Sommaire décembre 2008


2008-12-02 -8 : La première fois à la Kunsthalle

2008-12-03 –8 : Daniel Firman

2008-12-05 –8 : Paris

2008-12-06 –8 : Venizke

2008-12-07 –8 : Picasso et les maîtres

2008-12-10 –8 : Emil Nolde

2008-12-12 –8 : François Morellet raison et dérision

2008-12-15 –8 : Raoul Dufy est plaisir

2008-12-17 –8 : Waoohhhh !

2008-12-19 –8 : Venise de Canaletto et Turner à Monet

2008-12-23 –8 : Francis Bacon à la Tate Britain

2008-12-24 –8 : Noël en Alsace

2008-12-26 –8 : Renaissance faces.
Van Eyck to Titian
2008-12-27 –8 : Jeff Koons

2008-12-29 –8 : Giovanni Bellini

Giovanni Bellini

bellini.1230477179.jpgEst-ce une coïncidence ? Au moment où Andrea Mantegna triomphe à Paris, (exposition que j’ai vue, d’autres que moi vous en parlent, et déplorent, l’absence du Christ mort), Rome célèbre son grand contemporain, Giovanni Bellini (vers 1430- 1516). Les deux hommes étaient unis aussi bien par des liens familiaux (ils étaient beaux-frères) que par une proximité artistique. Fils de Jacopo et frère de Gentile, peintres éminents de la Sérénissime, Giovanni se trouve au coeur d’une forte tradition vénitienne, que plusieurs facteurs vont contribuer à renouveler, à commencer par le séjour d’Antonello de Messine, en 1475.

« Giambellibellini-vierge-christ.1230476546.jpgno », comme on l’appelait alors, sera le grand artisan de ce renouvellement et le pionnier d’une modernité vénitienne, dont ses disciples directs, Giorgione et Titien, porteront haut le flambeau. L’apport décisif de Bellini est d’avoir magnifié l’espace perspectif uni, forgé par ses grands prédécesseurs, par l’homogénéité vibrante d’une lumière qui pénètre les formes comme une brume de couleur, assurant un accord parfait entre les figures et l’espace, architectures ou paysages, dans lesquels elles se fondent. En termes plus techniques, on parle de « tonalisme » pour définir cet art basé sur le rôle constructif et expressif de la couleur. Avec plus de soixante œuvres, soit les trois quarts de la production connue de l’artiste, cette exposition constitue le grand événement de la saison romaine.

Il faut s’attarder sur leurs regards embués de larmes, sur leurs mains qui caressent et retiennent l’enfant qu’elles portent au creux de leurs bras : les Vierges de Giovanni Bellini sont d’abord des mères. C’est une mère qui présente le Christ au temple ; c’est une mère ravagée de douleur et vieillie qui le recueille au pied de la croix. Une mère qui se résigne face à un destin qu’elle ne peut empêcher. Ici, le sacré d’un destin et le profane de la souffrance cohabitent. Dans la pénombre de la Scuderie du Quirinal, à Rome,  les œuvres sont exposées, jusqu’au 11 janvier, la rétrospective romaine choisit de se concentrer uniquement sur le peintre qu’elle étudie dans une tentative monographique . Chacune baigne dans son cocon de lumière douce, isolant la peinture et son spectateur dans un face-à-face quasi privé.

La Lamentation sur le Christ mort entre Saint Marc et Saint Nicolas du Palais des Doges à Venise , est présentée, à juste titre, comme un des tableaux les plus importants de la rétrospective ou encore La Crucifixion avec bellini-crucifixion.1230478309.JPGcimetière juif (1438-1440). Les historiens ont repéré, dans la ville céleste qui forme le fond du tableau, un campanile de Venise, une église d’Ancône, le dôme de Vicence. Mais plus encore, ce tableau est un herbier : une trentaine de plantes ont pu être identifiées au pied de la croix. Parfaite synthèse de l’art de Bellini : « l’élévation de l’âme et le sens du détail ». « Ce sont exactement les techniques utilisées aujourd’hui au cinéma, s’enthousiasme l’artiste américain Bill Viola dans une « lettre » au peintre publiée par le quotidien La Repubblica du 3 octobre. Bill Viola, dont il y a une exposition en même temps à Rome, je m’en suis rendue compte trop tard, aussi je me suis rattrapée en allant voir, Tristan et Isolde à la Bastille. La vidéo de Bill Viola accompagne si judicieusement par sa projetection le spectacle.

Le style de Bellini emprunte aussi aux Flamands, de Jan Van Eyck ou de Dirck Bouts, à Dürer ou à Piero della Francesca.bellini-l-ivresse-de-noe.1230476872.jpg Mais Bellini saute de l’un à l’autre comme  pour arriver jusqu’à la dernière toile connue, La Dérision de Noé, ( une belle analyse de ce sujet) déjà vue à Besançon. Son chef d’œuvre absolu, pour moi se trouve à la National Gallery, le Portrait du doge Leonardo Loredan. (on peut lire ici une mise ne parallèle avec l’homme au chapeau de Magritte)

Jeff Koons


Ma visite à Versailles.
 La grande sculpture de Jeff Koons dans la cour resplendit sous le soleil et reflète les bâtiments alentours avec bonheur. A l'intérieur, ces sculptures tant décriées, qui ont soulevé tant d'indignation et de polémique, sont tout à fait assorties au public, disparate, qui n'est là que, comme moi, pour photographier. L'intérêt pour le lieu n'apparait pas réellement. Ce que veulent les gens c'est se faire photographier devant un endroit, un objet apparement connu. Le Flash est interdit ? Que nenni, tout le monde s'en moque, cela crépite de tous les côtés. Pour un coup de pub c'est une réussite. A force d'en avoir entendu parler, mais aussi de ne pouvoir regarder réellement ces lieux, dans le brouhaha de la foule, cela ne me choque absolument pas et je ne comprends pas tout ce pataquès fait autour de ce qu'il faut regarder comme une curiosité.

Renaissance faces. Van Eyck to Titian

En plein âge d’or de l’art en Europe, l’exercice du portrait atteint des sommets de perfection et de style jamais atteints jusque là. Plus de 70 toiles de maîtres ayant illuminé la Renaissance de leur art sont présentées à la prestigieuse National Gallery de Londres, décortiquant un genre qui figeait les grands de ce monde sur toile, des monarques jusqu’aux hommes politiques ou nobles, à tous les stades de leur vie. Les œuvres de Raphaël, Le Titien, Botticelli, van Eyck, Holbein, Dürer, Lotto, Pontormo et Bellini sont rassemblées dans une exposition thématique de haute-volée.
Le  Portrait de Lionello d’Este  de Pisanello, qui était l’œuvre phare de l’exposition Accademia Carrara bellissima de Lausanne occupe ici une place bien modeste.
La National Gallery  présente des portraits de sa propre collections, que l’on peut voir gratuitement à l’ordinaire.
Vais-je les bouder pour cette raison, bien sûr que non surtout que je les vois pour la première fois, et là quel choc.
Les Epoux Arnolfi de van Eyck, aux passants pressés, mal informés, qui disent tient la jeune femme est enceinte, j’ai envie de répliquer, mais non, c’est tout simplement la mode de l’époque, mais il y a aussi tous les autres détails,  les Ambassadeurs de Holbein, avec la fameuse  anamorphose,  qu’il faut voir de biais, un memeto mori, la toile occupe tout un mur. Deux ambassadeurs français, portrait d’apparat mais aussi savant, spirituel. L’oeuvre signée sur le pavement, les dates de naissance sur une dague et sur un livre permettent de dater l’œuvre et reconnaître les modèles. L’étagère supérieure est consacrée aux choses du ciel. A l’étage inférieur les choses terrestres.
bellini-portrait-du-doge.1230255018.jpg le Portrait du doge Leonardo Loredan de Giovanni Bellini, me renvoie à mon précédent voyage  à Rome où j’ai vu l’exposition consacrée à Bellini aux Ecuries du Quirinal. Je crois bien que c’est ici son vrai chef d’œuvre.
Rodolphe Iier en Vertumus par Arcimboldo
Les papes par Titien Paul III et Jules II.
Le terrible portrait de femme  de Quentin_Massys quentin_massys-portrait.1230255316.jpgqui dépeint sans ménagement la Vieille Femme amoureuse, monstrueuse de Londres, tenant pathétiquement un bouton de rose. Et qui garde le souvenir d’une œuvre perdue de Quentin en pendant au Vieillard de 1513, conservé au musée Jacquemart-André à Paris).
Un autoportrait de Durer , un portrait de son épouse.
Un merveilleux double portrait de Tullio Lombardo  est d’un classicisme tel qu’il évoque presque une sculpture du début du XIXe siècle.
Les deux amis de la galerie Pamphilij peint par Raphaêl . Les 2 personnages semblent emmurés chacun de leur côté. Il semble s’agire, mais cela n’est pas certifié de d’Andrea Navagero et Beaziano qui voulaient ainsi celler leur amitié.
La juxtaposition très heureuse, celui du dessin de Domenico Ghirlandaio  avec le Portrait de vieillard et de son petit-fils qu’il prépare. Cette confrontation justifie le déplacement de ce dernier tableau, l’un des fleurons du Louvre. On ne sait pas forcément que ce chef-d’œuvre n’est pas dû à l’observation par le peintre de l’heureuse scène familiale qu’il représente, mais qu’il s’agit d’un portrait posthume, basé sur une étude du vieillard mort
 L’organisation du parcours est thématique, et le visiteur est aidé d’un petit livret en anglais ou d’un audio-guide en français, qui donnent les clés de chaque section

Noël en Alsace


Grâce à la vidéo de Henri Daniel, mes amis alsaciens "exilés" en Australie et au Canada, vivent en direct le marché de Noël mulhousien. Joyeux Noël à tous.
 photo-noel.1229985603.jpg

Francis Bacon à la Tate Britain


bacon-cri.1230062914.jpgL’exposition se décline en 9 thèmes : Animal, Zone, Apprehension, Crucifixion, Crisis, Archive, Portrait, Memorial, Epic, Late.

Ce qui frappe avant tout, c’est le public. Francis Bacon a un impact profond sur les visiteurs,  le trouble produit par cette peinture puissante, le sacrifice de ces corps torturés projetant leur effroi, émettant des appels muets au secours.

C’est son reflet que le visiteur voit sur la toile, un reflet de lui, renvoyé par la toile, dans une succession de portraits, de crucifixions. Un répétition avec de légères différences de la douleur, de la solitude, de la misère, de l’horreur.

Bacon nous montre toute sa fascination pour les corps en mouvement, aussi son fond d’atelier où l’on retrouve ce qui lui servait de référence.

Le portrait d’Innocent X peint par Velasquez, qui se trouve à la Galerie Pamphilij à Rome, et des variations de l’autoportrait de Vincent Van Gogh sur un chemin. bacon-le-pape-innocent-x.1230062652.jpgLe portrait de Vélasquez était présenté à côté de ceux de Bacon lors de l’exposition à la Fondation Beyeler en 2004. Trois toiles de Bacon en provenance de la Fondation sont présentées dans l’exposition.

La présentation à la Tate Britain n’est pas des plus heureuse, mais l’œuvre de Bacon est si violente et si puissante, que l’on est malgré tout pris par la tension qui s’exprime par ses œuvres. Tourment de l’âme, tourment du cœur. La présentation par thème envahit le visiteur, on est cloué, obsédé, tels ces amants nus, suicidés, qu’il peint sous des lumières crues, ou ces bouches ouvertes sur un cri, enfermés dans des cages, cachés avec force détails.bacon-van-gogh.1230062805.jpg

La force expressive ne fait que rendre compte de sa propre nature tourmentée. Coloris agressifs et figures déformées caractérisent la manière de cet écorché vif.

L’œuvre de Francis Bacon s’impose au regard par sa seule force expressive et violente.

Venise de Canaletto et Turner à Monet

«Personne n’entre à Venise en étranger», disait un guide de voyage en 1842. «Et personne n’entre chez Beyeler sans avoir un avis sur Venise», pourrait-on ajouter.
A vrai dire, j’y suis allée un peu méfiante, ayant été relativement déçue il y a 3 ans, par le même sujet exposé au Grand Palais.
Ici rien de tel, l’architecture du bâtiment, l’accrochage judicieux des oeuvres et leur choix sont tout simplement fascinants.
La magie de la nouvelle exposition de la fondation Beyeler à  Riehen, dans la campagne bâloise, n’en est que plus saisissante: tout le monde a en mémoire un Canaletto ou un Turner, un Monet ou un Guardi inspiré par la célèbre cité. Mais l’éclairage donné par le commissaire d’exposition Martin Schwander leur (re)donne une beauté et un sens particuliers.
L’exposition «Venise, de Canaletto et Turner à Monet», sera visible jusqu’au 12 février 2009. Elle est un retour sur mythe. Le mythe d’une cité qui a attiré les artistes du monde entier, artistes qui, en retour, ont nourri ce mythe en diffusant de la ville force images poétiques.

«Trop beau pour être peint», avait décrété Claude Monet, qui s’était longtemps refusé au voyage vénitien avant d’y séjourner deux mois, en 1908, à l’âge de 68 ans. La série de 37 tableaux qu’il commença à y réaliser (il les a terminés dans son atelier de Giverny les années suivantes) lui donnent tort.

De façon pertinente, l’exposition commence avec les derniers peintres vénitiens de la grande époque de Venise, Canaletto (1697-1768) et Francesco Guardi (1712-1793). Le départ du bucentaure, la barque de parade du doge. C’est à la fois une fête et un acte politique. Le doge accomplit le sposalizzio del mare, le mariage rituel avec la mer, en jetant à la mer un anneau d’or et en prononçant la phrase riruelle si importante à Venise « Nous t’épousons, mer, en signe de notre domination véritable et constante »
 Nés après les luttes permanentes contre les Turcs au 17e siècle, les deux artistes mourront juste avant l’abolition de la République de Venise par Bonaparte en 1797.
Des deux grands «védutistes» (les vedute sont les vues de villes, typiquement celles de Venise) au Monet d’il y a un siècle, le fil rouge est constant.
Le Grand Canal, le Palais ducal à la lumière si particulière fondant terre, mer et ciel se retrouvent d’une époque à l’autre, d’un style à l’autre. Mais ils ne sont jamais aussi clairs et transparents que chez Canaletto, qui ouvre l’exposition.

Pour l’historien d’art André Chastel («L’art italien»), Canaletto et Guardi sont ceux «qui iront le plus loin possible vers une peinture pure, sans thèmes antiques ou religieux, ce qui annonce déjà le 19e siècle

Deux maîtres bien différents. A la netteté cristalline de Canaletto, Guardi oppose des vues plus «floues», où la touche est plus présente. Comme si l’impressionnisme n’était pas loin.
Mais, avant cela, il y aura encore d’autres voyageurs. Centre artistique, culturel et intellectuel au 16e siècle, Venise a commencé à attirer des pèlerins de toutes sortes au plus tard au 17e siècle. Ce flot ne s’interrompra jamais.
Après Guardi, le visiteur plonge dans une presque pénombre qui met encore plus en valeur les tableaux de William Turner (1775-1851), qui y fit trois voyages (1819, 1833 et 1840).
Les deux tableaux «En allant au bal» et «En retournant du bal» (1846) laissent éclater la lumière de façon abstraite. Le ciel est comme déchiré par la lumière du peintre.
Puis viennent deux étonnants Manet, manet.1229553777.jpg
Renoir et surtout Monet, qui a droit à un des plus grands ensembles de cette exposition. L’obsession du Français pour la «ville-nénuphar» (expression de Paul Morand) le pousse à explorer les matières comme nul autre.
L’eau d’abord, les palazzi ensuite
Sa série du Palais Contarini coupe systématiquement le bâtiment au deux tiers de sa hauteur, pour donner tout le premier plan aux miroitements de la lagune, bleue, verte ou violette. Magnifiquement mise en valeur, seule au milieu d’une paroi, la «Gondole à Venise» est une intrigante tache beige au milieu de l’eau.monet-venise.1229554699.jpg
L’autre grand ensemble de l’exposition est consacré à James McNeill Whistler (1834-1903), qui avait ramené de Venise 100 pastels et 52 eaux-fortes merveilleuses de simplicité. Les sujets moins glorieux l’intéressent, les arrières-cours, les passants, pas forcément riches. Ces derniers sont exposés dans une semie-pénombre.
sargent.1229554547.jpgOn est saisi lorsque l’on revient vers la lumière de John Singer Sargent (1856-1925), un Américain hôte régulier de Venise, comme nombre de ses compatriotes à la fin du 19e siècle. A grands traits expressifs, le peintre dessine un monde moins glorieux, choisissant souvent de surprenants angles de vues.
Intéressant contre-point, un choix de la collection de photographies historiques Herzog, de Bâle, permet de voir Venise «telle qu’elle était» dans les années 1870, sous l’objectif de Carlo Ponti et de Carlo Naya. Eux aussi ont contribué au succès désormais pleinement touristique de la Venise italienne depuis 1866. La première Biennale ouvrira ses portes en 1895.
Autre photographe, mais contemporain, le Belge David Claerbout propose une expérience sensorielle intéressante: ses clichés architecturaux de Venise sont projetés dans le noir et il faut un moment à l’œil pour commencer à distinguer les contours des bâtiments. Des ombres que les peintres des siècles passés ont heureusement depuis longtemps immortalisés.
A la fin de l’exposition des fauteuils vous accueillent, où vous pouvez écouter des compositeurs de musique classique, vous plongeant dans l’ambiance vénitienne.
Une exposition à voir et à revoir.

Waoohhhh !

cimg0024-medium.1228151431.JPG Une fois encore, le Crac Alsace étonne par son choix diversifié, étonnant, détonnant. A nouveau, l’équipe de Sophie Kaplan a réussi son pari de réunir des talents à l’imagination plus que fertile. Dans le 1er volet de « Waoohhh, Le merveilleux dans l’art contemporain », treize artistes de la scène internationale proposent leur vision de notre société et nous plongent dans leur monde singulier rempli de rêves et de science-fiction.
Si les locaux du Crac ont subi une grande rénovation, en entrant, à peine franchi les quelques marches, le spectateur se dit que les travaux sont loin d’être achevés. En lieu et place du bureau d’accueil, sur un amas de gravier et de terre  des centaines d’araignées lumineuses tentent de gravir le monticule.  À y regarder de plus près, c’est d’une œuvre dont il s’agit : « Araignées ». Celle d’un jeune Suisse, Vincent Kohler qui, du haut de ses 21 ans, se fait un malin plaisir à surprendre. Il met en scène un curieuse montagne, plutôt un rocher fumant,  grondant,  un volcan en phase menaçante, portant bien son titre inquiétant de « rocher du diable ».
 L’Anglaise Zoë Mendelson a recréé une salle de classe. « La cyclo teacher », une fresque avec des éléments hétéroclites et des pupitres en carton.
En arrivant au premier étage, le titre de l’exposition vous apparaît de façon lumineuse,  » Waoohhh » devant  un gigantesque haricot vert jubilatoire, une exubérance qui envahit la grande salle, dévore l’espace.
Son auteur, le Portugais João Pedro Vale, est influencé par les contes de fées,mais c’est aussi une avant première de la Forêt Enchantée d’Altkirch.
Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen ont dessiné à quatre mains des œuvres fantastico-loufoques qui répondent aux sculptures de Johnston Foster qui a l’art de recycler nos déchets en nous interpellant sur notre société de consommation, corne d’abondance d’où dégouline un amas hétéroclyte, telle une nature morte. Ou encore une autre compostion faite de club de golf surmontée d’un oiseau peut-être cible du chasseur « Rangerdanger »
Stéphane Thidet de retour au Crac, mais aussi présent à la FIAC, dessine sur un billard une montagne lieu d’une très haute valeur symbolique inaccessible au commun des mortels et pourtant si poétique. Une sorte de quête d’un ailleurs. Il nous précise
« le titre pourrait théoriquement exister au milieu de cette table »
Le facétieux Pierrick Sorin réalise des courts-métrages et des dispositifs visuels dans lesquels il questionne avec humour et désespoir, tel un leitmotiv sous-jacent, la condition humaine, la place et le rôle de l’artiste ainsi que le processus créatif. Pour se faire, il adopte une démarche intellectuelle et humoristique à la croisée de la magie et du burlesque. Il n’a de cesse de manipuler les codes de l’audiovisuel et de détourner les stéréotypes. Acteur principal de ses oeuvres, il investit le rôle de l’antihéros dans des situations absurdes et
facétieuses, autant de clins d’oeil aux illustres Buster Keaton, Jacques Tati et, plus récemment, Mister Bean. S’inscrivant dans l’héritage d’Emile Raynaud, Pierrick Sorin réinvente avec fantaisie les Petits théâtres optiques, où, à l’image des hologrammes, des personnages filmés évoluent dans de vrais décors et des objets réels.
Juste pour vous donner envie de voir la suite…
Son DJ vaut son pesant de dérision.
 
Entre contes et mythes, nouvelles technologies et science-fiction, l’oeuvre de Nicolas Darrot dessine les contours d’un monde imaginaire peuplé de chimères et d’automates. Dans cette « fantaisie » à la fois ludique et poétique, l’artiste raconte l’histoire de métamorphoses impossibles et explore une réalité ambiguë, nourrie par un imaginaire où se côtoient différents univers. Le Cerf Macroterminitae, subtile référence à l’imagerie religieuse médiévale du Christ en croix, est un automate dissimulé sous un voile qui, dans un enchaînement de mouvements mécaniques, se dresse peu à peu, jusqu’à pouvoir entièrement tourner la tête vers le ciel. Le merveilleux à l’œuvre dans la pièce de Darrot se rapproche de la conception médiévale, où la merveille relève indifféremment du miracle chrétien, de la magie ou de la mécanique et où l’art de l’enchanteur et celui de l’ingénieur sont mal différenciés.<br />Alice Anderson  Dans ses films comme dans ses photographies, l’artiste franco-anglaise Alice Anderson revisite et invente des contes fantasmagoriques à la frontière entre réel et imaginaire, perversité et innocence, rêve et cauchemar. À travers ses histoires merveilleuses dont les hommes sont le plus souvent absents, elle décrit la cruauté des relations mère fille et interroge l’identité féminine. Les « contes freudiens » d’Alice sont des miroirs déformants qui reflètent les images multiples de ses héroïnes, d’elle-même et de chacun d’entre nous. Ses oeuvres révèlent la dualité essentielle du conte : derrière la fantaisie et le jeu se cache une réalité amère » (d’après Maud Jacquin). Dans la vidéo Bluebeard, Barbe Bleue est une femme. Elle habite seule dans une grande demeure. Un jour, une mère et son jeune fils (l’interprète est féminine) frappent à la porte. Barbe bleue les accueille. La fable qui se déroule alors est la scène où se nouent et dénouent de troubles relations entre les trois protagonistes. Une autre photographie évoque Peter Pan.<br />Jouant de contrastes et d’oxymores, Christian Gonzenbach explore un univers qui se situe à la frontière du poétique et de l’effrayant, du quotidien et de l’extraordinaire, et où, peu à peu, tout semble changer de sens. Dans Waoohhh!, à l’instar des trophées de chasse, Christian Gonzenbach accroche aux murs ses Ordinary Tales, peaux de lapin gravées au laser. Entre tragédie et ironie, les Ordinary Tales narrent les aventures du Lapin Géant, issues de contes et légendes populaires et d’imageries collectives largement réinterprétés. Ainsi, en King-Kong, chassé par Diane, crée par Frankenstein ou encore terrassé par Saint-Georges, le lapin s’approprie différents rôles, à la fois drôles et sordides, qui l’inscrivent dans un cycle de vie et de mort.
Les caniches géants de Michel Blazy avec leur pelage en mousse à raser semblent être fascinés par les bêtes terrestres et aquatiques de Bruno Pelassy qu’un simple son rend à la vie, au grand plaisir des tout petits.
  Fiers Caniches éphémères qui demandent un toilettage et une surveillance quasi quotidienne à la dynamique équipe du Crac.
 
photos et 1ière vidéo de l’auteur

Raoul Dufy est plaisir


 Rien qu’une écriture, soit, mais quelle science d’écrire !

« Tout dessin de Raoul Dufy est en quelque sorte sa signature et ce qu’on est convenu d’appeler signature inimitable. (…) Car rien ne tombe de plus haut ni ne forme des entrelacs plus rapides qu’un fil de miel si ce n’est l’arabesque dont notre duffy-les-pecheurs-de-ste-adresse.1229297108.jpgpeintre couvre sa feuille. D’un bout à l’autre elle tombe de lui vertigineusement. Et n’allez pas croire qu’il n’a qu’à se pencher et à tendre la main pour que l’arabesque s’écoule. Il la médite et la projette avec la science infaillible de la dentellière et de l’araignée. « 

JEAN COCTEAU

 

 

 

L’ exposition rassemble 120 peintures, 90 oeuvres graphiques (dessins, gravures, livres illustrés), 25 céramiques, 30 tissus et quelques vêtements.

 

Le Musée d’Art Moderne de la vIlle de Paris présente une importante rétrospective de l’oeuvre de Raoul DuFy

La trajectoire artistique de Dufy, qui accompagne les avant-gardes parisiennes du début du siècle, en fait un peintre très original. Très tôt, ses recherches mettent l’accent sur la couleur/lumière, sur son goût pour l’arabesque ainsi que sur de nouveaux procédés (procédé Maroger) et la redécouverte de certaines techniques (la xylographie). L’exposition met particulièrement en évidence ses remarquables séries (bords de mer, rues pavoisées, ateliers, cargos noirs, etc.) qui définissent un processus de création original. L’accent est mis aussi sur les rapports de son oeuvre décorative avec sa peinture.
Cette rétrospective se propose de renouveler notre regard sur une oeuvre qui a beaucoup séduit ses contemporains, mais qui reste dans l’esprit du public d’aujourd’hui, aussi synonyme de virtuosité, de couleur et d’une certaine « légèreté » :
L’écrivain américain Gertrude Stein, en 1946, dans un texte consacré à Dufy, s’exclame : « Raoul Dufy est plaisir », rappelant ainsi que l’oeuvre de Dufy, dans les années les plus sombres, conservait son pouvoir de séduction par la couleur et sa capacité à exprimer la joie de vivre.
Le parcours de l’exposition s’articule chronologiquement : Tout d’abord, ses années fauves (1906-1907) engagent magistralement sa carrière et entament le principe des tableaux en série, une série de la plage de Ste Adresse omniprésente.

Vers 1908- 1912, Dufy s’intéresse intensément à Cézanne, telle dans la grande baigneuse de 1911, dufy-la-grande-baigneuse.1229294403.jpgau maillot bleue, à la peau noire et rose, un visage qui renvoie au masque  des demoiselles d’Avignon de Picasso, ou à Gauguin, ou à des personnages de la fée électricité, au jeu de couleurs changeantes, aux couleurs superposées, aux hachures au-dessus de le front ceint d’un bandeau rouge, assise sur une serviette blanche, quelques maisons cylindriques blanches mettent celle-ci en valeur. Il réduit sa gamme chromatique, et géométrise les formes, jusqu’à la mise en place d’un style personnel qui procède de son aventure décorative commencé en 1909-1910, se prolongeant pendant toute l’entre-deux-guerres avec des thèmes privilégiés (le paysage, la fenêtre ouverte).

Une autre palette de son talent inconnu de moi jusqu’alors, nous me montre comme un  talentueux créateur de tissus pour Paul Poiret et Bianchini-Férier, ainsi qu’un brillant décorateur de céramique grâce à sa collaboration avec le céramiste Artigas. Enfin les vingt-cinq dernières années de sa vie (1938-1953) sont placées sous le signe de la vitesse, de la couleur et de la lumière. Les séries, variations inlassables sur des thèmes qui lui sont chers (cargos, hommages aux musiciens, ateliers), lui permettent de renouveler une fois encore sa technique picturale.

Sacrément foisonnant Dufy., c’est exercé à tous les médiums, aquarelles gouache, fusain, crayon, xylographie, illustration des grands auteurs, comme le poète assassiné d’Appolinaire ou les Madrigaux de Mallarmé, rien ne lui est étranger, la décoration, les tissus, il passe aux grands formats, aux fenêtres de Matisse, à la couleur de Bonnard, comme nombre d’entre eux, il a peint le peintre et son modèle.
C’est un enchantement pour les yeux entre matière et lumière.

François Morellet raison et dérision

Au Musée Würth, Estein jusqu’au 3 février 2009

Depuis les années 1950, François Morellet élabore un art géométrique, systématique généré par des systèmes de combinaisons de formes : superposition, fragmentation, juxtaposition, interférence. Dès les années 60, s’inspirant de Sophie Trauber-Arp et de Jean Arp, il introduit le hasard dans ses systèmes, en tant que facteur perturbateur. Il rejoint le groupe G.R.A.V. (groupe de recherche d’art visuel) dont il est l’un des créateurs et qui a fait sensation avec ses installations interactives.( « Labyrinthe »).
Hasard, absurdité, ambivalence, humour, parodie, jeux de mots, voilà l’univers de François Morellet, où il se meut avec délectation. Ce jeune homme de 82 ans, derrière la rigueur de la géométrie, parodie, assemble, force néon, bandes adhésives noires, peinture, bois, miroir et toile. Morellet procède comme Duchamp, ne s’intéressant pas à l’œuvre mais au geste par lequel il exprime sa propre dérision.

« J ‘aime bien Duchamp quand il fait n’importe quoi, en montrant bien que c’était n’importe quoi. J’aime bien cette distance qu’il a mise entre lui et ce qu’il a fait, laissant les spectateurs libres de déballer leurs propres et géniaux piques-niques »

Il reste malgré tout fidèle à l’art géométrique et systématique. Ses oeuvres ne véhiculent pas d’emblée leur ambiguité, elle n’est dévoilée qu’après l’assimilation d’informations données par FM, le titre, le contexte. 40 oeuvres créées entre 1960 et 2008 de sa propre collection, ainsi que celles issues de la collection Würth et des prêts d’autres collectionneurs constituent cette exposition.
Ces œuvres portent des titres aux noms évocateurs, comme : Relâche, Débandade, Lamentable, Strip-teasing etc… Des œuvres de dix autres artistes mettent en perspective son travail géométrique : Jean Tinguely, Marcel Duchamp, Sophie Trauber-Arp, Jean Arp, Paul Klee, Robert Filliou, Bertrand Lavier et JM Armleder. Ces dernières associent de la même manière art concret et humour, légèreté et intelligence humouristique, et parfois des jeux de mots. Moi dont les mathématiques et la géométrie, ne sont pas les matières de prédilection, en suivant François Morellet dans sa visite, j’ai été séduite, par son art, sa frivolité, ses calembours, sa désinvolture et son auto-dérision et j’entrais de plein pied dans son apparent délire. Sa charmante épouse le seconde de manière discrète et attentive. Les vidéos ci-dessous retracent le parcours de l’exposition commenté avec verve par l’artiste.
Répartition aléatoire carrés noirs et blancs

µ piquant


Cavalièrement
Thomas Baumann double trames
Progression d’une croix
photos et vidéos de l’auteur