La maison Carrey

img_5575.1306068840.jpgNon je ne suis pas allée à Nîmes, c’est bien dans la campagne mulhousienne, plus précisément le Sundgau,  que se situe cette maison originale, délicieusement baroque, en fait c’est la « Maison Ronde ». Rotonde à coursives, aux parois circulaires, entourant un patio habillé de mosaïques, blottie dans les arbres, cachée par eux en ce mois de mai plus estival que printanier, invisible depuis la route. C’est un foisonnement de trouvailles, de vitraux à base de culots de bouteilles, de porte ouvragée récupérée, de miroirs aux cadres insolites, de lampes faites de petites cuillers, de tables en céramiques, de poêle indescriptible, tout est à base de matériaux de récupération.
Le verre est partout, de toutes les couleurs, assemblé avec bonheur, en fresques murales, laissant entrevoir une féerie nocturne lumineuse. Il faut s’attarder, revenir sur ses pas, se rendre compte que l’on a pas vu le 1/3 de l’inventivité de ce couple d’artistes plasticiens.
Yves Carrey, sculpteur de métal recyclé, en Marcel, le bras virilement tatoué, se prête à nos questions. – Le site –
Le Schweidissi, qui trône à la Porte Jeune, img_0622.1306068987.jpgmascotte mulhousienne, le loup, une série d’agneaux, décorant divers lieux de la ville faisant la joie des petits et des grands, cet hiver 2010, celui qui s’est égaré près de la fontaine de la place de la Réunion, la chenille du zoo de Mulhouse, actuellement patientant dans l’herbe du côté droit de la maison, l’arbre dans l’allée des sculptures de l’allée Nathan Katz, sont sortis de son imagination, mais aussi du savoir faire, de ses mains de soudeur.
img_5631.1306092489.jpgIl récupère auprès des ferrailleurs tout ce qui peut être utilisé dans ses créations. Un capot de DS peut devenir un tableau abstrait. La tête de l’agneau, l’oreille, l’œil, le poil, tout est à base de ferraille et d’assemblage.
 On y retrouve son Christ présenté, lors de la rétrospective consacrée à Jacky Chevaux. C’est une photo de JC en Christ crucifié, sur un mur blanc, sans croix lors d’une performance qui l’a inspirée pour sa création de ce parallélépipède, dont les contours sont constitués de tubes carrés formant une sorte d’aquarium sans vitrage, dans lequel est plongé un Christ sans croix, et de citer Coluche  “Si Jésus était mort noyé, les chrétiens auraient l’air malin avec un aquarium autour du cou ou au-dessus de leur lit“.img_5667.1306093331.jpg
Un oiseau hybride se trouve devant la maison, il sort de l’esprit imaginatif de Véronique Werner dite Vero, – le site–  il trônait pendant un été la place de la République. Tout comme ses baignoires à thème, servaient de réceptacle/reposoir aux touristes qui y posaient volontiers, pour des photos insolites.
Les cheminées couronnées de becs menaçants ou de véritables couronnes se dressent fièrement sur le toit.
Le sculpteur Arman lui-même ne pourrait pas renier l’assemblage de montres, ou encore celui réuni en une sculpture féminine. On croise une autre femme rouge érotique, sculptée.
Yves Carrey œuvre essentiellement sur commande.
La mosaïque, la déco c’est l’œuvre de sa compagne, Vero Werner, mosaïste d’art.
img_5600.1306092858.jpgVero quant à elle, travaille avec les écoles, les particuliers, selon leur demande, elle essaie de concilier leur désir et leur goût, en des compositions de mosaïques, de fresques murales de revêtements de sol, dessus de table.
Véronique Werner réalise des fresques, des sculptures et des objets décoratifs, en assemblant des matériaux récupérés et en incrustant des fragments divers tels que verreries ou céramiques dans du ciment.
Quand elle n’est pas entrain de produire en atelier, elle travaille à l’extérieur sur commande, principalement pour des clients particuliers.
Elle intervient régulièrement auprès du public, jeune et moins jeune, en difficulté parfois, et utilise la mosaïque comme moyen d’expression de communication et d’échange.
Les ateliers ouverts ont permis cette visite de la maison d’Yves Carrey et de Véronique Werner, située au 34, rue de Galfingue à Spechbach-le-Haut, aux amis du Crac Alsace 
photos de l’auteur courtoisie d’Yves Carrey

Jean Pierre Sergent au Musée des Beaux Arts de Mulhouse

mayan-diary.1303417560.jpgAprès les carrés harmoniques d’Elisabeth Bourdon, ce sont les carrés (1.05/1.05) montés en puzzle sur plexiglas de Jean Pierre Sergent qui ornent les cimaises du Musée des Beaux Arts de Mulhouse jusqu’au 29 mai 2011.
Entrez en transes et vibrez avec Jean Pierre Sergent, partagez sa dimension spirituelle et humaniste, avec des images flamboyantes dans une danse étourdissante, un éloge du chamanisme, avec
« Mayan Diary ».
«Mayan Diary» par Jean-Pierre Sergent
« La série de peintures sur Plexiglas « Mayan Diary » commencée à New York en 2000 fait suite aux séries « Amana » 1998, « Le Rêve de l’Homme Emprisonné » 1999 et les oeuvres sur papier « Dionysos » 1998.
 « Mayan Diary » est un carnet de voyage non littéraire constitué de stimuli visuels et émotionnels collectés lors de mes voyages successifs au Mexique et au Guatemala ainsi que durant mon vécu dans la New York multiculturelle et multiethnique. Au début, c’est la superposition et l’accumulation d’éléments iconographiques venant des rencontres faites au Museo de Antropología de México, aux sites archéologiques de Chichen Itza, Uxmal, Mitla, Oaxaca, ainsi qu’avec les peuples Maya, Mixtec, Zapotec et leurs créations artistiques. Par la suite, le travail s’est enrichi de nombreuses images venant des sociétés prémodernes et des périodes archaïques des grandes civilisations, images induites également par de nombreuses lectures ethnographiques et philosophiques sur les cultures et mythologies amérindiennes, indiennes, japonaises, australiennes,
préhistoriques etc.
Ma principale référence picturale est celle de la présence, dans l’art pariétal, d’images superposées durant des millénaires sans commencement ni fin apparente. Cette « surimposition » iconographique cyclique sans lien cohérent logique, fait fortement
référence à la Mâyâ indienne où la vérité ultime, présence du divin, est cachée par des réalités illusoires, protéiformes, fragmentaires, contradictoires et multiples.
 L’inspiration puise également dans les métamorphoses vécues lors de transes chamaniques, quand l’individu se dissout pour se transformer en différentes entités humaines, animales, végétales, minérales, spirituelles pour enfin fusionner dans les
réseaux génético-cosmiques.
L’idée maîtresse de ma création artistique est de rendre hommage à l’Humain historique, intemporel et contemporain, au corps, à la beauté ; aux différentes réponses et interprétations sur la Sexualité, l’Art et la Mort, imaginées lors de rituels sacrés ou
profanes au cours de notre histoire. »
Jean-Pierre Sergent
Besançon. Février 2010.

Œuvres démesurées, sans cesse ré-assemblées, associant et superposant un répertoire formel issu de différentes cultures pré-industrielles, condensé des recherches plastiques et intellectuelles, du grand lecteur qu’est l’artiste Jean Pierre Sergent.
traditions ancestrales et traditions contemporaines,
Hommes au oreilles percées, femmes à la langue percée, la transe est récurrente dans le travail de JPS qui a l’a expérimentée sous hypnose, proche de la vision des indiens d’Amérique du Nord, Fulgurance des images, avec la transformation des animaux. Dans les vieilles religions shinto, l’habitude est de lier des pierres, des arbres, des choses qui sacralisent, le corps de la femme est sacré. L’idée était de créer un déité. L’approche de l’occidental devant ces images est totalement différente. Il y croit y voir de la perversion, ce qui explique l’avertissement apposé, – réservé aux adultes -.yantras-mangas-y-otras-cosas-2009-13.1303417729.jpg
Ces productions qui figurent, côte à côte, en une simultanéité qui peut dérouter, peuvent créer un sentiment de confusion, mais elle a le mérite de souligner ce qu’a de spécificité la tâche du créateur.
Travail sur papier, Trash painting, parterre, images récupérées sur Internet et retravaillée ordinateur. Danse dans l’espace, cela permet de créer, de sacraliser, les occidentaux ont une approche différente, la démarche des indiens relève du sacré.
Plexiglass coloré, support et medium résolument moderne dans une salle rouge, une salle bleue, une autre jaune orange, avec un densité des couleurs, décidées avec Joel Delaine, la superposition des transparences permettent l’accès à un voyage transcendant.

« Je découpe des films à partir d’images dessinées sur ordinateur, puis je sérigraphie plusieurs panneaux de manière sérielle sur Plexiglas ou sur papier. Je superpose ainsi des images différentes au cours du working progress et j’arrête quand je sens qu’une énergie se dégage de l’œuvre. J’assemble alors les carrés sur le mur de façon aléatoire »
Séjournant à Montréal, puis  à New York, Brooklyn, pour se confronter à la grande scène internationale, Il revient à Besançon, où il réside actuellement.
photo 2  de l’auteur autres photos courtoisie de l’artiste

Samuel BURI et Carlo Aloë au Fernet Branca



4_samuel_buri_autoportrait_double_au_chapeau_2010_huile_sur_toile_108_x_160cm_r.1303118592.jpg 














La palette colorée de Samuel BURI

Jusqu’au 8 mai vous pouvez vous plonger dans le tsunami de couleurs de Samuel Buri.
Marqué par l’abstraction lyrique américaine, le peintre bernois Samuel Buri, né en 1935, marque sa grande fidélité à la nature. Son ambiance tachiste, « all over », très vivement colorée nous dévoile un coloriste hors pair. À 75 ans, celui qui baignait dans les années 1970 dans le pop art des champs, avec ses vaches, veaux et chalets…, en écho au pop art américain des villes, et qui plus tard côtoyait Rancillac et Monory parmi tant d’autres, nous revient avec sa palette facilement identifiable. L’esprit de Matisse plane sur Buri mais pas seulement; on peut s’amuser à retrouver au fil des toiles le pointillisme façon Seurat , l’image sérigraphiée d’Andy Warhol , et même une idée du travail de Soulages sur le sombre ( la clématite bleue ) ou une reinterpretation des autoportraits à la manière de Van Gogh; un festival de couleurs vraiment rejouissant propre à ensoleiller n’importe quelle journée maussade .
Les oeuvres de Samuel Buri ont été exposées dès 1980 à la Fondation Beyeler; il a eu par ailleurs une carrière parisienne ou il a exposé au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 63 et en 69 ,  , puis au salon de la Jeune Peinture  et surtout , consécration , au Grand Palais en 1972 lors d’une exposition de 31 artistes suisses contemporains.
Un citoyen d’honneur de la couleur – le peintre Samuel Buri -par Philippe Büttner/ Fondation Beyeler
Ernst Beyeler le considérait comme un « grand coloriste ». En effet, la contrée enchantée de Samuel Buri, c’est bien celle de la couleur. Appelons-la le « Coloristan » avec Valeurs-sur-mer, sa capitale idyllique et ses saints patrons Saint-Rouge, Saint-Jaune et Sainte-Bleue.Buri est citoyen d’honneur de ce pays. Il connaît ce mélange d’ivresse et de systématique propre à la couleur. Il en connaît toutes les langues, toutes les vieilles légendes oubliées ainsi que les manifestations les plus récentes. La couleur est à l’origine de son territoire le plus personnel.
Après la joie de la trame de la fin des années soixante, Buri évoque au milieu des années soixante-dix les familles des artistes grâce à ses illustres prédécesseurs (ici « La famille de Monet »).Et là où la couleur triomphe ainsi, la sérialité n’est pas loin,  Buri crée de grandes séries de peinture dans lesquelles les thèmes ou les structures sont déclinées en toutes les couleurs.


Carlo Aloë Quotidien 1997
Le quotidien selon Carlo ALOË : de bruit et de fureur !1__carlo_aloe_quotidien_1997_huile_sur_toile_120x140cm.1303118828.jpg


Voilà un artiste qui témoigne de la vie de ses contemporains. On s’attend à trouver ses tags en ville sur les murs d’usines desaffectées ou sur les wagons de trains en instance de démolition . Aloë a l’œil vif, il observe la sphère urbaine. Il présente la ville, il la dépeint. On peut classer son œuvre dans la nouvelle figuration. Aloë est fasciné par les ambiances citadines, mais également effrayé par le flot incessant d’images et les séquences déversées par les mass-médias. Le visiteur est rapidement plongé dans un univers qu’il s’agira de décrypter afin de comprendre les nombreuses séries d’histoires qui sont relatées dans ses œuvres.
Le point de départ de ces tableaux est une collection d’esquisses, un fonds de motifs réunis par l’artiste, qui peut être agrandi à volonté et transféré sur un écran, à l’aide d’un antique projecteur. Par le fondu enchaîné de leurs formes, ces images individuelles perdent leur lien avec la surface et se transforment à vue d’œil en grilles de lignes spatiales translucides.
Les différents motifs de l’image, considérés de manière intrinsèque, sont figés en formes volontairement simples : des pin-up et des filles en bikini évoquent les paradis de vacances et les éternels fantasmes masculins, les silhouettes d’avions stéréotypés et de navettes spatiales reposent sur une naïve euphorie futuriste ; encore et toujours des files d’automobiles qui psalmodient l’air du rêve d’une mobilité sans limites. Reines de beauté et squelettes affamés, grondement de canon et mitre papale, animaux en peluche et masses humaines— de tout ceci, et de bien d’autres choses encore, naît un réseau sémantique cynique et profond, qui laisse à chacun la liberté de se plonger dans ses propres associations. Le contenu des fondus enchaînés et des arrangements ne doit rien au hasard, et c’est la même virtuosité qui les fait coïncider en une unité créatrice —d’où naît la beauté picturale.

Espace d’Art Contemporain Fernet Branca

2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis
tel : 03 89 69 10 77

Stephane Couturier à l'Espace Malraux de Colmar

img_4375.1302118287.jpg« Pendant que nous nous perdions dans les subtilités pour savoir si la photographie fait partie de l’art contemporain, nous oublions l’essentiel, à savoir que la photographie a bouleversé profondément toute la création contemporaine » C’est ainsi que Marianne Chelkova adjointe à la culture de la ville de Colmar conclue son allocution de bienvenue en paraphrasant  Roland Barthes.

Depuis la naissance du numérique et son intrusion dans la photo, tout un chacun devient ou le croit du moins photographe, un petit bidouillage et il frôle la perfection, nous donne une vision subjective d’un monde édulcoré ou totalement conformiste. Les grands formats fleurissent et nous donnent à voir le spectaculaire, le pittoresque, l’insolite, ou la pauvreté du portrait non dépourvu d’acné juvénile.
La photo de Stephane Couturier résiste à ces courants et énonce sa pensée, sa perception, son rapport au monde. Ce monde en mutation cet univers qui se construit autour de nous. En effet S C travaille sur la notion du temps, sur les couches de temporalité, strates d’histoire éphémères, travail sur la trace du passé, du changement de nature sur la notion de fragments.
Dans sa photo peu d’anecdotes, peu d’humains, un autre regard sur la nature des choses, sur l’idée de passage. Les photos de Stephane Couturier consistent en un foisonnement  articulé de textures, de couleurs, de formes, un agencement de multiples évènements et éléments générés par les bouleversements de la mutation urbaine. La photo bascule dans l’abstraction, entre vision documentaire et œuvre plastique. Les architectures qui sont des volumes par essence, sont ramenées à la surface de l’image en font une œuvre frontale telle une peinture par des aplats . Au-delà de la forme nous pouvons faire lecture de ses photos à plusieurs niveaux
img_4363.1302118763.jpgdocumentaire, social, politique. La mondialisation intempestive accélère le nivellement architectural. St. C. sait saisir ces instantanés, en parcourant le monde tel un globe-trotter armé de sa chambre noire. Sa technique est l’argentique avec chambre.
Dans la mezzanine, les œuvres plus anciennes de 1997 à 2005, la seule manipulation effectuée par SC, quasi insoupçonnable, aussi simple qu’efficace, consiste à l’inversion de sens, gauche droite, et à l’intervention entre différentes formes.
Pour les dernière œuvres situées au rez-de-chaussée, « Melting point » plus récentes superposition de photos, pour essayer de perturber la visibilité à la narration d’une photographie, qui a beaucoup évoluée depuis une dizaine d’années, avec l’arrivée du numérique, qui a changé notre vision et notre regard sur la photographie. Ce qu’on croyait réel et vrai il y a une décennie, est sujet à suspicion, l’idée de l’artiste a été de réfléchir à cette évolution du regard des gens, de prendre 2 images en une, en les superposant, sans autre manipulation, sans changement de couleurs, pas de découpage, comme deux calques superposées, en jouant sur l’opacité de la transparence. Cela permet un vision du presque réel, avec la sensation du bruit de la chaîne de montage, comme en mouvement et en relief de l’endroit visité (l’usine Toyota ). C’est un travail de complexification et de densification de l’image, mais il correspond aussi à la complexification de la société où nous vivons, avec tous les nouvelles techniques liées à Internet, comme les ordinateurs, les Ipad et autres Iphones, qui permettent d’effectuer une foule de choses simultanément. De ce fait le regard a évolué.
C’est un parcours d’un travail d’une douzaine  d’années entre la France (Valenciennes) Shangar en Inde, ou les US, en partant d’une base classique, il désire garder l’ancrage du documentaire, en privilégiant la notion de fragments, une intervention dans le cadrage, ce que l’œil va regarder dans le sujet, et d’être moins narratif, en permettant un regard moins statique,  et de faire en sorte que la photo se rapproche d’une vidéo ou des tableaux photographiques avec des masses de couleurs, des compositions picturales. Il a appliqué ce même travail de superposition d’images à 2 enregistrements de vidéos, faits à Brasilia, dans l’axe monumental, avec le noeud autoroutier qui dessert toute la ville. A nous de détecter les incohérences, l’ambiguïté du regard, réalité ou fiction ? Réalité tangible ou réalité virtuelle., réflexion sur le monde qui nous entoure, avec un effet hypnotique, des photographies qui nous interpellent.

Jusqu’au 5 juin 2011-04-06 pour poursuivre à la LandersGalerie de Linz (Autriche)

Photos de photos et une vidéo d’un photographe que vous pouvez consulter dans mon album

Le repos du crieur public – Zahra Poonawala, le son révélé

le-repos-du-crieur-public.1300368469.jpgAlors que les circuits de formation, de production et de diffusion tendent d’ordinaire à organiser une séparation du visuel et du sonore en matière de lieux d’exposition, Zahra Poonawala a cherché à marier les sensations et à trouver un mode d’expression en rapport avec sa double formation de plasticienne et de musicienne.
Elle oeuvre donc, depuis ses débuts, à produire des propositions artistiques qui mettent en scène le son, le rendant plastique par le travail sur l’espace et par l’interaction avec le visiteur/auditeur, au moyen de procédés variés qui s’inventent et se complètent au fil des oeuvres.
L’approche plastique a ainsi permis à l’artiste de creuser par l’image des problèmes de perception musicale, par le contrepoint de l’image avec le son : ou comment incarner, en enregistrant chaque musicien séparément chez lui, autant d’individualités dans le son polyphonique d’un orchestre (L’orchestre décomposé, 2007). Ou encore, par le décalage des images vidéo opposées à l’image vivante du musicien, mettre en lumière le travail du rythme et le passage du temps dans une pièce musicale (Losing touch).
Le travail de Zahra Poonawala s’étend aussi à l’espace d’exposition. Le son peut ainsi devenir objet non de contemplation, mais d’expérience spatiale, avec sa densité, sa présence ou son absence. Ainsi par exemple, dans la pièce Hall (2007), la confusion créée par des sons captés à différents endroits mais retransmis sur un haut-parleur unique. Ce décalage spatial a trouvé sa contrepartie dans le temps avec Écoutez ce silence (2006), installation dans laquelle les sons sont retransmis avec un retard, ce qui accroît leur présence paradoxale dans l’espace.
img_4169.1300369946.jpgL’artiste s’est également faite compilatrice, agrégatrice, rassemblant par l’image des sons séparés : dans Bouquet Final¸ par exemple, où les vidéos de musiciens séparés dans l’espace forment une mosaïque polyphonique, une sorte d’orchestre virtuel. Enfin, dans son projet Public address system (entamé en 2007, mis en ligne sous une forme participative à partir de 2009), Zahra Poonawala filme le son sous forme de haut-parleurs publics du monde entier, et réalise, à partir d’une compilation vidéo, une manière d’atlas sonore. img_4167.1300369021.jpg
Ces images en quelque sorte « aveugles », où le hors-champ seul demeure pour évoquer le contexte absent, mettent l’accent sur un autre aspect important du travail de Zahra Poonawala : la réflexion sur la transmission et la retransmission. En musicienne au fait des multiples traitements et circuits de diffusion du son, l’artiste a oeuvré avec beaucoup de constance à partir de dispositifs qui abolissaient les distances ou les accroissaient. Qu’elle retransmette des images de son appartement pour évoquer le côté intime du travail (Lieu de travail intime) ou qu’elle filme les haut-parleurs des rues du monde entier, elle rend palpable les multiples distances et filtres qui s’interposent dans notre appréhension des choses et des êtres.
A Saint-Louis, Zahra Poonawala a trouvé une nouvelle traduction de sa recherche en transportant ces haut-parleurs, d’ordinaire distants et anonymes, dans l’espace d’exposition, nous imposant leur présence, mais aussi un radical dépaysement de leur monde sonore.
 
Stéphane Valdenaire
Du lundi au jeudi 8 h > 12 h et 13 h 30 > 17 h 30Le vendredi 8 h > 16 h 30Le samedi 10 h > 12 hOuvert les dimanches 13 mars et 10 avril de 14 h à 17 hForum de l’Hôtel de ville
21 rue Théo-Bachmann
68300 Saint-Louis / Alsace
Tél. +33 (0)3 89 69 52 00Visites dans l’exposition, tous les jours ouvrables
Sur demande préalable auprès de Stéphane Valdenaire, attaché culturel, Ville de Saint-Louis
03 89 91 03 04 s.valdenaire@ville-saint-louis.fr
http://www.saint-louis.fr/
 http://www.zahrapoonawala.org/
photo 2 et 3 de l’auteur

Jean Jacques Delattre – Sartori & Kyoto's Wall

img_4206.1300366438.jpg « Quand la vie croise mon objectif, je tente de la restituer dans sa plénitude; cette vie dans ma photo traduit alors ce bonheur qui m’a traversé, qui pourrait faire dire de moi que je suis un photographe épicurien » Jean Jacques Delattre photographe 
Le travail de Jean Jacques Delattre s’inscrit dans la continuité historique et culturelle en Alsace d’un intérêt pour le Japon qui perdure depuis le XIXe siècle, lorsque les membres de la Sociéré Industrielle de Mulhouse y puisaient leur inspiration.
L’actualité tragique de ce vendredi 11 mars, jour du vernissage prend un  écho poignant, où flotte l’inquiétude pour la population japonaise.
De son récent voyage au Japon, Jean Jacques Delattre nous dévoile des images très éloignées des clichés révélant les contrastes entre modernité et tradition, entre agitation des rues et silence des temples.
Dans ses photographies, les rues vidées de leur foule laissent apparaître les réseaux de signalisation qui n’orientent personne. Elles figurent parfois le décor d’une scène de théâtre en devenir ou qui vient de s’achever. Le photographe saisit le bon moment, l’instant précis d’un temps suspendu, celui d’un mouvement de corps dans l’espace, un geste, un regard, un sourire, un éclat de rire. Ailleurs, mais toujours dans le décor d’une rue, dans l’isolement d’un bar ou d’un lieu public, il retiendra le bonheur des uns, l’insouciance ou l’épuisement des autres.
D’une foule, il extrait et isole sur fond de mur carrelé des individus mettant ainsi en valeur la richesse de cette population.
Aucun effet mélancolique ou de pathos ne caractérise les photographies de JJ Delattre qui témoignent de son regard enthousiaste, respectueux et retenu sur une société qu’il découvre et nous révèle.
texte Frédérique Goerig
Responsable de l’association Lézard Colmar
Dimanche 20 mars présentation de l’exposition par le photographe de 10 à 11 h
Première séance du 19 mars – mission dans l’esprit street photographie de 14 h 30 à 18 h
Seconde séance du 16 avril – débriefing autour des images de 14 h 30 à 17 h 30
Entrée libre, particpation limitée à 10 personnes, réservations au Lézard : 03 89 41 70 77
Dans le cadre du Week end de l’art contemporain le Lézard est ouvert le 20 mars, de 10 h à 11 et de 14  h 30 à 17 h 30
jusqu’au 25 avril 2011

Extrait de l’Alsace le Pays du 13 mars 2011
Le soleil de l’Italie a brillé, vendredi soir, lors de l’inauguration du 24 e Salon photo de Riedisheim, avec la présence du couple Tiziana et Gianni Baldizzone, qui comme la plupart des invités, ont eu un peu de mal à prononcer le nom de la commune qui les accueillait.
Pourtant, tous les invités d’honneur, réunis sur l’estrade, connaissent Riedisheim et son salon, qui est devenu le plus grand rendez-vous du grand Est pour les amateurs de photo. « Une noce entre Peugeot et Riedisheim » que Charles Buttner, président du conseil général, espère déjà « fulgurante » pour le 25 e anniversaire qui s’annonce. Et pour ça, on peut faire confiance aux deux coprésidents, Thierry Edel et Michel Weber, qui, déjà cette année, ont mis la barre très haut en invitant ce qui se fait de mieux en matière de photo, comme Françoise Huguier, T & G Baldizzone ou Jean-Jacques Delattre, le régional de l’étape.

ma photo avec la photo de l’auteur des photos  -;)
 

Art Karlsruhe 2011

img_4001.1300310961.jpgElles étaient 212 galeries – dont quatre alsaciennes – venues de dix pays à participer à cette huitième édition d’Art Karlsruhe 2011 , devenue en quelques années l’un des grands rendez-vous du marché de l’art contemporain dans le sud de l’Allemagne – la foire revendique 40 000 visiteurs. Comment ne pas comparer avec la foire de Strasbourg, qui plafonne à 80 exposants et passe sous la barre des 25 000 entrées ?
A ceux qui craindraient, au fil des éditions, un effet de répétition, signalons le souci des organisateurs, à Karlsruhe, d’assurer un certain renouvellement, de près d’un quart du plateau, puisque 46 nouveaux marchands étaient présents.
J’ai retenu 2 galeries Alsaciennes, proposant des œuvres de 1er choix :
Chantal Bamberger de Strasbourg,  Pierre ALECHINSKY, Titus Carmel, img_4006.1300311140.jpgdont j’avais admiré le travail, en rapport avec le retable d’Issenheim, au Couvent des Bernardins à Paris. Les grotesques d’Ann LOUBERT, artiste qu’elle présentait déjà en 2009 à St’art, dont des toiles ont été acquises par le MAMCS, des lithographies de Robert MOTHERWELL, des estampes numériques d’un artiste, dont j’ai eu la chance de voir récemment l’exposition sur les « extases » au musée d’art et d’histoire de St Denis : Ernest PIGNON-ERNEST,
des gravures d’Arnulf RAINER, ainsi que des lithographies de TÀPIES et Jan VOSS
img_4075.1300312221.jpgCHRISTOPHE FLEUROV , « La Voix du Maître , présent l’année dernière avec les grandes sculptures de Chritian Lapie sur le parvis de la grande foire, présentait cette année, le même artiste, avec des sculptures d’une taille moins impressionnante, des jeux d’ombre du même artiste, ainsi que des pastels sur papier, du goudron sur papier mais surtout, de magnifiques eaux fortes de Pierre Soulages,  il avait opté pour le noir, sauf pour les gouaches sur papier, bleu, orange, jaune, vert d’Olivier Debré.
Un photographe a particulièrement attiré mon attention, pour la beauté et l’originalité de certaines de ses photos (Madeleine Castaing, Silvana Mangano). L’empressement de la Deutsche Fernseh s’explique aussi par le nom qu’il porte : François-Marie Banier.
img_4144.1300313100.jpg
La grande surface de la foire, disposée dans 4 halls, très aérés, permet une circulation très agréable entre les galeristes et les sculptures et les divers points de renseignements et de restauration, tout comme l’organisation de l’acheminement depuis la Deutsche Bahn avec le Messescheult prévu pour les visiteurs.
photos de l’auteur vidéos Internet

Fabiola

planche-musee-jj-henner.1300041554.JPGTout est partie d’une toile peinte par Jean Jacques Henner, peintre alsacien (1829 –1905), dont j’ai photographié tout à fait par hasard, la planche explicative, lors de mon passage au musée éponyme à Paris.
Sainte Fabiola appartenait à une grande famille patricienne, la « gens » des Fabiens. Elle connut quelques écarts matrimoniaux, divorçant d’avec son mari légitime pour en épouser un autre. Tous deux ne tardèrent pas à mourir. Alors, publiquement, elle fit pénitence et dépensa son immense fortune pour fonder à Rome le premier hôpital en Occident et un accueil pour les pèlerins. Saint Jérôme, qui fut très impressionné par sa forte personnalité, en écrivit la biographie.
Commémoraison de sainte Fabiola, veuve romaine, qui, au témoignage de saint Jérôme, après divorce et remariage se soumit à la pénitence publique et la rendit parfaite pour le bénéfice des pauvres. Après plusieurs années passées en Terre sainte, elle mourut à Rome en 399, pauvre là où elle avait été riche. Elle bénéficie d’une grande dévotion au Mexique, mais une ancienne reine de Belgique ne porte t’elle pas ce prénom ?
Le tableau, grâce auquel l’exposition actuelle n’existerait pas, est perdu. Donc, pas d’original pour l’instant, mais peut-être un jour réapparaîtra-t-il au hasard d’une vente, ou d’une succession, le mystère est entier pour l’instant.
fabiola_sl_medien_14_l.1300041825.jpgEt l’histoire continue et se développe surtout grâce à l’idée  de Francis Alÿs, un artiste belge réinstallé au Mexique, qui s’est pris  d’« amitié » ou « épris » comme l’insinuait malicieusement une journaliste, pour Sainte Fabiola, et décide de collectionner toute oeuvre artistique représentant sa sainte préférée : la « même » image, peinte, brodée, crayonnée, recouverte de nacre ou de haricots, ou de divers collages, en patchwork avec plus ou moins de savoir-faire ou de talent. Quelques 330 œuvres ou images sont dispersées dans la magnifique maison im Haus zum Kirschgarten, Basel, où le Schaulager s’est abrité pendant la période des travaux qui vont durer au moins pendant 2 ans. Le jeu consiste à dénicher les « Fabiola » au fil des pièces chargées de mobilier de grande valeur et de bibelots, de cette riche maison bourgeoise, et l’intérêt réside dans la découverte de la diversité des interprétations et de la restitution de l’oeuvre que ce soit par un amateur ou un arististe chevronné .
img_1691.1300041465.jpgLà où l’exposition trouve son apothéose, c’est dans un sorte de chapelle d’amour, où la sainte est entourée de part et d’autre d’une collection de têtes. (bien pensantes…) 
L’exposition depuis le 12 mars jusqu’au 22 août 2011, au 27 – Elisabeth Strasse de Basel.
les photos 1 et 3 sont de l’auteur
la photo 2 courtoisie du Schaulager 

Rappel 5E « WEEK-END DE L’ART CONTEMPORAIN » en Alsace

weac.1299501002.jpgEXTRAITS DE « ABÉCÉDAIRE » :
6 PROPOSITIONS CHORÉGRAPHIQUES COURTES
DE FABRICE LAMBERT

« Abécédaire est une série de 26 propositions courtes d’environ
15 min qui ouvrent sur le questionnement du corps et de son
environnement, le statut de son dispositif (relation, rencontre),
mis en scène par un propos organisant les modes de perceptions. »
Fabrice Lambert

09h00 : « K comme Kaos » chez Stimultania – Strasbourg
10h30 : « T comme Territoires du temps »
au Musée Würth France – Erstein
11h45 : « C comme Corps » au Frac Alsace – Sélestat
14h30 : « M comme Mouvement » à La Kunsthalle – Mulhouse
15h30 : « A comme Abstraction » à La Filature – Mulhouse
17h00 : « L comme Lumière » au CRAC Alsace – Altkirch

Possibilité de découvrir les performances librement dans les lieux
ci-dessus au fil du réseau TRANS RHEIN ART le dimanche 20 mars
ou de voyager avec le bus à la journée au départ de Strasbourg et Mulhouse.

Circuits gratuits en bus – Dimanche 20 mars 2011

Deux itinéraires en bus parcourront l’Alsace au fil du réseau TRANS RHEIN ART, au départ à la fois du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Durant les trajets seront diffusées vidéos d’artistes et présentations des actions et projets des membres de TRANS RHEIN ART

L’accès au bus est gratuit (sur inscription et dans la limite des places disponibles)

Inscrivez-vous dès début mars pour une découverte privilégiée des propositions artistiques !
 03 88 58 87 55
 info@artenalsace.org

http://www.artenalsace.org/IMG/pdf/TRA_Brochure_2011_140x140-2.pdf

Haut-Rhin départ de Mulhouse

Départ à 9h / Rdv devant La Kunsthalle / Mulhouse
10:00 p 10:30 / Espace LÉZARD / Colmar
11:45 p 12:45 / CEAAC / Strasbourg
Déjeuner tiré du sac au Ceaac
13:30 p 14:00 / La Chaufferie / Strasbourg
14:15 p 15:00 / La Chambre / Strasbourg
15:15 p 15:45 / Syndicat potentiel / Strasbourg
16:00 p 16:45 / Espace apollonia / Strasbourg
17:00 / Retour vers Mulhouse

Bas-Rhin départ de Strasbourg

Au départ de Strasbourg
09:00 p 9:45 / Stimultania / Strasbourg
10:30 p 11:15 / Musée Würth France / Erstein
11:45 p 12:30 / Frac Alsace / Sélestat
Déjeuner tiré du sac au Frac Alsace
14:30 p 15:15 / La Kunsthalle / Mulhouse
15:30 p 16:15 / La Filature / Mulhouse
17:00 p 17:45 / CRAC Alsace / Altkirch
17:45 / Retour vers Strasbourg

Les membres du réseau TRANS RHEIN ART :
> Site verrier : Halle Verrière et Centre International d’Art Verrier – CIAV /
MEISENTHAL
> Les Géants du Nideck / OBERHASLACH
> Accélérateur de particules / STRASBOURG
> Apollonia – Échanges Artistiques Européens / STRASBOURG
> CEAAC – Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines /
STRASBOURG
> La Chambre / STRASBOURG
> La Chaufferie – Galerie de l’École supérieure des Arts décoratifs /
STRASBOURG
> Musée d’Art Moderne et Contemporain – MAMCS / STRASBOURG
> Polart / STRASBOURG
> La Société pour la Diffusion de l’Utile Ignorance / STRASBOURG
> Stimultania / STRASBOURG
> Syndicat Potentiel / STRASBOURG
> Musée Würth France / ERSTEIN
> Frac Alsace – Fonds régional d’art contemporain Alsace / SÉLESTAT
> Espace d’Art Contemporain André Malraux – EACAM / COLMAR
> Espace LÉZARD / COLMAR
> Institut Européen des Arts Céramiques – IEAC / GUEBWILLER
> La Filature, Scène nationale / MULHOUSE
> La Kunsthalle / MULHOUSE
> Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques / MULHOUSE
> Le Quai – École supérieure d’art / MULHOUSE
> CRAC Alsace / ALTKIRCH
> Espace d’art contemporain Fernet Branca / SAINT-LOUIS
> FABRIKculture / HÉGENHEIM
> Les ateliers ouverts / TOUTE LA RÉGION ALSACE
> La Fête de l’eau / WATTWILLER
> Mulhouse 00 / MULHOUSE

Arman chez Tinguely

img_3224.1299156722.JPG « Ici, Arman est à la maison… »
De fait, le Niçois Armand Pierre Fernandez et le Suisse Jean Tinguely partagent le fait d’avoir été de grands représentants des Nouveaux réalistes, le mouvement artistique fédéré, à la fin des années cinquante, par Pierre Restany.
« Au sein des Nouveaux réalistes, il y avait les Niçois avec Arman, Yves Klein, Martial Raysse, les Parisiens avec Hains ou Villeglé et les Suisses avec Tinguely, Spoerri et plus tard Niki Saint-Phalle. Il faut bien dire que les Niçois et les Suisses étaient plus proches les uns des autres que les Parisiens… »

Il fréquente les personnalités du Groupe de recherches musicales (GRM) dirigé par Pierre Scheffer, (maître dont ce réfère un autre artiste Robert Cahen )qui vient d’inventer des appareils permettant d’étirer le son ou de le ralentir, appelant cela des Allures d’objets en musique.
La signature du manifeste rédigé sur papier bleu Klein, à la craie rose, est présenté dans l’exposition, manifeste qui a été de très courte duréeimg_3398.1299157033.JPG, le temps d’une divergeance entre Yves Klein et Martial Raysse.
 Et Jean-Michel Bouhours, le commissaire de l’exposition parisienne comme de celle de Bâle, d’ajouter :
« Les univers d’Arman et de Tinguely se rejoignent. Ils avaient en commun le goût des rebuts, de la ferraille, des voitures de course. Mais surtout une forte propension à utiliser et à détourner l’objet de sa fonction initiale… »

 

Le Musée Tinguely montre du 16 février au 15 mai 2011 une importante rétrospective de l’artiste Arman (1928-2005). L’exposition a été réalisée en collaboration avec le Centre Pompidou de Paris où, présentée au public à l’automne dernier, elle a connu un succès notoire. Je la trouve mieux présentée dans le cadre de Tinguely. Avec quelques 80 œuvres provenant de musées et collections particulières ainsi qu’une sélection de films projetés en grand format, de bandes sonores et de documents divers, cette deuxième étape de l’exposition à Bâle propose en sept volets un regard unique sur le travail de l’artiste, du début des années 1950 jusqu’à sa période tardive dans les années 1990. Cinq ans après la mort de l’artiste, c’est la première fois qu’un musée suisse lui consacre une telle rétrospective. Après Yves Klein (1999), Daniel Spoerri (2001) et Niki de Saint Phalle (2003), le Musée Tinguely présente désormais un autre membre des Nouveaux Réalistes.

En sept parties l’exposition montre les principaux groupes d’œuvres de l’artiste, à commencer par ceux peut-être moins connus que sont les Cachets et les Allures d’Objets, réalisés sur papier et sur toile dans la deuxième moitié des années 1950. Au cœur de l’exposition figurent les formulations artistiques provocantes avec lesquelles Arman réagit à la société de consommation : ce sont ses célèbres Poubelles et Accumulations, img_3271.1299247359.JPGdans lesquelles il érige en œuvres d’art des détritus et autres objets quotidiens usagés, placés sous verre ou plexiglas. On retrouvera également des travaux issus de la série des Coupes et des Colères, img_3209.1299197904.JPGainsi que des Combustions et des Inclusions dans lesquelles, à partir du début des années 1960, l’artiste aborde sous des angles divers les notions de destruction, de déconstruction et de transformation des objets quotidiens. L’exposition propose enfin une sélection des monumentales Accumulations Renault, commandées par Renault et réalisées à la fin des années 1960 à partir de pièces automobiles sorties d’usine, ainsi que quelques peintures d’Arman lui-même et des inclusions de tubes de peinture. Celles-ci exprimeront de la fin des années 1960 jusqu’à son œuvre tardive à la fin des années 1990, ses questionnements sur la peinture abstraite et informelle.

 

Ses réalisations des années 1960 et 1970 sont d’une actualité frappante, dans la mesure où les Accumulations, les Colères (qui procèdent à la destruction d’un objet), mais surtout les Poubelles peuvent être comprises comme les traces archéologiques de notre société de consommation – avant même que la dégradation de la planète ne devienne l’un des thèmes majeurs de notre époque.img_3266.1299274765.JPG

En 1960, dans la lignée de la retentissante exposition de son ami Yves Klein, « Le Vide » à la galerie Iris Clert, Arman y organise « Le Plein », il remplit la galerie jusqu’au plafond de détritus et d’objets de rebut. Il  découvre au début des années 70 le plastique « massacast » à polymérisation extrêmement rapide, permettant de traiter des volumes beaucoup plus importants. Il y reprend la série des Poubelles en incluant cette fois-ci tous les déchets, y compris organiques. En 1972, sur une idée d’Arman, Jean Pierre Mirouze réalise « Sanitation », un film sur le ramassage et le stockage des ordures produites chaque jour par la ville de New York.

L’accumulation marque également l’aboutissement artistique d’un contexte familial où l’on cultibe la passion de la collection.arman-la-vie-a-pleines-dents.1299274434.jpg

 

L’exposition réalisée par le Centre Pompidou, Paris en collaboration avec le Musée Tinguely (Président du Centre Pompidou: Alain Seban/ Directeur MNAM/CCI: Alfred Pacquement/ commissaire de l’exposition: Jean-Michel Bouhours)

Musée Tinguely | Paul Sacher-Anlage 2 | Case postale 3255 CH-4002 Bâle | Téléphone + 41 61 681 93 20 | Téléfax + 41 61 681 93 21
Horaires: Du mardi au dimanche 11 – 18 h | Fermé le lundi

 

Un conférence en français sera donnée par Jean-Michel Bouhours le mercredi 12 avril 2011

photos de l’auteur