ST’ART 19e 2014

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ST-ART est devenue, au fil de ses 18 éditions, une vitrine de l’art contemporain sous toutes ses formes et un rendez-vous culturel majeur, incontournable pour les collectionneurs et les amateurs d’art à la recherche d’oeuvres marquantes , à Strasbourg.
C’est la 2e foire française en ancienneté, après Paris, ouverte sur l’Europe et sur le monde, elle est un moment privilégié de rencontres et d’acquisition d’oeuvres.
Foire d’Art Contemporain à taille humaine, adaptée aux 30 000 visiteurs qui s’y rendent, ST-ART continue à construire son caractère unique et son rôle au milieu de la scène internationale.
 St'Art
Un peu moins conceptuelle, avec quelques traits belligérants, 90 galeries participantes,ST-ART est le rendez-vous avec des galeristes provenant de : Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Luxembourg s’ajoutent ponctuellement celles originaires des Pays Bas, de Suède, de Hongrie, de Suisse, du Danemark, de Turquie, de Roumanie, de République Tchèque ou encore de Corée du Sud et du Japon Cette année, la Foire d’Art Contemporain innove et crée un espace dédié où chaque galerie pourra exposer une oeuvre à moins de 1 000 € permettant ainsi à un public plus large d’accéder à l’art sous toutes ses formes. De plus, pour la première fois cette année, une quinzaine de galeries ont été invitées à présenter, au delà de leur stand, un focus sur un artiste (one man show), un concept ou encore un espace consacré au dessin Galeries participantes : Galleria Punto Sull’Arte, Galerie Phylactère, Galerie Lazarew, Galerie Mario Bermel, Ergastule, Galerie Virginie Barrou Planquart, Radial art contemporain, Galleria Forni, Xavier Ronse Gallery
 

Silvi Simon, série de Lunes, Galerie Yves
Silvi Simon, série de Lunes, Galerie Yves Iffrig

 
La foire présente tous les ans les ouvres d’un collectionneur, cette année, c’est tout à fait original et non classique :
Madeleine Millot-Durrenberger (vidéo)
Elle met en regard des photos d’artistes, d’oeuvres connues, originales, datées et signées, avec un cartel explicatif, se donnant le rôle de passeur, en proposant un JEU, comme un exercice d’admiration et d’observation, qui aurait le courage de toucher au sacré de certaines icônes de notre mémoire collective.
Mes choix, coups de cœur et focus, arbitraires et subjectifs :
Galerie Chantal Bamberger – Strasbourg,
 Gérard Titus-Carmel
Gérard Titus-Carmel

Peintre, dessinateur et graveur, Gérard Titus-Carmel s’est formé à la gravure et à l’orfèvrerie à l’École Boulle à Paris de 1958 à 1962 et réalise depuis une oeuvre très liée à l’écriture, la poésie et la littérature. Travaillant par série autour d’un objet ou d’un thème, ce qui l’amène à concevoir des installations où c’est un objet qui se dégrade.
Gérard Titus-Carmel vient d’être couronné, le 19 novembre 2014, du Grand Prix artistique (Peinture) de la Fondation Simone et Cino del Duca en 2014, par l’Académie des Beaux Arts de Paris.

« Ces derniers temps, une flore inconnue s’est sournoisement développée dans l’espace de l’atelier. Des conditions particulièrement favorables ont sans doute aidé sa forte croissance, presque monstrueuse : palmes souples et alanguies, feuilles acérées achevant un fouillis de tiges tordues qu’on devine élastiques et difficilement cassantes, bouquets épineux et buissons fous sont montés à l’assaut des murs, les couvrant déjà à demi. Il s’agit maintenant d’élaguer, d’étêter, de couper et d’égaliser : je ferai, me dis-je, une haie droite et bien taillée de cette forêt sans âge et si peu respirable que l’envie de border de bandes de couleur, en haut et en bas, ces grands fusains noirs, afin d’en contenir l’expansion, m’est naturellement venue à l’esprit. Comme s’il s’agissait d’intimer à cette touffeur l’ordre de s’en tenir là, à une hauteur qui n’est pas à dépasser et, du même coup, d’en estimer la formidable vitalité à la seule échelle de mon corps. Autrement dit, j’ai pris mesure de mon corps à toiser cet exubérant jardin. « 

Feuillées Le Temps qu’il fait 2004
On se souvient de son travail sur le retable d’Issenheim

Gérard Titus-Carmel
Françoise Pétrovitch
L’ESGAA propose sur son stand une exposition consacrée à l’artiste Françoise Pétrovitch. L’installation de 5 à 7 cages en verre, où des coeurs, des petites créatures, des parties du corps, sont emprisonnés ou prêts à s’évader.  Les oeuvres sont  réalisées avec la collaboration du Centre International d’Art Verrier de Meisenthal.

Françoise Pétrovitch
Françoise Pétrovitch

et la jeune chinoise Huiyu YAN créant des roses, des sculptures en verre, travaillant sur la transparence, les reflets, des splendeurs
Huiyu YAN
Huiyu YAN

Galerie Bertrand Gillig – Strasbourg,
Laure ANDRE
Elle se définit elle-même comme plasticienne, car elle exerce son art sur tous types de médias, dont les plus incongrus, comme des pétales de monnaies du pape, des hosties, des boites d’entomologie, des napperons, des robes, etc … elle a même réalisé des oeuvres en moulage de chocolat. Son propos s’architecture autour de la mémoire : souvenirs des défunts, des objets qui leur ont appartenu, de la trace qu’ils ont laissée de leur passage sur terre, et notamment l’entretien de celle-ci à travers les actes de dévotion. De ceci découle aussi un travail sur la mort et sur la peur de la blessure et de l’accident. Sans oublier son évocation, sur Oradour sur Glanes à partir d’archives, trouvées dans un grenier de la famille.
Merveilleux travail tout de finesse et de délicatesse.
Laure André
Laure André

Galerie Arnoux – Paris,
A l’écart des modes passagères la Galerie Arnoux s’est donné pour vocation, depuis bientôt 30 ans, de faire découvrir ou redécouvrir les avant-gardes abstraites des années 50. Parallèlement au « deuxième marché », elle se consacre essentiellement à des expositions ou rétrospectives de peintres ou sculpteurs, le plus souvent en exclusivité, dont elle soutient le travail à long terme.! L’abstraction des années 50 est sans aucun doute l’un des principaux mouvements d’avant-garde du siècle dernier. Il commence enfin à prendre la place qu’il mérite auprès des collectionneurs avertis heureux de trouver, notamment à la galerie, des oeuvres historiques à des conditions financières encore abordables.
Arnoux Galerie
Galerie Pascal Gabert (vidéo)
Galerie Christophe Fleuroy
avec ses fidèles Waydelich, Montanaro etc ..

Christophe Fleuroy
Une galerie coréenne
« Les œuvres ne sont pas à vendre ».
La peintre coréenne Hwang Eun Sung en habit d’apparat explique :
« Les œuvres appartiennent à une fondation, qui nous a fait venir ici. Je souhaite juste me faire connaître et partager mes émotions. Je suis chrétienne, très pratiquante, et peindre est comme prier pour moi. Vous voyez cette ligne verticale dans la peinture ? Cela traduit le moment où la foi me touche. »
Oeuvres assez hermétiques, mais je vais me plonger dans le catalogue remis par son fils, et commenté par le critique d’art Patrick Gilles Persin présent dans la galerie
Hwang Eun Sung
Hwang Eun Sung


L’Estampe – Strasbourg,
présente ses dernières éditions de Erro, Adami, Klasen, Villeglé, et Hervé Di Rosa, mais continue de présenter et de soutenir activement des artistes d’autres mouvements comme Tony Soulié ainsi que des artistes régionaux tels que Christophe Hohler, Roger Dale et Raymond Waydelich.
ERRÓ
Influencé par la culture populaire autant que par la BD, nous retrouvons dans les oeuvres qu’il nous propose une palette d’images inscrites dans l’histoire de l’art sous forme de référence à Fernand Léger, Lichtenstein, Picasso… La technique de l’aquagravure contribue à donner une nouvelle forme à ses compositions hautes en couleurs et en références.
Erro et Di Rosa
 
Un émule de Tinguely, Jacques Leblanc
récupérant la ferraille pour créer des oeuvres hétéroclites, essentiellement des navires et des grues.
Jacques Leblancphotos de l’auteur
vidéos Ouvre tes yeux
Ouvretesyeux

Le jardin Majorelle à Marrakech

En 1919 le peintre français Jacques Majorelle (1886-1962) (fils du célèbre ébéniste artiste décorateur art nouveau Louis Majorelle de Nancy) s’installe dans la médina de Marrakech (durant le protectorat français au Maroc) dont il tombe amoureux.
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En 1922 il achète une palmeraie en bordure de celle de Marrakech, au nord-ouest de la médina, et en 1931, il fait construire par l’architecte Paul Sinoir sa villa style architecture mauresque / art déco d’une étonnante modernité, inspirée de l’architecte Le Corbusier. Il y aménage son habitation principale au premier étage et un vaste atelier d’artiste au rez-de-chaussée pour peindre ses immenses décors.
Jardin Majorelle
Amoureux de botanique, il crée son jardin botanique inspiré de jardin islamique avec la luxuriance d’un jardin tropical autour de sa villa, « un jardin impressionniste », « une cathédrale de formes et de couleurs », structuré autour d’un long bassin central, avec plusieurs ambiances variées, où se nichent des centaines d’oiseaux.
 
Majorelle jardin Ce jardin est une œuvre d’art vivante en mouvement, composé de plantes exotiques et d’espèces rares qu’il rapporte de ses voyages dans le monde entier : cactus, yuccas, nénuphars, lotus, nymphéas, jasmins, bougainvillées, palmiers, cocotiers, bananiers, bambous, caroubiers, agaves, cyprès … et orné de fontaines, bassins, jets d’eau, jarres en céramique, allées, pergolas …
Jardin Majorelle
En 1937 l’artiste crée le bleu Majorelle, un bleu outremer / cobalt à la fois intense et clair dont il peint les murs de sa villa, puis tout le jardin pour en faire un tableau vivant qu’il ouvre au public en 1947.
Suite à un accident de voiture, Majorelle est rapatrié à Paris où il disparaît en 1962. Le jardin est alors laissé à l’abandon durant plusieurs années.
Jardin Majorelle
Yves Saint Laurent et Pierre Bergé découvrent le Jardin Majorelle en 1966, au cours de leur premier séjour à Marrakech :
« nous fûmes séduits par cette oasis où les couleurs de Matisse se mêlent à celles de la nature ».
Ils achètent le jardin Majorelle en 1980 pour le sauver d’un projet de complexe hôtelier qui prévoyait sa disparition ; ce sera la troisième acquisition du couple dans la ville de Marrakech. Les nouveaux propriétaires décident d’habiter la villa de l’artiste, rebaptisée Villa Oasis, et entreprennent d’importants travaux de restauration du jardin pour
« faire du jardin Majorelle le plus beau jardin, celui que Jacques Majorelle avait pensé, envisagé ».
Jardin Majorelle, entrée musée Berbère
L’atelier du peintre est transformé en un musée berbère ouvert au public et dans lequel la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé est exposée.
Disparu le 1er juin 2008 à Paris, les cendres d’Yves Saint Laurent sont dispersées dans la roseraie de la villa Oasis et un mémorial, composé d’une colonne romaine ramenée de Tanger posée sur un socle où une plaque porte son nom.
Jardin majorelle, mémorial St Laurent
Le 27 novembre 2010, la princesse Lalla Salma, épouse du roi du Maroc Mohammed VI, inaugure l’exposition Yves Saint Laurent et le Maroc en même temps que la création de la rue Yves Saint Laurent.
Jardin Majorelle
Le 3 décembre 2011, le musée berbère est inauguré au rez-de-chaussée de la villa en présence du ministre de la culture française Frédéric Mitterrand, et la maison où vivait Yves Saint Laurent est labellisée Maisons des Illustres. À ce jour, le jardin, entretenu par une vingtaine de jardiniers, est un des sites touristiques les plus visités de Marrakech et du Maroc avec plus de 600 000 visiteurs annuels.
La villa n’est pas visible, ni  visitable

DENIS DARZACQ

Comme un seul homme
Denis Darzacq
Les images de Denis Darzacq me sont familières, vues des Vosges maintes fois arpentées, paysages de sous bois romantiques, de forêts paisibles renvoyant à des artistes classiques tels que Corot, Watteau, de neige entachée (Courbet), de brouillards mystérieux (Robert Cahen), plutôt  classiques et neutres. Elles sont judicieusement accrochées aux cimaises de la Galerie de la Filature, Scène Nationale de Mulhouse.
Denis Darzacq
En fait, le projet de l’artiste est de mettre en images de façon symbolique, le fossé qui existe entre la jeunesse d’aujourd’hui et celle sacrifiée de la guerre 1914/1918, d’allier l’histoire de l’art et l’histoire commune. Il offre à cette jeunesse, de s’approprier cette mémoire, en les conduisant sur les lieux même de ces batailles, mais aussi de participer de façon active à la vidéo. Toutes les photos présentées sont des évocations des lieux de batailles, comme le fort de Douaumont, la région de Béthune, Arras.
Un bosquet un trou d’obus, la glace qui font, symbole de réconciliation entre Allemands et Français, le vieil arbre, le vieux grognard par opposition aux jeunes arbres, le renouveau, images symboliques qui font sens.
Denis Darzacq
En retrait, la vidéo. (11 mn)
Sur une idée de Denis Darzacq et Fabrice Rozié (co-auteur de l’exposition et attaché culturel au consulat de France à Chicago) produit par Denis Darzacq et Martin Bertier  « Comme un seul homme «  donne à entendre un texte écrit à partir de lettres inédites de soldats français, anglais et allemands, dans la bouche de jeunes d’aujourd’hui en visite sur les lieux de mémoire de la Grande guerre. Lettres d’origine,  elles sont toutes traduites en Français.
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À travers leur manière de le dire, faite d’enthousiasme, d’hésitation, d’indifférence, de soumission à l’exercice ou d’implication profonde, se dessine le portrait d’une génération en écho de celle qui monta à l’assaut des tranchées au même âge. La vidéo présentée est le fruit de son travail mené avec des lycéens du Nord-Pas de Calais, d’Île-de-France et d’Alsace sur trois sites de grandes batailles (dans l’Artois, à Verdun et au Hartmannswillerkopf, mémorial du Linge).
A Mulhouse où Denis Darzacq a été en résidence à la Filature, c’est le Lycée d’Enseignement Général et Technologique Michel de Montaigne, les élèves de la classe Patrimoine, qui a été associé aux visites et à l’évènement, depuis 2013.
Rejoignez l’événement
CLUB SANDWICH
visite de l’exposition le temps d’un pique-nique tiré du sac
jeudi 6 novembre de 12h30 à 13h40

Club sandwich
VISITE GRATUITE
sur inscription : Héloïse Erhard 03 89 36 28 34 ou heloise.erhard@lafilature.org
EXPOSITION À LA MEP À PARIS EN 2015
le projet Comme un seul homme de Denis Darzacq, coproduit par La Filature, sera présenté à la Maison Européenne de la Photographie du 14 avril au 14 juin 2015.
SITE :  www.denis-darzacq.com
Seul inconvénient, les reflets dus aux vitres apposées pour protéger  les photos.
photos 1 et 3 de l’auteur
autres photos courtoisie de la Filature
 

Sommaire d'octobre 2014

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03 octobre 2014 : Hokusai le « fou de dessin » au Grand Palais
06 octobre 2014 : L’art en ville: parcours de découverte
09 octobre 2014 : Nuit Américaine à la Filature de Mulhouse
10 octobre 2014 : Il s’en est fallu de peu, Kunsthalle de Mulhouse
12 octobre 2014 : Les Borgias et leur temps au musée Maillol
15 octobre 2014 : Prendre le temps à la Fondation Fernet Branca
19 octobre 2014 : Caspar Wolf et la conquête esthétique de la nature
21 octobre 2014 : Talents contemporains 2012
24 octobre 2014 : La poésie de la métropole. Les Affichistes
29 octobre 2014 : Paul Durand-Ruel, Le pari de l’impressionnisme

Paul Durand-Ruel, Le pari de l’impressionnisme

Pierre-Auguste RENOIR (Limoges, 1841 – Cagnes-sur-Mer, 1919) Paul Durand-Ruel 1910 Huile sur toile. H. 65 ; l. 54 cm Collection particulière
Pierre-Auguste RENOIR (Limoges, 1841 – Cagnes-sur-Mer, 1919)
Paul Durand-Ruel
1910
Huile sur toile. H. 65 ; l. 54 cm
Collection particulière

« Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout » : au soir de sa vie, le peintre Claude Monet rendait ainsi hommage à celui qui fut son principal marchand au XIXe siècle.

une belle plongée dans l’impressionnisme

Paul Durand-Ruel (1831-1922) a le premier fait le pari de l’impressionnisme au début des années 1870, à l’heure où la « Nouvelle Peinture » de la vie moderne, vibrante et colorée, de Manet, Monet, Renoir, Degas, Sisley, Pissarro, Cassatt et Morisot, rencontrait l’incompréhension.

Paul Durand-Ruel naît à Paris, le 31 octobre 1831. Ses parents dirigent alors un magasin qui est à la fois une papeterie et un commerce de fournitures pour artiste. Progressivement ils se consacrent à une autre activité : le commerce de tableaux. Ils exposent alors les oeuvres d’artistes comme par exemple Eugène Delacroix. Leur boutique devient rapidement un point de rencontre pour les artistes et les collectionneurs. Leur succès est tel qu’en 1856, ils s’installent dans un des plus luxueux quartiers du nouveau Paris au 1, rue de la Paix. Bourgeois typiques du Second Empire, les Durand-Ruel offrent à leur fils de solides études. Paul souhaite s’orienter vers une carrière militaire ou religieuse. Mais pour des raisons de santé, il ne peut poursuivre ses études à l’école de Saint-Cyr dont il avait pourtant réussi le concours d’entrée. Il travaille alors auprès de ses parents. Là, il fait la connaissance de nombreux artistes et collectionneurs qui viennent du monde entier et passent par la galerie au moment des Salons, ces expositions officielles.

C’est  la vue de la toile de Delacroix, « l’Assassinat de l’Evèque de Liège » exposée lors de l’exposition universelle de 1855, qui lui ouvrit définitivement les yeux et où  il découvre sa vocation pour l’art vivant. Sa passion pour cet artiste l’amène à s’intéresser aux « peintres de la Belle Ecole de 1830 » (Delacroix, Rousseau , Corot,
Courbet, Daumier, Millet).

Paul Durand comprend le potentiel de ces peintres en rupture avec les tenants de l’académisme et prend des initiatives en signant avec certains d’entre eux des contrats d’exclusivité, se réservant la vente de l’intégralité de leur production.
Pour soutenir les artistes dont il vend les oeuvres, il crée la
« Revue internationale de l’art et de la Curiosité ». Les affaires marchent bien.
En juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse et Durand-Ruel décide alors, de mettre son stock de tableaux à l’abri à Bruxelles et à Londres. Il y poursuit son commerce, les collectionneurs anglais trouvent rapidement le chemin de sa galerie.
Là, le marchand organise des expositions dédiées à l’art français dans lesquelles il mélange habilement tradition et nouveauté et le succès est au rendez-vous. La période de guerre tant redoutée aura finalement eu des effets positifs importants sur le développement international des galeries Durand-Ruel et sur les peintres qui y seront exposés.
Il y rencontre en effet deux figures majeures de la peinture impressionniste :
Camille Pissarro (vidéo) et Claude Monet (vidéo). Grâce à eux, de retour en France, il fera la connaissance de deux autres futurs grands noms du mouvement :
Alfred Sisley (vidéo) et Pierre-Auguste Renoir (vidéo). Ce dernier deviendra d’ailleurs l’un de ses amis les plus proches. Actuellement à voir l‘exposition qui lui est consacrée à la Fondation Gianadda
« Durand-Ruel était un missionnaire. C’est une chance pour nous que sa religion ait été la peinture. »
Pierre-Auguste Renoir

Renoir, Danse à Bougival, 1883
Renoir, Danse à Bougival, 1883

Convaincu par le talent de ces artistes, Paul Durand-Ruel achète rapidement une partie de leur ancienne production. C’est un peu plus tard qu’il fera la rencontre de Manet (vidéo) et Degas (vidéo).
Ainsi en quelques années, Durand-Ruel est-il devenu le principal défenseur de l’Impressionnisme naissant. Il fallait bien du courage à ce marchand alors que, pratiquement toute la société ne voyait que du barbouillage dans ce nouveau mouvement artistique !
« Hormis ceux de ses artistes, il n’est pas un nom qui soit davantage lié à l’histoire de l’impressionnisme que celui de Paul Durand-Ruel », déclarait en 1943 l’éminent historien de l’art John Rewald. À ses yeux, Durand-Ruel était bien plus qu’un marchand d’art, un ami loyal, un défenseur enthousiaste et le « patron » courageux des impressionnistes, qui acheta quelque mille cinq cents Renoir, plus de mille Monet, huit cents Pissarro, plus de quatre cents Degas, près de quatre cents Sisley, autant de Cassatt, ainsi que deux cents Manet. Une exposition consacrée à Durand-Ruel et à ses relations avec Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Manet, Degas, Morisot, Cassatt et Cézanne invite donc à une véritable plongée dans l’impressionnisme et offre la chance d’étudier de façon concrète la contribution d’un marchand d’exception à ce mouvement.
Berthe Morisot Femme à sa toilette 1875-80 et Mary Cassatt Le bain de l’enfant 1893
Berthe Morisot Femme à sa toilette 1875-80 et Mary Cassatt Le bain de l’enfant 1893

Cette exposition est la première consacrée au grand marchand des impressionnistes, Paul Durand-Ruel (1831-1922), également considéré comme le « père du marché de l’art moderne ».
La plupart des grandes collections impressionnistes publiques et privées se sont en effet constituées auprès de la galerie Durand-Ruel au tournant du XXe siècle. Encore aujourd’hui, nulle vente impressionniste qui n’ait lieu sans que des tableaux autrefois passés par la galerie n’y figurent. De sa découverte de l’impressionnisme au début des années 1870 jusqu’au succès du début du XXe siècle, Paul Durand-Ruel a acheté, vendu, exposé des milliers d’oeuvres de Manet, Monet, Renoir, Degas, Pissarro, Sisley, Morisot et Cassatt.
Durand-Ruel, le pari de l'impressionnisme
Cette histoire ne s’est pas déroulée sans heurts et, s’il est maintenant salué comme un marchand visionnaire, Durand-Ruel a bel et bien fait le pari de l’impressionnisme. Au fil du temps, les artistes sont en effet de plus en plus agacés par le principe novateur mis en place par le marchand : le monopole, c’est-à-dire la position d’exclusivité sur l’oeuvre d’un artiste. L’artiste bénéficie d’une sécurité financière, mais cela a une contrepartie : le marchand est libre de fixer les prix. Or ils aimeraient bien faire jouer la concurrence pour les négocier, ces fameux prix. C’est ce chapitre de l’histoire de la galerie et du parcours d’un homme que l’exposition, comme son catalogue entendent montrer et étudier grâce à de nouvelles recherches. Reflétant le rayonnement international de la galerie au XIXe siècle, cette exposition évoque avec Paul Durand-Ruel une figure centrale de l’impressionnisme.
vue de l'appartement de Paul Rurand-Ruel
Afin d’offrir une vision alternative de l’art de son époque, le marchand ouvrait son appartement à la visite. L’évocation de cet «appartement-musée» constitue le point de départ de l’exposition qui aborde au fil de cinq autres sections, le goût du marchand pour la « Belle Ecole de 1830 » (Delacroix, Rousseau, Corot, etc…), ses premiers achats aux impressionnistes et à Manet, à Londres et à Paris, les années de crise à travers l’exemple de l’exposition impressionniste de 1876, la promotion des artistes avec l’essor des expositions particulières autour du cas de Monet en 1883 et en 1892, pour se clore sur la diffusion de l’impressionnisme aux Etats-Unis et en Europe, avec un accent sur l’exposition historique des Grafton Galleries à Londres en 1905, encore à ce jour le plus important rassemblement de tableaux impressionnistes. Les collections des musées d’Orsay, de Londres et de Philadelphie comptent près de 200 oeuvres passées par sa galerie. L’exposition réunit plus de 80 tableaux et des documents, provenant de musées et de collections particulières du monde entier. Elle retrace entre fin des années 1860 et 1905, les moments-clés d’une autre histoire de l’impressionnisme, où la réception des oeuvres, leur diffusion, leur circulation sont considérées comme un élément de leur meilleure compréhension.
Monet, Sysley, Pissaro, tryptique
Cette exposition prend place dans les salles du Musée du Luxembourg qui abritait au temps de Paul Durand-Ruel le musée des artistes vivants, où les impressionnistes ont été difficilement et lentement acceptés.
A 89 ans, quelques années avant sa mort, Paul Durand-Ruel réalise qu’
« Enfin les maîtres impressionnistes triomphaient comme avaient triomphé ceux de 1830. Ma folie avait été sagesse. Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus… ».
Il a risqué 2 fois la faillite à 15 ans de distance, d’une part à cause du crack boursier, d’autres part à cause de l’éveil de la concurrence. Son succès avait fait des émules.

Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en collaboration avec le musée d’Orsay, la National Gallery, Londres et le Philadelphia Museum of Art.
Elle sera présentée à la National Gallery de Londres du 4 mars au 31 mai 2015, puis au Philadelphia Museum of Art du 24 juin au 13 septembre 2015.
Paul Durand-Ruel
Le pari de l’impressionnisme
ouvrage collectif sous la direction scientifique de Sylvie Patry
L’exposition est accompagnée d’un catalogue réunissant des essais et des notices des oeuvres exposées faisant le point sur les relations entre Durand-Ruel et les impressionnistes à la lumière de recherches inédites, favorisées par la collaboration des Archives Durand-Ruel.
En dehors d’une biographie de Pierre Assouline chez Gallimard, il n’existait à ce jour aucune publication sur Durand-Ruel. (Que grâce lui soit rendu)
Paul Durand-Rue, Le pari de l’impressionnisme 9 octobre 2014 – 8 février 2015
Musée du Luxembourg 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris

La poésie de la métropole. Les Affichistes

Musée Tinguely, Bâle :  jusqu’au 11 janvier 2015

À partir des années 1950, une des approches les plus radicales, et à la fois les plus poétiques, de la réalité est due aux « Affichistes » : François Dufrêne, Raymond
Hains et Jacques Villeglé qui, comme Jean Tinguely, comptaient parmi les
« Nouveaux Réalistes ». Dans un esprit commun, leur art rejoignait celui de
Mimmo Rotella et Wolf Vostell.

Jacques Villeglé
Jacques Villeglé

 

L’exposition « Poésie de la métropole. Les affichistes », conçue conjointement par
le Musée Tinguely et la Schirn Kunsthalle Francfort, traite un courant artistique qui, à part en France, n’a guère été traité ailleurs, ni en Suisse ni en Allemagne.
En Suisse, c’est la toute première fois que les affichistes sont montrés dans leur ensemble. L’exposition est organisée sous forme de parcours présentant l’espace
urbain comme lieu de flânerie et d’inspiration multiple, comme lieu de rencontre aussi pour les inventions radicales de ces cinq artistes, qu’il s’agisse de leurs
décollages ou de leurs expérimentations filmiques, photographiques et poétiques.

les Affichistes Musée Tinguely
Dufrêne, Hains et Villeglé, rejoints plus tard par Rotella, s’associèrent avec Arman, Yves Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri et Jean Tinguely pour former les « Nouveaux Réalistes » selon le manifeste établi en 1960 par Pierre Restany.
Certes, le champ artistique était ainsi circonscrit autour du plus petit dénominateur commun, autrement dit les « nouvelles approches perceptives du réel ».
Or, dans le cas des affichistes, ce regroupement ne tient pas compte du fait que, vers 1950 déjà, ils furent d’importants précurseurs d’un nouveau mode de pensée qui permit par la suite, vers 1960, d’élargir les champs de création et d’action artistique. Ce n’est pas par hasard que certaines idées majeures du premier manifeste des
« Nouveaux Réalistes » (1960) renvoient à un texte que Jacques Villeglé avait publié en 1958, Des réalités collectives. Les affichistes ne commencèrent toutefois à exposer que plus tard, et en rapport avec les « Nouveaux Réalistes », lors de la Première Biennale de Paris en 1959 puis, toujours à Paris, avec des expositions monographiques à la Galerie J, dont Restany était proche.
En ce sens, la formation des « Nouveaux Réalistes » eut pour la réception et le succès des affichistes une signification qu’il ne faut pas sous-estimer.

Raymond Hains, Cet homme est dangereux, 1957 Affiche lacérée, marouflée sur toile, 94 x 60,5 cm ahlers collection © 2014 ProLitteris, Zurich; Photo: Lisa Rastl
Raymond Hains, Cet homme est dangereux, 1957
Affiche lacérée, marouflée sur toile, 94 x 60,5 cm
ahlers collection
© 2014 ProLitteris, Zurich; Photo: Lisa Rastl

Avant de collaborer, de se dédier mutuellement des oeuvres ou de se produire ensemble en public, les cinq artistes présentés avaient des origines et évolutions des plus différentes. Ils avaient néanmoins un point commun, leur mode de pensée et d’action touchant à toutes les disciplines possibles : performances, poésie, onomatopées, théâtre, happening, photographie, film, autant de domaines qui prirent forme à travers le procédé et médium du décollage. En même temps, leurs oeuvres – allant de toutes petites études aux gigantesques formats – renferment un potentiel pictural dont l’aspect et figuratif et abstrait semble relever aussi bien de l’évidence que du hasard.
François Dufrêne, A Raymond Hains, 1960 Dessous d'affiches marouflées sur toile, 92 x 73 cm Collection G. Dufrêne © 2014 ProLitteris, Zurich; Basel; Photo: Marc Domage
François Dufrêne, A Raymond Hains, 1960
Dessous d’affiches marouflées sur toile, 92 x 73 cm
Collection G. Dufrêne
© 2014 ProLitteris, Zurich; Basel; Photo: Marc Domage


François Dufrêne
était à l’origine créateur de mots et de sons, lettriste et ultra-lettriste, et quand il s’appropriait des affiches, c’était pour jouer sur les formes et les mots, pour en donner une interprétation qui obscurcisse et éclaire à la fois des fragments formels abstraits, mais aussi parce qu’il était fasciné par la temporalité, l’empreinte et le procédé archéologique de la stratification, comme en attestent ses versos d’affiches détachées.
Avec Raymond Hains, il partageait le plaisir de pousser à l’absurde la déformation/reformation du langage et de l’image, même si Hains était davantage tourné vers le ludique, le hasard pur et l’association libre et que, pour lui, la ville était source de perles infinies d’actions poétiques.
Raymond Hains, Jacques Villeglé, Ach Alma Manetro, 1949 Affiches lacérées collées sur papier marouflé sur toile, 76,2 x 273 x 7,5 cm Centre Pompidou, Paris Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle © 2014 ProLitteris, Zurich; Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Photo: Christian Bahier / Philippe Migeat
Raymond Hains, Jacques Villeglé, Ach Alma Manetro, 1949
Affiches lacérées collées sur papier marouflé sur toile, 76,2 x 273 x 7,5 cm
Centre Pompidou, Paris
Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle
© 2014 ProLitteris, Zurich; Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Photo: Christian Bahier / Philippe Migeat

Dès la fin des années 1940, Hains réalisa avec Jacques Villeglé les premiers décollages d’affiches, dont celui sans doute le plus connu, Ach Alma Manetro (1949), marque le début de l’exposition.
À partir de 1950, dans un procédé complexe de transformation au moyen de distorsions optiques et de médias changeants, ils conçurent le film Pénélope, qui illustre, comme les décollages, leur méthode conceptuelle consistant à trouver plus qu’à inventer. Pour Villeglé, quant à lui, l’affiche est un fonds se renouvelant sans fin, une mine du
présent qui conserve au fil du temps son esthétique et temporalité spécifique, mais aussi son « lieu historique ».
Mimmo Rotella
Tout ce matériau met la métropole, dans une « productivité autopoétique », à disposition du promeneur attentif et réceptif – Paris pour Dufrêne, Hains, Villeglé et même Vostell, ou bien Rome pour Mimmo Rotella. Rotella, qui rallia le cercle des « Nouveaux Réalistes » après avoir fait la connaissance de Restany, expérimenta les décollages de son côté dès 1953, indépendamment des autres Affichistes. Après des collages plus anciens encore, apparaissent dans une certaine ressemblance formelle ses premiers décollages et dos d’affiches qui, en tant que véritables images matérielles, traitent également d’archéologie et révèlent la qualité particulière du papier altéré par les intempéries ainsi que du support sur l’envers. Contrairement à Hains et Villeglé, Rotella intervient cependant aussi directement dans la surface pour faire ressortir certaines structures, motifs et
accumulations.
Wolf Vostell, Décollage sur panneau dur, 160 x 200 cm Leihgabe der Bundesrepublik Deutschland – Sammlung Zeitgenössische Kunst / Haus der Geschichte © 2014 ProLitteris, Zurich; Bonn; Photo: Axel Thünker

Wolf Vostell,
Décollage sur panneau dur, 160 x 200 cm
Leihgabe der Bundesrepublik Deutschland – Sammlung Zeitgenössische Kunst / Haus der Geschichte
© 2014 ProLitteris, Zurich; Bonn; Photo: Axel Thünker

Après 1960, ses décollages portent sur d’autres objets et il s’intéresse désormais surtout aux produits bariolés que propage le monde de la consommation et aux affiches de films. Sur ce point, il rejoint Villeglé qui éprouve la même fascination pour les images populaires de la publicité, et ils deviennent ainsi des pionniers du pop art.
Ce n’est pas seulement en rapport avec les affiches arrachées que Wolf Vostell emploie pour sa part la notion de « dé-coll/age » comme terme artistique global pour souligner le principe de déconstruction comme procédé de création. Il a ainsi utilisé des affiches lacérées dans son premier happening de 1958 Le théâtre est dans la rue, au cours duquel le public était appelé à citer des fragments de textes ou à reproduire des gestes fractionnés. Chez Vostell, l’actionnisme et ses éléments de traitement ou de recouvrement (par le public) complètent le processus de la sélection et de l’appropriation.
Jacques Villeglé
L’exposition Poésie de la métropole couvre la période de 1946 à 1968, et porte une attention particulière sur les tout débuts des affichistes, sur leurs expériences et collaborations dans les domaines de la photographie, du film et de la poésie. La présentation de ces cinq artistes par leurs oeuvres majeures n’a été rendue possible que grâce à un grand nombre de prêteurs qui ont très généreusement soutenu notre projet, ce qui, compte tenu de la fragilité des « travaux sur papier », n’allait pas de soi. Cette présentation est conçue à la manière d’un espace-ville dans une organisation chronologique et thématique ; les grands formats abstraits et décollages figuratifs y sont ainsi mis en valeur, tout comme le thème des affiches politiques et la fascination pour le texte, la texture, la structure.
Dans le cadre de cette exposition est proposée à Bâle une riche programmation de concerts, films et manifestations poétiques et littéraires, qui remet dans le présent le caractère accidentel de cette fascinante forme artistique.
Commissaires
L’exposition est curatée par Roland Wetzel, directeur du Musée Tinguely, et Esther Schlicht, conservatrice à la Schirn Kunsthalle de Francfort.
L’exposition est une collaboration entre le Musée Tinguely, Bâle et la Schirn Kunsthalle de Francfort où elle sera exposée du 5 février – 25 mai 2015.
Publication
À l’occasion de l’exposition paraît un catalogue publié par Snoek Verlag, richement illustré et avec des contributions de Bernard Blistène, Fritz Emslander, Esther Schlicht, Didier Semin, Dominique Stella et un entretien entre l’artiste Jacques Villeglé et Roland Wetzel, version allemande/anglaise, 280 pages, prix à la boutique du Musée : 42 CHF, ISBN : ISBN: 978-3-9523990-8-8

Museum Tinguely

Paul Sacher-Anlage 2, Case postale 3255, CH-4002 Bâle
Tél.: +41 61 681 93 20, Fax: +41 61 681 93 21
Informations générales :
Horaires d’ouverture :
tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 18h
Horaires spéciaux :
Mercredi, 24 décembre 2014, 11–18h
Jeudi, 25 décembre 2014, fermé
Vendredi, 25 décembre 2014,  11–18h
Mercredi, 31 décembre 2014, 11–16h
Jeudi, 1er Janvier 2015, 11–18h
Tarifs :
Adultes : 18 CHF
Tarif réduit (Scolaires, étudiants, apprentis, IV):
12 CHF Groupes (à partir de 12 personnes) : 12 CHF (par personne)
Enfants de moins de 16 ans : gratuit
Photos courtoisie du musée Tinguely

Talents contemporains 2012

Cela s’est passé en 2013, pour le cru 2012, mais présenté en 2014.
la Fondation François Schneider,   qui désire soutenir la création contemporaine, propose un concours international « Talents contemporains » dédié au thème de l’eau et présentées dans son centre d’art à Wattwiller.
Le Concours « Talents contemporains » proposé chaque année,  invite les artistes à porter un regard singulier et sensible sur le thème essentiel de l’eau.
Les oeuvres des artistes primés par ce concours sont acquises par la Fondation et présentées dans le centre d’art à Wattwiller. Chaque année, la dotation globale des Talents contemporains s’élève à 300 000 €.
Nour Awada,et Hicham Berrada,Talents contemporains
Quatre comités d’experts, ont pour mission d’identifier parmi toutes les oeuvres ou projets reçus, les 40 qui seront présentés au Grand Jury International, sous la présidence de Jean-Noël Jeanneney.
L’édition de 2012
Le jour de l’inauguration du centre d’art le 16 mai 2013, Jean-Noël Jeanneney, Président du Grand Jury international, a proclamé les lauréats des
« Talents Contemporains 2012 » : 3176 artistes originaires de 104 pays répartis sur les 5 continents se sont portés candidats. Les 40 finalistes sélectionnés par les 4 comités d’experts ont été présentés au Grand Jury International qui a eu pour mission de choisir les 7 lauréats.
Les oeuvres primées des lauréats 2012 :

Jessie Brennan, née en 1982
The Cut, 2011, crayon sur papier, 29,7 x 504 cm
The Cut fait référence à l’histoire du canal de la rivière Léa dans l’Est de Londres, appelé Hackney Cut. Nourrie par des témoignages de personnes vivant ou travaillant le long du canal, l’oeuvre s’inspire également des bouleversements urbanistiques de ce quartier, liés à la préparation des jeux olympiques de 2012.

Jessie  Brennan
Claire Chesnier, née en 1986
Diptyque CCIX – CCVIII, 2012, encre sur papier, 134 x 120 cm et 137 x 117 cm
Valère Coste, né en 1974
Dark Rain, 2012, aluminium, moteurs, bacs en silicone, eau, 118 x 36 x 86 cm
Dark Rain,  produit l’effet d’une mousson miniaturisée. Cependant, nulle pluie ne tombe du ciel, Valère Costes inversant ici la spatialité habituelle. Apparent, le système mis au point consiste en une structure orthogonale de fines tiges métalliques venant alimenter par le bas de petits moules en silicones remplis d’eau. Du parallélisme rigoureux de leurs trajectoires – sorte de figuration graphique de la pluie – résulte pourtant l’apparition aléatoire des gouttes. Cette pluie est déclenchée à l’approche du spectateur curieux venu chercher son reflet dans l’eau sombre.
Valère Costes
Hicham Berrada, né en 1986
Arche de Miller-Urey, 2012, aquarium, acier, eau, nucléotides, 120 x 70 x 20 cm
D’une double formation artistique et scientifique résultent des paysages éphémères que l’artiste considère comme de véritables créations picturales.
Comme Valère Costes, il interroge la science et la nature, en utilisant des molécules chimiques qui interagissent entre elles, formant des paysages marines abstraits en métamorphose, rapprochement étonnant avec les excroissances peuplant les paysages d’Yves Tanguy ou de Max Ernst.
hicham berrada
Rahshia Linendoll-Sawyer, née en 1976
We are not made of wood, 2012, ensemble de 3 épreuves, série de trois photographies numériques sur dibond, 60 x 40 cm et 40 x 60 cm
Rahshia Linendoll Sawyer, We are not made of wood, 2012 (2)
On ne peut s’empêcher de penser et comparer aux différents personnages de  Bill Viola flottant, s’élevant, dormant.
Évoluant en dispositifs sériels, l’oeuvre de la photographe américaine Rahshia Linendoll-Sawyer questionne la condition humaine et son ambiguïté.
Dans We are not made of wood, l’artiste propose à travers le motif d’une figure flottant dans des environnements liquides, une réflexion sur l’acte de mourir. Le spectateur y est confronté à un corps sans visage dans un lieu abstrait. L’eau et les mouvements souples de ce corps enveloppé dans un drap blanc symbolisent cet état en suspens, entre la vie et la mort.
Nour Awada, née en 1985
Les Ruisselantes, 2012, vidéo HD, 16’47 min
Les Ruisselantes met en scène un corps féminin convulsant dans un champ sous un rideau de pluie glacée. L’eau ruisselle sur une chape de terre noire recouvrant le haut du corps la décomposant progressivement. Ce n’est qu’en s’approchant de l’écran que le spectateur s’aperçoit de la souffrance du corps exposée à cette épreuve physique. Il devient témoin, voyeur et otage d’un tableau vivant d’une étrange brutalité.
Nour Awada, les Ruisselantes
Mehdi Meddaci, né en 1980 – France
Murs, 2011, installation vidéo, 44 min, dimensions variables
les personnages de ces oeuvres sont en errance profonde, exprimant l’expérience de l’exil.
Murs, une installation vidéo-sonore conçus pour cinq écrans, apparaît comme un paysage, un territoire. Les situations et les gestes, saisis dans ce qu’ils ont de plus véridique, à la limite du document, forment le contexte nécessaire à une histoire : à un défilement du temps. Tentant de montrer obsessionnellement l’écroulement de la fiction, l’installation élargit la vision et propose des ellipses de certaines séquences. L’éclatement de la durée se propose alors comme un flux, érigeant la fragilité d’un évènement réel : la trajectoire inversée d’un exil sur l’image d’Alger.
Mehdi Meddaci, Murs 2011

Commissaire d’exposition : Viktoria von der Brüggen
Muséographie : Jean-Claude Goepp

Le Centre d’art contemporain
Fondation François Schneider

27 rue de la Première Armée
68 700 Wattwiller
Tel : + 33 (0)3 89 82 10 10
Mail : info@fondationfrancoisschneider.org
www.fondationfrancoisschneider.org
Tarifs
Tarif normal : 7 €
Tarif réduit : 5 € (enfants de 12 à 18 ans, étudiants, séniors, public handicapé, carte CEZAM, groupe de plus de 10 personnes)
Gratuité : Museums-PASS-Musées et enfants de moins
de 12 ans
Horaires d’ouverture
du mercredi au dimanche : 10h-18h
Photos courtoisie de la Fondation François Schneider

Caspar Wolf et la conquête esthétique de la nature

Jusqu’au 01.02.2015 au Kunstmuseum Basel
 

Caspar Wolf, Les séracs du glacier inférieur de Grindelwald avec la Lütschine et le Mettenberg
Caspar Wolf, Les séracs du glacier inférieur de Grindelwald avec la Lütschine et le Mettenberg

Les Alpes comme spectacle grandiose de la nature – cette conception est étonnamment récente. C’est seulement dans le courant du XVIIIe siècle que l’on a commencé à ressentir les abruptes chaînes de montagnes comme « sublimes » et esthétiquement excitantes. Au cours de vastes excursions, le peintre paysagiste suisse Caspar Wolf (1735-1783) a été l’un des premiers à faire du monde encore largement inexploité des Alpes le sujet de sa peinture. Les gigantesques blocs de rochers, les ruisseaux qui grondent, les formations glaciaires bizarres sont autant de motifs qui se dressent dans ses compositions picturales comme pour nous barrer la route. D‘imposants panoramas se déploient, à leurs pieds l’homme émerveillé apparaît minuscule. Grâce à ses formulations radicales qui vont bien au delà de l’idylle baroque, Wolf est l’un des plus importants précurseurs du romantisme européen. En même temps, son œuvre est imprégné de l’esprit des Lumières.
Caspar Wolf, détail
L’exposition rassemble 126 œuvres de Caspar Wolf et de ses contemporains, ainsi qu’une sélection de photographies actuelles des lieux qu’il a peints dans les Alpes. En parallèle de l’exposition, le cabinet des estampes du Kunstmuseum Basel présente les plus belles pièces de son riche fonds de dessins et de gravures de Caspar Wolf.
On doit à un coup de pouce du destin, que Caspar Wolf, né dans des conditions humbles dans le village de Muri (canton d’Argovie), devienne cette figure notable de l’histoire de l’art européen : pionnier de la peinture alpestre et précurseur le plus important du romantisme européen.
C’est la rencontre entre Caspar Wolf et l’influant éditeur bernois Abraham Wagner (1734–1782) qui va changer le destin du peintre au succès jusqu’alors modéré. Wagner nourrit un projet ambitieux : la publication d’un livre de type encyclopédique sur les paysages alpins, avec des illustrations de première qualité artistique, et qui doivent reposer sur l’observation immédiate de la nature. Les motifs qu’a alors en tête Wagner se situent dans des régions très peu explorées et difficile d’accès en haute montagne. Il s’agit de donner au public une nouvelle vision du monde alpin d’une précision et d’un caractère spectaculaire inconnus jusqu’alors. Comme auteur pour les parties rédigées de l’ouvrage, Wagner a choisi le pasteur bernois et scientifique renommé Jacob Samuel Wyttenbach. Wolf doit accompagner ces deux hommes dans leurs longues expéditions en haute montagne et transmettre par l’image cette expérience unique de la nature.
Entre les années 1773 et 1779, Wolf réalise ainsi une vaste série d’œuvres consacrées aux Alpes suisses. Dans son atelier, il compose, à partir des études qu’il a effectuées sur le motif, quelques 200 peintures grandioses qui allient l’observation spontanée avec une mise en forme artistique très savante. Wolf peint avec brio chaines de montagnes et glaciers, cascades et grottes, ponts et torrents, lacs et hauts plateaux, qu’il dispose tantôt en larges panoramas, tantôt en compositions fermées à s’en rendre claustrophobe. De véritables monuments de la nature y figurent, parmi lesquels, en raison de la destruction progressive du paysage, plusieurs ne sont pas parvenus jusqu’à nous : les fameux séracs du glacier inférieur de Grindelwald – qu’on peut admirer dans deux majestueux paysages de Wolf – ont, par exemple, fondu depuis longtemps.
 Caspar Wolf  La Caverne du Dragon près de Stans /  Gouache 31 x 46 cm Aarau, Aargauer Kunsthaus

Caspar Wolf
La Caverne du Dragon près de Stans /
Gouache
31 x 46 cm
Aarau, Aargauer Kunsthaus

Les tableaux de Wolf ne se laissent ranger ni dans la peinture védutiste si populaire à son époque, ni dans une représentation aux seules ambitions documentaires. Ils touchent à des choses plus fondamentales : en définitive, ils thématisent la relation entre l’expérience sensible de la montagne et le concept que ce mot véhicule.
D’où provient donc cette étonnante assurance esthétique avec laquelle l’artiste pénètre dans ce territoire vierge que constitue le projet alpin? La confrontation intensive de l’artiste avec l’art français pendant son séjour à Paris en 1770/1771 semble avoir été déterminante comme le montrent, dans l’exposition, des tableaux de François Boucher, Claude-Joseph Vernet, Philippe-Jacques de Loutherbourg, dit le Jeune et Hubert Robert. Aussi curieux que cela puisse paraître dans ce contexte, la peinture contemporaine de marines, avec ses orages et ses naufrages, est ce qui a particulièrement inspiré Wolf.
  Caspar Wolf    Titel:   Sturm über dem Thunersee / Storm over Lake Thun / Tempête sur le Lac de Thoune    Mat. / Technik:   Öl auf Leinwand / oil on canvas / huile sur toile    Masse:   54.4 x 81.7 cm    Creditline:   Kunstmuseum Basel, Geschenk von Edith Raeber-Züst, Basel, zum Gedenken an ihren Gatten, Dr. Willi Raeber / Kunstmuseum Basel, gift of Edith Raeber-Züst, Basel, in memory of her husband, Dr. Willi Raeber/ Kunstmuseum Basel, legs de Mme Edith Raeber-Züst, Bâle, en mémoire de son époux, Dr. Willi Raeber

Caspar Wolf
 Tempête sur le Lac de Thoune
huile sur toile
54.4 x 81.7 cm
Creditline:
Kunstmuseum Basel, legs de Mme Edith Raeber-Züst, Bâle, en mémoire de son époux, Dr. Willi Raeber

Dans la salle 1 sont présentés ses débuts à Muri, où il peint des oeuvres décoratives pour l’abbaye bénédictine de Muri, puis il abandonne son village et sa femme pour rencontrer des commanditaires à Bâle. Ensuite à Paris, travaillant dans l’atelier de  Loutherbourg il peut se confronter et s’inspirer des artistes parisiens, Loutherbourg et Vernet.
Il est tellement impressionné par les paysages « sublime » de côtes battues par les orages et de bateaux naufragés, qu’il s’attaque à des sujets similaires. Après son retour à Muri
il peint des scènes de chasse dans l’extrême théâtralité qui fait la force des scènes de catastrophes maritimes des peintres français.
Caspar Wolf
Dans la salle 2, c’est l’apparition de compositions par paires de tableaux présentant des vues opposées, une fois à droite, une fois à gauche, en été, en hiver, de manière idyllique,
puis dramatique.
Caspar Wolf 4
Dans la salle 3 on gravit la montagne jusqu’à une certaine hauteur, pour jouir du panorama.
Salle 4, se sont les contraires des panoramas, des paysages bloqués, des tunnels, des glaciers, le temps qui tourne à l’orage, des phénomènes climatiques extrêmes.
Caspar Wolf  Vue panoramique de la vallée de Grindelwald avec le Wetterhorn, le Mettenberg et l’Eiger huile sur toile 82 x 226 cm Creditline: Aargauer Kunsthaus, Aarau  AARGAUER BILD 8 959
Caspar Wolf
Vue panoramique de la vallée de Grindelwald avec le Wetterhorn, le Mettenberg et l’Eiger
huile sur toile 82 x 226 cm
Creditline: Aargauer Kunsthaus, Aarau
AARGAUER BILD 8 959

Salle 5, Wolf a démontré dans ses études de cascades, la fugacité de l’eau, puis des ponts, en pierre ou des passerelles en bois.
Salle 6, les cavernes constituent un motif privilégié dans son oeuvre. Soit très reconnaissable la caverne du Dragon près de Stans, ou celle de l‘Ours dans le Jura
avec laquelle il a pris plus de liberté. Dans la gouache, la Grosse Table de pierre du glacier de Lauteraar, curieux phénomène naturel, on remarque, à l’arrière plan, un homme portant sur le dos les toiles, que Wolf faisait transporter pour pouvoir les corriger sur le site même.
Caspar Wolf  La grosse pierre sur le glacier de Lauteraar /  Crayon et huile sur carton 24 x 38.7 cm Creditline: Kunsthaus, Aarau
Caspar Wolf
La grosse pierre sur le glacier de Lauteraar /
Crayon et huile sur carton
24 x 38.7 cm
Creditline:
Kunsthaus, Aarau

Salle 7, Wolf s’intéresse à la figure humaine, aux activités humaines, l’apparition de son fidèle chien. Puis apparaissent des constructions réalisées par la main de l’homme : cabanes, étables, routes, barrages, soit elles dominent la composition, soit, elles se blottissent dans une vallée ou se perdent à l’intérieur des coulisses montagneuses.
De la réalité, elles passent au paysage idyllique, correspondant au goût de l’époque.
Le paysage de haute montagne, avec un croix au sommet, une cascade, un groupe de sapins et la vue sur la vue forment le « best of » des Alpes, une représentation idéale de la Suisse. Le groupe de 3 lieux qui évoquent l’histoire de la confédération suisse : le Rüttli
(qui comporte en tout petit la scène du serment sur la rive du fleuve), la chapelle de Guillaume Tell dans la Hohle Gasse Caspar Wolf
et la Chapelle de Bruder-Klaus (St Nicolas) avec une figure de moine. Nicolas de Flue, saint patron de la Suisse, lors de la diète de Stans en 1481, fournit un sage conseil qui évita la désintégration de la confédération.
Force symbolique et politique, la réminiscence historique est préservée dans le paysage de l’époque Wolf : l’observation de la nature et la réflexion sur ce qui fait la Suisse y apparaissent de concert.
Caspar Wolf
Commissaires: Bodo Brinkmann et Katharina Georgi
Publication
À l’occasion de l’exposition, le Kunstmuseum Basel publie le catalogue Caspar Wolf et la conquête esthétique de la nature, avec des contributions de Andreas Beyer, Bodo Brinkmann, Viktoria van der Brüggen, Katharina Georgi, Gilles Monney, Regula Suter-Raeber, conception Gabriele Sabolewski. Editions Hatje Cantz, 2014. Editions allemande et anglaise, env. 224 p., env. 180 ill., 22 x 26 cm, relié.
www.kunstmuseumbasel.ch/shop
Horaires
Kunstmuseum Basel
Ma–Di 10–18h
Museum für Gegenwartskunst
Ma–Di 11–18h
Les deux musées sont fermés le 24.12.2014.
Tarifs
Kunstmuseum Basel
Exposition spéciale « Caspar Wolf »
Adultes CHF 21 / EUR 19, réduit CHF 8 / EUR 7,
gratuit jusqu’à 13 ans
Collections permanente et temporaire
Adultes CHF 15 / EUR 13, réduit CHF 8 / EUR 7,
gratuit jusqu’à 13 ans
Museum für Gegenwartskunst
Collections permanente et temporaire
Adultes CHF 12 / EUR 11, réduit CHF 5 / EUR 4,
gratuit jusqu’à 13 ans
Photos courtoisie Kunstmuseum Basel

Prendre le temps à la Fondation Fernet Branca

ANSEL / BEY/ CAHEN / DYMINSKI / LATUNER / NUSSBAUM / ROESZ

vous convient » à prendre le temps » à la Fondation Fernet Branca

à vos agendas
Du 20 septembre 2014 au 8 mars 2015


La Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis est heureuse d’accueillir l’œuvre de
7 artistes indépendants (photo, manque Germain Roesz). Associés à une historienne d’art, Fleur Chevalier, les artistes se proposent d’exposer leur évolution en confrontant leur travail et en croisant leurs trajectoires sur la scène contemporaine, de 1970 à aujourd’hui.
4 décennies. 7 visions du monde. 7 parcours singuliers.

              Visite guidée, germain Roesz, Robert Cahen, Denis Ansel

Par tranches de dix ans, « Prendre le temps » veut observer l’ouverture de ces 7 expériences sans en boucler le sens, comme on pourrait l’attendre d’une rétrospective, ainsi que restituer, intact, le foisonnement complexe et les incertitudes de tout itinéraire artistique. Nul apogée dans la carrière d’un artiste sinon une négociation permanente avec le principe de réalité, traversée par l’histoire de l’art et l’influence des courants qui ont marqué la période contemporaine – Figuration narrative, Nouveaux Fauves, Anti-art, art conceptuel, Support-Surface, Colorfield painting, musique concrète et minimaliste… – sans oublier, bien sûr, leurs figures tutélaires.
7 artistes, une histoire.
Germain Roesz, Daniel Dyminski, Robert Cahen, Guido Nussbaum, Bernard Latuner, Denis Ansel, Joseph Bey

Analytique, Germain Roesz désosse la grammaire de la peinture et joue du pinceau comme on frappe des percussions, le rythme dégageant de puissants refuges colorés dans l’espace dense de ses jungles optiques.
Aveuglée par ses soleils polychromes, la rétine trouvera le repos dans les paysages lunaires de Joseph Bey. Ses Plaques accidentées, poncées, érodées comme le sol qu’il aime fouler, inlassable, lorsqu’il marche par monts et par vaux, résonnent avec les horizons détricotés à l’oscilloscope par Robert Cahen dans son installation vidéo Paysages-Passage. Sa formation de compositeur en musique concrète lui a appris à traiter l’image comme des sons : « il aiguise notre regard, et […] nous conduit à mieux voir et à mieux entendre le monde » (Stéphane Audeguy).
C’est l’autodestruction qui, à l’échelle humaine, socio-économique et personnelle, occupe Daniel Dyminski, dont la peinture satirique entretient un dialogue permanent avec ses performances, visant à démystifier le sacro-saint statut de l’artiste.
« Je suis trop vieux pour être punk ! », déclare Guido Nussbaum (vidéo), qui se taille volontiers le costume burlesque d’un prestidigitateur-loser. Et pourtant, son travail polymorphe, entre photo, vidéo, peinture et sculpture ne cesse de discourir sur la fonction et l’image publique de l’artiste dans la société. Il manquait un Chaplin à l’art contemporain.
Loin de la dérision, frontal, Bernard Latuner a trouvé sans détour sa place de lutteur dans la société en optant pour le militantisme. Sa peinture indignée recycle des photos documentaires au cinéma en passant par les news pour mieux haranguer les foules passives de spectateurs. Car c’est bien un mode alternatif de « consommation » des images que proposent ces 7 artistes, à l’instar de Denis Ansel, moine copiste du visible, iconodoule critique dont les toiles interrogent la béance entre la représentation et son sens, un vide qu’il tente de palier dans son travail récent en restaurant l’aura des clichés banals qu’il prend pour modèles.
Pour en arriver là, chacun a pris le temps de se perdre, de se chercher, de se redécouvrir, le plus souvent à l’écart du marché de l’art. C’est cet écart avec le monde et le torrent des mass media qui les rapproche.
texte : Fleur Chevalier


Commissaire associée aux artistes de l’exposition : Fleur Chevalier
Directeur de la Fondation Fernet-Branca : Pierre-Jean Sugier. pjsugier@fondationfernet-branca.org

                Vidéos de Robert Cahen et toiles de Joseph Bey

Conférence
« Une Fondation pour demain »
Vendredi 7 novembre 2014 à 19h30.
Pour débattre, sont invités :
– Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation Maeght
– Marie‐France Bertrand, directrice du Musée Wurth, représentante de la Fondation Wurth située en Allemagne.
– Isabelle Gaudefroy, directrice de la programmation Fondation Cartier
– Pierre‐Jean Sugier, directeur Fondation Fernet‐Branca, médiateur du débat.

Le débat se prolonge autour d’un buffet.
Entrée 7 euros, gratuit pour les membres du Club des Amis de la Fondation Fernet‐Branca

 Ouverture :
Tous les jours,
de 14h00 à 19h00 sauf lundi et mardi
Tarif
8 € 6 €
– Groupes 10 personnes minimum
– Etudiants de moins de 26 ans
– Carte Cezam 0 €
– Enfants de moins de 12 ans,
– MuseeumsPass
 

Il s’en est fallu de peu, Kunsthalle de Mulhouse

Exposition collective
Avec la participation de Martine Feipel & Jean Bechameil, Omar Ba, Hassan Darsi, Vincent Ganivet, Bouchra Khalili, Radenko Milak
Une proposition de Sandrine Wymann, directrice de la Kunsthalle
jusqu’au 16 novembre 2014
Kunsthalle, il s'en est fallu de peu
De l’énoncé d’un projet à son éventuel avènement, la route est longue et les détournements, les accidents souvent de mise. Il s’en est fallu de peu conte des histoires ratées ou détournées. Ce n’est pas une exposition qui se projette mais qui suggère, selon la formule de Georges Didi-Huberman, de prendre l’histoire à rebrousse-poil pour révéler la « peau sous-jacente, la chair cachée des choses ».
À la manière d’un archéologue, il importe de remonter le temps et de trouver l’origine des événements. Il faut se retourner, comprendre ce qui a prévalu à ce que nous sommes en mesure d’observer et de juger. Une grande idée, un ordre naturel, la volonté de trouver mieux ou de maitriser une situation. De l’anecdote à l’Histoire, les fausses routes sont nombreuses mais ne peuvent être comprises sans que l’on se penche sur la mémoire des choses.
L’échec et la vanité se lisent entre les images des oeuvres présentées. Mais si l’histoire entière est faite à la fois de prophéties et de tragédies, il est cependant permis de croire que le temps suit normalement son cours et qu’inévitablement le recommencement est la plus belle issue possible. Il s’en est fallu de peu rassemble des sculptures, des peintures et des vidéos de sept artistes qui travaillent sur le fil de l’Histoire.
Sandrine Wymann

Martine Feipel & Jean Bechameil
Le travail de Martine Feipel & Jean Bechameil traite des questions d’espace. Leur travail tente, de manière destructive, de montrer la complexité d’idées cachées dans la façon traditionnelle de construire l’espace et en même temps essaie d’ouvrir une perception pour une réflexion alternative. Dans leurs oeuvres, l’art et la société vont de pair.
Martine Feipel et Jean Bechameil proposent trois bas-reliefs représentant un immeuble, logement typique des grands ensembles des années 60. La construction est représentée vue du Sud, du Nord puis distordue, prête à s’effondrer. Ces sculptures, entre réalisme et fiction, renvoient aux grands ensembles qui ont émergé dans les années 60, telles des solutions évidentes aux besoins de logements en périphérie des villes. De la solution aux problèmes, ils ont incarné une évolution sociale et urbaine des villes occidentales.
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Les oeuvres d’Omar Ba racontent une histoire qui cherche à éliminer les frontières entre l’Afrique et l’Europe, le passé et le présent, le bon ou le mauvais. Peintes le plus souvent sur du carton ondulé, matériau brut que l’artiste affectionne particulièrement, les compositions se déclinent en détails précisément peints : des médailles, des paysages, des feuilles, d’autres végétaux qui constituent le répertoire foisonnant de l’artiste, offrant alors différents niveaux de lecture. Dans Il s’en est fallu de peu, Omar Ba expose deux peintures et une installation. Entre allégories et représentations d’une histoire contemporaine, ses oeuvres laissent transparaître ses origines et son regard critique sur les relations entre l’Afrique et le monde occidental. Chacune de ses oeuvres rassemble une quantité de personnages, objets, symboles, édifices, lieux, végétaux qu’il réunit dans une même composition pour raconter une histoire à la fois fictionnelle et universelle marquée par les détails, le tout dans un florilège de couleurs.
 

Vincent Ganivet C.3.1.3, 2012 Parpaings, in studio © Vincent Ganivet Courtesy de la galerie Yvon Lambert, Paris
Vincent Ganivet
C.3.1.3, 2012
Parpaings, in studio
© Vincent Ganivet
Courtesy de la galerie Yvon Lambert, Paris


Vincent Ganivet développe une démarche artistique de l’absurde et de l’éphémère, de l’accident et de l’équilibre, et crée des oeuvres à partir de matériaux bruts, d’objets et de phénomènes quotidiens détournés de leur fonction initiale. Il reprend des formes élémentaires et des principes architecturaux pour les mener à une sorte de construction incertaine, mais qui impressionne par le savoir-faire avec lequel elle gère le contre-emploi. L’artiste construit dans Il s’en est fallu de peu, une sculpture en brique qui incarne le point d’équilibre à partir duquel on peut toujours observer l’édifice mais aussi s’imaginer le pire et son effondrement. D’un moment à l’autre tout peut basculer. La rupture n’est jamais loin du défi mais son éventualité est ici source de motivation et de grandeur.

Radenko MilakRadenko Milak s’intéresse à la place de l’image dans la mémoire individuelle et collective. Ses aquarelles à l’encre de chine et ses peintures à l’huile transforment films, reportages ou images de presse en petites icônes. Elles sont la trace de faits politiques et historiques, chacune se réfère à un cliché que l’artiste a soigneusement choisi, souvent sur internet. En s’appropriant les images des autres puis en les reproduisant, il rend hommage à l’Histoire telle qu’elle nous est transmise mais ne nie pas pour autant la potentialité narrative autonome de chaque récit individuel. Pour Il s’en est fallu de peu, Radenko Milak a peint une série d’événements, de personnages ou d’idées qui ont traversé le 20e siècle. Tous ont marqué leur époque, ses désirs de progrès, de tolérance ou d’égalité mais tous aussi ont connu une triste chute ou une fin décalée. Dans un désir d’accumulation et de surenchère, l’artiste retrace un siècle trépident et incroyablement engagé.

Venez découvrir tous les artistes, lors des différents RDV proposés par  la Kunsthalle

@ vos agendas :
Visites guidées : tous les dimanches à 15h00
Conférence
Jeudi 16 octobre
— 18:30 à La Kunsthalle
Les grands ensembles en France : du rêve au cauchemar de Maurice Blanc suivie d’une rencontre avec les artistes Martine Feipel et Jean Bechameil Pour Le Corbusier, les grands ensembles devaient être des «cités radieuses» et le creuset dans lequel s’invente la civilisation urbaine de demain. Ils sont devenus des espaces de relégation et la conférence analyse pourquoi et comment. Maurice Blanc est professeur émérite de sociologie à l’Université de Strasbourg. Il a dirigé l’école doctorale des Humanités, le Centre de Recherche en Sciences Sociales (CRESS) et a mis en place le Master interdisciplinaire: «Aménagement et urbanisme». Il est aujourd’hui rédacteur en chef de la revue interdisciplinaire «Espaces et Sociétés» et membre du réseau euroméditerranéen: «Développement durable et lien social»(2DL iS). Martine Feipel et Jean Bechameil, duo d’artistes luxembourgeois. Leurs dernières oeuvres portent sur l’architecture moderniste et utopiste des années 50-70, et plus spécialement sur les habitations sociales de cette époque- les Grands Ensembles- dont la démolition ou la rénovation sont aujourd’hui l’enjeu de débats et de polémiques. En partenariat avec les Journées de l’architecture. Entrée libre
KUNSTDÉJEUNER
Vendredi 17 octobre — 12:15
Visite à thème « Questions obliques » suivie d’un déjeuner* Sous la forme d’un jeu, les cartes de Questions obliques interrogent, de manière parfois surprenante et décalée, le visiteur sur sa perception de l’exposition. En partenariat avec l’Université Populaire. Gratuit, sur inscription au 03 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr
*repas tiré du sac
MÉDITATION
Jeudi 30 octobre à partir de 17:30 jusqu’à 21:00
Une séance de méditation ouverte à tous, d’après une oeuvre des gens d’Uterpan
Ouvert à tous, entrée libre
KUNSTAPÉRO
13 novembre — 18:00
Des oeuvres et des vins à découvrir : visite guidée suivie d’une dégustation de vins, en
partenariat avec l’association Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle
des Vins de France.
Participation de 5€ / personne, inscription au 03 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr
ÉCRIRE L’ART
Dimanche 16 novembre — 15:00
Lecture performance de Cécile Mainardi, poète
Sous la forme d’une mini-résidence de quatre jours, Cécile Mainardi, poète, s’immerge dans l’univers de Il s’en est fallu de peu et compose autour des oeuvres exposées. Dialogues, créations, collaborations, poésies visuelles et sonores, textes et expressions permettent de visiter, voir, concevoir et revoir les oeuvres au travers du langage spécifique de l’écrivain.
Cécile Mainardi est une poète française. Elle vit entre Nice et Paris. Elle a été pensionnaire de la Villa Médicis en 1998 et en résidence à la Villa Arson en 2005. Son travail a fait l’objet de performances, interventions, lectures publiques et de créations radiophoniques, dont un Atelier de Création Radiophonique de France Culture : l’Eau super-liquide. Parmi ses dernières oeuvres : La Blondeur (les Petits Matins, 2006), Je suis une grande Actriste (l’Attente, 2007), L’Immaculé Conceptuel (Les Petits Matins, 2010), Rose Activité Mortelle (Flammarion, 2012).