Seydou Keïta, Grand Palais, 31 mars –11 juillet 2016 « J’avais 14 ans, c’étaient mes premières photos et c’était le moment le plus important de ma vie. Depuis lors, c’est un métier que j’ai essayé de faire le mieux possible. J’ai tellement aimé la photographie. »
Seydou Keïta est né à Bamako vers 1921 et ouvre son studio de photographe portraitiste en 1948. Son oncle, qui lui a offert avant-guerre un appareil Kodak Brownie, a déclenché sa vocation. Autodidacte, il bénéficie des conseils de son voisin Mountaga Dembélé, photographe et instituteur malien de l’entre-deux-guerres, et de la fréquentation du magasin-studio photo de Pierre Garnier.
Situé sur la parcelle familiale, son studio se compose de sa pièce de vie d’une vingtaine de mètres carrés et de la cour, attenante, où il réalise le plus grand nombre de ses photographies à la lumière naturelle. Proche de la gare de Bamako et de nombreux lieux d’attraction de la ville, il sait bénéficier du flux de voyageurs de l’Afrique de l’Ouest et séduit très vite la jeunesse urbaine qui devient sa principale clientèle.
La photographie de Seydou Keïta marque en effet la fin de l’époque coloniale et de ses codes de représentation pour ouvrir l’ère d’une photographie africaine qui affirme son identité. Là où les « indigènes » étaient représentés frontalement, en tant qu’échantillons anthropologiques d’une tribu ou d’une catégorie de population, Keïta privilégie les poses de trois-quarts et la diagonale pour magnifier des personnes et non pas des sujets. Ses clients devenant ainsi les modèles actifs de sa démarche artistique. Keïta, qui a réalisé plusieurs milliers de clichés, a inlassablement cherché à donner d’eux la plus belle image et est aujourd’hui considéré comme l’un des grands portraitistes du XXe siècle.
Cette exposition rétrospective présente pour la première fois un important ensemble de tirages argentiques modernes – réalisés de 1993 à 2011, et signés par Keïta – ainsi que des tirages argentiques d’époque. Le parcours est organisé chronologiquement, de 1949 à 1962, date de la fermeture de son studio, en tenant compte des divers fonds en tissu que Keïta utilisait et grâce auxquels il parvenait à dater ses photographies.
« Quelqu’un qui n’a pas fait sa photo avec Seydou Keïta n’a pas fait de photo ! » ; C’est ce qui se disait à Bamako. » Section «Vintages» Les tirages d’époque, également appelés «vintages», présentés dans cette salle, sont réunis pour la première fois dans le cadre d’une exposition. Keïta a réalisé la plupart de ses portraits à la chambre 13×18 et tirait lui-même ses photographies dans son studio, par contact, à l’aide d’un châssis-presse, sans recourir à un agrandisseur.
Bien qu’autodidacte, Keïta s’était néanmoins perfectionné à la technique du tirage auprès de son aîné, Mountaga Dembélé, instituteur photographe, engagé dans l’armée coloniale, qui ouvrit un studio à Bamako après son retour au Soudan français
en 1945. Dembélé avait lui-même été initié à Paris par le professeur Houppé, inventeur du célèbre agrandisseur Imperator, et auteur de l’ouvrage, Les secrets de la photographie dévoilés. Keïta exposait aux murs de son studio des modèles de portraits de femmes, hommes, enfants, en buste, debout, assis ou allongés, et mettait à disposition divers accessoires, afin d’aider ses clients à choisir une pose. Ses « cartes », comme il les appelait, rencontraient ainsi beaucoup de succès à l’époque. Il lui arrivait exceptionnellement de réaliser des formats plus grands, à la demande de certains clients fortunés, tel ce vintage présenté ici au format 30×40. Keïta conservait et classait minutieusement ses négatifs, mais n’avait pas gardé de tirages
d’époque dans son studio après sa fermeture. Ils ont été retrouvés pour la plupart, abandonnés ou oubliés par des clients, dans l’atelier de son encadreur, qui colorisait aussi, à la demande, les ongles, bijoux et coiffes sur certains portraits féminins. L’absence de précautions particulières dans la conservation d’un grand nombre de ces photographies, exposées au vent, à la poussière, à la chaleur et à l’humidité, explique l’état de certains portraits.
Exposition organisée par la Réunion des musées
nationaux – Grand Palais avec la participation de la Contemporary African Art Collection (CAAC) – The Pigozzi Collection. les citations sont extraites du livre Seydou Keïta de André Magnin et Youssouf Tata Cissé, pour les textes, et de Seydou Keïta pour les photos. Ed. Scalo, Zürich, 1997 France culture la grande table à l’expo (podcast) France Culture la Dispute (podcast)
Oncle Sam, Thomas Nast et Tomi Ungerer.
Une satire politique et sociale de l’Amérique
Du 15 avril à octobre 2016
AuMusée Tomi Ungerer
Centre international de l’Illustration, Strasbourg Thomas Nast (1840-1902) est considéré comme l’un des pères de la caricature des Etats-Unis. Ce dessinateur allemand, originaire de Landau, s’est rendu célèbre en illustrant pendant de longues années le journal new-yorkais Harper’s Weekly avec des figures qui influencèrent la politique américaine de son époque. Il a entre autres popularisé le personnage de l’Oncle Sam et créé les symboles des partis démocrate et républicain, l’âne et l’éléphant, ainsi que celui de Columbia. Engagé du côté des unionistes ce qui lui valut l’admiration d’Abraham Lincoln, attentif au sort des minorités, indiens, noirs, Chinois d’Amérique, il devait rapidement trouver son style, d’une grand efficacité visuelle, soutenant la comparaison, du moins en matière de férocité, avec un Gillray ou un Daumier. Uncle Sam, Personnification des US, plus particulièrement du Gouvernement, l’image de l’Oncle Sam semble remonter à la guerre de 1812, mais continue de faire débat parmi les historiens. En revanche l’apparence qui lui est prêtée dans les images, sous la forme d’un homme grand et mince, à longs cheveux blancs et barbichette, chapeau haut de forme aux couleurs de la bannière étoilée, noeud de papillon rouge, veste queue de pie et pantalon rayé rouge et blanc est entièrement une invention de Thomas Nast, qui a mis au point L’oeuvre pleine d’humour de Thomas Nast a permis de dresser un portrait acerbe de l’Amérique de la seconde moitié du XIXe siècle tant sur le
plan politique que social. Depuis, ces motifs font partie intégrante du répertoire des caricaturistes.
Ses attaques les plus virulentes furent sans doute celles qui visaient le politicien William Tweed dit le Boss, chef corrompu du Tamany hall, parti politique des démocrates new-yorkais. La composition de Nast qui montrait l’intéressé avec à la place de la tête , un simple sac de dollars, eut un effet dévastateur. Dans les années 1960, ils sont aussi réapparus sous le crayon de Tomi Ungerer pour dresser le portrait critique de la politique et de la société contemporaines de l’Amérique. A peu de 100 ans de distance, Tomi Ungerer se révèle le digne successeur de Thomas Nast.cette typologie au cours des années 1850. Santa Claus par Thomas Nast Santa Claus
En l’honneur de l’enfant du pays, la ville de Landau a baptisé son marché de Noël le Thomas-Nast-Nikolausmarkt. Un moyen non seulement de rappeler les origines du dessinateur, né dans cette ville du Palatinat, mais aussi le fait qu’il a contribué à forger l’image de Santa Claus en consacrant au personnage une série de dessins publiés dans le Harper’s Weekly entre 1863 et 1866.
C’est dans cette revue, après l’avoir figuré sous l’aspect d’un colporteur, que Nast a métamorphosé son personnage pour lui donner l’aspect d’une figure paternelle et réconfortante, une homme âgé et débonnaire, joufflu, ventru, chaudement habillé, la pipe aux lèvres, le teint fleuri, les yeux pétillants et la barbe neigeuse au menton.
(texte Martial Guédron, professeur d’histoire de l’art, université de Strasbourg)
Les portraits-charge des présidents côtoient les affiches protestataires contre la guerre du Vietnam et la ségrégation raciale et montrent une liberté de ton rarement atteinte dans le dessin de satire politique. Le personnage de Santa Claus, lui-même, n’a pas été épargné et a fait l’objet d’une série inédite et sulfureuse.
L’exposition présentée au premier étage du musée met en regard 150 exemplaires du Harper’s Weekly provenant d’archives publiques et privées d’Allemagne avec des dessins originaux et des affiches de Tomi Ungerer de la collection du musée. vue d’archives de Harper’s Weekly et Thérèse Willer
Avec les prêts de :
Archiv und Museum Landau in der Pfalz Landesbibliothekzentrum Rheinland-Pfalz in Speyer Thomas-Nast-Verein Landau e.V. et le soutien du Goethe-Institut Strasbourg INFORMATIONS PRATIQUES
Horaires :
du lundi au dimanche de 10h à 18h Fermé le mardi
Tarifs :
6,5 euros / 3,5 euros (réduit)
Lieu : Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration
2, av. de la Marseillaise / tél. 03 68 98 51 53
Tram C depuis la gare centrale visite virtuelle
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Suite à la réouverture du musée Rodin,cette exposition propose une autre forme « d’ouverture » à des approches modernes de la sculpture et de la photographie.
Sur une proposition de Michel Frizot, Entre sculpture et photographie est une invitation à découvrir huit artistes de la fin du XXème siècle ayant pratiqué de front la sculpture et la photographie de manière étroitement imbriquée et même indissociable.
Sans pour cela prétendre au titre de photographe et en se limitant à prendre des clichés de leurs propres oeuvres. Michel Frizot, historien de l’art et de la photographie
C’est autour de 1965, dans le contexte de l’art conceptuel et du land art naissants, que de jeunes artistes ont bouleversé la notion de sculpture par des interventions sur des sites naturels tout en utilisant systématiquement la photographie pour rendre compte de ces actions de « sculpture » éphémères ou vouées à rester dans un lieu peu accessible. Il en est résulté d’étroites connexions entre sculpture et photographie, et un élargissement considérable des attendus formels et esthétiques de « sculpture » et « photographie ».
Les huit artistes présentés ici appartiennent à cette génération et dans la continuité de cette attitude innovante, ils entretiennent une proximité étroite entre sculpture et photographie, au point de ne pouvoir parfois faire la part de chaque pratique. L’exposition explore diverses voies de l’alliance et de la conjonction entre sculpture et photographie et le parcours s’ouvre, avec Richard Long et Gordon Matta-Clark, sur la conjugaison des deux médiums dès l’instant de la conception de l’oeuvre. Pour Dieter Appelt et Giuseppe Penone, il s’agit de mettre en avant la place du corps humain, ses correspondances primordiales avec la nature, ou un imaginaire commun du corps primitif.
Avec Mac Adams et Markus Raetz, on se situe dans une mise en scène de paradoxes visuels et narratifs, et dans une interrogation suspicieuse sur la « réalité » perçue par le regard. John Chamberlain recherche une continuité formelle, colorée, exubérante, entre les deux pratiques, tandis que Cy Twombly, peu connu pour ses sculptures et ses photographies, ferme le parcours avec d’impressionnantes évocations élaborées avec des moyens très frustes.
Entre sculpture et photographie associe dans le même espace trois propositions : une exposition de sculptures saisissantes, une exposition de photographies qui se dérobent aux standards artistiques, complétées d’une exposition qui développe des connexions inattendues entre les deux médiums.
Au final, ces artistes nous invitent à rompre avec les idées reçues et les acquis esthétiques, et à exercer notre vision pour entrevoir ses enjeux imaginaires, bien au-delà des registres habituels de représentation. Vue de l’hôtel Biron et du Penseur de nuit,
Une exposition réalisée par le musée Rodin sur une proposition de Michel Frizot.
Commissariat : Hélène Pinet, responsable des collections de photographies du musée Rodin Michel Frizot, historien de l’art et de la photographie Richard Long
Artiste qui a été formé à la sculpture à Londres dans les années 1960, et l’un des initiateurs du land art, Richard Long organise sa création autour de ses longues marches soigneusement préparées, assorties de textes, de cartes et de photographies. La sculpture naît des circonstances de la marche, elle se fait avec des matériaux du lieu, comme par exemple des branches mortes ramassées et assemblées selon une forme géométrique. Cette sculpture éphémère, qui va rester sur le site, est photographiée et c’est finalement cette photographie qui témoigne de l’action de sculpture. Richard LONG, Small Alpine Circle, 1998, Pierre,
D’autres photographies montrent des assemblages de pierres in situ, des entassements de branchages, en lignes, bandes ou cercles, des traces d’actions dynamiques, avec de l’eau par exemple ou le tassement de l’herbe laissé par un passage répété. L’image tient lieu véritablement de sculpture, et c’est le regardeur qui réactive le geste de l’artiste.
Lors de ses marches, Richard Long a surtout oeuvré avec des pierres, qu’il écarte pour faire apparaître une ligne uniforme, ou qu’il amasse selon différents arrangements dont on repère immédiatement qu’ils sont faits de main d’homme. Richard LONG, A line of Sticks in Somerset, 1974, Carré d’art –Musée d’art contemporain, Nîmes
Parallèlement, l’artiste a été amené à créer des assemblages similaires en galerie ou pour des expositions, à partir de matériaux qui ne proviennent pas de ses marches et qui sont souvent retaillés. Avec Small Alpine Circle, 1998, fait de pierres des Alpes, Richard Long recherche la rigueur géométrique, la sensation directe du matériau, l’évocation de lieux naturels : « Une sculpture satisfait nos sens en un certain lieu alors qu’une oeuvre photographique (provenant d’un autre lieu) satisfait l’imagination » (Richard Long). Gordon Matta-Clark
Formé à l’architecture à Cornell University, Gordon Matta-Clark, fils de Roberto Matta, est en contact en 1969 avec les artistes de l’Earth Art ou land art qui voulaient sortir la sculpture de la galerie et agir directement sur le terrain en creusant des fossés ou en constituant des amas de matériaux. Intervenant sur des immeubles abandonnés des environs de New York, Matta-Clark découpe avec une scie à chaîne des sections rectangulaires dans les cloisons ou planchers pour ouvrir des perspectives d’une pièce à l’autre, et faire circuler le regard et la lumière (c’est l’action de « cutting »).
Ce faisant, il crée une sculpture architecturale par le creux, par l’évidement, par le négatif mais dans le même temps la découpe extraite de la cloison constitue aussi une sculpture (positive), un objet trouvé, une mise en forme de matériau. Gordon Matta-Clark, Sauna Cut, 1971, Kunstmuseum, Lichtenstein Sauna Cut I, 1971, est un prélèvement de sauna dans un appartement de New York, qui a toutes les particularités d’une sculpture, avec ses deux faces différentes et sa trouée transparente. Matta-Clark réalise systématiquement des photographies (et des films) des étapes de son travail, pour rendre compte de son action in situ. Il fait également des découpes (cutting) de ses négatifs, en fait des tirages et les assemble parfois pour donner une idée spatiale, tridimensionnelle, des circulations qu’il a créées.
Mac ADAMS, Mystery, The Whisper, 1976-77 (Mysteries Series
qui articulent deux images apparemment indépendantes, représentant deux moments (l’avant et l’après) d’un épisode tragique. Chaque image met en scène des pièces à conviction repérables qui constituent de fait des agencements sculpturaux jouant des effets de statisme, de lumière et d’équilibre. Il revient au regardeur de meubler l’entre-deux des images, au gré de son imagination. La série Still Life (1977) éparpille les indices dans les trois dimensions par de savants jeux de miroir. Mac ADAMS, Rabbit, Shadow-Sculpture, 2010, Paris, Galerie GB Agency, Nathalie Bouton
Exploitant la part de mystère des ombres, les Shadow-Sculptures (1985) sont des assemblages volontairement hétéroclites d’objets placés dans l’espace ; ils sont conçus pour être éclairés par une source lumineuse à la verticale qui projette de manière inattendue une ombre homogène sur un plan, une ombre qui fait apparaître une forme animale – ici, un lapin – sans lien avec les objets qui en sont la cause. La sculpture entre à son tour dans la fiction narrative et se nourrit des propriétés de la photographie faite d’ombre et de lumière. Dieter Appelt
Musicien, chanteur d’opéra, dessinateur, photographe, sculpteur, Dieter Appelt se situe volontiers à la croisée indécise de ces pratiques. Il réalise en 1976 des actions avec et sur son propre corps, dénudé, maculé de terre séchée, comme entre vie et mort, ou régressant dans un temps immémorial. Il se met ainsi en situation dans des constructions de branchages assemblés par des bandelettes de lin (La tour-oeil ; Objet-membrane, structure rituelle sur pilotis) déclinées plus tard en sculptures (Transmission). Grand lecteur de Ezra Pound, il cherche des équivalences plastiques de ses expérimentations sur le langage, sur les images mentales. Dieter APPELT, Aus Ezra Pound, 1981, Inv. MEP. 1987.13, Passe-partout
La série Ezra Pound est une évocation poétique en même temps qu’une performance en hommage au poète, conduite sur les lieux où il a vécu, à Venise et à Rappalo. La photographie présentée ici est faite dans la chambre de Pound, mais elle est transformée en vue négative, ce qui donne un aspect fantomatique aux choses présentes, moitié-sculptures, moitié-ombres vaguement identifiables. Dieter Appelt, Der Fleck auf dem Spiegel 1978
Ses sculptures sont souvent réalisées pour entrer dans un protocole d’action, qui donne lieu à des photographies. Krone n°4 (Couronne) est une forme reprise d’une action antérieure où Appelt, nu, arborait seulement une couronne de feuille de maïs comme dans un rituel de civilisation primitive. Dieter APPELT, Krone n°4 (Couronne n°4), 2001, Collection de l’artiste, Berlin
L’objet est transposé en bois recouvert de bandes de gaze et rappelle quelque chose d’archaïque, destiné à être posé sur un crâne, mais qui serait passé par des étapes technologiques. Les photographies de Appelt sont conçues comme des concrétions de lumière et de temps, des états de conscience indiscernables, « entre perspective visuelle et prise de conscience poétique » et à l’inverse, ses sculptures sont le déploiement de stratifications imaginaires et de souvenirs. Markus Raetz
Depuis 1970, Markus Raetz nous propose à travers une pratique très personnelle du dessin, de la gravure, de la photographie et de la sculpture, des objets de leurre se jouant de notre perception visuelle, de ses insuffisances ou de ses paradoxes. Il exploite poétiquement les incertitudes du regard et du langage, il cultive l’ambivalence des relations, dans l’espace, entre le regardeur que nous sommes et la figure qu’il saisit photographiquement ou qu’il fabrique. Avec des vues séquentielles d’une figurine de pâte à modeler, Cercle de polaroids, 1981 simule le cheminement d’un marcheur le long d’un cercle, hors de toute échelle. Avec Hecht, 1982, il donne l’impression d’un jeu de miroir sur une photo d’un homme en profil de dos, alors qu’il s’agit de deux photographies. Markus RAETZ, Hecht, 1982, FRAC Limousin, Limoges
Dans ses recherches sur les illusions perspectives et les ambiguïtés de la perception, Markus Raetz conçoit des volumes – des sculptures, de fait – qui ne prennent sens que sous un certain angle faisant apparaître une figure déterminée, par exemple un buste d’homme à chapeau ; mais si vous tournez d’un quart de tour, vous percevez tout à coup une autre forme, celle d’un lièvre. C’est ce qui se produit dans Metamorphose II, 1992, Markus Raetz, Metamorphose II, 1992,
avec toutefois l’aide d’un miroir qui dévoile d’un seul coup d’oeil les deux figures primaires contenues dans la sculpture (cette pièce est aussi un clin d’oeil à l’artiste allemand Joseph Beuys, l’homme au chapeau, et à son lièvre fétiche qu’il présentait dans des performances). La sculpture, pour Raetz, joue de l’espace et des formes comme on joue avec les mots, en usant du double sens. Cy Twombly,
Pour quiconque aura suivi le parcours de peintre et dessinateur de Cy Twombly, habité de frêles graffitis et de messages sibyllins, aucun indice ne permettait de l’imaginer préoccupé par la sculpture ou par la photographie, ce qu’il faisait pourtant en toute discrétion. Les termes d’assemblage et d’hybridation conviennent à ses créations composées d’objets trouvés, de bois de rebut, de papier, de tissu, carton et fleurs artificielles. Ces combinaisons de formes brutes, liées par du plâtre ou neutralisées par un enduit blanc (parfois tirées en bronze ultérieurement), évoquent comme ses peintures des reliques, des mythes, des objets symboliques ou archéologiques : Winter’s Passage, Louxor, 1985 évoque d’une manière très primitive à la fois un jouet fruste et la barque rituelle des morts en Egypte ; Thermopylae, 1992 est un hommage aux morts de la bataille des Thermopyles). Cy TWOMBLY, Winter’s Passage: Luxor, 1985, Fondation Twombly
Cy Twombly n’a d’autre part cessé de photographier, depuis ses débuts à Black Mountain College en 1951, il privilégie le format carré du polaroid couleur, qu’il agrandit ensuite et dont il exploite le léger flou, les couleurs pastel ou parfois saturées. Ses photos rappellent par touches évanescentes les lieux où il habite, son goût pour la sculpture qu’il collectionne, pour les végétaux ou les fleurs rouges (les imposantes pivoines de ses peintures des années 2000). Ses Tulipes (1985) en plan rapproché, avec leurs couleurs stridentes qui se répandent sont bien éloignées des conventions photographiques ; hors-échelle, elles s’imposent, à l’égal de ses peintures, comme des signes tragiques. 17 juillet 2016 : Entre sculpture et photographie
MUSEE RODIN DE PARIS
77 rue de Varenne
75007 Paris
T. +33 (0)1 44 18 61 10 HORAIRES
ouvert tous les jours de 10h à 17h45, fermé le lundi.
Nocturnes les mercredis jusqu’à 20h45
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L’exposition se termine le 18 avril
Le Centre Pompidou propose une traversée inédite de l’œuvre de l’artiste allemand Anselm Kiefer.Cette rétrospective, la première en France depuis trente ans, invite le visiteur à parcourir toute la carrière de Kiefer, de la fin des années 1960 à aujourd’hui, avec cent cinquante œuvres dont une soixantaine de peintures choisies parmi les chefs-d’œuvre incontournables. L’œuvre de Kiefer invite avec intensité le visiteur à découvrir des univers denses et variés, de la poésie de Celan à la philosophie de Heidegger, des traités scientifiques à l’ésotérisme. Installations et peintures monumentales voisinent avec des œuvres sur papier et des objets à la résonance plus intime. Anselm Kiefer, au peintre inconnu 1982, aquarelle et fusain mes billets précédents sur Anselm Kiefer
au musée Würth Anselm Kiefer Monumenta Anselm Kiefer au Louvre
Jean-Michel Bouhours – Votre dernière exposition rétrospective à Paris remonte à 1984, une exposition conçue en Allemagne et présentée au musée d’art moderne de la Ville de Paris… Anselm Kiefer – Il ne s’agissait pas d’une « rétrospective » parce que j’étais encore trop jeune pour cela.
JMB – L’exposition duCentre Pompidou invite pour la première fois en France à découvrir l’ensemble de votre œuvre. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de cette exposition ?
AK – D’abord, c’est très contraignant de faire une rétrospective parce qu’il faut revoir les anciens tableaux, revenir sur le passé. Je préfère regarder le futur. Mais il y a des surprises : on voit les œuvres différemment après toutes ces années, la vision change, le public aussi. Je deviens moi-même spectateur de tableaux que j’ai peints il y a plus de quarante ans. Mon idée du temps est que plus on retourne vers le passé, plus on va vers le futur. C’est un double mouvement contradictoire qui étire le temps… Anselm Kiefer, Resumptio 1974
JMB – Le principe de l’exposition est, me semble-t-il, un exercice difficile pour vous : sortir les œuvres de l’atelier alors que votre mode opératoire consiste plutôt à les retenir, voire à les enfouir temporairement pour que le temps fasse aussi son travail…
AK – Au contraire, ça m’aide beaucoup. J’aime exposer mes œuvres. Par exemple, à Barjac, j’ai même construit des bâtiments pour exposer mes tableaux. Je trouve absolument nécessaire qu’ils sortent de l’atelier. On peut alors voir ce qui est faux, ce qui est bien.
JMB – Nécessité de la séparation avec l’œuvre, du regard des autres ?
AK – Je dirais même de la collaboration avec les autres.
JMB – Miró avait utilisé l’expression « assassiner la peinture » à un moment où il cherchait à introduire le réel dans sa peinture, sous la forme de minéraux et notamment de sable. Voyez-vous une filiation entre votre travail et ces avant-gardes historiques ?
AK – L’anti-art… À la fin des années 1960, quand j’étudiais à l’académie des beaux-arts de Karlsruhe, j’avais arpenté tous les ateliers pour les inciter à arrêter de peindre ! Parfois, il faut savoir adopter une posture radicale pour pouvoir recommencer. Anselm Kiefer, Lilith, 1987/1990
JMB – Les systèmes hermétiques, l’alchimie ou la Kabbale, leur symbolique des matériaux ont enrichi votre peinture, en introduisant de nouveaux matériaux : le plomb, la cendre, la chimie électrolytique…
AK – Lorsque j’étais étudiant à Fribourg, j’ai utilisé de la nourriture, des pâtes, j’ai collé les pâtes sur la toile avec du vernis à ongles. C’était un peu pervers, n’est-ce pas ? Mais c’était pas mal. J’ai aussi utilisé des lentilles, des œufs… Cela fait très longtemps. J’ai travaillé avec des matériaux non conventionnels bien avant les années 1980. Je ne suis pas un peintre de l’art pour l’art. Je ne fais pas de la peinture pour faire un tableau. La peinture, pour moi, c’est une réflexion, une recherche […] et pas une recherche sur la peinture. J’étais très heureux, par exemple, quand j’ai découvert la mythologie juive à Jérusalem, et en même temps l’alchimie, parce que la Kabbale et l’alchimie se rejoignent… Je voyais enfin une raison de peindre. L’une de mes motivations pour peindre, c’était aussi l’histoire allemande. C’était une recherche sur moi-même, sur ce que je suis, où je suis né, etc. Et puis après j’ai cherché une autre raison parce qu’il me fallait toujours une raison. Je ne peux pas faire une peinture pour que ce soit une peinture. Matisse n’a pas fait de la peinture pour la peinture. Anselm Kiefer, für Paul Celan, Halme der Nach, 1998/2013
JMB – L’autoportrait est une question qui surgit à deux moments dans votre œuvre. Fin des années 1960, avec la série des « Occupations » et des « Symboles héroïques », vous endossez, vous incarnez ce que vous considérez être votre responsabilité vis-à-vis de l’histoire. Dans les années 1980, non plus « droit dans vos bottes », vous êtes couché dans une posture de yoga dite « du cadavre ». De l’un à l’autre de ces moments, n’est-ce pas toujours le travail du deuil ?
AK – En effet, c’est un travail de deuil mais c’est aussi un travail « dada »… Parce que quand j’ai la main levée, c’est un peu comme Chaplin… Ce n’est pas seulement sérieux, c’est aussi… comment dit-on ? Anselm Kiefer, le dormeur du Val, 2013 / 2015
JMB – De la dérision ?
AK – Oui, une parodie, une satire… En revanche, lorsque je suis allongé dans cette posture de yoga, c’est en lien avec le bouddhisme, avec le sentiment d’être englouti dans la nature qui se reforme. Tu meurs, ton cadavre se dégrade dans la nature et nourrit l’arbre. C’est plus lié à la question des cycles biologiques, de l’histoire du cosmos, oui c’est ça, l’histoire du cosmos.
JMB – Vous êtes récemment revenu à l’histoire allemande avec « Morgenthau Plan », travaux que l’on a vus voilà trois ans à la galerie Gagosian…
AK – C’était une sorte de désespoir parce que j’avais peint des tableaux de fleurs, j’aime tellement les fleurs, des fleurs partout… Mais j’avais des remords et la combinaison avec le « Morgenthau Plan » a donné à l’ensemble une autre tournure, plus cynique. Morgenthau [NDLR : secrétaire d’État américain au Trésor sous la présidence de Franklin Roosevelt, concepteur d’un plan visant à empêcher l’Allemagne de redevenir une puissance militaire après la guerre] voulait que l’Allemagne devienne un État agricole et rien d’autre. C’est un peu le rêve des Verts aujourd’hui : les fleurs, le blé… Il y a du cynisme chez moi à vouloir traiter un épisode effrayant de l’histoire de la fin de la Seconde Guerre mondiale sous la forme d’un hymne à la beauté de la nature.
JMB – Il y a effectivement un fort contraste…
AK – Contraste ? C’est trop…
JMB – …faible ?
AK – Professionnel ! Non, c’est plutôt que j’ai ainsi redonné une raison d’être à des tableaux.
JMB – La question du cycle et du cosmos est fondamentale dans votre œuvre. Vous associez le processus de la création artistique à celui de la destruction et de la ruine…
AK – Oui, le cycle. Pas comme dans le catholicisme ou dans le communisme : il ne s’agit pas d’une ligne qui monte vers le paradis comme ça [geste vers le haut]. Ça c’est une idée eschatologique. Les catholiques ont un paradis, le communisme ça mène au paradis, c’est la fin de l’histoire. Pour moi c’est impossible. Pourquoi la fin quand on ne connaît pas le commencement ? Qu’y avait-il avant le Big Bang ? Plusieurs Big Bang ? On n’en sait rien.
JMB – Dans l’exposition, une salle est consacrée à des vitrines. Vous aviez réalisé certaines d’entre elles à la fin des années 1980 en Allemagne, un ensemble installé aujourd’hui à Höpfingen, l’un de vos anciens ateliers. Sont-elles comme une installation définitive et permanente ?
AK – Oui pour toujours, elles resteront là.
JMB – On ne pouvait donc pas les exposer à Paris ; par conséquent, vous avez décidé de relancer un cycle de création ?
AK – D’abord, je voulais faire un grand corridor avec l’Arsenal [NDLR : l’Arsenal regroupe les éléments, les matériaux stockés par Anselm Kiefer, susceptibles d’être ultérieurement utilisés dans ses œuvres], j’ai mis de l’ordre dans ma collection de choses, d’aquarelles, de toutes sortes de trucs. Cet ordre a mené aux vitrines. J’ai pensé que ce n’était pas bien de montrer l’Arsenal, je ne voulais pas montrer mes outils de cette façon. J’ai préféré utiliser l’ordre de ces collections pour réaliser des vitrines, en sélectionnant des objets qui réagissent l’un avec ou contre l’autre et me donnent des idées. JMB – La vitrine vient du cabinet d’amateur, la modernité en a beaucoup joué, des surréalistes à Joseph Beuys… Que représente la vitrine dans votre œuvre ? Pourquoi une vitrine plutôt qu’un tableau ?
AK – La vitrine, c’est comme un aperçu.
JMB – Un trait d’esprit, une fulgurance ?
AK – Un court-circuit. Lorsque je me promène dans mon atelier le soir, un peu fatigué, au moment où je ne travaille plus, je ne suis plus dans une logique, mais dans un autre monde : je vois mon atelier, je me promène dans mes cerveaux. Je vois les synapses… La vitrine, c’est un détail ou un Ausschnitt…
JMB – … un prélèvement, un extrait…
AK – … et les synapses se rencontrent. C’est ça, oui.
JMB – Vous avez parlé de l’Arsenal comme d’un enfer, une relégation de rebuts de la société, d’objets éliminés et qui attendent une rédemption…
AK – La rédemption, c’est la découverte. Je découvre une chose, je découvre une autre chose, je les mets ensemble et parfois c’est une réussite parce que ça fonctionne.
JMB – Est-ce à dire qu’elles se chargent de sens ?
AK – Voilà. On a cherché longtemps l’entrée de l’enfer. Certains l’ont cherchée à Naples, au Vésuve, etc. Ils cherchaient vraiment et étaient déçus de ne pas la situer géographiquement. Puis, la science, Newton, tout cela est arrivé, et maintenant on ne cherche plus… Anselm Kiefer, extases féminines
JMB – Dans le Forum, le hall d’entrée du Centre Pompidou, nous montrons une installation proche de ce qui a été édifié à Barjac. Cette œuvre fait penser au cinéma, à une sorte de grande cabine de projection avec ses bandes, ses rubans d’images…
AK – « Steigend, steigend, sinke nieder. » [« En montant, en montant vers les hauteurs, enfonce-toi dans l’abîme »]. Ce titre vient d’une citation de Goethe dans Faust, lorsqu’il descend chez les mères [NDLR : mystérieuses divinités souterraines]. J’ai collé toutes les photos que j’ai faites depuis que je fais des photos sur des rubans de plomb. Comme des films, mais c’est paradoxal parce que la raison d’être d’un film c’est d’être transparent, de laisser passer la lumière pour être projeté. Collées sur le plomb, ces images ne sont plus visionnables, visibles. C’est l’exposition de ma vie parce que ce sont des photos que j’ai prises tout au long de ma vie, des milliers de photos. Et pourtant je les cache, c’est un cache.
JMB – La pièce n’est pas visible de l’extérieur, contrairement au cinéma où justement la transparence du ruban fait que l’image s’échappe, se projette à l’extérieur…
AK – Ce n’est pas une projection, c’est une introspection pourrait-on dire. Anselm Kiefer, Pour Madame de Staël Poddcast : Franck Ferrand , Madame de Staël
JMB – D’une manière générale, y a-t-il un dessein, un but eschatologique, une représentation de la fin des temps dans votre œuvre ?
AK – On en trouve des citations : Ragnarök par exemple. Dans les mythes nordiques, Ragnarök c’est la fin du monde. Mais pour moi, il ne s’agit pas de la fin, mais plutôt de cycle. Aujourd’hui, on est inquiet des changements, des animaux qui disparaissent, des bouleversements de la nature. Pourtant, il y a trente millions d’années, une météorite a fait périr les trois quarts des espèces existantes. C’était une perte de presque tout le vivant et cependant une autre évolution commençait, dont nous ignorons encore tant de choses… Un poète autrichien, Adalbert Stifter, décrit les pierres comme si c’était des hommes et les hommes comme si c’était des pierres*. Les pierres peuvent avoir une conscience que nous ne comprenons pas. Un biologiste m’a raconté un jour ses expériences sur les plantes et la musique : dans une serre, à l’aide de haut-parleurs, d’un côté il a fait jouer la musique de Mozart, de l’autre du disco. Les plantes se sont tournées vers Mozart… Cela ne veut pas dire qu’il faut préférer Mozart mais plutôt que les plantes entendent et discernent.
JMB – Le Centre Pompidou a consacré récemment une exposition à l’œuvre de Le Corbusier. Au moment clé où vous vous êtes construit comme artiste, vous avez visité Ronchamp puis passé trois semaines méditatives au monastère de la Tourette…
AK – J’ai vu la chapelle de Ronchamp en Franche-Comté quand j’avais 17 ou 18 ans. Trois ans plus tard, j’ai fait un séjour à la Tourette. Le père du monastère, un dominicain, un intellectuel, était devenu l’ami de Le Corbusier. Il n’était pas un fondamentaliste, il était ouvert et discutait avec Le Corbusier, pourtant athée. Beaucoup de détails dans ce monastère m’ont inspiré. Il y a notamment une terrasse avec un mur si haut que les moines ne voient pas le paysage, ils ne voient que le ciel. […] C’est à la fois spirituel et cynique. Un bâtiment comme Ronchamp est tellement inspirant, beau et radical, jusqu’à l’autoritarisme, une idée presque fasciste. […] Un artiste peut avoir ce type d’idées, comme Le Corbusier qui voulait niveler Paris, mais si ça devient réel, c’est idiot, monstrueux. Anselm Kiefer, la mort de Brunehilde, 1976
JMB – Et vous-même, une fois installé à Barjac, en 1993, introduisez dans votre œuvre ce béton auquel vous a « initié » Le Corbusier ?
AK – Oui. À Barjac, j’ai utilisé le béton pur, brut de décoffrage. Comme pour une sculpture : on fait une âme, un coffrage, on coule le béton là-dedans, puis on le découvre, le processus reste apparent, c’est intéressant. J’ai aussi utilisé des containers comme coffrages, pour créer un mur. J’ai travaillé sans ingénieur, sans architecte, j’ai élevé des bâtiments très hauts. Comme enfant, lorsque je jouais avec les briques des ruines voisines de notre maison. Par exemple, l’amphithéâtre de Barjac, qui est très grand, je voulais même que ça penche un peu… Il n’y avait pas beaucoup de fondations et donc j’anticipais ce mouvement, mais finalement ça se tient très bien. J’ai mis les containers et j’ai commencé, sans fondations, avec un assistant ou deux, d’une manière très primitive. Anselm Kiefer, pour Paul Celan, fleurs de cendre 2006
JMB – Vous faites peu référence aux sciences exactes. Sont-elles trop peu poétiques à vos yeux ?
AK – L’exactitude de la science, c’est toujours une exactitude préliminaire. Les sciences ne sont exactes qu’un certain temps, et à un certain degré de connaissance. Puis, une autre théorie dément la précédente. Mes tableaux, que je laisse exposés là, j’y cherche aussi l’exactitude finale. La science m’inspire beaucoup, même si les sciences sont aujourd’hui très séparées les unes des autres et les scientifiques aussi. Ils ne parviennent pas à articuler les deux systèmes, le macrocosme et le microcosme. Einstein n’y est pas parvenu et a cherché toute sa vie. Nous cherchons une vision complète du monde. Pour cela, il faut une prescience, une grande image.
Note * Adalbert Stifter, Cristal de roche, Pierres multicolores I, 1995 pour la version française, traduit de l’allemand par Bernard Kreiss, éditions Jacqueline Chambon
Commissaire : Mnam/Cci, Jean-Michel Bouhours
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Carambolage (Le Littré) : (ka-ran-bo-la-j’) s. m. : terme du jeu de billard. Coup dans lequel la bille du joueur va toucher deux autres billes. fig. : coup double, ricochet.
Anne et Patrick Poirier, Mnémosyme
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais.
2 mars – 4 juillet 2016
N’avez vous jamais dit ou penser qu’une oeuvre en évoque une autre, sans qu’elle présente un rapport évident à première vue, ou qu’elle soit une incongruité
avec nos réminiscences en histoire de l’art.
Bien que décriée par les imminents connaisseurs en art, j’y ai trouvé, au fur et à mesure
du parcours, beaucoup de plaisir à découvrir les juxtapositions et les liens qui existent entre elles.
Le seul inconvénient c’est que les cartels se trouvent en bout d’allée, et que les visiteurs
y font la queue pour découvrir les auteurs des oeuvres présentées, moins connues, voire inconnues.
Le commissaire, Jean-Hubert Martin souhaitait sortir des sentiers battus de la présentation muséale et permettre au public, de découvrit et de trouver, le « carambolage »entre les oeuvres, leur point d’achoppement.
Il propose une exposition inédite au concept novateur : décloisonner notre approche
traditionnelle de l’art, dépasser les frontières des genres, des époques ou des cultures et parler à l’imaginaire de chacun. L’exposition offre une traversée de l’art universel à partir d’un point de vue délibérément actuel. Plus de centquatre-vingts oeuvres, toutes époques et toutes cultures confondues, sont regroupées selon leurs affinités formelles ou mentales. Les oeuvres présentées, souvent atypiques, choisies pour leur fort impact visuel, correspondent à des interrogations ou à des choix contemporains, sans tenir compte du contexte d’origine.
Elles sont ordonnées selon une séquence continue, comme dans un film narratif, où chaque oeuvre dépend de la précédente et annonce la suivante. Durer, Tête de Cerf percée d’une flèche 1504
Dans un parcours laissant place à la pensée visuelle, la pédagogie du sensible et les surprises de l’art, le visiteur déambule parmi les oeuvres de Boucher, Giacometti, Rembrandt, Dürer, Man Ray ou encore Annette Messager.
Les artistes se constituent un bagage de références visuelles puisées dans l’histoire de l’art. Leur choix est libre et ne suit pas les logiques et les catégories de la connaissance. Leurs références peuvent être aussi bien formelles que sémantiques. Ingres Leda et le cygne
Pour Ingres, Picasso et bien d’autres, ce n’est pas tant l’authenticité de
l’oeuvre qui compte que son souvenir, sa présence obsessive et son impact. Beaucoup d’artistes constituent des collections, à l’instar d’André Breton et du rassemblement d’objets hétéroclites qui prennent sens sur le Mur de l’Atelier.
L’oeuvre tire alors une part de sa signification de ce qui l’entoure. D’autres ont donné
corps à des musées imaginaires. Daniel Spoerri a organisé une série d’expositions intitulées, « Musées sentimentaux », dont la première version fut présentée au Centre Pompidou à Paris en 1977. Les objets sont réunis pour leur capacité d’évocation et de suggestion. L’affect l’emporte sur l’esthétique. L’objet devient souvenir vivant pour l’imaginaire collectif. La question d’un nouvel ordre à trouver, qui ne soit pas celui de l’histoire de l’art et de son inévitable chronologie, préoccupe de plus en plus de conservateurs. Le courant de l’histoire de l’art incarné par Warburg, Gombrich et Baltrusaïtis trouve aujourd’hui un regain d’intérêt et stimule des études et des expositions. La conception transculturelle qu’ils ont de l’art -leur approche large ne s’arrêtant pas à l’art savant et leur usage du comparatisme- sert, autant que l’exemple des artistes, de fondement à la réflexion pour ce projet. Cette conception décloisonnée de l’assemblage des oeuvres, obéissant à des critères non exclusivement historiques, se retrouve très fréquemment dans les collections privées d’hier et d’aujourd’hui. Le musée y a opposé son ordre spatio-temporel, sauf dans quelques cas où des donateurs ont exigé que leur présentation
soit intégralement préservée, par exemple le Soane Museum à Londres, le Pitt Rivers Museum à Oxford, le musée Condé à Chantilly ou encore le Gardner Museum à Boston. Ces musées connaissent un regain d’intérêt aussi bien auprès du public que des experts. Tous sont sous le charme des surprises que réserve leur présentation à base d’affinités formelles ou mentales.
Cette exposition, affranchie du principe thématique, aborde toutes sortes de sujets qui s’enchaînent selon une logique associative. Il s’agit de la mise en forme et de l’expression d’une pensée visuelle qui constitue le fondement de la création artistique.
Les oeuvres présentées proviennent de prestigieux établissements tels que la Bibliothèque nationale de France, le Centre Pompidou, le musée du Louvre, le musée national des Arts asiatiques – Guimet, le musée du quai Branly ou encore le musée Barbier-Mueller de Genève. Leur rassemblement n’a pas pour but de plonger le spectateur dans l’histoire mais plutôt de lui donner un aperçu des désirs, peurs ou espoirs de l’humanité qui font écho aux siens. Si quelques trouvailles devraient ravir les initiés, l’exposition ambitionne de s’adresser au public le plus large, en particulier à ceux qui n’ont aucune connaissance en histoire de l’art, en suscitant choc, rire et émotion.
Estelle Hanania – Fred Jourda – Gisèle Vienne jusqu’au samedi 30 avril en entrée libre à la Galerie de la Filature, Scène nationale – Mulhouse Estelle Hanania, Fred Jourda, photo Emmanuelle Walter
Les univers d’Estelle Hanania et de Fred Jourda s’unissent dans une exposition sur le thème de la forêt.
Photographies saisies dans le décor sylvestre d’un spectacle de Gisèle Vienne d’un côté, images de sous-bois du Morvan fixées par la lumière de l’autre. Le seuil des forêts – à la fois réaliste et symbolique chez Estelle Hanania, naturaliste chez Fred Jourda qui représente une frontière que l’on ne franchit pas impunément, qui nous interroge sur ce qui nous anime, sur notre instinct primitif, sur l’ivresse que peuvent générer nos
énergies et notre rapport sensoriel au monde. Au regard de ces deux séries, on retrouve le court métrage Brando, écrit et réalisé par Gisèle Vienne pour la chanson éponyme de Scott Walker + Sunn O))). On y croise les interprètes de The Pyre dans un chalet au coeur d’une forêt inquiétante qui nous plonge dans un délicieux cauchemar. Estelle Hanania présente principalement une série d’images prises lors de différentes
répétitions et représentations du spectacle This is how you will disappear de Gisèle Vienne (présenté en 2014 à La Filature). Cette exposition est alimentée de photographies issues d’autres séries que l’artiste aime à réactiver et confronter au fil du temps.
ESTELLE HANANIA
Diplômée de l’École des Beaux-arts de Paris en 2006, lauréate du prix photographie du Festival d’Hyères la même année, Estelle Hanania a d’abord fréquenté la chambre noire de l’École des Beaux-arts, où elle y réalisait ses tirages couleurs grands formats. S’en suivra une expérience de directrice artistique chez Ogilvy avant qu’elle ne se lance complètement dans la photographie. Elle associe rapidement à son travail personnel des commandes pour la presse, y imprimant un style aussi poétique qu’épuré. Ses images, tantôt baignées
d’une lumière chaude, tantôt enveloppées d’un voile bleu et hivernal, oscillent entre douceur et âpreté.
Masques et déguisements sont des motifs récurrents de son iconographie, marionnettes ou hommes des champs, hésitant eux aussi entre figures affables et créatures inquiétantes. Estelle Hanania a publié cinq livres dont trois en collaboration étroite avec la maison d’édition Shelter Press. Le dernier en date, Happy Purim sorti en octobre 2015, sera suivi d’un prochain en 2017 qui retracera la collaboration au long cours
entre la photographe et la metteuse en scène Gisèle Vienne.
FRED JOURDA « Je suis né à Paris en 1963. Aujourd’hui je suis tireur couleur. Je passe le plus clair de mon temps dans l’obscurité de ma cabine. Je voyage à travers le monde pour trouver d’autres lumières et d’autres horizons. Je travaille sur le paysage depuis 1996. J’y trouve une source d’émotion, de contentement, et d’infinie tranquillité intérieure que j’essaye d’exprimer au travers de la lumière, de la couleur et du cadrage. J’utilise un appareil de type Instamatic, qui du fait du non-contrôle de l’exposition (ouverture et temps de pose), de la mise au point fixe et de la facilité d’emploi, me permet de photographier à tout moment et rapidement, sans autre geste que celui d’appuyer sur le déclencheur. Les pictorialistes de la fin du 19e siècle et du début du 20e comme Edward Steichen,Alfred Stieglitz, Alvin Langdon Coburn, sans oublier les pictorialistes français dont Robert Demachy, m’ont particulièrement influencé dans ma démarche. Mais c’est sans conteste le photographe Bernard Plossu qui est à l’origine de mes débuts. Ma première exposition intitulée Minimalist s’est tenue au Cap en Afrique du Sud en février 1998, et la deuxième Dépaysage à Paris à la Galerie 213 lors du 1er trimestre 2000. J’ai aussi exposé à la Galerie Chab Touré à Bamako au Mali pendant les 4es rencontres de la Photographie Africaine enoctobre 2001. Du 15 au 30 septembre 2002, j’ai participé au 6e Festival International de Photographie d’Alep en Syrie. J’ai également exposé du 20 septembre au 19 octobre 2003 à la Galerie Segeren à Breda aux Pays-Bas dans le cadre du Festival Breda Photo 2003. Puis du 5 février au 27 mars 2004, Land & Urban Scapes, à la Galerie Acte 2, à Paris. Parallèlement aux photographies de paysages et leurs instantanéités, j’ai travaillé sur la durée en réalisant des portraits de personnes endormies, sans lumière, que j’ai exposées à la Galerie Madé du 2 décembre 2004 au 7 janvier 2005, sous le titre Sombre. Ces photos de visages et de « paysages intérieurs » ont été réalisées de nuit, sans lumière principale, avec uniquement la réverbération de la lumière de la rue dans la pièce où repose la personne. Personnes endormies, assoupies, en tout cas détendues. Ce qui m’intéresse, outre le fait de faire des photos de nuit, c’est de voir apparaître petit à petit leurs visages au repos, relâchés, voire tranquilles. L’abandon presque total de la personne dans le sommeil. Puis après plusieurs expositions collectives, j’ai participé aux 150 ans de l’Hôtel Scribe de Paris en montrant une série de paysages sous le titre Dense, du 10 décembre 2010 au 16 janvier 2011. Et dernièrement, en avril 2011, j’ai été invité au Festival Itinéraires des Photographes Voyageurs à Bordeaux, à montrer des paysages tirés de mon premier livre, Dépaysage, publié fin 2010 aux Éditions Filigranes. » GISÈLE VIENNE
Née en 1976, Gisèle Vienne est une artiste, chorégraphe et metteuse en scène franco-autrichienne.
Après des études de philosophie et de musique, elle se forme à l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette où elle rencontre Étienne Bideau-Rey avec qui elle crée ses premières pièces. Elle travaille depuis régulièrement avec, entre autres collaborateurs, les écrivains Dennis Cooper et Catherine Robbe-Grillet, les
musiciens Peter Rehberg et Stephen O’Malley, l’éclairagiste Patrick Riou et le comédien Jonathan Capdevielle.
Créée en 1999, sa compagnie compte aujourd’hui 14 pièces à son répertoire, dont 10 qui tournent régulièrement en Europe et dans le monde.
Depuis 2005, Gisèle Vienne expose régulièrement ses photographies et installations. Elle a publié le livre/CD Jerk / Through Their Tears en collaboration avec Dennis Cooper, Peter Rehberg et Jonathan Capdevielle aux Éditions DISVOIR en 2011. Le livre 40 Portraits 2003-2008, en collaboration avec Dennis Cooper et Pierre
Dourthe, sort aux Éditions P.O.L en 2012.
oeuvre présentée à La Filature Brando (création 2014 – durée 9’28)
un court métrage écrit et réalisé par Gisèle Vienne pour la
chanson éponyme de Scott Walker + Sunn O)))
à visionner sur ici
On y croise la mère et le fils de The Pyre dans un chalet au
coeur des montagnes. Grâce à la voix du crooner Scott Walker
et aux sonorités « drone » inquiétantes du groupe de Stephen
O’Malley, on est plongés dans un délicieux cauchemar. Un
océan de mystères entoure ces êtres, bientôt rejoints par
l’écrivaine dominatrice Catherine Robbe-Grillet.
Un clip complètement hypnotique « Club Sandwich » : jeudi 24 mars de 12h30 à 13h40
visite guidée le temps de la pause déjeuner avec pique-nique tiré du sac gratuit sur inscription :
T 03 89 36 28 34 ou heloise.erhard@lafilature.org LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE
20 allée Nathan Katz – 68090 Mulhouse cedex
T +33 (0)3 89 36 28 28 – www.lafilature.org
en entrée libre du mardi au samedi de 11h à 18h30,
les dimanches de 14h à 18h et les soirs de spectacles
La Filature est membre de Versant Est, Réseau art contemporain Alsace.
Au musée des Beaux Arts de Mulhouse
jusqu’au 15 mai 2016
C’est une mise à nu de l’artiste. Tout est dans le trait,
un travail sur le corps souffrant, en mutation, en lévitation,
à la fois masculin et féminin, animal et végétal, un corps androgyne
allant vers la lumière, la réconciliation et l’acceptation.
Elle démontre par sa création, sous forme de légèreté, la dualité
de l’être, le dur chemin du cerveau au coeur. C’est une recherche
où elle a mis son corps à contribution, où elle
s’est isolée dans la montagne, sans frivolités, sans palette,
ni tubes de couleurs.
Du dessin sous-jacent des débuts, elle arrive en 2015/16
à un dessin direct sur lepapier ou la toile.
photo Pascal Bichain
Simone Adounous livre le cheminement de sa création
s’étalant sur 26 ans.
Chez Simone Adou, la création apparait comme une catharsis,
permettant d’exorciser traumatismes et souffrances.
Sa vie est pour elle une matière première qu’elle sublime, portée
par un imaginaire fécond et une perception poétique et
métaphysique du monde.
La connaissance du bouddhisme à partir de 1999, tout d’abord
révélation d’une démarche libératrice, laisse place ensuite à une
réflexion philosophique sur l’existence. L’artiste puise dans cette
sagesse la possibilité d’une distance vis-à-vis d’elle-même, jusqu’à
observer son sujet à la manière d’un anthropologue. Loin d’être
égocentrique, la visée est au contraire centrifuge, menant à une
meilleure compréhension de l’Autre et à une connaissance de soi
en vérité. Le processus est dynamique, il tend au dépassement,
à une constante recherche de sa place dans un univers en mouvement. Simone Adou se concentre sur les techniques graphiques et les
aborde toutes : crayon, aquarelle, sanguine, encre, lavis, pastel.
Le trait est sûr, précis, rapide ; parfois des lavis ou des taches ombrent
ou brouillent la forme. L’artiste dessine sur du papier Ingres écru,
qu’elle affectionne, pour sa fragilité et sa sensualité, à la trame visible,
et expose ses oeuvres avec un dispositif scénique de suspensions
qui les arrachent à la terre.
En apesanteur… avec des techniques mixtes écrit-elle Les VII chambres A l’entrée des espaces le visiteur peut s’appuyer sur des textes poétiques écrits par l’artiste pour découvrir les sept chambres de la Villa Steinbach. Elles ne correspondent pas à un descriptif des oeuvres, mais aux émotions produites en regard des oeuvres.
Chacune de ses chambres représente un fragment de sa vie. « Telle la musique de chambre ou le cinéma d’art et d’essai ou l’essai poétique, l’exposition est une déambulation intimiste qui nous invite là où l’on se met à nu : la chambre. Invitation ou rituel à pénétrer dans sept chambres, sept passages symboliques d’une tranche de vie à l’autre constituant le parcours de ma vie avec un intervalle de 26 années entre la première et la dernière. Plus d’une centaine d’oeuvres presque exclusivement sur Ingres, ce papier écru si particulier où se lit la trame de la grille qui a formaté la pâte de papier, le papier semblant être un support idéal pour l’absorption de cette farandole émotionnelle… mais également une «deuxième peau» au travers de laquelle je respire et transmets mes expériences sensorielles et sensuelles.» Simone Adou
Chambre I : La souffrance
elle s’est « amusé » à reproduire les caricatures du public des vernissages,
les Trois Grâces évoquant pour elle l’amour, les 3 faunes, la solitude et la dissection la haine, (femme tenant à bout de bras ses entrailles) dessinés à la sanguine.
elle illustre les 4 souffrances : la saisie, la répulsion, l’orgueil, la jalousie. (Les voiles de l’esprit (VoieDuBouddha)
« Passer d’une pièce à l’autre afin de l’habiter chacune pleinement et y laisser ses mues Y consacrer des temps différents selon la chambre où la coquille de l’instant reste intacte […..]
La fleur au scalpel, j’explore ces corps monstrueux, écorchés, étonnamment touchants, sur la table opératoire de nos émotions à la recherche d’une certaine esthétique, dans cette expression graphique presque caricaturale qui te va si bien ! Alors : toucher – enfin – la peau de tes yeux. »
Chambre II : Les entrailles
[…] Dans mon ventre quelquechose naît, picote –
Oh ! nudifier la feuille et la charger à l’extrême –
te caresser et te maltraiter jusqu’à te rendre à l’invisible –
Je le voudrais !
Je me livre et me délivre…
Chambre III : Epuration : la ligne ils se regardèrent et ils comprirent que le reflet frontal ne pouvait les satisfaire alors ils créèrent un miroir pour se regarder de-derrière-d’eux et aussitôt il se reconnurent…
Chambre IV : L’apesanteur Objet, corps et reflet en lévitation, pastels secs sur vélin d’Arches noir, 2010 …[Quelle image donne-t-on à son existence ? Il faut aller gratter l’ombre de soi-même en équilibre sur un fil pour découvrir la nature véritable de notre âme. Le chemin est à l’image de nos vies tels des fragments subtils s’emboitant les uns dans les autres et se répondant en écho – Mes couleurs sont éléments : jaune pour la terre – rouge pour le feu – bleu pour le cosmos- Le chemin est prêt : c’est une quête.]…
Chambre V : L’équilibre
Lucy in the sky 1999
Des ékilibr, techniques mixtes sur papier Ingres, 1999 Nous naissons du «dedans» pour vivre «au dehors» – L’illusion du grand angulaire nous rappelle que le début et la fin se touchent – Celui qui a trouvé va mourir – Celui qui cherche va naître – Au centre se trouve l’équilibre…
(Yves Coppens et les Beatles)
Chambre VI : Espace-temps
Ce corps et tous ces corps marchent sur la Terre et ce pas et tous ces pas résonnent en elle –chaque pas englouti grossit la fréquence de sa Mémoire – l’engrosse des consciences oubliées – l’ensanguinise – La Terre : «Me mettre pieds nus et marcher sur la mousse fraîche – Oui – Je le voudrais ! Je regarderais mes pieds s’imbiber de sève et s’enfoncer dans un bruit de bulle-qui-éclate – Comme ce serait bon !» Le Reflet : «Avance, avance toujours et sois tout entier dans tes pas.»
Chambre VII : La conscience
Ma création s’inscrit dans tout un processus de transformation
intérieure qui aura unerépercussion directe sur ma vie artistique. La conscience de ce qui est essentiel, le discernement, le sens
de nos propres actions etdes évènements de notre existence,
toute cette observation rigoureuse du dedans intimement reliée au dehors, m’ouvrira la voie d’une
Porte sensorielle, m’obligera à souleverdes voiles, m’assoir à coté
de mes peurs archaïques et les reconnaître…
De cette fouille interne est née la série des « Ancêtres»
un travail sollicitant les sens et les sensations, plongeant le regard dans l’intime, me forçant à
pénétrer, aller au travers duDésir afin d’intercepter notre processus
mental et le forcer à se retourner pour mieux sevoir sous tous les
angles possibles. Dans cet interstice j’ai créé des corps anthropomorphiques,
mi-homme, mi-animal, mi-déïtéissus d’un lointain passé à travers
un gigantesque arbre généalogique aux embranchements incertains… Cette famille d’ancêtres peuplée d’androgynes, de lycanthropes,
d’êtres cornés-passeursd’âmes tout droit sortis des tiroirs de
l’inconscient, renoue avec une expression graphique presque caricaturale des débuts mais représentée avec une
grande profondeur desentiments. Pour exprimer cette idée,
j’ai choisi un matériau qui me colle à la peau depuis toujours : le papier. Le papier me permet de poser mes pattes,
d’ouvrir le Geste et déployerdes constellations graphiques,
elliptiques en tous genres afin de mieux m’identifier.
Simone Adou est née à Thann en 1958, formée à l’Ecole des
Beaux-Arts de Mulhouse et à l’Ecole des Arts Décoratifs
de Strasbourg, Simone Adou vit et travaille à Mulhouse,
dans son atelier du quai d’Oran.
son site : https://www.simoneadou.com/
la plupart des textes sont de Simone Adou Les + de l’exposition
visite guidée, le 24 avril 2016
Vendredi 29 avril à 19 h CONTES ET LEGENDES
A partir de 7 ans
La légende d’Altan Musique nomade de Mongolie
Avec Michel Abraham du groupe URYA
Il y a plus de 2.000 ans dans les montagnes de l’Altaï, au nord-ouest
de la Mongolie vivait un garçon prénommé Altan. Ce jour-là,
il ramassait de maigres racines au bord de la rivière Eeven.
C’est qu’il vivait modestement et même si son prénom signifie
« or » en mongol, lui et sa famille étaient très pauvres. Jeudi 12 mai 19h CINEMA Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures
CINE-CLUB proposé par Musées Mulhouse Sud Alsace
Film thaïlandais du réalisateur Apichatpong Weerasethakul, sorti
en 2010. Il remporte la Palme d’or lors du festival de Cannes 2010.
Oncle Boonmee souffre d’insuffisance rénale grave.
A Jen, sa belle-soeur venue lui rendre visite dans la ferme
qu’il dirige, il explique qu’il dépend de l’aide que lui apporte
l’un des ouvriers immigrés laotiens qu’il a embauché sans
savoir si ses papiers étaient en règle, Jaai. Jen découvre la vie
quotidienne et le travail auprès des ruches, des abeilles et du
miel qui occupe Boonmee. Un soir qu’ils dînent sous la veranda,
la défunte épouse de Boonmee se matérialise. Puis sort des
ténèbres un être hirsute, le fils disparu de Boonmee, devenu
un singe par amour de la photographie, de la forêt et d’un
singe fantôme qu’il a suivi d’arbre en arbre… réserver auprès du musée, places limitées 03 89 33 78 11
Un catalogue très original, au prix de 10 Euros est en vente à l’accueil du musée. Musée des Beaux-Arts – Musées Mulhouse Sud Alsace Horaires Ouvert tous les jours, sauf mardis et jours fériés de 13h à 18h30
Du 1er juillet au 31 août : de 10h à 12 h et de 13h à 18h30 entrée du musée des BA gratuite
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Carte blanche à la HEAR jusqu’au 29 mai 2016
Un partenariat avec les lieux d’enseignement est une idée qui suit son chemin, et se concrétise donc avec la HEAR sur le thème du plongeon. Des travaux d’étudiants, jeunes artistes diplômés de la HEAR et artistes-enseignants constituent le contenu de cette proposition thématique.
Le commissariat est assuré par deux artistes-enseignants de l’option Art, Le Plateau à Mulhouse : Anne Immelé et Edouard Boyer.
Coordination de l’exposition Auguste VONVILLE Titre : « DEEP END » – 2016
Clémentine IAIA Cette installation comprend un plongeoir en verre fixé au mur à 4m de hauteur et une projection vidéo ; elle forme un ensemble avec celle d’ Elise Grenois qui expose une ligne d’eau faite de morceaux de verre assemblés.
Yvan ROCHETTE Intéressé par les processus de modification autonome de la matière, Yvan Rochette propose une vidéo issue d’une série d’immersions dans l’eau de différents matériaux. Pour cette vidéo, il s’agit d’un bloc d’argile déshydraté qui va se désintégrer progressivement et produire une expérience sonore qui est enregistrée et restituée.
Simon MORDA-COTEL A mi-chemin entre la sculpture et l’installation, RENVERSEMENT prend la forme d’un miroir d’eau carré, encadré par une plate-forme en bois légèrement surélevée. Le spectateur est alors invité à monter sur l’oeuvre pour faire une expérience physique et visuelle. « RENVERSEMENT » – 2016 Ivan FAYARD Les « souffles » d’Ivan Fayard sont des « monochromes contrariés » précise l’artiste.
Il opère en soufflant sur la toile recouverte d’au minimum deux couches colorées.
La durée et la puissance de l’air expulsé produit un halo variable, qui littéralement découvre le monochrome sous-jacent. Souffles » – 2016
THE FINE ART COLLECTION
The Fine Art Collection est un binôme formant une entité depuis 2011. Le collectif, après l’obtention du DNSEP à la HEAR – Mulhouse, continue ses occupations artistiques pendant deux ans avant d’intégrer le post-diplôme à l’EMA Fructidor de Chalon-Sur-Saône. « Ex voto suscepto » – 2016
N’a-t-on pas tous jeté une piécette, même deux, dans une fontaine ? Geste magique destiné à concrétiser nos voeux les plus ardents. Ex voto suscepto s’offre aux visiteurs pour autoriser leurs souhaits. Après le temps de l’exposition, le trésor de ses pièces financera l’oeuvre suivante de TFAC. Ex voto suscepto est une apparition qui génère une économie que chaque geste, chaque participation accomplit. Visites guidées par un médiateur culturel sont programmées :
les dimanches 10 avril et 8 mai à 15h00
Visites guidées par les artistes exposés
suivie d’un concert à 16h30
proposé par l’Académie Supérieure de Musique de Strasbourg (HEAR)
les dimanches 24 avril et 29 mai à 15h00
Centre d’Art Contemporain
Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller Tel: + 33 (0)3 89.82.10.10 Fax : +33 (0)3 89.76.75.49
info@fondationfrancoisschneider.org
www.fondationfrancoisschneider.org
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