Decko – Voyage à travers la matière


Decko, non ce n’est pas d’une publicité pour décorer votre maison, dont je vais vous entretenir, je vais vous parler d’un artiste totalement atypique. André Baldeck, connu sous le pseudo de Decko est un personnage arrêté dans le temps, resté fidèle à son art. Son oeuvre s’inscrit dans une démarche d’englobement, de quête d’un universel. Comme il le dit lui-même,  »tout est dans tout » de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de l’être intérieur à l’homme universel.

melodies-cosmiques.1262814650.jpg

 Depuis sa première exposition, dans son village en 1972 alors qu’il était encore élève des Beaux-arts, l’artiste a parcouru un long chemin.  A bicyclette pour commencer, avec des oeuvres basées sur la performance dans les années 1980. A cette époque, Decko a parcouru 12 000 kilomètres, sous forme de voyages en portant un message de paix aux peuples, dans des endroits où on n’a pas l’habitude d’aller seul, dans  des pays  européens en 84, le tour de la Méditerranée en 86. Pendant 3 mois, la Libye et le Liban exceptés, d’Alexandrie, un passage de Jordanie en Israël, passage négocié par les militaires d’Aman à Jérusalem, à la Grèce etc,  son message de paix porté dans les capitales,  son intention ambitieuse était, de relier les communautés judéo chrétiennes et musulmanes qui s’opposent.
La démarche solo reconnaît-il permet d’être ouvert et d’avoir le contact plus facilement. Son corps étant son matériau, sa machine, son outil, c’est ainsi qu’il a effectué sa performance.
carnet-de-route-decko.1262814263.jpgA son retour il a travaillé ses voyage sous forme de traces de pneu,  des bouts de caoutchouc sculptés réalisés
sous forme de structure. Il a reporté les traces qui collent à la roue, sur des grands et petits formats, en y incluant des noms, des jeux de mots, le nom des capitales traversées, le mot de paix en écriture grecque, cyrillique, arabe, avec des signes, comme la croix,  qui se transforme en T, l’Ank égyptien, arabe,  l’étoile de David, des petits signes chinois ou japonais, des petits hommes, une bicyclette etc… une sorte de bande dessinée, un phylactère, un télétexte. decko-2-medium.1262814588.jpgUn autre aspect de son travail, consiste à peindre, à remettre en scène des paysages,  comme des nacres,  sans accorder une réelle importance aux couleurs, elles trouvent leur accord d’elle-même, ce qui oblige le regard à rentrer dans les détails. Toiles d’encre et  d’aquarelle, travail délicat, spontané, comme une fleur, monde minéral, végétal, des volutes infinies, des toiles fleurs. Pour les petits formats il se sert de plume de bécasse comme les moines copistes,
La peinture à l’huile,  il la considère comme un travail parallèle,(1982), acrylique (2002), il passe invariablement selon les moments de l’huile à l’acrylique.
Decko, un personnage, discret, secret, charismatique à découvrir absolument.

photos et vidéo de l’auteur sauf la photo 1 courtoisie de Decko, que je remercie pour son aimable accueil

Chefs d'oeuvre du musée Von Der Heydt au musée Marmottan

Le Musée allemand Von-der-Heydt de Wuppertal (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) et le Musée Marmottan-Monet, à Paris, ayant conclu un accord, chacun accueille une cinquantaine d’oeuvres prêtées par l’autre. Des Monet sont partis en Allemagne. En échange, Marmottan présente une anthologie des avant-gardes allemandes de la première moitié du XXe siècle et ceci jusqu’au 20 février 2010
Trois ensembles se distinguent : celui du groupe Die Brücke (« le pont »), fondé à Dresde en 1905, et dont Ernst Ludwig Kirchner fut le héros ; celui du Blaue Reiter (« le cavalier bleu »), qui s’est créé à Munich en 1911 autour de Vassily Kandinsky et de Franz Marc ; et, dans les années 1920, la nouvelle objectivité, qu’incarne Otto Dix.
D’emblée on est saisi par la profusion, presque l’agression des couleurs,  des nuances d’orange et de rouge, des tourbillons de courbes bleues, des ciels jaunes pâles, des obliques outremers, des triangles coupants. La raillerie, l’ironie, le sacrilège sont sous-entendus. C’est une occasion rare d’admirer des toiles de premier plan.
Voici ce qu’en dit Philippe Dagen
 » Pour Kandinsky, Jawlensky, Marc ou encore August Macke, la couleur est exaltation. Lyrique, panthéiste, elle célèbre les filles fleurs, les couchants, une nature pure. Ces peintres sont beaucoup plus proches de Monet, qui les reçoit, que ne le sont Kirchner et les siens, qui se placent sous l’autorité d’Edvard Munch. Opportunément, celui-ci ouvre le parcours : un terrible portrait de jeune fille vêtue et chapeautée de rouge, allégorie de l’angoisse. « 

munch.1262731646.jpgEdvard Munch (1863-1944)Jeune fille au chapeau rouge, vers 1905
« La concentration expressive et tendue de la forme et les couleurs saturées à dominantes rouge et noir confèrent à ce portrait d’enfant un sentiment d’angoisse et une évocation particulièrement pessimiste et inquiète dela destinée humaine. (…) Ce portrait peint avec une extrême économie de moyens témoigne d’une grande hardiesse plastique. » [Christine Poullain]



Un vrai choc :
Emil Nolde (1867-1956) Le Pont, 1910nolde.1262731850.jpg
Un pont qui, pourrait être peint par Monet, où les violets du pont et les jaunes de l’eau se juxtaposent comme dans une leçon sur les couleurs complémentaires, un parapet bleuté, sous un ciel rose, avec des flammèches rougeoyantes parsemé de bleu, qui forme une perspective avec l’eau dans les mêmes pigments , le vert de la forêt et le rivage
 
À la Beauté , 
« L’Hommage à la Beauté d’Otto Dix, tableau de 1922, met en spectacle avec ironie cette défaite et cet effacement de l’Expressionnisme. Le peintre en personne est au centre. Costume élégant, toilette soignée. Ce dandy tient dans une main l’écouteur d’un téléphone. Arrière-fond, un décor artificiel de style néo-classique, avec un salon de danse où un musicien noir rythme du jazz à la batterie. »
 [Lionel Richard)à la laideur
Otto Dix (1891-1969) Leonie, 1923 est une lithographie en couleursotto-dix-leonie-litho.1262732668.jpg
L ’image est une caricature, Léonie est laide, c’est du pur réalisme, le visage est détaillé au scalpel, sans complaisance, de savant glacis et rehauts rouges  en font un portrait saisissant annonciateur des troubles à venir.




Kees Van Dongen (1877-1968)
Nu de jeune fille, 1906
 « Ce tableau montre une femme nue, de face, à mi corps, dont la nudité sensuelle et librement dévoilée est mise en valeur par une lourde chevelure qui la révèle et l’encadre, peinte dans des accords chromatiques audacieux bleu sombre et rouge, qui contrastent avec la clarté lumineuse du corps aux formes généreuses et à l’insolence heureuse. » [Christine Poullain]kees-van-dongen.1262732846.jpg
Alexej von Jawlensky (1864-1941)
Les Yeux noirs, 1912
 « Die Schwarzen Augen montre en miroir dans un visage dessiné par de larges cernes noirs comment l’artiste met en correspondance la réalité du monde extérieur et sa vision intérieure. Libéré de tout élément accessoire, le visage de la femme aux yeux noirs n’exprime que le nécessaire, impérieux semble-t-il, son regard tendu et profond renforcé par le rouge des joues, le jaune du front, devenu sujet même du tableau. » [Christine Poullain]
Alexej von Jawlensky (1864-1941) Jeune fille aux pivoines, 1909
alexis-jawlenski.1262732986.jpg « Mädchen mit Pfingstrosen montre le portrait à mi-corps d’une femme à l’expression méditative, la tête légèrement penchée sur le côté, les yeux mi-clos. La couleur de sa veste et de son chapeau posée en larges touches et hachures rouge vif semées de petits points noir et blanc entre en harmonie dissonante et puissante avec le vert jaune de son visage et de ses avant-bras et le vert acide du fond. Il émane de ce portrait aux tons stridents, et de manière paradoxale, une intériorité silencieuse qui évoque fortement la nécessité spirituelle prônée par Kandinsky. » [Christine Poullain]

–––
Il faudrait tous les citer, Kandinsky, Pechstein, Nolde, Jawlensky, Münter, Marc et Macke, Felixmüller, Dix et Grosz, Max Beckmann, Delaunay, Karl Schmidt-Rottluff, Eberslöh, Oppenheimer, Kees van Dongen, Heckel, Dufy, Müller, Kokoschka, Kirchner, Morgner, Georges Braque, qui nous enchantent et nous abreuvent par le lyrisme des couleurs
A l’origine du musée se trouvent les collections privées de deux cités prospères de la sidérurgie et du textile, Elberfeld et Barmen, qui fusionnent en 1929 seulement pour fonder Wuppertal. En achetant largement, en organisant des expositions, en conjuguant leurs forces, les banquiers von der Heydt et les industriels locaux défendent très tôt l’art de leur temps. Ils exposent même les Munichois du Blaue Reiter dès 1910, avant la fondation du mouvement. Rien d’étonnant : à Essen, Düsseldorf ou Cologne, il en va de même. Les collectionneurs, dans l’empire de Guillaume II, sont infiniment plus actifs et avant-gardistes que ceux de notre IIIe République – y compris pour ce qui est du postimpressionnisme et du fauvisme parisiens. En 1914, il y a des Dufy, des Van Dongen et des Braque à Wuppertal. Il n’y en a pas un dans un musée français.
Cette tendance se maintient constamment jusqu’en 1933. Le nazisme lui est fatal. Il y a d’abord les saisies de la campagne contre l’art dit « dégénéré », puis les destructions de la guerre. Insultes, pillages, bûchers : de 1937 à 1945, le Musée de Wuppertal perd 1 680 oeuvres, dont 531 sont détruites.
Dès 1910, longtemps avant qu’Elberfeld et Barmen ne soient réunis pour former la ville actuelle de Wuppertal, le musée d’Elberfeld et le Barmer Kunstverein commencèrent à exposer et collectionner les oeuvres des expressionnistes et de leurs successeurs. Des dons importants de collectionneurs privés, au premier rang desquels August et Eduard von der Heydt, vinrent enrichir ces fonds. En dépit des nombreuses pertes occasionnées par les confiscations d’oeuvres « dégénérées » par le régime nazi en 1937-1938, l’actuel musée Von der Heydt peut s’enorgueillir, grâce à des dons et acquisitions significatives, de posséder à nouveau une collection exceptionnelle d’art expressionniste. Les oeuvres des représentants de la Nouvelle Objectivité constituent un autre point fort des collections. (source musée marmottan)

Louvre pour tous


Voici comment j’ai croisé Bernard HASQUENOPH en le titillant sur les critiques de son blog.
–  Qui êtes-vous – louvrepourtous :  journaliste, syndicaliste, ou ou ou …..un truc en iste ?
– Voici sa réponse :
« Agitateur de musées depuis 2004, Graphiste ! J’ai lancé LOUVREPOURTOUS , fin 2004 quand le Louvre a voulu supprimer la gratuité pour les artistes dont je fais partie par mon statut, ce qui me semblait assez délirant de la part d’un grand musée. Et j’ai continué à m’intéresser aux questions tarifaires et pratiques commerciales des musées publics.
  je me moquais un peu de lui parce qu’il a mis en avant sur facebook le fait d’avoir été distingué par le Parisien.
Ce n’est pas moi qui vais me plaindre de la critique que j’estime nécessaire dans tous les domaines car elle est signe de vitalité démocratique. Dans les critiques, il y a de tout, des hâtives, des fondées, des injustes, des méchantes… comme dans l’art.
Etre distingué par Le Parisien m’intéresse moins pour moi que pour les causes que je défends, c’est pour cela que je mets cet article en avant.

Aussi les sujets d’actualité culturelles  aussi brûlants ne pouvait que trouver droit de cité sur mon blog à moi, aussi vous pourrez le retrouver à droite dans la liste « blogroll » au même titre que les « blogs amis » tous en liens accessibles au moyen d’un simple clic

Présentation (source Louvre pour tous)


jocondex4.1262474241.jpgLouvre pour tous… Qui suis-je ?
Depuis 2004, Louvre pour tous informe et défend les visiteurs des musées
 
© Louvre pour tous
01.01.2008 | LOUVRE POUR TOUS a été créé fin 2004 par Bernard Hasquenoph, graphiste vivant à Paris, pour protester contre la suppression par le musée du Louvre de la gratuité accordée traditionnellement à certaines catégories socio-professionnelles comme il est d’usage dans tous les musées nationaux.
A l’issue de cette mobilisation qui a réuni de nombreuses organisations, seuls les artistes et critiques d’art ont été réintégrés dans leur droit, pas les enseignants ni les étudiants d’art à l’étranger.
Ces revendications catégorielles ont révélé la marchandisation progressive des grands musées. Elle a permis d’ouvrir le débat sur une gratuité pour tous, voulue par la Révolution française et appliquée en France jusqu’en 1922.
Depuis 2004, l’idée a fait son chemin, dépassant les clivages gauche-droite, défendue tant par le PCF que par l’UMP. Promesse électorale de Nicolas Sarkozy en 2007, la mesure a été enterrée par sa plus farouche adversaire, la ministre de la Culture elle-même, Christine Albanel, ex-dirigeante du Château de Versailles pour aboutir à une gratuité ciblée pour les jeunes de 18 à 25 ans, uniquement ressortissants de l’Union Européenne et pour les professeurs uniquement de l’Education nationale. Nous restons favorable à une gratuité pour tous, si tant est qu’elle soit accompagnée de véritables mesures d’accompagnement.
LOUVRE POUR TOUS se veut être un observatoire des pratiques des musées publics, s’attachant à en dénoncer la dérive marchande : part de plus en plus importante du mécénat pour le meilleur et pour le pire, location d’espace privatisant l’espace public, merchandinsing douteux, tarification excessive…
Les musées publics encouragés par l’Etat à rechercher par eux-mêmes des sources de financement adoptent peu à peu les pratiques des entreprises privées, au détriment parfois de leurs missions premières : conserver, faire partager au plus grand nombre et transmettre aux générations futures notre patrimoine.
LOUVRE POUR TOUS se veut donc une base inter-active d’informations, un observatoire des pratiques, un outil de vigilance et de mobilisation pour défendre le service public des musées.
© Louvre pour tous / Interdiction de reproduction sans l’autorisation de son auteur

:: Louvre pour tous | 1er.01.2008

 

avec l’autorisation expresse de Louvre pour tous 2 janvier 2010

Voeux

A tous mes lecteurs du monde entier, j’adresse mes remerciements pour leur passage et je leur souhaite :

voeux.1262216958.jpg

visiteurs-dans-le-monde.1262217059.jpg

 une EXCELLENTE ANNEE 2010 !! º°¨°º¤ø °¨♥¨°º¤ø ¸„ø¤º°¨♥¨°º¤ø,HAPPY NEW YEAR !!¤ø ¸♥„ø¤º°¨♥¨°º¤ø ø¤º°¨♥¨°º¤ø ¸„ø¤FELICE ANNO NUOVO !!°¨°º¤ø ¸„ø¤º°¨♥¨°º¤øС Новым Годом !!¸„ø¤º°¨♥¨°º¤ø,„FELIX ANO NUEVO !!¤ø ¸„ø¤º°¨♥¨°º¤ø ø¤º°..♥..GODT NYTT ÅR !!♥vº°¨¨°º¤ø °¨♥¨°PROSIT NEUJAHR !!¨°º¤ø °¨♥¨°

2010.1262217195.jpg

photo voeux 2010 Patrick Bailly Maître Grand

Sommaire de décembre 2009

01 décembre 2009 : I am back
03 décembre 2009 : St’Art – Ann Loubert
04 décembre 2009 : Anne-Sophie Tschiegg – le blog
05 décembre 2009 : Regionale 10 – Et si la Regionale était un pays
08 décembre 2009 : Ivan Fayard au T 66 Fribourg Allemagne Regionale 10
11 décembre 2009 : Anish Kapoor à la Royal Academy of Arts de Londres
14 décembre 2009 : La confusion des Sens à l’espace Vuitton 
16 décembre 2009 : Colin-maillard à la Kunsthalle de Mulhouse
18 décembre 2009 : Ausstellungsraum Klingental Basel
20 décembre 2009 : Regionale 10 FABRIKculture Hégenheim
22 décembre 2009 : Ordre hasard et déchirures – Gérard Blériot
24 décembre 2009 : Rivalités à Venise
25 décembre 2009 : Nativité
27 décembre 2009 : Robert Rauschenberg au Musée Tinguely

Robert Rauschenberg au musée Tinguely

bac-traversee-du-rhin-baselmedium.1261443576.JPGAller au musée Tinguely, est un plaisir sans nom, un cheminement vers l’art. Depuis le Schifflände, vous empruntez un petit chemin qui grimpe à travers des boutiques anciennes, aux vitrines de scribes, qui présentent des plumes anciennes, des plumes d’oies authentiques, des encriers de collections, dans le quartier de l’ancienne université de mathématiques, aux villas bourgeoises, à la hauteur de la cathédrale, gothique comme la cathédrale de Strasbourg,bale-05-06-2009.1261443351.JPG vous descendez les hautes marches des escaliers, pour aller jusqu’à l’embarcadère situé en contrebas, au bord du Rhin. Là vous prenez le bac, qui à la force du courant, par un ingénieux système de filin, vous transporte sur l’autre rive. Puis vous cheminez au bord du Rhin, en croisant, joggueurs, poussettes, amoureux, passants, arrivés au Parc de la Solitude, une sculpture de Niki de St Phalle, puis le bassin avec la fontaine de Tinguely, vous avez le choix,  vous faites une pause au bistrot chez « Jeannot » (entendez par là Tinguely) pour attaquer de pied ferme le musée Tinguely.
 L’exposition actuelle est consacrée à Robert Rauschenberg et à sa complicité avec Jean Tinguely et Niki de St Phalle.
«J’éprouve de la sympathie pour les objets abandonnés, je fais donc de mon mieux pour les sauver.»

Rauschenberg nourrissait de fait une affection viscérale pour ce type de détritus.
Le rauchenberg-the-door-medium.1261441958.JPGMuseum Tinguely présente jusqu’au 17 janvier 2010 une série d’œuvres en métal peu connues de Robert Rauschenberg. Adepte du recyclage, Rauschenberg a inventé de nouvelles manières d’utiliser ce que les autres jettent au rebut, donnant aux détritus une seconde vie extrêmement révélatrice. Dans son studio jonché d’objets disparates, il a choisi une approche sans détour en créant les Gluts (1986–89 et 1991–95), sa dernière série de sculptures. Pendant près de dix ans, Rauschenberg s’est régulièrement rendu au Gulf Iron and Metal Junkyard, situé non loin de chez lui, près de Fort Myers, en Floride, dans le but d’y collecter des éléments métalliques comme des panneaux de circulation, des pots d’échappement ou des grilles de radiateurs. Il a ensuite incorporé ces éléments à ses assemblages poétiques et pleins d’humour, où l’ensemble devient plus important que la somme des parties.
L’exposition a été organisée par la Collection Peggy Guggenheim à Venise, où elle fut montrée pour la première fois pendant l’été 2009. Elle rend hommage à cet artiste de génie un an après sa mort. Le commissariat de l’exposition a été assuré par Susan Davidson, conservatrice au musée Guggenheim de New York, et David White, conservateur à l’Estate of Robert Rauschenberg. Parallèlement à Gluts, le Musée Tinguely présente une exposition consacrée à la collaboration entre Robert Rauschenberg et Jean Tinguely au début des années 1960.
A propos de la série Gluts, Susan Davidson raconte que, dans les années 1980, le travail artistique de Rauschenberg s’est de plus en plus orienté vers l’exploration des propriétés visuelles du métal. Qu’il s’agisse d’assembler des objets métalliques glanés à droite, à gauche ou d’expérimenter de nouvelles manières de sérigraphier ses photographies sur des supports en aluminium, en acier inoxydable, en bronze, en laiton ou en cuivre, Rauschenberg cherchait à exploiter les possibilités des matériaux: réflexion, texture, sculpture et développement de thématiques diverses. Les premières œuvres créées dans cette nouvelle matière sont les Gluts. La série a été inspirée par une visite à Houston à l’occasion de l’exposition « Robert Rauschenberg, Work from Four Series: A Sesquicentennial Exhibition », organisée au musée d’Art contemporain de la ville.rauschenberg-money-thrower-for-tinguely.1261442129.JPG Au milieu des années 1980, l’économie du Texas était en pleine récession en raison d’une surabondance (glut en anglais) de l’offre sur le marché pétrolier. Rauschenberg a pris conscience de la misère économique de la région tandis qu’il collectait des panneaux de stations essence et des éléments automobiles et industriels endommagés qui jonchaient le paysage. À son retour à son studio, sur l’île de Captiva, en Floride, il a transformé ces détritus métalliques en reliefs muraux et en sculptures qui rappellent les pièces des Combines. Lorsqu’on l’interrogeait sur la signification de Gluts, Rauschenberg répondait:

«Nous vivons à une époque de surabondance. L’avidité est sans limite. Je ne fais que l’exposer, j’essaie de réveiller les gens. Je veux simplement confronter les individus avec leurs ruines […] Les Gluts sont des sortes de souvenirs sans nostalgie. À mes yeux, elles doivent permettre aux gens de regarder tout objet du point de vue des potentialités qu’il contient.»

rauschenberg-snow-crac-crystal.1261442277.JPG

Rauschenberg a choisi ces objets non seulement pour leur dimension quotidienne, mais aussi pour leurs propriétés formelles. Pris individuellement ou collectivement, ces matériaux constituent la base même de son langage artistique.
photos de l’auteur

Nativité

Joyeux Noël à mes lecteurs

carav_aanb_herders.1261701340.jpg

Le Caravage l’Adoration des Bergers

Rivalités à Venise

Cette remarquable exposition me ramène avec plaisir à mon récent séjour à Venise, entre autre à la Scuola  Grande San Rocco, véritable chapelle sixtine peinte par Jocopo Tintoretto. Mais il ne faut pas s’y tromper, les toiles n’ont pas été décrochées des églises et musées vénitiens, à part quelques unes, mais proviennent du monde entier. C’est ce qui en fait son intérêt.
Je ne m’étendrai pas sur l’intégralité de l’exposition, le mini-site du Louvre étant fort bien construit, l’exposition elle-même fort bien présentée, avec un audio-guide « intelligent » qui vous guide à travers les diverses salles et grâce auquel rien ne vous échappe ou presque de cette merveilleuse exposition.
Deux toiles ont un été un vrai coup de cœur pour moi, 2 sujets récurrents dans l’histoire de l’art :
Sous le titre la femme désirée, le nu féminin à Venise :
Le nu féminin est un des thèmes les plus représentatifs de la peinture vénitienne du XVIe s. Ce genre trouve son origine dans les images de femme à la beauté idéale peintes par Giovani Bellini et Giorgione au début du siècle (rien à voir avec les femmes grasses, cellulitiques de Renoir vues au Grand Palais)
La femme nue apparaît aussi bien dans des scènes historiques que dans les images où son corps étendu, offert à la contemplation, devient le sujet principal du tableau. Ce thème érotique devient incontournable pour tous les peintres vénitiens ou étrangers dans la lagune.
Titien triomphe dans ce genre sensuel, et ses nus sont recherchés par les cours princières d’Europe. Ses mythologies peintes pour Philippe II d’Espagne montrant le corps féminin dans des positions variés servent de modèles. Véronèse les transpose dans un style serein et mesuré, tandis que Tintoret leur confère un caractère énergique souvent empreint d’ironie. Bassano, moins intéressé par ce sujet cherche à saisir le mouvement instantané et la vérité psychologique de l’événement.
titien-danae.1261446626.JPG
Danaë recevant la pluie d’or, accompagnée de sa servante cupide, du Titien, oeuvre déjà vue au Prado.
Acrisios, le roi d’Argos, enferma sa fille, engendrée avec Eurydicé, dans une tour de bronze. Il avait appris d’un oracle que le fils de celle-ci allait le tuer. Zeus la rejoindra sous la forme d’une pluie d’or et lui donnera un fils du nom de Persée. Acrisios jettera l’enfant et sa mère à la mer, enfermés dans un coffre qui échouera sur l’île de Sériphos. Le frère du roi, un pêcheur nommé Dictys (filet), les sauvera et leur offrira le gîte et le couvert. Le roi de l’île de Sériphos, Polydectès, tentera de tuer Persée qui protégeait Danaé dont il était amoureux. Il demandera au jeune homme lui ramener la tête de la Gorgone Méduse au titre du tribut qu’il devait lui verser. Il emmurera Danaé dans un sanctuaire sans nourriture, jusqu’à ce qu’elle accepte de l’épouser. Persée, rentré l’année suivante avec sa femme Andromède, libérera Danaé à temps et pétrifiera le roi et sa cour grâce à la tête de la Gorgone qui transformait en pierre ceux qui la regardaient. Persée confiera la royauté à Dictys et amènera sa femme et sa mère à Argos où il tuera accidentellement Acrisios. Danaé se rendra en Italie, selon Virgile, et échouera sur la côte de Latium en raison d’une tempête. Il fondera la cité d’Ardée avec les colons argiens. L’un de ses petits-enfants, Turnus, sera le rival d’Enée pour la main de Lavinia.

tintoret-suzanne-et-les-vieillards.1261446751.jpg

Ou encore Suzanne et les vieillards du Tintoret (Vienne Gemälde Gallery) est un tableau d’une beauté saisissante, A Babylone. Suzanne y est une très belle, très pieuse mère de famille, Elle se regarde dans un miroir, épiée par des vieillards lubriques qui la surprennent aux bains. Elle les repousse. Pour se venger, ils l’accusent d’adultère, de coquetterie et de provocation.  Les deux notables licencieux sont juges au tribunal religieux : ils ont donc toutes chances de la faire condamner. Mais le jeune prophète Daniel les confond en les faisant interroger séparément. Les deux lâches sont alors condamnés et lapidés.
Vous trouverez des détails sur ce blog
photo 1 de l’auteur

Ordre hasard et déchirures – Gérard Blériot

L’ordre c’est l’histoire de l’art à laquelle on n’échappe pas. C’est l’œuvre picturale dans son organisation, sa composition. C’est en particulier l’abstraction géométrique dans sa rigueur.
Le hasard c’est celui des rencontres, des rapprochements infinis d’images, de l’œil qui se pose et retient ce qu’il sélectionne.
La déchirure c’est le geste, l’expression des égratignures, des écorchures, des agressions de la réalité actuelle.
Les collages présentés à la bibliothèque  municipale tentent de concilier les trois choses.

gerard-bleriot.1261357184.jpg

C’est par ces termes que nous accueille Gérard Blériot au 1er étage de la bibliothèque, Grand’ Rue de Mulhouse et ceci jusqu’au 31 décembre 2009.
Originaire de la région de Compiègne, issu d’une famille de tisserands, attiré par le dessin dès l’enfance, il s’est orienté vers l’apprentissage de l’architecture. Après un passage dans un cabinet d’architecture, il se consacre à l’enseignement et devient professeur d’arts plastiques au lycée Schweitzer de Mulhouse.
Lorsque l’on regarde ses collages, sa formation d’architecte saute aux yeux. C’est l’évidence même dans le rythme, la sensibilité à l’espace et à la composition. Le choix des couleurs peut être assimilé au lyrisme, mais il se défend d’être un vrai lyrique. Pour GB, cela est l’expression de ce que l’on voit actuellement, tout le monde est en noir, mais aussi l’expression d’une réalité, de la société qui est la nôtre.gerard-bleriot-5.1261358274.jpg
Il découpe ses sujets dans des revues d’art, dans des catalogues, récupère dans les affiches du métro, récupère de la publicité. L’affichage sauvage étant devenu quasiment inexistant, tout est réglementé, alors que des artistes comme Villeglé ou Hains, pouvaient se contenter d’arracher des affichages existants, en les arrangeant quelque peu.
gerard-bleriot4.1261358090.jpgL’exposition d’Andreas Gursky au Kunstmuseum de Bâle l’a notamment inspiré pour ce collage, où il a introduit des photos de bijoux précieux, et intercalant au milieu de la trame, un espace représentant une grotte aux couleurs chaudes.
A côté d’une peinture acrylique, abstraite et géométrique, un collage détourné de Soulages en référence à l’exposition actuelle au MAMCS.
Un autre encore où il met en opposition le luxe de la société actuelle avec la lutte ouvrière dont on devine les lettres, avec une belle dame voluptueuse luxueusement vêtue d’une robe noire.
geard-bleriot-lutte.1261357715.jpgUn autre collage allie des carreaux de la place St Marc à Venise à des couleurs, ou l’ange de Simon Vouet dont il a gardé l’oblique des ailes et du bras, toujours dans sa recherche de géométrie.
Un autre encore nous montre des personnages de Fernand Léger, débarquant sur la lune.
Il allie le jeu des rythmes aux images d’orfèvrerie, à la géométrie, au jeu des couleurs, en modifiant grattant, déchirant, pour obtenir un ensemble qui puisse satisfaire son besoin de structure architecturale.
Une exposition de cette série de collage est prévue pour les 11/12/13 juin 2010, à St Jean aux bois près de Compiègne (vernissage le vendredi 11/6).

Grand merci à Gérard Blériot pour m’avoir accordé son attention.


photos de l’auteur avec la difficulté de la réverbération

Regionale 10 FABRIKculture de Hegenheim

L’exposition de la Régionale 10 à FABRIKculture s’articule autour de la notion de passage. La situation même d’Hégenheim, près de la frontière avec Bâle et la vocation transfrontalière de FABRIKculture donnent à ce thème toute sa raison d’être.

fabrikulture-hegenheim-2-medium.1260803151.JPG

Depuis sa création en 2003 l’association FABRIKculture devient progressivement un pôle d’expérimentation pour la création artistique contemporaine pluridisciplinaire dans la  RegioTriRhena.
Les travaux des 19 artistes sélectionnés évoquent de près ou de loin le dépassement des frontières, le changement de lieu de vie, d’environnement, de paysages, d’identité culturelle.
L’idée de passage devient un fil conducteur qui offre au visiteur la possibilité de découvrir les différents liens entre les oeuvres exposées.
Avec son architecture industrielle si caractéristique et les dimensions de sa halle, FABRIKculture se démarque sans conteste des autres lieux de la région frontalière et offre au public et aux élèves des écoles une approche différente de l’
art contemporain.
mathieu-boisaden-fabrikulture-hegenheim.1261274715.JPG
Fabrikculture se veut un espace laboratoire et lieu de production et de diffusion artistique. Sa mission est de promouvoir la jeune création en organisant des expositions et en accueillant des artistes en résidence au milieu de plus de quinze ateliers occupés par des artistes de la Regio. Tout ceci sous la houlette de Laurence Blum  présidente de l’association.
A l’entrée de la halle, le visiteur est confronté à l’installation de Pawel Ferus qui rassemble au sol 30 pièces d’enseignes lumineuses au titre évocateur «Exit».fabrikulture-hegenheim-22-medium.1260801521.JPG Il devra contourner cette
«anti-chambre» pour pouvoir appréhender l’ensemble de l’exposition.
Les petits groupes de moutons en papier, grandeur nature, de Barbarella Meier nous incitent à nous frayer un chemin à travers l’espace. Aux murs les paysages de fabrikulture-hegenheim-45.1260805952.JPGStephan Hauswirth, Mathieu Boisadan, Iris Hutteger, Hans Rudolf Fitze, Christian Schuler, Anne Wicky, se succèdent, nous offrant des approches très contrastées dans l’appropriation du thème de la nature entre fiction et réalité; tandis que la série de «Key West» de Dadi Wirz,dadi-wirz-key-west-2000.1260804725.JPG propose une vision réductrice d’un paysage topographique.
Notre regard passe d’un travail à un autre et constate l’absence de représentation d’être humain. Chez Anne Marie Catherine Wieland, Simone Wyss et Maukje Knappstein, même si le corps est à l’origine de leurs travaux, il apparaît plus fantomatique que réel. Cette impression de «présence-absence» se retrouve de manière plus sensible encore chez Lara Gysi et Andrea Hartinger qui toutes deux, en prenant le matelas comme motif, traitent de l’espace intérieur, de ce lieu de vie intime si difficile à représenter.
marion-ritzmann-wegweiser-ii-2008.1260806369.JPGIl ne s’agit pas d’abstraction mais bien souvent d’une volonté chez ces artistes de décontextualisation: Marion Ritzmann plante une pancarte au milieu de la forêt et nous autorise à faire de la publicité. Celia Sidler dans son installation au mur réunit de nombreux matériaux d’emballage de produits de consommation de provenances diverses pour niveler les identités culturelles en créant une atmosphère et en leur donnant un nouveau contenu.
On retrouve un questionnement semblable dans la série «sculpture sociale» de Corps étranger, présent au Kunstverein  de Fribourg,  (où on peut voir, au premier étage, bien en retrait sur un mur, l’image de Françoise de Robert Cahen, qui a l’air bien désorientée dans ce lieu…)
Chacune de ces photos représente l’artiste en veston, allongé dans différents contextes urbains. Ces images comme le disent leurs auteurs «interroge[nt] aussi l’identité des lieux et notre capacité à nous identifier à un lieu et à faire corps avec lui, au point de ne plus nous en distinguer.»
Et la question se repose… : Et si la Régionale était un pays?
Commissaire : Laurence Blum
Visite :
Sa/sa, 19.12., 16:00 In Anwesenheit der Künstler/en présence de quelques artistes
Adresse
60, rue de Bâle, F-68220 Hégenheim, www.fabrikculture.net, info@fabrikculture.net
Öffnungszeiten/Heures d’ouverture
Fr/ve – So/di, 11:00 – 17:00
25/26.12.2009 und/et 01.01.2010 geschlossen/fermé
photos 1 + 2 de l’auteur
3/4/5 courtoisie de la FABRIKculture