Chhttt…Le merveilleux dans l’art contemporain (2ème volet)

chhttt-affiche9.1234219352.JPGJusqu’au – 10 mai 2009
 
Après le merveilleux spectaculaire des œuvres présentées dans Waoohhh!, le second volet de l’exploration du thème au CRAC Alsace, intitulé Chhttt…, présente des œuvres où celui-ci se fait plus conceptuel et minimal : un merveilleux qui naît d’avantage d’une certaine façon de regarder et de magnifier le quotidien, le banal, l’inframince.
Les artistes réunis dans Chhttt… s’intéressent, chacun à leur manière, au postulat suivant : le fait merveilleux n’est pas merveilleux en lui-même, il est merveilleux dans sa relation avec le réel. On peut donc créer un merveilleux en appliquant cette relation sur une réalité quelle qu’elle soit, la plus ordinaire comme la plus fugace.
Se trouve ainsi révélé ce dont, d’habitude, on ne s’aperçoit pas : ce qui se trouve dans les plis du réel.
Les moyens requis par les artistes pour explorer ces plis du réel et interroger notre perception sont nombreux : jeux subtils d’apparition et de disparition des images et des objets (Simon Schubert, Estefania Peñafiel Loaiza, Yves Chaudouët),yves-chaudouet.1234220299.jpg mouvement lent des corps (Robert Breer), vibrations de la lumière, de la couleur et/ou de la ligne (Jugnet + Clairet, Sandra Böhme, Camila Oliveira Fairclough), évocation d’éléments universels par des objets et procédés pourtant modestes (Bruno Peinado, Pierre Ardouvin, Pierre Alferi), etc.
Finalement, le merveilleux à l’œuvre dans Chhttt… est peut-être celui qui, simplement, permet de se poser des questions nouvelles, inattendues, insolites, et pourtant essentielles : quand fondra la neige , où ira le blanc ?
(Rémy Zaugg) La météo elle-même s’était adaptée au vernissage….
Cette exposition minimaliste et conceptuelle est toute en subtilités.
L’exposition s’accompagne d’un petit journal, qui comporte un texte inédit de Pierre Alferi, extrait de son prochain livre, à paraître au printemps 2009.
avec : Pierre Alferi (FR), Pierre Ardouvin (FR), Sandra Böhme (D), Robert Breer (EU), Yves Chaudouët (FR), Jugnet + Clairet (FR), Perrine Lievens (FR), Camila Oliveira Fairclough (BR), Bruno Peinado (FR), Estefania Peñafiel Loaiza (EC), simon-schubert-4.1234221042.JPGSimon Schubert (D), Guido van der Werve (NL), Rémy Zaugg (CH)
Mes coups de cœur sont nombreux :
Peintre-philosophe, « artiste conceptuel », Rémy Zaugg a réalisé un œuvre riche et complexe autour de la question de l’artremy-zaug.1234219447.JPG et de ses conditions de perception. Liant la place de l’artiste à celle du spectateur, le « sujet percevant », son art, empreint de nombreuses références théoriques, explore diverses thématiques, de l’effacement à celle de la trace et soulève la problématique de l’absence. Quand fondra la neige où ira le blanc ? Voici une question bien étrange et énigmatique que pose l’artiste dans cette œuvre à la limite du monochrome : l’écriture de couleur blanche tend à se fondre, voire à véritablement se confondre à l’arrière-plan blanc. Blanc sur blanc. On pense évidemment à Casimir Malevitch et sa célèbre œuvre Carré blanc sur fond blanc… Mais, au-delà de cette expérience du néant, l’œuvre de Rémy Zaugg, représente la dissolution du visible en s’articulant autour d’un subtil jeu de mots, en conflit avec leur sens, leur perception et leur forme. À peine lisible, à peine visible, cette question posée crée une forme de dialogue intime avec le lecteur/regardeur.
Artiste vidéaste, Guido van der Werve, compose des scénarios imaginaires. Son œuvre, indéniablement romantique, se caractérise également par une esthétique de l’absurde et du décalage, qui remet en question, interroge et découvre les incohérences de notre monde et nos rêves inaboutis. Entre détachement et amusement, Guido van der Werve cherche à surprendre le spectateur. Ainsi, Nummer Zeven, The Clouds are more beautiful from above, qui relate une tentative ratée de vouloir quitter la Terre, exprime l’échec et la perte tout en illustrant le désir d’évasion de l’artiste face à l’ennui grâce à la fin tragique d’une fusée, soigneusement construite par l’artiste, qui au moment de décoller explose. Détournant l’ordre logique des choses, usant d’une tonalité tragicomique et dévoilant de nouveaux horizons l’artiste interpelle le spectateur et l’incite à une réflexion, à la fois mélancolique et existentialiste.
robert-breer61.1234219981.JPGRobert Breer déjoue les catégories formelles, stylistiques et conceptuelles et réalise un travail libre et rigoureux à la fois. Son oeuvre polymorphe (sculptures , peintures, dessins , films) se caractérise par les échanges entre ces différentes pratiques. Robert Breer éprouve les seuils de conscience, de perception et les limites de la représentation. Ses sculptures, modules géométriques, sont une allusion ironique à l’art minimal. Ces présences discrètes sont motorisées. Elles se déplacent très lentement, à même le sol, de manière presque imperceptible et sans logique. La perception ténue du mouvement offre au spectateur une reconnaissance du temps et de l’espace qu’il occupe.’ (Extraits du communiqué de presse de l’exposition Robert Breer, gb agency, 2001)
Artiste multiforme, Yves Chaudouët explore des univers à la fois singuliers et multiples avec une grande liberté de moyens et tisse des liens nouveaux entre différentes disciplines. Souvenirs d’enfance et fascination pour le monde marin sont les sources d’inspiration de l’installation Tiefseefische, dans laquelle il plonge le spectateur dans l’obscurité desyves-chaudouet-poisson.1234220147.jpg abysses. L’artiste façonne ici un monde encore inconnu et inexploré par l’homme, dans lequel le spectateur découvre des êtres – presque – imaginaires. Fragiles et précieux, ces espèces des profondeurs sont en verre, ce qui permet d’offrir une palette d’effets saisissants, comme le jeu de lumière et de reflets sur les surfaces lisses, translucides ou opaques. Poissons, étoiles, monstres marins, c’est donc tout c’est un bestiaire océanique fantasque et luminescent, flottant dans l’espace, qui transforme la grande salle du CRAC en un immense et curieux fond marin, qui n’est pas sans rappeler les fascinants mondes nés sous la plume de Lautréamont ou encore de Mallarmé.
Jouant à dé-produire et à re-produire l’image que se donne le monde, Anne-Marie Jugnet et Alain Clairet explorent dans leurs œuvres les conditions et le processus de production d’une œuvre, ainsi que leurs représentations et leurs limites. Ce travail conceptuel autour de l’image met en scène l’acte artistique ou « le faire » comme un élément permettant de mieux appréhender le système et le contexte dans lesquels il s’inscrit. Avec Ligne FB-BT, néon bleu dans un caisson translucide ou encore Ligne de partage du ciel, les deux artistes investissent le genre du paysage avec le ciel comme champ d’observations. Si Ligne FB-BT est une « sculpture » matérialisant l’éclat lumineux du ciel, les peintures de la série Ligne de partage du ciel sont quant à elles une capture d’un bout de ciel, vaste étendue à la limite du monochrome, où seule une ligne à peine perceptible se dessine. Cette évocation d’un au-delà, frôlant l’abstraction et la dématérialisation, est le résultat de l’analyse du passage de la lumière vers la forme, une tentative illusoire d’approcher une image idéalisée. Un phénomène insaisissable, un motif fugitif ou encore un non-visible qui devient pourtant palpable et apparent au spectateur.
Le travail de Perrine Lievens interroge avec finesse la forme et son intégration dans un espace donné. Ce faisant, le traitement plastique conceptuel de ses œuvres propose une subtile relecture du réel, en perturbant l’approche et la perrine-lievens-2.1234220684.JPGcompréhension que nous avons de celui-ci. Transformant notre environnement commun, Perrine Lievens joue avec le spectateur, appelé à faire l’expérience d’un univers réinventé et d’en changer sa perception. Témoin de ce jeu, le balcon exposé dans les escaliers du CRAC et revisité par un effet de lumière diffus, perd son utilité et devient inaccessible : il n’est plus le lien entre deux espaces distincts, intérieur et extérieur. Transgressant l’ordre habituel des choses, Vue se donne à voir au lieu de donner à voir. S’offrant ainsi à notre regard, il confère à l’objet qu’il incarne une nouvelle dimension poétique.
texte provenant du site du CRAC, photos de l’auteur et provenant du site du Crac.
 

Play – Replay Robert Cahen

L’espace d’art contemporain André Malraux à Colmar pointe son objectif sur la vidéo.
« Play — Replay » propose trois regards, jusqu’au 15 février 2009.
robert-cahen2.1233786395.jpgRobert Cahen l’un des pionniers du genre,  présente des travaux réalisés durant les dix premières années de sa carrière de vidéaste, entre 1973 et 1983.  Le spectateur a une sorte d’historique de l’art vidéo. Il laisse parler la camera, de façon libre, audacieuse, mais aussi poétique. Il fait une plongée onirique, presque surréaliste, dans un univers ondulant et imaginaire.
Né à Valence, Il se partage entre Mulhouse et Paris. Diplômé du Concervatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1971, il intègre le Groupe de Recherche Musical (GRM) de l’ ORTF et expérimente les médiums artistiques.
Il réalise une installation vidéo permanente à Lille sur le site Euralille (1995) et participe avec ses installations vidéo depuis 1997 à différentes expositions internationales d’Art Contemporain : Suisse, Italie, Allemagne, Canada, Pérou, USA, France : Frac Sélestat.

Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs en 1992, son oeuvre 7 visions fugitives remporte le Grand prix du Videokunstpreis du ZKM et de la SDR en 1995.

À ses côtés s’installent deux jeunes femmes sorties des ateliers d’arts plastiques de Colmar : Catherine Meyer-Baud et Céline Trouillet., dont je vous parlerais dans un autre billet.
Robert Cahen sculpte le temps” Marc MERCIER,
Dans sa toute première œuvre, il aborde son premier essai vidéo : L’invitation au voyage, sur un poème du psychanalyste Jo Attié, encore empreint de son expérience de chercheur qui tente toujours d’expérimnter les machines à contre-courant sans but précis, mais avec une démarche très personnel. Selon ses propres mots, il met beaucoup de lui-même dans ce film tel : « Un jeune auteur qui découvre un nouveau langage auquel il apporte sa propre poétique »cimg0003.1233786273.JPG
Traduire le mouvement, la pesanteur des choses qui tombent ou le temps font partis des thèmes de réflexion récurrents dans son travail, comme le montre l’importance qu’y prend le ralenti
Sur le quai, (1978)  est un travail en noir et blanc sur le ralenti qui « fictionne la réalité », constitué d’un seul plan de séquence. Ce court métrage, qui fait allusion à sa manière, à « l’arrivée d’un train des frères Lumière » fut tourné avec une caméra à très grande vitesse, dans le but de rendre les mouvements des personnes et des objets quasi imperceptibles. La vitesse du train est comme arrêtée et l’image, comme suspendue en équilibre sur la frontière en tre le mouvement et l’immobilité, objet de fascination pour Robert Cahen.
Il réalise en 1983, Juste le Temps, fiction vidéo de treize minutes, considérée comme une oeuvre charnière pour la vidéo des années 80 Cette oeuvre est achetée par le Moma à New York ou par le centre Pompidou à Paris.
Horizontales couleurs, le Spectotron,  ( 1979 )est un film de 16 mn entièrement réalisé grâce à un synthétiseur-vidéo. Appareils qui génèrent des formes à partir de constituants électroniques. Appareils dont le créateur est Nam June Paik.
Entr’aperçu (1980) est constitué d’une superposition d’image, où se meuvent des objets en mouvement, des paysages à la Magritte, la foire du Trône, les manèges, un train, un oiseau qui traverse le paysage, la pluie, une péniche, voilés par une résille, qui incite à voir et à revoir le mystère créé
robert-cahen-cartes-postales.1233786794.JPGEnsuite c’est une série de vidéos, présentées comme des cartes postales de paysages, paysages qui s’animent, prennent vie, enregistrent de petits événement, surprenants, mais aussi attendus, pour revenir à son stade initial figée à nouveau, un invitation au voyage.

Art is Arp

arp-lutin.1232855931.jpgHomme libre Hans Arp ne veut pas mettre de frontière entre les gens, les pays, qu' il  traverse. Né en 1886 à Strasbourg, il est allemand et se prénomme Hans, il s’appellera Jean en 1926 lorsqu’il devient français. Avant d’être un sculpteur c’est d’abord un poète. Ses œuvres sont conçues pour se fondre dans la nature. Images joyeuses, ludiques, facétieuses, mais aussi dramatiques en raison de ses origines, déchiré entre deux cultures, il les raconte à travers son travail politique. Le processus de création est le fil conducteur de l’exposition.
  L’ovale sous toutes ses formes, il l’étend, le divise, le peint,  se l’approprie comme un processus génétique. Abstraction et surréalisme est la synthèse de cet artiste cosmopolite. Mais au terme d’abstraction il préfère celui d’ « art concret ». Il annonce, « nous voulons produire comme une plante qui produit un fruit et non pas reproduire. »arp-roue-oriflamme-gianadda.1232856194.jpg

Il créé un véritable langage, l’ovale est d’une grande cohérence dans son art. Il laisse faire le hasard, soit il l’invente.

 « Je suis né dans la nature, je suis né à Strasbourg, je suis né dans un nuage », avec l’alsacien Hans Peter Wilhelm Arp, le triple jeu de la langue marque son identité à l’ombre de la cathédrale.

C’est à Strasbourg qu’il participe à la transformation de l’Aubette, en collaboration avec sa femme Sophie Taeuber et avec l’artiste  Theo van Doesburg. Travail considéré, comme la chapelle Sixtine de l’art moderne, car c’était l’implication de tous les principes de l’œuvre d’art totale.

C’est au cabaret Voltaire à Zurich, qu’il signe l’acte de naissance du mouvement Dada, avec Tristan Tsara. C’est là qu’il crée le « nombril du monde » « Dada est pour la nature et contre l’art » Mais aussi les cadavres exquis et toute la création Dada, les collages, les papiers déchirés reflet de l’actualité oppressante et dramatique.
arp1.1232856033.JPGPuis c’est Paris, puis Clamart Meudon, havre de paix où il séjourne avec l’amour de sa vie Sophie Trauber Arp, qu’il se met réellement à la sculpture.

Ces créations renvoient à des formes archaïques, intemporelles, oniriques, symboliques, inspirées par la nature (l’œuf, le nuage, le nombril, l’embryon) C’est une poésie personnelle, des collages en forme de poèmes, des poèmes enforme de collage, tout est cohérent. Il concilie, l’humain, la nature, les courbes géométriques, dans une belle harmonie. Cela aboutit à des formes biologiques mais aussi à un abécédaire secret, en quête d’origine primitive.

C’est ici que le terme concrétion prend toute sa signification.

 Tantôt torse, tantôt vase, tantôt femme, tantôt animal, les formes arrondies, ondoyantes et fluides révèlent un univers épuré.

C’est au cimetière de Locarno, qu’il est enterré, la Villa Arp, foisonne de son abondante production  (800 pièces) et certaines de ses créations prêtées, sont visibles à l’exposition de Strasbourg, comme la femme paysage, les 3 grâces, fruit de lune. la femme amphore,  ailleurs des  tables-forêts. Il mélange les règnes, les échelles, unit, dans ses  » constellations ».

Proche de Miro et de Klee, Arp a un imaginaire débordant, que l’on peut parcourir parmi les 180 objets, qu’expose le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, à l’occasion de son 10ieme anniversaire et ceci jusqu’au 15 février 2009.

le livre de l’exposition et la vidéo de FR3

 photos 2 et 3 de l’auteur les oeuvres se trouvent à la Fondation Gianadda – Martigny – Valais   Suisse

George Nelson

Le designer américain George Nelson aurait eu 100 ans en 2008.

Pour cette commémoration, le Vitra Design Museum de Weil am Rhein, (architecte Frank Gehry) présente la première rétrospective complète de son œuvre. George Nelson qui a étudié l’architecture à Yale, fut l’une des figures prédominantes du design américain au cours de la seconde moitié du XX° siècle.musee-vitra.1233613798.JPG

Il est un créateur à la vision futuriste, révélant un penchant particulier pour les formes ludiques et l’utilisation de matériaux nouveaux pour le mobilier. L’idée des objets de notre quotidien   a  germé dans le cerveau de ce personnage

Certains grands classiques du design moderne de meubles et d’intérieurs ont vu le jour dans son bureau :

coconut-chair-georges-nelson.1232001322.jpgCoconut Chair

Cette création est typique du design des années cinquante qui se caractérise par une ligne pleine d’humour, des formes pures et l’utilisation parcimonieuse de matériaux. Nelson lui-même la comparait à un éclat de noix de coco qui se serait ouverte en huit morceaux, la couleur du Coconut Chair étant inversée : la coque extérieure de l’assise en matière synthétique blanche, le rembourrage d’une seule pièce est disponible en plusieurs coloris. En reprenant la forme naturelle et spatiale d’une coque, Nelson créa un fauteuil accueillant et confortable permettant à l’utilisateur d’adopter librement les positions les plus diverses. L’ottoman que Nelson dessina en 1955 en complément du fauteuil, augmente encore son confort d’assise et ses possibilités d’utilisations. Un autre chaise aux courbes élégantes, au nom assez comique Pretzel Chair

 Marshmallow sofa de 1956  
    georhes-nelson-marshmallo-sofa.1232001396.jpgCette création de Nelson transforme le canapé traditionnel en un rapport en trois dimensions composé de 18 coussins multicolores porté par une simple structure métallique. Ses lignes et sa structure inhabituelles font du Marshmallow Sofa un canapé exceptionnel dans l’histoire du design. Un élément de rallonge composé de 6 coussins peut être monté entre deux canapés, qui peuvent ainsi être agrandis à volonté. Elle fut un véritable flop au début de sa création.

Ball Clock
Par la diversité des matériaux utilisés et leurs formes sculpturales, les horloges de George Nelson incarnent l’esprit des années cinquante. Même de nos jours, ses horloges restent une alternative pleine de fraîcheur aux objets habituels de mesure du temps. Le Vitra Design Museum réédite ces créations très recherchées par les collectionneurs dans leur forme d’origine.  La Sunflower Clock est un vrai must.georges-nelson-sunflower-clock.1232001514.jpg
 Bubble lamps 1952
George Nelson n’était pas seulement  un designer couronné de succès, mais également  un auteur, publiciste et enseignant remarquable, un organisateur d’expositions et un photographe passionné. Dans ses nombreux essais sur le design, il a été l’un des premiers designers à réfléchir sur les conditions de travail, c’est ainsi qu’il dessina le bureau en L, qui ont été si familiers à une époque.
Le Home Desk
home-desk.1232002760.jpgMeuble à la fois élégant et décoratif, avec son piètement filigrané minutieusement façonné et une touche discrète de couleurs, le Home Desk s’inscrit parmi les chefs-d’œuvre du designer George Nelson. Conçu à l’origine comme un secrétaire pour dames, il représente aujourd’hui un petit poste de travail pour l’habitat.
Le langage formel aux lignes claires et droites du Bench révèle la formation d’architecte de Nelson. Comme de nombreux classiques du design, le Bench offre une large palette d’utilisations et peut aussi bien servir de banc que de table d’appoint.
  

Julio Galeote Inside, out

À la manière de Georges Perec qui interroge le quotidien pour atteindre l’universel, cet artiste s’est confronté à nos « espèces d’espaces ».

Jeune photographe de la nouvelle scène artistique espagnole, membre du Grupo 594, Julio Galeote vit et travaille à Madrid. Après une formation d’ingénieur en électricité, puis des études dans une école d’art, il choisit dans un premier temps de mener de front les deux activités. Depuis peu, il se consacre uniquement à son travail photographique. L’exposition à La Filature de Mulhouse sera sa première exposition en France.
Avec la série Inside, Out, Julio Galeote mène une expérience photographique tout à fait singulière. Par une démarche qui relève à la fois du travail « classique » de photographe de studio et de l’installation proche de l’art contemporain, Julio Galeote révèle la manière dont nous marquons nos espaces, qu’ils relèvent du domaine privé ou de la sphère du travail. Pour mettre en œuvre cette approche, le photographe a fait réaliser un cube en plexiglas dans lequel il organise, de manière méticuleuse et précise, l’agencement de tous les objets présents dans la portion d’espace qu’il souhaite saisir. Cette « réorganisation » par l’artiste du rapport qu’entretiennent entre eux des objets déposés par l’occupant prend alors la forme d’une « sculpture » d’objet, mais aussi d’un tableau dans le tableau. La vue de certains tableaux de l’exposition actuelle du Kunstmuseum de Bâle , avec les cartouches, me font penser au cube, qui n’est pas carré …. de Juilio Galeote. L’opération terminée, il place la boîte au centre de l’espace pour en réaliser une photographie qui capte à la fois cette boîte et l’espace environnant. Ainsi, lorsqu’il photographie une bibliothèque, il range le contenu de cette bibliothèque dans la boîte transparente et photographie cette même boîte avec les livres qu’elle contient devant le meuble vidé de son contenu. À sa manière ludique et esthétique, Julio Galeote nous invite à une réflexion sur notre façon de nous approprier « nos espaces » et de marquer « notre territoire ». Il nous donne à voir ce qu’est l’espace dans une sorte de « neutralité » avant son appropriation, mais aussi, par les éléments de cette appropriation, une sorte de carte d’identité, composée d’une constellation d’objets, sur l’occupant des lieux. Sa technique de photographie à l’argentique, rappelle celle de Patrick Bally Maître Grand , elle en possède la chaleur, tout en procédent d’une réflexion totalement différente dans son approche du sujet choisi. La perfection est tout aussi présente que chez Andreas Gursky, mais avec des sujets de notre environnement sociétale et sans la froideur plastique de celui-ci.
Une partie de ce travail a été réalisée à Mulhouse lors d’une résidence en décembre 2007 (Musée de l’Impression sur étoffes, l’usine DMC, la salle de répétition de l’Orchestre Symphonique de Mulhouse.

Tranches de Quai

 cimg0001.1227493225.JPG
A l’occasion d’une semaine d’ateliers avec des artistes invités, Le Quai, école supérieure d’art de Mulhouse, a ouvert ses portes le temps d’une soirée artistique et festive (performances, expositions, travaux d’étudiants, dégustations ???, etc.). Avec, dans le désordre, Anne Immelé, visagéité/subjectivité, Daniel Clochey, Rouge Gravure, Christian Savioz, Comics Back, Lionel Marchetti, Sonic Boom, Cécile Meynier – Dérapage, Lukas Hartmann, La grille topographique, Olivier Millagou, sans Issue et bien d’autres surprises ! Programme éclectique pour la première tranche de Quai ce jeudi, cela démarre avec un orchestre d’accordéons, de l’Ensemble Escadon, il faut prêter l’oreille pour entendre les différents airs, qui sont originaux et qui n’ont rien à voir avec ce qui est joué habituellement avec cet instrument. C’est étrange et envoutant. Puis Vincent Croguennec nous conte « une histoire à la noisette » adorable petit film fait de découpages, astucieusement monté, avec un délicieux humour. Isabelle Chaffard en soliste à l’accordéon nous interprète Ispaniada de W. Zolotarioz, dans le brouhaha de la foule, elle arrive à capter l’attention, suivi de Vegelin suite de J. de Haan par l’ensemble Escadon. Performance de « noble art » avec Hakim, Hatem, Julien, Osan de l’ASM Boxe, intitulé « des Coups, des coups et encore des coups …. fins comme des allumettes les jeunes boxeurs, ont impressionné le public et le petit chien…..
au-quai-le-6-novembre-2008-008.1227493284.jpg Puis ce fut au tour du directeur du Quai David Cascaro de nous conter en images, avec une sono stridente, le voyage en Malaisie, accompagné en musique à l’ordinateur, par d’Alex Kittel et sa composition, illustrant parfaitement la projection. Cette fable est l’histoire d’un jeune homme qui part avec sa Simca 1000, qui se crache, passe de l’autre côté du miroir, puis émerge lentement de son coma, de son voyage en Malaisie, qui peu à peu reprend conscience des personnes qui l’entourent, par flash, puis qui se rétablit, histoire qui laisse un sentiment indéfinissable.

Puis nous assistons à la conférence de Marie-Chantal – Gaëlle Fratelli, flanquée de 2 gardes du corps, costumés, lunettés, Pasquale Nocera et Fernando Pasquini. Elle nous explique que notre façon de nous vêtir dévoile notre personnalité. Puis soudain, pour illustrer son propos et nous convaincre que l’habit fait le moine … elle dévêt un des garde du corps qui rapidement se retrouve en caleçon, puis le second suit le mouvement pour ne pas être en reste. Pour corser l’affaire elle leur impose un déguisement à trouver dans un temps imparti, et les 2 compères se lancent dans une danse échevelée visible sur la vidéo ci-dessous attendez que la vidéo soit chargée entièrement pour la visionner.

la soirée s’est poursuivie au Noumatrouf 
photos et vidéo de l’auteur

Waoouhhh !

Waoohhhh ! Par elisabeth, 22 octobre 2008 à :: Expos régionales Une fois encore, le Crac étonne par son choix diversifié, étonnant, détonnant. A nouveau, l’équipe de Sophie Kaplan a réussi son pari de réunir des talents à l’imagination plus que fertile. Dans le 1er volet de « Waoohhh, Le merveilleux dans l’art contemporain », treize artistes de la scène internationale proposent leur vision de notre société et nous plongent dans leur monde singulier rempli de rêves et de science-fiction. Si les locaux du Crac ont subi une grande rénovation, en entrant, à peine franchi les quelques marches, le spectateur se dit que les travaux sont loin d’être achevés. En lieu et place du bureau d’accueil, sur un amas de gravier et de terre des centaines d’araignées lumineuses tentent de gravir le monticule. À y regarder de plus près, c’est d’une œuvre dont il s’agit : « Araignées ». Celle d’un jeune Suisse, Vincent Kohler qui, du haut de ses 21 ans, se fait un malin plaisir à surprendre. Il met en scène un curieuse montagne, plutôt un rocher fumant, grondant, un volcan en phase menaçante, portant bien son titre inquiétant de rocher du diable. L’Anglaise Zoë Mendelson a recréé une salle de classe. « La cyclo teacher », une fresque avec des éléments hétéroclites et des pupitres en carton.
En arrivant au premier étage, le titre de l’exposition vous apparaît de façon lumineuse,  » Waoohhh » devant un gigantesque haricot vert jubilatoire, une exubérance qui envahit la grande salle, dévore l’espace. Son auteur, le Portugais João Pedro Vale, est influencé par les contes de fées,mais c’est aussi une avant première de la Forêt Enchantée d’Altkirch.
 Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen ont dessiné à quatre mains des œuvres fantastico-loufoques qui répondent aux sculptures de Johnston Foster qui a l’art de recycler nos déchets en nous interpellant sur notre société de consommation, corne d’abondance d’où dégouline un amas hétéroclyte, telle une nature morte. Ou encore une autre compostion faite de club de golf surmontée d’un oiseau peut-être cible du chasseur « Rangerdanger »
Stéphane Thidet de retour au Crac, mais aussi présent à la FIAC, dessine sur un billard une montagne lieu d’une très haute valeur symbolique inaccessible au commun des mortels et pourtant si poétique. Une sorte de quête d’un ailleurs. Il nous précise « le titre pourrait théoriquement exister au milieu de cette table »
Le facétieux Pierrick Sorin réalise des courts-métrages et des dispositifs visuels dans lesquels il questionne avec humour et désespoir, tel un leitmotiv sous-jacent, la condition humaine, la place et le rôle de l’artiste ainsi que le processus créatif. Pour se faire, il adopte une démarche intellectuelle et humoristique à la croisée de la magie et du burlesque. Il n’a de cesse de manipuler les codes de l’audiovisuel et de détourner les stéréotypes. Acteur principal de ses oeuvres, il investit le rôle de l’antihéros dans des situations absurdes et facétieuses, autant de clins d’oeil aux illustres Buster Keaton, Jacques Tati et, plus récemment, Mister Bean. S’inscrivant dans l’héritage d’Emile Raynaud, Pierrick Sorin réinvente avec fantaisie les Petits théâtres optiques, où, à l’image des hologrammes, des personnages filmés évoluent dans de vrais décors et des objets réels. Juste pour vous donner envie de voir la suite… Son DJ vaut son pesant de dérision. Entre contes et mythes, nouvelles technologies et science-fiction, l’oeuvre de Nicolas Darrot dessine les contours d’un monde imaginaire peuplé de chimères et d’automates. Dans cette « fantaisie » à la fois ludique et poétique, l’artiste raconte l’histoire de métamorphoses impossibles et explore une réalité ambiguë, nourrie par un imaginaire où se côtoient différents univers. Le Cerf Macroterminitae, subtile référence à l’imagerie religieuse médiévale du Christ en croix, est un automate dissimulé sous un voile qui, dans un enchaînement de mouvements mécaniques, se dresse peu à peu, jusqu’à pouvoir entièrement tourner la tête vers le ciel. Le merveilleux à l’œuvre dans la pièce de Darrot se rapproche de la conception médiévale, où la merveille relève indifféremment du miracle chrétien, de la magie ou de la mécanique et où l’art de l’enchanteur et celui de l’ingénieur sont mal différenciés.
Alice Anderson Dans ses films comme dans ses photographies, l’artiste franco-anglaise Alice Anderson revisite et invente des contes fantasmagoriques à la frontière entre réel et imaginaire, perversité et innocence, rêve et cauchemar. À travers ses histoires merveilleuses dont les hommes sont le plus souvent absents, elle décrit la cruauté des relations mère fille et interroge l’identité féminine. Les « contes freudiens » d’Alice sont des miroirs déformants qui reflètent les images multiples de ses héroïnes, d’elle-même et de chacun d’entre nous. Ses oeuvres révèlent la dualité essentielle du conte : derrière la fantaisie et le jeu se cache une réalité amère » (d’après Maud Jacquin). Dans la vidéo Bluebeard, Barbe Bleue est une femme. Elle habite seule dans une grande demeure. Un jour, une mère et son jeune fils (l’interprète est féminine) frappent à la porte. Barbe bleue les accueille. La fable qui se déroule alors est la scène où se nouent et dénouent de troubles relations entre les trois protagonistes. Une autre photographie évoque Peter Pan. Jouant de contrastes et d’oxymores, Christian Gonzenbach explore un univers qui se situe à la frontière du poétique et de l’effrayant, du quotidien et de l’extraordinaire, et où, peu à peu, tout semble changer de sens. Dans Waoohhh!, à l’instar des trophées de chasse, Christian Gonzenbach accroche aux murs ses Ordinary Tales, peaux de lapin gravées au laser. Entre tragédie et ironie, les Ordinary Tales narrent les aventures du Lapin Géant, issues de contes et légendes populaires et d’imageries collectives largement réinterprétés. Ainsi, en King-Kong, chassé par Diane, crée par Frankenstein ou encore terrassé par Saint-Georges, le lapin s’approprie différents rôles, à la fois drôles et sordides, qui l’inscrivent dans un cycle de vie et de mort. Les caniches géants de Michel Blazy avec leur pelage en mousse à raser semblent être fascinés par les bêtes terrestres et aquatiques de Bruno Pelassy qu’un simple son rend à la vie, au grand plaisir des tout petits. Fiers Caniches éphémères qui demandent un toilettage et une surveillance quasi quotidienne à la dynamique équipe du Crac. photos et vidéos de l’auteur la vidéo d’Alsatic

Un monde à part


anish-kappor.1241213901.jpgAu musée Würth à Erstein (67), en ouverture, l’œuvre d’Anish Kapoor (Sans Titre, 2004), sculpteur britannique d’origine indienne, entraîne le spectateur vers ce monde à part de l’art en le mettant face à son propre reflet dans un miroir : tour à tour agrandi, brouillé puis inversé, tête en bas, pour apparaître soudainement lorsque il est tout près, de manière assez grotesque. Inévitablement la fascination du miroir opère.
En contrepoint, la déstabilisation du spectateur et l’incitation à une nouvelle perception trouvent un écho avec

 
l’Autoportrait au chien (Besuch im Heimatmuseum III) de Georg Baselitz (déplacé depuis, pour cause de trop georg-baselitz-autoportrait-au-chien.1241214033.jpggrande luminosité). Le sujet inversé se tenant littéralement sur la tête, ses significations conventionnelles et l’identification de son contenu objectif n’opèrent plus. Il en résulte une ambiguïté entre figuration et abstraction.
Les toiles et sculptures environnantes se reflètent en inversion dans le miroir d’ Janish Kapoor : Iconoclasme d’Anselm Kiefer, la Longue Marche sur l’Aigle de Jörg Immendorff, le Grand Masque de Stephan Balkenhol
 
La réactualisation des traditions mythiques distingue tout particulièrement l’œuvre d’Anselm Kiefer dont les allusions spirituelles et historiques peuvent se lire comme l’expression de vérités, voire même d’archétypes dépassant l’individu (Iconoclasme, Les Érinyes). L’œuvre politiquement et socialement engagée de Jörg Immendorff s’appuie sur une iconographie explicite et détaillée ; sa peinture monumentale Longue marche sur l’Aigle renforce le lien entre histoire personnelle et nationale.
Le Grand Masque en bois de cèdre de Stephan Balkenholstephan-balkenhol-masque1.1241214334.jpg évoque, par sa forme totémique et sa monumentalité, les origines cultuelles et mythologiques de l’art. Pour ce dernier lorsqu’on est en face de lui, en face c’est un peu prétentieux vu sa grande taille (294x150x95), il a les yeux ouverts. Si on le contemple du premier stephan-balkenhol-masque.1241214407.jpgétage, il a les yeux clos, le visage empreint de sérénité.
 
 
Anselm Kiefer nous révèle l’importance et l’actualité que revètent les évènements mythologiques et historiques. Dans sa peinture Iconoclasme, il interprète comme une attaque contre la liberté d’expression de l’artiste, la querelle qui éclata à anselm-kiefer-les-iconoclastes.1241214107.jpgByzance aux VIIIe et IXe s. Initiée par l’empereur Léon III, celle-ci a conduit ses successeurs à détruire les images saintes et à poursuivre, ceux qui étaient qualifiés d’adorateurs d’images ou « d’iconodules » Sur ce tableau monumental que recouvre une impressionnante superposition de matières, des chars d’assaut encerclent la palette du peintre. Alors que les iconoclastes sont identifiés aux chars, les noms manuscrits des iconodules occupent la surface de la palette.
 
Les Erinyes déesses vengeresses de la mythologie grecque, nées de l’union involontaire de de Gaia et d’Ouranos, poursuivaient sans pitié leurs victimes, qu’elles condamnaient à la folie. Telles de mystérieuses apparitions, Alecto, Tisipone et anselm-kiefer-les-eniryeis.1241214165.jpgMégère investissent le tableau de Kiefer, en se détachant du fond dont la matière est indistincte, gris bleutée, contraste avec le relief blanc de leurs vêtements. En lieu et place de leur tête, un maillage de fil de fer, vient couronner leur corps. Les redoutables Erinyes étaient coiffées de serpents entrelacés, mais on ne peut s’empêcher d’y voir aussi l’allusion aux camps si permanente chez Anselm Kiefer
 
Plus que tout autre artiste Jörg Immendorff est resté fidèle à l’engagement de son maître Joseph Beuys, (que l’on aperçoit sur la toile donnant du feu à son voisin Marcel Duchamp) en faveur d’un art à motivation sociale et politique. Il interroge le rôle de l’artiste dans la société. Dans la longue marche de l’aigle, l’aigle impérial allemand occupe toute la surface de l’oeuvre. Il constitue le décor d’évènements jorg-immendorf-enheit.1241214258.jpgcomplexes, représentés à la manière d’une gravure en clair obscur. AR Penck est occupé à peindre et s’applique à forger le mot « Einheit » (unité) Le mythe de l’artiste et le passé de l’Allemagne sont sur cette toile indissolublement liés.
 
C’est un musée absolument fantastique, ainsi que tout l’ensemble de l’entreprise devant laquelle se trouve la sculpture de Jacobsen. Des visites guidées fournissent les clés de compréhension à la très riche collection d’art contemporain.
Visible jusqu’au 21 septembre
La prochaine exposition sera consacrée à François Morellet (les photos sont autorisées)

Carla = Cécilia ?

la-dame-a-la-licorne-leonard-de-vinci.1233587324.jpg Ne trouvez-vous pas que la nouvelle épouse du président des français, Carla Bruni ressemble quelque peu au portrait de La Dame à l’hermine (Cecilia Gallerani), huile sur bois, 1488-1490. Musée de Cracovie, Pologne, peint par Léonard de Vinci ?La toile représente Cecilia Gallerani, la maîtresse de Ludovic Sforza, duc de Milan, qui fut d’abord son tuteur et le protecteur de Léonard. La peinture est l’un des quatre portraits de femme peints par Léonard de Vinci, les trois autres étant le portrait de Mona Lisa, celui de Ginevra de Benci et celui de la Belle Ferronière . En dépit de nombreux dommages, elle est néanmoins en meilleur état que plusieurs autres peintures de De Vinci.
Léonard a rencontré Cecilia Gallerani à Milan en 1484, lors de l’épidémie de peste, alors que tous deux habitaient au Castello Sforzesco, le palais de Ludovic Sforza, le More. Jeune et belle, âgée de seulement 17 ans, Cecilia était la maîtresse du duc.
La légende veut que dans la Vierge aux rochers, Léonard a peint l’ange à l’image du visage de Cecilia, alors qu’elle était une inconnue pour lui. Il ne l’aurait rencontrée qu’après.
Plusieurs interprétations iconographiques de l’hermine que tient la jeune femme ont été proposées. On y a vu le symbole de la pureté ou encore l’emblème du More, qui était « l’ermellino », une petite hermine. Ce pourrait être également un calembour sur son nom de famille, Gallerani, l’hermine en grec se disant galay. Ou encore un élément de la mode de l’époque, la jeune femme étant représentée avec un seul collier, alors que son protecteur et commanditaire de la toile la couvrait de bijoux. À proprement parler, l’animal du tableau semble ne pas être une hermine mais plutôt un furet blanc.
La peinture a été acquise par Adam Jerzy Czartoryski, le fils d’Izabela Czartoryska et d’Adam Kazimierz Czartoryski en Italie en 1798 et intégrée dans les collections de la famille Czartoryski en 1800. L’inscription dans le coin haut gauche de la peinture,
« La Bele Ferioniere.Leonard d’AWinci. », a été probablement ajoutée par un restaurateur peu de temps après son arrivée en Pologne. Léonard, comme c’était l’usage à cette époque ne signait pas ses toiles. Les artistes s’incluaient dans leurs tableaux, dans la représentation d’un personnage, en général caché parmis d’autres, mais très souvent, regardant le spectateur. En 1939 elle a été saisie par les nazis et envoyée au musée Kaiser Friedrich à Berlin. En 1940 Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, a demandé qu’elle soit restituée à la ville de Cracovie et il l’accrocha, par la suite, dans ses bureaux. À la fin de la seconde Guerre mondiale, elle a été découverte par les troupes alliées dans la maison de Frank en Bavière. Elle est revenue en Pologne et est actuellement exposée au musée Czartoryski à Cracovie.
Le film polonais Vinci (2004) a pour sujet un vol du tableau.

Léonard De Vinci, La Dame à l’Hermine

Ce n’est pas l’histoire d’une toile mystérieuse mais plutôt celle d’un secret de fabrication. En 2014, le laboratoire parisien Lumieres Technology révèle que La dame à l’hermine de De Vinci a donné beaucoup de mal à l’artiste, qui à dû s’y reprendre à trois fois avant d’arriver au résultat que l’on connait. A l’origine, le portrait se passait de cette hermine mystérieuse, symbole politique, ajoutée puis retravaillée, obligeant le peintre à modifier la position du bras de son personnage ainsi que d’autres détails plus discrets.
Dama_1

 

"J'embrasse pas"

 
La riposte des artistes au baiser de Sam Rindy
A Avignon, l’exposition « J’embrasse pas » décline tous les registres du baiser et dénonce le vandalisme

Yvon Lambert

Yvon Lambert, marchand d’art, devant les « lèvres » de l’artiste Bertrand Lavier, symbole de l’exposition. © CYRIL HIELY
Dès l’entrée, les lèvres géantes de Mae West réinterprétées « à la Dali » par Bertrand Lavier, vous accueillent. L’exposition s’intitule « J’embrasse pas ». Elle est née dans l’émotion, après l’affaire du baiser au rouge à lèvres apposé le 19 juillet par une jeune martégale comme un « acte d’amour » sur une toile blanche de Cy Twombly.
« Nous avons vécu cela comme un viol », explique Eric Mézil, directeur de la collection Lambert. « Puis, nous avons vu des artistes du monde entier se manifester ». L’exposition dévoile cette riposte des artistes. « J’embrasse pas, c’est l’avertissement qu’il faudra peut-être, un jour, afficher à l’entrée des musées, comme je casse pas, je vole pas », poursuit E. Mézil.
Un baiser sur un crâne, inquiétante vanité de Douglas Gordon. Des photos qui débusquent la nature tantôt sensuelle ou violente d’une bouche, l’ambiguïté dangereuse d’un baiser. Sur une toile géante d’Anselm Kiefer, une Kalachnikov vise la palette du peintre. L’évocation de la mise en danger des oeuvres et de leur surveillance se prolonge avec les silhouettes policières grandeur nature de Xavier Veilhan, ou le coeur en matraques de Kendell Geers.
Puis l’exposition conduit le visiteur vers le blanc et le monochrome, répondant par l’exemple à la question « Une toile blanche peut-elle être une oeuvre d’art? ». Un triptyque blanc de Rynan, souillé puis restauré il y a une dizaine d’années, laisse apparaître une trace qui ressort avec les années. Face à lui devait être exposé le triptyque de Cy Twombly, estimé à 2 millions de dollars. Il n’y est pas.
« On n’arrive pas à le restaurer, l’oeuvre est fichue », se désole E. Mézil.
En guise de conclusion, des oeuvres subtiles sur la mémoire de la trace, et un minuscle « oreiller pour la mort », sorte de requiem pour une oeuvre d’art.
Collection Lambert à Avignon. Du 28 octobre au 15 janvier. Rens : 04 90 16 56 20.
Carina Istre La Provence
Si ça ce n’est pas de l’opportunité !!!