Zurbarán, maître de l’âge d’or espagnol

Zurbarán. Maître de l’âge d’or espagnol
« maître peintre de la ville de Séville »
 BOZAR rend hommage au travail du peintre baroque à travers une sélection exceptionnelle de 50 toiles.
Une rétrospective unique de l’œuvre de Francisco de Zurbarán, une première en Belgique !
jusqu’au 25.05.2014 au Bozar de Bruxelles .

Zurbaran, Nature morte avec poteries
Zurbaran, Nature morte avec poteries

 
Francisco de Zurbarán (1598/1664) est l’un des principaux peintres baroques de l’âge d’or espagnol, à l’instar de Velázquez et de Murillo. Exactement 350 ans après sa mort un aperçu de sa production artistique est exposé en Belgique.
BOZAR et la Fondazione Ferrara Arte, en collaboration avec le Museo Nacional del Prado (Madrid) et le Museo de Bellas Artes (Séville), ont réuni une cinquantaine de toiles exceptionnelles issues des plus prestigieuses collections. L’exposition rassemble des œuvres remarquables, comme par exemple la Nature morte avec poteries, du Prado, ou Agnus Dei du San Diego Museum.
Quatre œuvres récemment découvertes sont même dévoilées pour la première fois au public, dont : L’Apparition de la Vierge à saint Pierre Nolasque et le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie.
Six peintures, dont Saint Nicolas de Bari, L’Archange Gabriel et Saint François ont été spécialement restaurées pour l’occasion.
Zurbaran, St François
L’exposition suit un parcours thématique et chronologique et passe en revue les principales phases de la carrière artistique du peintre. Le public découvre ainsi ses œuvres de jeunesse, caractérisées par l’influence du Caravage et un éclairage dramatique, et se termine par ses dernières toiles, plus poétiques et personnelles. L’œuvre de Zurbarán aborde principalement des sujets religieux, à l’instar de ses tableaux représentant la vie de saints, de martyrs et de moines, qu’il a surtout réalisés sur commande d’églises et de monastères. Tout comme ses bienfaiteurs, il a été très influencé par la pensée catholique et la contre-réforme.
Zurbaran Agnus Dei
Un autre facteur a joué un rôle fondamental dans le développement de l’art en Espagne comme dans les autres pays de l’Europe catholique : il s’agit des idées diffusées par le concile de Trente à travers le Décret sur l’invocation, la vénération et les reliques des saints, et sur les saintes images de 1563, et qui vont jouer un rôle fondateur dans l’élaboration des principes artistiques du baroque espagnol, tout particulièrement dans la peinture de Zurbarán.
Zurbaran
Le Concile avait mené une réflexion sur l’utilité de l’art, qui devait servir de trait d’union et de véhicule de communication entre l’homme et Dieu à travers les saintes images. Le décret prônait l’utilisation des images du Christ, de la Vierge et des saints, non pour leur valeur intrinsèque, mais au nom de ce qu’elles représentaient. . À l’époque, la peinture était considérée comme la lecture des croyants illettrés et elle devait donc être claire, simple et inspirante. Zurbarán obéissait à la doctrine et aux souhaits de ses commanditaires religieux, mais, d’un point de vue stylistique, il a outrepassé ce cadre stricte pour développer un langage visuel unique. Il mêle naturalisme pur et sensibilité poétique moderne. Ses tableaux apaisés surprennent aujourd’hui par leur modernité et leur intemporalité.
Zurbaran Nazareth
L’œuvre de Zurbarán est d’ailleurs une source d’inspiration pour bon nombre d’artistes et d’auteurs contemporains. L’écrivain Cees Nooteboom a ainsi écrit de superbes essais sur son œuvre, qui ont permis de rendre l’artiste espagnol plus populaire auprès du grand public nord-européen. En tant que maison pluridisciplinaire, BOZAR fait le lien avec d’autres formes d’art: la musique (le cycle de concerts L’Intime et le Sacré et le CD La Oreja de Zurbarán), le cinéma (Albert Serra) et l’art contemporain (Cristina Iglesias et Craigie Horsfield). Francisco de Zurbarán est l’un des peintres les plus remarquables du panthéon baroque espagnol, et assurément l’une de ses personnalités les plus authentiques. Même s’il n’a pas bénéficié de la fortune artistique qui a entouré la figure de Vélasquez ou de Murillo, cet enfant d’Estrémadure a exprimé sous une forme aussi personnelle que directe l’esprit de la société espagnole de la première moitié du XVIIe siècle, sa culture de la symbolique visuelle, sa profonde religiosité et le rôle de la peinture comme moyen de transcender le réel pour devenir un instrument de connaissance et d’émotivité. La peinture de Zurbarán est d’une lecture aisée, directe, franche et entend communiquer le sujet représenté de la manière la plus immédiate possible. Elle ne recèle pas de doubles lectures et ne cherche pas à nourrir de réflexions théoriques. De quelque nature qu’ils soient —objet quotidien, étoffe ou personnage , tous les éléments qui la composent participent d’une attention profonde. Zurbarán ne cherche pas à susciter une lecture allégorique mais présente une signification évidente à l’appui de la thématique qu’il illustre. Chez lui, il n’y a pas d’énigme. Bien au contraire, le peintre se manifeste dans sa plus grande simplicité: libéré de tout modèle de composition sophistiqué, partant souvent d’estampes réalisées par des artistes du XVIe siècle comme Dürer, reprenant des modèles traditionnels bien connus du peuple, modèles qu’il adapte à son propre langage grâce aux clefs fournies par la culture vernaculaire, la religiosité et les représentations théâtrales, loin de tout propos dialectique complexe. Il préfère les sources médiévales. Son art est aussi essentiel que celui des icônes orientales ou de la peinture du Moyen Âge. Cet aspect peut expliquer l’utilisation très particulière de la perspective chez Zurbarán, qui réduit la représentation de l’espace à un concept abstrait, à une catégorie intellectuelle plutôt qu’à une manifestation visuelle produite par une scénographie théâtrale. Zurbarán ne représente pas un espace, mais l’idée d’un espace concret lorsque la nécessité s’en fait sentir. Il n’entend pas montrer le réel, mais la voie du vraisemblable.
Zurbaran, Ste Casilde 1640
Zurbarán naît en 1598 à Fuente de Cantos, petite localité d’Estrémadure située à mi -chemin entre Madrid et Lisbonne. Son père, d’ascendance basque et de famille hidalgo, s’y était établi en 1548. Sa posi tion de marchand lui permettait d’être un propriétaire respectable. Le jeune peintre part donc à Séville en 1614. Il y est documenté pour un apprentissage de trois ans à partir du 15 janvier 1614 dans l’atelier de Pedro de Villanueva, peintre dont l’œuvre nous est inconnue et dont presque aucune trace ne s’est conservée. Il se marie à l’âge de 19 ans avec Maria Páez Jiménez, de neuf ans son aînée, et baptise sa fille aînée Maria en 1618. Après cette première fille naissent Juan (1620), qui deviendra un peintre de natures mortes connu. La femme de Zurbarán décède quelques mois après la naissance de ce dernier enfant. Entre -temps, les commandes régionales commencent à affluer et en 1622, le peintre signe un contrat pour un retable destiné à l’autel de la Vierge dans l’église Notre-Dame-de-la-Grenade de son village natal.
À partir de 1628, Francisco de Zurbarán intervient dans de nombreuses dépendances du couvent de la Merci Chaussée (Merced Calzada), qui abrite aujourd’hui le Musée des Beaux- Arts de Séville et qui n’a rien perdu de sa splendeur. Zurbarán reçoit commande de vingt Deux tableaux destinés au second cloître — à réaliser en l’espace d’un an, pour un salaire nettement plus élevé que pour la commande du couvent Saint-Paul, autour de la vie de saint Pierre Nolasque, fondateur de l’ordre des mercédaires, qui doit être canonisé le 30 septembre1628. Le prestige acquis par le peintre fit qu’en juillet 1629, le Conseil municipal de Séville l’invita à s’installer dans la ville à titre définitif avec sa famille.
Zurbaran, la Fuite en Egypte
Une commande décisive dans la carrière de Zurbarán est celle du collège sévillan Saint -Thomas. Zurbarán peinttoute une série d’œuvres indépendantes s’inscrivant dans des cycles et des grands Programmes iconographiques, et dans lesquelles il élabore ses solutions stylistiques personnelles. Les figures s’y dessinent solidement au sein de compositions claires, se détachant sur Des fonds obscurs qui enveloppent les personnages, instaurant un espace vide qui leur confère un volume bien défini. La lumière qui baigne les personnages et les objets dirige l’attentionvers les qualités particulières de la matière, à laquelle Zurbarán dédie la plus grande minutie technique. La plupart de ces œuvres sont des peintures dévotionnelles conçues avec un sens poétique très développé, chargées d’une signification profonde, marquées par un goût particulier pour les choses simples, Parmi les œuvres de cette période, on remarque tout particulièrement celles qui montrent la prédilection du peintre pour les figures infantiles dont l’innocence laisse filtrer une spiritualité intense.
Zurbaranl, la Vierge Enfant Endormie
L ‘enfance sacrée de de la Vierge. le peintre reviendra souvent au cours des années suivantes : l’agneau ou Agnus Dei. est représenté, isolé devant un fond plongé dans une obscurité totale, un agneau ou un veau aux pattes entravées, parfois nimbéou accompagné des paroles du prophète Isaïe, ce qui en fait une préfiguration du Christ et de la Passion.
Zurbaran, la Sainte Face
Un autre thème très personnel La plus ancienne peinture de la Sainte Face est signée en 1631, l’interprétation du peintre reste la plus frappante : l’effet de trompe-l’œil induit par l’étoffe accrochée à deux clous contraste avec l’empreinte presque diaphane du visage du Christ souffrant, légèrement tourné, conférant à la représentation l’apparence achevée d’un reliquaire ou d’un parement d’autel.
 
Zurbaran, Christ en croixLe Christ en croix peint en 1627 pour le couvent Saint-Paul avait valu à Zurbarán une immense notoriété. Représenté avec quatre clous et presque sans trace de son martyre, Les bodegones, terme espagnol désignant les natures mortes, constituent indéniablement l’un des apports les plus originaux du peintre, même s’ils ne peuvent être abordés comme un genre indépendant, attendu que les éléments qui y sont présentés de manière individualisée se retrouvent ensuite dans de grandes compositions. L’extraordinaire faculté du peintre à reproduire les différentes matières et textures superficielles des objets leur confère une dignité singulière qui contraste avec leur simplicité. En juin 1634, Zurbarán est appelé à la cour pour collaborer à la décoration du Palais du Buen Retiro, inauguré l’année précédente comme outil de propagande du monarque Philippe IV, dont le pouvoir amorçait alors son déclin.
Zurbaran
Les dix travaux d’Hercule peints par Zurbarán furent accrochés dans la partie haute, au- dessus des fenêtres. Zurbarán conçut son héros mythologique dans une perspective naturaliste : comme un être humain vigoureux placé devant des entreprises extraordinaires, bien loin de l’image idéalisée diffusée par la culture classique. Le séjour de Zurbarán à la cour laissera une profonde empreinte sur son style. Les collections royales lui ont permis de contempler la peinture de la Renaissance, mais aussi et surtout celle du baroque, qui l’influenceront, comme l’attestent en particulier l’adoucissement des contrastes lumineux et la complexité accrue des compositions. Le travail de Zurbarán pour la chartreuse de Jerez est peut-être la manifestation suprême de la maturité du peintre.
Zurbaran, l'Immaculée Conception Enfant, 1656Que ce soit dans les œuvres religieuses, St François en particulier, l’immaculée conception, avec ses putti, les bodegones, les séries, l’œuvre de Francisco Zurbaran est remarquable, et l’exposition de Bruxelles, démontre toute la grâce et la dextérité de ce maître sévillan, Caravage espagnol.
COMMISSAIRE IGNACIO CANO RIVERO
Ignacio Cano Rivero, ancien Directeur du Museo de Bellas Artes à Séville (2003/2007) et aujourd’hui Commissaire en Chef de ce même musée, est un expert de la peinture sévillane et de l’Âge d’Or Espagnol.
CONSEILLER GABRIELE FINALDI
Gabriele Finaldi, Directeur Associé de la Conservation et de la Recherche au Museo Nacional del Prado à Madrid, est vu comme l’un des experts majeurs du monde de la peinture espagnole et italienne.
photos courtoisie Musée Bozar

Odilon Redon à la Fondation Beyeler

« L’art est une fleur qui s’épanouit librement, hors de toute règle… »
Odilon Redon Ophelie
Odilon Redon (né en 1840 à Bordeaux, mort à Paris en 1916) compte, avec son cosmos chromatique, parmi les artistes les plus surprenants des débuts de l’art moderne. Marquant la jonction entre le XIXe et le XXe siècles, l’oeuvre de ce représentant majeur du symbolisme français est déterminée par l’interaction entre tradition et innovation.
Très prisé de ses contemporains tels que Paul Cézanne ou Paul Gauguin, Redon compte parmi les principaux pères fondateurs de l’art moderne.
« Redon a fait beaucoup pour les jeunes artistes. Il leur a montré la voie »,
remarquait le sculpteur Aristide Maillol au début du XXe siècle. De fait, de nombreux membres de la jeune génération d’artistes ont rapidement vu en lui un modèle. Pierre Bonnard admirait ainsi sa maîtrise de l’interaction entre matière et mystère, tandis qu’Henri Matisse était ensorcelé par son expressivité chromatique absolument unique, qui trouvera plus tard des échos dans ses propres tableaux.
Odilon Redon l'Araignée sourianteL’oeuvre de ce poète de la couleur se caractérise par des ruptures et des contrastes et suit une évolution conduisant du noir profond des premiers travaux au fusain et des lithographies précoces à l’« explosion chromatique » des pastels et des huiles ultérieurs. Complexes et énigmatiques, ses oeuvres passent de l’inquiétant à la sérénité : des monstres bizarres surgissent au côté de créatures célestes – rêve et cauchemar, nature et imagination se côtoient.
Odilon Redon le Printemps
La création de Redon annonce différents courants qui occuperont une place majeure dans l’art du XXe siècle : on peut évoquer ainsi le fauvisme, le cubisme et le surréalisme aussi bien que l’abstraction. D’où un lien évident avec la Collection Beyeler, dans laquelle Redon, sans y être représenté, constitue une référence pour de nombreux artistes qui y figurent. C’est le cas notamment de Pierre Bonnard, Henri Matisse, Pablo Picasso, Vassily Kandinsky, Piet Mondrian, Max Ernst ou même Barnett Newman et Mark Rothko.
Cette exposition propose ainsi un « autre » regard sur l’évolution de l’art des débuts du XXe siècle, complétant en quelque sorte la perspective d’Ernst et Hildy Beyeler sur leur grandiose collection. Même si le couple Beyeler n’a pas personnellement acquis d’oeuvres de Redon, un grand nombre de toiles et de travaux sur papier de l’artiste ont été vendus ou négociés par la Galerie Beyeler au fil des décennies.
On peut découvrir dans cette présentation tous les thèmes directeurs de la création de Redon, ainsi que les idées et les innovations essentielles de son oeuvre si variée tant par le contenu que par la technique. Les sources d’inspiration les plus diverses s’y côtoient — de l’histoire de l’art, de la littérature et de la musique aux sciences naturelles, en passant par la philosophie et la religion occidentales et orientales.
Odilon Redon le BouddhaL’exposition est organisée par groupes d’oeuvres au sein d’une chronologie libre. Ces ensembles illustrent les principales sphères d’intérêt de l’artiste ainsi que ses rapports à la modernité.
Les oeuvres exposées proviennent de collections particulières et de musées suisses et internationaux de renom, tels que le Museum of Modern Art et le Metropolitan Museum of Art de New York ou le Rijksmuseum d’Amsterdam. Le Musée d’Orsay a accordé à cette exposition un soutien exceptionnel avec le prêt de neuf chefs-d’oeuvre. Conçue sous forme d’une présentation tout à la fois vaste et concentrée de la quintessence de la création artistique de Redon, cette exposition se concentre sur sa dimension d’avant-garde et, partant, sur son importance de précurseur de l’art moderne.
Un des principes du symbolisme se reflète dans le culte artistique du mystérieux et de l’ambivalent cher à Redon. Dans son Manifeste littéraire de 1886 consacré au symbolisme, le poète français Jean Moréas écrivait :
« Le caractère essentiel de l’art symbolique consiste à ne jamais aller jusqu’à la conception de l’Idée en soi ».
Le symbolisme s’opposait également à l’imitation de la nature du réalisme et de l’impressionnisme et ne considérait le monde et ses aspects extérieurs que comme les symboles d’une réalité plus profonde, l’art servant d’intermédiaire entre ces différents niveaux. Dans le contexte des « Noirs » de jeunesse, les mystérieuses et inquiétantes représentations de têtes, de visages et d’yeux font partie des thèmes clés de l’oeuvre de Redon. Le fusain précoce Tête de martyr sur une coupe de 1877 (Kröller-Müller Museum, Otterlo) évoque l’état de transition entre mort, rêve et contemplation immobile — des thèmes majeurs de l’oeuvre de Redon en général —, tout en incarnant la souffrance sublimée que l’artiste a aussi célébrée dans l’image qu’il se faisait de lui-même. Dans l’étrange fusain de 1880 intitulé : Le Cube (collection particulière), un oeil isolé plane dans l’air telle une planète stylisée sous forme de dé. L’intégration de l’oeil dans un cube peut être interprétée comme un commentaire sur la technicisation du regard par l’appareil photographique et marque en même temps une crise de la représentation du corps dans l’art du XIXe siècle.Odilon Redon les yeux clos
Le groupe des Noirs comprend également des phénomènes cosmiques comme les ténèbres solaires apocalyptiques du Noyé de 1884 (Rijksmuseum, Amsterdam), ainsi que de curieux hybrides entre plante, humain et animal qui laissent déjà apparaître une affinité avec le surréalisme. Les monstrueuses chimères de L’Araignée souriante (Kunsthaus Zürich) ou de Fleur de marécage (Dian Woodner Collection, New York ), de 1881 l’une comme l’autre, témoignent en outre de l’intérêt précoce de Redon pour la théorie darwinienne de l’évolution.
Le recueil de 11 planches lithographiques de Redon intitulé Dans le Rêve de 1879 (Gemeentemuseum La Haye) se situe au début de son impressionnante création gravée et contient de nombreux motifs et figures caractéristiques de son oeuvre.
Dans ce premier album lithographique, Redon définit le rêve comme lieu de l’imagination artistique et en fait le programme même de sa création.
L’épanouissement proprement unique de la couleur chez Redon débute avec le motif des yeux clos et des scènes de nuit mystiques des années 1890 et symbolisent le passage dans son évolution artistique du noir ténébreux à la luminosité de la couleur. On peut également ranger parmi ces scènes de nuit le pastel très rarement montré : La Mort de Bouddha réalisé vers 1899 (Millicent Rogers Collection). Redon y témoigne de sa faculté toute particulière de prêter aux couleurs une intensité, un rayonnement et une pureté uniques. Cette conception de la couleur se manifestera plus tard dans les oeuvres d’Henri Matisse, qui admirait beaucoup l’art de Redon et fit l’acquisition de La Mort de Bouddha dès 1900. Le passage à la couleur dans l’oeuvre de Redon trouve son apogée dans des thèmes mythologiques tels que celui du char d’Apollon.
Odilon Redon Char d'Apollon
Dans son interprétation artistique du sujet, il rend hommage à son grand modèle Eugène Delacroix (1798–1863), qui avait traité le même sujet un demi-siècle auparavant dans une peinture destinée au plafond d’une galerie du Louvre. Le char du dieu du soleil Apollon représente pour Redon « le triomphe de la lumière sur les ténèbres. C’est la joie du grand jour opposée aux tristesses de la nuit et des ombres et comme la joie d’un sentiment meilleur après l’angoisse. »
Ce Char d’Apollon (vers 1910), un prêt exceptionnel du Musée d’Orsay de Paris, présente sous un jour particulièrement magistral cette apothéose de la lumière dans lequel le motif se dissout peu à peu en couleur pure.
Les tableaux spirituels présentant des thèmes bouddhistes et chrétiens sont un élément central de son oeuvre au même titre que les représentations méditatives de barques.
Le pastel d’une extrême subtilité intitulé Christ en croix (vers 1895, Stiftung Sammlung E. G. Bührle, Zürich), aux douces transitions chromatiques de rose, de bleu pâle et de gris, révèle en outre l’influence flagrante de Redon sur la période rose de Picasso.
Le botaniste Armand Clavaud, défenseur de la doctrine darwinienne de l’évolution, a influencé précocement les idées de Redon sur la nature et a affûté son regard
« microscopique ». Ce regard bien particulier trouve une manifestation particulièrement spectaculaire dans les visions aquatiques et aériennes de Redon, où observation précise de la nature et imagination libre se côtoient sans transition. En même temps, on prend ici clairement conscience de la rupture de Redon avec l’impressionnisme, trop « superficiel » à son goût.
L’idée, défendue par Clavaud, que la vie terrestre trouve son origine dans la vie aquatique, s’exprime de façon aussi prégnante que poétique dans les Papillons de 1910 (The Museum of Modern Art, New York). Comme surgi de la mer ou jailli d’une fleur, un essaim de papillons multicolores plane au-dessus d’une côte rocheuse, semblant vouloir animer la terre encore aride. Par leurs couleurs somptueuses et leur diversité formelle, ces papillons incarnent chez Redon l’art inhérent à la nature tout en symbolisant par leur faculté de métamorphose, la mutabilité et l’évolution fondamentales des formes naturelles. C’est ainsi que dans Papillons, Redon élabore à l’aide des éléments de l’air, de l’eau et de la terre sa propre vision d’une histoire de la création et de la genèse, de la flore et de la faune.
Odilon Redon PapillonsOn peut rattacher aux compositions florales ensorcelantes de Redon les représentations de femmes idéales de la littérature, comme Ophélie ou Béatrice, qui sont comme enchâssées dans les fleurs et entretiennent une mystérieuse interaction avec le monde végétal.
C’est ainsi que dans le tendre Hommage à Léonard de Vinci (vers 1914 ; Stedelijk Museum, Amsterdam), qui se réfère au célèbre tableau de Vinci intitulé La Vierge, l’Enfant et Sainte Anne, le personnage de Marie s’incline avec amour au-dessus d’une flore colorée, célébrant ainsi la force spirituelle de la nature. Mais l’idée d’une symbiose entre humain et fleur s’exprime également à travers les portraits féminins individuels de Redon, dans lesquels le modèle est entouré d’un entrelacement d’arrière-plans et d’éléments floraux qui accentue encore la fragilité de leur aspect.
Dans ses célèbres bouquets, Redon, en poète et en visionnaire de la couleur, finit par faire de la somptuosité débordante de la floraison une véritable explosion chromatique et un authentique hommage à la peinture pure et à l’art. Redon écrit ainsi dans « À soi-même » : « L’art est une fleur qui s’épanouit librement, hors de toute règle… »

Odilon Redon vase
Cette liberté et cette innovation de la création se manifestent dans les Fleurs (vers 1903 ; Kunstmuseum, Saint-Gall) de façon particulièrement marquée, ces extraordinaires fleurs irréelles annonçant déjà les « Muschelblumen », les « fleurs coquillages » des Fleurs de neige (1929) de Max Ernst appartenant à la Collection Beyeler. Le puissant pastel Vase au guerrier japonais (vers 1905 ; Courtesy Galleri K, Oslo) révèle en outre le vif intérêt de Redon pour l’art japonais, qui prêta alors de nouvelles impulsions à la peinture européenne.
Les panneaux muraux décoratifs de grand format destinés au château de son mécène, le baron de Domecy en Bourgogne et qui furent réalisés en 1900/1901 (Musée d’Orsay, Paris), représentent peut-être les compositions les plus radicales de Redon. Ces extraits de paysages se caractérisent par l’absence de représentation d’un lieu ou d’un espace définis. On distingue plusieurs troncs d’arbres portant des feuilles et des boutons de fleurs qui s’enfoncent dans l’espace dépourvu d’horizon et forment une structure recouvrant toute la surface. Dans ces décorations peintes, Redon dépasse l’ornemental pour accéder à l’abstraction, qui trouve ici, à l’aube du XXe siècle, une des ses formes d’expression picturale les plus précoces.
Le commissaire de cette exposition est Raphaël Bouvier, conservateur à la Fondation Beyeler, qui l’a conçue.
À l’occasion de cette exposition, un catalogue richement illustré en allemand et en anglais avec tiré à part en français est publié par Hatje Cantz Verlag, Ostfildern. Il contient notamment des contributions de Raphaël Bouvier, Jodi Hauptman et Margret Stuffmann. 176 pages, 127 illustrations en couleur, prix: 62.50 CHF (ISBN 978-3-906053-12-7, édition anglaise: 978-3-906053-13-4). Images

jusqu’au 18 mai 2014

vernissage de l’exposition voir la vidéo

2013 : Une bonne année pour la Fondation Beyeler, qui accueille 334 508 visiteurs et reste donc le musée d’art suisse qui enregistre le plus grand nombre d’entrées. Au cours de sa 16e année d’existence, le musée a eu le plaisir d’accueillir en mars 2013 son cinq millionième visiteur. Les visiteurs étrangers les plus nombreux viennent toujours de France et d’Allemagne (21% et 23% respectivement), le reste de l’Europe représentant cette année une proportion de 17%.

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00,
le mercredi jusqu’à 20 h.
Prix d’entrée de l’exposition : Adultes CHF 25.-
Groupes de 20 personnes et plus (avec réservation) et IV avec pièce justificative CHF 20.- Étudiants de moins de 30 ans CHF 12.-
Passe famille (2 adultes avec au moins 1 enfant de moins de 19 ans) CHF 50.- Jeunes de 11 à 19 ans CHF 6.- Enfants de moins de 10 ans,
membres de l’Art Club entrée libre
Passmusées accepté
Visite guidée publique en français
Dimanche 23 février 2014, 15h00-16h00
Dimanche 30 mars 2014, 15h00-16h00
Dimanche 13 avril 2014, 15h00-16h00
Dimanche 4 mai 2014, 15h00-16h00
Vendredi 25 avril 2014, 18h00-20h00
Visite guidée dans l’exposition « Odilon Redon » Prix: Tarif d’entrée + CHF 7.-
Journée Familles « Odilon Redon »
Dimanche 23 mars 2014, 10h00-18h00
Courtes visites guidées de l’exposition « Odilon Redon » pour enfants, jeunes, adultes et familles en différentes langues.
Un jeu dans le musée et différents ateliers invitent le public à des expériences. Prix : gratuit pour les enfants et pour les jeunes de moins de 25 ans ;
adultes : prix d’entrée habituel du musée.
Conférence de Guy Cogeval sur Odilon Redon
Mercredi 16 avril 2014, 18h30 Guy Cogeval, président du Musée d’Orsay et du Musée de l’Orangerie, replacera la création tout à fait singulière d’Odilon Redon dans le contexte des courants artistiques contradictoires de son temps et établira un pont entre ses tableaux, ses écrits théoriques et ses travaux littéraires.
Cette conférence aura lieu en français. En collaboration avec l’Alliance Française de Bâle et la Société d’Études Françaises de Bâle Manifestation comprise dans le prix d’entrée du musée.
Ensemble Modern – Hommage à Schumann
Dimanche 4 mai 2014, 11h00-12h00
Des solistes de l’Ensemble Modern interprètent des pièces de musique de chambre de Robert Schumann, Igor Stravinsky, Heinz Holliger et György Kurtág.
L’Ensemble Modern fait partie des formations de musique moderne et contemporaine les plus renommées sur le plan international. Hommage à Schumann, référence à l’oeuvre de Kurtág, est également le titre d’un pastel d’Odilon Redon, grand mélomane.
Ce programme musical associe romantisme et avant-garde.
Prix : CHF 50.- / ART CLUB, FREUNDE: CHF 25.-
Entrée du musée incluse dans le prix
 
photos et texte courtoisie de la Fondation Beyeler

M.MATA, Abstraction géométrique

Equilibre des formes et des couleurs qui incite à la réflexion.
M.MATA
voir la vidéo du vernissage par le furet mulhousien
M.Mata est un peintre autodidacte qui a commencé à peindre dès l’âge de quinze ans. Mais la peinture ne pouvait être pour lui qu’une passion, c’est pourquoi il n’a jamais souhaité en faire son métier. Directeur artistique d’une grande maison d’édition, marchand d’art, il continuait à manier le pinceau pour son plaisir personnel et n’est devenu qu’à sa retraite artiste à temps plein. Son métier de galeriste et de marchand lui a permis d’avoir un regard très critique envers l’Art et envers lui-même (il détruit d’ailleurs beaucoup de ses tableaux).
M.Matta
Pour lui une oeuvre d’art est celle dont on ne se lasse pas, celle dont on découvre de nouveaux mystères à chaque regard. Pour qu’un tableau soit intéressant il faut aussi pouvoir « reconnaitre la patte de l’artiste » et c’est selon lui plus facile dans l’abstraction que dans le figuratif, ce qui l’orientera d’ailleurs dans son choix de l’abstraction. Au fil des ans sa peinture est devenue plus minimaliste et proche de la géométrie. Ce qui l’intéresse, c’est le pouvoir de la couleur et ce sont les émotions que peut provoquer un tableau :
une sensibilité picturale organisée autour de formes géométriques.
M.MATA
Le bleu et le noir, couleurs dominantes dans ses oeuvres La prédominance du bleu et du noir, associés parfois à quelques touches de rouge ou, plus rarement encore, à quelques pointes de jaune ou de blanc, fait référence à deux artistes que Mata apprécie particulièrement : Yves Klein et Pierre Soulages.
Le bleu Klein a été breveté par le peintre Yves Klein en 1960 sous le nom de
« International Klein Blue » (IKB).
Mata a mis plus de deux ans pour s’approcher au plus près de l’IKB et obtenir à partir de peinture acrylique son propre bleu outremer. Intense et profond, ce bleu est une invitation à la sensibilité et à l’imaginaire. Il varie très peu d’une toile à l’autre.
Le noir en revanche connaît de nombreuses déclinaisons non seulement dans ses nuances mais aussi dans ses effets : lisse ou strié, mat ou lumineux, léger ou empâté etc. etc. Inventeur du noir-lumière et de « l’outre-noir », Pierre Soulages disait : « C’était en 1979. J’étais en train de peindre. Ou plutôt de rater une toile. Un grand barbouillis noir. J’étais malheureux, et comme je trouvais que c’était pur masochisme que de continuer si longuement, je suis allé dormir. Au réveil, je suis allé revoir la toile. J’ai vu que ce n’était plus le noir qui faisait vivre la toile mais le reflet de la lumière sur les surfaces noires. Sur les zones striées la lumière vibrait, et sur les zones plates tout était calme ».
M.MATA

Mata ne souhaite pas en dire davantage sur lui-même ou sur sa pratique artistique :
« L’artiste n’est pas important, seules comptent ses oeuvres et la rencontre du public avec elles. Si je vous dis que j’ai exposé à tel ou tel endroit, est-ce que vous regarderez mes oeuvres autrement ? » ; ou encore : « Il y a toujours trop de discours autour des artistes, l’oeuvre doit se suffire à elle-même ».
Alors, chers visiteurs, à vous de vous laisser porter par vos découvertes sensorielles, un rêve en  bleu et noir !
M.Mata
Les événements autour de l’EXPOSITION Musée des Beaux-Arts
Vendredi 7 février 20 H – CONCERT
« Musique classique versus Art abstrait »
Plongé dans les « Compositions » de Maurice MATA exposées au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse, l’ensemble Antichi Strumenti propose des compositions pour violon, cornet, ou pour violoncelle et théorbe ou encore pour les quatre instruments réunis.
Peut-on mettre en communication des œuvres abstraites avec des musiques du XVIIe siècle? Une question relevée par l’ensemble qui proposera une soirée pour illustrer une expérience sensorielle à la croisée d’esthétiques différentes.
Concert proposé par l’association Antichi Strumenti dans le cadre des Vendredis au musée.
Entrée gratuite mais réservation obligatoire au 03 89 33 78 11

Dimanche 16 février 15 H – RENCONTRE
« Paroles d’artiste »
Dans le cadre de l’exposition « Abstraction géométrique », le Musée des Beaux-Arts invite le public à venir à la rencontre de M.MATA pour une visite commentée et surtout pour des échanges autour de la peinture.
Jusqu’au 16 mars 2014 au musée des Beaux Arts de Mulhouse
photos de l’auteur, courtoisie de l’artiste M.MATA
 

Sommaire de janvier 2014

Raphael Zarka vidéo
Raphael Zarka
vidéo

01 janvier 2014 : Voeux 2014
02 janvier 2014 : Braque les derniers jours de la rétrospective
04 janvier 2014 : A Triple Tour à la Conciergerie
06 janvier 2014 : Pierre Huyghe, la rétrospective
07 janvier 2014 : Le surréalisme contemporain
09 janvier 2014 : Musée Würth France Erstein
10 janvier 2014 : Philippe Parreno, Anywhere, anywhere out of the world
13 janvier 2014 : Frida Kahlo – Diego Rivera, l’art en fusion
15 janvier 2014 : Nuit des musées bâlois
17 janvier 2014 : Bernard Plossu,  On dirait le Sud
20 janvier 2014 : Félix Vallotton, Le Feu sous la Glace
26 janvier 2014 : Naji Kamouche : Le JE est une arme
Didier Marcel
Didier Marcel

Naji Kamouche : Le JE est une arme

A l’Espace d’Art Contemporain André Malraux
jusqu’au 23 mars 2014

Nadji Kamouche, toucher sans frapper
Nadji Kamouche, toucher sans frapper

 « Contente – toi de savoir que tout est mystère » d’Omar Khayyam cité par Marianna Chelkova, adjointe à la culture de la ville de Colmar.
Naji Kamouche vit et travaille à Mulhouse. De sculptures en installations, son oeuvre s’attache à traduire une expérience du quotidien, quand les pensées intérieures se frottent au monde tel qu’il est. Très impliquée dans l’interrogation et la définition des territoires, elle traduit des états d’être, des états intimistes, qui interrogent la conscience de soi et la mémoire, mémoire individuelle autant que mémoire collective d’individus qui à la fois partagent et protègent leurs cultures. Les objets que rassemble Naji Kamouche pour ses oeuvres sont dotés d’une charge puissante, souvent symbolique, qui les rend porteuses d’une émotion forte, à même de prendre à parti ceux qui les regardent.
Nadji Kamouche
« Mes pièces naissent de l’expérience au quotidien. Elles ne sont pas le support d’un vécu comme objets de substitution, mais une possible traduction intimiste d’état d’être. Elles sont l’aboutissement d’une trame mentale, chargée de sens émotionnel, pareille à une décharge électrique. Les objets choisis ou constuits, utilisés dans mon travail, ne sont pas laissés (ou liés) au hasard, mais empruntés et resitués pour la charge ou la force qu’ils véhiculent. Dans cette utilisation ou manipulation, il y a toute une préoccupation liée au statut de l’objet, le statut de l’oeuvre et celui de l’artiste. Dans notre société de consommation, l’objet a su s’imposer et prendre une place essentielle. Il sert d’intermédiaire entre les individus ; il est à la fois une retraduction du langage et l’élément qui réintérroge l’individu face à lui-même et face aux autres. C’est dans cet espace de réflexion que mon travail plastique prend source. Il est pour moi le moyen de jeter un pont entre l’art et le vivant plutôt que d’en accentuer la rupture. Les rapports entre le corps et l’esprit sont le prolongement de mes préoccupations. Ce corps qui se veut de plus en plus libéré reste en fait prisonnier d’une société qui cherche à masquer, occulter, les réalités telles que la souffrance, la maladie, la mort. » Naji KAMOUCHE

Nadji Kamouche, mes pas à faire
Nadji Kamouche, mes pas à faire

 
Le JE ludique et évocateur, est un travail sur l’homme, à travers le détournement d’objets, de matériaux du quotidien, dans sa capacité a créé le pire, comme le meilleur, dans ses antagonismes, sa violence, c’est un travail sur l’humain.Dans un cartel on peut lire
« l’homme qui dort, l’homme qui prie, l’homme qui tue », mais aussi il décline tout ce qui fait l’homme, sur un grand mur blanc, l’amour, le doute, les pleurs, la dénonciation, les coups.
Dans la cour, une sculpture « mes pas à faire » montre vers quoi tend l’artiste. Nadji est toujours habité par ses démons, ses peurs, ses angoisses. Les armes, la guerre, les douilles, sont récurrents dans ses œuvres. Au premier coup d’œil on est attiré par les maisons blanches comme des legos, mais elles gisent sur des douilles colorées,
« L’Odeur des Mots »
Nadji Kamouche, détail, l'odeur des mots
Nadji Kamouche, détail, l’odeur des mots

A l’étage du centre Malraux, ce sont carrément des fusils, fait de néon, au bas desquels, il y a un amoncellement de douilles, qui débordent d’un bac, ailleurs
« Quand les mots fondent » un ensemble compact de douilles sur un socle.
Les dessins faits à partir de jus de citron et de brûleur à gaz, nous montrent toute l’horreur de la guerre, notamment , cet homme tenant son enfant d’un côté, le fusil de l’autre, au premier coup d’œil, on imagine une maternité. « Transpercer l’impensable »

Nadji Kamouche, transpercer l'impensable
Nadji Kamouche, transpercer l’impensable


Il montre aussi la société de consommation avec ses déviances « made in China »

Sa révolte, son combat est partout, mais surtout dans sa grande installation
« A bas les cieux » qui trouve merveilleusement sa place dans ce bel espace qu’est le centre d’art Malraux, faite de tapis, un punching ball et des gants de boxes, en pluie depuis les cimaises, descendant vers un assemblage de 4 tapis. Dans le tapis oriental, les bordures représentent l’espace terrestre et l’intérieur l’espace divin.
Nadji Kamouche, A bas les cieux
Nadji Kamouche, A bas les cieux

« Toucher sans frapper » à l’étage, mais aussi l’affiche de l’exposition est symbolique de son travail, nous toucher dans notre moi profond, sans être violent physiquement, reconnaissant et constatant les « sentiments croisés »
La très belle sculpture en marbre blanc dans la mezzanine  » Tirage éternel  » résume l’idée maîtresse, de l’artiste, dans un esprit de tolérance mettre les 3 religions monothéistes sur le même plan.
Nadji Kamouche, tirage éternel
Nadji Kamouche, tirage éternel

C’est un artiste engagé qui nous interpelle, ne nous laisse pas indifférent, par le détournement des objets et qui nous met face à nos propres questionnements et nos souvenirs.
Né en 1968, diplômé de l’École Supérieure d’Art le Quai à Mulhouse en 1993 (DNSEP expression plastique) Vit et travaille à Mulhouse
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2011 • L’homme qui dort, l’homme qui prie, l’homme qui tue, Galerie Perpetuel, Francfort, Allemagne. 2010 • L’homme qui dort, l’homme qui prie, l’homme qui tue, School Gallery, Paris, France. 2009 • A bas les cieux, Galerie Perpetuel, Francfort, Allemagne. 2008 • Liberté toujours, exposition inaugurale de la School Gallery, Paris, France. Achat réalisé par le Frac Alsace, Sélestat, France. 2006 • Musée des Beaux-arts, Mulhouse, France. Commissariat Philippe Cyroulnik. 2004 • Centre d’arts plastiques, Saint-Fons, France. 2003 • Galerie Guy Chatiliez, Tourcoing, France.
Il participe aussi à des EXPOSITIONS COLLECTIVES
aux  ÉDITIONS • Soloshow « Liberté toujours », coffret de 6 sérigraphies originales réalisées par l’Atelier Eric Seydoux à Paris. Accompagné d’un texte de Pierre GIQUEL. 125 exemplaires numérotés et signés par l’artiste. Édition réalisée par School Gallery, Paris, janvier 2008
Des CATALOGUES D’EXPOSITIONS sont édités.
 
l’Espace d’Art Contemporain André Malraux 4 rue Rapp 68000 COLMAR 03 89 20 67 59 adm. 03 89 24 28 73 du mardi au samedi de 14h à 19h, le dimanche de 14h à 18h.

Félix Vallotton, Le Feu sous la Glace

La rétrospective Félix Vallotton (vidéo) Le feu sous la glace, au Grand Palais,
revisite la production de l’artiste sous un angle inédit.
Félix Vallotton
Elle s’articule autour de dix axes aux intitulés évocateurs des motivations esthétiques, sociales et politiques de l’artiste comme de la personnalité complexe de l’homme : Idéalisme et pureté de la ligne – Perspectives aplaties – Refoulement et mensonge – Un regard photographique – « La violence tragique d’une tache noire » – Le double féminin – Erotisme glacé – Opulence de la matière – Mythologies modernes – C’est la Guerre !
Cette présentation été préférée à une banale progression chronologique pour montrer, comme le souligne Isabelle Cahn l’une des commissaires, que « Vallotton a exploré différents thèmes avec un équilibre incroyable dans un théâtre du silence, avec ces gens qui se regardent mais ne se parlent pas. ».
Félix Vallotton, paysage de ruines et d'incendie
À cheval sur deux siècles, sur deux cultures, Félix Vallotton (1865-1925) s’est formé à Paris, à la fameuse Académie Julian, berceau de nombreux artistes post-impressionnistes et nabis. À moins de trente ans, il se taille une renommée internationale grâce à ses gravures sur bois, petites images noir et blanc d’une ironie souvent féroce, avec une maîtrise redoutable de la xylographie, qui  le révèle comme maître absolu de cet art graphique ; il gravera entre 1891 et 1901 plus de 120 planches d’un oeuvre qui en comprend 200. Peu à peu, les blancs s’effacent, pour sublimer les noirs qui dévoreront progressivement la planche.
Avant de conquérir le monde, elles font sensation au sein de l’avant-garde parisienne, valant à Vallotton son admission dans le groupe des Nabis et l’amitié de ses principaux représentants.
Félix Vallotton
À partir de 1899, le graveur cède le pas au peintre, qui laissera plus de 1700 tableaux à sa mort, en 1925. Vallotton, comme ses confrères, brosse à plusieurs reprise le portrait de Misia Sert, à sa coiffeuse, au piano, dans son salon. Misia Sert, dont le mari est à l’époque, le directeur de la publication culturelle et artistique : La Revue blanche, ami des artistes.
Travailleur acharné, Vallotton a traité tous les genres : portrait, nu, paysage, nature morte, et même peinture d’histoire sous la forme de vastes toiles à sujet mythologique ou allégorique, ou encore compositions inspirées par le spectacle de la guerre moderne, en l’occurrence celle de 1914–1918. Son style reconnaissable entre tous se distingue par un aspect lisse, des couleurs raffinées, un dessin précis découpant la forme, des cadrages audacieux, des perspectives aplaties empruntées aux estampes japonaises et à la photographie. On y lit aussi son admiration pour Ingres.
Félix Vallotton Femme nue sur fond violet
Cette lecture transversale met en lumière la progression opiniâtre du peintre vers l’édification pas à pas d’un mode d’expression résolument personnel et moderne, mais se réclamant de la tradition séculaire de l’art.
Dans la toile de l’homme poignardé, je ne peux m’empêcher de voir la référence, au Christ mort de Holbein du Kunstmuseum de Bâle, ou de celui de Jean Jacques Henner, du musée des Beaux Arts de Lille.
Felix Vallotton l'homme poignardé
Dans cette perspective, l’exposition présente au public non seulement les chefs-d’oeuvre les plus connus de Vallotton, mais aussi des tableaux rarement ou même jamais exposés auparavant. Elle le doit à la richesse de la collection du musée d’Orsay mais aussi aux prêts exceptionnels consentis par les musées suisses, à la générosité des principaux
musées américains et européens, ainsi qu’à celle de nombreux collectionneurs privés, grâce à l’entremise de la Fondation Félix Vallotton, à Lausanne.
Felix Vallotton
Il s’agit de la première rétrospective consacrée à l’artiste par un musée national à Paris depuis près d’un demi-siècle, puisque la dernière, à cet échelon, a eu lieu au Musée national d’art moderne en 1966. Dans l’intervalle Paris a hébergé une rétrospective présentée en 1979 au Petit Palais et une exposition monographique, de nus uniquement, au musée Maillol en 1997. En France, la dernière exposition remonte à 2001. Elle s’est tenue au musée des beaux-arts de Lyon et au musée Cantini, à Marseille, sous le titre « Le très singulier Vallotton ».
Félix Wallotton, le repos des modèles
Commissaires : Isabelle Cahn, conservateur en chef au musée d’Orsay, Guy Cogeval, Président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, la Fondation Félix Vallotton à Lausanne représentée par Marina Ducrey et Katia Poletti, conservateurs scénographie : Sylvain Roca et Nicolas Groult.
L’exposition est également présentée du 14 février au 1er juin 2014 au Van Gogh Museum d’Amsterdam, puis du 14 juin au 23 septembre 2014 au Mitsubishi Ichigokan Museum de Tokyo.
www.grandpalais.fr
dernier jour 20 janvier 2014
les photos étaient autorisées, sauf mention spéciale

Bernard Plossu, On dirait le Sud

« En photographie, on ne capture pas le temps, on l’évoque. Il coule comme du sable fin, sans fin, et les paysages qui changent n’y changent rien. » Bernard Plossu


Bernard Plossu on dirait le sud
Saisies à travers les vitres d’un train, au gré de voyages en Italie, dans le sud de la France, en Espagne ou au Portugal, les images de Bernard Plossu  révèlent des impressions de paysages, des figures en mouvement, des rencontres fugitives, qui témoignent de ce regard constant du photographe sur la douceur de la matière et du mouvement. On effleure les saisons, les arbres vibrent, le vent murmure. Il voit les « paysages intermédiaires ».
La photographie rythme la vie de l’auteur qui capte les atmosphères, les sentiments devant un monde qui défile à l’infini. Ses vues du train sont presque toutes en noir et blanc. Certaines, rares, sont en couleur.
Mais ce sont plus que des photographies en couleur, ce sont des tirages Fresson, ces tirages au charbon, connus comme étant les seuls dont les couleurs ne disparaîtront jamais.
coproduction La Filature, Scène nationale – Mulhouse
C’est par cette exposition « On dirait le Sud » à la Galerie de la Filature, que démarre le Festival Vagamondes, jusqu’au dimanche 2 mars.
Bernard Plossu
Un petit fascicule accompagne l’exposition, dans lequel Philippe Schweyer gérant de Mediapop, (éditeur du magazine NOVO voir ici )   partenaire de l’évènement, interviewe le photographe. Il y raconte son bonheur de voyager en train, de ne jamais s’y ennuyer, son plaisir de découvrir les paysages, de les redécouvrir.
« J’aime la rapidité du train confrontée à la rapidité de la prise de vue, double vitesse, double intelligence nécessaire » Bernard Plossu.
BERNARD PLOSSU
Bernard Plossu
Né au Vietnam, nourri de la contre-culture américaine et de l’esthétique de la
Nouvelle Vague, Bernard Plossu souhaitait au milieu des années 50 devenir cinéaste.
Ce cinéphile averti et passionné sera dans les années 1960 photographe.
De 1960 à 1965, il fréquente la Cinémathèque où il voit les classiques de Dreyer, Bergman, Buñuel, Eisenstein, Bresson et bien sûr Truffaut, Godard, Jessua. Il s’intéresse également au Néoréalisme italien et au western. Il apprend l’image à travers le cinéma. C’est en photographe atypique et inclassable qu’il trace ainsi depuis le début des années 1960 son parcours en solitaire, en marge du reportage, de la photographie plasticienne et des modes pour être, nous dit-il, « de plain-pied avec le monde et ce qui se passe ».
Bernard Plossu
Pour ce cinéaste de l’instant donné, photographe du mouvement, la photographie est le moyen d’arrimer la pensée à une connaissance personnelle et physique du monde. Rencontres fortuites, stratégies furtives et rapides des sentiments…
Bernard Plossu nous montre à quel point on saisit le monde à travers le corps et le corps à travers le monde. À partir de 1987 et durant une quinzaine d’années, il parcourt à pied les étendues désertiques du sud de l’Espagne.
Bernard Plossu.
La rencontre avec ce nouveau « jardin de poussière » prolonge ses expéditions précédentes dans les déserts américains et du Sahara. Le vide, le silence nourri de clarté et d’errances fécondes, la solitude, la confrontation aux rythmes extrêmes de la nature relèvent du voyage initiatique qu’il filme et photographie comme une symphonie naturelle.
Bernard Plossu a tracé sa propre voie, construit sa propre grammaire photographique, fidèle à ses premières amours, refusant l’anecdote du vécu et le totalitarisme des inventaires. La photographie devient l’index de quelque chose de proche et d’ouvert à la fois, d’intime et d’impersonnel se faisant militante d’une démocratie sensorielle, où l’homme, la matière, le culturel et l’organique se juxtaposent.
Bernard Plossu
il propose un petit jeu aux visiteurs :
à nous, à eux de retrouver les lieux photographiés.
« La photographie c’est du cinéma, et le cinéma c’est de la photo. »
 
Des visites gratuites de l’exposition sont proposées sur inscription :
visite-atelier jeune public enfants dès 7 ans mercredi 5 février de 14h30 à 16h
* visite tout public mercredi 12 février de 18h à 19h
* visite pour des groupes à partir de 6 personnes tout au long de la saison *
* renseignements et réservations auprès de Marine Lacombe : T 03 89 36 28 34
ou marine.lacombe@lafilature.org

5 livres  édités avec des photos de Bernard Plossu sont en vente :
Far Out! (Textes et photos de Bernard Plossu)
De Buffalo Bill à Automo Bill (texte de David Le Breton)
Îles grecques mon amour (texte de Philippe Lutz)
L’amour de la marche (texte de Philippe Lutz)
Berlin 2005 (texte de Jean-Christophe Bailly)

chez 47°Nord, chez Bisey et à la Fnac.
Plus d’infos sur www.mediapop-editions.fr
NB : il est très difficile de photographier des photos
que Bernard Plossu me pardonne.
Je vous conseille d’aller voir l’exposition, de prendre le temps, afin d’apprécier  pleinement les photos de l’artiste
 

Nuit des musées bâlois

kunstmuseum

Bienvenue à la Nuit des Musées bâlois
Welcome to the Basel Museums
Night Benvenuti alla Notte dei Musei di Basilea
Basel müzeler gecesine ho geldiniz
Mirë se vini në natën e muzeut në Basel
Dobrodošli na No muzeja Basel
Bienvenido a la Noche de los museos de Basilea
Bem-vindos à Noite dos Museus de Basileia

Vendredi, 17 janvier 2014 de 18h00 à 02h00
Se maquiller, réparer, se déguiser, chanter, jouer, danser, manger, s’étonner, explorer, discuter et bien plus encore ! Durant la Nuit des Musées, plongez dans la diversité culturelle bâloise. Quel que soit votre âge et d’où que vous veniez, vous y trouverez votre bonheur. Les musées bâlois, ainsi que la Fondation Fernet Branca de St Louis vous souhaitent une bonne nuit !
De 18h00 à 01h30, trois véhicules aménagés pour accueillir des fauteuils roulants seront à disposition sur la Münsterplatz pour permettre aux visiteurs âgés et handicapés de se rendre d’un musée à l’autre (pas de transport à domicile).
Réservation par téléphone durant la nuit des musées au +41 (0)79 424 30 77. Pendant 8 heures, 1200 collaborateurs se mobiliseront dans 3 pays et dans 42 musées et institutions partenaires pour vous proposer 200 manifestations et bien plus encore.
Et comme d’habitude organisation suisse oblige
voici le programme, ainsi que les différents moyens de transport
PRIX DES BILLETS
EUR 19,50/CHF 24.-
EUR 11,50/CHF 14.- avec le Museums-Pass-Musées

Grâce aux sponsors, l’entrée est gratuite pour les enfants et les moins de 25 ans (avec carte d’identité)
Votre billet pour la Nuit des Musées vous permettra d’emprunter gratuitement certains moyens de transport du réseau Triregio le vendredi 17 janvier, à partir de 17h00.
Et pendant huit heures, les portes de 42 institutions et de 5 After-Hour-Clubs vous seront ouvertes.
Les tickets et le programme sont disponibles dans tous les musées participants et les points de vente suivants pour la France
Fondation Fernet-Branca, Saint-Louis, 2 rue du Ballon
Office de Tourisme et des Congrès, Mulhouse, 1 avenue Robert Schumann
Office de Tourisme Village-Neuf, 81 rue Vauban
m_nacht
 
Offres en langues étrangères
Offres pour les enfants et familles2014nachtclub
Programme en français
Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig St. Alban-Graben 5 Basel www.antikenmuseumbasel.ch
L’adolescence en Grèce antique Visite guidée avec Laurent Gorgerat rollstuhlgängig rote Shuttle-Linie, Tram 2/15 und Oldtimer-Tram > Kunstmuseum 19.00
Cartoonmuseum Basel St. Alban-Vorstadt 28 Basel
www.cartoonmuseum.ch
Tintin – la nuit Le connaisseur de Hergé Jean Rime sait ce-que Tintin et ses amis complôtent dans la nuit. Visite guidée avec Jean Rime
orange Shuttle-Linie, Tram 2/15 und Oldtimer-Tram > Kunstmuseum 18.00-02.00, toutes les demi-heures
Dreiländermuseum, Lörrach Basler Strasse 143 Lörrach www.dreilaendermuseum.eu
Jardins du Paradis Dans l’exposition temporaire avec confection de produits alimentaires, cosmétiques et bien plus encore
rollstuhlgängig gelbe Shuttle-Linie, Zug S6 > Lörrach Museum/Burghof, Bus 6/16/Ü3 > Museum 18.15, 22.15 

Fondation Beyeler, Riehen/Basel Baselstrasse 101 Riehen/Basel

Courte visite guidée ‹Thomas Schütte› Auf den Spuren von Porträts und Figuren in den Kunstwerken von Thomas Schütte Visite guidée
www.fondationbeyeler.ch
rollstuhlgängig hellgrüne und gelbe Shuttle-Linie, Tram 6 und Oldtimer-Tram > Fondation Beyeler, Zug S6 > Riehen 19.00-02.00, mit Pausen
Kunst Raum Riehen im Berowergut Riehen/Basel www.kunstraumriehen.ch
Je suis un âne Performance von Philippe Reinau und Raphael Bottazzini
rollstuhlgängig hellgrüne und gelbe Shuttle-Linie, 22.30-23.45, 24.00-01.15
Kunstmuseum Basel, Museum für Gegenwartskunst St. Alban-Rheinweg 60 Basel www.kunstmuseumbasel.ch
Andy Warhol – Filmporträt Kim Evans portätiert die kontroverse Erscheinung und das Gesamtkunstwerk Warhol. Film
Tram 6 und Oldtimer-Tram > rollstuhlgängig orange Shuttle-Linie, Tram 2/15 und Oldtimer-Tram > Kunstmuseum, Schiffstation St. Alban-Tal
Museum der Kulturen Basel Münsterplatz 20 Basel
www.mkb.ch
21.00 Schön ? Visite guidée
rollstuhlgängig alle Shuttle-Linien, Tram 6/8/11/14/16 und Oldtimer-Tram > Schifflände, Tram 2/15 > Kunstmuseum 19.30-20.00, 21.30-22.00, 23.30-24.00
Tinguely Paul Sacher-Anlage 1 Basel
www.tinguely.ch
Short Cuts 19.30: Kessler 21:30: Hirschhorn 23.30: Tinguely
Visite guidée Museum
rollstuhlgängig hellgrüne Shuttle-Linie, Bus 36, 31/38 und Schiffstation > Museum Tinguely 19.30, 22.30
Visite guidée Vitra Design Museum, Weil am Rhein Charles-Eames-Strasse 2, www.design-museum. de
Le hall de production de SANAA
rollstuhlgängig violette und hellgrüne Shuttle-Linie, Bus 55 ab Claraplatz > Vitra, Zug ab Bad. Bahnhof > Weil (20 Min. Fussweg)
Niklauskapelle, Basler Münster Münsterplatz
www.muensterbasel.ch

18.00-01.30 Konzerte in der Kammerensembles des Sinfonieorchesters Basel spielen in feierlich sakraler Atmosphäre.
18.00-02.00 Wort und Musik im Münster Jede volle Stunde: Ensembles des Sinfonieorchesters Basel musizieren in wechselnden Besetzungen. Jede halbe Stunde: Enten, Esel, Elefanten – Tierbilder im Münster. Konzert und Führung rollstuhlgängig alle Shuttle-Linien, Tram 3/6/8/11/14/16 und Oldtimer-Tram > Barfüsserplatz, Tram 2/5 und Oldtimer-Tram > Kunstmuseum 20.00, 23.00
Fondation Fernet-Branca 2, rue du Ballon, F-68300 Saint-Louis
www.fondationfernet-branca.org
Thematische Lesungen zur Ausstellung ‹Pièces Montrées›
Lectures en français autour de l’exposition ‹Pièces Montrées›rollstuhlgängig türkise S
hutte-Linie (Distribus 604) ab Schifflände > Carrefour
Nuit des musées bâmois
 

Frida Kahlo – Diego Rivera, l'art en fusion

Au musée de l’Orangerie
Gisele Freund, Frida Kahlo
Frida Kahlo naît à Mexico en 1907, de père d’origine germano-hongroise, de mère mexicaine, aux origines espagnoles et indiennes. A l’âge de 6 ans elle fût atteinte de la poliomyélite qui la laissa boiteuse, un pied ne grandissait pas, d’où une jambe amoindrie. Elle a commencé à peindre à la suite d’un accident entre bus et tramway, à l’âge de 22 ans (septembre 1925). Toute sa vie elle a souffert de ses suites et a du subir maintes opérations qui l’ont clouée au lit. Elle se mit à peindre pour occuper son ennui pendant sa convalescence, avec un chevalet fixé à son lit et un miroir accroché au baldaquin, afin qu’elle puisse se voir. Ce qui occasionna la création de beaucoup d’autoportraits.
« Je me peins parce que je passe beaucoup de temps seule et que je suis le motif que je connais le mieux » FK
Frida Kahlo 8
Un premier portrait d’elle : une autoportrait à la robe de velours, cadeau pour son amant, Alejandro Gomez Ariaz, qui l’avait quittée et qu’elle voulait pousser à revenir. Le portrait plein de dignité, montre son intérêt pour la Renaissance italienne, le cou maniériste, démesurément long, sur un fond très sombre. Ne pouvant plus envisager des études de médecine, elle choisit de devenir peintre, pour ceci, elle alla consulter le plus grand peintre de son pays, Diego Rivera, marié à ce moment là. Il reconnaît son talent et s’éprend d’elle. Elle l’avait déjà vu en 1922, lorsqu’il a exécuté une peinture murale dans l’amphithéâtre Simon Bolivar. Elle adhéra au parti communiste mexicain en 1928, déjà très concerné par la politique. Elle raconte qu’à l’âge de 7 ans, elle avait vu les combat entre Zapata et Caranza. Son identification à cet événement était tel, qu’elle décida qu’elle était née en 1910, avec le nouveau Mexique, sorti de la dictature de Porfiro Diaz. Frida et Diego, qui a 21 ans de plus qu’elle, se marient en août 1929. L’influence idéologique qu’il exerce sur elle, et ses nouvelles connaissances d’artistes et d’intellectuels mexicains, devient nette dans ses œuvres où l’on préconisait le « mexicanismo ». La mère de Frida dira, c’est
« le mariage d’une colombe et d’un éléphant »
frida_kahlo_self-portrait_as_tehuana
Frida est l’une des premières femmes peintre à avoir placé le thème de l’identité au cœur de son art. Dans ses autoportraits, l’œuvre et la personne se confondent, ils forment une entité indissociable. Les tenues vestimentaires typiquement mexicaines deviennent une prise de position politique. Dans l’autoportrait au singe de 1975, elle s’affirme « la mexicaine » avec les divers éléments de la couleur mexicaine, les animaux, le singe araignée, ou le chien nu du Mexique, la statue précolombienne ; elle les relie entre eux, en les entourant d’un ruban jaune orange, qu’elle passe autour de son cou, montrant son lien très fort aux traditions. Dans l’imagerie de Frida les animaux ont de multiples significations, d’où ambivalence, l’érotisme, ou peut-être la perte des enfants qu’elle n’a pas eu, la mythologie aztèque. Elle apparaît sur de nombreuses photos, comme un shaman, avec des animaux aux fonctions protectrices et curatives. Elle se surnomme elle-même « l’Obscura » la mystérieuse.
Frida Kahlo, ma nourrice et moi
Dans le portrait « ma nourrice et moi » les glandes mammaires se confondent avec des fleurs, elle interprète le thème classique de la mère à l’enfant. A l’âge de 11 mois elle a été confiée à une nourrice indienne, à la naissance d’une petite sœur. Dans ce tableau, elle se représente mi-enfant mi-adulte, sa nourrice a le visage dissimulé derrière un visage précolombien, ses cheveux sombres reflètent ceux de Frida, de même que ses sourcils qui se rejoignent en ailes de corbeau. Effet miroir et dédoublement se retrouvent dans ses œuvres tel un fil rouge. Dans son tableau les 2 Frida, les cœurs sont reliés par une artère commune, la mexicaine en tenue de mariée, avec l’autre en tenue européenne. Elles se tiennent par la main. La mexicaine est honorée, l’autre menace de perdre son sang. Elle développe son propre langage symbolique et donne aux couleurs une signification nouvelle: jaune, folie et secret, bleu marine, distance, peut-être la tendresse, vert feuille, tristesse, rouge sang tragique. Cette toile est peinte en 1939 lors du divorce des 2 artistes, suite aux infidélités de Diego. Diego avait de nombreuses maîtresses, y compris la sœur de Frida. les deux fridas portrait
Suite à la découvertes de cette liaison, elle coupe ses nattes mexicaines et peint l’autoportrait aux cheveux coupés, en costume masculin, trop grand pour elle, en rôle androgyne. Elle est invitée à Paris en 1939, par les surréalistes. Elle refuse de se prévaloir d’un courant artistique. Elle manifeste un intérêt pour les tableaux votifs. Elle s’élève au rang d’icône, elle pose volontiers à côté de ses toiles, ou se fait représenter peignant un autoportrait. L’élément récurant de ses portraits, est le regard fixe, sans émotion, face au spectateur, les sourcils rapprochés, le léger sur sa lèvre supérieure, les cheveux foncé, elle se représente comme un personnage, comme un support créatif mis en scène. Ses toiles sont mises en scène, avec un décor végétal, par contre elle démontre ses sentiments, ses douleurs, ses chagrins.
kahlo la colonne brisée
Elle faudrait parler des ses toiles montrant ses maternités déçues, ses enfants perdus. Dans la colonne brisée, elle est à la fois la Madone souffrante, la requérente et la sainte 1944., c’est l’année où elle est réopérée de la colonne, elle exprime sa peur de la déchéance physique, sa colonne vertébrale est remplacée par une colonne antique brisée, (métaphore de la mélancolie de l’artiste) son corps parsemé de clous tel un Christ de douleurs, son visage couvert de larmes. En se mettant ainsi en scène, elle a largement anticipé sur une démarche artistique, qui s’épanouira bien plus tard, elle a en quelque sorte préfiguré le body art. et la performance artistique.
Gisèle Freund - Diego Rivera
Diego Rivera, lui aussi eut sa nourrice indienne, né en 1886, quelques minutes avant son frère jumeau, qui n’a pas survécu, il était si fragile qu’il fut élevé à la montagne en compagnie d’une petite chèvre.
De sa mère, sage-femme il tient les traits de trois races : « blanche, la rouge et la noire » (D.R.), de son père, libre penseur, engagé contre la lutte de l’envahisseur français, d’origine judéo-portugaise, espagnole et russe, de ce mélange il tirera sa fierté d’être métis.
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A onze ans, il décide de devenir peintre, il entre à l’académie des Beaux Arts en cours du soir, tout en poursuivant sa scolarité dans la journée. Boursier, il en sort à l’âge de 16 ans à la suite d’une émeute. Il vient en Europe grâce à une bourse de quatre ans, mais la mort de Cézanne, change ses projets et il met le cap sur l’Espagne. Il est à l’école du réalisme espagnol, il court les musées, admire Le Greco, Vélasquez, Brueghel, Luca Cranach, Jerome Bosch et Goya.
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Puis il revient à Paris, où il partage un atelier à Montparnasse avec Maria Gutiérrez Blanchard, peintre elle aussi. Elle lui présente sa future compagne, le peintre graveur russe, Angelina Beloff. Avec elle, il parcourt la France, la Hollande, la Belgique et l’Angleterre..
Il s’essayera au cubisme, commence une nouvelle liaison d’où sera issue sa fille Marika
Suite à sa querelle avec le poète Reverdy, le groupe des cubistes se scinde en deux. On lui reproche ses couleurs éclatantes, alors que Braque et Picasso peignent avec des bleus gris, neutres. Il revient au figuratif et de son amitié avec le critique d’art Félix Faure, naît une réflexion, qui le conduira à l’expression muraliste et à la conscience de la nécessité de retourner au Mexique. Mais avant son retour grâce à José Vasconselos,  il part en Italie, étudier, Mantegna, Uccello, Fra Angelico, la peinture byzantine et étrusque. Il repart au Mexique, laissant derrière lui Angelina.
Sa première commande officielle « la Création », cent dix mètres carré de travail mural, dans l’amphithéâtre Simon Bolivar, une peinture à l’encaustique, dans un style symboliste  byzantin où chaque figure présente un des types raciaux qui sont entré dans le sang mexicain.
Diego Rivera
Avec d’autres artistes ils s’organisent en syndicat et fondent un journal dont le titre est flanque de la faucille et du marteau. Il se veut proche du peuple, en communion de part son travail avec la masse ouvrière. Il s’inscrit au parti communiste mexicain, épouse Luce Marin, son modèle pour la Création. Ils auront 2 filles. Il commence les fresques du ministère de l’éducation publique.
Diego Rivera
Il illustre, écrit, donne des conférences et milite au parti, compose des peintures murales et de chevalet. Après un voyage à Moscou, où il esquisse des portraits et des croquis, il est prié de rentrer à Mexico,  où il est devenu sujet à polémiques. Il exécute les fresques du ministère de la santé, tout en ayant été obligé de démissionner de l’Académie San Carlos. A 43 ans,juché sur un échafaudage du 3 étage, il entame un dialogue avec Frida Kahlo, 22 ans, qui devait durer vingt-sept ans.
Après leur divorce, ils se remarieront en décembre 1940
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Les cendres de Riego Rivera seront déposées dans la Rotonde des Hommes Illustres et non, comme il l’avait demandé, sur le lit de la Casa Azul, mêlées à ceux de sa femme Frida Kahlo.
N’ayez pas de regrets si vous n’avez pas eu la possibilité d’y aller, c’était une énorme bousculade, la file des billets coupe-fil avançait moins vite que celle sans billet.
Puis à l’intérieur c’était un souk incroyable, il y avait tant de monde, que l’on ne voyait pas les toiles, trop petites, on se bousculait et on se querellait.
 
jusqu’au 13 janvier 2014
 
 

Philippe Parreno, Anywhere, anywhere out of the world

Carte blanche à Philippe Parreno au Palais de Tokyo
se termine le 12 janvier 2014
« L’exposition est conçue comme un espace scripté, comme un automate, produisant différentes temporalités, un rythme, un parcours, une durée. Le visiteur est guidé à travers les espaces par l’apparition et l’orchestration de sons et d’images… Une chorégraphie mentale », résume Philippe Parreno.
Philippe Parreno, Marquees
Depuis les années 1990, l’artiste Philippe Parreno, figure éminente de la scène artistique internationale, doit sa renommée à l’originalité de son travail et à la diversité de ses pratiques (cinéma, sculpture, performance, dessin, texte etc…)
Il était l’invité en 2013 de la Fondation Beyeler en 2012, où il a montré un partie de son travail. Il envisage l’exposition comme un médium, un objet à part entière, une expérience dont il explore toutes les possibilités. Sa démarche volontiers collective permet de repousser les limites traditionnelles de la création. Les hypothèses de travail formulées à ces occasions ont eu une influence considérable sur sa génération et la présente exposition retient quelques unes de ces collaborations : Nicolas Becker, Liam Gillick, Dominique Gonzalez-Foerster, Douglas Gordon, Pierre Huyghe, Darius Khonji, Randall Peacock, Tino Sehgal. Philippe Parreno est le premier artiste a occupé seul l’intégralité des espaces agrandis du Palais de Tokyo.
Dès l’entrée extérieure le parcours commence en passant par un auvent lumineux
« Marquee », denue sculpture, (marquises) comme celles que l’on trouve à l’entrée des cinémas sur lesquels sont écrits les titres te le noms des acteurs des films. Dans l’exposition on en retrouve une belle série,(vidéo) transparentes et lumineuses qui jouent une partition, c’est la musique de l’électricité (PP), rythmées par des percussions.
Un écran lumineux, guide de l’exposition se trouve à l’accueil, les silhouettes du personnel et des visiteurs apparaissent à contre jour. Les hautes fenêtres sont recouvertes d’un film qui floute la vision. C’est une ambiance de fête, dans les couloirs, dans les escaliers sont accrochées des lumières qui clignotent, en fait 56 lumières qui correspondent aux 56 mouvements de Petrouchka, cœur battant du parcours. (l’histoire d’une poupée mécanique aux amours malheureux)
Philipp Parreno
Chacune clignotant selon le tempo de chaque mouvement.
Les cartels affichent les titres, mais aussi des mots, des dessins, des images. Le parcours de l’exposition est rythmé selon Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux de d’Igor Stravinsky. Cette pièce interprétée par le pianiste Mikhaïl Rudy découpe l’exposition, quatre pianos (vidéo),
Philippe Parrenoselon une mécanique d’horlogerie, vous surprennent par ce que les touches s’activent seul. Il faut un moment pour comprendre l’ingéniosité de l’organisation magique.
Philippe Parreno
How Can We Now The Dancer From The Dance ,
dans la rotonde, sur une scène les visiteurs peuvent entendre les pas de danseurs qui se déplacent, ce sont les fantômes de la troupe du danseur américain Merce Cunnigham, dont on peut voir aussi les dessins, cachés dans un lieu, derrière une bibliothèque qui s’ouvre
manipulée par les visiteurs.
Philippe Parreno
Le film Marilyn (vidéo)déjà vu chez Beyeler, est le portrait d’un fantôme de Marilyn. Il a reconstitué la suite du Waldorf Astoria à New York, que la star a occupé dans les années 50. On découvre les lieux à travers les yeux de l’actrice, un ordinateur reconstitue sa voix, un robot reconstitue son écriture, on entend un téléphone, la pluie, un orage. On sent les vibrations, la présence de l’actrice, sans jamais la voir, c’est très émouvant. A la fin du film quand l’écran se rallume apparaît un paysage de neige. Un DVD est offert contenant le film sur Marilyn, la bande s’efface après visionnage. A un autre étage est exposé, un robot qui reproduit l’écriture de Marilyn , comme une réminiscence de l’image. Il reproduit inlassablement une lettre et des dessins de l’actrice.
Philippe Parreno
TV Channel On y voit une série d’œuvres phares : Anna (1993), plan-séquence sur le visage d’un nouveau-né recomposé sur un immense « écran » d’ampoules Led, éteintes ou allumées, jouant des vides et des pleins ; Fleurs, No More Reality, Alen Seasons, The Writer. les Marquees (2007-2013), ensemble de panneaux lumineux surplombant les entrées de casino et autres théâtres, qui composent des jeux d’ombres et de lumières sonores ; ou Anywhere out of the world (2000), docu-fiction représentant le manga Annlee, dont les droits furent rachetés par Philippe Parreno et son complice Pierre Huyghe afin d’extraire le personnage de fiction de l’industrie du divertissement qui l’avait créé. Au sous-sol, on ne peut qu’être attiré par : Zidane En 2006, il réalisa avec un autre artiste, l’Ecossais Douglas Gordon, un film sur Zidane, produit par une riche mécène, un grand clip sans paroles d’une heure et demie, qui avait été montré à Art Basel en 2011, 17 caméras focalisé sur la légende du foot du 20 e s. C’est totalement spectaculaire, on est immergé dans le mouvement même si comme moi, on apprécie peu le foot
Philippe Parreno
C’est un parcours en noir et blanc, tout à fait spectaculaire, une expérience totale, un art protéiforme qui sème le trouble, et excite la curiosité. Le thème de l’invisible et de la disparition hante son œuvre, il les met en scène en de complexes dispositifs. L’exposition entière se comporte , comme un automate, où des œuvres se déclenchent, pendant que d’autres s’arrêtent, se court-circuitent, rythmée par d’étranges synchronisations. Le public créé sa propre musique en se déplaçant, en s’approchant en s’éloignant des objets dans l’exposition, dont il est son propre chef d’orchestre. Cette dramaturgie minutée de la perception laisse une grande liberté aux visiteurs, dont l’imaginaire est libéré. C’est, aussi, l’art de savoir se perdre dans les espaces-temps imaginés par l’artiste, dont les vides, les noirs et les silences ne sont pas les moins remarquables.
photos et vidéos de l’auteur