Lucian Freud, pétrisseur de chair

lucian-freud-latelier.1270680471.jpgL’exposition sur le peintre Lucian Freud, petit fils du psychanalyste Sigmund Freud, né à Berlin en 1922, et vivant depuis 1934 en Angleterre, au centre Pompidou, se décline en 4 parties.
Les connaisseurs se souviennent de l’énorme nu de Sue Tilley (Benefits Supervisor Sleeping) qui s’est vendu plus de 33 millions de dollars à New York, acquis par le russe Roman Abramovitch,  et par la même occasion faisant de Lucian Freud l’artiste vivant le plus cher au monde
Obcène, carnation, incarnation, obésité, particularités anatomiques, disproportions prononcées, genoux cagneux, seins qui tombent ou virilités emphatiques, endormis, lourds, les qualificatifs fusent, les avis sont contrastés. C’est une peinture figurative, faite d’empâtements plus ou moins épais, les couleurs malgré le sujet du nu agressif, sont douces : ocre, gris, brun, blanc.
Intérieur/extérieur :
L’exposition ouvre sur une toile qui rappelle le cheval de  Maurizio Cattelan avec son arrière train dont là c’est la tête qui entre dans le mur  à la Dogana, ici c’est un zèbre rouge et jaune qui pénètre à travers l’ouverture blanche, d’une fenêtre  sur un mur violet, dans l’atelier du peintre, un canapé fatigué, qui fait penser à un piano, une plante, un tissu rouge abandonné, un pouf noir.
Il développe durant 3 décennies le même intérieur où il met en relation, ses personnages nus, il se concentre sur le thème de l’atelier avec les paysages urbains, sinistres, cassés, tristes, comme les corps,  les animaux, magnifiques chiens et plantes vertes.
Le corps allongé, en vue plongeante, des corps peints sans complaisance, dans leur vérité, obscène,  une scène lucian-freud-lavado-sumos.1270681621.jpg surréaliste, étrange, un homme lisant, assis, sur un canapé, le chien fidèle   couché à ses pieds, il est au premier plan, puis au second plan, un autre homme nu, donne le sein à un bébé, (Sigmund O secours ! ) dans un intérieur ocre, gris et blanc.freud-lucian.1270681002.jpg
2 lutteurs japonais au-dessus du lavabo blanc, avec des  marbrures avec les codes de couleurs de Freud comme sur les corps,  bout de carte postale coupée, montre l’art d’ un grand technicien.




Les chairs
Beauté de la ‘laideur’ de ses tableaux, il montre les chairs, distanciation et empathie,  puis l’ironie du thème du peintre surpris par une admiratrice, pathétique, thème cher à tous les peintres, avec son chevalet, elle est agenouillée et lui prend les jambes, (Zeus et Thétis), connotés, les chairs explosent. Il travaille sur les marbrures, chairs tuméfiées, yeux baissés, boîtes crâniennes. Il depeint au travers du corps les cicatrices de la vie jusqu’à la morbidité parfois, sans complaisance.
La granulosité de la peinture, trop de chair, sur la carnation la peau, la chair au sens organique, c’est aussi de l’écorché, femmes aux fesses énormes, il met à nu une réalité physique, cachée d’habitude, on en est un peu saturé, corps lourds endormis dans leur torpeur. Une impudeur qui peut coller à Freud, petit-fils de SF.
Les portraits
lucian-freud-autoportrait-aux-godillots.1270681710.jpgQuelques petits tableaux merveilleux, autoportraits, peints formats blancs à la Munch, au miroir, aux 2 enfants, portraits plus  grands, une certaine figuration d’ un travail académique, l’affiche à la Bacon n’est pas vraiment représentative de l’exposition, le reste est du Freud. Portraits toujours plus ressemblants. Autoportrait avec godillots et couteau de gladiateur
Le portrait inachevé de Bacon est éblouissant, pourquoi a t’il fini ses toiles ?.






Reprises

Il a beaucoup regardé la peinture, il reconstruit ainsi des scènes d’après des modèles célèbres :freud-d-apres-cezanne.1270681195.jpg
After Chardin, After Cézanne, d’après un tableau de jeunesse de celui-ci, dont on peut trouver une photo David Dowson assistant de Freud , Constable, Courbet.

Voici ce qu’en écrit Philippe Dagen du Monde :
« On doit admirer la constance et la lucidité de l’artiste, qui a compris que, dans la société actuelle, le but suprême est d’imposer une marque, c’est-à-dire un petit nombre de caractéristiques immédiatement identifiables par tout un chacun. Dans son cas, il y en a trois : la légende d’un personnage réputé sauvage et inaccessible, presque un maudit, mais qui a peint les portraits du baron Thyssen et de la reine Elisabeth II ; l’exhibition de nus supposés choquants – qui ne choquent plus personne depuis longtemps – ; et l’exhibition d’un travail de peinture dont le visiteur a vite fait de comprendre qu’il doit être long et pénible.
……….Mais non, ce n’est pas de la grande peinture. Ce n’en est que le simulacre, fondé sur l’académisation conjointe de l’obscénité et du matiérisme……… »

scan et images Internet

En vadrouille dans la capitale

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Si vous me cherchez, je suis, là et ici ou encore 

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Le souffle du temps – rétrospective de Robert Cahen – films et vidéos

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auditorium du Jeu de Paume
1, place de la Concorde – 75008 Paris
www.jeudepaume.org
renseignements : 01 47 03 12 50 / infoauditorium@jeudepaume.org
tarifs : 3 € la séance / gratuit sur présentation du billet d’entrée aux expositions (valable uniquement le jour de l’achat) et pour les abonnés
du 16 mars au 18 avril 2010







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Le passager du temps
Comme
Nam June Paik, comme Bill Viola, comme tous les grands vidéastes, Robert Cahen prend la vidéo telle qu’elle est, et son oeuvre inventive en effectue joyeusement les puissances.
Mais que peut-on demander à la vidéo ?
La réponse de Robert Cahen est aussi simple qu’ambitieuse : instaurer de nouveaux rapports entre le réel et l’image.
Vidéaste, réalisateur et compositeur de formation, Robert Cahen est issu de la traversée des frontières entre les arts. Diplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1971, il a su enrichir la vidéo des expérimentations techniques et linguistiques de la musique concrète. Chercheur à l’ORTF et pionnier dans l’utilisation des instruments électroniques,
il traite les images comme les sons, les organise, les transforme, ouvrant les possibilités d’échange entre les modèles, les paramètres de l’image et ceux de la musique.
Son travail est reconnaissable à cette manière d’explorer le son en relation avec l’image mais aussi de traiter les ralentis, qui rendent visible un « temps retenu », pour construire un véritable univers poétique. Juxtaposition d’images fixes et en mouvement, oscillation, multiplicité des points de vue, expérimentation physique de la vidéo dans l’espace constituent autant de traits caractéristiques de son oeuvre.
Dès sa première vidéo, L’Invitation au voyage (1973), il manipule l’image et la rend malléable. En 1983, il réalise Juste le temps, fiction de 13 minutes considérée comme l’une des vidéos les plus importantes des années 1980. Lauréat de la Villa Médicis Hors les murs en 1992, il a également remporté le Grand Prix du Videokunstpreis du ZKM de Karlsruhe pour Sept Visions fugitives, en 1995.
Une partie de sa création s’inspire du travail d’autres artistes : ses vidéos sur l’art (Parti sans laisser d’adresse, sur Bernard Latuner, 1986), sur la musique (Répons de Pierre Boulez, 1985), sur la danse (La Danse de l’épervier de Hideyuki Yano, 1984, Parcelle de ciel de Susan Buirge, 1987, Solo de Bernardo Montet, 1988) ou sur la photographie (Dernier Adieu, sur Jean-Marc Tingaud, 1988), ainsi que son adaptation, avec Corps flottants (1997), du roman de Natsume Sôseki, Oreiller d’herbes.
Plusieurs des installations et mono-bandes de Robert Cahen ont rejoint les collections de prestigieux musées en France et à l’étranger, tandis qu’il a réalisé, dans le cadre de la commande publique, une installation vidéo permanente à Lille (allée de Liège, Euralille)

Miquel Barcelo – Caixaforum de Madrid

Du 11 février au 13 juin, la CaixaForum de Madrid reçoit une rétrospective des 25 ans de trajectoire plastique de Miquel Barceló (Majorque, 1957),


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Très influencé par l’art brut, Miquel Barceló a proposé une alternative singulière aux tendances dominantes de l’art contemporain. Tout d’abord, face à la rhétorique de l’abstrait, si habituelle et rebattue dans les années quatre-vingt, l’artiste de Majorque revendiquait l’expressivité du figuratif. Ensuite, face aux discours conceptuels complexes, très à la mode dans les années quatre-vingt-dix, son œuvre a su rester fidèle aux principes du travail manuel et n’a jamais perdu son intérêt pour les textures, les couleurs et les formes de la matière. Il est un représentant incontournable de l’art espagnol, le plus international et apprécié du moment. Le spectateur peut découvrir sa riche expérience artistique, chargée en mystère et en adrénaline. Au total, ce sont plus de 200 œuvres à parcourir : peintures, sculptures, affiches, livres et carnets de voyage…
Pour l’évènement, l’artiste prête au centre social et culturel de la Obra Social « La Caixa », une de ses meilleures sculptures, El Gran Elefant Dret (2009). Un éléphant en bronze de sept mètres de haut, installé sur la place publique qui donne accès à la Caixa Forum.
Cette exposition inédite permet d’apprécier sa foisonnante biographie artistique qui s’étend de 1982 à nos jours, ne résiste pas à un passionnant voyage parmi ses vastes toiles. Le spectateur semble envoûté par le rythme trépidant, énigmatique et mystérieux de l’œuvre de Barceló.
miguel-barcelo-crucifixion.1267969122.jpgUne salle en retrait, plongée dans une semi-obscurité, une chapelle toute de mystère et de recueillement, est particulièrement émouvante, une crucifixion, des sculptures de crânes d’animaux, des toiles en presque noir et blanc, des toiles ocres, que vous pouvez retrouver sur la vidéo du vernissage.
Le gorille blanc sur la plage, 1999 était sous une autre forme à la Biennale de Venise, tragique dans sa solitude, tracé à grands coups de couteau, visage à la bouche hurlante d’effroi, les bras en croix, sur fond d’océan écumeux.miguel-barcelo-gorille-blanc-sur-la-plage.1267969144.jpg
Ses autoportraits, sont saisissants, surtout celui où l’aspect « animal-fou / loup garou » est terrible.
Dans son catalogue, les œuvres voisinent, avec d’autres qu’il cite en référence, qui l’ont inspirée, tel que le Paysage pour aveugles sur fond vert II.1989 ,il cite Ribera, Richter, Tanguy, Richard Long
L’objectif de l’exposition est d’offrir au grand public l’occasion de vivre l’art de Barceló comme une véritable expérience personnelle. Ainsi, il a choisi lui-même les toiles et les sculptures qu’il jugeait les plus représentatives de sa carrière artistique, quelques-unes venant de sa collection privée.
J’ai été émerveillée, par sa série d’aquarelles de Sangha, vendeuses de tomates un jour venteux, 2000. ou encore Le vent, 1999 où le rouge tragique d’un personnage, de sa barque renvoie à Turner ou  à la barque de Dante de Delacroix. Des présentoirs sont consacrés aux aquarelles.miguel-barcelo-aquarelle.1267969084.jpg
Mais aussi de nombreuses toiles montrent la série des Dogons, déjà vues à Venise, déserts de sables jaunes, bleus avec des personnages anonymes et des troupeaux cheminant.
Une peinture pour aveugles en relief, sur fond vert, que les gardiens vous empêchent de toucher ……
D’autres toiles consacrées à la corrida, à la cuisine espagnole, un moment idéal pour se pencher sur  la production artistique de Miquel Barcelo.
C’est une occasion spéciale pour le public, qui aura l’opportunité de s’aventurer dans son monde matériel, dans ses voyages physiques ou mentaux dans l’espace-temps, dans son utilisation d’éléments insolites, dans sa représentation du monde humain et animal, et dans son rapport à la tradition. Le catalogue en espagnol et en anglais est tout à fait abordable 20 €.

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les photos sont interdites, aussi je vous présente les scans du catalogue

Anne-Sophie Tschiegg à Art Karlsruhe

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Vous avez été nombreux à apprécier Anne-Sophie Tschiegg, lors de son exposition, à la galerie Beaurepaire à Paris, au mois d’octobre 2009, vous pouvez la retrouver à Art Karlsruhe à la galerie Vayinger, du 4 au 7 mars 2010.
Tous les renseignements figurent sur le site d’Art Karlsruhe.
  

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photo courtoisie d’Anne-Sophie Tschiegg

Ernst Beyeler

Ernst Beyeler (* 16. juillet 1921 – † 25. février 2010)
Ernst Beyeler, le fondateur de la Fondation Beyeler, est mort le 25 février 2010 au soir.
C’est un grand homme qui nous quitte au terme d’une longue vie, heureuse et bien remplie.
La Fondation Beyeler, Bâle, sa ville natale et le monde international de l’art lui doivent énormément. Depuis quelques temps sa haute silhouette se faisait de plus en plus rare dans son musée.
Il a rejoint au paradis des amoureux de l’art son épouse Hildy décédée en 2008.
Se rendre à la Fondation Beyeler, c’est comme aller à un rendez-vous d’amour, le cœur palpite, cheminant dans le sentier arrière de la Fondation, comme pour un pèlerinage, pressé de pénétrer dans le lieu, savourant à l’avance le plaisir que l’on sait trouver dans l’endroit. En revenir par le même sentier, rempli de l’émotion de la visite, se remémorant l’exposition, prolongeant indéfiniment le plaisir.
A force d’y aller, je crois que les œuvres m’appartiennent, je m’y sens comme chez moi.
Lorsqu’une œuvre de l’immense collection est absente pour un moment, je m’inquiète : aurait-elle été vendue ?
Dans ma naïveté et mon attachement je me suis enquis, à Art Basel, en voyant les oeuves phare exposées, auprès d’Ernst Beyeler, fondateur d’Art Basel, si elles étaient en vente. Jamais me répondit-il,
« c’est juste pour le plaisir des yeux« .
C’est aussi la Galerie Beyeler, au 9 de la Baumleingasse, de Bâle, avec ses expositions thématiques temporaires, qui fut vendue par la volonté d’Ernest Beyeler, après son décès.
Merci à lui de nous avoir permis d’accéder à son immense collection, choisie avec tant de discernement, de ne pas l’avoir enfermée égoïstement dans un coffre ou dans la zone franche de Genève. Merci de tout cœur.
Sa dernière apparition parue dans la presse régionale a été à l’occasion de la visite de Frédéric Mitterrand.
L’histoire. Parallèlement à leur importante activité de galeristes, les collectionneurs Hildy et Ernst Beyeler ont rassemblé au cours d’une cinquantaine d’années des œuvres particulièrement représentatives de l’art moderne. En 1982, la collection fut transférée en fondation et présentée au public pour la première fois dans son ensemble, en 1989, au Centro de Arte Reina Sofía à Madrid. La collection comprend aujourd’hui environ 200 tableaux et sculptures, témoignant d’un regard à la fois personnel et connaisseur sur les grands classiques de l’art moderne.
L’édifice a été conçu par l’architecte italien Renzo Piano. Outre des œuvres de Cézanne, Picasso, Rousseau, Mondrian, Klee, Ernst, Matisse, Newman, Bacon, Dubuffet, Baselitz et autres, la collection comprend vingt-cinq pièces représentant les arts d’Afrique, d’Alaska et d’Océanie et entretenant un dialogue étroit avec les peintures et sculptures de l’art moderne.
Jean Planque fut le collaborateur d’ Ernst Beyeler, lui servant d’intermédiaire pour accéder à Picasso entre autres a réuni une belle collection. (voir le billet)
Le musée n’entend pas seulement abriter ses précieux chefs-d’œuvre, il se veut lieu public d’innovation. Un tiers des 3800 m2 de la superficie totale est donc réservé aux deux à trois expositions temporaires qui se tiennent chaque année. Le but de ces expositions est d’élargir la collection et d’en repousser les limites temporelles en instaurant un dialogue vivant avec le présent.

En vadrouille

Si vous me cherchez je suis dans ces parages :

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photo Internet

Valentin

Valentin vient de valorem tenens ou encore valens tiro, soldat vaillant
(la légende dorée, Jacques de Voragine)

Le nom qui est d’origine latine signifie « qui va bien, qui est sain, fort »
Evèque et martyr il vécut au III e s. Il est le protecteur des Amoureux et des épileptiques . La croyance en sa protection particulière des amoureux est née au Moyen Age, du fait que l’on pensait que les oiseaux commençaient à nidifier le 14 février jour de sa fête. Son culte est diffusé dans la Haut Moyen Age, en Italie et en France, puis large diffusion en Allemagne, d’où provient quasi exclusivement son iconographie.

Il semble que peuvent être réunis en une seule et même personne les deux Valentin commémorés le 14 février. Le prêtre romain fut décapité en 268, sous l’empereur Claude II le gothique, pour avoir converti le préfet Astère et sa famille en guérissant sa fille aveugle depuis l’âge de deux ans. Il fut enseveli au bord de la via Flaminia, où le pape Jules 1er construisit plus tard une basilique Santa Maria del Popolo. jacopo-bassano-san-valentino-1575.1266018598.jpg
Quant à l’Evèque Valentin, il fut décapité en 273, pendant les persécutions de l’empereur bartolomaus-zeitblom-sanvalentino1.1266018703.jpgAurélien. Venu à Rome sur l’invitation du philosophe Craton, qui avait appris ses dons de Thaumaturge, Valentin guérit son fils à la condition que toute sa famille se convertit. A cause de quoi il fut d’abord emprisonné, puis, refusant de sacrifier aux idoles, roué de coups et enfin décapité. Son corps fut recueilli par ses disciples et emporté à Terni, sur la via Flaminia.
Ce sont donc l’identité des noms, la coïncidence des lieux de sépulture et la similitude des martyres qui conduisirent à confondre des deux Valentin en un seul et même saint.

guide des Arts

images Internet

Jacopo Bassano,
St Valentin baptisant Ste Lucie

Bartolomaus Zeitblom
St Valentin guérissant un épileptique

Vanités

« Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. »

img_2642.1265850278.jpgDans l’Ecclésiaste le mot vanité est utilisé dans son acception plus ancienne et plus littéraire de « ce qui est vain », c’est-à-dire futile, illusoire, vide, de peu d’impact, voire sans aucune réalité.  Tout avantage possible de la vie est anéanti par l’inéluctabilité de la mort.
Si le terme « vanité » désigne en premier lieu les natures mortes qui ont prospéré à l’époque baroque, il s’applique de façon plus large à toute représentation de la dépouille humaine – crâne, squelette, – ayant pour fonction de rappeler le caractère fondamentalement vain de l’existence, sa fragilité, sa fugacité, face à l’irréductible réalité de la mort. (
Manuel Jover ) indélicatesse et non professionnalisme réparés.
Permettez-moi de vous renvoyer à l’à propos de mon blog, sur la droite sous la photo, qui explique la position d’un blogueur dilettante, qui n’a surtout pas de prétention professionnelle.

L’image du crâne conforte brutalement le spectateur à son destin, sans détour, sans discussion possible. Souviens-toi que tu vas mourir ou Memento Mori est le thème d’une splendide exposition au musée Maillol à Paris, jusqu’au 28  juin 2010.
« L’image du crâne n’est jamais anodine. Qu’elle relève de la superstition, de la peur, d’une provocation absolue, d’une manière de conjurer la mort ou de l’ignorer, elle reste dérangeante », assure Patrizia Nitti, directrice artistique du musée Maillol. Frappée par la prolifération des têtes de mort dans les domaines de l’art, de la mode ou encore de la publicité, mais
aussi sous le charme d’une collection particulière de vanités contemporaines, cette dernière a oeuvré, avec le concours d’autres baque-de-reine.1265851301.jpgcollaborateurs, à l’importante exposition qui se tient au musée Maillol jusqu’au 28 juin.

Baptisée :« C’est la vie ! Vanités de Caravage à Damien Hirst »,
elle réunit 170 pièces autour du thème de la mort, et autant de noms illustres : mosaïque polychrome de Pompéi (1e s après JC), tableaux du Caravage, montrant St François en méditation tenant un crâne (1602) à un autre St François avec capuche de Zurbaran (1635), les Totentanz dans les petits livres de Holbein le Jeune. Il y a aussi un anguleux jeune homme de Bernard Buffet, à côté d’une table basse supportant  un bougeoir et un crâne. Mickey Terminator de Nicolas Rubinstein, Mikets en hébreu signifiant fin.
 De Géricault à des  vanités modernes signées Cézanne, Braque et Picasso, en passant par Warhol et Basquiat, mais aussi sculptures, bijoux…

La mort nous va si bienchapmann.1265851031.jpg
Une place de choix est accordée aux artistes contemporains, parmi lesquels un des plus médiatiques et controversés, Damien Hirst, qui expose For the Love of God, Laugh, sérigraphie avec poussière de diamant réalisée à partir d’une photographie du fameux crâne en platine et diamants créé en 2007.  Le premier métier, d’embaumeur de cadavres de DH l’ayant conditionné pour la suite  de sa carrière, lui a permis de produire des œuvres absolument remarquables.
 Figurent également dans la sélection les spécimens de Philippe Pasqua (Crâne aux papillons), Jan Fabre (L’Oisillon de Dieu), Annette Messager (Gants-tête) et Xavier Veilhan (Crâne, version orange) bof,  les photographies de Cindy Sherman (Untitled) et Marina Abramovic (Carrying the Skeleton I), Daniel Spoerri, la liste est infinie, ou encore quelques vidéos… Sans oublier l’artiste dont on parle dans l’actualité, Christian Boltanski et son théatre d’ombres, provenant de l’époque baroque, une peinture très sobre de Gerhard Richter.
boltanski-theatre-dombres.1265850880.jpg  Un véritable parcours à travers les disciplines et les époques successives, aux prises avec des interrogations différentes. Du memento mori, réflexions sur la fragilité de la vie et le temps qui passe, Vanité ou Allégorie de la vie humaine de La Madeleine pénitente (copie) de Georges de La Tour  aux mouches de Damien Hirst ou aux vers des frères Chapman, Étranges, dérangeants, voire effrayants, ne sont pas simplement des oeuvres d’art, mais aussi des chefs-d’oeuvre  techniques, dotés d’une vraie portée philosophique ou intellectuelle. Je ne peux que vous encourager à vous y plonger, mon enthousiasme provient de mon côté « morbide »… car dans le monde Philippe Dagen n’est pas très enchanté de cette exposition, vous pouvez lire son article dans les commentaires, évidement le monde des blogueurs lui emboîte le pas !

images provenant du catalogue de l’exposition

Frédéric Mitterrand à la Kunsthalle de Mulhouse

Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, est venu à Mulhouse, hier matin, samedi 6 février, pour une rapide visite. Il a eu l’occasion de découvrir la Cité de l’automobile, le tramway décoré par Christian Lacroix, la Kunsthalle, et de prendre contact avec un paysage urbain mulhousien marqué par l’imbrication de l’art contemporain dans la ville. Le ministre s’est rendu ensuite à Riehen, dans le canton de Bâle-Ville, pour découvrir la nouvelle exposition du Douanier Rousseau
Voilà ce que relatait l’Alsace le Pays le 7/2/2010
En effet il est venu à la Kunsthalle, après avoir visité l’incontournable musée national de l’automobile, entouré d’un aréopage empressé, qui l’a conduit presque directement devant la Fontaine de Trevi » que Mandla Reuter  montre à Mulhouse, – dans le 3e volet de l’exposition dont Lorenzo Benedetti est le commissaire, « les sculptures meurent aussi » – dans le « continuel processus de dématérialisation qui nous entoure »

Mais Frédéric Mitterrand a foncé droit devant lui, me serrant la main au passage (aurait-il lu mon billet à son sujet, m’a t’il reconnue ? pourtant j’ai changé ma photo -;) pour qui m’a t’il prise ? *) le public ébahi, les officiels affolés ont cru à une subite faim indomptable, Fredo assez mal élevé pour snober notre si belle Kunsthalle, pour se jeter sur le buffet ?
Que neni, en homme de goût et de culture il voulait se rendre compte par lui-même de l’effet produit lorsque l’on pénètre par l’entrée des visiteurs lambda dans notre centre d’art contemporain. Admiratif, il a contemplé l’espace, puis les discours se sont enchaînés.
Ecoutez le discours de Frédéric Mitterrand en cliquant sur la flèche verte :
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Tous brefs, menés tambour battant, avec une remise de cadeau, dont on n’a pas vu la couleur, une toile d’après l’emballage, que le ministre se réserve la surprise de déballer plus tard dans l’intimité de sa suite. Avait-il peur, lui si réactif, que nous lisions la stupeur sur son visage, a t’il été surpris par la teneur de l’exposition minimaliste « les sculptures meurent aussi » ?
Monsieur Bockel, ministre,  secrétaire d’État auprès de la ministre de la Justice et des libertés et maire de notre bonne ville, lui présenta les 2 artistes majeurs de notre cité :


Robert Cahen, artiste vidéaste
et
Bernard Latuner , peintre.
Puis nous avons tous été conviés au buffet fort sympathique, alors que Frédéric Mitterrand avait déjà fui vers la Suisse du côté de chez Beyeler, pour rencontrer Samuel Keller, directeur de la Fondation et Ernst Beyeler son fondateur dans le cadre de l’exposition Henri Rousseau.
* De ds Ms, m’a rassurée Jacques Chirac lui a fait le même coup au musée du Quai Branly, serrage de main alors qu’elle était perdue dans le public, est-ce une méthode pour abréger les effusions et écourter les réunions ?
photos de l’auteur