Le Pollock figuratif

Jusqu’au 22.01.2017 au Kunstmuseum de Bâle

Jackson Pollock Stenographic Figure 101.6 x 142.2 cm; Oil on linen
Jackson Pollock Stenographic Figure 101.6 x 142.2 cm; Oil on linen

«Lorsque vous peignez à partir de l’inconscient,
les figures sont prêtes à émerger»
déclarait Jackson Pollock lors d’un célèbre entretien avec
Selden Rodman en 1956.
Cette déclaration peut surprendre tant il est d’usage d’associer le peintre
américain à ses drip paintings abstraits. Bien qu’abondante,
son œuvre figurative réalisée auparavant demeure méconnue,
tout comme ses peintures figuratives consécutives à la période
« dripping »
.
En abordant pour la première fois le travail de l’artiste sous cet angle,
la rétrospective organisée par le Kunstmuseum Basel souhaite
mettre en lumière l’aspect figuratif de son œuvre et poser un regard
nouveau sur sa création artistique longue de près de trois décennies.
Jackson ¨Pollock the Moos Woman 1942
Jackson ¨Pollock the Moos Woman 1942

Les problèmes de relation avec sa mère, puis son alcoolisme
l’obligent à passer quatre mois dans un hôpital psychiatrique
où il commence sa première analyse, cela lui permet plus tard
de rédiger un carnet de croquis les « Dessins psychanalytiques »

jackson Pollock, Pschycoanalytic Drawing
Jackson Pollock, Pschycoanalytic Drawing

Pollock figuratif explore l’œuvre de jeunesse de Pollock marquée
tour à tour par le régionalisme hérité de son professeur
Thomas Hart Benton et par les grands noms de l’histoire de l’art tels
El Greco, Michel-Ange, Rembrandt et les maîtres du baroque italien.
Durant les années qui suivent, Pollock se tourne vers l’art moderne
européen et étudie sans relâche le travail de Pablo Picasso.
jackson-pollock
L’oeuvre en tête est fortement marquée par l’oeuvre de
Picasso : Intérieur avec fillette dessinant, mais aussi à la palette
de Matisse.Son œuvre se nourrit également de l’art des premiers
habitants de l’Amérique du Nord. Les fresques monumentales
des peintres muralistes mexicains réalisées dans les années
1930 et 1940 constituent une autre source d’inspiration majeure
pour l’artiste américain :  le travail de David Alfaro Siqueiros,
José Clemente Orozco  et Diego Rivera
(
actuellement visible dans l’exposition
« le Mexique au Grand Palais, Paris)
– que Pollock rencontre personnellement –, bouleversera sa manière
d’appréhender la figuration.
 Jackson Pollock, the gardians of the secret

Jackson Pollock, the Gardians of the Secret

L’exposition propose une vue d’ensemble de la trajectoire figurative
du peintre américain, depuis le milieu des années 1930 jusqu’à son décès
prématuré dans un accident en 1956. Les fameux drip paintings monumentaux réalisés sur une courte période, entre 1947 et 1950,
ne figurent dans l’exposition qu’à titre indicatif.
Jackson Pollock, composition with ritual scene
Jackson Pollock, composition with ritual scene

Leur absence volontaire crée un vide qui permet de mieux saisir
la continuité entre les œuvres des années 1930 et 1940, souvent marginalisées,
et les célèbres tableaux monumentaux des années 1950. Ainsi, l’exposition
présente un ensemble impressionnant de Black and White Paintings issus de la période « dripping » aux côtés des dernières œuvres des années 1950
à travers lesquelles Pollock n’a cessé d’explorer la question de la figure.
Jackson Pollock
Au total, l’exposition présente une centaine de peintures et travaux sur papier,
dont des œuvres majeures issues de collections privées et
des pièces d’exception provenant de collections de musées européens,
des États-Unis, d’Australie et du Japon.
Commissaire : Nina Zimmer
Kunstmuseum Basel

Tram n° 2

Mar, mer, ven, sam, dim 10–18h
Jeu 10–20h
Lun fermé

St. Alban-Rheinweg 60
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62
Fax +41 61 206 62 52

La Porte de l’Enfer, Rodin

Jusqu’au 22 Janvier 2017 au musée Rodin de Paris

L’exposition L’Enfer selon Rodin invite le public à revivre
la création d’une icône de l’art : La Porte de l’Enfer.
Plus de 170 oeuvres – dont 60 dessins rarement présentés
au public et de nombreuses sculptures restaurées pour l’exposition
– plongent les visiteurs dans l’histoire fascinante de ce chef-d’oeuvre
dont l’influence fut considérable dans l’évolution de la sculpture et des arts.
Avec cette porte mystérieuse et imposante qui ne s’ouvre pas,
Rodin offre une vision spectaculaire des Enfers, pleine de fièvre
et de tourments.

Comment Rodin passe de l’Enfer de Dante aux Fleurs du Mal de Baudelaire

Exemplaire original des Fleurs du Mal illustré par des dessins de Rodin
Une double inspiration littéraire. La Porte de l’Enfer est l’oeuvre centrale
de toute la carrière de Rodin. Lorsque le sculpteur obtient en 1880
la commande de ce qui devait être une porte destinée au musée des arts décoratifs,
il est un artiste encore peu connu. Il se lance dans des recherches
passionnées pendant près d’une décennie, s’inspirant d’abord de la
Divine Comédie de Dante
puis de

plus en plus des Fleurs du Mal de Baudelaire.
Travaillant aussi bien la dimension architecturale de la Porte
(bas-reliefs, pilastres, éléments décoratifs) que les personnages
qui grouillent à sa surface, Rodin crée des formes inédites pour exprimer
les passions humaines – selon les mots du critique Gustave Geffroy,
« les recherches et les trouvailles du sculpteur apparaissent visibles
dans ces réalisations triomphantes de sa pensée et de ses mains :
des attitudes nouvelles ».

L’Âge d’Airain | Musée Rodin
Première œuvre importante de Rodin, réalisée à Bruxelles,
cette figure montre déjà toute la maîtrise du sculpteur,
son attention à la nature vivante dans l’attitude et le modelé.
Un jeune soldat belge, Auguste Ney, posa pour cette œuvre dépouillée
de tout attribut permettant d’identifier le sujet.
Elle fut exposée au Cercle artistique de Bruxelles en 1877,
sans titre, puis au Salon, à Paris, sous le nom de L’Âge d’airain,
où elle fit scandale.
La statue, dite aussi L’Homme qui s’éveille ou Le Vaincu, évoque l’homme des premiers âges. Elle tenait à l’origine une lance dans la main gauche, comme le montre une photographie de Gaudenzio Marconi, mais Rodin choisit de la supprimer pour dégager le bras de tout attribut et donner au geste une ampleur nouvelle.

Rodin, tête de Jean Baptiste

Accusé, lors de son exposition à Paris, de l’avoir moulée directement sur le modèle, Rodin dut prouver que la qualité du modelé de sa sculpture provenait bien d’une étude approfondie des profils et non d’un moulage sur nature. Ses détracteurs finirent par reconnaître la bonne foi du sculpteur. Ce scandale attira cependant l’attention sur Rodin et lui valut  la commande de La Porte de l’Enfer en 1880.

 La genèse du chef d’oeuvre.

Les très nombreux groupes et figures de damné(e)s que Rodin dessine,
modèle et assemble constituent un véritable répertoire de formes
qu’il réutilise ensuite jusqu’à la fin de sa carrière, avec une inventivité
toujours renouvelée.

 Bien des oeuvres parmi les plus connues découlent
de cet élan qui propulse Rodin sur le devant de la scène artistique,
à commencer par le Penseur, le Baiser, Ugolin, la Danaïde ou les Ombres.


La lecture de La Porte de l’Enfer éclaire toute l’oeuvre de Rodin.

On y trouve un condensé de ses recherches stylistiques, et un point de départ
pour de nombreuses variations permises par ses techniques de prédilection : fragmentation, assemblage, agrandissement, réduction, répétition…

Rodin, Ugolin penché sur ses enfants morts
Des oeuvres inédites. Fasciné par le corps, qu’il soit douloureux, violent ou érotique,
Rodin dessine, modèle et retravaille sans cesse ses créations antérieures afin de saisir et d’exprimer tous les élans de l’âme. La présentation exceptionnelle de plus de 50
« dessins noirs »,
souvent annotés par Rodin, donne à voir cette recherche de la composition et du mouvement. Particulièrement fragiles et précieux,
ces dessins au trait rehaussés de lavis d’encre et de gouache ne sont exposés
qu’avec parcimonie. Une trentaine de sculptures restaurées pour
l’exposition sont présentées pour la première fois.

Le parcours de l’exposition se poursuit dans le jardin de sculptures
du musée, où se trouve un exemplaire en bronze de la Porte, tandis que les visiteurs du musée Rodin de Meudon peuvent aller admirer le grand plâtre que Rodin
présenta au public dans sa grande exposition personnelle de 1900 – une version dépouillée de ses figures et groupes les plus en saille, état d’une oeuvre où l’effet de foule tenait pourtant une place si importante.
Le baiser n’est pas dans la porte de l’Enfer, on y voit ce couple,
Francesca da Rimini et Paolo Malatesta, représentant l’amour fou,
l’amour interdit et le châtiment.

Sur le site Internet du musée, des ressources en ligne permettrent d’approfondir la visite.
Une manière de voir la porte de l’Enfer depuis chez vous, sans qu’aucun
détail ne vous échappe


Commissaire : François Blanchetière, conservateur du patrimoine, adjoint au responsable du service de la conservation

Mexique 1900 – 1950

Diego Rivera, Frida Kahlo, José Clemente Orozco et les avant-gardes
Jusqu’au 23 janvier 2017 au Grand Palais
Galeries nationales
Cette exposition est organisée par la Rmn-Grand Palais et
la Secretaría de Cultura / Instituto Nacional de
Bellas Artes / Museo Nacional de Arte, México.
C’est une exposition très dense, divisée en 4 parties, se répartissant
sur  2 étages du Grand Palais.

Diego Rivera (1886-1957) Portrait d’Adolfo Best Maugard 1913 Huile sur toile México, INBA, Museo Nacional de Arte Donation de Arturo Arnáiz y Freg, 1983 Photo © Francisco Kochen © 2016 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F / Adagp, Paris Diego
Diego Rivera (1886-1957)
Portrait d’Adolfo Best Maugard
1913
Huile sur toile
México, INBA, Museo Nacional de Arte
Donation de Arturo Arnáiz y Freg, 1983
Photo © Francisco Kochen
© 2016 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F / Adagp, Paris
Diego

La Réunion des musées nationaux-Grand Palais,
la Secretaría de Cultura / Instituto Nacional de Bellas Artes /
Museo Nacional de Arte, México (MUNAL) se sont associés
pour organiser une exposition dressant un vaste panorama
de la modernité mexicaine, depuis les prémices de la
Révolution jusqu’au milieu du XXe siècle, complété
par des interventions ponctuelles d’artistes contemporains.
L’art du Mexique au XXe siècle présente le paradoxe
d’être étroitement connecté aux avant-gardes internationales,
tout en présentant une incroyable singularité,
une étrangeté même, et une puissance qui défient
notre regard européen.
Ramon Cano Manilla, Indienne d'Oaxaca
Ramon Cano Manilla, Indienne d’Oaxaca

L’imaginaire collectif et les traditions du XIXe siècle.
Dans la première partie de l’exposition, on découvre comment
cette modernité puise son inspiration dans l’imaginaire collectif
et les traditions du XIXe siècle. Cette relation, évidente
dans l’art académique qui se développe après la restauration
de la République en 1867, se prolongera dans les préceptes
idéologiques de l’École Mexicaine de Peinture et de Sculpture,
dirigée par José Vasconcelos à partir de 1921.
Vue expo Mexiqiue la sarape rouge
Vue expo Mexique
la sarape rouge

Les courants internationaux viennent contrebalancer
cet ancrage dans la tradition.
Au tournant du XXe siècle, symbolisme et décadentismes
trouvent au Mexique des expressions fascinantes comme
le célèbre tableau d’Ángel Zárraga, La Femme et le pantin (1909).
Ángel Zárraga (1886-1946) La Femme et le Pantin 1909 Huile sur toile Collection Andrés Blaisten © DeAgostini/Leemage © Adagp, Paris 2016
Ángel Zárraga (1886-1946)
La Femme et le Pantin
1909
Huile sur toile
Collection Andrés Blaisten
© DeAgostini/Leemage
© Adagp, Paris 2016

Peu à peu s’affirment les expérimentations esthétiques
d’artistes mexicains en contact avec l’avant-garde parisienne
dans les premières décennies du siècle, au premier rang
desquels Diego Rivera.
Expo Mexique
La deuxième partie, la Révolution mexicaine
La deuxième partie de l’exposition s’attache à montrer
comment la Révolution mexicaine, en tant que conflit armé,
comportait la planification d’un nouveau projet national.
Diego Rivera, Paysage Zapatiste
Diego Rivera, Paysage Zapatiste

La création artistique des années qui ont suivi la révolution
revêt un caractère idéologique ; elle s’appuie sur d’autres moyens
David Alfaro Siqueiros Mort et Funérailles de Caïn 1947
David Alfaro Siqueiros
Mort et Funérailles de Caïn 1947

que la peinture sur chevalet, tels que le muralisme et le graphisme.
L’exposition met naturellement l’accent sur les oeuvres des
trois artistes phares du muralisme mexicain, los tres grandes :
Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros, José Clemente Orozco.
José Clemente Orozco, Le Mort 1925/1928
José Clemente Orozco, Le Mort 1925/1928

Cette révolution masculine, qui a ouvert la voie à de nombreuses
possibilités nouvelles, a permis aux femmes de participer
à l’effort économique ; cette situation les a encouragé à se faire
elles aussi une place sur la scène artistique, en tant que peintres ou mécènes.
L’arbre Frida Kahlo ne doit pas cacher une forêt
Nahui Olin, autopotrait en étudiante
Nahui Olin, autopotrait en étudiante

de personnalités extraordinaires comme Nahui Olin, Rosa Rolanda ou les photographes Tina Modotti et Lola Álvarez Bravo.
Rosa Rolanda autoportrai
Rosa Rolanda autoportrait

Parallèlement à l’École Mexicaine de Peinture et de Sculpture des années 20 et 30,
cette période a également été marquée par l’avènement de nombreuses autres démarches expérimentales. Le triomphe du muralisme et de l’art nationaliste a éclipsé ces mouvements d’avant-garde alternatifs, qui ont revendiqué le droit de participer à la scène artistique internationale, indépendamment du paradigme révolutionnaire.
Gerardo Murillo « Dr. Atl »
Gerardo Murillo « Dr. Atl »

La troisième partie une sélection d’artistes et d’oeuvres se présentant comme des alternatives aux discours idéologiques de l’époque
La troisième partie de l’exposition permet de découvrir toute une sélection d’artistes et d’oeuvres se présentant comme des alternatives aux discours idéologiques de l’époque, des masques hallucinants de Germán Cueto aux portraits énigmatiques de Robert Montenegro et aux abstractions de Gerardo Murillo « Dr. Atl » ou Rufino Tamayo.
expo Le Mexique
la quatrième partie, intitulée Rencontre de deux mondes : Hybridation
Enfin, la quatrième partie, intitulée Rencontre de deux mondes : Hybridation, montre comment, depuis le début du XXe siècle, la présence d’artistes mexicains aux États-Unis, comme Marius de Zayas, Miguel Covarrubias et surtout les grands muralistes, a joué un rôle décisif pour les mouvements d’avant-garde de villes comme New York,
Détroit ou Los Angeles. Inversement, du fait de la notoriété acquise par les artistes mexicains à l’étranger durant les premières décennies du XXe siècle, de nombreux artistes étrangers ont décidé de délocaliser leur activité au Mexique.
Marius de Zayas
Marius de Zayas

En collaboration avec les artistes locaux, ils sont parvenus à développer une scène particulièrement riche, notamment autour du surréalisme avec Carlos Mérida, José Horna, Leonora Carrington et Alice Rahon.
Gabriel Orozsca
Gabriel Orozsca

L’exposition clôt la chronique de ces échanges, sources d’une perpétuelle « renaissance », avec l’arrivée de Mathias Goeritz au Mexique en 1949, mais leur vitalité est encore illustrée dans les oeuvres d’artistes majeurs de la scène actuelle, à l’image de Gabriel Orozco et de ses « frottages » pris dans le métro parisien.

Frieda Kahlo, le Cadre
Frieda Kahlo, le Cadre


v
oir ci-dessous le podcast de la Dispute à propos
de l’exposition le Mexique
commissaire: Agustín Arteaga
scénographie : Atelier Jodar Architecture
ouverture :
tous les jours de 10h à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Fermé tous les mardis et le 25 décembre.
Fermé à 18h les 24 et 31 décembre
accès :
métro ligne 1 et 13 «Champs-Elysées-Clemenceau»
ou ligne 9 «Franklin D.Roosevelt»
informations et réservations :
www.grandpalais.fr

MICHEL-ANGE par Hector Obalk

LE PREMIER LIVRE D’ART EN BD — MICHEL-ANGE
par Hector Obalk / Editions Hazan
vidéo chez Taddéi

michelange Ce livre a pour ambition de donner à voir et à comprendre,
le meilleur de toute l’œuvre peinte, de toute l’œuvre sculptée
et de toute l’œuvre dessinée de Michel-Ange,
et ceci
chronologiquement.

Ovni dans le monde de l’édition, il est le fruit d’un dispositif éditorial hors norme : plusieurs centaines d’images, reproduisant les détails époustouflants de plus de cent peintures, sculptures et dessins, forment un récit visuel apparenté à la BD, où chaque image s’accompagne d’une phrase, ou d’une amorce de commentaire, dont la continuité produit une véritable et nouvelle histoire de l’artiste.

À égale distance du livre d’art classique, doctoral, et de l’album d’images, enfantin, le Michelangelo d’Obalk dialogue autrement avec son lecteur : il s’agit tout d’abord de dérouler un texte, dont chaque segment de phrase est illustré, sur le mode de la conversation.

Ce n’est donc ni une BD, ni un roman photo, d’abord parce qu’il n’y a pas de personnages ni de bulles (ou très rarement), mais aussi parce que seule la voix du narrateur court de case en case – et dirige la mise en pages.

Bref, c’est un essai édité sous l’apparence d’une BD.

Il découle de recherches conjuguées dans les champs de l’histoire de l’art (et de la critique d’art), du cinéma documentaire (puisqu’il a inspiré le scénario de la série Grand’Art diffusée sur arte), et du graphisme (la forme « BD »).

On y retrouve le ton d’Hector Obalk, critique, lyrique, volontiers subjectif, parfois poétique, toujours pédagogique et non dénué d’humour.

Minolta DSC
Pietà

Ce premier volume passe en revue l’œuvre de Michel-Ange depuis ses débuts (1490) jusqu’au plafond de la chapelle Sixtine (1508-1512), en passant par le Bacchus du musée Bargello, la Pietà de Saint-Pierre de Rome, le fameux David de Florence et le tondo Doni du musée des Offices. En 2017, le second volume sera consacré aux œuvres postérieures à 1512, incluant les Esclaves du Louvre, le Moïse de Rome, la chapelle Médicis de Florence, les Prisonniers laissés inachevés, la fresque du Jugement dernier de la chapelle Sixtine, la Pietà Bandini et tant de dessins exceptionnels.

 
 

Otto Dix-le Retable d’Issenheim

Au musée Unterliden de Colmar jusqu’au 30.1.17
La première exposition d’art moderne organisée par le Musée Unterlinden après son extension par Herzog & de Meuron rend hommage au célèbre peintre allemand
Otto Dix (1891-1969).

Commissaire de l’exposition
Frédérique Goerig-Hergott,
Conservatrice en Chef, chargée des collections d’art moderne et contemporain.
Avec plus de cent œuvres issues des plus grandes collections
publiques et privées, l’exposition montre comment
Otto Dix s’est inspiré du chef d’œuvre du musée peint par
 Grünewald, le Retable d’Issenheim (1512-1516).
Né en Thuringe le 2 décembre 1891, Otto Dix est l’une des
figures majeures de l’art allemand du 20 e s.
De cet admirateur de Nietzsche, on connait essentiellement
le portrait de la journaliste Sylvia von Hadern,
la vocation de l’exposition colmarienne
Otto Dix – le Retable d’Issenheim

est aussi de remettre en lumière une part injustement
méconnue de son oeuvre.
C’est à l’occasion du 125 e anniversaire de sa naissance et
des 500 ans du Retable d’Issenheim de Mathias  Grünewald,
Que cette exposition permet de faire un parallèle entre les
2 artistes.

De ses débuts expressionnistes à Dresde dans les années 1910
à la Première Guerre mondiale, de la Nouvelle Objectivité
à son statut d’artiste dégénéré sous le régime nazi, de son
« exil intérieur » sur les bords du lac de Constance
à son emprisonnement à Colmar en 1945-1946,
jusqu’à son retour en Allemagne, le retable
de Grünewald
n’a cessé de hanter son œuvre.
Un parcours chrono-thématique, déployé sur près de
800 m2, permet d’appréhender la richesse
de l’oeuvre d‘Otto Dix tout au long de sa carrière.

Le parcours est également ponctué de quelques tableaux
réalisés par les contemporains du peintre, de reproductions
à l’échelle d’oeuvres de Dix, dont une disparue pendant la
Seconde Guerre mondiale, et de documents d’archives (lettres, livres, photographies, journaux illustrés…).

On ignore encore si Otto Dix eu la possibilité de voir le retable lorsque ce dernier fut présenté à Munich. Pourtant il est certain que le peintre fut confronté à plusieurs occasions aux reproductions du polyptyque, à la fois dans la presse – à une époque où le retour du retable à Colmar, redevenue française, fait polémique – mais aussi au travers des nombreuses publications spécialisées dont Grünewald fut l’objet de prédilection dans les deux premières décennies du 20e siècle (et dont certaines figuraient dans la bibliothèque de l’artiste).


Otto Dix à Colmar (1945-1946)
« J’ai vu deux fois le Retable d’Issenheim, une oeuvre
impressionnante, d’une témérité et d’une liberté
inouïes, au-delà de toute « composition », de toute construction,
et inexplicablement mystérieuse dans ses différents éléments. »

Lettre d’Otto Dix à Martha, Colmar, le 15 septembre 1945.

Otto Dix, oeuvre disparue, reconstituée par Daniel Schlier et les élèves de la HEAR présentée dans la piscine

Considérant la guerre comme le symbole d’un nouveau départ
et la possibilité de laisser derrière soi une époque révolue
et bourgeoise, Otto Dix s’engage dans la Première
Guerre mondiale. À l’issue du conflit, hanté par la vision du chaos,
le peintre a recours au vocable des maîtres anciens pour exprimer
l’indicible horreur du conflit dans ses oeuvres comme
La Tranchée (disparu) en 1923 et les gravures de La Guerre en 1924.

Avec la montée du nazisme, Otto Dix doit démissionner en 1933,
de son poste de professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Dresde,
qu’il occupe depuis 1927. Taxé d’ « artiste dégénéré », deux cent soixante
de ses oeuvres sont confisquées par les autorités du IIIe Reich,
dont certaines sont exposées au sein de l’exposition
itinérante Entartete Kunst.

Faces aux menaces faites à l’encontre de la liberté artistique,
Otto Dix peint des oeuvres dénonçant l’idéologie nazie,
et pour lesquelles il se réfère toujours au Retable d’Issenheim.
Après son retour chez lui, à Hemmenhofen
en février 1946, Otto Dix continue d’être
hanté par le Retable. Afin d’exorciser sa période
d’incarcération, et fidèle à sa pratique de l’autoportrait,
il peint de nombreuses toiles exprimant l’horreur
du camp de prisonnier et l’humiliation subie.

À partir des années 1950, les références au Retable d’Issenheim se font plus ponctuelles, il n’en demeure pas moins que celles-ci persistent jusqu’à la fin de la vie de l’artiste.
À une époque où l’abstraction connaît son plein essor, Dix,
qui s’y est toujours refusé, est alors perçu comme un peintre du passé.
L’exposition permettra ici de présenter cette période longtemps
délaissée de la carrière de l’artiste et d’offrir au regard du public
des oeuvres encore mal connues.

Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 51
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com
Horaires :
Lundi, Mercredi 10-18 h
Jeudi 10-20 h
Vendredi – Dimanche 10-18 h
Mardi : fermé

Cycle histoire de l’art / Kunsthistorisches Zyklus
Profitez de la nocturne du jeudi soir pour découvrir
un aspect de la démarche artistique d’Otto Dix à l’occasion de visites en Français ou en Allemand.
Otto Dix, Grünewald, La Crucifixion par Aude Briau, assistante scientifique de l’exposition. Le 13 octobre à 18h30.
Dix, Grünewald, La Tentation de saint Antoine par Aude Briau, assistante scientifique de l’exposition. Le 20 octobre à 18h30.
Otto Dix und der Issenheimer Altar. En allemand par le Dr. Gitta Ho, assistante scientifique de l’exposition. Le 3 novembre à 18h30.
Otto Dix et les deux guerres mondiales par Aude Briau. Le 10 novembre à 18h30.
Otto Dix in Colmar. En allemand par le Dr. Gitta Ho. Le 17 novembre à 18h30.
La technique picturale d’Otto Dix, un empreint aux Maîtres anciens ? par Daniel Schlier, peintre et professeur de peinture, responsable du groupe de recherche Peinture(s) au sein de la Haute école des arts du Rhin, Mulhouse-Strasbourg.
Le 24 novembre à 18h30.

Roni Horn

A la Fondation Beyeler, jusqu’au 1er janvier 2017
L’exposition de l’artiste américaine Roni Horn
(née à New York en 1955) réunit séries et ensembles de
pièces exceptionnelles, riches d’une grande diversité visuelle
et matérielle, couvrant les 20 dernières années.
Installations photographiques, travaux sur papier et
sculptures en verre se partagent l’espace
de six salles d’exposition dont l’ensemble peut être
appréhendé comme une unique installation.

L’exposition « Roni Horn » a été conçue en étroite
collaboration avec l’artiste et tout spécialement pour les
locaux du musée. Près de la moitié des travaux exposés
sont de nouvelles oeuvres qui sont présentées ici pour
la première fois.

Le concept d’identité et de variabilité se trouve
au centre de l’oeuvre de Roni Horn. Son travail montre
que la nature des choses ne coïncide pas obligatoirement
avec leur apparence visuelle. À travers son
travail, l’artiste s’attache à explorer subtilement
les attributions, et à mettre en évidence la mutabilité
et la diversité. Ce n’est pas un hasard si Roni Horn utilise
le verre, ou si ses motifs de prédilection sont
le climat et l’eau, dont les formes et l’état naturel
sont soumis à des changements constants.

Ses travaux sont le reflet palpable de ses réflexions en tant
qu’expériences intimes. En outre, la manipulation ludique
du langage et du texte ajoute à la compréhension
des pièces présentées.
Depuis le début des années 80, Roni Horn pratique
le dessin, et plus particulièrement la technique de
pigmentation qu’elle n’a de cesse de développer.
Dix de ses plus beaux dessins au pigment de la
dernière décennie réunis pour cette exposition proviennent
de collections suisses, mexicaines, norvégiennes et
nord-américaines.

Pour ces travaux sur papier
de grand format (environ 2 X 3 m chacun), Roni Horn prépare
plusieurs dessins abstraits similaires, les découpe très
proprement à la lame, puis les recompose dans un nouveau tableau.
Les structures linéaires d’une finesse extrême
confèrent à ces oeuvres un pouvoir attractif insolite.
Leurs surfaces à l’apparence poreuse, l’intensité
lumineuse des pigments minéraux ainsi que la délicatesse
des annotations au crayon ajoutées a posteriori renforcent
cette impression.

Roni Horn
Or 7, 2013-15
Pigment en poudre, graphite, fusain, crayon de couleur et vernis sur papier, 278,1 x 257,8 cm
Glenstone Museum, Potomac, Maryland
© Roni Horn
Photo: Tom Powel Imaging
Dans ses nouveaux travaux sur papier de la série
d’oeuvres Th Rose Prblm, 2015/16, illustrant la
confrontation créative entre langue et littérature,
Roni Horn utilise une autre technique de dessin
spécifique. Le processus de découpe et de collage est,
en revanche, identique. Il s’agit d’aquarelles
originales sur lesquelles on peut lire des locutions
nord-américaines où le mot «rose» apparaît. Pour
réaliser Th Rose Prblm, Roni Horn découpe ces aquarelles
manuscrites et les assemble pour former 48

nouvelles créations lexicales colorées et souvent surprenantes.
Un jardin de roses emplit la salle entière et fleurit devant les visiteurs.
Deux vastes installations photographiques, a.k.a., 2008/09
ainsi que ses récents travaux The Selected Gifts, (1974–2015), 2015/16,


illustrent la confrontation de Roni Horn avec le portrait en tant que
genre artistique. Quelques-fois, elle attire l’attention sur la diversité
manifeste de l’unicité d’une personne en confrontant de façon
non-chronologique des portraits photographiques d’elle-même tirés
de différentes tranches de vie. D’autres fois, un portrait plausible
de l’artiste se reflète à travers des photographies d’objets offerts par des amis et des connaissances au cours des 40 dernières années.

Roni Horn
Still Water (The River Thames, for Example), 1999 (Détail)
15 photographies encadrées, photographies et textes imprimés sur papier naturel, 77,5 x 105,4 cm chacune
Kunsthaus de Zurich, Collection graphique
© Roni Horn
La série Still Water (The River Thames, for Example),
achevée en 1999, un prêt du Kunsthaus de Zurich,
dresse également un portrait – celui d’un fleuve, à savoir, la Tamise.
Au travers de ces 15 images photographiques de la surface de l’eau,
dont la structure et la couleur semblent chaque fois
très différentes, ainsi que par le biais de textes courts,
Roni Horn se rapproche de ce fleuve, de ses
récits, de ses humeurs, de ses souvenirs.
«I think of my images of the Thames as a mirror.
All the associative images that coalesce around this work, whether
it is the similarity of the water with the desert or with aspic,
the endless range of imagery  is the result of photographing
something that is a master chameleon.
Or the ultimate mime. The ultimate mime is the thing
that keeps its distinction from everything else.
When you think about that fact – of imitation or
reflection and the possibility of losing your identity in
that connection – you realise how water
never loses its identity, it is always
discretely itself.»
[Roni Horn, 2007; fr.:
Je considère mes images de la Tamise comme un miroir.
Toutes les associations picturales rattachées à ce travail
– que ce soit la similitude entre l’eau et le désert, ou encore l’aspic,
l’éventail inépuisable d’images – sont les représentations
d’un caméléon hors pair. Ou du mime ultime.
Le mime ultime se distingue de tout le reste.
Quand on songe à cette réalité
– à l’imitation ou la réflexion en miroir, et la probabilité
de perdre son identité dans ce contexte – on se
rend compte que l’eau ne perd jamais son identité,
qu’elle reste toujours secrètement elle-même.]
La métamorphose d’un élément ou d’un motif,
telle qu’on la perçoit, par exemple, au travers de l’eau

Roni Horn
Still Water (The River Thames, for Example), 1999 (Détail)
15 photographies encadrées, photographies et textes imprimés sur papier naturel, 77,5 x 105,4 cm chacune
Kunsthaus de Zurich, Collection graphique
© Roni Horn
dans Still Water (The River Thames, for Example),
est une autre thématique présente dans les travaux
sculpturaux de Horn. Ses travaux de verre récents,
Water Double, v.1–3, 2013–16 donnent
l’impression que les objets cylindriques sont remplis d’eau.
Leurs surfaces apparaissent, dans le même
temps, transparentes, à tel point que l’on peut voir le fond,
et réfléchissantes, de telle façon que le visiteur peut y voir
son reflet. Cependant, ce n’est pas l’eau, mais les propriétés
du matériau – du verre fondu, coulé, moulé, puis refroidi
dans un état massif – qui créent l’illusion. En fonction de la lumière
changeante et des conditions météorologiques,
l’impact visuel des objets de verre se modifie, laissant
filtrer une lueur comme venue de l’intérieur.
Leur contemplation constitue une métamorphose et une
aventure spectaculaire en elle-même.

Roni Horn
Water Double, v.1, 2013-15
Blocs massifs en verre coulé et moulé, 131,3 cm (hauteur), 134,6-142,2 cm (diamètre conique) chacun
Theodora Vischer, Senior Curator à la Fondation Beyeler,
est la commissaire de cette exposition.
Née en 1955 à New York, Roni Horn a grandi dans le comté
de Rockland, dans l’État de New York.
Roni Horn partage sa vie et son travail entre New York et Reykjavik,
en Islande. Après avoir achevé ses études à la Rhode
Island School of Design (1972-1975) avec un diplôme
de Bachelor of Fine Arts, elle entreprend son premier voyage
hors des États-Unis et se rend en Islande, un pays qui aura une
grande importance pour son futur travail artistique.
En 1976-1978, elle passe à l’université de Yale
son Master of Fine Arts, spécialité sculpture.
Après ses études universitaires, elle obtient l’
Alice Kimball English Travelling Fellowship,
une bourse accordée par l’université de Yale, qui lui permet
d’entreprendre un long voyage à moto en Islande,
où elle reviendra régulièrement au cours des
décennies suivantes. La singularité de l’île, les caprices de son climat,
ses paysages abrupts, changeants et contrastés par les activités
volcaniques et géothermiques, sont pour l’artiste une source
incessante et primordiale d’inspiration.
Voici comment Horn résume sa relation avec cette île:
«I have used this place as an open-air studio of unlimited scale
and newness. In retrospect I see that I have chosen Iceland
the way another artist might choose marble as the
substance of one’s work. Iceland taught me to taste experience.
Because that’s possible here, because of the intensely physical
nature of experience on this island.»
[Roni Horn, 2006; fr.:
J’ai utilisé ce lieu comme un studio à ciel ouvert, à
l’envergure et la nouveauté infinies. A posteriori, je vois
que j’ai choisi l’Islande de la même façon qu’un autre artiste
aurait choisi le marbre comme matière première
pour son travail. L’Islande m’a donné goût à l’expérience.
Parce qu’ici, c’est possible, à cause de la nature intensément
physique de cette île.]

Commissaire Theodora Vischer, Senior Curator à la Fondation Beyeler
Commencée en 1990, la série continue de publications intitulée
To Place représente la confrontation la
plus manifeste de Horn avec l’Islande. Elle montre, entre autres,
des dessins et des photographies de geysers, fleuves glaciaires,
lave et sources thermales. Les dix volumes réalisés jusqu’ici sont
également présentés dans cette exposition.
Depuis de nombreuses années, les travaux de Roni Horn font l’objet
d’expositions dans les plus grands musées d’art moderne
et contemporains du monde entier. Ses oeuvres sont ainsi présentées
en 1995 et en 1998 au Museum Gegenwartskunst de Bâle, en 2000
au Whitney Museum of American Art de New York,
en 2002 au Dia Center for the Arts de New York,
et en 2003 au Centre Pompidou à Paris.

Roni Horn détail de collage
D’autres expositions majeures ont eu lieu en 2010 au
Kunsthaus de Bregenz, en 2012 dans la Collection Goetz,
en 2013 à la Schirn Kunsthalle de Francfort-sur-le-Main,
en 2014 à la Fundació Joan Miró de Barcelone, en 2015,
à la Fondation Vincent van Gogh d’Arles, et en début d’année au musée
De Pont de Tilburg aux Pays-Bas.
Des oeuvres de la Collection Beyeler issues de prêts de longue durée
sont présentées en parallèle à l’exposition « Roni Horn »,
reliées par un lien subtil aux travaux de Horn, ses thématiques de
prédilection et ses sources d’inspiration. Commence alors un exaltant
dialogue entre ces oeuvres remarquables issues de l’art moderne et contemporain.
Cette exposition s’accompagne de la publication d’une brochure
contenant un entretien avec l’artiste ainsi qu’un aperçu
des installations photographiées par l’artiste visuel suisse
Stefan Altenburger et présentées à la Fondation Beyeler.
Le vaste spectre thématique de l’exposition « Roni Horn » est
traité dans une série de manifestations
« Roni Horn. Focus » Des experts de domaines variés
apportent leurs éclairages sur plusieurs oeuvres
choisies de l’artiste en mettant l’accent sur les aspects
déterminants que sont l’identité, la langue,
l’eau et la perception dans l’oeuvre de Roni Horn.
Informations complémentaires sur le calendrier des
manifestations: www.fondationbeyeler.ch/fokus
L’exposition « Roni Horn » est soutenue par :
Beyeler-Stiftung Hansjörg Wyss, Wyss-Foundation
Helen et Chuck Schwab

EVA & ADELE YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION*

Au Musée d’art Moderne de la ville de Paris
jusqu’au 26 février 2017

EVA & ADELE (Métropolis)
YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION*
* Vous êtes ma plus grande source d’inspiration
EVA & ADELE,
autoproclamées The Hermaphrodit Twins in Art
(Les Jumelles hermaphrodites dans l’art),


sont un couple atypique et emblématique de l´art actuel.
Les artistes dépassent les frontières des genres dans une
transgression affirmée. Toujours vêtues de tenues identiques
surprenantes et ultra féminines, maquillées de paillettes
et le crâne rasé comme des hommes, elles cherchent à démontrer
que l’identité sexuelle n´est pas une question simple.

Tout en restant en retrait du système du marché de l’art,
EVA & ADELE sont, depuis plus de 25 ans, de tous les vernissages,
tous les lieux qu’elles considèrent comme des
« socles de représentation ».
Créant « l´événement dans l´événement »,
leurs apparitions ne relèvent pas de mondanités mais sont de
véritables performances dont chaque détail est
préalablement étudié et répété.

« Wherever we are is museum »
Tout lieu où nous sommes est musée. (E&A).

Considérant que tout ce qu’elles font est une oeuvre d’art,
EVA & ADELE fondent leur production artistique sur
des idées d’échanges permanents avec le public,
dans une véritable symbiose entre art et culture de masse,
entre vie publique et sphère privée. Leur action est basée
sur une réflexion sur le rôle social de l’artiste dans la société contemporaine.
« Coming out of the future ». Tout droit venues du futur. (E&A)
Refusant toute référence à leur passé avant leur rencontre en 1989,
EVA & ADELE déclarent être venues du futur.

Adoptant le mot « FUTURING » comme logo, les artistes
souhaitent initier de nouveaux modes de vie et de genre.
L’exposition YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION
est conçue à partir d’un don fait par EVA & ADELE
au Musée d’Art moderne en 2013 :
deux installations vidéo, deux sculptures et une édition.
Hellas (1989/2001/2007), installation vidéo se déployant
sur sept projections simultanées, évoque la toute première
rencontre des deux artistes et illustre leur évolution
progressive vers une identité sexuelle de plus en plus fusionnelle.


Wings I, II et III (1997/98), vidéos, relèvent
d’une démarche de répétition comme mode de progression.
Non rien de rien (1991) et Biographische Skulptur n°7 (1993/2006), deux sculptures autobiographiques, intègrent des objets personnels.


Polaroid Diary (1991/2005) est constitué de 1500 autoportraits
en polaroïd réalisés quotidiennement par les artistes,
selon un rituel très codifié avant de sortir et de se laisser
photographier par d’autres.

L’exposition est complétée par une sélection d’oeuvres phares,
représentatives de leur activité depuis près de 25 ans, tels le
camping-car rose (Biographische Skulptur n°2, B-EA 5800, 1999/2006),
le premier « double » costume en vinyl rouge (Red Vinyl Costume, 1991),
ainsi que plusieurs peintures de la série MEDIAPLASTIC.


Dans cette dernière série, EVA & ADELE interrogent
les mécanismes de la diffusion de leur image à travers les médias.
Sans sourciller, elles se confrontent aux regards, elles répondent

à l’étonnement par un immense et double sourire,
parfois par un éclat de rire. Leur différence est l’expression
de leur tolérance, leur présence, celle de la liberté.
Avec l’éclat et la perfection de leur ressemblance, elles accomplissent
une des plus belles performances d’artistes.


La première fois que je les ai vues, c’était à Art Basel,
il y a des années, elles m’ont tout de suite intriguées.
Elles sont rayonnantes, courtoises.

Depuis leur rencontre en 1989, elles vivent ensemble,
elles se sont mariées en 2011 en tant que couple
du même sexe. Ce mariage fut rendu possible parce que
la transsexualité d’Eva avait été reconnue officiellement


.
J’ai déjeuné en leur compagnie cette année 2016 durant la foire de Bâle.
C’est à Basel que nous avons eu une conversation sur le concept de
leur art, qui mélange vie et art. Elles jouent sur la différence
ou l’indifférenciation sexuelle en recourant aux codes
comportements
vestimentaires de notre société.


C’est l’interaction avec le public qui est leur motivation.
Elles envisagent de créer une fondation, pour permettre de
pérenniser leur concept par d’autres artistes.

Commissaire de l’exposition :
Julia Garimorth
Emission d’Antoine de Caunes avec Eva & Adele
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr
Ouvert du mardi au dimanche
De 10h à 18h

Un catalogue est en vente à la boutique du musée
YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION
éditions Hirmer

Maya Rochat « META FILTRES »

à La Filature, Scène nationale – Mulhouse,
jusqu’ au dimanche 30 octobre 2016

Maya RochatMaya Rochat utilise la photographie comme outil d’investigation du réel et en fait un instrument poétique. Alliant inspiration instinctive et un important sens graphique, elle entremêle photographies, peintures, dessins et sculptures qu’elle détourne, déconstruit et recompose… pour former des ensembles visuels complexes.
À La Filature, elle invite le spectateur à inventer sa propre trame narrative.
En effet dès l’entrée la question se pose : sommes-nous dans
un magasin de décoration, une galerie d’art ?
C’est une expérience physique, sensorielle, quelques images sont
présentées de manière classique encadrées, tandis que d’autres
débordent du cadre de façon exubérante, vers l’infini.
Maya Rochat 3
Il faut s’approcher des images, en voir les détails, prendre du recul,
afin de récréer son propre univers, son histoire personnelle.
photographie, collage, peinture, installation…
Face au flux d’images qui défilent aujourd’hui dans une
sorte de bourdonnement ininterrompu, Maya Rochat
impose une rupture.
Son univers est composé de paillettes et d’autres divers objets
qui brillent, de magazines découpés, d’illustrations,
de personnages étranges…
Elle s’inspire de son environnement immédiat :
des portraits de son entourage, de paysages, des détails trouvés,
mais aussi de ses propres écrits. Tous ces
éléments forment un tissu visuel dense et intime qui compose
la base même de son travail. Avec énergie et instinct,
elle détourne, déchire, lacère, dissèque, peint, dessine,
avant de réassembler les motifs pour créer des compositions
chargées symboliquement et radicalement associatives.
Maya Rochat 2
En effet, Maya Rochat raisonne par idées qui prennent à chaque fois une forme différente : une photo, une vidéo, un collage. Et même à l’intérieur
du médium choisi, elle crée un nombre infini de déclinaisons.
S’interrogeant du consumérisme dans l’art, dû à la digitalisation
de tout ce qui nous entoure, l’artiste rajoute
un détail donnant naissance à une oeuvre nouvelle.
Réunies ensemble, ces pièces éparses donnent lieu à une
installation harmonieuse.
Maya Rochat 1
En réaction à l’immatérialité post-internet,
Maya se confronte directement aux surfaces et met ainsi en
exergue la structure et la corporalité des images en volume.
une expérience immersive
Nourrie à l’énergie de la musique métal et de l’atmosphère de ces concerts,
ses images sont suggestives, saturées, sapent les codes d’interprétation
usuels et troublent les modes de perception de ceux qui les
regardent. À l’opposé de la démarche documentaire,

Maya Rochat, Photo Samuel Antoine
Maya Rochat, Photo Samuel Antoine

Maya Rochat offre une expérience immersive qui interroge la capacité de la photographie à représenter le réel.
Il y a dans ses oeuvres bruyantes de la tension,
mais aussi une douceur que le visiteur ne trouve qu’après
avoir repoussé ses propres limites et traversé
le chaos, comme lors d’un processus cathartique.
Maya Rochat
création in situ en septembre 2016 à La Filature
Pour cette première exposition individuelle de cette envergure,
Maya Rochat était en résidence de création
du 12 au 16 septembre, avant le vernissage le 24.
L’installation qu’elle propose à La Filature est conçue in
situ, spécifiquement pour les 300m2 de la Galerie.
Elle y présente une exposition-installation associant les
images fixes (photographies, peintures) et animées (projections), collages…
Maya Rochat
Née en 1985 en Suisse et diplômée de 2 prestigieuses Écoles d’art
(HEAD de Genève et ECAL de Lausanne),
Maya Rochat travaille et vit entre Berlin et la Suisse.
Elle est membre de l’association suisse Visarte, de STATE
OF THE ART Berlin et du collectif zürichois U5.
Pendant sa formation en 2008-2009, elle effectue un séjour à l’École
supérieure d’arts appliqués de Hambourg, la Hochschule für
bildende Künste Hamburg (HFBK).
Elle obtient en 2009 un Bachelor en
communication visuelle, département de photographie à l’École
Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), récompensé par un prix
d’excellence. Depuis 2012, elle est diplômée d’un master avec
mention, à la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève. Sa
série Es stinkt der Mensch, solang er lebt a gagné plusieurs sélections,
dont le prix de l’ECAL pour l’excellence du travail.
Maya Rochat 5
Depuis 2010, Maya Rochat s’implique en parallèle de sa pratique
personnelle, dans divers projets collectifs avec l’ambition de proposer
des projets poétiques et critiques. Elle est cofondatrice de La
Minoterie, un espace d’art indépendant créé en 2010 aux anciens
Moulins Rodynam à Orbe. Elle a également été membre de NEAR,
dont membre du comité de 2011 à 2012.
www.mayarochat.com
Maya Rochat et Emmanuelle Walter
Commissaire : Emmanuelle Walter.

Sommaire de septembre 2016

Louisiana de Copenhague
au musée Louisiana de Copenhague

06 septembre 2016 : Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter
08 septembre 2016 : Nicolas Darrot, Règne analogue
10 septembre 2016 : Basquiat, Dubuffet, Soulages… Une collection privée
12 septembre 2016 : Eugen Gabritschevsky
18 septembre 2016 : Les voyages forment la jeunesse
23 septembre 2016 : « Lux Umbrae » d’Alberto Mecarelli

« Lux Umbrae » d’Alberto Mecarelli

Jusqu’au 30 septembre 2016
C’est un travail d’ombre et de lumière, qu’Adalberto Mecarelli
propose avec son exposition :
« Lux Umbrae » à l’abbaye de Silvacane.
 » La lumière est mon matériau, le seul absolument, dira t il ».
(comme pour tout le monde d’ailleurs,
même et surtout pour ceux qui l’ignorent).
De l’art de cet artiste naissent des sculptures éphémères,
immatérielles et cependant réelles.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-A
La puissance de l’œuvre d’Adalberto Mecarelli
entraîne le visiteur dans une nouvelle relation au sacré.
Biographie :
Adalberto Mecarelli est né à Terni, en Ombrie le 25 janvier 1946.
Il est titulaire d’un diplôme de maître fondeur
de l’Institut d’Art de sa ville natale, a suivi des cours de peinture
à l’Académie des beaux-arts de Rome.
Il s’installe à Paris en 1968, alors que son œuvre est déjà repérée.
C’est une année faste sur le plan politique quant
au renouvellement des institutions artistiques.
Son intérêt pour la sociologie et les cours qu’il suit
à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes jusqu’en 1970,
confirment sa volonté de chercher encore et encore.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-C.
Dès les années 1973 il engage son travail de sculpteur
dans une expérimentation plastique qui fera de la lumière
le point central de sa recherche. Il est fasciné par le double aspect de cette matière,
à la fois matériau façonnable et élément éclairant.
Son œuvre, d’une géométrie à l’esthétique rigoureuse,
se traduira dès lors par des projections lumineuses in situ.
Le dialogue avec l’architecture et le paysage urbain sera
l’élément moteur à partir duquel vont naître
des formes lumineuses qui tout en éclairant l’espace,
en prolongent les possibilités plastiques et le sens esthétique.
Parallèlement, entre 1983 et 1985, il développe ses premiers
travaux d’images de synthèse, une recherche sur
la création assistée par ordinateur qu’il poursuivra
aux Etats-Unis et au Japon jusqu’en 1985.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-b.
Cette période s’achèvera avec ses premiers voyages
en Inde où il se rendra pour étudier les 5 observatoires
astronomiques de Jaipur bâtis au 18e siècle par le maharajah Jai Singh II.
Dans les œuvres de Mecarelli, le jeu de l’ombre et de la lumière,
du vide et du plein, du noir et du blanc amène physiquement
le spectateur dans l’espace de l’oeuvre. C’est un travail qui ouvre
des passages au travers desquels le visiteur découvre parfois
une plasticité à l’esthétique insoupçonnée. Une de ses réalisations a eu lieu pendant la Nuit Blanche 2012 à Paris à l’église St Eustache. Entre la tombée de la nuit et la naissance du jour suivant, un demi-cercle de lumière avait été projeté sur le toit de l’église Saint-Eustache. En fragile équilibre, la projection paraissait comme suspendue dans le vide. L’œuvre, intitulée « Luna », était visible d’un lieu particulier, sorte d’observatoire, depuis une rue du quartier.
mecarelli_s_507613466_north_205x259_white
L’œuvre de Mecarelli tient sa consistance d’une part de son expression physique, c’est-à-dire l’expression de la lumière dans son rapport dialectique avec l’ombre et d’autre part de la construction qu’elle compose avec les éléments constitutifs, au sens le plus large, de l’espace dans laquelle elle s’inscrit et habite. Nul hasard si Adalberto Mecarelli choisit si souvent dans son expression artistique, les espaces patrimoniaux. Ces lieux sont tout naturellement porteurs d’une forte charge esthétique qui nourrit à la fois le réel et l’imaginaire.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-D.
A l’occasion d’une intervention dans plusieurs sites majeurs
de Terni, cité ombrienne où, il y a encore peu, des industries
métallurgiques faisaient vivre un prolétariat nombreux,
Mecarelli, originaire de cette ville, affirme :
« J’ai appris ici à fondre le métal : seul un
fondeur sait vraiment de quoi est faite la lumière. »
En réponse aux commandes qui lui sont faites,
ce ne sont donc pas des objets qu’il pose dans
l’espace mais, par la médiation de la lumière, c’est
bien avec lui qu’il entre en dialogue. Simplement,
au lieu de l’occuper de façon durable en y installant
une présence matérielle, c’est sur un mode immatériel
qu’il y introduit, au sein d’un dispositif éphémère
dont il est l’auteur, une donnée qui intègre le caractère,
le temps et l’histoire du site.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-N
Le vocabulaire formel de Mecarelli, tributaire de
l’abstraction géométrique, du minimalisme et de
l’art conceptuel, couple ces héritages aniconiques
avec la lumière et, en les projetant hors les murs
des institutions artistiques, les amène à converser
avec l’architecture, les façades, la mémoire des
bâtiments et des villes. Pas d’images mais des
expérimentations, une démarche qui mobilise
la lumière à la fois comme outil d’investigation
et matériau de construction
Podcast sur France culture, entretien avec Aude Lavigne,
dans la Vignette, où l’on apprend que l’artiste a exposé au
musée de l’Electricité de Mulhouse
photos d’Adalberto Mecarelli