Sommaire de novembre 2009

01 novembre 2009 : Robert Cahen – Passaggi
04 novembre 2009 : Un frenchy à New York
06 novembre 2009 : Tranches de Quai µ 10
11 novembre 2009 : Détours des Mondes
18 novembre 2009 : Les femmes qui aiment sont dangereuses
20 novembre 2009 : Bologne médiévale et universitaire
24 novembre 2009 : La basilique San Stefano de Bologne
26 novembre 2009 : En vadrouille

En vadrouille

Si vous me cherchez je suis quelque part par là pour un moment

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photo de l’auteur

La basilique San Stefano de Bologne

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La basilique de Santo Stefano est un complexe d’édifices religieux, assez étonnant, dans la ville de Bologne (Émilie-Romagne), en Italie du nord. Située dans le square éponyme, elle est connue localement comme Sette Chiese ( « Sept églises »).

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Selon la tradition, l’ensemble a été construit au cours du Ve siècle sur l’emplacement d’un temple dédié à la déesse Isis par Pétrone de Bologne qui était évêque de la ville.
Construites à l’image du Saint Sépulcre de Jérusalem, elles donnent sur une place bordée d’un palais Renaissance, l’église de Saint Jean Baptiste  ou église du Crucifix, VIIIe s siècle remaniée au  XI, l’église du Saint Sépulcre du Ve siècle, (restaurée au XIIe siècle, de forme polygonale et renfermant le tombeau de Saint Pétrone, patron de Bologne, elle donne accès à la charmante cour de Pilate par un portique du XIIIe siècle, connu sous le nom de « Cortile di Pilato ».san-stefano-bologna-cortile-pilate.1259016671.jpg Il relie les autres bâtiments de l’église de la Sainte Trinité (XIIIe siècle) puis à un cloître roman, transformé en musée, où l’on peut voir des peintures, des statues et des objets du culte. L’église de la Trinité abrite une adoration des mages, curieux groupe sculpté du 14e s en bois polychrome, puis l’église St Vital et Agricola (8e-11es) aux lignes sombres et robustes. On pense que les sarcophages des Saints Vitalis et Agricola sont peut être à Santo Stefano.

L’école bolognaise comporte de nombreux peintres et sculpteurs d’importance : Vitale da Bologna, Francia, les Carracci , Reni, Guercino, Crespi, Nicolo dell’Arca.

à signaler : Umberto Eco est titulaire de la chaire de sémiotique et directeur de l’École supérieure des sciences humaines à l’Université de Bologne, il en est professeur émérite depuis 2008

Bologne médiévale et universitaire

Bologne (Émilie-Romagne, Italie du nord ) est restée l’une des villes médiévales les mieux préservées d’Europe, possédant une grande valeur historique. En dépit des dommages considérables lors de bombardements en 1944, le centre historique de Bologne, l’un des plus grands d’Europe, recèle de richesses aussi bien médiévales, de la Renaissance que Baroques.
Moins touristique que ses voisines toscanes, elle est plus facile d’accès et vaut le détour incontestablement.
Les tours de Bologne, un des traits les plus caractéristiques de la ville, sont des structures architecturales militaires ou nobiliaires d’origine médiévale.
Entre les XIIe et XIIIe siècles, il s’est construit dans la ville un très grand nombre de ces édifices : on a parfois parlé de 180 tours, mais cette estimation, qui reposait sur une interprétation erronée d’actes notariés, est aujourd’hui considérée comme très excessive.
Les raisons pour lesquelles elles furent élevées ne sont pas encore très claires, mais on pense que les familles les plus riches, dans la période des luttes pour les investitures impériales et papales, les utilisaient comme instruments de défense autant que comme symboles de pouvoir.bologne-27.1258669780.JPG
Un grand nombre de tours furent abattues au cours du XIIIe siècle ou ont fini par s’écrouler.  Il subsiste  des deux grandes tours Asinelli et Garisenda, penchées comme celle de Pise. 2tours_bologne.1258667640.jpg
La Piazza Maggiore est la principale place de la ville dont la forme actuelle date du XVe siècle. Cette place contient les principaux bâtiments médiévaux de la Ville. En effet, le Palazzo d’Accursio, la Basilique San Petronio, le Palais des Notaires, le Palazzo del Podestà et le Palazzo dei Banchi donne sur cette place. La place est adjacente à une autre place remarquable de la ville, la Piazza Nettuno.
Le Palazzo d’Accursio, aussi appelé Palazzo Comunale, est la mairie de Bologne. À l’origine, résidence d’Accursius, il devint vite le siège du pouvoir bolonais. Le palais qui vit le couronnement de Charles Quint, possède de nombreuses fresques retraçant l’histoire de la ville.
Un musée Giorgio Morandi se trouve à l’étage.
La Basilique de San Petronio est la plus grande église de la ville, et la cinquième au monde. La Basilique dont la construction a commencé en 1390, est située sur la Piazza Maggiore et elle est une des principales curiosités de la ville, grâce notamment à sa façade inachevée.
Le portail, de Jacopo della Quercia, comporte des scènes de l’Ancien Testament, la Vierge et saint Pétrone dans le tympan jacopo-della-quercia-bologne.1258668078.JPGet les portes latérales sont de Niccolò Tribolo.
Le chœur comporte des stalles en marqueterie et les orgues de Lorenzo da Prato (1475) sont les plus anciennes d’Italie.
Les multiples chapelles sont séparées de la nef par des transennes. Certaines ont été recouvertes de fresques, en 1415, par Giovanni da Modena, illustrant La Divine Comédie.
Michel Ange jeune, alors qu’il a sculpté un autre David pour San Domenico, il se serait inspirée du Portail et de la représentation de la vierge par Jacopo della Quercia pour la sculpture de la Pieta de St Pierre de Rome. La construction de l’édifice qui avait pour intention de dépasser la Basilique Saint-Pierre de Rome, ne fut jamais achevée. On peut remarquer que la façade n’est pas revêtue du marbre initialement prévu
C’est la cinquième plus grande église au monde, avec ses 132 mètres de longueur et ses 60 mètres de largeur. Sa voûte culmine à 45 mètres 1de hauteur et sa façade à 51 m. nicolo_san_petronio_cacciata_dal_paradiso_bologna_san_petronio_1425-1438.1258668755.jpg
Une méridienne, instrument d’astronomie destiné à suivre les variations de la hauteur du soleil à midi, fonctionne dans la basilique, à l’image de celle que l’on peut voir à St Sulpice à Paris.
Le Palazzo dei Banchi est un palais, datant des XVe et XVIe siècles situé sur la Piazza Maggiore. C’est de là que part que le célèbre portique : le Pavaglione.
Le Palais des Notaires ( Palazzo dei Notai ) est un palais érigé par la société des Notaires en 1381. L’une des façades a été refaite en 1437, et le bâtiment rénové dans son ensemble au début du XXe siècle.
La Fontaine de Neptune ( La Fontana del Nettuno ) est une monumentale sculpture de bronze posée sur un socle. Réalisé par le sculpteur Jean de Boulogne (Douai 1529-Florence 1608) par la volonté de Charles Borromée entre 1563 et 1567, la statue trône sur la Piazza Nettuno devant le Palais du Roi Enzo.
Le Palais du Roi Enzo ( Palazzo Re Enzo ) fut construit en 1245, et servira de prison au roi Enzio de Sardaigne jusqu’à sa mort en 1272. Il est situé à côté du Palais du Podestat.
Le Palazzo Bentivoglio Pepoli est une prestigieuse demeure de campagne datant des XVe et XVIe siècles, située de nos jours à proximité immédiate du centre urbain. Il fut édifié à la fin du XVe siècle par Alessandro Bentivoglio. Avec Alessandro Pepoli, au XVIIIe siècle, la villa fut réaménagée par le célèbre architecte néoclassique Angelo Venturoli et devint un centre de vie mondaine et culturelle très prisé.
Le Palais Magnani et ses fresques de l’Histoire de la fondation de Rome par l’académie bolonaise des Incamminati des frères Carrache.
Le Palais dell’Archiginnasio, édifice en style gothique datant du XVIe siècle ,et son théâtre anatomique (transformé en bibliothèque par Napoléon).palais-dellarchiginnasio-bologne.1258669240.JPG
 
Siège de l’Université de Bologne depuis le XVIe siècle, le palais est l’œuvre de l’architecte Antonio Morandi dit Il Terribilia.
Le théâtre anatomique de Bologne est l’un des rares à avoir été conservés jusqu’à aujourd’hui, notamment  par une opération récente avec le concours d’ une somme réunie grâce à une loterie.
On trouve à l’intérieur de l’installation,  les statues en bois de plusieurs grands anatomistes passés par la ville et l’université de Bologne, ainsi que deux figures marquantes de l’histoire de la médecine durant l’Antiquité grecque. Au total, douze personnages sont représentés : Hippocrate, Claude Galien, Fabrizio Bartoletti, Giovanni Girolamo Sbaraglia, Marcello Malpighi, Carlo Fracassati, Mondino de’ Liuzzi, Bartolomeo da Varignana, Pietro d’Argelata, Costanzo Varolio, Giulio Cesare Aranzio et Gaspare Tagliacozzi Trigambe, entourant une table de dissection.anatomical_theatre_of_the_archiginnasio_bologna_italy_-_the_dissection_table.1258668981.jpg
Mon préféré est l’ancêtre des chirurgiens plasticiens, qui se reconnaît grâce au nez qu’il tient dans sa main gauche.
Napoléon en 1803 transféra l’étude à palazzo Poggi et transforma l’Archiginnasio en bibliothèque communale.
Le monument aux morts sur la Piazza Maggiore renvoie à des œuvres de Boltanski, Ce mur du souvenir et d’hommages a été constitué pendant et après la guerre, avec les photos, qu’apportaient les survivants, qui s’informaient du sort des disparus.
Un autre lieu a retenu toute mon attention, c’est le musée de l’anatomie, où l’on peut voir, des personnages, des fœtus en cire, et la leçon d’obstétrique.

Les femmes qui aiment sont dangereuses

Laure Adler :
« Une femme amoureuse en vaut cent. Par sa puissance sexuelle et son intelligence du cœur, elle peut en se donnant à celui qu’elle a choisi, le capturer dans les rets de son désir et faire de lui son égal, voire son esclave. Le désir de la femme a toujours été perçu, et sous toutes les latitudes, plus fort, plus ensorcelant, plus mystérieux que le désir des hommes. »

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A l’origine était  la femme, plurielle par nature, tout à tour, objet d’amour, de fascination et de crainte. De la Venus de Willendorf, image d’un idéal féminin tout-puissant, à la mariée de Niki de St Phalle, offrant le regard de l’artiste sur sa propre destinée, la quête de l’éternel féminin jalonne l’histoire de l’art depuis les temps les plus anciens. Figures mythiques et tutélaires, les héroïnes amoureuses, d’Eve à Rita Hayworth et de Bethsabée à Camille Claudel, se révèlent brutales ou tendres, ambitieuses parfois, mais toujours  ensorceleuses : dangereuses pour les autres et pour elles-mêmes.
durer_eve.1258499615.jpgAu parcours de cette galerie, Laure Adler et Elisa Lécosse proposent un décryptage passionnant d’une histoire trop longtemps laissée aux seuls mains et regards des hommes. Explorant les archétypes, les codes de l’histoire de l’art, et leur détournement au fil des époques, elles analysent le lent basculement des femmes vers l’autonomie amoureuse et la reconnaissance du corps et du désir.
Ici le thème est le triomphe de la femme mais aussi la chute de celles qui se sont perdues dans la passion, comme Dora Maar, amoureuse s’il en faut, et je citerai toutes les femmes de Picasso, lesquelles, à part Françoise Gilot, sont mortes de l’avoir trop aimé. Ce livre nous remet en mémoire les mythes et autres histoires bibliques. Femmes douces, sulfureuses, conquérantes, fidèles, infidèles, sages, hystériques, démoniaques, poétesses, intrigantes, jalouses, tout ce qui en fait le mystère féminin. En dernière page on peut y voir le verrou de Fragonard, détaillé par bleu de cobalt, et comparé à la peinture du couple de Bonnard, que je résumerai ainsi : avant la montée de l’escalier, puis après ….
😉 à Benoit qui conseille de monter doucement, marche après marche ….

Détours des Mondes

Lyliana alias « Détours des Mondes », diplômée de l’Ecole du Louvre, entre autres diplômes…. ( elle déteste que j’en parle…) passionnée par les voyages, ne pouvait que devenir mon amie, depuis quelques 4 ans, grâce à nos blogs respectifs.musee-du-quai-branly.1257950062.jpg
Elle est fascinée par différentes formes d’art notamment les arts traditionnels africains. C’est donc par l’étude de ces arts et des peuples d’Afrique qu’elle tient son blog. Celui-ci s’est enrichi, au fur et à mesure du temps, d’articles sur les arts d’Océanie et arts d’Australie. Puis sur sa lancée, elle a crée au printemps de cette année 2009,  l’association Détours des Mondes, dont le premier trimestre de fonctionnement vient de s’achever. Je lui laisse la parole :
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Le blog Détours des Mondes, – en lien sous la référence blogs amis sur la droite de mon blog – ,  existe maintenant depuis 3 ans et demi et est apprécié par de nombreux passionnés d’arts « premiers ».
J’avais, à l’origine, souhaité transmettre ce que je savais sur ces arts sous forme de billets souvent didactiques, parfois par le biais de comptes-rendus ou de coups de cœur de visites d’expositions, de manifestations.
Si Internet permet de communiquer ainsi avec des personnes à l’autre bout du monde, je souhaite aussi et ce, grâce à des amis, que Détours des Mondes puisse se matérialiser en un « réel » lieu de rencontres et d’échanges sur Paris.
C’est pourquoi l’Association Détours des Mondes voit le jour en ce printemps 2009.
Celle-ci a pour objet d’organiser des conférences, des débats, des expositions, des manifestations culturelles en tout genre, afin de promouvoir et faciliter l’accès du plus grand nombre à la connaissance des arts d’Afrique et d’Océanie, et plus généralement aux cultures du monde.
Dans le planning de sa première année d’existence 2009/2010, l’Association proposera à la rentrée de septembre deux cycles de 6 conférences :
* Arts d’Afrique et d’Océanie : une introduction ;
* Aspects des identités masculines en Afrique et en Océanie (sur le thème de la prochaine exposition du Musée Dapper : L’Art d’être un homme (Afrique, Océanie)).
Pour ses membres, il sera proposé en outre des visites guidées au Musée du Quai Branly et au Musée Dapper, des manifestations particulières (conférences d’intervenants extérieurs de manière ponctuelle, visite(s) en région(s)…), une news-letter… L’Association sera en mesure, je l’espère, d’être rapidement, une force de propositions plus importante.
Nous souhaitons recueillir toute idée, toute initiative, qui puisse la faire devenir un lieu vivant de rencontres amicales, d’échanges, sous formes les plus variées.
Rien n’est encore définitivement fixé mais le sera avant fin juin (horaires, lieu).
Pour toute question ou suggestion, merci de nous contacter à :
Association Détours des Mondes.

Tranches de Quai µ 10

A l’occasion d’une semaine d’ateliers avec des artistes invités,
Le Quai, école des Beaux Arts de Mulhouse, a ouvert ses portes le temps d’une soirée. Son directeur David Cascaro a accueilli,
Bernard Goy représentant de la DRAC Alsace,
Michel Samuel Weis, adjoint à la culture de la ville de Mulhouse, commentateur bénévole, en voix off, du film de Tobias Rehberger :

La Légende de la Pomme de Terre d’Or.

Film, que vous pouvez retrouver, tournant en boucle dans la vitrine de Manpower, à côté de la Tour du Bollwerk, près du champ de pommes de terre … Quelques bienheureux … ont dégusté quelques pommes de terre, en y cherchant désespérément des pépites d’or….
Un public nombreux se pressait et déambulait dans les diverses salles de l’établissement, dans une chaleureuse ambiance.
Avec dans le désordre, Edson Barrus, Pierre Tillet, Michèle Reverdy, Julien Ottavi, Jennifer lacey, Loran Stosskopf, Bris Rebetez, Benjamin Bardinet, Christian kempf, Christian Savioz et Claire Morel, l’association lalala et quelques surprises dont :

vidéo avec l’aimable autorisation de David Cascaro et MS Weis.

Un frenchy à New York

L’art est-il un luxe ou encore  un frenchy aux States.
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Beaucoup d’entre vous, caressent le projet d’aller à New York, de courir musées et galeries, de flâner à Chelsea ou à Soho, Brooklyn, Harlem, de se plonger dans l’atmosphère si particulière de cette ville. Il y a, of course,  les grands classiques comme le Moma, le Met, le Guggenheim, le New Museum, la Collection Frick, de côtoyer le monde de la politique et de la diplomatie internationales à l’ONU, mais avant d’aborder toutes ces richesses, vous pouvez suivre l’information en direct et trouver des réponses dans les interviews que présente sur son blog  :
THIBAUT ESTELLON, qui vit à New York auquel je laisse la parole :

« The French Creative Connection ».
lien en blogroll dans la partie droite du blog

Que ce soit dans les arts visuels, la musique, le cinéma, la mode, le spectacle vivant et les arts de la scène, la littérature, le design ou bien encore l’architecture, nombreux sont les français qui s’expatrient aux Etats-Unis pour travailler dans les milieux créatifs et artistiques. Voici donc une série d’interviews de ces personnes qui font bouger New York en version française !

Moi je suis très impatiente d’y retourner, il y a tant d’endroits qui excitent ma curiosité.

Robert Cahen Passaggi

Je ne peux que reprendre le texte de Norbert Corsino, rédigé en mars 1993, tant il est représentatif du personnage :
Boucles blanches, yeux bleus, Robert Cahen ne touche pas le sol : il a quelque chose d’un ange. Parfois il faut se retourner sur son passage pour voir s’il a des ailes ou non. Des ailes du type « omoplates » ou « chevilles »  on n’en voit point. Et pourtant il vole. Plus exactement il flotte dans l’air : à la fois suspendu au gré du temps et migrateur comme certains oiseaux, sachant où il va, sachant quand il revient. Les traces de ses envolées sont visibles. Son œuvre vidéo est là pour nous montrer ses voyages dans l’imaginaire. La vidéo-ailée de Robert C. ralentit le passage du temps. Sa pâte originelle de musicien renvoie à une mémoire sonore dans la manière d’entretenir les images.
n705852017_2220488_6149137.1256936068.jpgLa rétrospective qui lui est consacrée à Lucca en Toscane, à la Fondazione Ragghianti (23 octobre 2009 – 10 jan 2010) nous présente les installations et vidéos acquises par le Frac Alsace en 1997.
Dans le cadre de sa mission de formation et de sensibilisation à l’art contemporain, le Frac Alsace propose des prêts d’œuvres issues de sa collection auprès de collèges ou lycées, institutions ou entreprises, maisons des arts ou musées….
C’est la plus grande exposition d’installations vidéo de l’auteur en Italie. Il présente 13 oeuvres de 1979 à 2008: 11 installations et 2 vidéos (ces 2 œuvres  sont spécialement «installées» pour l’occasion).
Ce lieu avec son cloître est absolument magique, proche du jardin botanique et des remparts, la façade ne laisse pas deviner les trésors qu’elle abrite.
En avançant plus en avant dans l’exposition, vous pénétrer dans l’univers onirique du magicien qu’est Robert Cahen.
Le voyage, la contemplation du paysage, la métamorphose du regard, mais aussi un temps lent et méditatif, la pensée sur l’idée de paysage, le temps de la vie, la mémoire, la rencontre avec l’autre.
C’est ainsi que de salles en salles vous pouvez rêver et contempler :
Tombe (avec les objets) , expliqué par RC lui-même dans mon montage vidéo (mais oui j’ai osé …)
Intimiste, Robert Cahen, est intéressé par  la vérité des êtres, cette passion des hommes qui le faisait déjà s’intéresser aux passants rencontrés en Chine. Dans les films qu’il compose minutieusement, Robert Cahen travaille sur le temps, sa marche inexorable, par exemple ces Paysages-passage. fondation-ragghianti.1256936184.jpg
7 visions (qui étaient à la Chapelle St Jean de Mulhouse), Robert Cahen dispose des caissons où le regard est mis en conduite forcée pour recueillir des images saisies au vol pendant son voyage en Chine. Vus de loin, ces caissons de bois écru ressemblent fort à des cercueils.
Suaire,
C’est encore le thème de la mort, une mort si douce qu’elle n’est plus que la trace quasi-immatérielle de ce tissu flottant, qui s’expose, ralentie, dans une image fragile et comme transparente sur le Suaire. Le visage surgit imperceptiblement, fixe, puis s’anime par un lent mouvement de paupière, jusqu’à sa disparition, image en suspension, passage de la vie à la mort, qui subsiste dans la mémoire
Paysages-passages
Robert Cahen invite le passager en partance à entrer dans la couleur des sons, le bruit des vagues, le sifflet d’un train. Il colore les quais de la gare du Montenvers de couleurs extrêmement vives et crues, révélant délicatement le kitsch du tourisme familial de la Vallée blanche.
il y a Attention ça tourne, Tombe avec les mots (italiens)
accrochés dans une pièce sombre, des objets de toute sorte -jouets, ustensiles, vêtement- tombent inexorablement dans une installation intitulée…Tombe !robert-cahen-videos-7.1256937131.JPG
Françoise en mémoire
Les mots semblent prolonger le portrait, ils passent au travers de l’écran, viennent de ce visage pour se fondre dans l’espace environnant. Les mots qui flottent devant le visage de Françoise sont comme une clé. Ce visage si proche, qui nous fait face, nous le regardons avec ces mots. Cette femme, nous la comprenons avec ses mots, nous partageons les mêmes mots.
Presque une photographie. À la limite entre image fixe et image animée. La pose est simple, le sujet est assis, le cadrage rapproché. Presque un portrait photographique.
Dans cette installation, pas de paysages, pas de pays lointains, pas d’effets sur l’image, pas de son, et pas de mouvement de caméra, un long plan fixe. Presque rien ne bouge. En tout cas dans la partie filmée. Car il y aussi ces mots, ces mots qui passent, lentement et miroitent au sol, comme provenant de l’autre écran, celui qui représente Françoise. Avec un flottement proche d’installations comme Tombe de 1997 ou Tombe (avec les mots) de 2001.
Ce ne sont pas seulement deux projections simultanées que l’on voit ici, c’est évidemment la relation qui se tisse entre les deux parties de l’œuvre, entre les deux écrans qui importe. Pour Robert Cahen « on ne peut pas regarder deux choses à la fois », il précise là que notre regard doit faire un choix, une suite de choix. On regarde un écran, sachant que l’on perd en partie ce qui se déroule sur l’autre. On pourrait dire : quand on regarde l’un, on voit l’autre ; et voir n’est pas regarder… Robert Cahen choisit régulièrement, dans d’autres œuvres, de présenter plusieurs images en même temps, L’île mystérieuse (1991), ou Paysages-passage (2000).
Une image comme flottante, un visage comme suspendu dans l’espace d’une part, des mots en mouvement de l’autre. Les deux projections passent en boucle, elles sont proches sans être pour autant synchronisées. Ainsi, ce n’est pas un lien de cause à effet que Robert Cahen a voulu tisser entre ces deux projections qui composent l’installation. Ce sont deux boucles parallèles, tout à fait autonomes, mais intimement reliées, articulées. Comme deux mondes parallèles interconnectés. D’une part le visage silencieux, dans le temps dilaté cher à Robert Cahen, légèrement ralenti, aux mouvements parfois imperceptibles mais bien présents. D’autre part le monde des mots, ces mots qui glissent au sol, qui flottent lentement comme dans de l’eau, ou comme sous l’eau, donc aussi assourdis, filtrés, vus au travers de quelque chose qui fait jouer la lumière.
robert-cahen-catalogue.1257036991.jpg Comme des mots oubliés qui ressurgissent, à la manière des « vieux rêves » dans le roman, La fin des temps d’Haruki Murakami (1985, Japon). Dans cette installation de Cahen les mots sont des bribes, comme des fragments de mondes épars, sans phrases ni histoires précises : mon enfant, silence, métamorphose, disparition, le vent, l’autre… Dans le livre de Murakami, le narrateur arrive dans une ville murée, qui n’est autre qu’un espace construit dans son propre cerveau. Dans ce monde très organisé, il a pour tâche la lecture des « vieux rêves ». Il travaille à la mémoire d’un monde, le sien en fait ; il scrute et sonde sa propre histoire, qui lui échappe…
Dans l’installation de Cahen, les mots concernent la mémoire de Françoise, mais peut-être aussi celle de nous tous.
Chez Murakami, la seule issue à ce monde fermé sur lui-même est la rivière qui traverse la ville : y plonger pour passer sous l’enceinte et découvrir l’inconnu, au-delà.
Les reflets et le mouvement fluide des mots silencieux qui glissent devant Françoise me font penser à cette rivière de la Fin des temps : ils sont l’accès à une connaissance, ils semblent signifier le passage entre la mémoire et le monde, entre un monde intérieur et notre espace de spectateur-lecteur.
Un des premiers films de Robert Cahen, Karine (1976), est un portrait qui se construit dans le temps (l’artiste photographie l’enfant du jour de sa naissance jusqu’à l’âge de six ans et le film se construit de ces photographies). De la naissance à l’enfance. Avec Françoise en mémoire, c’est une femme âgée qui nous fait face, cette fois dans un temps suspendu, presque arrêté, ralenti. Ce temps dilaté, qui nous rend sensible au moindre changement d’expression, au moindre battement de paupières, au moindre souffle. Alors ces deux œuvres, Karine et Françoise… se répondent, enfance et vieillesse, temps concentré et temps suspendu, apprentissage de la parole et mémoire questionnée par les mots, nous rappelle Stéphane Mroczkowski
Enseignant-chercheur en arts visuels à l’Université de Strasbourg, artiste
et
Sanaa Passage en noir, capitale du Yemen,
Horizontales couleurs,
Voici ce que RC dit pour les cartes postales :robert-cahen-videos-31.1256937009.JPG
Les cartes postales, c’est un rêve d’enfant qui se réalise: tenir en main une photographie et la voir tout à coup prendre vie. Voir ce qui s’est passé après l’instant fixé sur la pellicule. Pour faire les Cartes Postales, on choisit de se rendre dans des endroits dont on rêve, des endroits connus, typiques, révélateurs d’une ville ou d’un pays. On filme en plan fixe en guettant ce qui peut se passer d’intéressant, en essayant de capter l’esprit de l’endroit. De retour de tournage, on choisit les moments où quelque chose d’inattendu, de drôle s’est produit. Au besoin, on l’accentue par des effets spéciaux ou par le travail du son. Le but est de faire « feuilleter » au spectateur une collection d’images devant laquelle il va se demander: Que va-t-il se passer cette fois-ci ?
Les cartes postales ont été réalisées par Robert CAHEN, Stéphane HUTER et Alain LONGUET en totale collaboration à tous les stades du travail, entre 1984 et 1986. La collection regroupée sur trois bandes de 13.30 minutes chacune comporte 450 Cartes Postales: Rome, Alger, Lisbonne, Paris, New York, Londres, l’Egypte, l’Islande, le Canada, la Côte d’Azur, la Normandie…
Certaines  de ses vidéos, ne m’étaient pas inconnues, elles avaient donné lieu à des expositions, dans divers endroits de la région, (Alsace – Suisse) mais le fait de les voir rassembler dans ce lieu prestigieux, propice à la méditation et à la contemplation, non seulement permet d’avoir une approche d’ensemble, de l’oeuvre abondante, de la démarche poétique et fantastique de l’artiste, mais font ressortir toute sa puissance émotionnelle. Un moment fort, puissant et très émouvant.
Comment ne pas citer ce commentaire de J.-P. Fargier dans Le Monde du 23 avril 1996 : C’est un frémissement intérieur, le rythme des couleurs vidéos, le mouvement arrêté du temps Tous ces effets auraient pu le conduire à l’abstraction. Il n’en n’est rien. La cinquantaine d’œuvres réalisées par l’auteur depuis 1971 procède en fait d’une technique mixte : fidélité au sujet autant qu’à la matière, réalisme intimiste, lyrisme et narration… Robert Cahen n’hésite pas à assembler des  » micro-histoires  » jouant de tous ces éléments avec beaucoup d’humour. Minutieusement et sans concession, le vidéaste a construit une œuvre qui s’est donnée à voir et à entendre, avec quel plaisir, plaisir partagé.

grande ringraziamento a Elena Fiori e il suo interprete, per avermi accolto e guidato attraverso questa bella mostra

photos extraites du catalogue de l’exposition, sauf la photo 3, montage vidéo de l’auteur