Nicolas de Staël

img_0320.1281305646.jpgLa Peinture  de Nicolas de Staël vous arrive de plein fouet, même dans le « bunker » de Gianadda à Martigny. Les photos sont interdites, mais aussi la prise de notes, par contre si vous contestez, on vous suggère de prendre des photos du 1er étage et vous pouvez garder vos notes. Je ne me suis pas fait prier, « Les musiciens », un quintette, forment l’affiche de l’exposition dont Jean Louis Prat est le commissaire, celui-ci fait partie du CA de la Fondation Gianadda (il est aussi celui de la Sammlung Frieder Burda à Baden Baden) depuis qu’il a quitté la fondation Maeght, il parcourt la planète. Les toiles présentées ici, proviennent, pour les footballeurs de la Fondation Gianadda, mais pour l’ensemble des toiles de prêteurs institutionnels publics, ou encore de nombreux collectionneurs privés, grâce au carnet d’adresses du commissaire.
– Collections Wildenstein, Philipps Washington, US, Espagne, France Pompidou, Moma, Galerie Jeanne Bucher, musée d’ Antibes, Grande Brtagne, Norvège, Suisse. (Berne et Neuchatel, Zurich).
La couleur est partout jaune, rouge vert, bleu, rose, marron, noir, éclatante, couleurs du sud.
Les œuvres éclatantes de couleurs de l’abstrait au figuratif, racontent le parcours exemplaire de Nicolas de Staël pendant les 10 dernières années de sa vie.img_0306.1281305566.jpg
NdS est entouré d’une aura de légende dès 1950, passage du ½ siècle, entre peinture du sujet et celle de l’idée, figuratif ou abstrait. Entre 1945 et 1955 sa trajectoire est menée tambour battant. Sa voie picturale sans cesse renouvelée, a une progression fulgurante, il abandonne la figuration pour aller vers l’abstrait, il impose une nouvelle trajectoire à sa réflexion. Dans un travail acharné il côtoie en permanence le doute.
« Pour moi l’instinct est de perfection inconsciente et mes tableaux vivent d’imperfection consciente, j’ai confiance en moi parce que je n’ai confiance en personne d’autre et que je ne puis en tous cas pas savoir moi-même, ce qu’un tableau est ou n’est pas et fabriquer de nouvelles constantes, avant de peindre il faut travailler beaucoup, une tonne de passion et cent grammes de patience » NdS                                                                                         clic
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De la danse impose une palette au registre plus restreint, mais d’une force rare. Des formes s’organisent dans un tressage dense dont l’éclatement central regroupe à la manière d’un bouquet noué et dénoué, des couleurs dont le choix des nuances est peu usité dans la peinture de cette époque. Dans cette composition, les plans avant eux arrières sombres ou lumineux alliés à des gris clairs et cendrés, entrelacés de verts et de bleus, déterminent des mouvements, sorte de danse abstraite. L’ampleur de cette peinture indique que NdS cherche une autre voie à la peinture, une autre posture, à l’art de son temps, malgré l’abstraction de l’après-guerre (André Chastel)
Il  utilise des moyens novateurs, une énergie peu courante, les élans de sa brosse et l’acuité du couteau se conjuguent afin de donner un pouvoir exaltant à la matière conquise, par des tons raffinés, complémentaires ou opposés (brise-lames) Eau de Vie, jour de fête jouent les plans rapprochés et larges d’une palette dont les couleurs enchâssées dans les forment, trament singulièrement et fortement ses compositions, le peintre traque la vérité, le style frontal est vif et ne s’accorde pas de repentir, tout est livré avec hâte mais avec précision et concision.img_0315.1281305608.jpg
Les mouvements sont somptueux et les subtiles superpositions des couleurs livrent les sous-couches, en harmonie chromatique, l’éclat des sous-couches est entièrement en éveil, les noirs profonds, montrent ses études et son amour de Franz Hals et de Rembrandt, qui l’accompagnent. Dans ses espaces inhabités,(Agrigente) troublants, ses terres immenses entre ciel et horizon, il frôle les limites indéfinissables du visible et de l’invisible.
Il s’empare de la lune comme il peint le soleil, rien n’est jamais calculé, mais rien n’est laissé au hasard, comme s’il avait une connivence insoupçonnée avec les couleurs,
que ce soit dans ses marines, la musique, le sportles natures mortes, ses nusson nu bleu couché sublime, ses paysages. img_0326.1281305500.jpg
une nouvelle sculpture sonore d’Etienne Krähenbuhl a fait son apparition dans le parc
photos de l’auteur grâce à la courtoise du gardien, pardon pour le nu bleu

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

5 réflexions sur « Nicolas de Staël »

  1. j’ai vu revu revu le nu couché à ANTIBES pour moi ce tableau était
    la pièce a volée!!!
    alors non elle fait partie uniquement d’un musée imaginaire.
    merci nous partageons la même passion

  2. Merci d’avoir complété mon billet, la toile le Parc des Princes est à l’honneur à Gianadda, il est difficile de parler de tout (puis le foot n’est pas ma tasse de thé) mais évidement vous parlez fort bien des footballeurs, je les ai évoqués plus haut, sans m’étendre, ils sont propriété de Gianadda.
    Il faudrait aussi parler du « Ressentiment » toile très forte aux lignes entremêlées, très marquées dans le sombre.
    Votre phrase de conclusion a été mon raisonnement, cette peinture se passe de mots, il suffit de regarder et on est happé par elle.
    Merci pour votre aimable passage.

  3.  » mes tableaux vivent d’imperfection consciente, (…) avant de peindre il faut travailler beaucoup, une tonne de passion et cent grammes de patience » (de Staël).
    Superbe phrase. Qui en dit long sur la modestie et l’exigence de l’artiste.
    Eh bien, quel festival en ce moment !
    Après Richard Deacon et ses sculptures serpentines, après Jean-Michel Basquiat et ses graffitis rimbaldiens, voilà que vous nous faites un bel article sur l’un des plus grands peintres du XXe siècle, un certain Nicolas de Staël (1914-1955).
    Bien aimé votre descriptif des oeuvres autour du mouvement des formes et des rapports, raccords ?, chromatiques.
    Quelle bonne idée de finir sur son chef-d’oeuvre  » Nu couché bleu  » de 1955. Année ultime car année de sa mort. Ce drap blanc, tel un linceul, qui vient manger les formes éthérées ; cette lutte incessante – alors que l’artiste ne la souhaitait pas – entre l’abstraction et la figuration ; et surtout ce corps féminin, frémissant de vie, mais semblant sur le retrait, sur le départ, la fuite : c’est sublime. Et c’est d’autant plus poignant que l’on connaît la suite – la fuite en avant de l’artiste : suicide par défenestration à Antibes. Si je puis dire, quelle drôle d’idée que de se donner la mort sous le soleil du Midi. Pourtant, Aznavour a chanté que la douleur, ou la pauvreté (à vérifier), est plus légère au soleil… Mais tel était le destin d’un artiste-prince comme Nicolas de Staël. Une existence parcourue tel un chemin de croix avec, par moments, des instants de grâce, des fulgurances. Fulgurance, voilà, le mot est dit.
    C’est le mot  » fulgurance  » qui me vient à l’esprit quand je pense aux effets tranchés de Staël, à ses compositions-scalpels ainsi qu’à ses aplats de couleurs qui fonctionnent comme autant de plages de solitude ; plages au sens propre, de Staël étant tourné vers Braque et la liberté des mouettes, et plages au sens de temps suspendus. De stases spatio-temporelles qui nous font chavirer le coeur et l’esprit.
    Bref, vous l’aurez deviné, j’ai beaucoup d’admiration pour ce peintre ; un écorché vif vivant sa peinture comme un absolu. Et son engagement d’artiste comme une recherche incessante de plénitude. J’aimerais aller en Suisse rien que pour ce peintre mais mon porte-monnaie du moment ne me le permet pas !!! Heureusement, j’ai toujours en souvenir la superbe rétrospective de Nicolas de Staël à Beaubourg en 2003.
    Juste un petit bémol : dommage que vous n’évoquiez point dans votre post sa série des ‘Footballeurs’ de 1952. Un peintre de son temps, c’est aussi un artiste inscrit dans son époque. Staël, après l’agréable spectacle d’un match en nocturne opposant la France à la Suède en 1952 au Parc des Princes, avait décidé de créer des oeuvres autour du foot. Ou du ‘soccer’ comme disent les Ricains. Ca a donné une vingtaine de tableautins, étudiant le rythme des couleurs étalées au couteau et des lignes brisées, pour arriver au grand-oeuvre : le  » Parc des Princes « , grande toile de 200 x 300 cm montrant un chaos de formes et de couleurs, la partie de foot s’apparentant ici à un chaos chromatique de rectangles enchevêtrés les uns dans les autres. Superbe toile parce qu’on y sent l’énergie du sport (euh, mais pas celle de nos Bleus 2010 hein !) conjuguée avec celle de l’acte créatif de l’artiste.
    Mais, j’arrête là, j’en ai trop dit. Cette peinture se passe de mots. Tout y est déjà. Il suffit de regarder. Et merci pour votre article.
    Winnetou

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