Anselm Kiefer dans la collection Würth

anselm-kiefer-dein-goldenes-hair-margarete-1981.1297957517.jpgExtraits du texte de Danièle Cohn, professeur d’esthétique à l’Université de Paris/ Panthéon Sorbonne, et philosophe,  auteur du catalogue : l’Art comme le soleil, qui nous a présenté la nouvelle exposition :

« Pour qui regarde une première fois une oeuvre d’Anselm Kiefer ou découvre une oeuvre nouvelle, le choc est toujours là, l’incompréhension au premier abord également. Lourde de symboles, exigeant un glossaire, contenant souvent quelques mots écrits à la main, combinant les techniques et engrangeant les qualités de médiums divers sans pour autant les fusionner, ou même les « monter » pour leur donner une continuité sémantique et matérielle, une oeuvre de Kiefer s’installe dans notre perception et comme un monument, et comme une trace mnésique individuelle, un souvenir d’un quotidien dans sa banalité. La peinture de Kiefer est cultivée, savante même. Elle est imprégnée de littérature et d’histoire de l’art, de musique et d’histoire de l’architecture, de philosophie et de science, de théologie et d’alchimie. »
Elle affectionne particulièrement  une œuvre d’Anselm Kiefer, (ci-dessus) qui est toute en opposition avec ses grands formats : Dein goldnes Haar, Margarete 1981, thème qu’il a décliné sous d’autres formats.

Je lui laisse la parole :
Paille collée, comme des nids, ceux dans lesquels on installe précautionneusement les œufs de Pâques – ou l’enfant Jésus dans la crèche, – aux carreaux d’une fenêtre. Croisée de la fenêtre, noir et blanc de la photographie, faire part de deuil aussi bien que croix tout autant, mais alors quelle croix, catholique, orthodoxe, protestante, croix de bois sur les tombes ? Papier noir, comme brûlé, noir de cendre, reste de la crémation, cadre noirci pour la clarté jaune de la paille. Textures mêlées du papier, de la pellicule, de la gouache et du relief, que font ces fétus de paille assemblés, tenus dans l’encadrement sombre .img_2849.1297960876.JPG
Pour qui regarde une œuvre de Kiefer une première fois ou découvre une œuvre nouvelle, le choc est toujours là, l’incompréhension au premier abord. Lourde de symboles, exigeant un glossaire, contenant souvent quelques mots écrits à la main, combinant les techniques et engrangeant les qualités de mediums divers sans pour autant les fusionner, ou même les « monter » pour leur donner une continuité sémantique et matérielle, une œuvre de Kiefer s’installe dans notre perception et comme un monument, et comme une trace mnésique individuelle, un souvenir d’un quotidien dans sa banalité. La peinture de Kiefer est cultivée, savante même. Elle est imprégnée de littérature et d’histoire de l’art, de la musique, d’histoire de l’architecture, de philosophie et de science, de théologie et d’alchimie.
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L’exposition Anselm Kiefer dans la Collection Würth présente le fonds particulièrement riche des oeuvres de l’artiste allemand, depuis ses oeuvres de jeunesse jusqu’à aujourd’hui. Les choix d’acquisitions du collectionneur et fondateur du Groupe Würth, Reinhold Würth, se sont en effet portés ces dernières années sur différents ensembles majeurs du travail de Anselm Kiefer.
Organisée autour des thèmes du paysage héroïque, de la poésie et des cosmogonies, l’exposition se veut comme un parcours dans une géographie imaginaire, l’esquisse d’une cartographie des pensées historiques, poétiques ou encore philosophiques chères à l’artiste. Elle présente ainsi des oeuvres de jeunesse marquées par ses interrogations sur la difficulté d’être un artiste allemand dans les années 1960-1970, vingt-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Anselm Kiefer appartient à cette génération de plasticiens qui évolue autour de la figuration et du retour au sujet (Richter, Baselitz, Immendorf, Lüpertz). Ces artistes se plongent dans les thèmes littéraires, philosophiques ou artistiques de la culture allemande souvent récupérés par le régime nazi. Cette mémoire qu’ils souhaitent se réapproprier est aussi une arme pour questionner la conscience collective longtemps silencieuse après la défaite de 1945. Les figures héroïques, les corps mutilés, les vastes paysages sont autant de symboles de cette nouvelle iconographie.
Anselm Kiefer, né en mars 1945, fait le choix à la fin de ses études d’expérimenter physiquement le nazisme lors d’un voyage « d’occupation » à travers la France, l’Italie et la Suisse, à l’été 1969. L’artiste se met en scène dans une série d’autoportraits photographiques dans lesquels il effectue le salut nazi. Cet ensemble de photographies aboutira à la réalisation de livres d’artiste, puis en 1970 à une série de huit tableaux intitulés Symboles héroïques. Il déclarera par la suite : « Il fallait que je fasse un petit bout de chemin pour comprendre la folie ».
L’exposition révèle aussi un ensemble d’oeuvres monumentales réalisées au cours des vingt dernières années, où l’on retrouve les matériaux de prédilection de l’artiste : plâtre, plomb, paille, plantes séchées, terre, bois ou encore la photographie.
Le processus d’empilement et de transformation sur la couche picturale, d’objets, de matières et d’écriture qui caractérise le travail de création de Anselm Kiefer, crée une oeuvre polysémique que le visiteur peut aborder librement, en ayant connaissance ou non des références érudites de l’artiste. Les vastes constellations d’étoiles, désignées par des numéros puisés dans les annuaires astronomiques ou dans la nomenclature de la Nasa, invitent en effet tout autant à la contemplation d’un passé ou d’un futur imaginaire, à la découverte des palais célestes de la Kabbale, qu’aux récits de la mythologie antique qui donnèrent leur nom à des systèmes stellaires.
Le dialogue ininterrompu avec la poésie, en particulier celle de Ingeborg Bachmann et de Paul Celan, est pour Anselm Kiefer une source de stimulation intellectuelle et émotionnelle inépuisable, qui, le plongeant dans l’horreur de la Shoah, lui donne en même temps les moyens de survivre.
Peintre allemand, Anselm Kiefer est né en 1945 à Donaueschingen dans le Bade-Wurtemberg. Il étudie d’abord le droit, les langues et les littératures romanes, avant de s’orienter vers l’art en fréquentant les Ecoles des beaux-arts de Fribourg-en-Brisgau et de Karlsruhe. Après avoir travaillé à Buchen dans le Bade-Wurtemberg, il s’installe en France et travaille depuis 1993 à Barjac dans le Gard et depuis 2007 à Paris.
L’oeuvre d’Anselm Kiefer démarre sur une interrogation capitale : comment, après l’Holocauste, être un artiste qui s’inscrit dans la tradition allemande ? Ce travail existentiel de mémoire s’est élargi d’une quête spirituelle nourrie de grands mythes et de mystique kabbalistique. Pétri de culture, il mêle peinture, photographie, livres et sculptures. Fasciné par le judaïsme, Anselm Kiefer a, tout au long de son oeuvre, exploré le thème de la Kabbale avec la même insistance que celui de la Germanité.

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Ses oeuvres font partie des collections des plus grands musées du monde. En octobre 2007, trois de ses oeuvres (Athanor, une peinture de 11 mètres de haut, Danaë et Hortus conclusus, deux sculptures) entrent dans les collections du Louvre. Il a inauguré le programme Monumenta du Grand Palais à Paris en 2007, avec un travail qui rend hommage notamment aux poètes Paul Celan et Ingeborg Bachmann, mais aussi à Céline.
En 2009, à l’occasion des célébrations des vingt ans de l’Opéra Bastille, l’institution commande à Kiefer la conception d’un spectacle musical avec récitant, intitulé Am Anfang dont il réalise le concept, la mise en scène, les décors et les costumes sur des textes bibliques de l’Ancien Testament.
L’artiste a reçu le prestigieux Praemium Imperial Prize à Tokyo en 1999 et a été élu lauréat du Prix de la Paix des Libraires et Éditeurs allemands pour l’année 2008.
Anselm Kiefer a été nommé titulaire de la chaire de Création artistique au Collège de France pour l’année académique 2010/2011.
photos de l’auteur
Exposition jusqu’au 25 septembre 2011  avec diverses manifestations à consulter sur le site du musée

des visites guidées gratuites sont organisées certains dimanches

Elisabeth Bourdon – Partir de loin …

Jusqu’au 27 Mars 2011, avec l’exposition  « Partir de loin… », le Musée des Beaux-Arts de Mulhouse invite à découvrir l’œuvre d’
Elisabeth
Bourdon, son site
artiste-peintre mulhousienne. Entre constructions chromatiques et vibrations colorées, le parcours de l’exposition donne à voir en filigrane un travail où l’expérience dispute les apparences.
 Pour son exposition personnelle présentée au Musée des Beaux-Arts, Elisabeth Bourdon propose un florilège de toiles peintes, de formats carrés variés, composées de couleurs nuancées et de formes élémentaires.  Si l’utilisation du carré apparaît comme « l’unité d’un alphabet » pictural, les tableaux d’Elisabeth Bourdon ne veulent pas seulement être compris comme les assemblages d’une seule figure géométrique. En utilisant l’unicité d’une forme, l’artiste entend précisément emmener le regardeur de ses toiles de l’autre côté du sensible. Le carré, s’il fait référence dans l’œuvre d’Elisabeth Bourdon, vaut parce qu’il est associé à d’autres : juxtaposé, superposé et même cloisonné, loin d’exister pour lui-même, il est apposé, appliqué, par aplat précisément, afin de provoquer un « frémissement » visuel. Si l’artiste ne crée pas de séries, ses toiles cependant communiquent et se répondent, se tiennent la main parfois, créent des transitions toujours : vers un monde de possibles que l’artiste sonde elle–même avec une opiniâtreté remarquable. Elisabeth Bourdon interroge à cet égard les sens du spectateur. Son sens du regard tout d’abord, son acuité à dépasser les apparences et à percer le filtre d’un espace visuel à prime abord encombré. Elisabeth Bourdon incite le regard à aller au-delà de ce qu’il voit, et d’accéder à une « sphère claire » à l’aide d’interstices ménagés ici et là, timides ou plus présents. Car plus loin, il y a la couleur et ses infinis espaces : source de réjouissance et moyen efficace par lequel l’artiste interroge la sensorialité des accords qu’elle compose. L’exposition « Partir de loin… » ressemble à une invitation au départ. Il s’agit avant tout pour Elisabeth Bourdon de partir conquérir l’espace d’une toile, en deux temps. Partir de rien d’abord, de la surface d’une toile. Puis partir pour aller loin : recouvrir, et laisser néanmoins apparaître des respirations. Celles sans doute d’un souffle haletant mu par l’expérience de la peinture. Proche et présente, lointaine et distante tant le chemin à parcourir recquiert le sens et le goût du voyage, l’œuvre d’Elisabeth Bourdon, à l’image de la surface du tableau, épiderme de sensations variées, transporte les regards vers des émotions lointaines. 

Faire œuvre « d’expériences » : lignes, trames et points

L’évolution plastique et l’approche artistique d’Elisabeth Bourdon témoignent d’un profond goût pour l’expérience. Celle de la couleur et de son univers incommensurable. Celle de la forme et de ses métamorphoses. Entre l’un et l’autre, il y a le trait d’union de la touche, ce moment où la peinture est posée sur la toile et où l’expérience s’amorce : touche étroite à bords ovales, touche large à bords rectangulaires, ou touche quasi impressionniste où le point dialogue avec la persistance rétinienne. Entre toutes ses combinaisons qui annoncent la recherche d’une forme idéale, il existe essentiellement l’envie d’atteindre la mesure d’un répertoire formel et coloré. 
Raisonner par la couleur : mouvement et dynamisme

Dans l’œuvre d’Elisabeth Bourdon, le regard, le corps et l’esprit du regardeur sont simultanément emportés. Une force omnisciente les anime, sans aucun doute celle de la couleur et le mouvement qu’elle entraîne avec elle. Qu’il s’agisse d’une spirale visuelle, d’un frémissement ou d’une ébullition pour le regard, la couleur est ici employée de sorte que l’image fasse sensation. A cet égard, l’artiste déploie tout le bagage du professeur d’arts plastiques qu’elle est : la cohabitation des couleurs primaires, secondaires et complémentaires, l’attraction mutuelle et leur répulsion réciproque. S’organise ainsi un environnement où les unes laissent la place aux autres pour que se dessine enfin un « for intérieur » : cohabitation de règles et de surprises.
 L’interstice, cet intermédiaire : une question de rapport


 Les œuvres présentées dans l’exposition « Partir de loin… », lorsqu’elles sont rassemblées peuvent se lire comme une recherche de dialogue. Pour ce faire, Elisabeth Bourdon ménage dans ses toiles des espaces de transition. Petites « pépites » colorées ou simples espaces vides signifiés par un fond neutre, ces « communications » apparaissent tantôt comme des espaces cloisonnés, tantôt comme des respirations. Ruptures visuelles dans des gammes chromatiques harmonieuses, elles permettent de nouveaux rebondissements dans cette quête du voyage auquel convie Elisabeth Bourdon. 
S’affranchir du carré ?

Chez Elisabeth Bourdon, la forme n’est pas une fin en soi. Elle représente davantage le cadre, l’espace d’un dialogue, entre elle-même et les « paysages » de ses souvenirs gardés ainsi en mémoire. L’emploi du carré s’apparente de ce fait à une reconstitution. Forme simple, l’artiste lui impose cependant des métamorphoses : la régularité n’est pas de mise, ni dans sa disposition sur la toile, traitée empiriquement, ni dans son traitement formel. Moyen et non pas objectif, il n’est pas source d’une « composition ». L’artiste ne cherche pas à produire un caractère sériel, répétitif, mais bien à utiliser une unité propre à créer un processus de cohabitation dans ses toiles. Chaque carré coloré participe de l’équilibre d’un maillage encore plus vaste : mise en abîme peut-être, mais surtout évocation d’un ensemble transcendant.
texte de Mickael Roy


photos 1  2  6 de l’auteur
autres photos –  dossier de presse ville de Mulhouse

Beatriz Milhazes à la Fondation Beyeler

spring-love-2010_home.1296741291.jpgLa Brésilienne Beatriz Milhazes est l’une des artistes les plus en vue de la scène artistique internationale actuelle. Elle puise les thèmes fondamentaux de son œuvre dans la richesse de la nature tropicale ainsi que dans l’histoire et la culture de sa patrie, donnant naissance à des compositions très vivantes, remplies d’arabesques, d’ornements floraux et abstraits, de formes géométriques et de motifs rythmiques, qui révèlent une somptuosité chromatique lumineuse.
Pour la première fois une exposition est dédiée à Beatriz Milhazes en Suisse. Elle a été exposée à la Fondation Cartier pour la France. La Fondation Beyeler présente dans son souterrain une exposition qui rassemble quatre nouvelles peintures monumentales de l’artiste, une sélection de ses collages les plus impressionnants et un mobile. Les toiles spécialement réalisées pour cette exposition, auxquelles Beatriz Milhazes travaille depuis deux ans, déclinent le thème des quatre saisons. La technique picturale tout à fait singulière de Milhazes s’inspire de la décalcomanie. L’artiste recouvre de peinture des films plastiques transparents. Elle applique les couleurs sur la toile en retirant le film. Les films constamment réutilisés conservent ainsi des traces qui peuvent réapparaître dans la même œuvre ou dans des compositions ultérieures. Tel un palimpseste, chaque peinture témoigne de l’écoulement du temps.portrait-milhazes.1296939632.jpg
Avec les quatre saisons, c’est la première fois que Milhazes décide du sujet d’une œuvre avant de se mettre à peindre. Le plus souvent en effet, elle choisit le titre une fois son travail achevé, à partir d’une liste de mots et de phrases notés au préalable, sans qu’il existe obligatoirement de lien objectif entre le titre et l’œuvre. Il n’est pas rare non plus qu’elle emprunte les titres de ses collages aux matériaux utilisés, par exemple du papier d’emballage de sucreries. Leur papier multicolore ou monochrome, à motifs, brillant ou fluorescent est également employé pour réaliser des collages.collage.1296744534.jpg
mobile.1296744468.jpgEn 2007, Beatriz Milhazes a réalisé un décor pour la troupe de danse de sa sœur Marcia (Marcia Milhazes Dance Company). Un des mobiles qui ont servi dans ce spectacle a été repris et développé par l’école de samba Imperatriz Leopoldinense de Rio de Janeiro pour l’exposition de la Fondation Beyeler. Les matériaux se composent d’éléments décoratifs très simples, comme on en utilise pour confectionner les chars des défilés de carnaval.
Si la peinture constitue l’élément majeur du travail création artistique de Milhazes, elle recourt également à d’autres techniques telles que le collage ou la gravure. Parallèlement à la production de livres d’artiste, elle s’intéresse également à la création de textiles, de façades, de décors de scène et même d’espaces intérieurs comme celui de la Tate Modern de Londres. A l’Art Basel Miami Beach de 2010, la Fondation Beyeler a présenté un spectaculaire travail de revêtement de sol: toute la surface du stand était recouverte de carreaux de céramique conçus par Milhazes, qui expérimentait ainsi une nouvelle technique.img_1262.1296742225.jpg
Le travail de revêtement de sol de carreaux de céramique conçus par Milhazes est désormais une œuvre pérenne, visible au sous-sol de la Fondation Beyler. Je ne peux manquer de trouver un lien de parenté entre Cette artiste brésilienne et l’asiatique Murakami, exposé récemment au Château de Versailles, dans l’opulence multicolore des fleurs, quoique l’idée créatrice ne porte pas la même signification.
La commissaire de cette exposition est Michiko Kono, conservatrice adjointe à la Fondation Beyeler.
Jusqu’au 25.4. 2011
Photos 1 et 2  courtoisie de la Fondation Beyeler.
les autres de l’auteur

Ernest Pignon Ernest – Mystique du carmel

 Ernest Pignon-Ernest (né à Nice en 1942) travaillant la ville comme un matériau plastique et symbolique, Ernest Pignon-Ernest crée des œuvres éphémères par nature dont les traces nous sont offertes, dans les musées et dans les galeries, également dans les livres et les films : dessins préparatoires faits à l’atelier, photographies des rues métamorphosées par ses interventions.
les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest sont souvent tragiques, liées à l’horreur des temps et à la condition des hommes à toute époque… Les images de Prométhée et de son aigle, les figures du Christ souffrant et de sa mère douloureuse, les ombres des morts d’Hiroshima hantent bon nombre de ses dessins.
En même temps, la joie de vivre, la sensualité ont leur place dans ce travail. D’abord s’y manifestent le plaisir du dessin et le bonheur de peindre la nudité des corps, même s’il s’agit souvent de corps douloureux. D’autre part, certains événements créés par l’artiste sont des événements heureux.
Ses œuvres les plus riches, les plus complexes, les plus émouvantes, Ernest Pignon-Ernest les a réalisées à Naples, au cours de quatre séjours (en 1988, en 1990, en 1993 et en 1995).
À Naples, il pense les rapports entre la mort et la vie, entre la mort dont on plaisante et celle qui fait pleurer, entre les pompes de la mort et sa misère, entre la mort que l’on donne aux autres et celle qui vous frappe, entre la mort et les dieux souterrains, entre les rites païens et les rites chrétiens. Il cite des tableaux de Caravage et reprend les gestes peints par les peintres napolitains du xviie siècle ; il les reprend avec une heureuse liberté, avec une infidélité volontaire, afin de rendre plus lisibles et plus bouleversants les corps placés en hauteur dans une rue étroite, ou d’autres corps situés dans un soupirail, tout près de dalles en lave noire.

À Naples, il montre des ensevelissements et des résurrections. Il rêve aux Enfers décrits par Virgile. Il se souvient du voisinage de Pompéi et d’Herculanum, cités ensevelies et protégées par leur disparition provisoire. Ses œuvres tendent à manifester la proximité de la catastrophe et du miracle, de la mort et de l’érotique, à rappeler les cultes païens de fécondité et leur continuité masquée à l’intérieur du christianisme… À Naples, il a collé près de mille dessins et sérigraphies.
« Ça fait, dit-il, que j’ai caressé, que je connais les murs de Naples, leur texture, jusqu’au bout des doigts. »
Pour terminer cette approche des œuvres d’Ernest Pignon-Ernest, on soulignera deux de leurs caractères. Tout d’abord, ce sont des œuvres sans couleurs, des dessins en noir et blanc. Elles échappent ainsi à la fois à la tentation du trompe-l’œil et à celle du pathétique. Le sang n’y est pas rouge.
D’autre part, il n’y a pas de cadre autour des œuvres. Celles-ci ne se limitent pas à l’image : parmi les éléments qui constituent chaque œuvre, il y a le mur où elle se place, le sol au pied de ce mur, les habitants et les passants, les souvenirs et les fictions qui hantent la ville. En même temps, l’image creuse les murs, travaille et transforme l’espace urbain. Cette transformation est, la plupart du temps, acceptée par les habitants eux-mêmes, souvent aimée par eux.  Le noir et blanc, le refus du cadre, l’homme habite poétiquement ses œuvres.

Jusqu’au Lundi 28 Février 2011

Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis
22 bis rue Gabriel Péri
93200 SAINT-DENIS

EPE a fait du corps l’objet de ses recherches plastiques. En dialogue depuis presque 20 ans avec les grandes figures mystiques que sont Marie-Madeleine, Hildegarde de Bingen, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila,

Marie de l’Incarnation, Madame Guyon, il a conçu une installation novatrice pour dire la matérialité et la sensualité de ces corps de femmes ayant aspiré à la désincarnation. Cet artiste pour qui le papier n’a jamais été un support anodin, a choisi que ses oeuvres fassent corps avec leur réceptacle, à savoir l’architecture qui les reçoit, et contribue à leur donner sens.
Mystique du carmel

A partir des dessins, des scans et des tirages numériques pigmentaires ont été réalisés, puis marouflés sur des panneaux en aluminium mis en forme de feuilles, pour donner un ensemble exceptionnel de ces corps de femmes dont l’image se reflète dans un plan d’eau. C’est la dimension spirituelle du corps qui est au coeur de cette exposition. Le travail d’Ernest Pignon-Ernest, déjà présent dans les salles du musée consacrées à la guerre de 1870 et la Commune de Paris, rejoint ici non seulement la mystique du carmel et les figures célèbres de Marie Madeleine

et de Madame Louise, mais aussi celles des Surréalistes et du poète Paul Eluard qui avait pris pour titre d’un de ses recueils Mourir de ne pas mourir des vers de Thérèse d’Avila.
Cela m’a d’autant plus touché, c’est que j’avais entraîné mes amis à Rome, pour voir les chefs d’œuvre du Bernin, Ludovicina Albertoni a San Francesco da Ripa dans le Trastevere,

mais aussi l’extase de Sainte Thérèse d’Avila, à la chapelle Cornaro, Sainte-Marie de la Victoire, Rome, 1645, entourée des membres de sa famille de part et d’autre
Surprenant a aussi été la vision d’une sculpture de La Madeleine de Donatello au Bargello de Florence, qui est loin du dessin d’Ernest Pignon Ernest.

Il faut terminer la visite par la chapelle  où la vision est quasi mystique, les panneaux dans la pénombre s’illuminent l’un après l’autre, surgissent de la pénombre, pour former un ensemble empreint de grâce, de ferveur, de sensualité extatique.

Photos de photos …… de l’auteur

Robert Cahen au ZKM de Karlsruhe

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© photographie Simon Laveuve

Après la rétrospective « le souffle du temps »  au Jeu de Paume à Paris en 2010,
la
biennale du film en République Démocratique du Congo,
une
installation à Wroclav à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Chopin,
Passagi à  Lucca (Italie), des participations à des Festivals de films et de vidéos,
à
Lille « Euralille », Paysages Urbains, Play Replay à l’espace Malraux de Colmar,
les sept visions fugitives à la Chapelle St Jean,
avant une nouvelle exposition à Luxembourg en février 2011 à
la Galerie de Lucien Schweitzer, dont il est l’un des artistes,
un autre événement à
Rome à la Fondation Scelsi,
Robert Cahen , Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs en 1992, nous convie à une nouvelle exposition

« Robert Cahen. Narrating the invisible » au ZKM de Karlsruhe
du  29/01/2011 au 27/03/2011

voir l’article de NOVO page 56 et plus

faire défiler sur la droite ou clic sur les images ci-dessous

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le 28 janvier le CEEAC propose une navette Strasbourg / Karlsruhe vers le ZKM pour le vernissage de l’exposition
départ à 16 h 30 devant le CEEAC, inscription obligatoire
au n° 03 88 25 69 70 (places limitées) ou mail à info@ceaac.org

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http://www.ecartproduction.net/v2/ca
Un DVD édité par Ecart Production, sortira à l’occasion de cette exposition, Coffret 2DVD (29 films) et 1 CD audio comportant 6 œuvres musicales inédites
Livret 80 pages couleur
Textes | Stéphane Audeguy | Hou Hanru que vous pouvez commander à
cette adresse
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Haute Sphère

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Regard contemporain sur la Nativité, création de Sylvain Dubuisson

Bien que Noël soit passé, je vous propose une œuvre originale, minimaliste, dont je vous livre le commentaire du curé de la Madeleine.
Elle est visible jusqu’au 23 janvier 2011.
 


 La maison Bernardaud a proposé d’être le maître d’œuvre d’une crèche contemporaine en porcelaine créée par Sylvain Dubuisson. Nous avons été enthousiasmés par ce projet pour trois raisons. D’abord, faisant appel à un artiste contemporain, cette crèche reprend une tradition remontant au XIIIème siècle avec saint François d’Assise qui, pour la première fois, reproduit à Greccio (Italie) la crèche de Bethléem. Ensuite ce projet permettra à ce monument historique qui reçoit plus de 600.000 visiteurs par an, d’offrir aux nombreux passants, à l’occasion de Noël, un instant de calme et de recueillement. Enfin, nous aimons l’idée qu’une œuvre d’art contemporaine soit présentée dans une église traditionnelle et ainsi annihile les frontières. Cette œuvre originale est non figurative. Sa blancheur illuminée traduit le mystère de Noël. Une musique araméenne, langue parlée par Jésus, incite à une méditation sur le sens de cette fête. La pureté de l’œuvre exposée transcende notre regard et nous évoque cette citation de la Bible : « Le peuple de Dieu qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Isaïe 9,2).  

Père Daniel Ponsard, Curé de La Madeleine

« Tout est symbole. Tout se regarde, d’un côté comme une simple matérialité, de l’autre comme une suite de signes. Joseph a construit la grotte avec les matériaux qu’il travaille aujourd’hui, le multipli de bouleau. Il a réalisé le dôme géodésique avec soin et précision et la parfaite exécution de l’ouvrage s’accorde avec sa sagesse et la réalité de son incarnation. Marie a déployé son voile d’organza tout autour de la crèche pour protéger l’enfant et au-delà de lui le mystère de sa naissance. On ne s’étonne plus que le lieu désigné pour l’événement irradie tout entier depuis l’intérieur sa lumière filtrée au travers de la porcelaine avec chaleur. Les étoiles argentées elles-mêmes sont disposées dans ce firmament qui confond la roche et le ciel. Le sable du désert a soufflé jusqu’à l’intérieur de la grotte pour adoucir l’apparition de l’enfant ; et son auréole, qui d’ordinaire n’est perceptible que par les élus, est là, à la vue de tous pour nous émerveiller de sa divinité. Et en tendant l’oreille, les chants araméens nous mènent sans heurt sur le lieu même du mystère. »
Sylvain Dubuisson

 

Robert Cahen au Projektraum Basel Regionale 2011

Robert Cahen au Projektraum Basel Regionale 2010 / 2011
Tombe (avec les objets) ma vidéo
 
Il faut savoir que la vidéo est dans ce lieu, car elle est dissimulée, comme un chose rare, au sous-sol du Projektraum, il faut interroger le gardien pour qu’il vous permette de la visionner. Après avoir atteint le  lieu secret, un peu délabré,  un caveau, une tombe ? Vous pouvez vous plonger dans l’univers de l’artiste, sans être dérangé par les visiteurs.
S’agit-il d’un vide grenier ou d’une scène de ménage ? Toujours est-il que les objets, virevoltent, dansent, avant de disparaître de l’écran bleu KN, bleu comme les yeux de l’artiste à la chevelure blanche. Ce poète tente de faire voleter les objets après avoir fait s’envoler les mots (Filature de Mulhouse 2008) Assiette, plat, cuiller, jouets, carotte, casserole, train, botte, gant, passoire, chaise, drap, sapin, journaux, tout est bazardé, avec grâce et lyrisme. Le temps retenu, thème cher au personnage. Il n’y a que la femme au corps musclé, à la chevelure brune déployée, les jambes ouvertes, comme si elle tentait de maintenir l’équilibre, souvenir fugace du passé, qui tombe dru dans le néant, par une trajectoire directe, la tête la première, sans suivre le ballet ondoyant des objets, exception voulue, pour ne pas l’assimiler aux (femmes) objets ?  Tout est inscrit dans la presse que je vois défiler …. la vidéo passe en boucle, comme la vie qui s’écoule indéfiniment, vue par le prisme bienveillant, comme s’il avait trouvé le secret de la vie éternelle, le mot fin n’existe pas.
Retrouvaille avec Gauthier Sibillat dans le même lieu.
Croisé à Mittelbergheim, lors de la Biennale du Pays de Barr et de Bergheim, dans une ruelle de Barr, perpendiculaire à la rue principale.
(Photographies contrecollées sur aluminium, 200 x 250 (2 photographies), 200 x 240 cm
regionale-2010-036.1292189333.JPGL’artiste avait choisi de placer ses trois photographies en hauteur sur un transformateur EDF situé à Mittelbergheim, dans la ruelle de Barr, non loin de l’huilerie où était exposée l’œuvre de Claudie et Francis Hunzinger et du temple protestant St Etienne où était exposée l’œuvre de Robert Stephan.
Il détourne ce bâtiment fonctionnel et le transforme en espace d’exposition: la tour quadrangulaire présente une photographie par face, le spectateur découvre chacune d’entre-elles en faisant le tour de l’architecture.
Placées sur un chemin de vignes, les images, présentant des vues de pavillons contemporains, font écho aux nouveaux quartiers du village. Figé dans une solitude contemplative, en position d’attente improbable, un personnage se tient debout sur l’auvent de ces maisons. Mais quelle est cette figure étrange située en porte-à-faux¹, qui semble avoir usurpé la place d’une statue d’acrotère ? Par cette simple mise en scène l’artiste travaille les potentialités de fiction de notre environnement direct et perturbe des espaces qui nous sont pourtant familiers. Grâce à un principe d’autosimilarité le photographe réalise une mise en abîme du spectateur qui lève les yeux vers une troublante figure d’orant, levant elle-même la tête vers le ciel.
Manque de stabilité par manque de soutien architectural ou situation embarrassante ou Elément de décoration d’architecture ? Ici contrairement à son habitude, c’est un chien qui se trouve dans son univers insolite et désert.
Subjectivité et transparence
Du fait que les cinq artistes de la commission d’exposition représentent tous une autre notion d’art, mais sont d’accord au moins sur un point, c’est-à-dire sur le fait que l’art et la démocratie soient rarement compatibles, ils ont décidé d’oser la transparence, même quitte à présenter des positions contradictoires dans la même salle. Pour cela, ils ont invité chacun deux à trois artistes et ceci, dans un premier temps, sans se soucier des autres participants. Pour une fois donc pas de clavier bien tempéré, mais fort probablement des dissonances. Ils sont tous impatients de voir ce qui en résultera.img_2236.1292351019.jpg
ARTISTES Stefan Baltensberger, Kathrin Borer, Beat J. Brüderlin, Robert Cahen, Ilse Ermen, Pawel Ferus, Manuel Frattini, Christina Frey, Pia Gisler, Indra, Geneviève Morin, Luzian Obrist, Balz Raz, Tobias Sauter, Gauthier Sibillat, Emanuel Strässle
photos (de photo) et vidéo (de vidéo) de l’auteur
Youtoube me rend attentive aux droits d’auteur à propos de la musique qui accompagne la vidéo,
A votre avis dois-je en verser à Jean Sébastien Bach (1685-1750), j’ai acheté le CD et je n’ai en aucun cas téléchargé la musique ?

Time and Motion Study – Regionale 2011 – Kunstverein Freiburg


La toile de fond thématique de l’exposition « Time and Motion Study » est constituée par une composition de Brian Ferneyhough des années 70, dans laquelle il a transféré dans la musique des concepts économiques pour l’optimisation des technologies de production des années 20. Les œuvres présentées dans le Kunstverein Freiburg comprennent tous les genres ; elles traitent des processus de développement déployant une urgence dramatique ou gardant en suspense cette dernière. Les travaux font référence à des phénomènes de notre mode de vie ou méditent sur le système de l’art contemporain.
 Dans le cadre de la Regionale 2011 sont conviés 34 artistes :
Linda Cassens Stoian / Annette Merkenthaler, Celia Brown, Gianin 
Conrad, Jean-Jacques Delattre, Maya Diether, Mischa Düblin, Fabian
Hachen, Frank Feyertag, Agathe Fleury, Marck Foerster, Irene Galindo
Quero, Stefanie Gerhardt, Claire Guerrier, Ralph Hauswirth, Hösl & 
Mihaljevic, Christian Peter Imhof, Anne Immelé, Julia Kicey, Florine Leoni / Sylvain Baumann, Jürgen Oschwald, Cora Piantoni, Christoph Poetsch, Monika Rechsteiner, Richard Schindler, Lisa Schlenker, Max Philipp Schmid, Yolaine Schmitt, Cornelius Schwehr, Peter Vogel, Katrin Wegemann, Nefrit Zéroual Chevalier.
Time Flies without return
C'est Yolaine Schmitt, performeuse, vidéaste, ancienne élève du Quai - école des beaux Arts de Mulhouse, - qui enchanta l'assemblée, par sa performance, inspirée par le lieu magnifique qu'est cette ancienne piscine. Ondine aux jambes superbes, chaussées d'escarpins rouges à talons noirs, dissimulée sous un carré écarlate, couleur de la passion,-  l'imperfection du monde terrestre - .Soudainement  elle s'est animée, puis extraite du tissu, elle a suggéré telle une Lorelei brune, par des mouvements dansants harmonieux, une lente émergence de l'eau, comme une quête vers la perfection, pour venir s'ébrouer de façon saccadée, en culotte rouge et tee shirt noir, puis conclure, en repliant sa toile en un cercle parfait, - la perfection, l'absolu, l'infini - évoquant ainsi la fuite du temps, sans retour. 
Ma sélection :
img_2341.1292346886.jpg Un autre travail sur le temps, le mouvement, dans un format plus confidentiel, en noir et blanc pour les situer dans une temporalité, -  12 sur 18,- de la série Satori, 2009,
Jean Jacques Delattre, photographe.
"je photographie ce que je regarde, pas ce que je vois"
Ces photographies réalisées au Japon font partie d’une série qui a pour nom
« SATORI », c’est un terme du bouddhisme zen et la signification littérale de ce mot est « compréhension », le « satori » désigne une expérience qui se prolonge…
Dans son travail de photographe, observateur attentif du monde, il se sert d’événements où l'ordre du « vivant » s'inscrit de façon majeure, essentielle.
Ce sont ces moments uniques presque invisibles parce que fugaces, qui le questionnent.

une sélection des photos exposées


"Je peux dire que « les accidents de la réalité » font l'objet d'une partie de mes prises de vues et j'entends par « accident de la réalité » des scénographies improbables se mettant en place de manière impromptue, offrant à l'oeil des rencontres inespérées.
Dans mon travail de photographe, observateur attentif du monde, je me sers d’événements où l'ordre du « vivant » s'inscrit de façon majeure, essentielle. Ce sont ces moments uniques presque invisibles parce que fugaces, qui me questionnent et avec lesquels je veux faire oeuvre". JJ Delattre


img_2305.1292347053.jpgC’est une autre mulhousienne, Anne Immele
qui a été choisie pour présenter ses
"Memento Mori 2010"
dans la continuité de l’idée sur l’Etude du temps,
dont vous avez pu admirer le travail à
l’espace Malraux de Colmar .

photos des photos … et vidéos de l’auteur
pardon pour le câble au-dessus de la vidéo,
c'était en prévision d'éventuels débordements des admirateurs perdant la tête ... et tentant de plonger ...
(blogueuse, blagueuse)

Jacky Chevaux rétrospective

Dans l’esprit de Jacky Chevaux ,
img_2175.1292196529.jpg Claireline son épouse pendant 25 ans, ainsi que leur fille Noémi , ont évoqué pour nous, avec tendresse et admiration l’univers de Jacky Chevaux . D’abord élève de l’école des Beaux-Arts de Mulhouse, dont il est dîplomé, il en devient professeur de 1978 à 1990. C’est ainsi qu’il a côtoyé les artistes qui lui rendent hommage dans cette exposition. JC est avant tout un fin dessinateur, puis un graveur, il aime à travailler le bois , souligne M. Delaine, le directeur du musée des beaux Arts. Son univers onirique lui a permis de nombreuses expositions tant en France qu’à l’étranger (Suisse , Allemagne, Etats Unis). Il illustre des livres pour des auteurs comme Louis Schittly et André Paul Weber.
Les 15 artistes, ont chacun à sa manière tenté de relever à travers les souvenirs, leur approche de l’univers de Jacky Chevaux. Les uns avec humour, ironie, en mettant l’accent sur ses interrogations existentielles, mais aussi sur sa sensibilité poétique, ses références culturelles, sa propension aux thèmes aquatiques , érotiques ou guerriers, ses oeuvres peuplées de scarabées . Cela permet un panorama de la richesse de l’œuvre de Jacky Chevaux.
denis-anseil-hommage-a-jacky-chevaux.1292196566.jpg Le portrait saisissant qu’en fait Denis Ansel, en partant de l’autoportrait de l’artiste en Jésus Christ, est un clin d’œil, dit-il qu’il adresse à JC, à ce qui fut son vertige entre le  cosmos et l’infiniment petit. Denis Ansel, auteur, on s’en souvient encore de «  Ton Beau Rouge Lucrèce » a admirablement reporté l’expression du visage. Denis après avoir été son élève, est devenu professeur au Quai. Il rappelle la générosité et l’exigence de celui qui l’a formé pendant un temps.
christian-geiger-hommage-jacky-chevaux.1292196626.jpgChristian Geiger , se souvient des nombreux barils de limonades et de bière, des idées et des rêves quotidiens qu’ils ont échangé pendant de longues années, tout est dit dans la gigantesque toile de Christian, l’admiration pour l’homme, leur lieu de rencontre, mais aussi les rêves d’Amérique, les épouses. Pour Christian Geiger cela a donné naissance à une vue de Times Square à la mode Chevaux, dans la lignée des fresques immenses dont il est coutumier.
Bernard Latuner a donné libre cours à leurs souvenirs communs, sous forme de bande dessinée où en indien il donne la réplique à Jacky le mexicain. Il y évoque aussi leur passion commune pour l’équitation, qu’ils pratiquaient ensemble.
Renato Montanaro, au milieu de ses bourgeoises a inclus l’univers aquatique cher à Jacky Chevaux, il évoque ce « feu créateur » que JC a su lui communiquer.
yves-carrey.1292196742.jpgYves Carrey dont la ville abrite le Schweissdissi, le loup et les agneaux, avait le même souci du détail que JC, sans se préoccuper des tendances et du minimalisme. C’est une photo de JC en Christ crucifié, sur un mur blanc, sans croix lors d’une performance qui l’a inspirée pour sa création de ce parallélépipède, dont les contours sont constitués de tubes carrés formant une sorte d’aquarium sans vitrage, dans lequel est plongé un Christ sans croix, et de citer Coluche  « Si Jésus était mort noyé, les chrétiens auraient l’air malin avec un aquarium autour du cou ou au-dessus de leur lit« .
Luna Tavernier
img_2200.1292196775.jpg Elle n’a jamais connu son papi Jacky, mais admire son travail. Vivant dans cet environnement, elle est sensible à sa virtuosité et à sa technique, elle adore comme lui les chats et les chevaux, ainsi que les forêts éléments de magie et de rêve . Elle adore dessiner, en explorant de nombreuses techniques, ce qui lui a permis d’exposer une oeuvre de sa facture, faite de collages, de modelage, de techniques diverses, inspirée des figures récurrentes de  son artiste de grand père.
Les 15 artistes : Denis Ansel , François Bruetschy , Yves Carrey , Claireline , Guillaume Decaux , Decko , Jean Christophe Dreyer (film projeté à l’exposition), Christian Geiger , Philippe Kempf , Bernard Latuner , Luna, Renato Montananro , Robert Montanaro , Dan Steffan , Evelyne Widmaier .
Exposition ouverte jusqu’au 23 janvier 2011.
vidéo FR3 dans l’esprit de Jacky Chevaux
Un catalogue des artistes participants est en vente, ainsi qu’un livre comportant les œuvres de Jacky Chevaux.
album photos de la rétrospective Jacky Chevaux
photos de l’auteur

Musée Unterlinden – Raymond Waydelich

Les nouvelles acquisitions du Musée Unerlinden de Colmar  :
 Les Boîtes reliquaires de Raymond Waydelich.

album de l’exposition Lydia Jacob
Une partie des collections du musée Unterlinden s’est constituée dans les années 1990 autour d’un ensemble de collage et d’assemblages de membres du Surréalisme ou de leurs suiveurs. L’acquisition d’une boîte reliquaire(1973-1974) issue du célèbre cycle consacré à Lydia Jacob, par Raymond Waydelich , grande figure de l’art contemporain en Alsace, s’inscrit dans cette continuité et vient compléter le fonds
Raymond-Emile Waydelich est né en 1938 à Strasbourg. Formé aux Arts décoratifs de Strasbourg et de Paris, Raymond Waydelich appartient à cette nouvelle avant-garde « silencieuse » émergeante au début des années 1970 où les artistes opèrent un retour au privé, à la mémoire du passé personnel ou étranger (Christian Boltanski, Nikolaus Lang…). La reconstitution et la documentation dans un semblant d’objectivité, d’inventaire, d’archivage et de mise sous vitrine remplacent un art témoin de son époque propre aux années 1960.
Raymond Waydelich s’inscrit déjà dans cette mouvance, lorsqu’en 1973 il découvre un manuscrit de 1890 qui appartenait à une apprentie couturière nommée Lydia Jacob. À partir de ce journal, il réinvente la vie de la jeune femme, la fait naître en 1876 à Neudorf (Strasbourg), lui reconstitue un entourage familial et amical et lui voue depuis une grande partie de son œuvre dans un cycle qui porte le nom désormais célèbre de « Lydia Jacob Story ».

l’acquisition d’une boîte reliquaire a donné lieu à une donation d’une boîte supplémentaire et contemporaine de la première. Ces deux boîtes reliquaires figurent parmi les premières boîtes qu’il réalise (1973-1974) : l’une est consacrée à Lydia Jacob, l’autre évoque Hans Mory,

membre imaginaire de la branche colmarienne de sa famille. RW a accepté de se dessaisir d’une quinzaine de doubles pages extraites du manuscrit de Lydia Jacob, sur lequelle il est intervenu en 1973. L’arbre généalogique  issu de l’imagination de l’artiste figure parmis les pièves exposées. En notre présence il a redécouvert avec plaisir , force commentaires son travail passé. Avec poésie et humour, l’artiste a réinterprété la vie d’une anonyme, inscrivant cette boîte reliquaire dans un travail sur l’identité et la mémoire, se définissant lui-même comme « un marchand de bonheur et un archéologue du futur »
Cette assemblage est également une réflexion sur l’objet et sa préservation, thématique que RW a exploité en 1995 avec un caveau du Futur 3790 après Jésus Christ, enterré place du Château à Strasbourg. Il rend ferme des souvenirs destinés à l’archéologue du futur. Parallèlement, les pages extraites du manuscrit de Lydia Jacob sur lesquelles l’artiste est intervenu en 1973 sont présentées ici pour la première fois au public. Le cycle dédié à Lydia Jacob a contribué à la reconnaissance de Raymond Waydelich sur la scène internationale : en 1978, soit une vingtaine d’années après Hans Arp, il est le second artiste alsacien sélectionné pour représenter la France à la Biennale de Venise. Dans le pavillon français, il expose un environnement « L’Homme de Frédehof, 2720 après J .C. » , qu’il dédie à Lydia Jacob.


album de l’exposition Lydia Jacob