Edward Hopper, une certaine image de l’Amérique

« C’est très difficile de formuler comment cela me vient, mais c’est un long processus d’immobilité de l’esprit et de surgissement de l’émotion » ,  c’est ainsi que s’exprime Edward Hopper dans un enregistrement américain.

edward-hopper-captain-uptons-house-1927.1282257339.jpg Né à Nyack à quelques km de New York en 1882 et mort en 1967,  il a signé une œuvre déroutante  et hors école. C’est un des peintres qui a le mieux saisi le non dit et le presque rien. Ces tableaux figuratifs mettent en scène des personnages perdus dans leur solitude et plongés dans leurs réflexions et pensées. Peintre de la mélancolie et des solitudes urbaines, des cadrages insolites, des fenêtres donnant vue sur des pièces, des arbres immenses augmentant l’insolite des paysages par leur proximité immédiate des maisons, sans accès, excluant d’emblée le spectateur, une prédilection pour les éclairages violents, naturels ou électriques. Ses tableaux et ses compositions sont immédiatement reconnaissables,  c’est l’Amérique statique et géométrique, peuplée d’êtres sans attaches. C’est une représentation universelle de l’homme, face à lui-même et à sa destinée, rien de tragique, juste un constat, la solitude, peu importe les époques et les lieux. Cela n’est pas sans évoquer certaines toiles de de Chirico, mais aussi de Magritte ou de Munch. Son univers est banal, désert, comme arrêté dans le temps, les personnages ne regardent personne et semblent absorbés par un hors champ indéfini. Que ce soient la femme du Soleil du matin, Intérieur d’été, ou encore celle de la Loi du Désir, le Nu Couché, (nu moins sublime que Nicolas de Staël,…. plus ambigu…) assise au bord du lit, couchée, edward-hopper_summer_interior1.1282257425.jpgtournant le dos à l’homme assis sur le bord du lit, l’ouvreuse du Cinéma à New York, dans les bureaux la nuit, dans un train nous ramenant vers « Juste le temps de Robert Cahen », regardant par la fenêtre, dans un motel, elles sont toutes impersonnelles, empruntes d’indifférence au monde, dans le silence. On n’imagine aucune musique accompagnant, ses personnages ou ses paysages, urbains, balnéaires, campagnards, ses stations d’essence
 La seule qui regarde vers le spectateur, Matinée en Caroline du Sud, est la femme noire, dans une tenue très habillée, soulignant les formes du corps de façon très prononcée, une robe rouge presque transparente, des chaussures noires, devant elle une plate forme de pierre, une végétation jaune et bleue, puis au loin, l’horizon bleu foncé, sous un ciel bleu, donnant l’impression d’être dans une île (de la tentation ?). Elle semble provoquer par sa posture d’attente dans l’embrasure de la porte.
Ne dit-on pas que l’artiste peint un auto-portrait lorsqu’il créé une œuvre ? Hopper installe une distanciation entre lui et le regardeur.
Ses compositions prennent pour sujet l’Amérique, celle des petites villes balnéaires à l’architecture figée de fin du 19e siècle. Le nouveau monde d’Hopper est emprunt d’une certaine mélancolie, aussi ses toiles ont-elles véhiculé pour nous, une image noire, celle en particulier des films des années 30.

L’essentiel provient du Whitney Museum de New York, qui détient plus de 2 500 tableaux d’Edward Hopper, légués par sa veuve Jo, ancienne élève du maître, qui lui servit de modèle presque unique. Cet artiste, passé de l’illustration à la gravure, puis aux tableaux, précédés par des études que cette exposition met en regard. Il y en a un peu trop à mon goût … j’ai fini par les zapper.
On peut ainsi voir la progression et la méthode de travail de Hopper, où tout est étudié au cordeau , ou rien n’est dessiné par hasard.
Pendant plus de soixante ans, Edward Hopper a dessiné. Pendant ses études, il vient à Paris. Flâneur attentif, il déambule le long de la Seine, indifférent aux querelles artistiques de l’époque et aux avant-gardes (fauvisme, cubisme), absorbé par la lumière de la capitale qu’il ne retrouvera pas dans son pays natal. Son séjour parisien a donné de remarquables huiles où il peint, le Pont des Arts; le Pont Royal, le Louvre pendant un orage, le Quai des Grands Augustins, visibles à l’Hermitage.  Il en rapportera le jeu de lumière sur les corps, les maisons, les paysages, parfois un simple rayon de lumière à travers une fenêtre, une vision épurée.
De retour dans le Nouveau Monde, il gagnera d’abord sa vie comme illustrateur, chagriné qu’on lui demande de croquer la vie frénétique des métropoles agitées alors qu’il ne rêve que d’architecture, de lignes géométriques, du dialogue de la lumière avec les façades, de la rêverie qui naît des belles demeures victoriennes et de l’atmosphère qui se dégage d’une fenêtre ouverte où se détache la scène. Ses toiles reprennent les mêmes motifs, retravaillés : l’intérieur des chambres d’hôtel, des théâtres, des cinémas, les devantures des magasins vides, les pompes à essence sur des routes désertes, les ponts de New York, les granges à la campagne, les cabanons à Cape Cod, baignés d’une clarté délicate et chaude qui, pourtant, traduit la froideur des vies. 
L’exposition de l’Hermitage montre aussi les autoportraits sombres, les envoûtantes eaux-fortes nocturnes, les études pour les toiles majeures. Et la déambulation qu’impose la disposition de cette villa s’accorde bien au regard stylisé que portait l’artiste sur la solitude de l’homme moderne. un projection au dernier étage complète la visite.
Dans ce mélange de « voyeurisme et de discrétion », comme le notera un critique, il peint des couples désunis, des femmes délaissées comme l’ouvreuse du théâtre, en retrait, élégante, élancée dans son uniforme noir, talons hauts, chevelure blonde dont l’éclat perce l’obscurité. Il saisit la subtilité des corps dans l’espace, figés face à un horizon invisible que vient éclairer la lueur du soleil, dans la découpe des croisées.
 
A la Fondation de  l’Hermitage de Lausanne jusqu’au 17 octobre 2010.
photos scannées

Gabriel Orozco

gabriel-orozco-my-hands-are-my-heart.1281297091.jpgC’était le dernier jour de cette exposition au Kunstmuseum de Bâle, mais vous pourrez la voir à partir du 15 septembre au
Musée national d’art moderne de Paris.
Cette grande exposition propose une vue d’ensemble de l’oeuvre de l’artiste mexicain né en 1962 : des installations, sculptures, photographies, peintures et dessins qui ont tous vu le jour entre le début des années 1990 et aujourd’hui. Gabriel Orozco, qui est considéré comme l’un des artistes majeurs de notre temps, partage sa vie entre New York, Paris et Mexico-City. Caractéristique de sa génération, cette manière d’être sans cesse en déplacement, ce principe de mouvement perpétuel, se répercute de la façon la plus diverse dans son oeuvre, en parcourant un spectre qui va d’une trace de respiration que la photographie a su saisir, sur le vernis d’un piano, jusqu’à la Citroën DS reprofilée, découpée dans le sens de la longueur et réassemblée en véhicule monoplace. C’est la « DS » la voiture mythique du générale de Gaule qui acquiert ici le statut de sculpture autonome la « Déesse ».gabriel-orozco_la_ds_frontal.1281297050.jpg
Pour Four Bicycles « There is Always One Direction » l’artiste s’est procuré quatre vélos hollandais dont il a assemblé les cadres.
Les traces physiques à la surface du « Yiedling Stone » proposent des accès fondamentalement différents. La boule compacte en plastiline dont le poids correspond approximativement à celui de l’artiste, a été roulée dans la rue à l’occasion d’une performance publique. Sa surface s’est ainsi chargée des impuretés, des détritus et de la poussière. Ainsi se révèle la prédilection de GO pour la révélation du potentiel d’expressivité artistique de matériaux en apparence insignifiants et dénués de valeur.
De même que son installation  « Lintels » en salle 8, où l’on retrouve les résidus organiques, des dépôt du sèche linges, suspendus sur des fils à linges, telle une gigantesque lessive de déchets, (pourquoi ai-je mis depuis des années les miens, bêtement à la poubelle, alors que moi aussi je suis frappée par l’inanité, le côté éphémère des choses et l’illusoire vanité de la possession d’œuvres d’art)

Son regard se porte sur des situations fortuites qu’il répercute dans un contexte d’interrelations plus vastes. La subtilité de la trace de sa propre respiration sur la laque noire d’un piano à queue, photographiée, ou la drôlerie des boites de pâté pour chats, trônant sur des pastèques ventrues et rebondies dans un super marché.
gabriel-orozco-composition.1281297199.jpgLa photographie de la sculpture en terre cuite  dévoile le processus de la genèse de l’objet par l’empreinte de ses mains pressées, sur la masse molle, pour lui imprimer l’aspect souhaité, qui lui donne son titre « My hand is my heart » est mon coup de coeur !

Dans la salle 3 « Elevator » une cabine d’ascenseur démontée, inerte, dont l’intérieur immaculé, réduit à taille d’homme, donne envie d’y pénétrer et de s’y isoler.
 » Dial Tone« ,  GO a détaché les pages d’un annuaire de la ville de Monterrey et en a éliminé les noms par découpage, seules demeurent ainsi les séquences de numéros. Tels les rouleaux de la Thora, ils sont collés sur un rouleau de papier Japon de 25 mètres de long et présentés sous verre, les habitants demeurant anonymes.
Comme dans Elevator et la DS, l’intervention n’occulte pas la fonction originelle de l’objet, mais elle crée de nouveaux rapports de nature artistique.

Orozco montre une prédilection pour la force d’expression de l’éphémère, il pointe son regard sur des situations et des matériaux insignifiants, dont il s’empare avec subtilité, légèreté et souplesse, en les combinant et en les manipulant pour les inscrire dans un contexte plus large. Toute sa démarche porte l’empreinte d’un nomadisme, d’une ouverture et d’une disponibilité constantes à l’instant, qui se cristallise en une image.

gabriel-orozcoworking-tables.1281297151.jpgAinsi ses «  Working Tables  » 1991–2006, de la collection du Kunstmuseum Basel, réunissent-elles une multitude d’objets trouvés et petites sculptures exécutées à Mexico-City. Entre – vue de l’atelier et image du monde, elles déclinent toute une variété de métamorphoses organiques et témoignent de l’indéfectible dynamisme de l’artiste. Cela renvoie aux Fischli et David Weiss vus au Schaulager .
Ici ce ne sont pas des pots de peintures ou des outils, mais des objets trouvés, l’intérieur d’un ballon de football, des balles en peau d’oranges, des boites de carton, les os d’une baleine, un carré de tôle rouillé sur lequel il a collé un autoportrait jeune de Rembrandt. Vision du monde et déclinaison de travaux d’atelier et de recherche. Cette salle 4 occupe le centre de l’exposition.

Les « Spumes » suspendus au plafond, tel des objets volants, témoignent des recherches incessantes de l’artiste. La mousse de polyuréthane expansée, injectée sous forme de liquide leur donne un aspect insolite d’os ou d’un objet totalement délavé par les intempéries.gabriel-orzco-lintels.1281297670.jpg

Des formes circulaires «  Samurai’s tree »  en salle 7 font penser à des tableaux de Kandinsky, par le côté géométrique, mais aussi par la couleur intense, tantôt fond vert, noir, or, avec des cercles couleurs or, jaunes rouges et bleus.

Puis l’ »Under Elephant foot », énorme sculpture intrigante.

Artiste à la création multiple, touche à tout avec bonheur.

san de catalogues et photo Iphone la dernière

Nicolas de Staël

img_0320.1281305646.jpgLa Peinture  de Nicolas de Staël vous arrive de plein fouet, même dans le « bunker » de Gianadda à Martigny. Les photos sont interdites, mais aussi la prise de notes, par contre si vous contestez, on vous suggère de prendre des photos du 1er étage et vous pouvez garder vos notes. Je ne me suis pas fait prier, « Les musiciens », un quintette, forment l’affiche de l’exposition dont Jean Louis Prat est le commissaire, celui-ci fait partie du CA de la Fondation Gianadda (il est aussi celui de la Sammlung Frieder Burda à Baden Baden) depuis qu’il a quitté la fondation Maeght, il parcourt la planète. Les toiles présentées ici, proviennent, pour les footballeurs de la Fondation Gianadda, mais pour l’ensemble des toiles de prêteurs institutionnels publics, ou encore de nombreux collectionneurs privés, grâce au carnet d’adresses du commissaire.
– Collections Wildenstein, Philipps Washington, US, Espagne, France Pompidou, Moma, Galerie Jeanne Bucher, musée d’ Antibes, Grande Brtagne, Norvège, Suisse. (Berne et Neuchatel, Zurich).
La couleur est partout jaune, rouge vert, bleu, rose, marron, noir, éclatante, couleurs du sud.
Les œuvres éclatantes de couleurs de l’abstrait au figuratif, racontent le parcours exemplaire de Nicolas de Staël pendant les 10 dernières années de sa vie.img_0306.1281305566.jpg
NdS est entouré d’une aura de légende dès 1950, passage du ½ siècle, entre peinture du sujet et celle de l’idée, figuratif ou abstrait. Entre 1945 et 1955 sa trajectoire est menée tambour battant. Sa voie picturale sans cesse renouvelée, a une progression fulgurante, il abandonne la figuration pour aller vers l’abstrait, il impose une nouvelle trajectoire à sa réflexion. Dans un travail acharné il côtoie en permanence le doute.
« Pour moi l’instinct est de perfection inconsciente et mes tableaux vivent d’imperfection consciente, j’ai confiance en moi parce que je n’ai confiance en personne d’autre et que je ne puis en tous cas pas savoir moi-même, ce qu’un tableau est ou n’est pas et fabriquer de nouvelles constantes, avant de peindre il faut travailler beaucoup, une tonne de passion et cent grammes de patience » NdS                                                                                         clic
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De la danse impose une palette au registre plus restreint, mais d’une force rare. Des formes s’organisent dans un tressage dense dont l’éclatement central regroupe à la manière d’un bouquet noué et dénoué, des couleurs dont le choix des nuances est peu usité dans la peinture de cette époque. Dans cette composition, les plans avant eux arrières sombres ou lumineux alliés à des gris clairs et cendrés, entrelacés de verts et de bleus, déterminent des mouvements, sorte de danse abstraite. L’ampleur de cette peinture indique que NdS cherche une autre voie à la peinture, une autre posture, à l’art de son temps, malgré l’abstraction de l’après-guerre (André Chastel)
Il  utilise des moyens novateurs, une énergie peu courante, les élans de sa brosse et l’acuité du couteau se conjuguent afin de donner un pouvoir exaltant à la matière conquise, par des tons raffinés, complémentaires ou opposés (brise-lames) Eau de Vie, jour de fête jouent les plans rapprochés et larges d’une palette dont les couleurs enchâssées dans les forment, trament singulièrement et fortement ses compositions, le peintre traque la vérité, le style frontal est vif et ne s’accorde pas de repentir, tout est livré avec hâte mais avec précision et concision.img_0315.1281305608.jpg
Les mouvements sont somptueux et les subtiles superpositions des couleurs livrent les sous-couches, en harmonie chromatique, l’éclat des sous-couches est entièrement en éveil, les noirs profonds, montrent ses études et son amour de Franz Hals et de Rembrandt, qui l’accompagnent. Dans ses espaces inhabités,(Agrigente) troublants, ses terres immenses entre ciel et horizon, il frôle les limites indéfinissables du visible et de l’invisible.
Il s’empare de la lune comme il peint le soleil, rien n’est jamais calculé, mais rien n’est laissé au hasard, comme s’il avait une connivence insoupçonnée avec les couleurs,
que ce soit dans ses marines, la musique, le sportles natures mortes, ses nusson nu bleu couché sublime, ses paysages. img_0326.1281305500.jpg
une nouvelle sculpture sonore d’Etienne Krähenbuhl a fait son apparition dans le parc
photos de l’auteur grâce à la courtoise du gardien, pardon pour le nu bleu

Jean Michel Basquiat à la Fondation Beyeler

Ce qui frappe d’emblée dans l’exposition consacrée à Jean Michel Basquiat à la Fondation Beyeler, (jusqu’au 5 septembre 2010), ce sont tous ces visages aux yeux exorbités, sorte de memento mori, préfiguration de la mort prématurée de ce génie, qui accéda à la célébrité à l’orée de ses 20 ans.
Jean Michel Basquiat (1960-1988) a été une des personnalités les plus scintillantes de la sphère artistique. Ce qui est impressionnant ce sont la force des slogans poétiques et la somptuosité des couleurs.
JMB connaissait les musées de New York, mais on sait qu’il avait une nette prédilection pour celui qu’il appelait simplement « le Brooklyn ». A l’âge de 6 ans il était membre junior du musée, grâce à ses parents qui ont très tôt encouragé son goût pour l’art. Né et ayant grandi à Brooklyn, c’est devant la vaste collection du musée de son quartier qu’il a sans doute éprouvé ses premières émotions artistiques et qui que cela aida à sa formation. Il a fait ses débuts dans l’underground new-yorkais comme graffeur, musicien et acteur, avant de se lancer dans la peinture. Ses créations originales, expressives ont rapidement suscité l’admiration. Encouragé par Andy Warhol, il s’est hissé au rang de vedette sur la scène internationale. Il a été le plus jeune participant de Documenta et exposé à Art  Basel, à la Biennale de Venise et dans des galeries prestigieuses. Premier artiste caraïbien il a réussi à s’imposer , travaillant aux côtés de Keith Haring et bien d’autres stars, en l’espace de huit ans. Son œuvre composée de peintures  aux couleurs éclatantes et somptueuses, de dessins, s’arrêta brutalement avec sa disparition tragique à l’âge de 27 ans.
Ses toiles sortes de bandes dessinées, faites de collages, de textes poétiques, de silhouettes squelettiques, d’objets quotidiens, mêlent culture pop et histoire de l’art, mais aussi dénonciation de la société de consommation et de l’injustice sociale.
Il agissait comme un oracle, qui distillait sa perception du monde extérieur jusqu’à en tirer la quintessence avant de la projeter à nouveau par le biais de ses créations. La prise de conscience se manifesta tout d’abord dans la rue quand sous le nom de SAMO, il transformait ses propres observations en messages cryptés qu’il inscrivait sur les édifices de son environnement urbain. Un seul mot, une courte phrase ou une simple image faisaient référence à une personne, à un événement ou à une observation,  où il exprimait avec raffinement sa perception externe.
En décembre 1982, Basquiat alla passer deux mois à Los Angeles avec les graffeurs Rammellzee et Toxic. Il y réalisa notamment Hollywood Africans, un portrait de lui-même et de ses deux compagnons de lutte. Dans l’inscription « SELFPORTRAIT AS A HEEL » ajoutée à côté de son visage, il utilise le terme « heel » (littéralement, « salaud »), tout aussi insultant à première vue que « nigger ». Mais dans les paroles de hip-hop et en « Black English », « heel », au même titre que « nigger » ou « sambo » — est utilisé dans un sens positif pour désigner les Afro-Américains.
Ici, l’approche conceptuelle, thématique, de Basquiat est très éloignée de celle du néo-expressionnisme, dont elle contredit même la programmatique. La description de son ami Fab 5 Freddy, pionnier du graffiti de rue et acteur principal de la scène hip-hop new-yorkaise, est tout à fait intéressante dans ce contexte : « Quand on lit tout haut les toiles, la répétition, le rythme, on peut entendre Jean-Michel penser. » En effet, Basquiat suivait toujours le principe d’un sampling délibéré d’objets, de motifs et de mots issus de son environnement immédiat, chargeant ainsi ses tableaux, au-delà de la peinture pure, de contenus et de références précises.
Dans les toiles sur les boxeurs, il exprime son admiration pour Cassius Clay, mais aussi pour
• Cassius Clay, 1982
Untitled (Sugar Ray Robinson), 1982
Jack Johnson, 1982
Pour Cassius Clay, comme pour d’autres représentations de célèbres boxeurs afro-américains — Untitled (Sugar Ray Robinson) ou Jack Johnson par exemple —, Basquiat a fixé la toile sur une palette industrielle. Après avoir commencé par peindre la toile, il l’a tendue sur la face supérieure de la palette, en la laissant très largement déborder de façon à ce qu’elle retombe sur les côtés de la structure en bois et la recouvre en formant des plis irréguliers. Par analogie symbolique avec les célèbres boxeurs, la toile semblait littéralement indomptée et laissait partiellement apparaître la palette faite de lattes de bois mal dégrossi, qui avait servi à l’origine à empiler des marchandises ou des paquets à des fins de stockage ou de transport.
Basquiat transformait ainsi ses toiles en objets tridimensionnels par l’utilisation d’une palette industrielle, Basquiat ne s’élevait pas seulement contre le principe de présentation statique cher aux musées, mais aussi contre la fonctionnalité initialement industrielle du support de l’image, transformant une unité de charge aux normes en un objet mural artistique.
Les « Grillo »
Grillo occupe une position clé dans la création de Basquiat.
Cette oeuvre se caractérise par le contraste et la superposition de signes et pictogrammes issus de la tradition africaine, entièrement conçus dans le sens d’une continuité culturelle de
l’Afrique en Amérique et donc d’une identité afro-américaine propre, avec ceux de la civilisation occidentale, que Basquiat cite en se référant notamment au livre de Henry Dreyfuss, Symbol Sourcebook
Riding with Death, 1988
Bien qu’il ne s’agisse pas de sa dernière oeuvre, la toile Riding with Death ne pouvait que devenir emblématique de la mort de Basquiat et nourrir son mythe. Le fond doré renvoie à
l’utilisation des couleurs or, argent et cuivre que Basquiat employait depuis Cadillac Moon (1981). Ayant, pour ainsi dire, sa mort prochaine sous les yeux, il a emprunté son motif à un
ouvrage de reproductions de Leonard de Vinci, et l’a remanié pour donner naissance à cette représentation qui a pris valeur d’icône.
Portrait of the Artist as a Young Derelict, 1982
C’est dans l’assemblage intitulé Portrait of the Artist as a Young Derelict que Basquiat se réfère le plus clairement à l’oeuvre de Robert Rauschenberg, et plus particulièrement à
ses Combines d’aspect sculptural et aux Combine-Paintings, en même temps qu’à son intérêt pour les surfaces tactiles et sensorielles. Dans ses conglomérats, Rauschenberg s’était
consacré aux objets usuels et aux déchets à travers la présence d’objets quotidiens. Basquiat, quant à lui, assemblait des portes et des planches, articulées à l’aide de charnières.
En laissant en place les restes de cadenas et de targettes, il conservait une trace de la fonction initiale des objets. Il ne touchait pas non plus aux graffitis de toilettes présents
avant son intervention, témoins de l’utilisation quotidienne des objets. Comme chez Rauschenberg, ces derniers ne sont plus transférés dans un champ pictural bidimensionnel qui les soumettrait à un ordre différent ; ils sont directement repris dans l’image et conservent ainsi leur forme, leur identité et leur nature tridimensionnelle.
photos internet et scan

Sommaire de juillet 2010

04 juillet 2010 : Matthew Barney
11 juillet 2010 : Jeux et concours suite
14 juillet 2010 : 14 juillet2010
15 juillet 2010 : Romances sans paroles
21 juillet 2010 : Mon tour de France à moi
23 juillet 2010 : Le jardin des délices
27 juillet 2010 : Richard Deacon -The Missing Part
29 juillet 2010 : Mon ange gardien

Mon ange gardien Tom (Tom)

 Les anges n’ont pas de sexe ? En tous les cas le mien a une voix de femme, il a même un prénom, il s’appelle Juliette. D’emblée pour sympathiser avec lui, je l’ai anobli.
Je l’ai surnommé Juliette von GPS. Je ne m’étendrai pas sur ses origines issues des dernières technologies.
Ma vie avec elle est toute une aventure. Grâce à elle je connais les noms des rues, des lieux familiers que l’on traverse par habitude sans y prêter attention.
Elle me ressemble un peu, tantôt directive, hésitante, capricieuse. Figurez-vous qu’elle veut absolument me faire « traverser » les ronds points, elle n’a pas idée de ce que cela peut représenter, soit je reste coincée dans les plantations et fleurs qui abondent  dans la France entière, soit je casse carrément ma voiture ou au minimum je raye le bas de caisse ou je crève un pneu. Mais non chère Juliette un rond point cela se contourne. C’est le moment qu’elle choisit pour être facétieuse, elle dit tantôt, 1e sortie, 2e sortie, là ne vous fiez pas à elle, elle est brouillée avec le calcul mental élémentaire, assurez-vous plutôt de la direction que vous souhaitez prendre. Elle est farceuse, parfois alors que je suis arrêtée dans un parking, elle dit de façon tout à fait péremptoire « vitesse excessive »
Une autre fois, elle m’a fait tourner avec insistance dans un parking qui ressemblait à une entrée de bretelle de contournement. Comme j’étais engagée je ne pouvais plus reculer et je me retrouve dans un parking de Bâle, où pour ressortir il me faut de la monnaie suisse, un dimanche, alors que je n’ai que des billets. Aussi je suis obligée de sortir et d’aller faire de la monnaie dans un café, pour pouvoir continuer ma route.
Juliette a ses humeurs, une vraie femme, lorsque je la laisse trop longtemps dans la boîte à gants, elle boude et refuse de se remettre en route, ou encore, juste pour blaguer, elle perd le réseau lorsque j’aborde une ville inconnue et que je comptais sur elle pour me piloter. La semaine dernière à Fribourg, en Allemagne, elle m’a carrément abandonnée, puis tout d’un coup par un excès de zèle ou de remords, elle s’est mise en alarme constante, à croire que cette charmante ville est infestée de radars fixes. Aussi j’ai du me passer d’elle.
J’aime bien la contrarier, car moi aussi je suis blagueuse, et prendre un itinéraire différent de celui qu’elle m’impose, aussi elle rouspète « faites demi-tour », moi je me dis « cause toujours » et là elle insiste, puis je la sens perplexe, je crois qu’elle tourne les pages de son Atlas, car pendant un moment elle reste silencieuse, jusqu’à ce qu’elle ait compris le sens de ma manœuvre et tente de m’amener au lieu que j’avais défini. Car malgré tous ses caprices, elle a la bonté de me conduire toujours à bon port.
Lorsque je lui fait un bain de jouvence, qui consiste à la brancher sur mon ordinateur, pour effectuer les diverses mises à jour recommandées et payantes, rien n’est trop beau pour Madame  von GPS, elle sème des données précieuses dans les limbes, soit je ne retrouve plus mes favoris, soit elle a égaré mon répertoire téléphonique, car c’est son côté pratique, je peux téléphoner et recevoir des appels par l’intermédiaire de Juliette, sans quitter des mains mon volant.  Lorsque je passe les frontières avec elle je lui fais réciter un laïus qui fait rire mes passagers comme des bossus. Elle a un avantage non négligeable, elle fait taire tous les conseilleurs et navigateurs bénévoles. Vous pouvez converser avec elle, elle est de bonne compagnie, lorsqu’elle est en Alsace elle pousse l’amabilité jusqu’à prendre l’accent du coin, en Suisse elle s’adapte, en Allemagne de même. Elle surveille mes dépassements de vitesse, m’avertit lorsqu’il y a des radars, des problèmes de trafic. C’est quand je suis en mode piéton, qu’elle lambine et tarde à me piloter et me fait tourner en bourrique. Elle est presque devenue une amie en tous les cas une familière.

Richard Deacon – the Missing Part


La rétrospective de l’artiste britannique, Richard Deacon, né en 1949, au Pays de Galles,  au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg – le MAMCS– jusqu’au 19 septembre 2010, montre quelques 120 œuvres en 2 dimensions. Issu de 3 écoles d’art prestigieuses, le  Royal College of Art, Summerset College  of Art et Saint Martin Scool, qui dispensent un enseignement non traditionnel, mais très conceptuel, qui permet d’aller dans de nombreuses directions, aussi RD montre aussi bien des dessins, des photos, des collages, des sculptures provenant de ses années d’étudiant ainsi que des œuvres plus récentes . Il a exposé en  1992 à Villeneuve d’Asq c’est là-bas que c’est fait la rencontre avec la directrice actuelle du MAMCS, qui officiait dans cette ville et qui lui a donné l’idée de la rétrospective presque 20 ans après.
Il ne désire pas faire une exposition épitaphe, même s’il a déjà (à peine) 61 ans, mais une mise en regard de ses œuvres. C’est ainsi qu’il a demandé que soit ouverte la grande salle d’exposition de 800 m2, qui en général est découpée en espaces d’exposition, nous apprend la conférencière, ce qui me semble logique, car je verrais mal ces œuvres assez gigantesques écrasées dans des pièces exiguës.cimg0069.1280178559.JPG
Il a travaillé pendant 3 ans à l’élaboration de cette exposition et  imaginé le parcours. Il est venu plusieurs fois, pour en assurer la bonne installation, avec son fidèle assistant. Ses sculptures, sont arrivées en pièces détachées, et montées selon une scénographie très précise.
« Je ne sculpte pas, je ne modèle pas, je fabrique » est une  des citation de cet artiste qui se considère comme étant dans l’action, dans le « faire » dans le rapport à la matière, à l’objet, qui accepte le néologisme  de  « fabricateur », il se veut dans le plaisir pour trouver la bonne forme pour la matière.cimg0075.1280178358.JPG
Au musée on est accueilli par 2 oeuvres de RD, à l’entrée il y a une grande bâche qui est une œuvre qui s’appelle – is is not a story- ce n’est pas une histoire, et pourtant c’est tout de même une sorte d’histoire qu’il propose sous la forme d’un voyage à travers ses œuvres. La 2e œuvre s’appelle « Quick », que la ville de Strasbourg a acquise. Une sculpture monumentale spécialement créée pour la grande nef du Musée d’Art moderne et contemporain.  C’est un titre qu’il a donné parce que pour lui son oeuvre implique une idée de  vitesse,  de dynamique, de mouvement, quand on la regarde, nos yeux ont vite envie de course, par ces lignes, en fait il s’agit d’une  seule ligne, dédoublée, quadruplée, cette dynamique est structurée par des raccords qui vont rythmer l’ensemble.
Techniquement il s’agit de chêne étuvé, un bois complètement saturé d’eau par la vapeur, sorti de l’étuve, tordu,  fixé dans sa torsion, maintenu dans sa torsion pendant le séchage, qui épouse ses formes torsadées, ses courbes, ses contre-courbes, ses entrelacs. Les marques qui sont sur le bois sont les traces de tanin, de sève qui sortent pendant l’étuvage.
Ses formes qui sont utilisées pour différents matériaux relèvent souvent du vocabulaire biomorfique, cimg0064.1280178271.JPG« Kiss and tell »,  en 2 parties, une bouche – une oreille, une partie ouverte, une partie fermée, l’une en bois, l’autre en contreplaqué. Ce qui caractérise le travail de Deacon c’est le plaisir de découvrir des matériaux différents, pour créer des formes, une nouvelle énigme à résoudre.
« Le sens de l’objet que je construis est de laisser de l’espace vide » RD
Il aime ces jeux signifiants, les lignes fluides, les formes luxuriantes, efflorescentes, tout en laissant apparaître les opérations techniques, dont elles sont le résultat.
Il fait aussi des oeuvres que l’on pourrait qualifier de bas relief, mais il joue aussi du trompe l’œil, il crée des céramiques, de la terre cuite, ses sculptures gardent la couleur des matériaux.
Elles sont de dimensions moindre que les sculptures. L’idée du dessin dans l’espace, ce dessin va s’échapper de la feuille de papier vers l’espace. Les titres il les trouve parfois avant, de créer l’œuvre, ils naissent de la lecture d’un poème.
La figure de Lacoon, dans le cheval de Troyes ; l’image du vide et du plein.
Il donne à voir la matière aussi bien que l’absence de matière.
The Missing Part, c’est aussi l’absence d’une pièce, une allusion à ce qu’on peut découvrir, aux interprétations possibles, et par ricochet ce qui n’y est pas, parce qu’il est ailleurs en gestation. Le sens de l’objet construit est de laisser l’espace vide porter l’ensemble, comme les trous portent  le gruyère. …(RD)
photos de l’auteur

Le jardin des délices

img_0193.1279814933.JPGL’ Hortus Deliciarum ou Jardin des Délices était certainement l’un des plus beaux manuscrits alsaciens du Moyen-Age. Il a été composé vers la fin du XIIe siècle au couvent du Mont Sainte-Odile sous la direction de l’abbesse Herrade. Il racontait l’histoire biblique depuis la création jusqu’à la fin des temps. Ce manuscrit a péri dans l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg en 1870. Foudroyé dans le bombardement de la bibliothèque, le « jardin des délices » de l’Abbesse Herrade de Hohenbourg n’était pas seulement le plus beau manuscrit de l’Alsace Romane : c’était un des plus grands trésors de l’art du Moyen Age.
Il est possible d’admirer des copies et des reconstitutions de ce manuscrit de nos jours car, au cours du XIXe siècle, des amateurs d’histoire et d’art s’appliquèrent à en copier les textes et les images. Vers 1815, un érudit strasbourgeois, Christian Maurice Engelhardt, calqua une quarantaine de fragments d’images ainsi que quatre miniatures entières. Il rassembla ce travail dans un cahier au format du manuscrit et le fit imprimer en 1818. Certains des exemplaires de 1818 ont été soigneusement coloriés et par endroit dorés à la feuille sous la surveillance attentive de M. Engelhardt
Le Hortus Deliciarum est le reflet d’une civilisation qui s’est épanouie au temps des cathédrales. Il est tout à la fois le catalogue des gestes, des formes et des objets de ce beau XIIe siècle, et le répertoire d’un imaginaire qui nous est resté familier. L’exposition temporaire présentée par Voix et routes romanes en partenariat avec l’association Saint-Etienne Réunion, au temple St Etienne de Mulhouse est visible durant tout l’été.
L’histoire veut que le manuscrit et le lieu qui accueille l’exposition ont un point commun non négligeable : la première église mulhousienne a été fondée au XII e siècle, et c’est à la même période que le manuscrit commence à voir le jour au Mont Sainte-Odile.
Tous les jours jusqu’au 6 septembre de 10 h à 12 h et de 14 h à 18, sauf le mardi et le dimanche matin, au temple Saint-Etienne, place de la Réunion à Mulhouse.
scan du catalogue

Romances sans paroles

Romances sans Paroles laisse sans doute une impression mélancolique. Il pleut doucement
sur la ville aurait dit Arthur Rimbaud mais nos artistes malgré leurs humeurs sombres
promènent un regard poétique et ironique qui fait plutôt sourire et laisse entrevoir des
mondes imaginaires, pourquoi pas visionnaires, tout à fait plaisants et attirants.

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C’est tout l’art d’un commissaire de faire résonner les œuvres d’artistes fraîchement diplômés, avec celles d’artistes connus, confirmés, émergeants et appréciés. En l’occurrence c’est l’éminent Ami Barak qui avec « raison » et pertinence, fait cohabiter les artistes dans l’exposition de l’été, sous le doux titre de « Romance sans paroles » tout un programme, tient elle sa promesse ?
Sandrine Wymann, directrice de la Kunsthalle de Mulhouse s’est, elle aussi attelée à la tâche et de concert, Ils ont créé cette « Romance »
Mélancolie, schizophrénie, un dénominateur commun d’un esprit romantique, mis au goût du jour, d’une génération un peu floue, un peu plus désabusée, les mêmes constantes, les paysages, par rapport au passé, la présence de l’objet, un certain désenchantement, cela rime avec la dépression ambiante, et de citer Freud «  la dépression n’est pas une maladie, ce n’est qu’un affect …. » AB
C’est en s’approchant des œuvres que l’on constate le dialogue instaurée, par les 2 commissaires entre les œuvres.
Les cinq diplômés du Quai font leurs premiers pas sur le devant institutionnel
pascal-auer1.1279128275.jpgPascal Auer, sorte de neveu de Fernando Pessoa, avec Parasite Rec,  met en place un site, une sorte de dédoublement, un art de la défausse. Où se trouve le romantisme dans tout celà ?
Réponse d’AB : le dédoublement est une forme de névrose.
En parallèle l’on trouve Flexible de Joe Scanlan, – un artiste américain –  un meuble de rangement avec étagères, très banale, issu du design, devenu objet discriminatoire puisque destiné aux riches (objet créé avec du matériel de récupération transportable maniable autarcique).
matthew-day-jackson-pitfalls.1279128000.jpgMatthew day Jackson, artiste de la globalisation , qui montre avec Pitfalls of Utopian Desire, l’identité particulière américaine, il déconstruit, en montrant ce double visage de cette nation qui fascine le monde y compris ses adversaires.
3 dessins au fusain qui déconstruisent le chariot  des pionniers,  ceux qui ont traversé l’Amérique en allant vers l’ouest, c’est un objet qui se trouve dans un musée en UK, dépecé, un objet ludique, qui décrit soigneusement, une déconstruction. Il a reproduit le n° de Time Magazine de 1978, qui raconte la tragédie de Jonestown où 800 américains se sont laissés entraînés dans un suicide collectif par un gourou.
Il veut mettre en exergue ce double visage de l’Amérique du côté des gens de souche en utilisant  l’arc en ciel, un symbole indien, et l’utopie sociale et  de l’autre les pulsions et l’inconscient suicidaire, dans cette société qui se   cherche encore une identité culturelle
img_0063.1279127423.jpgReiner Ruthenbeck, élève de Beuys, avec Tuch mi Spannrahmen, – une oeuvre provenant  du Frac de Bourgogne qui déconstruit la question de tableau, remet en cause le statut  de la peinture, référence des années 70, où il s’agit d’une toile et d’un châssis, en revenant sur les ingrédients de la modernité Malévitchienne, du rond dans le carré, la toile est devenue soft, elle est à même le sol, vocabulaire de toute l’abstraction qui s’exprimait après la guerre de 40, où justement il s’agit d’une volonté d’annihiler le sujet, vu que l’histoire s’est chargée d’ébranler nos convictions culturelles.
Une pièce avec un impact visuel fort,  de Daniel Firman, déjà croisé chez Arte, encombré d’objets de consommation courante, à la recherche d’équilibre, semblant l’avoir trouvé, bel état névrotique, Gathering (2000) est une sculpture, un autoportrait, une performance. L’artiste s’est encombré dans un premier temps de tout un tas d’objets hétéroclites qu’il a accumulés sur son dos jusqu’à la limite de sa capacité de portage, de sa force physique. Dans un second temps, débarrassé de ce poids, il a moulé son corps dans la position d’équilibre pour ensuite le rhabiller et donner à la sculpture une valeur d’objet et de
trace de l’expérience.
img_0080.1279127252.jpg Daniel Firman s’inscrit dans la lignée des sculpteurs qui élargissent leur réflexion au-delà de l’objet à l’espace environnemental. Proche du chorégraphe, du performeur, il travaille à partir du corps, souvent le sien, et s’intéresse aux limites de la pesanteur et de la matière.Les matériaux de Daniel Firman sont issus de son quotidien, il interroge les objets et les mouvements qui lui sont proches.
img_0029.1279122696.jpgAMI Barak – Un autre Français a eu affaire au comité de censure chinois lors de l’Exposition universelle : il s’agit du commissaire Ami Barak, responsable de l’exposition « Art for the World Expo », qui rassemble vingt sculptures autour de l’allée centrale du site de l’Expo U. Pour lui, les voies du comité restent souvent impénétrables. Une oeuvre de Paul McCarthy, qui représente un Père Noël portant un godemiché en guise de sapin, a sans surprise été refusée. Mais une autre de Mike Kelley, qui semblait inoffensive, a reçu un feu rouge du comité : une silhouette sculptée dans le sel, que chèvres et ânes viennent lécher jusqu’à sa disparition. Ami Barak résume ainsi son incompréhension : « Avec ses professeurs académiques et ses fonctionnaires d’une moyenne d’âge de 70 ans, le comité de censure, c’est Jurassic Park. » extrait  Emmanuel Lequeux Le Monde
VISITES GUIDÉES
Visites gratuites les samedis & dimanches à 15:00
Entrée libre sans inscription
Autres visites sur RDV
à partir de 5 personnes minimum
Participation 2 € / personne,
réservation au 03 69 77 66 47
DIALOGUES
Regards croisés entre le Musée des Beaux-Arts
et La Kunsthalle Mulhouse
SAMEDI 21 AOÛT DE 15:00 À 17:00
RDV à La Kunsthalle Mulhouse
IN BUS WITH eRikm
DIMANCHE 22 AOÛT 2010
A l’occasion du Festival MÉTÉO, une promenade
dominicale programmée par eRikm est proposée
dans les centres d’art de la région.
+ Espace multimédia gantner, Bourogne
+ CRAC Alsace, Altkirch
+ FABRIKculture, Hégenheim
+ La Kunsthalle, Mulhouse.
À partir de 19:00 BULLES
Installation de Julien Clauss à la Kunsthalle
Programme complet de la journée
sur www.festival-meteo.fr
Renseignements et inscription
+33 (0)3 89 45 36 67
ou info@festival-meteo.fr
photos de l’auteur et courtoisie de la Kunsthalle
à suivre

14 juillet 2010

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Vouvouzelas citoyens ? …

 

caricature de Jean François Mattauer dit Giefem