Louise Bourgeois A l’infini – à la Fondation Beyeler

À l’occasion du centenaire de la naissance de Louise Bourgeois (25.12.1911 – 31.5.2010)
la Fondation Beyeler rend hommage à l’une des personnalités artistiques les plus remarquables et des plus influentes de notre temps.

Louise Bourgeois - Maman - Bronze avec patine de nitrate d’argent, acier inoxydable et marbre, 927,1 x 891,5 x 1023,6 cm

Louise Bourgeois, d’origine française, qui s’installa à New York en 1938, est devenue en quelques années un cas particulier dans l’histoire de l’art, référence majeure de l’art moderne et contemporain par son œuvre polymorphe.
Artiste aujourd’hui parmi les plus admirées, elle fut reconnue à près de soixante-dix ans. C’est selon elle, cette reconnaissance tardive qui lui permit de travailler en toute tranquillité. De ce fait elle échappe à tous les courants esthétiques : le surréalisme, l’expressionnisme abstrait, l’art conceptuel – elle ne s’est laissée séduire par aucun d’eux, et est restée rétive à toute classification. Se méfiant des concepts et théories, c’est sur son roman familial, sur sa sensibilité de femme et sur « le paradis de l’enfance », qu’elle s’appuya pour réaliser son travail. Quel que soit le mode d’expression employé, le moteur de son art réside dans l’exorcisme des traumatismes d’enfance, influencé par sa position singulière entre deux mondes, entre deux langues, entre le féminin et le masculin, ordre et chaos, organique et géométrique.
Sa sculpture hybride, témoigne de ce va-et- vient entre deux pôles opposés, de ce dédoublement.
En allant au plus profond de son inconscient, LB rejoint les mythes universels, donnant une version à la fois obscène et dionysiaque de la figure maternelle.
C’est  aussi son rapport au père, qui introduisit sa maîtresse Sadie, une jeune gouvernante anglaise, dans la maison familiale,  la mère consentante (avait-elle un autre choix ?), s’enferma dans le silence. Ils vécurent ainsi pendant une dizaine d’années. L.Bourgeois parle de cette expérience comme d’une « trahison », qui fut également la faille d’où surgissent la rage et la source créatrice. Si cela se passait dans les années trente à Paris, ce ne fut qu’en 1982 que Louise en parla et mit cette histoire en rapport avec l’œuvre, avec ses peurs et son besoin de « réparer » par la sculpture.
The Insomnia Louise Bourgeois

Cette exposition présente environ 20 pièces, pour certaines en plusieurs parties, offrant un condensé de l’oeuvre de Bourgeois qui rend compte des thèmes centraux de sa création : son intérêt pour d’autres artistes, son rapport conflictuel avec sa propre biographie et sa volonté de traduire des émotions dans des créations artistiques. Parallèlement à des oeuvres et à des séries conservées dans des musées internationaux  de renom et de grandes collections particulières, on pourra découvrir de nouveaux  travaux – dont le cycle tardif À l’infini (2008) – qui n’ont encore jamais été montrés. Des ensembles d’oeuvres  issues de la Collection Beyeler leur viennent en résonance. La rencontre avec les toiles de Fernand Léger et de Francis Bacon est particulièrement enrichissante, tout comme la juxtaposition avec les sculptures d’Alberto Giacometti. Ces artistes, avec lesquels Louise Bourgeois a entretenu une relation spéciale, ont été pour elle des présences marquantes et stimulantes. Mais aussi la juxtaposition avec la femme de Cézanne et un paysage de van Gogh.
À l’infini –  Alberto Giacometti L’homme qui marche
A l'Infini + Giacometti

Sur 14 gravures de grand format, Louise Bourgeois a donné libre cours à son imagination graphique à l’aide de couleur, de mine de plomb et d’ajouts de papier. Comme presque toutes ses œuvres, À l’infini est une sorte d’autoportrait constitué d’émotions devenues images, ou de fragments d’inconscient qui ont pris forme. Dans le thème de cette série d’aspect très poétique consacrée au principe de la vie humaine formée d’un nombre infini de configurations de rencontre analogues mais jamais identiques, les enchevêtrement de lignes d’À l’infini se rapprochent des sculptures de Giacometti. Les efforts que ce dernier fit toute sa vie durant pour représenter la complexité du mouvement, pour le concevoir comme une succession d’immobilités, ainsi que ses tentatives pour représenter la réalité essentielle d’un être humain par ses portraits travaillés de manière exhaustive, relèvent d’une prise de possession qui se rapproche de la conception de Louise Bourgeois.
L’accrochage dans cette salle est absolument remarquable, le choix des sculptures de Giacometti est à saluer.
Louise Bourgeois Portrait Photo: Jeremy Pollard copyright

Maman
Dans le parc de Beyeler,  la sculpture de bronze  est moins impressionnante qu’aux Tuileries, où elle se dressait fascinante et menaçante, elle semble protégée par les arbres. Après  la Tate Modern de Londres (2000/2007) au Jardin des Tuileries de Paris (2007/2008), au Guggenheim Museum de Bilbao (depuis 2001) et à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (2001,) cette sculpture a suscité l’enthousiasme du public et a attiré beaucoup de monde. Maman est montrée  en Suisse pour la première fois, Genève, Zurich, Berne, Bâle,
La statue de Louise Bourgeois représentant une araignée monumentale et intitulée Maman (927,1 x 891,5 x 1023,6 cm) est une œuvre-clé pour la compréhension de son oeuvre : il s’agit d’une part d’un hommage à la mère de l’artiste, restauratrice de tapisseries à Paris et qui ne cessait, telle l’araignée, de réparer ses toiles. Louise Bourgeois voit d’autre part dans l’araignée un symbole suprême de l’histoire infinie de la vie, dont le principe est de se renouveler constamment : ce qui est tout aussi réconfortant qu’inquiétant, car il n’existe aucune échappatoire à ce cycle éternel. Maman de Louise Bourgeois constitue donc un monument commémoratif grandiose à l’existence du changement.
The Blind Leading the Blind  vs. Barnett Newman Uriel
La version de The Blind Leading the Blind présentée à la Fondation  Beyeler date de 1947-1949. Constituée de cales de bois grandeur nature, peintes en noir et en rouge, elle présente une remarquable irrégularité régulière : irrégulière parce qu’elle est délibérément composée de morceaux similaires mais qui ne sont pas tout à fait identiques. Régulière, parce qu’elle se livre à une répétition des mêmes éléments, comme des triangles isocèles. Dans sa radicalité trigonométrique, The Blind Leading the Blind s’apparente aux inventions iconiques révolutionnaires contemporaines de Barnett Newman. D’où sa juxtaposition avec Uriel de 1955. La réduction de la peinture à la surface et à la couleur à laquelle se livre Newman trouve un écho dans la réduction de la sculpture de Louise Bourgeois à quelques formes trigonométriques de base, combinées entre elles. Mais elle peut aussi s’idenfier à un peigne, instrument de tapissier, omniprésent dans le travail de L.b
Louise Bourgeois The Blind Leading the Blind vs. Barnett Newman Uriel

 The Waiting Hours
L’un des derniers groupes d’œuvres auxquels Louise Bourgeois a travaillé est formé d’images cousues à partirdes étoffes de vêtements qu’elle a elle-même portés au cours de sa vie. À travers ses souvenirs de situations qu’elle a vécues dans certains vêtements précis, elle a créé des tableaux historiques éminemment personnels. Le temps a été un sujet de préoccupation majeur de Louise Bourgeois dans les dernières années de sa vie. Les Waiting Hours étaient pour elles avant tout les heures nocturnes durant lesquelles elle restait souvent éveillée, réfléchissant intensément à de nouvelles œuvres. The Insomnia fait aussi référence à ces heures nocturnes de réflexion.
 Est mise en regard de  ce travail dans une vitrine,  un oeuvre en tissu, faite de rondeurs grises, très connotée, arborant un sexe de couleur rose.
Louise Bourgeois The Waiting Hours
Janus fleuri, 1968
Bronze, patine dorée, pièce suspendue, 25,7 x 31,7 x 21,3 cm
Collection de l’artiste
Photo Christopher Burke
Dans la même année que Fillette, déjà vue à la Fondation, lors de l’exposition « Eros », Louise Bourgeois réalise d’autres œuvres suspendues qui sont des parties du corps humain à consonance sexuelle. Il s’agit d’une série de quatre sculptures de forme phallique, au titre évocateur de Janus parmi lesquelles Janus fleuri. Comme l’indique la référence à l’antique divinité latine, Janus, était le dieu à double visage, l’un tourné vers le passé et l’autre vers le futur, divinité des portes (janua), celles de son temple étaient fermées en temps de paix et ouvertes en temps de guerre. Tout s’ouvre ou se ferme selon sa volonté. C’est le côté bipolaire qui fascine l’artiste dans le choix du titre. « Janus fait référence à la polarité qui nous habite (…) la polarité dont je fais référence est une pulsion vers la violence extrême et la révolte (…) et le retrait », écrit l’artiste qui y voit aussi « un double masque facial, deux seins, deux genoux ».
Ici elle est mise en regard avec le nu couché jouant avec un chat de Picasso 1964

Passage Dangereux

Louise Bourgeois Passage dangeureux 1997

Les représentations les plus impressionnantes peut-être que Louise Bourgeois a données de certains aspect de son Moi sont ses légendaires Cells, dont la plus grande, Passage Dangereux de 1997, est exposée dans le Souterrain de la Fondation Beyeler. L’artiste plaçait au tout premier plan les représentations de sentiments et d’émotions. Les nombreux objets du Passage Dangereux sont les symboles d’événements conscients et inconscients de son enfance et de sa puberté — dont la magie et les drames trouvent une mise en scène imagée dans une architecture créée à cette fin, et peuvent ainsi être dépassés.
Jerry Gorovoy, voir la vidéo ici- une autre là présent vendredi et samedi, a été  l’assistant de Louise Bourgeois pendant plus de trente ans. C’est un excellent connaisseur de son œuvre, qui a joué, comme elle l’a souvent rappelé, un rôle décisif dans la genèse de ses pièces. Aux yeux de Louise Bourgeois, un grand nombre de ses œuvres n’auraient pas vu le jour sans son aide.  Son discours (en anglais) s’est  concentré particulièrement sur l’importance de  Louise Bourgeois comme artiste et comme modèle pour des générations d’artistes.
Les oeuvres ne sont pas nombreuses, mais très justement mises en adéquation avec le fonds de la Fondation Beyeler par le commissaire Ull Küster, auteur d’un livre sur Louise Bourgeois.  (anglais-allemand) On peut déplorer qu’il n’existe pas de version française, surtout étant donnée la double nationalité de l’artiste (américaine et française).
Il a eu l’occasion de préparer cette exposition avec elle.
l’exposition est visible jusqu’au 8 janvier  2012
photos courtoisie de la Fondation Beyeler

Jean-Jacques Delattre à la galerie Hors-Champs

« Quand la vie croise mon objectif, je tente de la restituer dans sa plénitude; cette vie dans ma photo, traduit alors ce bonheur qui m’a traversé, qui pourrait faire dire de moi que je suis un photographe épicurien »
Jean Jacques Delattre

JJ Delattre - Johannesburg

Comme me le faisait très justement remarquer Bernard Birsinger  – BBB   (dont je vous parlerai une autre fois) c’est une « incongruité » que de photographier des photos, mais je ne l’ai pas écouté …. 🙂
En avant première, dans le cadre du festival Photographes en Alsace, la galerie Hors-Champs présente une sélection de clichés pris à Johannesburg par Jean-Jacques Delattre. Une fois de plus le photographe nous enchante avec ces « Short stories from Johburg« , prises sur le vif,  qui racontent la vie quotidienne dans les rues de la plus grande métropole d’Afrique du Sud.
« je photographie ce que je regarde, pas ce que je vois »
JJ Delattre - Johannesburg boxe

 
« Quand je découvre une ville, je m’intéresse à tout, explique l’artiste mulhousien. Là-bas, je n’ai jamais eu l’impression d’être en Afrique… »

Telle qu’on la perçoit sur ces 25 photos, Johannesburg apparaît de prime abord comme une cité mondialisée et inégalitaire, comme on pourrait en trouver aux quatre coins de la planète. Dans le cadre de Jean-Jacques Delattre, les passants passent, une conversation se noue entre deux voisines, les enfants se dirigent vers l’école…
JJ Delattre - Johannesburg
On retrouve l’œil aiguisé de JJ Delattre, ses passants qu’il « shoote » ou isole devant un mur comme dans  Sartori & Kyoto’s Wall,  à l’espace Lézard de Colmar, sur fond de mur carrelé, le tout en noir et blanc ou encore à Fribourg lors de la Regionale
Time and Motion Study – Regionale 2011 – Kunstverein Freiburg
A l’inverse, ici les couleurs vives éclatent sur fond de bitume et de béton poussiéreux. Les rêves de chacun s’affichent en gros plan, de la victoire de l’équipe de foot à la gloire sur le ring ou à l’arrière-plan des clips vidéo. On se rapproche d’une vue d’ensemble d’un quartier de Soweto pour y discerner autant d’histoires qu’il y a de maisons.
De la petite histoire à la grande, il n’y a qu’un pas, surtout dans un pays qui n’en finit pas de panser les plaies de l’Apartheid.
« A part love, a part hate », résume une inscription dans une chambre d’hôtel où notre imagination peut galoper.
JJ Delattre - A part of love - A part of hate

L’immense représentation d’un blanc à l’allure d’homme politique afrikaner s’étale sur un immeuble, au pied duquel attend un Noir à l’expression narquoise ou résignée, suivant le point de vue de chaque visiteur… Magie des rapprochements de hasard, qui mettent à jour une réalité mieux que n’importe quelle mise en scène préparée !
horaire

Atelier Hors-Champs, 16 rue Schlumberger à Mulhouse.
Avec la présence de JJ Delattre aujourd’hui samedi  et dimanche 3 septembre de 14 à 18 h
extraits du texte de  Sylvain Freyburger – l’Alsace le Pays
n’oubliez pas de cliquer sur les images des photos pour les agrandir
 
 

Sommaire d'août 2011

01 août 2011 : Guillaume Barth « DEYE NAWE »
03 août 2011 : Festival Météo
07 août 2011 : Roman Opalka s’est arrêté de compter
12 août 2011 : Étude et restauration du retable de Konrad Witz
21 août 2011 : Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein
23 août 2011 : Le nouveau musée Courbet, à Ornans (Doubs)
25 août 2011 : Monet à la Fondation Gianadda – collection du musée Marmottan et des collections suisses
28 août 2011 : Pour une République des rêves
 
 

Pour une République des rêves

« Visité par l’esprit qui était dans l’air, il proclama la
république des rêves, territoire souverain de la poésie… » ….
…… il imaginait aller plus loin encore « jusqu »au pays n’appartenant à personne »……………..……………..
Devenus adultes, alors qu’ils ont presque oublié ce pays, voilà qu’arrive un homme « aux yeux incroyablement bleus… »

(Bruno Schulz, La République des rêves)

Richard-Long-Cornish-Slate-Ring-1984 Frac Bourgogne

Il ne reste plus que jusqu’au 11 septembre pour vous plonger dans la belle exposition du  CRAC Alsace.
Imaginée par le philosophe et essayiste Gilles A. Tiberghien, qui signe au CRAC Alsace son premier commissariat, l’exposition Pour une République des rêves réunit plus d’une cinquantaine d’oeuvres. Ensemble, elles redessinent les limites du monde réel pour l’ouvrir sur les territoires de notre imaginaire.
Issues des collections des Fonds régionaux d’art contemporain du Grand Est, les oeuvres exposées, historiques ou récentes, cartes, photographies, vidéos, sculptures, installations, ont pour thématique commune les voyages, l’exploration d’espaces très proches ou très lointains, le déplacement, les marches, la découverte du paysage.
La République des rêves fait référence à une nouvelle éponyme de Bruno Schulz publiée dans Les Boutiques de cannelle. À l’image des enfants de la nouvelle, les artistes proposent des oeuvres placées « sous le signe de la poésie et de l’aventure ». Et, comme le héros, «régisseurs de paysages et de décors cosmiques, leur art consiste à saisir au vol les intentions de la nature, à lire dans ses aspirations secrètes ». L’exposition forme ainsi un parcours qui pose les premières pierres d’une république des rêves et invite les visiteurs à en être les premiers arpenteurs.

Holger Trützsch Mnemographie du Feuillage Frac Champagne Ardenne

Avec : Silvia Bächli, Glen Baxter, Neal Beggs, Marilyn Bridges, Elina Brotherus, Balthasar Burkhard, Jean Clareboudt, Edith Dekyndt, Marcel Dinahet, Jimmie Durham, Robert Filliou, Thomas Flechtner, Gloria Friedmann, Joan Fontcuberta, Hamish Fulton, Cyprien Gaillard, Mario Giacomelli, Isabelle Krieg, Richard Long, Philippe Mayaux, Nadia Myre, Marylène Negro, Walter Niedermayr, Bernard Plossu, Anne & Patrick Poirier, Eric Poitevin, Hugues Reip, David Renaud, Robin Rhode, Évariste Richer, Ulrich Ruckriem, Hans Schabus, Roman Signer, David Tremlett, Su-Mei Tse, Holger Trülzsch, Catharina Van Eetvelde, Xavier Veilhan et Raphaël Zarka.

Sous ce titre sont regroupées des oeuvres choisies dans les 5 FRACs Grand Est ( FRAC Alsace, FRAC Bourgogne, FRAC Champagne-Ardenne, FRAC Franche-Comté, FRAC Lorraine).

Annick et Patrick Poirier Papier Japon 1975

La thématique commune à ces oeuvres concerne le déplacement, les marches, les voyages, et l’exploration d’espaces très proches ou très lointains à travers un certain nombre de propositions, cartes, photographies, vidéos, installations, qui redessinent les limites de notre monde réel pour l’ouvrir sur les territoires de notre imaginaire.
Cette exposition, ainsi que celle de la Kunsthalle de Mulhouse « 400 Sonnets in ReverseTogether Seb Patane »
a  été réalisée en parallèle  avec  Art Basel et proposait aux visiteurs des navettes pour aller de l’une à l’autre.
Avec la complicité de Sophie Kaplan,  Gilles A. Tiberghien  a choisi une quarantaine d’artistes, des « historiques » (Richard Long, Ulrich Rückriem, Gloria Friedmann, Robert Filliou le facétieux, (La Joconde est dans l’escalier…) etc) et de nouveaux venus prometteurs comme Cyprien Gaillard, prix Marcel Duchamp 2010
vu à la Kunsthalle de Mulhouse , et excusez du peu, la vidéo ( Pruitt-Igoe Falls, 2009)  a été choisie par  François Pinault  pour « Le monde vous appartient » au Palazzio Grassi,  et l’étrange Real Remnants of Fictive War,
Un catalogue est co-édité par le CRAC Alsace et les Presses du Réel, dans la collection « Oeuvres en sociétés – Album ».
Le catalogue est une sorte de « contre allée », une exposition parallèle qui, reprenant les oeuvres de l’exposition les organise autour d’extraits inédits de carnets de voyages de Gillles A. Tiberghien et de textes écrits par des poètes, parmi lesquels Pierre Alferi, Emmanuel Hocquard, Jean-Christophe Bailly, Pascalle Monnier et Yannick Liron. Le tout est précédé d’une introduction détaillée de Gilles A. Tiberghien.
Prix de vente: 22 €
www.lespressesdureel.com
CRAC ouverture du mardi au vendredi de 10h à 18 h
– les samedis et dimanches de 14h30 à 19h
photos de l’auteur

Monet à la Fondation Gianadda – collection du musée Marmottan et des collections suisses

Jusqu’au 20 novembre 2011
 

Kunstmuseum Bern, Legat Robert Vatter.

Après l’exposition Monet au Grand Palais à Paris et la visite à Giverny de la maison de Monet guidée par  Sylvie Partin, commissaire de l’exposition au Grand Palais et du jardin d’eau  guidée par le jardinier en chef  Gilbert Vahé, au départ à la retraite voici MONET à La Fondation Pierre Gianadda  qui présente cet été quelque soixante dix peintures de Claude Monet, dont vingt cinq prêts historiques du Musée Marmottan-Monet à Paris et quelque quarante cinq tableaux prestigieux provenant des principaux musées et collections privées suisses. Certaines de ces oeuvres seront visibles pour la première fois depuis des décennies. L’exposition est agréable et accessible dès 9 h du matin, avant l’arrivée des groupes.
Ce large panorama de l’oeuvre de Monet mettra en lumière les principaux thèmes de l’artiste, notamment Argenteuil, Vétheuil, la Hollande, les Meules, la Cathédrale de Rouen, Londres, Bordighera, les Peupliers, les Nymphéas, le Pont japonais…
L’exposition offre ainsi aux visiteurs une promenade choisie sur ses lieux de prédilection, les bords de Seine, les côtes normandes, la Bretagne jusqu’en Italie avant, naturellement, la thébaïde de Giverny. Monet se réapproprie toujours le plein air sur le motif en subtiles variations chromatiques pour une invitation exigeante à partager l’étude immatérielle de la nature. Le peintre a, tout au long de sa carrière, eu le souci de capter le réel dans ses vibrations les plus fugitives, en un hymne puissant à la lumière et à la couleur.

La promenade d'Argenteuil, 1872, huile sur toile, 53 x 73 cm, Collection particulière

En complément, sera présentée, pour la première fois en Suisse, une sélection de quelque
quarante estampes japonaises de la collection personnelle de l’artiste, prêtées par la Fondation Claude Monet à Giverny vues lors de la journée à Giverny.
Quelques thèmes et quelques tableaux .
 La Seine à Argenteuil, 1874,
«Champs de coquelicots près de Vétheuil», vers 1879
Huile sur toile, 71.5 x 91.5 cm
Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich
Monet, Champs de coquelicots près de Vétheuil, vers 1879, Huile sur toile, 71.5 x 91.5 cm, Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich

Monet peint pendant plus de soixante ans et à l’aube de sa
vie il porte un jugement sur son travail et déclare! :
«!…ma seule vertu, c’est d’avoir peint directement d’après nature, en essayant de transcrire les impressions que produisaient sur moi les changements les plus fugaces! ».
Il vit toujours non loin de la Seine, et c’est dans sa vallée qu’il trouve la plupart de ses sujets
Son intérêt pour les paysages et l’eau ne se démentira jamais, même loin de son pays, à Londres. Le parlement dont il peint les effets architecturaux atteste de ce nouvel urbanisme de Londres comme les récentes réalisations du baron Hausmann à Paris. L’étude de l’irisation de l’eau et de ses multiples miroitements trouvent son apothéose dans les Nymphéas, 190 (Musée Marmottan Monet, Paris) et dans Le Pont japonais, 1918 (Musée
Marmottan Monet, Paris). A part l’eau et son spectacle sans cesse renouvelé, Monet est un
homme de son temps, il rend aussi hommage par huit vues de la gare Saint-Lazare, antichambre de tous les départs vers les banlieues à la mode, vers sa chère Normandie, vers Londres…!
Le pont de l’Europe Gare Saint-Lazare, 1877 (Musée Marmottan Monet, Paris), restitue toute une poétique de la vie moderne.
L’exposition Claude Monet de la Fondation, grâce à ces prêts prestigieux, offre au public un voyage où la réalité est recomposée à partir des touches de lumière en variations infinies. Une invitation à l’étude de la nature, des paysages, de l’urbanisme de l’époque dans un souci de capter le réel dans ses apparences les plus fugitives. Un véritable hymne à la lumière et à la couleur.
Le Musée Marmottan »: la plus importante collection au monde d’oeuvres de Monet.
Le Train dans la neige, La locomotive, 1875 ©Musée Marmottan Monet, Paris, Legs

La Fondation bénéficie de prêts du Musée Marmottan, des musées et de collections particulières suisses. Ancien pavillon de chasse du duc de Valmy, ledit musée est acquis en 1882 par Jules Marmottan. Son fils Paul, en fait sa demeure et l’agrandit d’un pavillon de chasse destiné à recevoir des objets d’art. A sa mort en 1932, il lègue à l’Académie des Beaux-Arts, l’ensemble de ses collections ainsi que cet hôtel particulier. Le musée Marmottan naît en 1934 dans ce bel hôtel particulier du XIXe siècle avec un ensemble exceptionnel de chefs-d’oeuvre du Premier Empire.
En 1957, le Musée bénéficie d’une donation de la collection de Victorine Donop de Monchy,
héritée de son père le docteur Georges de Bellio, médecin de Monet, un des premiers amateurs de la peinture impressionniste. En 1966, Michel Monet, fils du peintre, lègue les tableaux reçus de son père au Musée Marmottan qui devient ainsi le Musée de la plus importante collection au monde d’oeuvres de Claude Monet.

 

L’artiste a réuni cette collection en suivant deux principes : d’une part les critères picturaux qui reflètent bien l’homme épris de lignes et de couleurs; d’autre part la qualité des épreuves, l’état et le tirage. Nous sommes ainsi devant une collection variée où figurent un certain nombre de pièces célèbres.
«Saule pleureur», 1918-1919
huile sur toile, 92 x 73 cm
Collection particulière

La collection d’estampes japonaises de Claude Monet
Les trois plus grands graveurs de l’Ukiyo-e, images du «temps qui passe»,
Utamaro, Hokusai, Hiroshige, occupent plus de la moitié de la collection et
témoignent de la connaissance de Claude Monet de la xylographie Nippone.

Hiroshighe

Le commissariat de l’exposition est assuré par M. Daniel Marchesseau, Conservateur général du patrimoine.
 
 
 
UTAMARO Kitagawa, Une mère attentive au jeu de son enfant, vers 1803, Format oban tate-e, 35.2 x 24.6 cm, Fondation Claude Monet, Giverny. Académie des Beaux-Arts

Le catalogue de l’exposition Monet au Musée Marmottan et dans les Collections suisses
reproduit en couleurs toutes les oeuvres exposées, avec des textes de Daniel Marchesseau,
Jacques Taddéi, Hugues Gall, Caroline Durand-Ruel Godfroy, Lukas Gloor, Hugues Wilhelm. Prix de vente CHF 45.-

Fondation Pierre Gianadda

Rue du Forum 59
1920 Martigny (Suisse)
Tél. n°: +41 (0) 27 722 39 78
Fax n°: +41 (0) 27 722 52 85
 

OUVERT TOUS LES JOURS :
 9 h – 19 h
 

Images visuels presses

Le nouveau musée Courbet, à Ornans (Doubs),

Le nouveau musée Courbet, à Ornans (Doubs), a ouvert ses portes le 2 juillet 2011.
Une surface quadruplée, une scénographie résolument moderne, une ouverture sur les paysages qui ont tant inspiré le maître du Réalisme…

Musée Courbet Ornans (Doubs)

Le musée Courbet, labellisé « musée de France », constitue la pièce maîtresse du projet
« Pays de Courbet, pays d’artiste », porté par le Conseil général du Doubs.
Il offre plus de 1000 m² d’expositions permanente et temporaire. Il est empreint d’une grande modernité tout en respectant le caractère historique et intime de cet ensemble immobilier et de son environnement. Sa nouvelle configuration permet de réaliser des expositions temporaires en simultané avec l’exposition permanente. Le parcours muséographique entraîne le visiteur de l’une à l’autre, tout en lui offrant des vues inédites sur la Loue et Ornans.
Un musée à l’image de Courbet
Avec un aménagement de plus de 2000 m2 de surface totale et 22 salles d’exposition, le nouveau musée Courbet, propriété du Département du Doubs, s’étend sur trois bâtiments : la maison Borel, l’hôtel Hébert et l’hôtel Champereux.
Un musée ouvert sur les paysages d’Ornans
Ornans et ses paysages n’ont jamais cessé d’inspirer Courbet. Un lien intime et durable unissait le peintre à son « pays ». Le musée s’ouvre désormais en transparence sur les paysages environnants et offre des vues inédites sur la Loue et la ville d’Ornans grâce à une galerie vitrée, une vigie, un sol vitré au rez-de-chaussée qui invite à marcher sur la Loue…
Musée Courbet on marche sur la Loue

Presque un gadget ….
Une authenticité préservée
L’hôtel Hébert qui se parcourt en tout début d’exposition permanente, a gardé toute son
authenticité et l’atmosphère d’antan. Quant au jardin, adossé au musée, il retrouve le charme suranné des petits jardins des demeures de bord de Loue.
Un musée se veut résolument moderne. Quoique les œuvres sont toujours aussi mal éclairées et ne sont pas de premier choix.
Les volumes des maisons Champereux et Borel ont été adaptés aux exigences d’un musée
moderne à vocation internationale. Des moyens audiovisuels ont été intégrés au parcours pour une mise en valeur optimale des oeuvres et un regard en continu sur les paysages de Courbet.
Six salles consacrées aux expositions temporaires accueilleront deux fois par an des œuvres venues d’autres musées ou collections privées, sur des thèmes en rapport avec Gustave Courbet.
À l’occasion de son ouverture, le musée présente l’exposition
« Courbet-Clésinger, oeuvres croisées » du 2 juillet au 3 octobre 2011. Gustave Courbet, le peintre et Jean-Baptiste Auguste Clésinger, le sculpteur, étaient amis et partageaient les mêmes goûts artistiques pour la nature et les femmes. Leurs oeuvres mises en parallèle grâce à cette exposition révèlent leurs sensibilités communes.
C’est la première fois qu’une exposition est consacrée à Jean-Baptiste Auguste Clésinger.
L’artiste, gendre de Georges Sand, fréquentant la Bohème parisienne, a pourtant marqué le XIXe siècle, créant la polémique, à l’instar de Courbet, par ses choix et audaces réalistes.
Une cinquantaine d’oeuvres issues de musées prestigieux tels que le musée d’Orsay à Paris, le musée national d’Art occidental de Tokyo ou encore le musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne, mettent en regard et en évidence les ressemblances artistiques de ces deux figures franc-comtoises.
Les portraits de femmes de Courbet côtoient les bustes féminins de Clésinger :
« Portrait de femme » (Courbet, musée national d’art occidental de Tokyo) et « La dame aux roses » (Clésinger, musée d’Orsay, Paris). « La femme piquée par un serpent » de Clésinger (muséed’Orsay, Paris, nu grandeur nature dont la posture suggère moins la souffrance ou la peur que la pâmoison et l’orgasme.

La critique  de l’époque, s’indigne de cette lascivité d’autant plus violemment que la rumeur révèle bientôt que l’oeuvre a été exécutée à partir du moulage du corps nu d’Aglaé-Joséphine Savatier, connue dans l’histoire des arts et des lettres sous ses surnoms de Madame Sabatier et de la Présidente, égérie des artistes et poètes modernes, dont Gautier, Nerval et Baudelaire.

Elle évoque sans conteste « La Bacchante » de Courbet (Fondation Rau pour UNICEF – Allemagne)… mais rappelle aussi « le Sommeil ou les deux amies (petit palais) On ne serait pas surpris d’y croiser ‘ « l’origine du Monde » (Musée d’Orsay)
Sous le Second Empire, les deux artistes s’écartent peu à peu l’un de l’autre, pour des raisons tant politiques qu’artistiques. Clésinger, en quête de commandes, s’efforce de plaire à Napoléon III et à sa cour, que Courbet défie ouvertement. En 1865, le sculpteur propose à l’empereur de dresser une colonne à sa gloire place de la Concorde. Elle serait parée de tout ce qu’il faut d’allégories antiques. Alors que Courbet prend totalement me contre-pied, accusé d’avoir participé à la destruction de la colonne Vendôme, il est condamné à la faire relever à ses propres frais.

L’autoportrait  (Gustave Courbet – Autoportrait à Sainte-Pélagie – Vers 1872 -musée Courbet)  dépôt de la ville d’Ornans, relate son triste séjour en prison. Privé de pinceaux et de palette, dès qu’il y a accès, il peint quelques toiles de fleurs durant son séjour forcé. Libéré de prison, il se réfugie en Suisse où il finira ses jours à la La Tour-de-Peilz (au bord du lac Léman), La toile du château de Chillon qu’il a peint en de nombreux exemplaires.
Courbet Château de Chillon

Cette exposition est organisée par le musée Courbet en collaboration avec le musée d’Orsay à Paris.
L’exposition permanente : un parcours autour de la vie et de l’oeuvre de
Courbet
La collection permanente a fait l’objet d’une restauration complète pendant la fermeture du musée. Elle est composée de 75 oeuvres (peintures, dessins, sculptures, lettres, archives) dont 41 peintures et quatre sculptures de Courbet.
Elle conserve également des oeuvres d’artistes de son entourage : ses premiers maîtres (dont Claude-Antoine Beau), ses amis (Max Claudet, Max Buchon) ainsi que ses élèves et suiveurs (Louis-Augustin Auguin, Marcel Ordinaire, Cherubino Pata).
La diversité de cette collection permet d’aborder toutes les périodes de la vie de Gustave Courbet que le visiteur découvre à travers un parcours chronologique. Sont évoqués, d’Ornans à Paris, sa carrière, la rupture esthétique qu’il mena, les milieux artistiques qu’il fréquenta, son engagement politique jusqu’à son exil et sa mort en Suisse.
La dernière salle est consacrée au peintre Robert Fernier et à son travail pour la création du musée Courbet en 1971
Après la visite du musée, le visiteur est invité à découvrir les lieux symboliques de sa vie, dans la vallée de la Loue, qui ont fortement inspiré son oeuvre :
– la ferme familiale à Flagey qui accueille un café librairie (café de Juliette), des expositions et animations et trois chambres d’hôtes quatre épis, Gîtes de France,
– le site de la source de la Loue,
– les sentiers de Courbet, des itinéraires aménagés qui parcourent les lieux d’inspiration du peintre,
– et, à venir, son dernier atelier à Ornans en cours de restauration.
Le public se précipite mais repart sur sa faim, car cela n’a  que très peu  à voir avec l’exposition Courbet au Grand Palais de 2008.
Œuvres croisées : Courbet, Clésinger », Musée Courbet, place Robert-Fernier, Ornans (Doubs). Tél. : 03-81-86-22-88. Jusqu’au 3 octobre. De 10 heures à 18 heures, en août et septembre ; puis de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures. Fermé mardi.
De 4 € à 6 €. Musee-courbet.fr
Tel : +33(3) 81 86 22 88
visuels presse sauf la photo 2 de l’auteur

Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein

Brueghel, Rembrandt, Rubens…
Jusqu’au 2 octobre 2011 – Palais Lumière Evian
 

Friedrich von Amerling Portrait de Maria Franziska von Liechntenstein

Avec Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein, le Palais Lumière d’Évian accueille pour la première fois en France les chefs-d’oeuvre issus de la plus importante collection privée européenne à ce jour. En effet, l’activité de mécénat et de commanditaire aux plus importants artistes de leur époque remonte jusqu’à Hartmann von Liechtenstein (1544-1585). Après 1800, la collection est rendue partiellement accessible au public. Le magnifique Palais Liechtenstein à Vienne, qui date de 1700 environ, accueille de nouveau les Collections Princières depuis 2004.
Si le baroque est célébré au sein de la collection, il sera également largement représenté au Palais Lumière.
Environ 70 tableaux (dont des oeuvres de dimensions monumentales), 20 sculptures et 15 pièces de mobilier sélectionnés pour leur exceptionnelle qualité seront ainsi visibles pour la première fois en France.
Le choix des oeuvres illustre le double patrimoine du LIECHTENSTEIN MUSEUM à Vienne :
– le baroque, le sud : la peinture et sculpture italienne ;
– le baroque, le nord : la peinture flamande.
Parmi ces deux grands ensembles, on se doit de citer les grands maîtres tels que Marcantonio Franceschini,
Guido Reni, Canaletto ou encore Massimiliano Soldani Benzi. Au Nord de l’Europe, les plus brillants artistes de leur époque sont représentés : Rubens, Rembrandt ou encore Van Dyck, pour n’en citer que quelques-uns.
Une deuxième partie des oeuvres est consacrée au classicisme mais ce qui fait la particularité des Collections Princières est surtout la richesse des oeuvres dédiées au Biedermeier. Amerling, Gauermann ou Waldmüller sont les protagonistes de ce mouvement du XIXe siècle, qui témoigne non seulement d’un nouvel élan artistique, mais aussi d’un changement au sein de la société.
En guise de prologue, une salle sera consacrée à l’histoire de la Famille Liechtenstein. Des portraits des princes mécènes témoigneront d’une passion pour l’art, ininterrompue depuis plusieurs siècles.
L’exposition est accompagnée par un catalogue comprenant la totalité des oeuvres exposées, ainsi que plusieurs essais inédits. Il constituera la première publication en langue française relative aux Collections Princières.
Commissariat : Johann Kräftner, directeur du LIECHTENSTEIN MUSEUM, Caroline Messensee, historienne de l’art.

Les Collections du Prince von und zu Liechtenstein réunissent cinq siècles de chefs-d’oeuvre de l’art européen et comptent parmi les collections privées les plus importantes au monde.
Leurs naissances remontent au XVIIe siècle, elles découlent de l’idéal baroque du mécénat
princier à vocation artistique. La Maison de Liechtenstein a transmis cet idéal sans rupture
de génération en génération, complétant ses collections avec clairvoyance. Une politique
d’acquisition dynamique est aujourd’hui au service de l’élargissement du fonds. Ceci permet d’approfondir et de développer les axes majeurs de l’actuelle collection en lui adjoignant régulièrement des oeuvres d’une qualité exceptionnelle qui renforcent à long terme l’attrait du lieu d’exposition des Collections Princières,
le LIECHTENSTEIN MUSEUM.
Les Collections Princières abritent aujourd’hui environ 1 700 tableaux, des chefs-d’oeuvre
allant des tout débuts de la Renaissance au romantisme autrichien.
QUELQUES OEUVRES PHARES

Pieter Brueghel le Jeune, dit d’Enfer (c. 1564–1638), Le recensement de Bethléem
Signé et daté sur la carriole au centre du tableau : P.BRUEGHEL.16 7
Huile sur bois, 122 x 170 cm
Pierre Brueghel le Jeune
Ce tableau est une copie de l’original célèbre de Pieter Bruegel l’Ancien
conservé dans les Musées Royaux des Beaux-Arts à Bruxelles, signé et
daté 1566. Cet épisode du recensement est situé dans une scène contemporaine de
la vie quotidienne d’un village. Marie, vêtue d’une cape bleue et chevauchant une mule à droite, au premier plan, et Joseph, qui marche devant avec une scie sur son épaule, se distinguent à peine des activités hivernales de la vie villageoise. Acquis en 1820 par le Prince Johann I, le tableau est remarquable par la richesse narrative des détails et sa
représentation réaliste des nombreuses activités qui se déroulent devant le fond enneigé.
Friedrich von Amerling (1803–1887), Jeune fille au chapeau de paille, 1835
Huile sur toile, 58 x 46 cm
Friedrich von Amerling

La vente aux enchères sensationnelle de ce tableau en 2008 a augmenté d’un seul coup le grand nombre de toiles de Biedermeier dans les Collections Princières – dont environ une vingtaine sont de Friedrich von Amerling lui-même – et qui plus est, grâce à un chef
d’oeuvre absolu.
Friedrich von  Amerling a peint cette toile en 1835 au cours de sa période la plus innovante et productrice. Elle est remarquable non seulement pour la qualité de la technique picturale, en partie vernie, mais aussi par le choix du sujet. Comme dans son tableau Perdue dans ses rêves, également daté de 1835, Amerling reflète avec exactitude la mélancolie et la contemplation qui prédominent dans l’état d’âme de la jeune
femme. Cet effet est intensifié par sa tête, presque entièrement détournée du spectateur et reposant sur sa main, ainsi que son regard, légèrement tourné vers le haut. Le ruban vert de son chapeau, simplement enroulé autour de son avant bras droit, ainsi que son châle
rouge et le chapeau à large bords, accentuent et articulent la structure de la toile, vue directement d’en bas. Le tableau est impressionnant non seulement par ses couleurs mais par sa composition astucieuse.
Peter Paul Rubens (1577–1640), Esquisse pour Mars et Rhéa Silvia, c. 1616/17
Huile sur toile, 46 x 66 cm

Les Collections Princières ne sont pas seulement propriétaires de
l’oeuvre elle-même mais aussi de l’esquisse complexe à l’huile, (vers laquelle va ma préférence), de Mars et Rhea Silvia par Peter Paul Rubens – le premier tableau que le Prince Hans-Adam II von und zu Liechtenstein a acquis pour les Collections
Princières.
Le mythe classique rapporte que Mars était amoureux de Rhea Silvia,
une prêtresse de Vesta, déesse du foyer, vénérée en tant que protectrice
de la famille, de l’hospitalité et de la vie communautaire bien
organisée. Ovide raconte que Mars a vaincu la vierge vestale pendant
son sommeil.
Rubens a placé la scène dans le temple, où le dieu porté par les nuages
s’approche fougueusement de la prêtresse, qui s’éloigne atterrée, car,
en tant que vierge vestale, elle a prononcé un voeu de chasteté. Mars
s’est débarrassé temporairement de son casque et donc de ses
ambitions guerrières. Cupidon, dieu de l’amour se comporte en
entremetteur et conduit Mars vers Rhea. Le feu perpétuel de Vesta
entretenu par la prêtresse flambe sur l’autel à droite.
Des attributs inversés en miroir pour Athéna et Mars indiquent que le
tableau a servi de patron pour une tapisserie murale.
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669), Amour avec une bulle de savon, 1634
Huile sur toile, 75 x 93 cm

Soutenu par un coussin rondouillet, le dieu de l’amour, est allongé sur un lit couvert de tissu rouge. A l’aide d’une paille, il fait une bulle dans un coquillage. Ce motif est un symbole de Vanité familier dans l’art hollandais du XVIIe siècle ; cependant la notion du caractère éphémère de la vie n’est pas habituellement associée à Cupidon. Comme d’habitude, Rembrandt trouve une solution créatrice par une association avec la mythologie, en faisant de la bulle de savon un symbole de la fragilité de l’amour. Il est certes vrai que les couples formés par Cupidon avec sa flèche ne duraient que peu de temps. Il est possible que Rembrandt ait emprunté le motif à une gravure sur cuivre
de Hendrick Goltzius (1558–1617). Le tableau est daté 1634, et asurvécu en très bonne condition ; par ses qualités picturales, il est typique de l’oeuvre de jeunesse de Rembrandt. La composition fondée sur des diagonales, la lumière forte, rasante, qui néanmoins maintient le fond sombre et les couleurs rayonnantes sont des indices typiques de
son travail au début des années 1630.
Le parcours de l’exposition a été conçu par Caroline Messensee de façon à suivre dans ses grandes lignes l’accrochage au LIECHTENSTEIN MUSEUM à Vienne, basé sur une
cohérence entre les grandes écoles, une cohérence chronologique et thématique.
En débutant sa visite, le spectateur découvre les portraits des Princes de Liechtenstein et
avec eux l’histoire de la Maison Liechtenstein et leur passion pour les arts.
Ainsi le visiteur remonte les siècles que les grands mécènes ont marqués par leurs
acquisitions et leurs commandes avant d’entrer dans le monde baroque, premier point fort
des Collections Princières et de l’exposition à Evian.
La première salle, tout comme celles qui suivront, présente des oeuvres des grands maître du Baroque, en confrontant les écoles du Nord et celles du Sud.
Ainsi Jean Evangéliste lisant de Guido Reni

C’est un portrait intimiste du jeune évangéliste qui rompt avec l’iconographie traditionnelle.
L’artiste montre St Jean en train de lire. La scène  emplit l’espace condensée dans un format horizontale et coupée par les bords du tableau. Les nuances chromatiques, rapidement appliquées, presque  non achevées sur le vêtement,  contrastent avec la partie achevée du visage. Il est ancré dans le monde d’ici-bas  et pourtant déjà inverti d’une signification initiatique spirituelle,
fait face à la monumentale
Déploration du Christ de Peter Paul Rubens.
Pierre Paul Rubens la déploration du Christ

Inspiré  mêlée des flamands et des maîtres italiens, elle se distingue par une vue rapprochée du Christ mort, il est étendu en diagonale, en une perspective exagérée, on peut le rapprocher du Christ de Mantegna, le corps supplicié,  est traité avec réalisme et sans complaisance, d’une couleur rose chaire blême , comme le visage figé de la vierge. Les autres protagonistes de la scène se laissent envahir par leur émotion.
 
La première salle, tout comme celles qui suivront, présente des oeuvres des grands maîtres
du Baroque, en confrontant les écoles du Nord et celles du Sud. Ainsi Jean Evangéliste
lisant de Guido Reni fait face à la monumentale Descente de la croix de Peter Paul Rubens.
Suit alors une salle entièrement consacrée aux scènes mythologiques avec des chefs-d’oeuvre tels que Mars et Rhea Silvia ou encore Victoire et Virtus, tous deux signés Rubens ou encore, Amour à la bulle de savon, oeuvre de jeunesse de Rembrandt.
Puis ce sont les portraits de Franz Hals et de Anthonis van Dyck qui capteront l’attention des visiteurs avant de découvrir dans la salle qui clôturera la visite du rez-de-chaussée les
paysages de Canaletto, Berckheyde ou encore Brueghel.
L’exposition se poursuit au sous-sol du Palais Lumière avec une salle consacrée à la
sculpture baroque et aux chefs-d’oeuvre de pierre-dure. Les bustes de Massimiliano Soldani Benzi seront ainsi rapprochés de ceux de Pierre Puget. Les maîtres de la pierre dure se nomment Pandolfini et Castrucci.
Suit alors un petit aperçu du baroque Autrichien avec une série de peintures sur émail par
Johann Georg Platzer et Franz Christoph Janneck et une oeuvre majeure du sculpteur
Autrichien Georg Raphael Donner, célèbre entre autre pour sa fontaine au coeur du centre
historique de Vienne.
En passant par le classicisme, illustré par des oeuvres majeures de Joseph Vernet ou encore d’Angelika Kauffmann, femme peintre rarissime pour l’époque, le visiteur termine le parcours de l’exposition avec le deuxième point fort dans les Collections Princières : le
Biedermeier. Les scènes de genre et les natures mortes de Ferdinand Georg Waldmüller, les paysages de Friedrich Gauermann ou Thomas Ender ou encore les portraits de Friedrich von Amerling donnent à voir des chefs-d’oeuvre d’une époque qui nécessite encore d’être découverte par le grand public.
 
Images Presse et catalogue

Étude et restauration du retable de Konrad Witz

Un de mes buts lors du tour du Leman avait comme point d’orgue la visite de l’atelier de restauration du retable de Konrad Witz,
« la Pêche Miraculeuse » au musée d’Art et d’Histoire de Genève.
 

atelier de restauration Genève le conservateur Victor Lopes - image JR Itti

 
L’exposition Konrad Witz au Kunstmuseum de Bâle en 2011 a excité ma curiosité et m’a conduite jusqu’à ce lieu. Elle en présentait une reproduction dans les dimensions originales.
Grâce à l’accueil du conservateur Victor Lopes et de son équipe, que je remercie ici, j’ai pu constater le sérieux du travail accompli et le cheminement des 8 mois qui aboutiront à la remise en état, du moins à la conservation dans les meilleures conditions du précieux retable.
Une équipe d’intervenants a été composée pour l’étude et le traitement :
 1843-0010 Délivrance de St Pierre  Conservation-restauration c.p.  Victor Lopes
1843-0010 bis Présentation               Conservation-restauration c.p.  Helena de Melo
1843-0011 Pêche miraculeuse           Conservation-restauration c.p. Victor MLopes
1843-0011 bis adoration des mages  Conservation-restauration c.p.  Mirella Bretonnière
                                                                 Conservation-restauration c.p.  Marine Perrin
 
                                                          suivi et documentation
                                                                                     scientifique   Pedro Diaz-Berrio
 1843-0010/1843-0011                      support bois et encadrement             
                                                                                           Jean-Albert  Glatigny.                
                                                                                            Bob  Ghys                
 
                                                    examen dendrochronologique           Pascale Fraiture 
                                                                                                                  (Bruxelles) 
1843 – 0010/1843-0011             Radiographie     (RX) Scanning         Colette Hamard /
                                                                                                                Pierre Grasset
1943-0010/1843-0011                Stratigraphies
                                                     (prélèvements existants)                     Isabelle Santoro
                                                     Matériaux de restauration                   Stefano Volpin
                                                     Technologie picturale                          Claude Yvel
 
ainsi qu’un Comité scientifique :
F. Elsig, C. Menz N. Schätti, J. Wirth, V. Lopes, L. Terrier.
Grâce au généreux soutien de la Fondation Hans Wilsdorf, le Musée d’art et d’histoire, en collaboration avec l’Université de Genève, entreprend cette année l’étude et le traitement de conservation des deux volets peints réalisés en 1444 par Konrad Witz.
visage du Christ lacéré détail copyright MAHG

 
Ces volets ont survécu à l’iconoclasme protestant de 1535, dont ils portent aujourd’hui les traces. Des hachures strient notamment les têtes des personnages, plusieurs ont été reconstituées par des repeints, visibles sur les documents d’analyse. Le visage du Christ lacéré en 1535, a été partiellement repris entre 1915 et 1917 par le restaurateur bâlois Fred Bentz .
Des fissures verticales du support en bois de sapin sont visibles. Les tensions inhérentes aux mouvements du bois ont provoqués la rupture des fibres qu’il s’agira de stabiliser. Le paysage fera l’objet d’un fixage de la couche picturale et d’un nettoyage de surface.  
évêque commanditaire du retable - François de Metz - détail copyright MAHG

Ils ornaient à l’origine le retable, commandé par l’évêque François de Metz, destiné au maître-autel de la Cathédrale Saint-Pierre.
Ce projet fondamental pour les collections genevoises doit tout d’abord permettre de comprendre les étapes liées à la réalisation matérielle des panneaux, ainsi que le contexte historique et culturel qui les vit naître. Il s’agira également d’établir une «cartographie» de leur état de conservation pour définir les critères d’un traitement programmé à partir du mois de juillet. Cette intervention ainsi que l’ensemble des recherches aboutiront enfin à la publication d’un ouvrage qui accompagnera une exposition.
Le décrochage du tableau a eu lieu le 27 juin 2011 et travail de conservation-restauration durera jusqu’en mars 2012.
Pour des raisons de conservations les tableaux du retable ne quittaient plus la place qu’ils occupent au sein du musée :  Le MAH. Actuellement à sa place,  un panneau explicatif, montre les travaux entrepris.

De l’ensemble d’origine, deux volets peints des deux côtés, ont survécu. A ce jour on ignore quel était le sujet  principal, qui ornait l’intérieur du caisson. Lorsque les volets étaient fermés, le fidèle pouvait voir sur celui de gauche la « Pêche Miraculeuse » et sur celui de droite la délivrance de St Pierre.
 Ouverts ces derniers présentent une adoration des Rois mages, ainsi qu’un évêque, richement vêtu accompagné de St Pierre devant le trône de la Vierge. Le personnage agenouillé est le commanditaire du retable, François de Metz, évêque de Genève, fidèle de l’antipape du concile et crée par lui cardinal, dont les attributs figurent sur la toile. Le tableau le plus connu est le paysage au milieu duquel se déroule la Pêche miraculeuse. A cette occasion K.Witz, déplaçant la scène des bords du lac de Génésareth à ceux du Lac Leman, réalise le premier portrait d’un paysage connu. Il est d’ailleurs encore possible aujourd’hui, grâce au panorama de montagnes et au sommet enneigé du Mont-Blanc, de resituer la position exacte qui fut celle du peintre face à lui.
détail présentant le Môle les Alpes et le Mont Salève copyright musée MAHG

 C’est ainsi que l’on distingue à gauche le mont Voirons, en face le Môle avec à l’arrière plan les Alpes et sur la droite le mont Salève.
Cette représentation  exceptionnelle pour son époque K.Witz l’a sciemment dotée d’une inscription latine sur le cadre. Il y a fait figurer son nom, son lieu d’origine, Bâle, et l’année à laquelle il a terminé l’œuvre, 1444.
 
La Pêche Miraculeuse Konrad Witz copyright MAHG 1843

 
 
C’est la seule oeuvre datée et signée de la main de Witz, et jouit donc d’une position clé dans la recherche sur son activité artistique. Grâce à son style propre, l’artiste s’est imposé comme novateur et précurseur du paysage dans la peinture occidentale. Les peintures ont permis de redécouvrir la personnalité du peintre de le situer par rapport aux autres génies de la Renaissance :
 Konrad Witz : 1400 – 1445
Léonard de Vinci 1452 – 1519
Albrecht Dürer  1471 – 1528
Mathias Gothard Nithart Grünewald 1475- 1528
 
photo 1 JR Itti
Photos 2/3/4/5/6 courtoisie du musée d’art et d’histoire de Genève
clic sur les images
 
 

Le Leman et ses musées

Si vous me cherchez je suis quelque part par là !
 

Roman Opalka s'est arrêté de compter

Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’une exposition que j’irai  voir dans la semaine à venir, que j’ai incluse dans mon tour du Leman :
Roman Opalka, (1931- 2011)
une vidéo reportage à voir ici (source INA)
ma vidéo à la Chapelle de la Visitation

Roman Opalka - détail

à la Chapelle de la Visitation – espace d’art contemporain
25 rue des Granges – 74200 Thonon
et à la Galerie de l’Etrave – espace Maurice Novarina
4 bis avenue d’Evian – 74200 Thonon
Le vertige de l’infini
Première des quatre expositions de la saison 2011-2012, « Opalka, le vertige de l’infini » s’inscrit dans le cadre de l’une des thématiques – à savoir ici, « Suite, série et variations » – sur lesquelles s’appuiera la programmation de la
Chapelle de la Visitation de Thonon-les-Bains au cours des trois prochaines années. Comme il en sera dorénavant chaque été, elle se développe aussi sur un autre site, la Galerie de l’Étrave-espace Maurice Novarina, permettant d’en déployer plus largement le propos.
L’exposition que la Ville de Thonon-les-Bains consacre à Roman Opalka est surtout l’occasion de rendre hommage à un artiste qui fête cette année ses 80 ans.  (décédé le 6 août 2011 à Rome) Avec tout un lot d’autres manifestations qui se tiennent à Londres, en Corée du Sud, à Venise, à Vienne, à Milan et à Anvers, elle participe de la sorte à célébrer « l’année Opalka ».
Expression majeure d’une histoire de l’art contemporain, la démarche de cet artiste relève d’un projet d’oeuvre qui égale un projet de vie. Depuis 1965, Opalka a fait le choix d’une posture radicale qui consiste à peindre l’ensemble des nombres entiers naturelssuivant un protocole qu’il s’est inventé et duquel il n’a jamais dérogé, sauf à infléchir l’une de ses modalités : toujours le même format de toile, la même qualité de peinture, le même type de pinceau ; toujours s’enregistrer énonçant en polonais – sa langue maternelle – le nombre qu’il est en train de peindre ; toujours se prendre en photo à la fin de chaque séance de travail. Enfin, si Opalka a peint le premier tableau en blanc sur fond noir, puis quelques autres sur d’autres fonds, à partir de 1972, il décide d’ajouter d’une toile à l’autre 1% de blanc au fond gris de sa toile, le conduisant aujourd’hui à travailler blanc sur blanc dans l’éclat le plus sublime de la peinture.
Roman Opalka - portraits

A la Chapelle de la Visitation, au dispositif minimal qui rassemblera une peinture, une série d’ Autoportraits photographiques et deux « cartes de voyage » – prolongement du travail jadis effectué sur de petits formats à la plume et encre noire dès qu’il était éloigné de son atelier – s’ajoutera une série d’estampes réalisées par l’artiste entre 1968 et 1970, très rarement vues en France. Celles-ci – qui font écho à l’aventure du « programme » entamé en 1965 – en disent long d’une époque charnière où l’artiste s’apprête à s’y adonner de façon exclusive.
A la Galerie de l’Étrave seront présentés différents ensembles d’oeuvres, tant dessinées que peintes, datées entre 1949 et 1964, pour la plupart jamais vues en France. Il en sera ainsi de quelques trentehuit dessins figuratifs de jeunesse, notamment quand Opalka était à l’école des Beaux-Arts de Varsovie, d’une série abstraite de grandes gouaches sur papier sur le thème : Etude sur le mouvement (1958-1960) et d’une autre plus gestuelle, à la tempera, intitulée Fonemat (1964).
Ici et là, autant d’oeuvres qui permettront d’appréhender la démarche de Roman Opalka à l’aune d’une histoire comme on ne la connaît pas généralement et qui en éclairciront la trajectoire. « Opalka, le vertige de l’infini », une exposition résolument inédite, rendue possible grâce à la complicité amicale de l’artiste.
Philippe Piguet,
commissaire d’exposition
Roman Opalka est né le 27 août 1931, de parents polonais, à Hocquincourt dans la Somme, où son père était mineur. La crise en France pousse ses parents à retourner en Pologne en 1935, où l’attend une vie extrêmement difficile car le père est au chômage, avant d’être mobilisé en 1939. La famille est déportée en Allemagne pendant toute la durée de la guerre.
Elle sera libérée en Avril 1945 par les troupes américaines et retourne en France, avant de repartir définitivement en Pologne en 1946, où l’Armée Rouge les « attendait »…
Roman Opalka suit d’abord une formation de lithographe en 1946, puis étudie à l’Ecole des Arts appliqués de Lödz et à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie, d’où il sort
Magister of Art.
Très vite, son travail est remarqué et reconnu en Pologne et à l’étranger, et tout d’abord en Italie. Il reçoit de nombreux prix (cf. liste jointe).
En 1975, il est invité par le DAAD à Berlin, rencontre en 1976 celle qui va devenir sa femme, Marie-Madeleine Gazeau, et s’installe définitivement en France en 1977 ; d’abord à Paris, puis en 1979 dans le sud-ouest à Bazerac.
En 2006, il découvre, enfin, dans le pays de la Loire, l’atelier de ses rêves dans une ancienne grange dîmière qu’il restaure, où il vit et travaille et dont l’espace et l’architecture lui procurent une sérénité et un bonheur sans cesse réaffirmés.
Principaux prix et titres honorifiques
1968 Grand prix de la 1e Biennale internationale d’Arts graphiques de Bradford (G.-B.).
1969 Médaille d’or du graphisme à l’exposition «Gold Bunch of Grapes» à Jelenia Gora.
1970 Prix de la 3e Biennale internationale d’Arts graphiques de Cracovie, Pologne. Prix de la 2e Biennale internationale d’Arts graphiques de Bradford, Grand-Bretagne.
Prix de la 7e Biennale internationale d’Arts graphiques de Tokyo, Japon.
Prix du Art Museum Ohara, Tokyo, Japon.
1971 Premier prix du ministère de la Culture et des Arts de Pologne.
1977 Prix de la 14e Biennale d’Arts graphiques de São Paulo, Brésil.
1991 Prix national de la Peinture, Paris, France.
1993  Kaiserring, prix de l’Art de la Ville Goslar, Allemagne.
1996 Prix spécial du ministère des Affaires Etrangères, Varsovie, Pologne.
2009 Commandeur dans l’ordre des Arts et Lettres, Paris, France.
Médaille d’or du Mérite culturel « Gloria Artis », Varsovie, Pologne.
Exposition du 2 juillet au 2 octobre 2011.
Entrée libre et visites commentées gratuites.
Ouvert du mercredi au dimanche inclus, de 14h30 à 18h.
Images  Internet et presse