraite

«L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible.»
Paul Klee, 1920

jusqu’au 21 janvier 2018 à la
Fondation Beyeler

L’exposition rétrospective comprend
110 oeuvres de l’artiste issues de toutes
ses périodes créatrices, à partir de l’année 1912,
et regroupe de précieux prêts confiés par de
nombreuses institutions renommées et
collections privées en Europe et à l’étranger
L’exposition «Paul Klee» se déploie sur sept
salles et présente plusieurs ensembles d’oeuvres
chronologiques, permettant d’explorer la
confrontation de Klee avec l’abstraction.
En outre, les ensembles d’oeuvres, regroupés
selon certains éléments ou motifs stylistiques,
mettent en lumière les étapes décisives du
développement artistique et biographique de Klee.
L’exposition s’ouvre sur les débuts de Klee en
tant que peintre dans les années 1910 à Munich.
Tout juste majeur, Paul Klee s’installe dans la
capitale bavaroise, métropole artistique, où il vivra
avec quelques interruptions jusqu’en 1921.
Cette période sera formative pour sa carrière
artistique. Il se fraye une voie sur la scène
artistique émergente munichoise et y fait, entre
autres, la connaissance de Vassily Kandinsky.
Ces années-là, il entreprend également des voyages
déterminants pour son art.

En 1905 et 1912, il visite Paris. La peinture
avant-gardiste de Paul Cézanne, Henri Matisse,
Pablo Picasso ou encore Robert Delaunay lui font
une forte impression. Les approches développées par ces
artistes, telles que la décomposition cubique
de l’environnement figuratif sur des surfaces
géométriques abstraites, ou la dissociation des
couleurs par rapport au contenu, se retrouvent de façon
unique dans les aquarelles de Klee telles que
Das gelbe Haus [La Maison jaune], 1914,
26 confiée par la Fondation Merzbacher,
Geöffneter Berg [Montagne ouverte], 1914, 95
issue d’une collection particulière ou encore
mit dem roten X [avec le X rouge], 1914, 136
du Museum of Modern Art (MoMA) à New York.

Lors de son voyage en Tunisie qu’il entreprend
avec ses amis artistes Louis Moilliet et August Macke
en avril 1914, Klee développe une approche
toute personnelle de la couleur et de la lumière.
La peinture sur toile et papier devient, dès lors,
une composante importante de son oeuvre.
Dans une note de son journal, on peut lire la
déclaration suivante:
«La couleur me possède. Nul besoin de chercher
à la saisir. Je suis à elle pour toujours, je le sais.
Voilà le sens du bonheur: la couleur et moi, nous ne
faisons qu’un. Je suis peintre.»
Parmi les oeuvres remarquables, on trouve
notamment les aquarelles suivantes:
Aux portes de Kairouan, 1914, 216, réalisée
lors de son voyage à Tunis et exposée au Centre
Paul Klee à Berne, Avec un brun, 1915, 39 du
Kunstmuseum de Berne, ainsi que Abstraction sur
un motif de Hamammet (sic.), 1914, 49 peinte
à son retour de Munich, que Klee avait offerte à son
ami Franz Marc, et que l’on peut désormais
admirer dans la Collection Forberg au Musée Albertina
à Vienne. Pour la première fois depuis plusieurs
décennies, Aux portes de Kairouan
(d’après une esquisse de 1914) (sic.), 1921,
sort d’une collection privée de Riehen et est
montrée au public.
[Nota: l’orthographe des titres est fidèle au
catalogue des oeuvres.]
La salle suivante dévoile les oeuvres réalisées
durant la Première Guerre mondiale. La guerre
représente pour Klee une profonde rupture.
Ses amis August Macke et Franz Marc tombent
respectivement en 1914 et 1916. Klee en est
profondément affecté. À la même période, il fait le lien
entre l’art abstrait et la situation politique,
et déclare:
«Plus le monde devient effrayant (tel qu’il l’est
aujourd’hui), plus l’art devient abstrait, alors
qu’un monde heureux fait s’épanouir un art réaliste.»
Bien qu’il rejette la guerre, il se retrouve forcé,
en tant que ressortissant allemand, de servir
entre 1916 et 1918. (Paul Klee vient au monde le
18 décembre à Münchenbuchsee, près de Berne).
Il n’est pas envoyé au front mais dans un
régiment de réserve; épargné de prendre les armes,
et peut ainsi consacrer ses heures libres à son art.
Les oeuvres réalisées pendant cette période-là
ne sont cependant pas entièrement abstraites.
De nombreuses représentations naturelles
et architecturales sont identifiables en tant
que jardins, maisons privées
ou églises, telles des refuges, des sanctuaires pour
ainsi dire, créés par l’artiste lui-même, et
pour lui-même. Parmi les oeuvres les plus
remarquables, on peut citer l’aquarelle
La Chapelle, 1917, 127 issue de la Collection
de la Fondation Beyeler, ainsi que
le petit format Himmelsblüten über
dem Gelben Haus (Das auserwählte Haus)

[Fleurs célestes au-dessus de la maison jaune
(La maison élue)], 1917, 74,

du musée Berggruen de Berlin. Par le choix
même du matériau, ce tableau renvoie
immédiatement à la guerre. À l’époque,
Klee avait été stationné dans une école
d’aviation en Bavière et avait utilisé la toile
d’avion comme support de peinture.
La salle d’exposition suivante, la plus grande,
est séparée en trois parties et s’intéresse à la décennie
du Bauhaus à Weimar et Dessau, l’abstraction
géométrique ainsi que les voyages de Klee
en Italie et en Égypte à la fin des années 1920
et au début des années 1930.
Au début des années 1920, Klee est l’un
des artistes les plus influents de son temps.
Le Bauhaus lui propose un poste où il
enseignera de 1921 à 1931. Au total, lors de
la décennie du Bauhaus, Klee réalisera plusieurs
centaines d’oeuvres dont une série a été
sélectionnée tout particulièrement pour
cette exposition en raison de sa capacité
à illustrer en première ligne le processus lié
à l’étude des couleurs.
Il s’agit de tableaux dits «carrés»
– des tableaux non figuratifs à la structure
géométrique plus ou moins stricte présentant
plusieurs carrés ou triangles de couleurs –
ainsi que d’aquarelles semi-figuratives
ou abstraites, en couches de couleurs, dans
lesquelles Klee utilise, comme son nom
l’indique, une technique particulière de
superpositions de couches de peinture.
En raison de leur sensibilité à la lumière,
les aquarelles en couches sont présentées
dans une salle d’exposition séparée.
Dans toutes ces oeuvres, Klee accorde la
prééminence absolue à la couleur en tant que
médium artistique. Klee se meut de façon
ludique entre les univers apparemment
incompatibles de l’abstraction et du figuratif.
Parmi les joyaux de cette partie de l’exposition
figurent l’huile sur toile
petit-fils de Paul Klee
Blühender Baum [Arbre en fleur], 1925, 119
prêté par le Musée national d’art moderne de Tokyo,
1934, 199, ainsi que son homologue au format
plus large, Blühendes [En fleur], 1934, 199 désormais
conservé au Musée d’art de Winterthour.
Entre les nombreuses aquarelles en couches
les plus connues et les plus appréciées,
on peut noter, par exemple: Polyphone Strömungen
[Courants polyphoniques],
1929, 238 de la Collection d’art de Rhénanie-du-Nord-
Westphalie à Dusseldorf, mais aussi Fuge in Rot
[Fugue en rouge], 1921, 60 et Aquarium, 1921, 99,
toutes deux issues de collections privées.

Dans les années 1920, de nombreux artistes,
dont le Bauhaus de Dessau, les membres du mouvement
artistique néerlandais De Stijl – avec
Theo van Doesburg et Piet Mondrian – ainsi que les
constructivistes russes proclament le formalisme
géométrique strict. En réaction, Klee produira une
série oeuvres qui verront le jour jusqu’à la fin
des années 30. Le tableau Le rouge et le noir,
1938, 319 du Musée Von der Heydt à Wuppertal,

Verspannte Flächen [Surfaces tendues], 1930, 125
de la Staatsgalerie Stuttgart ou encore
Feuer bei Vollmond [Feu à la pleine lune],
1933, 353 du Musée Folkwang à Essen illustrent
singulièrement la contribution extraordinaire et
personnelle de l’artiste.
Les voyages ont eu une importance
considérable pour Klee. L’art et la culture dans
les pays étrangers ont été pour lui une immense
source d’inspiration. Ainsi, ses impressions
sur les voyages en Égypte et en Italie entrepris
à la fin des années 1920 et au début des années
1930 aboutissent à deux séries d’oeuvres
formidables: les tableaux dits «en couches»
et les peintures pointillistes. Durant l’hiver 1928-
1929, Klee explore Alexandrie, Le Caire, Louxor
et Assouan pendant tout un mois. L’impression
de ces villes et de leurs paysages alentours
se transforment en abstraction géométrique
linéaire bariolée, auxquelles appartiennent
les tableaux Feuer Abends [Feu, le soir],
1929, 95 du Museum of Modern Art
(MoMA) à New York, ou encore

Blick in das Fruchtland [Regard sur le pays
fertile], 1932, 189 du Musée Städel à
Francfort-sur-le-Main.
L’engouement de Klee pour les mosaïques
paléochrétiennes byzantines, qu’il avait pu admirer
principalement dans les villes italiennes de
Ravenne, Palerme et Monreale, l’a poussé à
développer une technique unique de peinture
en mosaïque, et qu’il a utilisé dans le tableau
grand format Klaerung [Clarification], 1932, 66
du Metropolitan Museum of Art (MET) à

New York, et Vor Anker [Au mouillage],
1932, 22 issu d’une collection particulière, ou
encore Klassische Küste [Côte classique], 1931, 285
du Musée Berggruen de Berlin.
Les tableaux carrés et en couches, aussi fragiles
que précieux, ainsi que les peintures pointillistes et en
mosaïque sont rarement présentés ensemble
et en série: ils constituent le point culminant de l’
exposition.
Les trois dernières pièces de l’exposition sont
consacrées aux oeuvres tardives.
Depuis décembre 1933, Paul Klee réside
de nouveau en Suisse.
En 1930, il accepte un poste de professeur
à l’Académie des Beaux-Arts de Dusseldorf,
dont il sera congédié en avril 1933 par les
nationaux-socialistes. Il est proclamé artiste dégénéré.
Parmi les plus de 2000 travaux de l’œuvre
tardive de Klee ont été sélectionnées les peintures
dites à signes graphiques qui illustrent de
façon exemplaire le processus d’abstraction
à la fin de sa carrière artistique ainsi qu’une
série d’oeuvres dans lesquelles Klee fournit
des conceptions prophétiques pour
l’art de l’après-guerre.
La Seconde Guerre mondiale devait être
le point de départ de nombreux processus
artistiques dans le monde occidental.
Dans ses travaux des années 1930, cependant, de
nombreux éléments de cette conception
picturale déterminante pour l’art de l’Europe
et des États-Unis d’après-guerre sont déjà présents.

Sturm durch die Ebene [Tempête à travers
la plaine], 1930, 54 conservée à Paris, au Centre
Pompidou, Bergrücken [Croupe de montagne],
1930, 53 ou encore
Schwere Botschaft [Message pesant], 1938,
119 issue d’une collection privée possèdent,
par exemple, une gestuelle et des procédés
picturaux qui rappellent l’expressionnisme abstrait.
Les caractères et les signes graphiques jouent
un rôle déterminant en tant que médium
stylistique dans les oeuvres tardives de Paul Klee.
Dans ces travaux, il remanie des systèmes
d’écriture picturale tels que les anciens
hiéroglyphes égyptiens, l’ancienne écriture orientale
ou la calligraphie; il effectue également un travail
d’abstraction pour extraire des signes à partir
de plantes, de lettres et de chiffres.
À travers la représentation de corps et
de visages humains fortement abstraits, pour autant
parfaitement reconnaissables, Paul Klee définit,
de manière consciente ou inconsciente, le seuil de la
peinture abstraite en devenir, et dans laquelle
la disparition de la figure humaine est l’un des motifs
artistiques les plus importants. Parmi les travaux
les plus représentatifs de ce processus figure l’œuvre

préférée de Ernst Beyeler, Ohne Titel
[Gefangen, Diesseits – Jenseits/Figur]

[Sans titre] [Captif, En deçà
– Au-delà], vers 1940, ainsi que Ludus Martis,
1938, 141 du Musée Stedelijk à Amsterdam ou encore
Park bei Lu. [Parc près de Lu.], 1938, 129 du
Centre Paul Klee à Berne.
Commissaire : Anna Szech 
Horaires d’ouverture:
Tous les jours de 10h00 à 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h
Prix d’entrée à l’exposition
Adultes CHF 25.-
Entrée gratuite jusqu’à 25 ans
et pour les membres du Art Club.
Étudiants de moins de 30 ans: CHF 12.-
 

Sommaire du mois de juin 2017

Robert Cahen et son galeriste Jean François Kaiser à Art Basel 2017

03 juin 2017 : Wolfgang Tillmans engagé
05 juin 2017 : Hebdoscope sous la baguette de Valérie Cardi
17 juin 2017 : Art Basel 2017
20 juin 2017 : Otto Freundlich, Communisme cosmique
22 juin 2017 : Cézanne révélé
27 juin 2017 : Wim Delvoye

Wolfgang Tillmans engagé

Wolfgang Tillmans jusqu’au 1er octobre 2017
à la Fondation Beyeler

« Tout est une question de regard, d’un regard
ouvert et sans peur »


En tee-shirt et bermuda, il répond avec cordialité à nos questions.
Dans l’ascenseur il m’a spontanément serré la main, en riant
parce que j’ai affirmé au traducteur, que son français était parfait.
C’est un des photographes que l’on dit le plus passionnant du moment.
Dans tous les classements ce natif de Remscheid, dans la Ruhr,
RFA, est en tête. On peut voir ses oeuvres à la Tate galerie de Londres
et depuis quelques jours à la Fondation Beyeler, près de 200
travaux photographiques réalisés entre 1986 et 2017, ainsi qu’une
nouvelle installation audiovisuelle.
« J’aime la photographie et j’utilise ce médium depuis 30 ans,
non pas parce que je veux être absolument un photographe,
mais parce que cela donne des possibilités
illimitées de produire de nouvelles images. »

Ici il n’y a ni règles, ni chronologie, ni hiérarchie, de la vision
Tillmans veut faire une expérience.
Ses accrochages ressemblent à des performances,
les portraits et les natures mortes, de l’accessoire et
du fondamental, du figuratif et de l’abstrait,
tout se vaut.

Wolgang Tillmans, Tilda Switon 2009

Rien ne le laisse insensible. Tillmans est faiseur d’images
et musicien.
C’est l’art en général et surtout les images qui l’intéressent,
il se voit dans une continuité de 30 000 ans, depuis que
des hommes ont commencé à faire des images, la photographie
n’est qu’un tout petit domaine dans l’histoire totale des images.
Ces photographies intimes et attentives le font connaître
au début des années 90.
Il documente l’ambiance des clubs et le style de vie de
la jeunesse londonienne, le feeling de la contre-culture.
Ces images se présentent comme une membrane
entre la sphère du privé et celle du public.
Ce sont particulièrement les images du début
des années 90 qui manifestent une préoccupation
sociétale. Il était tout à fait conscient que ce n’était
pas juste une plaisanterie superficielle, c’était amusant,
certes, mais il était clair pour lui qu’il s’agissait de
développement et de progrès sociaux, le privé et le politique
sont pour lui indéniablement liés. Les libertés dont
il profite ont été acquises de haute lutte politiquement.
Il ne parle pas du fait de pouvoir exister en tant qu’homosexuel,
mais de pouvoir vivre en démocratie.

Après avoir vécu à New York, il vit a Londres où il reçoit le
Turner Prize, en tant que photographe et surtout premier
photographe non britannique à l’âge de 32 ans.
En 2015, on lui a décerné l’International Award in
Photography
de la Hasselblad Foundation, Göteborg.
Prix acceptés avec humilité, en s’excusant.
Il veut montrer le monde à sa façon.

Parfois quelque chose se développe, tout d’un coup
il y a le bon dosage de mise en scène, de trouvailles et
de vérité qui se manifestent. Il fait des photos pour intervenir
pour faire de l’effet sur la société. Ce n’est pas que de
l’art pour l’art, pour se positionner dans ce
domaine, il voudrait changer les choses, conscient que
cela ne représentera presque rien.
Mais son énergie le pousse dans ce sens. Prendre position
est son credo d’artiste et de citoyen, comme sa dernière
campagne d’affiches contre le Brexit.

Il ne voit pas la limite entre la politique et la vie, mais il ne voit
pas non plus la nécessité de tout regarder sous l’angle politique.
Certaines choses ont lieu et existent tout simplement,
elles deviennent des natures mortes du fait du hasard.
Le drapé de vêtements jetés négligemment par hasard,
devient une nature morte, comme une peinture.

Le tee-shirt se métamorphose en sculpture. L’éclipse totale du
soleil capté avec son vieil appareil analogique.
Des scènes de rue, des façades de maisons, des groupes de
personnes, des panneaux publicitaires, des voitures,
des couloirs d’aéroport, des ciels étoilés, des vues d’avion.
(Concorde)
Il a rapidement élargi son champ de vision et a exploité
les expériences de la photographie pour inventer un nouveau
langage iconographique. Ainsi sont nés des travaux recourant
ou non à l’appareil photo ainsi qu’à la photocopieuse.

Chaque exposition de Tillmans est une oeuvre en soi.
Il n’aligne pas une suite de succès, elle demande à être
regardée avec attention, car il mélange les formats,
le banal avec le sensationnel, l’ordinaire avec l’émouvant.
Il arrive toujours à surprendre, par exemple avec
des images qui naissent sans passer par l’objectif d’une caméra,
en travaillant le papier photo avec la lumière ou
des produits chimiques.
Il rend le non vu, visible.
Il illustre sa perception du monde. Selon lui tout est
fonction du regard ouvert et exempt de peur.
C’est un regard sur la liberté de voir de faire ou de jouer
et c’est finalement aussi un comportement politique.

« Il ne faut pas tout particulièrement dans les temps
que nous vivons, cette époque remarquablement étrange,
se laisser déposséder de la curiosité visuelle et de la liberté
inaliénable de l’art » .
C’est au Schaulager que la commissaire Theodora Vischer
tente une correspondance de son travail pour la première fois
dans lexposition de Holhein à Tillmans
À l’invitation de la Fondation Beyeler, l’artiste avait déjà aménagé
dès 2014 une salle avec des peintures et des sculptures de la collection
permanente, auxquelles il avait ajouté deux de ses propres
travaux. Cette exposition Tillmans constitue cependant la
première réflexion approfondie à laquelle se livre la
Fondation Beyeler sur le médium photographique
Informations pratiques
Heures d’ouverture :
Tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
Pendant la semaine d’Art Basel
10–18 juin 2017, 9h00–19h00
Prix d’entrée de l’exposition :
Adultes CHF 25.-
Pass-musées accepté
Entrée gratuite pour les moins de 25 ans
(sur présentation d’une pièce d’identité à la billetterie)
et membres de l’Art Club
Accès
Tram 2 direction Eglisee
descendre à Messe Platz
puis tram 6 direction Grenze
arrêt Fondation Beyeler
Renseignements ici