Julio Galeote Inside, out

À la manière de Georges Perec qui interroge le quotidien pour atteindre l’universel, cet artiste s’est confronté à nos « espèces d’espaces ».

Jeune photographe de la nouvelle scène artistique espagnole, membre du Grupo 594, Julio Galeote vit et travaille à Madrid. Après une formation d’ingénieur en électricité, puis des études dans une école d’art, il choisit dans un premier temps de mener de front les deux activités. Depuis peu, il se consacre uniquement à son travail photographique. L’exposition à La Filature de Mulhouse sera sa première exposition en France.
Avec la série Inside, Out, Julio Galeote mène une expérience photographique tout à fait singulière. Par une démarche qui relève à la fois du travail « classique » de photographe de studio et de l’installation proche de l’art contemporain, Julio Galeote révèle la manière dont nous marquons nos espaces, qu’ils relèvent du domaine privé ou de la sphère du travail. Pour mettre en œuvre cette approche, le photographe a fait réaliser un cube en plexiglas dans lequel il organise, de manière méticuleuse et précise, l’agencement de tous les objets présents dans la portion d’espace qu’il souhaite saisir. Cette « réorganisation » par l’artiste du rapport qu’entretiennent entre eux des objets déposés par l’occupant prend alors la forme d’une « sculpture » d’objet, mais aussi d’un tableau dans le tableau. La vue de certains tableaux de l’exposition actuelle du Kunstmuseum de Bâle , avec les cartouches, me font penser au cube, qui n’est pas carré …. de Juilio Galeote. L’opération terminée, il place la boîte au centre de l’espace pour en réaliser une photographie qui capte à la fois cette boîte et l’espace environnant. Ainsi, lorsqu’il photographie une bibliothèque, il range le contenu de cette bibliothèque dans la boîte transparente et photographie cette même boîte avec les livres qu’elle contient devant le meuble vidé de son contenu. À sa manière ludique et esthétique, Julio Galeote nous invite à une réflexion sur notre façon de nous approprier « nos espaces » et de marquer « notre territoire ». Il nous donne à voir ce qu’est l’espace dans une sorte de « neutralité » avant son appropriation, mais aussi, par les éléments de cette appropriation, une sorte de carte d’identité, composée d’une constellation d’objets, sur l’occupant des lieux. Sa technique de photographie à l’argentique, rappelle celle de Patrick Bally Maître Grand , elle en possède la chaleur, tout en procédent d’une réflexion totalement différente dans son approche du sujet choisi. La perfection est tout aussi présente que chez Andreas Gursky, mais avec des sujets de notre environnement sociétale et sans la froideur plastique de celui-ci.
Une partie de ce travail a été réalisée à Mulhouse lors d’une résidence en décembre 2007 (Musée de l’Impression sur étoffes, l’usine DMC, la salle de répétition de l’Orchestre Symphonique de Mulhouse.

Tranches de Quai

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A l’occasion d’une semaine d’ateliers avec des artistes invités, Le Quai, école supérieure d’art de Mulhouse, a ouvert ses portes le temps d’une soirée artistique et festive (performances, expositions, travaux d’étudiants, dégustations ???, etc.). Avec, dans le désordre, Anne Immelé, visagéité/subjectivité, Daniel Clochey, Rouge Gravure, Christian Savioz, Comics Back, Lionel Marchetti, Sonic Boom, Cécile Meynier – Dérapage, Lukas Hartmann, La grille topographique, Olivier Millagou, sans Issue et bien d’autres surprises ! Programme éclectique pour la première tranche de Quai ce jeudi, cela démarre avec un orchestre d’accordéons, de l’Ensemble Escadon, il faut prêter l’oreille pour entendre les différents airs, qui sont originaux et qui n’ont rien à voir avec ce qui est joué habituellement avec cet instrument. C’est étrange et envoutant. Puis Vincent Croguennec nous conte « une histoire à la noisette » adorable petit film fait de découpages, astucieusement monté, avec un délicieux humour. Isabelle Chaffard en soliste à l’accordéon nous interprète Ispaniada de W. Zolotarioz, dans le brouhaha de la foule, elle arrive à capter l’attention, suivi de Vegelin suite de J. de Haan par l’ensemble Escadon. Performance de « noble art » avec Hakim, Hatem, Julien, Osan de l’ASM Boxe, intitulé « des Coups, des coups et encore des coups …. fins comme des allumettes les jeunes boxeurs, ont impressionné le public et le petit chien…..
au-quai-le-6-novembre-2008-008.1227493284.jpg Puis ce fut au tour du directeur du Quai David Cascaro de nous conter en images, avec une sono stridente, le voyage en Malaisie, accompagné en musique à l’ordinateur, par d’Alex Kittel et sa composition, illustrant parfaitement la projection. Cette fable est l’histoire d’un jeune homme qui part avec sa Simca 1000, qui se crache, passe de l’autre côté du miroir, puis émerge lentement de son coma, de son voyage en Malaisie, qui peu à peu reprend conscience des personnes qui l’entourent, par flash, puis qui se rétablit, histoire qui laisse un sentiment indéfinissable.

Puis nous assistons à la conférence de Marie-Chantal – Gaëlle Fratelli, flanquée de 2 gardes du corps, costumés, lunettés, Pasquale Nocera et Fernando Pasquini. Elle nous explique que notre façon de nous vêtir dévoile notre personnalité. Puis soudain, pour illustrer son propos et nous convaincre que l’habit fait le moine … elle dévêt un des garde du corps qui rapidement se retrouve en caleçon, puis le second suit le mouvement pour ne pas être en reste. Pour corser l’affaire elle leur impose un déguisement à trouver dans un temps imparti, et les 2 compères se lancent dans une danse échevelée visible sur la vidéo ci-dessous attendez que la vidéo soit chargée entièrement pour la visionner.

la soirée s’est poursuivie au Noumatrouf 
photos et vidéo de l’auteur

Waoouhhh !

Waoohhhh ! Par elisabeth, 22 octobre 2008 à :: Expos régionales Une fois encore, le Crac étonne par son choix diversifié, étonnant, détonnant. A nouveau, l’équipe de Sophie Kaplan a réussi son pari de réunir des talents à l’imagination plus que fertile. Dans le 1er volet de « Waoohhh, Le merveilleux dans l’art contemporain », treize artistes de la scène internationale proposent leur vision de notre société et nous plongent dans leur monde singulier rempli de rêves et de science-fiction. Si les locaux du Crac ont subi une grande rénovation, en entrant, à peine franchi les quelques marches, le spectateur se dit que les travaux sont loin d’être achevés. En lieu et place du bureau d’accueil, sur un amas de gravier et de terre des centaines d’araignées lumineuses tentent de gravir le monticule. À y regarder de plus près, c’est d’une œuvre dont il s’agit : « Araignées ». Celle d’un jeune Suisse, Vincent Kohler qui, du haut de ses 21 ans, se fait un malin plaisir à surprendre. Il met en scène un curieuse montagne, plutôt un rocher fumant, grondant, un volcan en phase menaçante, portant bien son titre inquiétant de rocher du diable. L’Anglaise Zoë Mendelson a recréé une salle de classe. « La cyclo teacher », une fresque avec des éléments hétéroclites et des pupitres en carton.
En arrivant au premier étage, le titre de l’exposition vous apparaît de façon lumineuse,  » Waoohhh » devant un gigantesque haricot vert jubilatoire, une exubérance qui envahit la grande salle, dévore l’espace. Son auteur, le Portugais João Pedro Vale, est influencé par les contes de fées,mais c’est aussi une avant première de la Forêt Enchantée d’Altkirch.
 Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen ont dessiné à quatre mains des œuvres fantastico-loufoques qui répondent aux sculptures de Johnston Foster qui a l’art de recycler nos déchets en nous interpellant sur notre société de consommation, corne d’abondance d’où dégouline un amas hétéroclyte, telle une nature morte. Ou encore une autre compostion faite de club de golf surmontée d’un oiseau peut-être cible du chasseur « Rangerdanger »
Stéphane Thidet de retour au Crac, mais aussi présent à la FIAC, dessine sur un billard une montagne lieu d’une très haute valeur symbolique inaccessible au commun des mortels et pourtant si poétique. Une sorte de quête d’un ailleurs. Il nous précise « le titre pourrait théoriquement exister au milieu de cette table »
Le facétieux Pierrick Sorin réalise des courts-métrages et des dispositifs visuels dans lesquels il questionne avec humour et désespoir, tel un leitmotiv sous-jacent, la condition humaine, la place et le rôle de l’artiste ainsi que le processus créatif. Pour se faire, il adopte une démarche intellectuelle et humoristique à la croisée de la magie et du burlesque. Il n’a de cesse de manipuler les codes de l’audiovisuel et de détourner les stéréotypes. Acteur principal de ses oeuvres, il investit le rôle de l’antihéros dans des situations absurdes et facétieuses, autant de clins d’oeil aux illustres Buster Keaton, Jacques Tati et, plus récemment, Mister Bean. S’inscrivant dans l’héritage d’Emile Raynaud, Pierrick Sorin réinvente avec fantaisie les Petits théâtres optiques, où, à l’image des hologrammes, des personnages filmés évoluent dans de vrais décors et des objets réels. Juste pour vous donner envie de voir la suite… Son DJ vaut son pesant de dérision. Entre contes et mythes, nouvelles technologies et science-fiction, l’oeuvre de Nicolas Darrot dessine les contours d’un monde imaginaire peuplé de chimères et d’automates. Dans cette « fantaisie » à la fois ludique et poétique, l’artiste raconte l’histoire de métamorphoses impossibles et explore une réalité ambiguë, nourrie par un imaginaire où se côtoient différents univers. Le Cerf Macroterminitae, subtile référence à l’imagerie religieuse médiévale du Christ en croix, est un automate dissimulé sous un voile qui, dans un enchaînement de mouvements mécaniques, se dresse peu à peu, jusqu’à pouvoir entièrement tourner la tête vers le ciel. Le merveilleux à l’œuvre dans la pièce de Darrot se rapproche de la conception médiévale, où la merveille relève indifféremment du miracle chrétien, de la magie ou de la mécanique et où l’art de l’enchanteur et celui de l’ingénieur sont mal différenciés.
Alice Anderson Dans ses films comme dans ses photographies, l’artiste franco-anglaise Alice Anderson revisite et invente des contes fantasmagoriques à la frontière entre réel et imaginaire, perversité et innocence, rêve et cauchemar. À travers ses histoires merveilleuses dont les hommes sont le plus souvent absents, elle décrit la cruauté des relations mère fille et interroge l’identité féminine. Les « contes freudiens » d’Alice sont des miroirs déformants qui reflètent les images multiples de ses héroïnes, d’elle-même et de chacun d’entre nous. Ses oeuvres révèlent la dualité essentielle du conte : derrière la fantaisie et le jeu se cache une réalité amère » (d’après Maud Jacquin). Dans la vidéo Bluebeard, Barbe Bleue est une femme. Elle habite seule dans une grande demeure. Un jour, une mère et son jeune fils (l’interprète est féminine) frappent à la porte. Barbe bleue les accueille. La fable qui se déroule alors est la scène où se nouent et dénouent de troubles relations entre les trois protagonistes. Une autre photographie évoque Peter Pan. Jouant de contrastes et d’oxymores, Christian Gonzenbach explore un univers qui se situe à la frontière du poétique et de l’effrayant, du quotidien et de l’extraordinaire, et où, peu à peu, tout semble changer de sens. Dans Waoohhh!, à l’instar des trophées de chasse, Christian Gonzenbach accroche aux murs ses Ordinary Tales, peaux de lapin gravées au laser. Entre tragédie et ironie, les Ordinary Tales narrent les aventures du Lapin Géant, issues de contes et légendes populaires et d’imageries collectives largement réinterprétés. Ainsi, en King-Kong, chassé par Diane, crée par Frankenstein ou encore terrassé par Saint-Georges, le lapin s’approprie différents rôles, à la fois drôles et sordides, qui l’inscrivent dans un cycle de vie et de mort. Les caniches géants de Michel Blazy avec leur pelage en mousse à raser semblent être fascinés par les bêtes terrestres et aquatiques de Bruno Pelassy qu’un simple son rend à la vie, au grand plaisir des tout petits. Fiers Caniches éphémères qui demandent un toilettage et une surveillance quasi quotidienne à la dynamique équipe du Crac. photos et vidéos de l’auteur la vidéo d’Alsatic

Un monde à part


anish-kappor.1241213901.jpgAu musée Würth à Erstein (67), en ouverture, l’œuvre d’Anish Kapoor (Sans Titre, 2004), sculpteur britannique d’origine indienne, entraîne le spectateur vers ce monde à part de l’art en le mettant face à son propre reflet dans un miroir : tour à tour agrandi, brouillé puis inversé, tête en bas, pour apparaître soudainement lorsque il est tout près, de manière assez grotesque. Inévitablement la fascination du miroir opère.
En contrepoint, la déstabilisation du spectateur et l’incitation à une nouvelle perception trouvent un écho avec

 
l’Autoportrait au chien (Besuch im Heimatmuseum III) de Georg Baselitz (déplacé depuis, pour cause de trop georg-baselitz-autoportrait-au-chien.1241214033.jpggrande luminosité). Le sujet inversé se tenant littéralement sur la tête, ses significations conventionnelles et l’identification de son contenu objectif n’opèrent plus. Il en résulte une ambiguïté entre figuration et abstraction.
Les toiles et sculptures environnantes se reflètent en inversion dans le miroir d’ Janish Kapoor : Iconoclasme d’Anselm Kiefer, la Longue Marche sur l’Aigle de Jörg Immendorff, le Grand Masque de Stephan Balkenhol
 
La réactualisation des traditions mythiques distingue tout particulièrement l’œuvre d’Anselm Kiefer dont les allusions spirituelles et historiques peuvent se lire comme l’expression de vérités, voire même d’archétypes dépassant l’individu (Iconoclasme, Les Érinyes). L’œuvre politiquement et socialement engagée de Jörg Immendorff s’appuie sur une iconographie explicite et détaillée ; sa peinture monumentale Longue marche sur l’Aigle renforce le lien entre histoire personnelle et nationale.
Le Grand Masque en bois de cèdre de Stephan Balkenholstephan-balkenhol-masque1.1241214334.jpg évoque, par sa forme totémique et sa monumentalité, les origines cultuelles et mythologiques de l’art. Pour ce dernier lorsqu’on est en face de lui, en face c’est un peu prétentieux vu sa grande taille (294x150x95), il a les yeux ouverts. Si on le contemple du premier stephan-balkenhol-masque.1241214407.jpgétage, il a les yeux clos, le visage empreint de sérénité.
 
 
Anselm Kiefer nous révèle l’importance et l’actualité que revètent les évènements mythologiques et historiques. Dans sa peinture Iconoclasme, il interprète comme une attaque contre la liberté d’expression de l’artiste, la querelle qui éclata à anselm-kiefer-les-iconoclastes.1241214107.jpgByzance aux VIIIe et IXe s. Initiée par l’empereur Léon III, celle-ci a conduit ses successeurs à détruire les images saintes et à poursuivre, ceux qui étaient qualifiés d’adorateurs d’images ou « d’iconodules » Sur ce tableau monumental que recouvre une impressionnante superposition de matières, des chars d’assaut encerclent la palette du peintre. Alors que les iconoclastes sont identifiés aux chars, les noms manuscrits des iconodules occupent la surface de la palette.
 
Les Erinyes déesses vengeresses de la mythologie grecque, nées de l’union involontaire de de Gaia et d’Ouranos, poursuivaient sans pitié leurs victimes, qu’elles condamnaient à la folie. Telles de mystérieuses apparitions, Alecto, Tisipone et anselm-kiefer-les-eniryeis.1241214165.jpgMégère investissent le tableau de Kiefer, en se détachant du fond dont la matière est indistincte, gris bleutée, contraste avec le relief blanc de leurs vêtements. En lieu et place de leur tête, un maillage de fil de fer, vient couronner leur corps. Les redoutables Erinyes étaient coiffées de serpents entrelacés, mais on ne peut s’empêcher d’y voir aussi l’allusion aux camps si permanente chez Anselm Kiefer
 
Plus que tout autre artiste Jörg Immendorff est resté fidèle à l’engagement de son maître Joseph Beuys, (que l’on aperçoit sur la toile donnant du feu à son voisin Marcel Duchamp) en faveur d’un art à motivation sociale et politique. Il interroge le rôle de l’artiste dans la société. Dans la longue marche de l’aigle, l’aigle impérial allemand occupe toute la surface de l’oeuvre. Il constitue le décor d’évènements jorg-immendorf-enheit.1241214258.jpgcomplexes, représentés à la manière d’une gravure en clair obscur. AR Penck est occupé à peindre et s’applique à forger le mot « Einheit » (unité) Le mythe de l’artiste et le passé de l’Allemagne sont sur cette toile indissolublement liés.
 
C’est un musée absolument fantastique, ainsi que tout l’ensemble de l’entreprise devant laquelle se trouve la sculpture de Jacobsen. Des visites guidées fournissent les clés de compréhension à la très riche collection d’art contemporain.
Visible jusqu’au 21 septembre
La prochaine exposition sera consacrée à François Morellet (les photos sont autorisées)

Carla = Cécilia ?

la-dame-a-la-licorne-leonard-de-vinci.1233587324.jpg Ne trouvez-vous pas que la nouvelle épouse du président des français, Carla Bruni ressemble quelque peu au portrait de La Dame à l’hermine (Cecilia Gallerani), huile sur bois, 1488-1490. Musée de Cracovie, Pologne, peint par Léonard de Vinci ?La toile représente Cecilia Gallerani, la maîtresse de Ludovic Sforza, duc de Milan, qui fut d’abord son tuteur et le protecteur de Léonard. La peinture est l’un des quatre portraits de femme peints par Léonard de Vinci, les trois autres étant le portrait de Mona Lisa, celui de Ginevra de Benci et celui de la Belle Ferronière . En dépit de nombreux dommages, elle est néanmoins en meilleur état que plusieurs autres peintures de De Vinci.
Léonard a rencontré Cecilia Gallerani à Milan en 1484, lors de l’épidémie de peste, alors que tous deux habitaient au Castello Sforzesco, le palais de Ludovic Sforza, le More. Jeune et belle, âgée de seulement 17 ans, Cecilia était la maîtresse du duc.
La légende veut que dans la Vierge aux rochers, Léonard a peint l’ange à l’image du visage de Cecilia, alors qu’elle était une inconnue pour lui. Il ne l’aurait rencontrée qu’après.
Plusieurs interprétations iconographiques de l’hermine que tient la jeune femme ont été proposées. On y a vu le symbole de la pureté ou encore l’emblème du More, qui était « l’ermellino », une petite hermine. Ce pourrait être également un calembour sur son nom de famille, Gallerani, l’hermine en grec se disant galay. Ou encore un élément de la mode de l’époque, la jeune femme étant représentée avec un seul collier, alors que son protecteur et commanditaire de la toile la couvrait de bijoux. À proprement parler, l’animal du tableau semble ne pas être une hermine mais plutôt un furet blanc.
La peinture a été acquise par Adam Jerzy Czartoryski, le fils d’Izabela Czartoryska et d’Adam Kazimierz Czartoryski en Italie en 1798 et intégrée dans les collections de la famille Czartoryski en 1800. L’inscription dans le coin haut gauche de la peinture,
« La Bele Ferioniere.Leonard d’AWinci. », a été probablement ajoutée par un restaurateur peu de temps après son arrivée en Pologne. Léonard, comme c’était l’usage à cette époque ne signait pas ses toiles. Les artistes s’incluaient dans leurs tableaux, dans la représentation d’un personnage, en général caché parmis d’autres, mais très souvent, regardant le spectateur. En 1939 elle a été saisie par les nazis et envoyée au musée Kaiser Friedrich à Berlin. En 1940 Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, a demandé qu’elle soit restituée à la ville de Cracovie et il l’accrocha, par la suite, dans ses bureaux. À la fin de la seconde Guerre mondiale, elle a été découverte par les troupes alliées dans la maison de Frank en Bavière. Elle est revenue en Pologne et est actuellement exposée au musée Czartoryski à Cracovie.
Le film polonais Vinci (2004) a pour sujet un vol du tableau.

Léonard De Vinci, La Dame à l’Hermine

Ce n’est pas l’histoire d’une toile mystérieuse mais plutôt celle d’un secret de fabrication. En 2014, le laboratoire parisien Lumieres Technology révèle que La dame à l’hermine de De Vinci a donné beaucoup de mal à l’artiste, qui à dû s’y reprendre à trois fois avant d’arriver au résultat que l’on connait. A l’origine, le portrait se passait de cette hermine mystérieuse, symbole politique, ajoutée puis retravaillée, obligeant le peintre à modifier la position du bras de son personnage ainsi que d’autres détails plus discrets.
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"J'embrasse pas"

 
La riposte des artistes au baiser de Sam Rindy
A Avignon, l’exposition « J’embrasse pas » décline tous les registres du baiser et dénonce le vandalisme

Yvon Lambert

Yvon Lambert, marchand d’art, devant les « lèvres » de l’artiste Bertrand Lavier, symbole de l’exposition. © CYRIL HIELY
Dès l’entrée, les lèvres géantes de Mae West réinterprétées « à la Dali » par Bertrand Lavier, vous accueillent. L’exposition s’intitule « J’embrasse pas ». Elle est née dans l’émotion, après l’affaire du baiser au rouge à lèvres apposé le 19 juillet par une jeune martégale comme un « acte d’amour » sur une toile blanche de Cy Twombly.
« Nous avons vécu cela comme un viol », explique Eric Mézil, directeur de la collection Lambert. « Puis, nous avons vu des artistes du monde entier se manifester ». L’exposition dévoile cette riposte des artistes. « J’embrasse pas, c’est l’avertissement qu’il faudra peut-être, un jour, afficher à l’entrée des musées, comme je casse pas, je vole pas », poursuit E. Mézil.
Un baiser sur un crâne, inquiétante vanité de Douglas Gordon. Des photos qui débusquent la nature tantôt sensuelle ou violente d’une bouche, l’ambiguïté dangereuse d’un baiser. Sur une toile géante d’Anselm Kiefer, une Kalachnikov vise la palette du peintre. L’évocation de la mise en danger des oeuvres et de leur surveillance se prolonge avec les silhouettes policières grandeur nature de Xavier Veilhan, ou le coeur en matraques de Kendell Geers.
Puis l’exposition conduit le visiteur vers le blanc et le monochrome, répondant par l’exemple à la question « Une toile blanche peut-elle être une oeuvre d’art? ». Un triptyque blanc de Rynan, souillé puis restauré il y a une dizaine d’années, laisse apparaître une trace qui ressort avec les années. Face à lui devait être exposé le triptyque de Cy Twombly, estimé à 2 millions de dollars. Il n’y est pas.
« On n’arrive pas à le restaurer, l’oeuvre est fichue », se désole E. Mézil.
En guise de conclusion, des oeuvres subtiles sur la mémoire de la trace, et un minuscle « oreiller pour la mort », sorte de requiem pour une oeuvre d’art.
Collection Lambert à Avignon. Du 28 octobre au 15 janvier. Rens : 04 90 16 56 20.
Carina Istre La Provence
Si ça ce n’est pas de l’opportunité !!!

Rindy Sam "accepte la sentence"

Avocate

 
AVIGNON (AFP) — Entre « geste d’amour » et vandalisme, la justice a tranché vendredi en condamnant Rindy Sam, connue depuis l’été pour avoir laissé la trace de son rouge à lèvres sur une toile immaculée du peintre américain Cy Twombly exposée à Avignon.
La jeune femme, âgée de 31 ans et de nationalité cambodgienne, a écopé d’une peine de 100 heures de travaux d’intérêt général alors que le représentant du parquet avait requis une amende de 4.500 euros et un stage de citoyenneté.
Le tribunal correctionnel d’Avignon a par ailleurs condamné la prévenue à indemniser les parties civiles, à hauteur de 1.000 euros pour le propriétaire de l’oeuvre et 500 euros pour la Collection Lambert qui l’exposait.
Elle devra également payer un euro symbolique à Cy Twombly, artiste de renommée internationale, qui s’était dit « horrifié » par le baiser laissé en juillet sur une de ses oeuvres exposées à Avignon par la Collection Lambert.
L’affaire n’est cependant pas encore terminée, les magistrats ayant renvoyé au 28 février leur décision sur les frais de restauration, pour lesquels la Collection réclame 33.440 euros.
« Consciente d’avoir dégradé le bien d’autrui », Rindy Sam, qui peint elle-même, « accepte la sentence ».
Pour autant, elle dit ne pas regretter son geste qu’elle décrit comme un « acte d’amour et artistique ».
Une attitude que l’avocate des parties civiles, Me Agnès Tricoire, interrogée par l’AFP, a jugé « choquante ». Pour la Collection Lambert, le jugement oppose d’ailleurs un « démenti cinglant » au « prétendu geste d’amour » de la jeune femme.
« Un baiser est un acte merveilleux; un coup de marteau est un acte violent », a estimé pour sa part Pierre Pinoncelli, spécialiste des « happenings » artistiques, connu pour ses coups de marteau sur des urinoirs de Marcel Duchamp. Habitant Saint-Rémy de Provence (Vaucluse), il dit avoir assisté au procès « en curieux ».
Pinoncelli

 
L’affaire du « bisou » a fait l’objet depuis l’été d’une importante médiatisation, amplifiée début octobre, lors du procès, par la dégradation d’un tableau de Claude Monet au musée d’Orsay .
Les deux parties se sont mutuellement reproché vendredi d’avoir orchestré cette médiatisation afin d’en tirer parti.
La Collection Lambert a ainsi dénoncé dans un communiqué
« la notoriété gagnée par la vandale au détriment de Cy Twombly, et l’élan de sympathie médiatique qu’elle a suscité en surfant sur une vague fort désagréable: celle du mépris de l’art contemporain »
.
La défense accuse au contraire la Collection de profiter de l’affaire via l’organisation d’une nouvelle exposition intitulée « J’embrasse pas » et présentée par Eric Mésil, directeur de la Collection Lambert, comme une « démarche didactique et pédagogique » pour comprendre ce qu’est le vandalisme.
Mais pour Me Jean-Michel Ambrosino, l’avocat de Rindy Sam, « la Collection surfe sur la vague médiatique »; la faiblesse des dommages-intérêts par rapport aux montants réclamés montre que « le magistrat l’a bien pris en compte ».
Le conseil considère d’ailleurs beaucoup trop élevé le montant des frais de restauration demandé par la Collection et regrette que le tribunal n’ait pas désigné d’expert judiciaire indépendant.
Selon lui, le montant réclamé pour la restauration se base sur un devis établi par la restauratrice exclusive de la Collection Lambert, et « il n’y a là aucune objectivité ».
Dans l’immédiat, Rindy Sam, qui élève deux enfants avec son RMI dans un logement HLM de Martigues (Bouches-du-Rhône), est prête à payer ce qu’on lui réclame.
« Je vais vendre des nems pour payer les amendes, au lieu d’acheter de la peinture », a-t-elle dit.
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Rouge à Lèvres sur une toile = Syndrome de Stendhal ?

 
Ce syndrome est appelé ainsi à la suite de l’écrivain français Stendhal qui a vécu une expérience similaire lors de son voyage en Italie, à l’étape de Florence, en 1817. Il écrit alors :

Sam Rindy

« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »
Stendhal n’a rien fait pour s’en prémunir puisque s’asseyant sur un banc de la place, il lut un poème pour se remettre, et vit que ses visions empiraient à la lecture de cette somme de culture ambiante dans les lieux : il fut épris et malade à la fois de tant de profusion.
Ce syndrome ne fut pas décrit comme un syndrome spécifique avant 1979. La psychiatre italienne Graziella Magherini, officiant à l’hôpital central de la ville, a observé et décrit plus de 100 cas similaires parmi les touristes de Florence, le berceau de la Renaissance. Sa description figure dans un livre éponyme qui classe les cas de manière statistique selon leur provenance et leur sociologie. En résumé :
* les touristes provenant d’Amérique du Nord et d’Asie n’en sont pas touchés, il ne s’agit pas de leur culture;
* les touristes nationaux italiens en sont également immunisés; ils baignent dans cette atmosphère depuis leur enfance;
* parmi les autres, sont plus touchées les personnes vivant seules et ayant eu une éducation classique ou religieuse, indifféremment au sexe.
Les phrases précédentes sont réductrices et devraient s’interpréter selon l’acception « individus ayant reçu une éducation de la civilisation de Y » plutôt que « individus provenant de Y ».
Le facteur déclenchant de la crise est le plus souvent lors de la visite de l’un des 50 musées de la ville, où le visiteur est subitement saisi par le sens profond que l’artiste a donné à son œuvre, qui transcende les images et le sujet de la peinture; les réactions des victimes subjuguées sont très variables; des tentatives de destruction du tableau ou d’hystérie ont été observées. Les gardiens de musée sont au courant de cette particularité locale et surveillent les comportements atypiques de leurs hôtes, surveillance sans excès toutefois.
On trouve aussi la dénomination de « Syndrome de Florence » (« Syndrome de Stendhal » étant la dénomination officielle) Nos participants au voyage de Florence sont ainsi prévenus ….
Peut-on associer le comportement de Sam Rindy au syndrome de Stendhal ?
Rouge à lèvres sur une toile: procès à Avignon
Sam Rindy, la femme qui a déposé un baiser rouge sur une toile blanche de Cy Twombly
4.500 euros d’amende ont été requis contre la jeune femme qui avait taché une toile de Cy Twombly avec du rouge à lèvres
Rindy Sam est poursuivie pour « dégradation d’oeuvre d’art ». Elle devait comparaître le 16 août en audience de reconnaissance de culpabilité mais elle a refusé de plaider coupable pour ce chef.
La jeune femme avait embrassé fin juillet à Avignon une toile toute blanche du peintre US, qui fait partie d’un triptyque évalué à deux millions d’euros.
Estimant que le geste de Rindy Sam s’apparente à « une sorte de cannibalisme ou de parasitisme », le représentant du parquet a également demandé au tribunal correctionnel d’Avignon, comme peine complémentaire, qu’elle soit condamnée à un stage de citoyenneté.
Le tableau est la propriété d’Yvon Lambert, fondateur de la collection Lambert. Elle était présentée à l’occasion d’une exposition intitulée « Blooming », consacrée à Cy Twombly et organisée par la Collection Lambert du 10 juillet au 30 septembre.
La toile initialement d’une blancheur immaculée, fait partie d’un triptyque lu-même inclus dans un polyptique de onze éléments, « Les trois dialogues de Platon« , datant de 1977.
Le directeur de la Collection Lambert et commissaire de l’exposition, Eric Mézil, avait dénoncé un « viol » de l’oeuvre d’art. Selon lui, « Le rouge à lèvres contient des matières grasses, des produits chimiques et le rouge est la couleur la plus violente: ce rouge est indélébile ».
Quand la passion rend fou
Rindy Sam, peintre cambodgienne, venue spécialement de Martigues, où elle réside, pour assister à l’exposition n’avait pas pu résister à l’attrait de l’oeuvre. Tombée en arrêt devant la toile et après avoir demandé à son fiancé de la photographier bras grands ouvert devant cette dernière, elle s’est mise, dans un éclat de bonheur, à l’embrasser.
Une véritable étreinte pour cette dame qui assure avoir vécu un acte d’amour d’une grande pureté:
« J’ai déposé un baiser. Une empreinte rouge est restée sur la toile. Je me suis reculée et j’ai trouvé que le tableau était encore plus beau… », a-t-elle confié. « J’assume mon acte. Il est beau; cette toile blanche m’a inspirée. On me dit que c’est interdit de faire des choses pareilles, mais c’était totalement spontané ».
a déclaré Rindy Sam, qui conteste avoir commis une dégradation d’oeuvre d’art.
au 13 h de France 2 du 9 octobre sous la rubrique