Picasso et les maîtres

«L’art n’est pas chaste, l’art ne devrait pas être mis en contact avec les ignorants, l’art est dangereux » Picasso.

A t‘il vraiment prononcé cette phrase ?

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Il considère que son art était une conquête quotidienne de l’inconnu, il n’établit aucune hiérarchie entre les styles et les siècles, il a analysé, modifiant, s’appropriant  thèmes et personnages, les œuvres des grands maîtres du passé.

 L’exposition  s’articule autour du panthéon artistique de Picasso dans 10 salles avec 210 œuvres exposées.

Les autoportraits, les modèles, les couleurs, les natures mortes, les nus, la confrontation avec l’antiquité et les maîtres classiques,

les comparaisons sont loin d’être toutes pertinentes. Et lorsqu’elles fonctionnent, on se dit que beaucoup d’autres auraient pu être proposées :

En tant qu’alsacienne j’aurais aimé voir sa crucifixtion d’après  le retable de Matthias Grünewald, en étant bien consciente que, comme pour les Ménines il n’est pas question de déplacer, l’œuvre phare d’un musée, que cela techniquement est impossible. Il est bien plus facile d’envoyer La Joconde à Dubaï.

 

« Il n’y a ni passé ni futur en art, si un art ne peut pas vivre au présent, il n’a aucun intérêt. » les cartels citent Picasso comme il se doit dans chaque salle.

La première avec les portraits est remarquable,  Rembrandt las, Gauguin exotique, Yo Picasso éclatant de jeunesse maîtrisant déjà son art.

 La salle des vanités, natures mortes et bodegones (nouveau mot à mettre dans mon jargon culturel et que je replace avec délectation ici …)
L’intrusion de la dimension sacrée dans la représentation des objets du quotidien peut être entendu comme les paroles de Ste Thérèse d’Avila  « Dieu circule dans les casseroles »

Chardin l’a prise à son compte, puis Cézanne, deux artistes que Picasso a beaucoup observés. Les natures mortes sont ici  merveilleusement présentées, c’est un vrai ravissement de voir les pommes de Cézanne et la composition de JBS Chardin, Zurbaran  zurbaran.1228690156.jpg aussi avec sa petite toile sublime : une tasse sur un plateau en argent, une fleur sur un guéridon.Dans le thème des natures mortes, il y a l’œuvre dominante de Picasso, joyeuse «  le chat et le homard » chat-et-homard-picasso.1230466158.jpg
 Pour les Ménines il y a une excellente déclinaison de la préparation de l’œuvre, de son approche, avec un émouvant portrait en pied de l’Infante, qui fait penser au portrait de  Maya, par sa fraîcheur . Curieusement, devant les Ménines de Picasso,picasso-le-menines.1228688602.jpg il n’y a pas
grand monde, le cartel annonçant le guide audio se trouve ailleurs, aussi le public, considère que c’est une oeuvre sans intérêt. 
Je vais y retourner mercredi pour m’attarder sur les œuvres que je n’ai pas pu approcher et approfondir. 
 J’ai revu avec beaucoup de plaisir des toiles de maîtres espagnols admirées au Prado, compatriotes de Picasso  Les variations picasiennes sur le « Déjeuner sur l’herbe » de Manet à Orsay, sont très convaincantes et plaisantes, tantôt il y rajoute des personnages, tantôt il en soustrait, mais surtout il souligne la verdeur, d’un personnage, se représentant à la place du modèle masculin.

Venizke

Rencontre au sommet, à La Filature de Mulhouse, via un projet décoiffant, de deux stars de la jeune scène flamande : la metteur en scène, auteur et actrice, Lies Pauwels, également complice de Josse de Pauw, et le danseur, performer, metteur en scène et chorégraphe, Ben Benaouisse. Leurs routes s’étaient régulièrement croisées, notamment dans Mère et Enfant de Alain Platel et Arne Sierens où ils s’étaient donné la réplique.

Aujourd’hui, ils ont décidé de monter un spectacle ensemble, estimant que le moment était velara-barsacq.1228530454.jpgnu de conjuguer leurs visions, langages théâtraux et approches aussi différents soient-ils, ainsi que les passions et fascinations qu’ils partagent.

Hors des sentiers battus du théâtre, ils explorent les ressources d’une forme basée sur la créativité dans laquelle les acteurs sont totalement impliqués. Dans leurs œuvres antérieures, la musique occupait déjà une place de premier plan et créait une ambiance en donnant plus de couleur émotionnelle à l’interprétation. Dans la présente pièce qu’ils orchestrent ensemble, les rôles sont inversés. La musique, qui résulte d’une étude approfondie des canons musicaux au fil des siècles, sert de détonateur et c’est sur elle que les interprètes – six acteurs et danseurs d’exception – sont appelés à improviser, faisant émerger une proposition collective cinglante, drôle et roborative.

Provoquants, la cigarette omniprésente, le spectacle commence avec Dutronc, se poursuit avec Dalida et bien d’autres, en playback, pour finir avec Aimy Winehouse,  à nous  d’identifier les personnages et les situations. Des scènes touchantes d’entretien téléphonique avec la mère, on passe au délire en robe longue avec collier de perles qui sert au suicide, et à l’euthanasie de celle qui se dit condamnée …. au dialogue hard de soirée gore, du délire extrème, avec des danses endiablées, tantôt individuelles, puis collectives.venizke.1228530626.jpg

Tentant d’être plus forts que Jan Fabre, plus corrosifs, ils sont tantôt, choquants, irritants, se moquent du public (pas la peine de répondre aux questions posées), mais surtout performants, l’obésité de Ben arpentant la scène sans se départir, la pièce ne laisse pas le public indifférent.

Lara Barsacq, Benny Claessens, Sylvia Camarda, Ans Van den Eede, Ilse de Koe, donnent le meilleur d’eux-même pendant 2 heures de spectacle total.

 

Paris

Je m’évade pour quelques jours dans la capitale, à moi l’opéra, les musées et autres réjouissances.

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Daniel Firman

La Grande Couronne
Oeuvre majeure de l’exposition de Daniel Firman à ARTE, La grande couronne a été spécialement créée en 2008 pour les Ateliers de Rennes / Biennale d’art contemporain, où elle a été présentée au Couvent des Jacobins, lieu des fiançailles historiques d’Anne de Bretagne et de Charles VIII en 1491.
Daniel Firman évoque ainsi l’alliance du Duché de Bretagne et du Royaume de France, un événement majeur dont les conséquences économiques et politiques ont davantage marqué l’histoire collective que l’intimité des deux souverains.
Monumentale chorégraphie de personnages, La grande couronne évoque ainsi un développement collectif et se compose de cinq fois trois personnages en résine, disposés en trois strates. Comme toujours chez Daniel Firman, la figure est traitée sur un mode réaliste.
Chacun dans une posture différente, arc-boutés les uns sur les autres dans un surprenant équilibre, les personnages apparaissent masqués et portent des vêtements blancs contemporains, renvoyant aussi bien à l’achromie du mariage qu’à une considération sociale actuelle sur les nouveaux territoires apparus au cours de l’urbanisation récente.
Daniel Firman pense ainsi chacune de ses sculptures comme un
« environnement-système » faisant dialoguer les idées et les formes. Il envisage le corps humain comme l’interface de l’individu avec le monde, comme le vecteur de la présence et de l’action de l’individu dans un univers à la fois banal et en transformation. Daniel Firman est né en 1966 à Bron, France. Après des études aux Beaux-arts de Saint-Etienne et d’Angoulême, il s’intéresse de près à la sculpture conventionnelle. A partir de 1998, il se tourne vers un langage formel unique en son genre. Ses oeuvres font régulièrement l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives, en France et à l’étranger. Daniel Firman vit et travaille aujourd’hui à Paris
L’intérêt de Daniel Firman pour la physique et l’énergie des corps, pour le mouvement et son rapport à l’espace se traduit par un travail de sculpture au centre duquel la figure revient de manière récurrente. Envisagée à chaque fois comme un « personnage », prise dans un élan chorégraphique et narratif, la figure est traitée sur un mode réaliste qui incite le spectateur autant à se projeter dans l’oeuvre qu’à s’en tenir à distance. Chargés d’objets quotidiens, entravés par leurs vêtements, simplement arrêtés ou encore en équilibre dans l’espace, ces personnages grandeur nature traduisent des situations physiques et morales parfois déroutantes et excessives, à même de transformer la perception d’un lieu. Alliant hasard et conception, corps et esprit, suspens du temps et mouvement, ses oeuvres sont conçues à partir de techniques et de processus divers : performance, moulage, photographie, image électronique, construction ou encore recyclage…

vidéo 1 de l’auteur

La première fois à la Kunsthalle

fonderie-kunsthalle-mulhouse.1228144985.jpg Un an après le démarrage de la Fonderie, le nouveau centre d’art contemporain de Mulhouse ouvre enfin ses portes au second étage du bâtiment. « La Kunsthalle » accueille, en guise de « première fois », la 9e édition de Regionale, une exposition éclatée sur 14 sites différents en Suisse, en Allemagne et en France.

« Il y a un moment où il faut passer à l’acte », souligne Jean-Luc Gerhardt qui depuis six ans, porte le projet d’ouverture d’un centre d’art contemporain à Mulhouse. Il est co-commissaire, avec David Cascaro, directeur de l’école d’art Le Quai, de la toute première exposition présentée dans « La Kunsthalle » de Mulhouse. Ils ont appelé symboliquement cette expo La première fois.
Concrètement, l’événement Regionale 9 est un concours ouvert aux artistes des trois pays organisateurs, l’initiative appartenant aux Bâlois . La manifestation se décline sur 14 sites différents, la plupart étant en Suisse. Pour cette 9e édition, le jury composé des responsables des 14 lieux d’exposition a fait une sélection d’œuvres parmi 650 propositions.

21 œuvres in situ

Jean-Luc Gerhart et David Cascaro ont choisi ensemble les 21 œuvres présentées dans l’espace lumineux de 600 m2 du centre d’art, qui occupe toute la partie gauche du second étage de la Fonderie.
« Ici, c’est un changement de cap, souligne Jean-Luc Gerhardt, on découvre le lieu en même temps que les artistes, un lieu chargé d’une mémoire collective dans lequel on fabrique du futur… D’où l’idée maîtresse de l’exposition de la transformation, du passage rituel du temps, du transit, du voyage… »
Les deux commissaires ont invité les artistes à se rendre sur place pour prendre la mesure — au sens propre comme au figuré ! — des lieux. Certains ont « adapté » leur œuvre (c’est le cas notamment de Wolfgang Rempfer dont le bateau épave n’entrait pas…), d’autres ont créé une œuvre spécialement pour l’expo. Catrin Lüthi, par exemple, a fabriqué son Poste de surveillance parfaitement opérationnel, situé à l’entrée de la salle. Il a fallu trouver une disposition adéquate permettant à ces travaux d’une grande diversité de cohabiter.
Au centre, l’installation emblématique de Laurent Bechtel intitulée Non lieu, le drapeau rouge révolutionnaire « maintenu en équilibre par les éléments ayant servi à sa construction ». Coincé par un pot de peinture rouge, un marteau, un paquet de laurent-bechtel.1231209044.JPGclous et une chute de tissu blanc…
Parmi les autres œuvres exposées, il y a la collection d’objets familiers de Tom Senn (221108) disposés dans un espace limité puis photographiés à différents moments de la journée. L’artiste a ensuite recouvert d’une peinture blanche l’ensemble de l’installation et y projette ses images, jouant aussi de la lumière changeante du lieu pour faire vivre la scène.
David Heitz, lui, met un point d’honneur à créer des œuvres uniquement avec des matériaux récupérés à proximité. Jeux de miroirs, de vides et de pleins, de reflets sur la tôle brillante qui offrent à chaque instant et selon l’endroit où on se place, une autre lecture.
Il y a aussi « la Tora » Buenos Aires fabriquée par Kathrin Schulthess et Daniel Spehr, une multitude de photographies prises dans la capitale argentine qui se succèdent sur un rouleau de 75 mètres de long.
Suzanne Schär et Peter Spillmann convient le visiteur à assister à la construction d’une maison délimitée par de simples lattes de bois et à l’inventaire de tous les objets domestiques qui sont méthodiquement rangés dans l’espace à l’intérieur du cube, jusqu’à la télévision qui retransmet en direct l’opération…
Sur un panneau central, un travail monumental au crayon de Kathrin Kunz, sorte de magma en ébullition, en fermentation… Toujours l’idée de la transformation.

Détournement

Il y a aussi les photos de presse détournées, décontextualisées et réinterprétées de Dominique Koch, Serie Nine Minutes After, les valises de Venera Schönhoffer Packen I-II ou une proposition de lecture du journal, poétique et frémissante, d’Akiro Hellgardt…
Dans le hall d’entrée de La Kunsthalle, l’installation de Patrick Leppert, invitation à s’asseoir en se tournant le dos…
La première fois est visible jusqu’au 18 janvier inclus au 2e étage de la Fonderie.


En 2009, ce sera un commissaire invité, l’Italien Lorenzo Benedetti, qui proposera trois rendez-vous dans l’année,  dont le tout premier aura lieu le vendredi 12 mars 2009
La Kunsthalle accueillera également une exposition des diplômés du Quai et Regionale 10.

l’exposition est ouverte jusqu’au 18 janvier 2009
photo 2 et photos et vidéo de l’auteur

Sommaire novembre 2008

  1. 02 novembre 2008 : Rome la ville éternelle  
    03 novembre 2008 : Le Caravage- la course à l’abyme
    12 novembre 2008 : Tranche de Quai

    15 novembre 2008 : Marguerite

    17 novembre 2008 : Lula et Sailor

    20 novembre 2008 : Julien Galeote Inside, out

    22 novembre 2008 : Musée haut, suivi de bas une histoire capillotractée
    23 novembre 2008 : La harpe romantique
    26 novembre 2008  : Noir c’est noir

    30 novembre 2008 : Robert Doisneau – Alsace été 1945

Robert Doisneau – Alsace, été 1945

Plus de 150 photographies qui dormaient dans l’atelier de Montrouge où résidait Robert Doisneau sont présentés dans notre région, soit à Strasbourg dans la salle d’exposition de la Maison de la Région, soit à Mulhouse, dans la Galerie de la Filature.
 Elles sont présentées jusqu’au 11 janvier 2009.
   Francine Deroudille et Anette Doisneau, filles de l’artiste, ont montré les archives mystérieuses qui dormaient depuis plus de 50 ans à l’atelier de leur père. Une cinquante de planches de contact accompagnées de petites feuilles de légendes, rangées dans un classeur métallique, environ 200 tirages vintages classés dans une boîte d’archives, un commentaire noté sur un petit carnet : commande de Braun en 1945, sans suite.
 doisneau-voyage-en-alsace.1228004060.jpgVladimir Vazak, grand reporter sur Arte, président du club de presse de Strasbourg , contacté par les deux oeurs, après avoir pris connaissance de ce trésor (sans suite), a raconté l’Alsace aux deux soeurs au lendemain de la guerre, les blessures, les secrets, les cicatrices encore aujourd’hui sensibles. La suite superbe s’est concrétisée par un ouvrage dont les auteurs sont Vladimir Vazak et Anka Wessang : Robert Doisneau – Alsace, été 1945, édité chez Flammarion.
On découvre un artiste à la palette d’écriture tout à fait étonnante, qui montre une réelle sensibilité aux paysages, à l’architecture, une attention particulière aux enfants, femmes, hommes croisés au cours de son périple alsacien. Robert Doisneau traverse les villages, attentif aux scènes de la vie quotidienne, réalisant des photos remarquables, avec des clair-obscur digne d’un Caravage, des ombres portées, des clins d’oeil, un tendresse portée à ses inconnus modèles d’un instant. Je n’avais jamais vraiment regardé ses photos, les amoureux de l’hôtel de ville, me paraissaient trop cliché, mais là je suis conquise, quel regard ! quel oeil !francine-doisneau-photo.1228681441.jpg                                                        
J’ai choisi quelques photos, à l’attention de ma famille et de certains amis d’enfance. Les p Continuer la lecture de « Robert Doisneau – Alsace, été 1945 »

Noir c'est Noir

« Le noir est le refuge de la couleur ».
Gaston Bachelard
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pour Marie-Jo et les autres ...

Bien avant d’être une couleur à la mode, le noir avait très mauvaise réputation. C’était la couleur de la mort et du deuil, celles de Satan et des sorcières, la couleur du pavillon des pirates et du drapeau des anarchistes, de l’uniforme des fascistes et des S.S, ou du blouson des jeunes rockers des années 1960. Pour les savants comme Newton qui, en décomposant la lumière avait trouvé toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais pas de noir, ou pour un peintre, comme Léonard de Vinci, le noir n’était même pas une couleur. Il n’était que le néant, les ténèbres à partir desquelles, selon la Bible, Dieu avait créé la lumière.
Michel Pastoureau sur France Inter

En janvier 1979, Pierre Soulages en travaillant sur un tableau ajoute, retire du noir pendant des heures. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l’atelier, désemparé. Lorsqu’il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c’était comme s’il n’existait plus « . Cette expérience marque un tournant dans son travail. La même année, il expose au Centre Georges Pompidou ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, appelé plus tard « outre-noir ».
 Quand j’ai commencé à peindre, j’avais 5 ans, j’aimais ça. Et ce qui surprenait les gens, c’est que je préférais, quand on me donnait des couleurs, tremper mon pinceau dans l’encrier… parce que j’aimais cette couleur, j’aimais le noir. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 48)

  • « J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. » (cité par Françoise Jaunin, art. cit.)
  • « Après tout un arbre noir en hiver c’est une sorte de sculpture abstraite. Ce qui m’intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l’espace…»
  • « Je veux que celui qui regarde le tableau soit avec lui, pas avec moi. Je veux qu’il voie ce qu’il y a sur la toile. Rien d’autre. Le noir est formidable pour ça, il reflète. Les mouvements qui comptent ce sont ceux de celui qui regarde. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52)

En 2007, le Musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par le peintre à la ville. Cette donation comprend 20 tableaux de 1951 à 2006 parmi lesquelles des œuvres majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptiques.

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La Harpe romantique

Par Hélène musicologue
 La harpe romantique
marielle-nodrmann.1227463008.jpgLe concert de ce week-end à la Filature de Mulhouse a permis d’entendre un concerto pour harpe, instrument qui a joué un rôle essentiel dans l’univers musical, mais aussi littéraire, mythologique et poétique et ce, depuis fort longtemps et dans les civilisations diverses (l’Egypte, Les pays bouddhistes et l’Europe).C’est vers 1800 que le célèbre facteur de pianos, Sébastien Érard, originaire de Strasbourg invente la harpe à pédales doubles et le fameux mouvement à fourchettes qui va permettre à la harpe diatonique, appelée aussi harpe de concert ou harpe d’orchestre, de rivaliser à nouveau avec les autres instruments chromatiques. Mais au 19è siècle, le style romantique requérant plus de ressources mélodiques et harmoniques le compositeur et facteur d’instruments Ignace Pleyel fonde en 1807 une entreprise de facture et son gendre Gustave Lyon en 1894 fit breveter une harpe chromatique sans pédales. Deux rangées de cordes correspondent aux touches blanches et noires du piano et se croisent au milieu. Cette harpe eut un certain succès en France et en Suisse et faillit supplanter la harpe à pédales. Des compositeurs comme Debussy commencèrent à écrire pour la harpe chromatique mais ce type de harpe ne se répandit pas. Elle disparut vers les années 30.
La harpe chromatique
Inventée en 1894 par Gustave Lyon, directeur de la firme Pleyel, pour concurrencer la harpe diatonique à pédales, elle permet l’exécution de tous les traits chromatiques avec une grande vitesse, mais contrairement à la harpe diatonique, elle ne permet pas les glissandi dans tous les modes et tonalités.Pour montrer les possibilités de l’instrument, la firme Pleyel commanda en 1904 une œuvre à Claude Debussy qui composa les Danses sacrée et profane pour harpe chromatique et orchestre à cordes. En riposte et afin de promouvoir les possibilités de la harpe diatonique, la firme Érard passa commande en 1905 d’une œuvre à Maurice Ravel qui composa l’Introduction et Allegro pour harpe avec accompagnement d’un quatuor à cordes, d’une flûte et d’une clarinette. Le compositeur Elias Parish-Alvars (1803-1848) est un célèbre harpiste et compositeur anglais. Son père, organiste lui apprit la musique puis, il apprit la harpe d’abord à Londres avec François Dizi et ensuite avec Nicholas Bochsa à Paris où une classe de harpe avait été crée au conservatoire en 1825. Il fut sans doute le plus grand virtuose de son temps et on le compara souvent à Paganini ou à Franz Liszt, à qui l’avait d’ailleurs comparé Hector Berlioz qui avait eu l’occasion de l’entendre à Vienne. Figure essentielle de l’histoire de la harpe, ses compositions sont ignorées aujourd’hui vraisemblablement en raison de leurs extrêmes difficultés techniques. En 1847, Parish Alvars est nommé Virtuose de la Chambre Impériale à Vienne, mais atteint de tuberculose, il devait y mourir deux ans plus tard. Son œuvre compte une centaine d’opus, dont: -quatre concertos pour harpe et orchestre, -un concerto pour deux harpes et orchestre -un recueil de pièces pour harpe seule intitulé « Voyage d’un artiste en Orient ». Ce recueil est basé à partir d’oeuvres populaires. Contemporain de l’essor de la harpe à double mouvement, il en révolutionna la technique en favorisant dans son jeu les sons étouffés, les gammes en tierce ou en sixte glissées, et les sons harmoniques. De ce fait, les parties solistes de ses œuvres produisent un effet extraordinaire sur le public, mais exigent d’être servies par un interprète de grande rigueur technique. D’autres compositeurs ont contribué à développer le répertoire pour harpe. Parmi eux, il y a Nicolas Bochsa né en France en 1789 et mort en Australie en 1856. Il a été un génie musical précoce devenu harpiste de premier plan, compositeur prolifique (pour la harpe, mais également de sept opéras-comiques). Réputé pour sa spécialité de la contrefaçon dans l’art, il exerçait aussi en tant que professeur, chef d’orchestre, éditeur, directeur de théâtre, imprésario, commercial, grand voyageur. Il passa presque toute sa vie hors de France, tant en Europe qu’en Amérique. Il fut très célèbre au XIXe siècle, à la fois parce que compositeur prolifique et harpiste de tout premier plan – il fut harpiste de Napoléon et de Louis XVIII –, mais aussi à cause de ses extravagances et de ses graves démêlés avec les justices française et anglaise, qui défrayèrent la chronique. Oublié injustement de l’Histoire – les dictionnaires musicaux l’omettent ou ne lui consacrent que quelques lignes — les harpistes le connaissent tous, au moins de nom, puisque ses œuvres sont encore jouées lors de concours de harpe et ses études pour harpe toujours interprétées. D’autres compositeurs à l’époque romantique contribuèrent au développement du répertoire pour harpe. Il y a le compositeur allemand Carl Reinecke, le violoniste, chef d’orchestre et compositeur Louis Spohr entre autres. La harpe connut ses lettres de noblesse avec le facteur Erard et elle devint l’instrument des amateurs dans les salons à Paris au 18 è siècle. La période romantique consacra l’instrument grâce à Parish-Alvars qui n’est pas beaucoup joué aujourd’hui en raison de la difficulté de ces oeuvres.
 C’est Marielle Nordmann, harpiste talentueuse la plus connue au monde, qui a interprété ce concerto en do mineur écrit en 1847. Cette œuvre remise à jour depuis peu est considérée comme une création européenne. Marielle Nordmann est originaire de Montpellier et a grandi dans une famille de musiciens puisqu’elle apprend la harpe avec sa grand-mère à l’âge de 6ans. Son parcours est jalonné de récompenses où après le conservatoire supérieur de Paris, elle devient l’élève d’une autre grande harpiste française d’origine russe : Lily Laskine (1893-1988).Lily Laskine entre à 16 ans à l’Opéra en tant qu’harpiste ; elle est alors la première femme admise dans l’orchestre. En 1934, elle devient harpiste soliste de l’Orchestre national de France à sa création. Sa carrière connaîtra un nouvel élan dans les années 1950. Ses disques feront le tour du monde et c’est en compagnie de son ami Jean-Pierre Rampal qu’elle enregistrera le fameux Concerto pour flûte et harpe de Mozart avec l’orchestre de Jean-François Paillard. Elle enregistre des musiques de films et des disques avec des chanteurs de variété comme Charles Aznavour et elle joue aussi pour la Comédie-Française pendant plus de 30 ans.Soliste, internationalement admirée, elle a joué avec les plus grands musiciens dans le répertoire de musique de chambre et les orchestres du monde entier sous la baguette de très grands chefs.Parallèlement à cette brillante carrière de soliste internationale, Marielle Nordmann crée depuis plusieurs années des spectacles musicaux où elle aime croiser les arts tels que le mime, la danse et la comédie. Elle y joue également le rôle de récitante : “La Musique et l’enfant”,La harpe vous connaissez ?”, “La Harpe Apprivoisée” conte musical avec masques et claquettes, “Tempéraments de feu” (2005). Son activité musicale couvre aussi bien les oeuvres originales que les transcriptions ainsi que les créations d’oeuvres contemporaines.La richesse de sa personnalité et sa générosité font d’elle une grande dame de son époque. Le concerto d’Elias Parih-Alvars a été interprété avec une exceptionnelle musicalité et une technique doublé d’une qualité de son purement incroyables. Son jeu magnifique à dévoilé une virtuosité hors norme dans le bis qui était une œuvre d’inspiration russe.

Musée Haut suivi de bas, une histoire capillotractée

cimg0003.1227490700.JPGJe reviens à l’instant de Londres, c’était une journée merveilleuse.  Dans l’express qui me mène vers l’aéroport je me dis qu’il faut absolument que je décide mon mari à m’accompagner au mois de janvier, j’ai déjà acheté mon vol, car les musées de Londres sont si riches et si beaux.
Journée qui s’est terminée de manière totalement surréaliste, tirée par les « cheveux »
Hier, 20 novembre, dès que le numéro de la porte pour le vol retour pour Bâle est affiché, je me présente  à la sécurité de l’aéroport pour le contrôle d’usage.  Au contrôle on me dit que mon sac déclenche une alarme, aussitôt on me met de côté, on sort toutes les affaires de mon sac, on les passe une à une au détecteur, puis on me questionne, puis on appelle le chef, le chef appelle une traductrice, puisque mon anglais n’est pas parfait, on me demande à qui j’ai confié mon sac dans la journée, depuis combien de temps je le possède (15 ou 20 ans) si je prends des médicaments, j’avais des Norufen dans mon sac, on m’en demande l’ordonnance, l’objet de mon voyage, si j’ai des bagages, pour la Xieme fois, je répète que je suis arrivée le matin pour voir 2 expositions et que je rentre le soir sans bagage. On appelle le boss, le boss met 20 mn à arriver, l’heure du vol arrive, j’insiste, on me dit de me calmer sinon on appelle la police, le boss arrive enfin, il me repose des questions sur ma profession, sur mon domicile, sur mon voyage, ils ont ma carte d’embarquement et mes papiers et toutes mes affaires déballées y compris ma brosse à dents et ma petite culotte (souvenir…)  Le boss : quand est-ce que vous avez teint la dernière fois vos cheveux ? Moi – la semaine dernière –  Un moment il me vient à l’esprit qu’il a compris ma traitrise que je cache des cheveux chatains parsemés de gris, sous une chevelure rousse assez flamboyante, ou encore qu’il me prend pour Marlène Jobert et qu’il veut me  faire avouer mon usurpation.
 Le boss – c’est là que ça devient surréaliste :  « c’est le pigment contenu dans votre teinture qui a interféré avec votre téléphone portable, c’est ce qui a occasionné une alarme » tout ceci traduit par l’aimable traductrice.
 Je range mes affaires en vitesse, on m’assure que l’avion m’attend, je cours comme une malade vers la porte 109, à l’autre bout de l’aéroport, avec force escalators et trottoirs roulants, Châtelet les Halles version anglaise, 1/4 h en temps normal, il me reste 1 mn, j’arrive à la porte 109, pour voir l’avion partir sans moi.
Et là je m’effondre en pleurs. Heureusement que j’avais insisté pour que la jeune femme m’accompagne. Nous sommes revenues dans le hall, par des ascenseurs inconnus du public, donc il y avait possibilité de faire plus court. Arrivées au comptoir d’assistance d’easyjet, la jeune femme qui me reçoit ne parle pas le français, elle veut bien m’envoyer à Genève. Il est 19 h je pense, je ne sais plus, elle me dit que j’ai un vol le lendemain à 8 h 20, que cela me coûtera 35 £ supplémentaires. Je lui demande où je vais dormir. Elle me propose un hôtel près de l’aéroport, à mes frais. J’appelle mon assistance, qui me dit : bureaux fermés, j’appelle mon mari, qui tente de faire quelque chose auprès de l’assurance. On me dit de rappeler demain. A l’accueil de l’aéroport on me retient un hôtel Inn, la traductrice me dit d’être le lendemain à 6 h 20 au guichet d’easjet pour payer
 les 35 £.
Le monsieur de l’accueil me propose de m’accompagner à pied à l’hôtel plutôt que de prendre le bus, il fait nuit …. Je le quitte rapidement devant l’hôtel.  72 £ la chambre, l’hôtel le moins cher. Je dors peu vous l’imaginez facilement, à 5 h 20, le 21 je prends le bus que j’ai payé à l’avance pour le terminal, il me dépose au terminal sud, panique je dois me rendre au terminal nord avec le train (gratuit) je vais au guichet d’easyjet, pour mon billet et là, c’est 100 £ ou rien…. Je paye. Je vais au contrôle de sécurité et là………………..
je vous le donne en mille …………………………………………………………………………………………………………………
je passe comme une fleur, il ne me reste plus qu’à attendre le vol de 8 h 20, porte annoncée à 8 h c’est la 109 comme hier, 1/4 pour y aller en marchant vite.
J’appelle les assurances de ma carte, la protection juridique de la carte, ma protection juridique personnelle. Et là chose prévue, la copie du papier de la sécurité m’est demandée comme preuve, or ils se sont fâchés tout rouge quand j’ai demandé un justificatif et m’ont encore menacée d’appeler les flics.
cimg0033.1227491041.JPGDonc c’est à moi de fournir des preuves, d’écrire à l’aéroport, de voir un avocat éventuellement, bref que je me dé………e toute seule. Peut-être et ce n’est pas sûr qu’à ce moment-là, la protection juridique envisagerait l’éventualité d’une tentative de remboursements de mes frais. Pour que quelqu’un me vienne en aide, j’aurai du au mieux mourir sur place, au pire me casser une jambe.
 Le stress n’est pas mesurable et n’est donc pas pris en compte, j’aurai du agresser l’agent de la sécurité, on m’aurait logée à l’oeil …..
Je ne parle pas des coups de téléphone depuis Londres et depuis M………. à des numéros surtaxés …..
Je suis morte de fatigue, si quelqu’un me racontait une histoire semblable, je ne la croirais pas et je conseillerais à la personne très sérieusement d’arrêter de fumer la moquette.