Anders Zorn

Jusqu’au 17 décembre 2017
Le Petit Palais présente une grande rétrospective consacrée à
Anders Zorn (1860-1920), grande figure de la peinture
suédoise. Pourtant reconnu et admiré à Paris au tournant des
XIXe et XXe siècles, Zorn n’a pas été célébré dans la capitale
depuis 1906 ! Près de 150 oeuvres permettent de retracer le
parcours de ce grand artiste, ami et rival de Sargent, Sorolla,
Boldini et Besnard, à la fois aquarelliste virtuose, peintre
talentueux et graveur de génie. Cette exposition devrait
marquer le retour en grâce d’un maître resté très populaire
en Scandinavie et célébré avec succès à San Francisco et New
York en 2013 et 2014.
Anders Zorn connut une vie digne des meilleurs romans, celle d’un
garçon né dans une famille pauvre, abandonné par son père, qui à
force de travail, a connu la gloire et la fortune. Après une formation à
l’Académie royale des arts de Stockholm, il quitte à vingt ans sa Suède
natale pour sillonner l’Europe : l’Espagne d’abord, puis Londres et
Paris. Suivront la Turquie, l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Nord et des
séjours triomphaux aux États-Unis. Ce cosmopolite suscite très tôt
l’admiration pour ses grandes aquarelles. Sa virtuosité s’exprime
pleinement dans son art de représenter l’eau.
Ce motif deviendra récurrent dans son oeuvre :
archipel de Stockholm, côte nord-africaine,
lagune vénitienne, port de Hambourg, vagues de l’Atlantique…
Zorn saisit comme personne le mouvement perpétuel des flots.
Lors de ses nombreux séjours à Paris, Zorn alterne
l’aquarelle avec la peinture à l’huile et se spécialise dans
l’art du portrait. Son style qui mêle élégance et sophistication
est très apprécié de ses commanditaires. Son sens inné du cadrage
et sa maîtrise de la lumière font de chaque oeuvre un
grand moment de peinture et d’élégance.
Aux États-Unis, les banquiers, magnats de l’industrie, présidents
et autres hommes politiques s’arrachent ses portraits.
Il devient en quelques années l’un des peintres mondains les
plus respectés et les plus demandés. Zorn connaît alors
un succès phénoménal. Artiste complet, il est également
un graveur de génie très inspiré de Rembrandt dont il
collectionne les estampes.
À la fin du XIXe siècle, Zorn s’installe avec son épouse
à Mora en Suède, dont l’atelier-maison se visite toujours
aujourd’hui. Sa peinture magnifie la nature et les traditions
populaires suédoises. Le Bal de la Saint-Jean, véritable
déclaration d’amour à sa région, la Dalécarlie,
et à ses longues nuits d’été est devenu un classique de
l’histoire de l’art en Suède.
Le parcours et la scénographie rappellent cette vie
multiple à travers des ambiances très différentes.
Des agrandissements de photographies de Zorn, pour
la plupart inédites, ponctuent également la visite.
L’exposition bénéficie des plus belles pièces du musée
Zorn à Mora et du Nationalmuseum de Stockholm,
tous deux partenaires du projet.
D’importants prêts d’autres institutions scandinaves et
françaises complètent la présentation, notamment
la Bibliothèque nationale de France.
COMMISSARIAT :
Johan Cederlund : directeur du Zornmuseet, Mora
Carl-Johan Olsson : conservateur au Nationalmuseum de Stockholm
Christophe Leribault : directeur du Petit Palais
Dominique Morel : conservateur général au Petit Palais


ART / DESIGN / INNOVATION
Les débuts : entre Suède, Espagne et Londres
Zorn est issu d’un milieu modeste.
Il passe son enfance à Mora, en Dalécarlie, au centre de
la Suède dans une région très rurale. Son habileté
à dessiner et sculpter le fait toutefois remarquer et à l’âge
de 15 ans, il est envoyé à l’Académie des Beaux-Arts de Stockholm.
En désaccord avec son directeur, il en démissionne en 1881
et part se former à l’étranger. Il se rend en Espagne en passant
par Londres et Paris.
« Ici, il fait chaud et il y a du soleil, des jolies filles et des
mendiants pittoresques. Un vrai paradis pour les peintres »,
écrit-il.
À l’automne 1882, il s’installe à
Londres, dans le quartier à la mode de Mayfair. Il acquiert
très vite une réputation d’excellent portraitiste et reçoit de
nombreuses commandes.
Il retourne en Suède en 1885 pour épouser Emma Lamm,
jeune femme issue de la haute bourgeoisie de Stockholm
avec laquelle il s’était fiancé secrètement en 1881.
Sa situation économique est désormais
suffisamment assurée pour lui permettre de fonder
un foyer, la position sociale de sa belle-famille lui apportant
de plus une nouvelle clientèle.
Les grandes aquarelles qui lancent sa réputation :
effets d’eau, d’Istanbul à Saint Ives
Très tôt, Zorn est reconnu comme un aquarelliste de talent.
En 1880, il expose à l’Académie de Stockholm son aquarelle
En deuil qui suscite l’admiration générale.
Au contact du peintre suédois Egron Lundgren
(1815-1875), il apprend à utiliser toutes les ressources de
la peinture à l’eau, du glacis le plus léger jusqu’aux
applications les plus couvrantes qui ne laissent pas transparaître
le blanc du papier. Les aquarelles de Zorn, souvent d’un format
monumental, rendent compte des itinéraires
d’un peintre voyageur qui, d’Ouest en Est et du Nord au Sud,
égrène les villes étapes : Constantinople, Alger, Saint Ives en
Cornouailles, Hambourg, sans oublier la lagune vénitienne,
ni l’archipel de Stockholm.
Dans ces vues de ports, dans ces marines, Zorn excelle à rendre le
mouvement de l’eau,
« à mettre – selon son expression – les vagues et les clapotis en
perspective
».
Souvent les personnages sont réduits au rôle
de faire-valoir et ne sont là que pour souligner la grandeur
et la beauté de l’élément liquide.

PARCOURS DE L’EXPOSITION
La décennie parisienne
En 1888, Zorn s’installe à Paris pour exécuter le portrait du banquier
Ernest May et celui de ses enfants. Par son intermédiaire, il fait la
connaissance de personnalités du monde politique et artistique :
Antonin Proust, Armand Dayot, la danseuse Rosita Mauri,
l’acteur Coquelin cadet, ses futurs clients et amis. La même année,
l’État lui achète pour le musée du Luxembourg
Un pêcheur à Saint-Ives
qu’il vient d’exposer au Salon. D’abord établi rue Daubigny,
Zorn emménage durablement boulevard de Clichy.
Il envoie sept oeuvres à l’Exposition universelle de 1889.
Peu après, il est nommé chevalier de la  Légion d’honneur.
En 1890, Zorn participe en tant que sociétaire étranger au
nouveau Salon de la Société nationale des Beaux-Arts.
En même temps, il expose dans des
galeries privées, chez Georges Petit et chez Durand-Ruel.
Il triomphe au Salon de 1891 en envoyant pas moins de
douze oeuvres. En 1892, il y présente
son tableau Omnibus qui le fait passer pour un «révolutionnaire»
et, en 1893, il doit retirer de l’exposition sa Vénus de la Villette,
jugée choquante. En 1895, Zorn participe aux côtés de plusieurs
de ses amis, Rodin, Whistler, Besnard, Thaulow au premier
salon de l’Art Nouveau à la galerie Bing.
En moins de dix ans, Zorn est devenu une figure très
en vue de la vie artistique parisienne avec laquelle il va
toujours rester en contact.
Les portraits de société
Aux côtés de Sargent, de Carolus Duran et de Boldini,
Zorn est l’un des portraitistes les plus recherchés de la fin
du XIXe siècle. Sa technique spontanée et instinctive
doit beaucoup à sa pratique de l’aquarelle. Il
utilise des couleurs abondamment diluées et les
applique d’un pinceau rapide et léger sans avoir dessiné
le motif au préalable.
Il préfère peindre ses portraits chez
ses commanditaires plutôt que dans son atelier
de façon à mieux saisir la personnalité et la psychologie de chacun
de ses modèles. Le décor et les accessoires jouent d’ailleurs un rôle
important pour définir et caractériser le sujet représenté.
Un grand nombre de portraits de Zorn ont été exécutés en
Amérique, au cours des sept voyages qu’il y effectua.
Banquiers, magnats de l’industrie, hommes politiques –
dont trois présidents des États-Unis – tous
étaient disposés à dépenser des sommes colossales
pour se faire tirer le portrait par Zorn. Tout en fréquentant la
haute société internationale, Anders Zorn demeure marqué
par la modestie de ses origines.
«Zorn reste toujours un paysan aux bras musclés pour étreindre
la réalité nue», remarque un critique.
Un graveur à succès
En 1882, Zorn fait la connaissance à Londres d’un compatriote
Axel Herman Haig qui l’initie à l’art de la gravure. Arrivé
à Paris en 1888, il expose régulièrement à la Société des
peintres-graveurs français, qui joue un rôle déterminant dans
le renouveau de l’eau-forte originale. L’exposition
organisée en 1906 à la galerie Durand-Ruel consacre définitivement
Zorn comme un maître de l’estampe. Il est alors le graveur le plus
cher et ses planches atteignent des prix records en vente
publique de
Paris à New York. Au total, l’oeuvre gravé
de Zorn comporte 288 numéros,
essentiellement
des portraits et des nus.
Zorn grave vite et fort, sabrant la
planche de tailles posées en diagonales.

Le portrait de Marcellin Berthelot aurait été réalisé en moins
de vingt minutes et le dessin préparatoire au portrait de Renan
en moins d’une heure. Parmi les influences qui transparaissent
dans son oeuvre, celle de Rembrandt – dont il collectionna les
gravures – se révèle évidente.
Il rejoint le maître hollandais dans son goût pour l’esquisse et
pour l’improvisation, affectionne les contrastes d’ombre et de lumière
et prend plaisir à se représenter lui-même. Enfin, comme Manet,
un autre exposant de la Société des peintres-graveurs, il n’hésite
pas à reprendre en gravures ses compositions peintes, parfois
en les modifiant et en les adaptant.
Zorn à la Bibliothèque nationale de France
Célèbre ébéniste et antiquaire, Alfred Beurdeley (1847-1919)
fut un des premiers amateurs et admirateurs de Zorn.
Il lui confia d’ailleurs le soin d’exécuter son portrait peint.
En 1906, il présida le comité de l’exposition
Zorn organisée à la galerie Durand-Ruel.
À l’issue de l’exposition, il donna à la Bibliothèque nationale
99 estampes de l’artiste
.
Le même jour, Zorn, lui-même, fit don de 40 estampes.
Ces dons furent complétés en 1943 par les 68 pièces de
la collection
Curtis. Américain d’origine mais établi en France
depuis 1904, Atherton Curtis (1863-1943) légua par testament à la
Bibliothèque 
nationale sa collection. Il possédait un bel
ensemble de gravures de Zorn parmi lesquelles les portraits
de Renan
, d’Anatole France, du roi Gustave V de Suède et une série
de baigneuses.
Au total, sur les 288 estampes de Zorn répertoriées par
Karl Asplund
dans son catalogue publié en 1920,
212 figurent dans le fonds de la Bibliothèque

nationale de France, ce qui en fait une des collections de
référence, ses gravures ayant été chacune tirées à peu
d’exemplaires et soigneusement signées par l’artiste.

La Suède traditionnelle
En 1896, Zorn et sa femme quittent Paris pour retourner s’installer à
Mora. Situé dans la province de Dalécarlie, au bord du lac Siljan, Mora
est alors un village même s’il a servi de théâtre à plusieurs événements
historiques fédérateurs pour l’histoire de la Suède : c’est à l’abri de ses
monts que se réfugie au XVIe siècle le roi Gustave Vasa, avant
d’entreprendre la reconquête de son pays.
Zorn apprécie de pouvoir mener à Mora une vie simple et authentique
au contact de la nature, ainsi qu’à Gopsmor, à une vingtaine de
kilomètres, dans une autre maison de bois plus isolée que sa belle
demeure de Mora qui deviendra plus tard un
musée. Il va d’ailleurs réunir progressivement un ensemble
de bâtisses anciennes qui forment au bord du lac un musée de
plein air dédié à la vie paysanne. Il trouve dans la réalité
quotidienne les sujets  de nombreux tableaux

: la vachère dans la forêt, le violoneux ou les femmes
de Mora vaquant à leurs occupations. La peinture dont il était
peut-être le plus fier, Danse de la Saint-Jean (1897), n’est pas
seulement une déclaration d’amour à la Dalécarlie et à ses
longues nuits d’été, elle est également devenue un classique
de l’histoire de l’art suédois.
Nus et baigneuses
À la fin des années 1880, Zorn commence à peindre sur le motif des nus
en plein air. Sans travestissement ni prétexte mythologique quelconque,
il représente des femmes au naturel se baignant dans le vaste archipel
de Stockholm. Il peut étudier à loisir l’effet de la lumière sur le corps
humain. Les nus de Zorn ont parfois été comparés à ceux de Renoir
qui expose en 1887, à la galerie Georges Petit, ses Grandes baigneuses,
lesquelles ont peut-être donné l’idée à Zorn de peindre l’année suivante
ses premiers nus.
« Les modèles de Zorn sont des gaillardes, mais
femmes aussi, femmes par la qualité de la chair, comme les femmes de
Renoir, mais d’une structure plus élancée et d’un plus
élégant athlétisme», écrit Henri Focillon en 1922.
À la fin de sa vie, Zorn multiplie les dessins et estampes de nu
dans une quête érotique effrénée. L’accent est beaucoup moins
porté sur le lieu et sur l’atmosphère que sur la peau
des corps nus. L’asservissement au réel qu’implique
l’abondant usage qu’il fait des clichés photographiques peut
expliquer ce changement de perspective.
C’est un beau complément à lexposition l’art du pastel du
Petit Palais

De la Tête aux Pieds, dans la collection Würth

DE LA TÊTE AUX PIEDS.
La figure humaine dans la Collection Würth
Le musée Würth d’Erstein  présente
cette exposition jusqu’au 10 septembre 2017.
Elle est composée de 9 sections, divisées en
8 thématiques

Dans Par-delà bien et mal, Friedrich Nietzsche écrit :
« En l’homme s’unissent créature et créateur : en l’homme,
il y a de la
matière, du fragment, de la profusion, de la glaise,
de la boue, de l’absurdité, du chaos ; mais en l’homme, il y a aussi
du créateur,
du sculpteur, de la dureté de marteau », c’est-à-dire
des forces créatrices et des capacités artistiques
.
extrait du catalogue ( texte Beate Elsen-Schwedler)

Marc QUINN AAA GTATA GGCAG 2009 Bronze et matières plastiques Collection Würth - Inv. 13583
Marc QUINN
AAA GTATA GGCAG
2009
Bronze et matières plastiques
Collection Würth – Inv. 13583

L’exposition propose à travers 130 peintures, dessins,
sculptures et installations issus de la Collection Würth
un propos passionnant sur la représentation de la figure
humaine dans l’art. Le nombre important d’oeuvres
présentées, de la fin du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui,
comprend des pièces majeures de la collection Würth,
ainsi que de récentes acquisitions.
vidéo Gilles-Dan MOYAL de la télévision locale
d’Erstein à visionner ici

Jonathan Green, Pride 1990
Jonathan Green, Pride 1990

Depuis toujours les représentations de la figure humaine
ne se sont pas seulement attachées à représenter une
réalité physiologique, mais ont cherché aussi à interroger
la nature humaine de manière formelle. Sujet essentiel
et universel dans l’histoire de l’art occidental – notamment
à travers l’art du portrait et du nu -, la figure humaine
consacre l’artiste dans son rôle de « créateur » au sens littéral
du terme et lui permet d’interroger sa place dans le monde.
Du corps idéalisé de la statuaire grecque au corps-objet
d’expérimentation dans l’art contemporain, cette représentation
n’a cessé d’évoluer à travers l’histoire : après les
débordements d’un XXème siècle meurtrier et la montée
en puissance de la société de consommation, un nouveau
rapport de l’homme au monde se manifeste, se traduisant
par une nouvelle perception du corps : un corps contemporain
envisagé comme une option modulable.
Antony Gormley
Antony Gormley

Aujourd’hui les possibilités de traitement numérique
et chirurgical ont rendu floues les frontières entre ce qui
est naturel et ce qui est transformé par la main de l’homme.
De plus en plus de gens ne considèrent plus leur corps
comme un cadeau divin ou naturel qu’il convient d’accepter,
mais comme une masse évolutive – un objet de consommation
– qu’on peut manipuler à souhait,
en fonction de son porte-monnaie ou du talent d’un chirurgien.
Les diktats et les normes sociales actuelles relatives à
l’apparence sont telles que l’indice de masse corporelle (IMC)
semble avoir pris le pas sur le bien-être réel.
Katsura Funakoshi
L’exposition aborde des thématiques aussi variées que le corps
idéal, son impermanence, le corps fragmenté, le portrait
et l’autoportrait, l’éternel féminin, etc., à travers les oeuvres
de près de 100 artistes différents, de Pablo Picasso à
Georg Baselitz, en passant par Andy Warhol, A.R. Penck,
Marc Quinn, Jaume Plensa, Magdalena Abakanowicz ou
Gilbert & George.
Mark Quinn, Hoxton Venus, béton 2006
Mark Quinn, Hoxton Venus, béton 2006

Le corps idéal
Pour Mark Quinn, la mutation du corps est un questionnement
récurrent dans son travail. Entre corps idéal et mutation,
le putto en bronze, en couches, avec des jouets à ses pieds,
entouré d’une chaîne ADN, et la femme enceinte.
On se souvient de l’athlète handicapée, enceinte
exposée à la 53 biennale de Venise et les jeux paralympique

de Londres 2012

Jawlensky, Tête mystiqie 1918
Jawlensky, Tête mystiqie 1918

La galerie des portraits
Pour Alexej von Jawlensky, on peut
constater l’évolution dans la manière de
présenter la figure humaine dès 1918
de façon moderne, puis en 1935 de manière
presque abstraite.
Jawlensky, Méditation 1935
Jawlensky, Méditation 1935

L’Eternel féminin ou les métamorphoses d’Eve
Tantôt Madone, cocotte, mère, triste, mélancolique,
Claude Émile SCHUFFENECKER Nu accoudé - Femme nue assise sur un lit 1885 Huile sur toile Collection Würth - Inv. 14229
Claude Émile SCHUFFENECKER
Nu accoudé – Femme nue assise sur un lit
1885
Huile sur toile
Collection Würth – Inv. 14229

Le corps de l’artiste
C’est la question de l’identité, mais aussi de la multiplicité
des taches que le corps peut exécuter et que la société peut
lui demander. C’est le même personnage Martin Liebscher
qui se trouve au sein de la rédaction de son journal.
Martin Liebscher, Redaktion, 2002
Martin Liebscher, Redaktion, 2002

Les surpeintures d’Anulf Rainer, qui poursuivent en un processus pictural
permanent la dissolution du tableau d’origine, prennent bien souvent
le propre Moi pour sujet et se transforment alors en un acte relevant
de la performativité. Ce travail autocentré systématique sur son propre visage
ou son propre corps ne trouve toutefois pas ses racines dans le narcissisme.
Bien au contraire : l’existence artistique devient le seul moyen de légitimer
l’art à l’ère de sa fin. Ces tableaux deviennent ainsi l’expression d’une certaine
absence de parole :
arnulf-rainerLes mannequins et doubles artificiels
L’œuvre plastique de Tadeusz Kantor est fortement influencée par la Pologne et son contexte politique. Les sujets récurrents en sont l’enfance (durant la guerre 1940-45), son village natal de Wielopole, la mort… Il aborde des thématiques comme le pouvoir et ses abus, la violence, et la permanence des souvenirs. Ici, la Classe morte

Thadeusz Kantor
Le corps en écho
Des corps qui se touchent, qui se tiennent de manière presque
parallèle, statique.

Alberto Magnelli, les Mariés, 1914
Alberto Magnelli, les Mariés, 1914

Les citations et affinités
Certains artistes pour rendre hommage à leurs aînés,
se sont inspirés de leurs oeuvres  emblématiques
Christof Kohlhöfer, the Ensor Girl, 2006
Christof Kohlhöfer, the Ensor Girl, 2006

C’est une exposition très riche en oeuvres, qui est assortie d’un
grand nombre d’évènements :
Des ateliers, des conférences, des visites guidées gratuites
le dimanche à 14 h 30
dont vous trouverez la liste ci-dessous
des concerts

HORAIRES
Du mardi au samedi de 10h à 17h
Le dimanche de 10h à 18h
Fermé tous les lundis

Stephen Cripps. Performing Machines

Au Musée Tinguely de  Bâle jusqu’au – 1er mai 2017
Le Musée Tinguely présente la première grande exposition
monographique de l’artiste britannique d’exception
Stephen Cripps (1952-1982).

Stephen Cripps, Floating Fire Machine, 1975 Crayon, encre noire et bleue, fusain sur papier 29,5 x 41,8 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive)
Stephen Cripps, Floating Fire Machine, 1975
Crayon, encre noire et bleue, fusain sur papier
29,5 x 41,8 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive)

Dire que Stephen Cripps est dans la pure lignée de Tinguely
est un euphémisme. Il a ce même goût pour les machines
qui s’autodétruisent, les performances pour le fun,
pour la mécanique et sa fabrication.
STEPHEN CRIPPS. PERFORMING MACHINES
rassemble plus  de 200 oeuvres, parmi lesquelles quelques films
et « Sound Works », de nombreux dessins et collages, le tout donnant
une vue d’en-semble sur le riche univers de l’artiste et ses idées hors
du commun. Cripps s’intéresse au départ pour les sculptures et
machines cinétiques, mais aussi pour les feux d’artifice et le potentiel
poétique de la destruction ainsi que pour de nouvelles formes de musique,
et c’est à travers tout cela, notamment dans les champs performatifs,
qu’évolue sa pratique artistique hautement expérimentale.
Les performances de Cripps constituent des expériences radicales
et limites qui seraient aujourd’hui inconcevables compte tenu des risques
qu’elles représentent pour le public et leur environnement.
Bon nombre de ses idées sont retransmises via le dessin et bien souvent
n’ont pas été réalisées. L’art de cet artiste prématurément décédé (1982)
portait surtout sur l’expérimentation sonore.
En montrant toutes les facettes et médias du travail de Cripps,
le Musée Tinguely donne à le (re)découvrir pleinement.

Stephen Cripps, sans titre, (Machine Carrying Hot Air Balloon), 1970 – 1976 Crayon et gouache sur papier ligné 25,1 x 20,2 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive
Stephen Cripps, sans titre, (Machine Carrying Hot Air Balloon), 1970 – 1976
Crayon et gouache sur papier ligné
25,1 x 20,2 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive

Vie et oeuvre
La pratique artistique de Cripps échappe délibérément à toute
catégorisation. Il ne s’est en effet jamais fixé sur un médium donné.
Dans sa brève phase de création, depuis sa formation à la
Bath Academy of Art à Corsham (de 1970 à 1974) jusqu’à sa mort
prématurée (à l’âge de 29 ans), il a construit des machines et
installations interactives et réalisé des performances pyrotechniques.
Il a réalisé des sculptures cinétiques et mécaniques, il a produit des
Sound Works, il a expérimenté dans le domaine du film, mais il
a surtout aussi dessiné et effectué des collages.

Stephen Cripps, Collage, sans titre, (plangeur dans missile), 1970–1980 Papier, gouache et cire blanche sur carton 42 x 29,7 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive)
Stephen Cripps, Collage, sans titre, (plangeur dans missile), 1970–1980
Papier, gouache et cire blanche sur carton
42 x 29,7 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive)

Très souvent, Cripps associait toutes ces pratiques. L’éphémère,
le provisoire et l’expérimental sont les composantes majeures de son travail.
Chemin faisant, il a contribué à faire sortir l’art de ses limites,
selon le processus entamé dans les années 1960.

Le vaste éventail des projets artistiques de Cripps comprend des
« environments », qui proposaient alors de revoir notre notion de jardin
en tant que lieu de détente et faisaient ainsi résonner, notamment,
des bruits de tondeuses ou des aboiements de chiens. Au moyen d’un rotor
d’hélicoptère, l’artiste a fabriqué une machine qui attaquait l’espace
de la galerie tout en se détruisant elle-même. Il a également conçu
des installations impliquant une participation active des visiteurs,
comme par exempleStephen Cropps
Shooting Gallery : avec un pistolet arrangé, le public pouvait tirer sur
des cymbales, un xylophone et autres objets sonores. D’après les
descriptions de l’époque, ses performances pyrotechniques constituaient
des expériences multisensorielles, souvent aussi dangereuses non seulement
pour le lieu d’exposition mais aussi physiquement pour le public.
L’art de Cripps a évolué dans un milieu artistique propice aux échanges
et à la collaboration, notamment dans des endroits comme le
Butlers Wharf ou l’Acme Gallery qui offraient suffisamment d’espaces aux
inventions les plus radicales.

Stephen Cripps
Cripps et Tinguely
Cripps fut fortement inspiré par les sculptures-machines de Jean Tinguely,
ainsi que par ses actions avec des oeuvres d’art se détruisant elles-mêmes,
notamment l’Homage to New York (1960). Son mémoire de fin d’études
portait d’ailleurs sur « Jean Tinguely ». Le travail de l’artiste britannique
présente ainsi de nombreux liens avec son artiste modèle : l’aléatoire,
la destruction ou encore l’influence des éléments comme concept
esthétique sont des thèmes qui sous-tendent toute l’oeuvre des deux artistes.

Stephen Cripps, (Missile) Organ, 1970 – 1982 Collage avec papier, encre noire, crayon et crayon de couleur sur papier brun 29,5 x 65 cm © The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries (Henry Moore Institute Archive)
Stephen Cripps, (Missile) Organ, 1970 – 1982
Collage avec papier, encre noire, crayon et crayon de couleur sur papier brun
29,5 x 65 cm
© The family of Stephen Cripps/Leeds Museums and Galleries
(Henry Moore Institute Archive)

Exposition
Les oeuvres de Cripps étaient extrêmement éphémères et, en grande partie,
n’existent plus aujourd’hui. Faites de feu et de lumière, d’écho et de fumée,
elles se dissipaient bien souvent en pleine réalisation. Et même ses machines performatives n’ont jamais eu le caractère d’objets immuables,
mais ont été adaptées selon les contextes ou reconstruites à chaque fois.

En combinant des travaux sur papier, du matériel audio, des films et
des médias de documentation, l’hybridité qui caractéristique la pratique
performative multiple de Cripps (en termes de médias et de sensorialité)
est transposée dans l’exposition. Le dessin et les enregistrements sonores,
les éléments visuels et acoustiques se complètent pour donner un tout
s’adressant en même temps à l’oeil et à l’ouïe.

Stephen Cripps
Le travail de Cripps est présenté dans un groupement thématique qui
veut éviter les catégorisations strictes et laisser de l’espace aux
correspondances et associations.
L’exposition STEPHEN CRIPPS. PERFORMING MACHINES,
en mettant l’accent sur les dessins, entend placer au centre la notion
de multiplicité évoquée plus haut.

09_sc_drawignsandperformances_1980-19_450
Inconnus jusque-là, les Sound Works résonneront pour la première fois
au Musée Tinguely. Cripps collectionnait également des bruits, comme
ceux de tondeuses ou d’avions de chasse, qui étaient d’abord envisagés
comme du matériau artistique et devaient fournir le fond sonore
nécessaire à la conception de ses univers mécaniques.
Les recoupements cacophoniques qui en résultent correspondent
au caractère fondamental de son art, et à la fois au contexte bruyant
et parfois stressant du monde industrialisé et moderne,
qui sous-tend souvent le travail de Cripps.

Stephen Cripps
Montage de l’exposition et catalogue
Avant que le projet d’exposition ne prenne forme, deux années ont
été consacrées à l’étude et la classification des archives conservées au
« Stephen Cripps Archive ». Ce travail a été mené sur place par
le Musée Tinguely, en collaboration étroite avec le Henry Moore Institute, responsable de la succession de Cripps.

Stephen CrippsPublication
Le catalogue accompagnant l’exposition retrace le travail de Cripps
et la place notamment dans son contexte culturel et artistique immédiat
qui est le Londres des années 1970 et 1980. Cette publication, qui paraît en allemand et en anglais, comprend des contributions de Lisa Le Feuvre, Dominic Johnson,
Sandra Beate Reimann, David Toop et Jeni Walwin, ainsi que
interviews inédites et des échanges en galerie.

Stephen Cripps
Ce premier grand ouvrage scientifique sur l’oeuvre de Stephen Cripps en fera une référence pour l’approche et les recherches ultérieures à ce sujet.
En vente en boutique du musée et en ligne pour 48 CHF, ISBN : 978-3-9524392-8-9 (allemand) / ISBN : 978-3-9524392-9-6 (anglais),
Verlag für moderne Kunst
La commissaire de l’exposition est Sandra Beate Reimann et a été réalisée
en collaboration avec le Henry Moore Institute, Leeds. En outre, sont
présentés des documents du Acme Studio Archive.

Sommaire de janvier 2017

Fontaine Tinguely03 janvier 2017 : Fantin-Latour, À fleur de peau
07 janvier 2017 : Cy Twombly
13 janvier 2017 :  Cours Publics 2017
16 janvier 2017 :  La Traversée des apparences – Bruno Boudjelal
18 janvier 2017 : «Magritte. La trahison des images»
19 janvier 2017 :  Hervé Di Rosa et les arts modestes
22 janvier 2017 :  Rembrandt intime
24 janvier 2017 :  « ICONOMANIA » au MAIF SOCIAL CLUB
26 janvier 2017 :  Claude Monet, Lumière, Ombres et réflexion
 

Claude Monet, Lumière, Ombres et réflexion

En 2017, la Fondation Beyeler fête son 20e anniversaire
avec des expositions consacrées à Claude Monet, (1840/1926)
Wolfgang Tillmans, Paul Klee
et à sa collection permanente
Les visiteurs de moins de 25 ans seront accueillis
gratuitement au musée
toute l’année 2017
Que dire encore sur un des plus grands artistes du monde,
l’un des plus appréciés aussi, Claude Monet ?
« Je poursuis un rêve. Je veux l’impossible »
-Claude Monet

 
Monet, Fondation Beyeler
Cette exposition, véritable fête de la lumière et des couleurs,
éclaire l’évolution artistique de ce grand peintre français, depuis

l’impressionnisme jusqu’à sa célèbre oeuvre tardive. Il est
aussi l’un des principaux artistes de sa collection permanente.
Elle montre ses représentations de paysages
méditerranéens,
de la côte sauvage de l’Atlantique et du cours de la Seine,
ses prairies fleuries, ses
meules de foin, ses nymphéas,
ses cathédrales et ses ponts dans la brume. Mêlant reflets et ombres,

Monet crée des atmosphères magiques.
Claude Monet a été un grand pionnier, qui a découvert la clé du
jardin secret de la peinture moderne et
a permis à tous d’ouvrir
les yeux sur une nouvelle vision du monde.

Exposition Monet
Le commissaire Ulf Küster a réuni pour cette exposition
62 toiles provenant des  plus grands musées d’Europe,
des États-Unis et
du Japon, parmi lesquels le Musée
d’Orsay de Paris,

le Metropolitan Museum de New York, le Museum of
Modern Art de New York, le Museum of Fine Art
de Boston et la Tate de Londres. S’y ajoutent, chose
exceptionnelle, 15 toiles appartenant à des particuliers
qui ne sont présentées au public que très
rarement et n’ont plus été montrées depuis
longtemps dans le cadre d’une exposition consacrée à
Monet.Monet
Lumière, ombre et réflexion
Après la mort de sa femme Camille, en 1879, Monet s’engage
dans une phase de réorientation. Sa période de
pionnier de l’impressionnisme est achevée ; son importance
artistique est certes encore loin d’être universellement
reconnue, mais grâce à son marchand, il accède à une certaine
indépendance économique dont témoignent ses nombreux
voyages. Ceux-ci lui permettent notamment de s’intéresser
pour la première fois à la lumière de la Méditerranée,
et donnent de nouvelles impulsions à son oeuvre.
Son art se fait plus personnel et s’affranchit du style strictement
« impressionniste ».
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Mais surtout, ses oeuvres semblent prendre pour thème de façon
croissante la peinture elle-même. Sans doute faut-il interpréter
en ce sens la réflexion qu’il fit à son futur beau-fils, Jean Hoschedé,
selon laquelle c’était moins le motif qui l’intéressait que ce
qui se passait entre le motif et lui. Les réflexions
de Monet sur la peinture doivent être compris aux d
eux sens du terme.
La répétition des motifs par le
biais des réflexions, qui trouvent leur apogée
et leur conclusion
dans les toiles des bassins
aux nymphéas, constitue en même temps

une réflexion durable sur les possibilités de la peinture,
réflexion
dont témoignent la représentation et
la répétition d’un motif dans le tableau.

Monet se livre, à travers la représentation d’ombres,
à une autre exploration des possibilités de la
peinture. Les ombres sont à la fois reproduction
et inversion du motif, et leur forme abstraite prête au
tableau une structure qui semble remettre en question la simple
illustration du motif. C’est ce qui a conduit Wassily Kandinsky,
lors de sa célèbre découverte du tableau

Monet, la Meule au Soleil 1891
Monet, la Meule au Soleil 1891

d’une meule de foin à contre-jour réalisé par Monet
(Kunsthaus Zürich et dans la présente exposition),
à ne même plus reconnaître le sujet en tant que tel :
la peinture en soi avait pris une signification nettement supérieure
à la représentation d’un motif traditionnel.
Les mondes picturaux de Monet
Cette exposition est un voyage à travers les mondes picturaux
de Monet. Elle est regroupée par thèmes.
Elle se consacre d’abord, dans une grande salle, aux nombreuses
et diverses représentations de la Seine. On remarquera tout
particulièrement le portrait rarement exposé de la compagne et future
épouse de Monet, Alice Hoschedé, assise dans le jardin de Vetheuil
juste au bord de la Seine.
Monet, Terrasse à Vetheuil, 1881
Monet, Terrasse à Vetheuil, 1881

Une salle suivante célèbre la représentation des arbres de Monet :
un hommage caché à Ernst Beyeler,
qui avait consacré en 1998 toute une exposition au thème des arbres.
Inspiré par des gravures sur bois colorées japonaises, Monet a
inlassablement traité les arbres sous des éclairages différents,
s’intéressant à leurs formes et à la projection de leurs ombres.
Ses tableaux prennent ainsi souvent une structure géométrique,
particulièrement visible dans les séries.
Claude Monet, les Peupliers au bord de l'Epte 1891
Claude Monet, les Peupliers au bord de l’Epte 1891

Les couleurs éclatantes de la Méditerranée sont illustrées
par un ensemble de toiles que Monet a peintes dans les années 1880.
Il évoque dans une lettre de cette période la « lumière féerique »
qu’il a découverte dans le Sud.
Monet, Antibes vue de Salis, 1888
Monet, Antibes vue de Salis, 1888

En 1886, il écrit à Alice Hoschedé qu’il est littéralement fou de la mer.
Une importante partie de l’exposition est consacrée au littoral
normand et à Belle-Île ainsi qu’aux ambiances lumineuses
constamment mouvantes de la mer.
Monet, Port-Dormois, belle île, 1886
Monet, Port-Dormois, belle île, 1886

On ne peut qu’être fasciné par
la succession de vues et d’éclairages changeants dont fait l’objet
la cabane d’un douanier (1882) sur une falaise, tantôt présentée sous
un soleil éblouissant, tantôt plongée dans l’ombre.
Quand on l’observe de plus près, l’ombre paraît composée de
myriades de couleurs.
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Un calme contemplatif émane des toiles qui présentent
des atmosphères matinales au bord de la Seine :
le motif peint est ici répété sous forme de reflet peint,
de sorte que la ligne de séparation entre
la réalité peinte et son reflet peint semble se fondre dans la brume
qui se lève. Le motif est intégralement répété sous forme de reflet,
ce qui empêche de définir clairement le haut et le bas du
tableau. Autrement dit : la convention indiquant comment regarder
un tableau est abrogée et laissée à la subjectivité du spectateur.
On a l’impression que Monet s’approche ici du fondement même de la
nature, du « panta rhéi » de la modification constante.
En effet, il ne peint pas seulement le changement de lumière entre
la nuit et le jour, il représente aussi l’opiniâtreté de la confluence de
deux cours d’eau.
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Monet aimait Londres, une ville qui lui avait déjà servi d’asile
pendant la guerre franco-allemande de 1870/1871.
Devenu un peintre prospère et déjà très connu, il y retourna
à la charnière des deux siècles et peignit des vues célèbres
des ponts de Waterloo et de Charing Cross, ainsi que
le parlement britannique sous des luminosités diverses,
dans la brume surtout, qui rend toutes les formes plus
floues et les met en scène comme des phénomènes atmosphériques.
Un hommage au grand modèle de Monet, William Turner,
mais aussi une révérence à la puissance mondiale de la
Grande-Bretagne, qui reposait sur son parlement et sur
son commerce, constructeur de ponts.
Monet, les Nymphéas
L’oeuvre tardive de Monet est presque exclusivement
marquée par son intérêt pictural pour son jardin et
pour le jeu des reflets dans ses bassins aux nymphéas.
La Collection Beyeler en contient de
remarquables exemples.
La dernière salle de l’exposition offre une échappée
sur les tableaux du jardin de Monet à Giverny.
au Sous-sol :
Sous l’influence de Claude, Vincent, Paul… et les autres
L’influence de la peinture impressionniste sur le jeune cinéma français
L’installation cinématographique de Matthias Brunner a été créée
pour la Fondation Beyeler à
l’occasion de l’exposition « Monet ».
Elle dure 30 minutes et est accompagnée musicalement par la
Symphonie n° 4 d’Arvo Pärt.
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h.
jusqu’au 28 mai 2017

Conférence de Marie-Paule Vial
« Au bord de la Méditerranée :
Monet à l’épreuve de l’autre lumière ».

Mercredi 22 février, 2017
18h30-19h30 

Marie-Paule Vial, conservatrice et ancienne directrice
du Musée de l’Orangerie, parle de la lumière
dans l’œuvre de Monet.
En collaboration avec l’Alliance Française de Bâle et
la Société d’Études Françaises de Bâle.

 

« ICONOMANIA » au MAIF SOCIAL CLUB

MAIF SOCIAL CLUB est un nouvel espace inédit de 1000 m2
installé au sein d’un ancien bâtiment industriel du XIXème
(ancien séchoir à éponges) dans le quartier historique du Marais.
Véritable laboratoire d’innovation sociétale, MAIF SOCIAL CLUB
est un lieu de rencontres et d’échanges en faveur d’une société
collaborative.
Ouvert à tous, le lieu offrira une programmation culturelle éclectique
et gratuite tout au long de l’année : expositions trimestrielles,
conférences, ateliers…
MAIF SOCIAL CLUB ICONOMANIA
MAIF Social Club : un lieu pensé par la MAIF
Site Internet : www.maifsocialclub.fr
Accès libre : 37, rue de Turenne 75003 Paris – M° Saint-Paul
Contact : maifsocialclub-paris@maif.fr – Tél. : 01 44 92 50 90
Miguel Chevalier
Jusqu’ au 31 mars 2017, MAIF SOCIAL CLUB,
accueille sa première exposition : IconoMania.
Cette exposition interroge la place et le traitement
de l’image dans nos sociétés contemporaines.
Près d’une quinzaine d’artistes internationaux sont
réunis pour l’occasion.
Iconomania
L’exposition IconoMania questionne l’image d’aujourd’hui,
ses formes et ses symboliques, à travers le champ
expérimental des nouvelles technologies.
Dans cette relation « art et science »,
l’exposition s’intéresse aux problématiques
de transformation (innovation et information),
de transmission (communication et médias),
et de représentation (sociale individuelle et collective).
Ces problématiques constituent les trois volets de ce
parcours.
La commissaire Florence Guionneau-Joie a réuni
une quinzaine d’artistes internationaux qui interrogent
la question de l’image :
Cécile Babiole
Sous chaque nom vous avez accès à la pratique de chacun
Cécile Babiole,
vue à la Filature et à la Kunsthalle  de Mulhouse
Aram Bartholl, Samuel Bianchini,
Emilie Brout & Maxime Marion, Miguel Chevalier,
l’obsédé du pixel à l’espace Malraux de Colmar
Philippe Cognée,
dont vous avez pu voir l’exposition
à la Fondation Fernet Branca
IOCOSE, Martin Le Chevallier,

Iconomania
Laurent Mignonneau & Christa Sommerer,
Cyprien Quairiat, Jean-Claude Ruggirello,
Charles Sandison, Scenocosme, Julia Varga,
Jeremy Wood, Du Zhenjun.
Près de seize oeuvres sont exposées sous la verrière
de cet ancien bâtiment
industriel du XIXème au coeur du Marais.
Philippe Cognée
Ainsi les villes réinventées de Philippe Cognée,
les oeuvres tactiles de Scenocosme
ou encore les jeux
vidéos interactifs de Martin Le Chevallier
permettent
de sensibiliser les visiteurs sur la façon dont
les nouvelles technologies façonnent l’environnement
et notre rapport au monde.
Iconomania
Afin d’élargir la réflexion, de nombreux ateliers et
conférences accompagnent cette exposition :
« Comment les images augmentées profitent elles à
la société ? », « Image likée : nouveau moyen d’exister ? »…

Rembrandt intime

L’exposition Rembrandt intime, au musée Jacquemart André
se termine le 23 janvier.
Si vous ne craignez pas la foule et la promiscuité des salles
du Musée Jacquemart,
n’hésitez pas, ce sont des chefs d’oeuvre

Rembrandt Harmenszoon van Rijn dit Rembrandt (1606 - 1669) Les Pèlerins d’Emmaüs
Rembrandt Harmenszoon van Rijn dit Rembrandt (1606 – 1669) Les Pèlerins d’Emmaüs

les commissaires de l’exposition, Peter Schatborn,
conservateur en chef émérite du Cabinet national des estampes
au Rijksmuseum, Emmanuel Starcky, Directeur des musées
nationaux et domaine de Compiègne et Blérancourt.
Génie au talent multiple, Rembrandt tient une place à part
dans l’histoire de l’art et dans les collections du musée
Jacquemart-André, qui abritent trois chefs-d’oeuvre

incontestés du maître. C’est autour de ces trois tableaux majeurs,
qui éclairent chacun
une période clé de la carrière de Rembrandt,
que l’exposition est  construite,
sur l’artiste et sur l’homme.
Au-delà des épreuves qui ont rythmé sa vie,

 Titus lisant Vers 1656 - 1658 Huile sur toile 71,5 cm x 64,5 cm Vienne, Kunsthistorisches Museum, Gemäldegalerie © KHM-Museumsverband

Titus lisant
Vers 1656 – 1658
Huile sur toile
71,5 cm x 64,5 cm
Vienne, Kunsthistorisches
Museum, Gemäldegalerie
© KHM-Museumsverband

Rembrandt a toujours porté un regard tendre et généreux
sur le monde qui l’entourait,
et en particulier sur ses proches,
liant intimement le fil de son oeuvre à celui de sa vie.

Des oeuvres du tout jeune Rembrandt, aussi foisonnantes
que surprenantes,
aux portraits vibrants de sa maturité,
l’exposition explore les moments forts de la vie de

l’artiste pour révéler toutes les facettes d’un talent qui n’a cessé
de se renouveler.rembrandt-dessins
Peintre
magistral, Rembrandt fut aussi un immense
dessinateur et un graveur hors-pair : maîtrisant

à la perfection ces trois techniques, il en a exploré toutes
les possibilités en virtuose
et créé un jeu d’échos entre ses
peintures, ses dessins et ses gravures. Fidèle à cette

démarche, l’exposition du musée Jacquemart-André fait
aujourd’hui dialoguer tableaux
et oeuvres graphiques du
maître pour mieux entrer dans l’intimité de son processus créatif.

Portrait de la princesse Amalia van Solms 1632 Huile sur toile 68,5 x 55,5 cm Paris, Musée Jacquemart-André – Institut de France © Paris, musée Jacquemart-André Institut de France / Studio Sébert Photographes
Portrait de la princesse Amalia van Solms
1632
Huile sur toile
68,5 x 55,5 cm
Paris, Musée Jacquemart-André – Institut
de France
© Paris, musée Jacquemart-André
Institut de France / Studio Sébert
Photographes


Édouard André et Nélie Jacquemart
achetèrent trois tableaux
de Rembrandt
qui restent de nos jours incontestés :
Le Repas des pèlerins d’Emmaüs (1629),
le Portrait de la princesse Amalia van Solms
(1632), et le Portrait du Docteur Arnold Tholinx (1656).
Chacune de ces trois oeuvres illustre une époque différente
et fondamentale de la création de Rembrandt.

Portrait du docteur Arnold Tholinx 1656 Huile sur toile 76 x 63 cm Paris, Musée Jacquemart-André – Institut de France © Paris, musée Jacquemart-André - Institut de France / Studio Sébert Photographes
Portrait du docteur Arnold Tholinx
1656
Huile sur toile
76 x 63 cm
Paris, Musée Jacquemart-André –
Institut de France
© Paris, musée Jacquemart-André
– Institut de France / Studio Sébert
Photographes

Habité par un pouvoir créatif qui force l’admiration,
Rembrandt touche à l’universel, tout en s’attachant
à représenter son cercle intime.
Ses proches, comme ses parents et sa femme Saskia
(Paris, Bibliothèque nationale de France et Fondation Custodia),
font l’objet de nombreuses études.
L’artiste va aussi, tout au long de sa vie, se représenter lui-même
et porter l’art de l’autoportrait à ses sommets
(Berlin, Kupferstichkabinett; Paris, Petit Palais et musée du Louvre).

Rembrandt, Saskia
Rembrandt, Saskia

Lorsqu’il réalise vers 1629 le
Repas des pèlerins d’Emmaüs, Rembrandt a acquis une
parfaite maîtrise de la technique picturale à laquelle il allie une
grande compréhension psychologique des sujets qu’il traite.
Tout comme Saint Paul assis à sa table de travail
(Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum) qui lui est contemporain,
le chef-d’oeuvre de la collection Jacquemart-André permet
d’affirmer que Rembrandt atteint
alors un premier sommet de son art. Il a alors seulement 23 ans.

rembrandt-st-paul
Lorsqu’arrivent les années 1650-1660, la renommée de Rembrandt
s’étend jusqu’en Italie – il reçoit d’ailleurs la visite de Côme III de Médicis,
grand-duc de Toscane, en 1667. Loin de se contenter de ses succès,
Rembrandt poursuit une quête artistique qui l’amène à dépasser
les limites du réel et à accéder à une vision de la vie qui transcende
les apparences, alors même que les épreuves s’accumulent.
Saskia est morte en 1642, il vend sa maison et ses collections
en 1656 pour échapper à la faillite, puis perd successivement sa
compagne Hendrickje Stoffels et son fils Titus. Pourtant,
habité par l’art, il surmonte toutes les difficultés et
développe un nouveau style.
rembrandt-jeune-fille-a-sa-fenetre
Chef-d’oeuvre pictural, la Jeune fille à sa fenêtre de 1651
(Stockholm, Nationalmuseum), est considérée comme la première
oeuvre à illustrer ce changement. Le modèle, d’une présence presque
palpable, semble sortir de la toile et témoigne de l’émotion
de l’artiste devant cette jeune femme. Le style de Rembrandt
devient très libre et rapide, puis heurté et presque abstrait.
En 1656, quand il réalise le Portrait du docteur
Arnold Tholinx (Paris, Musée Jacquemart-André) autour
duquel sont rassemblées les oeuvres de cette
dernière salle, Rembrandt est capable de dire la nature profonde
de l’être, comme le montre également le
rembrandt-henrikePortrait d’Hendrickje Stoffels, sa dernière compagne
(Londres, National Gallery).

Hervé Di Rosa et les arts modestes

La maison rouge consacre son exposition à Plus jamais seul,
Hervé Di Rosa
et les arts modestes jusqu’au 22 janvier 2017
courez-y sachant qu’Antoine de Galbert, amateur d’art engagé
sur la scène artistique française, annonce sa fermeture pour 2018
Hervé di Rosa
Le jour de ma visite un groupe de jeunes enfants suivait
leur maîtresse,
leur enthousiasme faisait plaisir à voir et
à entendre
.
La maîtresse a eu du mal à les contenir, tant le travail
d’Hervé di Rosa
est populaire dans le bon sens du terme.
Hervé di RosaFigure incontournable de la scène artistique
et acteur majeur de la Figuration libre, Hervé Di Rosa
(né à Sète en 1959) s’est engagé à partir
des années 1980 dans la reconnaissance de l’art
modeste qu’il définit lui-même comme « proche de l’art
populaire, de l’art primitif, de l’art brut mais

ne s’y réduit pas. Il est autant composé d’objets
manufacturés que d’objets uniques, pour la plupart
sans grande valeur marchande mais à forte
plus-value émotionnelle. Les amateurs se retrouvent
au-delà du regard critique, de la notion du bon
ou du mauvais goût, de la rigueur esthétique,
dans un sentiment de bonheur éphémère
et spontané, aux parfums de souvenirs d’enfance
et de plaisirs simples et non théorisés ».
Hervé di Rosa
En 2000, il fonde à Sète le MIAM (Musée International
des Arts Modestes) qu’il préside depuis et
dans lequel il dévoile exposition après exposition
les multiples facettes de cet art modeste.
La maison rouge, qui couvre
les développements du travail d’Hervé Di Rosa
depuis le début des années 1980, met en évidence
la place centrale de cet art qui l’accompagne
dans sa démarche.

Hervé di Rosa
Si la peinture de Matisse, Picabia ou Dubuffet
a pu l’intéresser et l’inspirer, les références
à la bande-dessinée, aux fanzines et aux dessins
animés, ont elles aussi imprégné son travail.
Ce recours à une imagerie colorée et illustrative,
et la reprise des codes de la bande dessinée,
le feront connaître du grand public, avec
ses compagnons d’alors, Robert Combas, François
Boisrond et Rémi Blanchard, comme les tenants
de la Figuration libre. Grand amateur de BD,
Hervé di Rosa
Hervé Di Rosa possède une bibliothèque de plusieurs
milliers de titres. Ces ouvrages et les figurines
qui en sont dérivées et qu’il collectionne, tapissent
littéralement les murs de son atelier parisien.
Hervé di Rosa
Chez Hervé Di Rosa la pratique artistique est aussi
indissociable du voyage et, des oeuvres, objets d’art
et savoir-faire qu’il rencontre ou collecte lors
de ses périples. Il s’en nourrit, élabore de nouvelles
techniques et produit de nouvelles formes : peinture
à la tempera et à la feuille d’or à Sofia en Bulgarie,
bas-reliefs en bois et bronze à la cire perdue
à Foumban au Cameroun, peintures sur bois
à Kumasi au Ghana, arbres de vie au Mexique, laque
au Vietnam…Hervé di Rosa
L’exposition présente une sélection

de ces réalisations et les associe pour certaines aux
productions dont elles sont issues.
Hervé di Rosa
Au-delà de son caractère rétrospectif, le parcours
de l’exposition s’attache ainsi à faire découvrir les
multiples collections entreprises par Hervé Di Rosa
et témoigne de leur rôle capital dans son travail.

Hervé di Rosa tous amoureux
Hervé di Rosa tous amoureux

À parcourir le monde en tant d’étapes, Hervé Di Rosa
a rencontré des artistes et des artisans pour
leur savoir-faire et en a tiré des « oeuvres-carrefours »
qui se posent au coeur des échanges et des
dialogues entre cultures.
« Pendant trente ans, j’ai voulu être capable de cela : appartenir
à une sorte de communauté d’artisans, d’ouvriers. »

Hervé di Rosa
visites guidées
▶ tous les samedis et dimanches à 16 h
La maison rouge
Fondation Antoine De Galbert
10 bd de la Bastille – 75012 Paris
tél. +33 (0) 1 40 01 08 81
fax +33 (0) 1 40 01 08 83
info@lamaisonrouge.org
lamaisonrouge.org
transports
Métro : Quai de la Rapée (ligne 5)
ou Bastille (lignes 1, 5, 8)
RER : Gare de Lyon
Bus : 20, 29, 91

«Magritte. La trahison des images»

L’exposition «Magritte. La trahison des images» au Centre
Pompidou
se termine le 23 JANVIER 2017
Elle propose une approche à ce jour inédite de l’oeuvre de l’artiste
belge René Magritte. Rassemblant les oeuvres emblématiques, comme
d’autres peu connues de l’artiste, provenant des plus importantes
collections publiques et privées, l’exposition offre une lecture
renouvelée de l’une des figures magistrales de l’art moderne.
Magritte
Une centaine de tableaux, de dessins, et des documents d’archives,
sont réunis pour offrir au public cette approche qui s’inscrit dans la
ligne des monographies que le Centre Pompidou a consacré aux
figures majeures de l‘art du 20e siècle :
« Edward Munch. L’oeil moderne », « Matisse. Paires et séries »
et « Marcel Duchamp. La peinture, même ».
Elle explore un intérêt du peintre pour la philosophie,
qui culmine, en 1973, avec Ceci n’est pas une pipe que publie
Michel Foucault, fruit de ses échanges avec l’artiste.
Magritte
Dans une conférence qu’il donne en 1936, Magritte déclare
que Les affinités électives, qu’il peint en 1932, marque un tournant
dans son oeuvre. Ce tableau signe son renoncement à l’automatisme,
à l’arbitraire du premier surréalisme. L’oeuvre, qui montre un oeuf
enfermé dans une cage, est la première de ses peintures vouées
à la résolution de ce qu’il nomme : un « problème ».
Au hasard ou à la

Magritte, les Vacances de Hegel 1958
Magritte, les Vacances de Hegel 1958

« rencontre fortuite des machines à coudre et des parapluies »,
succède une méthode implacable et logique, une solution apportée
aux « problèmes » de la femme, de la chaise, des souliers, de la pluie….
Les recherches appliquées à ces « problèmes », qui marquent le tournant
« raisonnant » de l’oeuvre de Magritte, ouvrent l’exposition.
À l’art de Magritte sont associés des motifs (Rideaux, Ombres, Mots,
Flamme, Corps morcelés..), que le peintre agence et recompose
au fil de son oeuvre. L’exposition replace chacun de ces motifs
dans la perspective d’un récit d’invention de la peinture,
de mise en cause
Magritte, les Mémoires d'un Saint 1960
Magritte, les Mémoires d’un Saint 1960

philosophique de nos représentations : aux rideaux, l’antique querelle
du réalisme qui prit la forme d’une joute entre Zeuxis et Parrhasios ;
aux mots, l’épisode biblique de l’adoration du veau d’or qui confronte
la loi écrite et les images païennes ; aux flammes et aux espaces clos,
l’allégorie de la caverne de Platon ; aux ombres, le récit de l’invention
de la peinture relatée par Pline l’ancien.
Magritte, Tentative de l'impossible, 1960
Magritte, Tentative de l’impossible, 1960

EXTRAIT DU TEXTE DE BARBARA CASSIN
Le peintre-roi
« Les tableaux de Magritte qui appartiennent à la série
La Condition humaine renvoient très directement à
l’allégorie de la caverne de Platon, ils l’« imagent » en quelque sorte.
(…] Peindre, c’est selon la définition la plus communément admise
dans nos cultures, cadrée par la définition grecque de l’art en général,
« imiter la nature ». Or voici qu’avec Magritte il s’agit, non pas
de peindre des objets, mais de peindre la ressemblance.
Magritte, la Condition Humaine 1935
Magritte, la Condition Humaine 1935

Peindre donc l’opération même de la mimêsis, peindre quelque chose
comme l’acte de peindre, la peinture en acte. Peindre la peinture. […]
Magritte s’inscrit derechef dans la grande tradition de la peinture,
cosa mentale depuis Léonard de Vinci, et, derechef, avec un tour
de plus : la peinture est non seulement chose mentale,
elle fait voir la pensée, elle la met en visibilité ici et maintenant
dans le monde. »

La Traversée des apparences – Bruno Boudjelal

A la Galerie de la Filature jusqu’au 26 février
dans le cadre du festival les Vagamondes (programme)

Algeria, Algiers, 15 june 2011 In the center of Algiers Algérie, Alger, 15 juin 2011 Dans le centre d'Alger Bruno Boudjelal / Agence VU
Algeria, Algiers, 15 june 2011
In the center of Algiers
Algérie, Alger, 15 juin 2011
Dans le centre d’Alger
Bruno Boudjelal / Agence VU

Français d’origine algérienne, Bruno Boudjelal pratique
la photographie comme un mode de vie qui interroge
sans cesse sa propre identité et nous confronte à la nôtre.
Lorsque son père décide de retourner en Algérie,
il l’accompagne et découvre à la fois un pays, une famille,
un monde traversé de violences, des paysages qui lui parlent
et des individus avec lesquels il dialogue sans savoir
vraiment comment se situer. De là s’ensuivent dix années
d’exploration très personnelle de l’Algérie, entre carnet de voyage
et témoignage, qui vont l’amener à passer du noir et blanc
qui lui semblait une évidence, à la couleur, à assumer de plus
en plus le fait que son point de vue n’est que subjectif,
marqué par son histoire personnelle, mais curieux de mettre
en perspective le quotidien et l’Histoire.
Bruno Boudjelal
Dans les paysages du départ le regard de Bruno Boudjelal
se pose de  « l’autre côté », sur les lieux de partance des
« harragas »,
il explore ces paysages que l’on laisse
derrière soi avant de franchir mers et terres, avant
de franchir clandestinement les frontières.
Si l’utilisation de la couleur blanche provient d’abord d’un
« accident » de l’inexpérience du débutant, de la surexposition,
celui-ci devient porteur de sens. Le panorama s’estompe
de la vue au fur et à mesure que l’on s’éloigne des côtes, avant
de devenir souvenirs qui s’inscrivent dans la mémoire.
De l’éblouissement à l’effacement, là où s’esquissent les
frontières impalpables.
Bruno Boudjelal
Les « harragas » (mot arabe) veut dire brûler. On désigne ainsi les
jeunes qui partent, qui brûlent la route pour essayer de rejoindre
l’Europe. Ils ont demandé à d’autres algériens qui vivent en Espagne
ou en Italie, de leur envoyer des cartes SIM. Elles leurs permettent
de se diriger avec leurs téléphones portables pour s’orienter
pendant la traversée Cela leur permet de photographier et de filmer
leur périple, d’en garder la trace et de les envoyer au pays.
Les petits films proviennent d’une association pour la jeunesse
en Algérie « RAJ »harragasFrantz Fanon
Il est l’auteur des damnés de la terre, psychiatre et intellectuel
martiniquais qui a vécu et travaillé en Algérie (Blida), ainsi qu’en
Martinique et au Ghana. B B souhaitait lui rendre hommage au moment des
célébrations du cinquantenaire de l’Algérie.
bruno-boudjelalCirculation
Pendant 10ans (1993-2003) il n’a pas pu circuler en Algérie,
réduit à la visite de la famille ou des amis. Ce qui ne lui a pas permis de
voir réellement son autre pays. Les autres algériens étaient
réduits au même sort, contrôles, faux barrages, ratissages de l’armée,
rapts, disparitions forcées.
Pourtant il a ressenti un lien très fort, avec ce pays, une proximité et
une intimité, alors qu’il ignorait tout de celui-ci.
Bruno Boudjelal
Pourquoi ses photos sont floues, mal cadrées, c’est d’une part que le matériel
photographique utilisé est sommaire, mais aussi, qu’il fallait ne pas se
faire remarquer en photographiant sous peine d’être arrêter.
Aussi nous livre t’il  par fragments, le puzzle de son identité
reconstituée au fil de ses périples, de sa double appartenance
franco-algérienne, dont son prénom français accolé à son patronyme
algérien est une illustration.
Bruno Boudjelal
Lorsqu’il décide que ce travail en Algérie est terminé, il le structure
sous forme d’exposition, de projection et de livre, puis décide
de se concentrer sur l’Afrique.
C’est ce qui donne la série Goudron Tanger-Le Cap
Les chemins que l’on aimerait emprunter librement et parcourir
à travers ce continent n’existent pas. Les routes sont inexistantes,
en mauvais état, les frontières fermées.
Bruno Boudjelal
Toutes ces raisons empêchent le désenclavement de l’Afrique,
et la libre circulation du peuple africain dans son propre espace.
Tendu entre deux continents, entre deux cultures,
Bruno Boudjelal revendique sa capacité à
comprendre et à transcrire une problématique
complexe entre le Nord et le Sud.