« Au diapason du monde » Fondation Vuitton

se termine le 26 août
Au-delà d’un accrochage, « Au diapason du monde » se veut une
exposition sur la base d’une thématique précise. Celle-ci renvoie aux
questionnements actuels liés à la place de l’Homme dans l’univers
et à la nouvelle approche qui le lie à son environnement et au monde
du vivant, soulignant les interconnexions entre l’humain, l’animal,
le végétal voire le minéral.

Deux parcours complémentaires dans l’ensemble du bâtiment :
Le Parcours A, présenté au niveau 2 du bâtiment
(galeries 9, 10 et 11)
, offre une plongée dans l’univers de
l’artiste japonais Takashi Murakami (né en 1962).
S’appuyant sur l’histoire politique, culturelle et sociale du Japon,
Takashi Murakami cultive un monde à part, à la fois sombre et
fabuleux, qui combine l’esthétique Kawaii à des références aux
traumatismes de son pays, comme la bombe atomique ou plus
récemment le tsunami. À travers une multiplicité de formes et
de supports (peinture, sculpture, vidéo…), auquel fait écho cet
accrochage, l’œuvre prolifique de Takashi Murakami développe un
imaginaire débridé, saturé de couleurs et peuplé de créatures
fantastiques, mi-humaines mi-animales où se mêlent culture
populaire et savante, iconographie bouddhique et manga,
tradition et modernité, Occident et Orient, technique ancestrale
et technologie de pointe.
Cette présentation, conçue en collaboration étroite avec l’artiste,
s’articule autour de trois ensembles :

– La galerie 9 est dédiée à DOB, premier personnage inventé
par l’artiste en 1993 et considéré comme son alter ego.
Il apparaît aussi bien sous les traits d’une charmante souris
dans le style de Mickey Mouse que d’un monstre malicieux
ou féroce couvert d’yeux et aux dents acérées.

– La galerie 10 montre une fresque monumentale présentée
pour la première fois à Paris.
Intitulée The Octopus eats its own leg (2017), elle met e
n scène des personnages de la mythologie traditionnelle
chinoise entourés d’une faune et d’une flore généreuses
et merveilleuses. En s’appropriant l’iconographie traditionnelle
de la peinture japonaise du 18e siècle combinée au style
des grandes fresques historiques, l’artiste livre une version
contemporaine des Huit Immortels de la religion taoïste.

– La galerie 11 propose un espace Kawaii, (‘’mignon’’ en japonais)
esthétique japonaise que l’artiste s’approprie à travers une pluralité
de formes et de supports : sculpture, papiers peint, peinture de
fleurs ou encore film d’animation d’inspiration manga.
Le Parcours B, L’homme dans l’univers du vivant, réunit
28 artistes français et internationaux de générations différentes,
toutes techniques confondues. Il s’étend sur les trois autres
niveaux du bâtiment et à l’extérieur, dans le Grotto.
S’inspirant de l’injonction de Roland Barthes dans
La Chambre claire (1980)
« J’ai décidé de prendre pour guide la conscience de mon émoi »,
les œuvres s’articulent selon un principe d’affinités sensibles.
Le parcours s’organise autour de trois axes complémentaires
présentés chacun sur un niveau du bâtiment :
Irradiances (Niveau 1) ;
Là infiniment (Niveau 0) ;
L’Homme qui chavire (Niveau -1).
• Irradiances, au niveau 1, dans les galeries 5, 6 et 7 présente
des œuvres de : Matthew Barney, Mark Bradford,
Christian Boltanski,
Trisha Donnelly, Dan Flavin,
Jacqueline Humphries, Pierre Huyghe,

Yves Klein, James Lee Byars, François Morellet,
Sigmar Polke,
Gerhard Richter, Shimabuku et Anicka Yi.
L’intitulé « Irradiances » fait référence au rayonnement de
l’œuvre de Dan Flavin et réunit des œuvres aux supports variés :
peintures, sculptures, vidéos, installations. Chacune procède
d’un dialogue continu avec la nature et explore la matière et
ses métamorphoses dont l’ensemble compose un paysage cosmique.
Untitled de Dan Flavin, une de ses premières réalisations en tube
fluorescent, dégage une force originelle conférant à la sculpture
une vibration particulière.
Alors que les couleurs éclatantes sont rigoureusement structurées
dans Lilak (1982) de Gerhard Richter, les deux œuvres de sa série
Flow (2013) renvoient au flux de la peinture répandu par le geste
de l’artiste et régulé par la pose d’un panneau de verre sur la surface,
faisant miroir.
Selon une démarche secrètement alchimique, l’œuvre
Nachtkappe I (1986) de Sigmar Polke, est née du mélange inédit
de peinture, de jus d’indigo et de vernis à l’alcool.
Water Cast 6 (2015) de Matthew Barney témoigne de la rencontre
explosive du bronze en fusion et de l’eau, générant avec des
subtilités d’orfèvrerie, un ensemble de formes abstraites à
connotation organique
.
L’aquarium de Pierre Huyghe, Cambrian explosion (2014),
fait écho à l’explosion du même nom qui marqua l’apparition
des grandes espèces animales entre 542 et 530 millions d’années
et prend la forme d’un écosystème évoluant de manière autonome.
Le monochrome IKB81 (1957) d’Yves Klein traduit en direct
une « zone de sensibilité picturale » tandis que les éponges
RE46 (1960) et SE231 (1960) imprègnent la matière vivante
du même pigment bleu.
Reports of the rain (2014) de Mark Bradford fédère collage
et peinture dans une veine lyrique très musicale.
Faisant écho à la démarche de Polke, Jacqueline Humphries utilise
dans l’œuvre Untitled (2007) de la série « Silver Paintings »,
une laque industrielle argentée mélangée à de la peinture à l’huile.
La projection verticale de Trisha Donnelly, Untitled (2014), ouvre
une brèche mystérieuse sur un ciel de nuages en mouvement.
Dans les sculptures, Halo (1985) et Is (1989), James Lee Byars
associe deux matériaux minéraux (cuivre et marbre) à la préciosité
de l’or, en quête d’une forme parfaite.

Galerie 6, L’Avalanche (2006) de François Morellet mêle
l’ordre et le chaos.
La vidéo 3D d’Anicka Yi, The Flavor Genome (2016)
(coacquisition avec le Guggenheim Museum, New York),
développe un « documentaire fiction » mettant en scène la
recherche d’un arôme dans la forêt amazonienne.
Dans Untitled (2008) de Trisha Donnelly, une onde
magnétique jaillit du cœur d’une rose aux contours parfaits.
Dans l’Observatoire, The Snow Monkeys of Texas
Do snow monkeys remember snow mountains?
(2016), vidéo de Shimabuku, questionne la mémoire
et la capacité d’adaptation des espèces vivantes à leur
environnement.

En galerie 7, à l’écart, Animitas (2014) de Christian Boltanski
se compose d’un film tourné en temps réel en un seul plan fixe,
dans le désert d’Atacama au Chili et d’un parterre de fleurs.
L’installation originelle se compose de huit cents clochettes
japonaises dont le tintement évoque « la musique des astres
et la voix des âmes flottantes. » Pour l’occasion, il complète
cette présentation avec une enseigne lumineuse composée
d’ampoules qui forment le mot « Après ».
Là, infiniment…, au rez-de-chaussée, dans la galerie 4,
présente des œuvres de Cyprien Gaillard, Wilhelm Sasnal
et Adrián Villar Rojas.

À travers l’appropriation d’œuvres mythiques de l’histoire
de l’Art, ces trois artistes s’interrogent sur une certaine
domination de l’Homme dans l’histoire et sur sa possible
disparition.
Inspirée du David de Michel-Ange dont il ne reste, ici, que
les jambes, la sculpture en marbre monumentale d’
Adrián Villar Rojas, Untitled, From the series Theatre
of Disappearance (2017),
apparaît comme le seul vestige
d’un monde post-apocalyptique.
Avec Bathers in Asnières (2010), Wilhelm Sasnal
réinterprète l’œuvre de Seurat à partir de souvenirs liés au
contexte de la Pologne en 1939.
Combinant des images en différentes séquences au refrain
lancinant d’une musique d’Alton Ellis « I was born a loser »
/ « I was born a winner », Nightlife (2015)
de Cyprien Gaillard
propose au spectateur une expérience
immersive en 3D.
L’Homme qui chavire, au Rez-de-bassin, dans galeries 1, 2 et 3,
présente des œuvres de Giovanni Anselmo, Maurizio Cattelan,
Ian Cheng, Andrea Crespo, Alberto Giacometti, Dominique
Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, Yves Klein,
Mark Leckey, Henri Matisse, Philippe Parreno,
Bunny Rogers et Kiki Smith.

Cette séquence s’organise autour du corps dans tous ses états,
de ses formes les plus tangibles au plus fantasmées et prend
pour point de départ l’Homme qui chavire (1950-1951)
d’Alberto Giacometti,
autour duquel est présenté un ensemble
de quatre autres œuvres de l’artiste : Trois hommes qui marchent I
(1948), Buste d’Homme assis (Lotar III) (1965),
Grande femme II (1960). Tandis que Femme de
Venise III (1956-1957)
est montrée pour la première fois.
A l’entrée de la galerie 1, dans M.2062 (Fitzcarraldo)
(2014), Dominique Gonzalez-Foerster
fait une
« apparition » sous la forme d’un hologramme du personnage
Fitzcarraldo, héros d’une fiction de Werner Herzog.
Entrare nell’Opera (1971), œuvre photographique de
Giovanni Anselmo, montre une silhouette absorbée
dans un paysage infini.
Dans Nu bleu aux bas verts (1954) d’Henri Matisse,
le corps, en papier découpé, est célébré dans l’envol
même de la danse.
La sculpture en bronze de Kiki Smith, l’Annonciation (2010),
impose une présence mystérieuse.

Dans l’anthropométrie ANT 104 (1960) d’Yves Klein,
l’empreinte des corps, « pinceaux vivants », est révélée par
le seul pigment bleu.
Ian Cheng dévoile dans le deuxième épisode de sa trilogie,
Emissary Forks at Perfection (2015), une créature
entièrement programmée par un logiciel, alternative à l’homme
disparu.
Présenté pour la première fois en France,
Untitled (Human Mask) (2014) de Pierre Huyghe montre
un singe vêtu comme une petite fille portant un masque
Nô qui déambule dans un restaurant déserté de Fukushima.

Dans La ballade de Trotski (1996), Maurizio Cattelan
identifie l’Homme à un cheval évoquant la fin possible
des utopies. Autoportraits de l’artiste en latex, Spermini (1997),
aborde la question du double et du clonage.
Andrea Crespo explore dans son diptyque Self portrait
with Phantom Twin (2017), son identité plurielle.
Dans Study for Joan Portrait et Study for Joan Portrait
(Silence of the Lambs) (2016)
inspirés du personnage
de Jeanne d’Arc de la série télévisée Clone High,
Bunny Rogers développe une galerie de portraits modélisés.
Philippe Parreno initie et clôt le parcours du rez-de-bassin
avec deux vidéos : la première The Writer (2007)
l’entrée en galerie 1- s’approprie l’un des premiers automates
créés au XVIIIe siècle tandis qu’Anywhen (2017)
en Galerie 3 – filme un poulpe réactif à son environnement
accompagné d’une bande son inspirée de
Finnegans Wake de James Joyce.
À l’extérieur du bâtiment, le gigantesque Felix the cat (2017)
de Mark Leckey
est installé dans le Grotto.
Commissaire général : Suzanne Pagé
Commissaires : Angéline Scherf, Ludovic Delalande et Claire Staebler
Conseiller artistique et scénographe : Marco Palmieri
Les artistes présentés sont :
Giovanni Anselmo (1934, Italie), Matthew Barney (1967, États-Unis), Christian Boltanski (1944, France), Mark Bradford (1961, États-Unis), James Lee Byars (1932-1997, États-Unis), Maurizio Cattelan (1960, Italie), Ian Cheng (1984, États-Unis), Andrea Crespo (1993, États-Unis), Trisha Donnelly (1974 , États-Unis), Dan Flavin (1933-1996, États-Unis), Cyprien Gaillard (1980, France), Alberto Giacometti (1901-1966, Suisse), Dominique Gonzalez-Foerster (1965, France), Jacqueline Humphries (1960, États-Unis), Pierre Huyghe (1962, France), Yves Klein (1928-1962, France), Mark Leckey (1964, Royaume-Uni), Henri Matisse (1869-1954, France), François Morellet (1926-2016, France), Takashi Murakami (1962, Japon), Philippe Parreno (1964, France), Sigmar Polke (1941-2010, Allemagne), Gerhard Richter (1932, Allemagne), Bunny Rogers (1990, États-Unis), Wilhelm Sasnal (1972, Pologne), Shimabuku (1969, Japon), Kiki Smith (1954, États-Unis), Adrián Villar Rojas (1980, Argentine), Anicka Yi (1971, Corée du Sud)

Subodh Gupta à la Monnaie de Paris

Jusqu’au 16 août 2018
Subodh Gupta
(né en 1964 et vivant à New Delhi) est un artiste
contemporain de renommée internationale.

En effet depuis plusieurs années il nous intrigue à Art Basel,
en 2017, il invite les visiteurs à partager un repas de son pays.
Peintre de formation, Gupta, qui réside et travaille à New Delhi,
s’est aussi intéressé à d’autres formes artistiques telles que
la performance, la vidéo, la photographie, la sculpture, ou
les installations. Subodh Gupta conçoit l’exposition comme un
lieu propice à la rencontre, un rendez-vous que l’on se donnerait,
entrainant discussions, échanges et débats, à l’image du mot
et concept hindi « Adda ».

Cette exposition, qui met en valeur la diversité du travail de
Subodh Gupta, présente des sculptures emblématiques composées
d’ustensiles de cuisine en inox comme Very Hungry God (2006),
son oeuvre la plus connue, ou d’objets moulés en métal, comme
Two Cows (2003), ainsi que de nouvelles productions telles que
Unknown Treasure (2017) ou la vidéo Seven Billion Light Years
(2016).
Outre la diversité des matériaux employés, l’oeuvre de l’artiste se
caractérise par une  constante exploration de la présence des rituels
et de la spiritualité au sein de notre quotidien.
De la même manière que la cuisine est au centre de tous
les foyers indiens, ce sont les éléments qui s’y trouvent qui sont
au coeur du travail de Gupta. C’est à partir de ce quotidien là
qu’il mène une réflexion, non seulement sur des pratiques
personnelles et communautaires, mais aussi sur la façon dont,
souvent, certains objets et expériences intimes, apparemment
insignifiants, amènent vers une autre dimension, celle du cosmos.

L’exposition, qui occupe l’escalier d’honneur et les salons historiques
du 11 Conti, le long des rives de la Seine, se poursuit dans les cours
intérieures de la Monnaie de Paris avec des sculptures monumentales
spécialement conçues à cette occasion. La diversité des oeuvres exposées
montre l’utilisation que fait l’artiste des différentes échelles et matériaux,
mais aussi sa pratique du « readymade ». Certaines oeuvres exposées
permettent de susciter une réflexion sur les usages du métal, à la fois
du point de vue de sa valeur symbolique, que du point de vue des
techniques et des savoir-faire nécessaires pour le mettre en oeuvre
et lui donner sens.
« Adda / Rendez-vous » amène au dialogue entre deux univers :
les oeuvres métalliques monumentales de Subodh Gupta et à l’ADN
de la Monnaie de Paris, qui depuis 1150 ans travaille le métal
précieux
.
Il s’agit d’une véritable rencontre entre l’artiste et les savoir-faire
de la Monnaie de Paris.
Une exposition placée sous le commissariat de Camille Morineau,
Directrice des Expositions et des Collections de la Monnaie de Paris
et Mathilde de Croix, Commissaire d’exposition à la Monnaie de Paris.

Le parcours de l’exposition est organisé en 6 parties :
Le langage du commun
Subodh Gupta expose comme oeuvre l’objet quotidien, aussi iconique
que banal. Unknown Treasure (2017), qui surplombe l’escalier
d’honneur, en donne le signal.
Des objets trouvés se déversent d’un pot en bronze, comme d’une corne
d’abondance. Ce pot est lui-même l’agrandissement d’un ustensile
de cuisine indien traditionnel, le handi.

 Dieu insatiable
Avec Very Hungry God (2006) –– évocation d’un dieu
devenu vanité universelle, vorace et insatiable, Gupta
s’empare de la dimension spirituelle de l’alimentation.
Des centaines d’ustensiles en inox étincelants, tels qu’on
en trouve dans la majorité des foyers indiens des classes
moyennes et populaires, sont agrégés pour former
un crâne. L’oeuvre rend compte de la troublante dualité
qui résulte directement des modes de production
capitaliste : d’un côté l’abondance qui fascine, de l’autre
la faim qui paralyse.


Cette sculpture a été exposée pour la première fois
lors de la Nuit Blanche de 2006 dans l’église Saint-Bernard,
un lieu symbolique pour les luttes qui s’y étaient déroulées
dix ans auparavant. Occupée par des étrangers, pour
la plupart en situation irrégulière, l’église était devenue
un lieu de résistance et de manifestation contre les
expulsions ordonnées par le pouvoir politique alors
en place.
There Is Always Cinema
Les objets peuvent aussi être libérés de leurs fonctions,
mis à l’arrêt, par leur transfiguration en bronze ou
en laiton. Ils sont porteurs d’une histoire, comme nous
le rappelle le titre de l’oeuvre There Is Always Cinema
(2008). La Galleria Continua à San Gimignano s’est
installée dans un cinéma abandonné, construit après
la Seconde Guerre mondiale. L’artiste y découvre
une salle remplie de matériel mis de côté, vestiges
de la fonction première du lieu (projecteurs, bobines,
pellicules, chariots, toilettes du projectionniste, etc.).

Subodh Gupta en réalise des copies en métal et les
expose accompagnées de l’objet original. Ces paires
d’objets sont « chargées émotionnellement », selon les
mots de l’artiste. Elles créent un espace commémoratif,
qui renvoie sans doute tout autant à l’ancien cinéma
italien, qu’aux salles de théâtre de son enfance en Inde
où se tenaient parfois des projections. Comme souvent
dans le travail de Gupta, plusieurs niveaux de narration
cohabitent et se déploient à partir d’objets désignés
comme lieux d’identité et de mémoire.

Les dieux sont dans la cuisine
La nourriture est au coeur de l’oeuvre de Subodh Gupta :
il assemble et juxtapose des ustensiles de cuisine, il filme
la préparation des aliments, organise des performances
autour de leur ingestion, peint des plats avec les restes
d’un repas. L’artiste commence à utiliser les récipients
en acier inoxydable en 1996 et poursuit depuis l’explo–
ration de ce matériau. En dépit de la diversité de la société
indienne, ces ustensiles se trouvent dans tous les foyers.
L’artiste est fasciné par l’aspect rutilant de cette vaisselle
peu onéreuse qui symbolise la prospérité, alors même
qu’une partie de la population peine à la remplir chaque
jour. Voyage et exil
Si Two Cows (2003-2008) évoque la distribution
régulière de lait, le déplacement n’est pas seulement
une activité quotidienne chez Gupta. Il symbolise surtout
pour l’artiste l’exode et la migration. Dans la vidéo
All Things Are Inside (2007), il filme les maigres effets
possédés par des migrants indiens, partis travailler au
Moyen-Orient, qui se préparent à retourner dans leurs
familles. Sur un autre écran, défilent des séquences de
films Bollywood populaires dans lesquelles apparaissent
toutes sortes de sacs. La mise en parallèle de ces deux
vidéos confère ainsi aux bagages une valeur métonymique,
symbolisant la vie entière de leurs propriétaires.
Jal Mein Kumbh, Kumbh Mein Jal Hai (2012) associe
la barque –– qui, dans l’inconscient collectif, figure
la migration mais aussi le passage vers l’au-delà.

Corps céleste
Pure (1999), oeuvre la plus ancienne de l’exposition,
placée dans une sorte d’antichambre, marque un
tournant dans l’oeuvre de Subodh Gupta. Le corps,
son corps, est présent dès ses débuts, comme l’atteste
cette performance où il s’enduit de bouse de vache,
symbole de purification en Inde.

Les oeuvres récentes de l’artiste font de la nourriture
une allégorie de l’univers et du cosmos, où l’infiniment
grand s’inspire de l’infiniment petit. Anahad (2016)
transforme un signal sonore inaudible en une intense
vibration faisant soudainement trembler des panneaux
métalliques ; le visiteur voit alors son reflet se déformer
au rythme du signal et les contours de sa silhouette
se dissoudre pour ne faire qu’un avec ce qui l’entoure.
L’artiste donne ainsi forme au concept indien anahad
naad : la vibration cosmique, un son qui n’a ni début
ni fin, qui transcende l’espace et le temps.
Dans In This Vessel Lies the Philosopher’s Stone (2017),
Subodh Gupta
fait revivre le mythe de la pierre philosophale supposée
changer tout matériau en or. Dans Seven Billion Light
Years (2015-2016), la pâte du pain se meut comme
un corps céleste, se déplaçant dans un ailleurs que l’on
peine à situer avant de comprendre qu’il s’agit d’une
scène triviale, celle de la cuisson du pain.

Sommaire du mois de juillet 2018

01 juillet 2018 : MANGUIN La volupté de la couleur
05 juillet 2018 : Chagall, Lissitzky, Malévitch. L’avant-garde russe à Vitebsk (1918-1922)
11 juillet 2018 : Ma vie est un roman
13 juillet 2018 : Jan Fabre – Ma nation : l’imagination
15 juillet 2018 : Noeuds Négatifs – Etienne Chambaud
16 juillet 2018 : L’Atlas des Nuages à la Fondation François Schneider
20 juillet 2018 : Kupka – Pionnier de l’abstraction
22 juillet 2018 : La Biennale Internationale de St Paul de Vence
29 juillet 2018 : La Sécession à Vienne

James Turrell. The Substance of Light

Si vous n’avez pas la possibilité d’entreprendre un long
voyage, d’aller dans les Andes en Argentine, à Colomé,
à 2 200 mètres d’altitude, où un collectionneur suisse
Donald Hess, lui a  consacré un écrin de solitude,
au coeur des vignes, baignées de soleil 350 jours par an,
(le musée est logé dans la bodega Colomé, loin des
capitales de l’art et autres centres artistiques, un
lieu désert et paradisiaque,
pour s’y rendre le périple est un vrai pèlerinage.)

Vous pouvez, plus près de chez nous, vous délecter et pénétrer dans
les oeuvres de James Turrell, au musée Frieder Burda de
Baden Baden

où une exposition lui est consacrée jusqu’au
28 octobre 2018.
L’artiste James Turrel,
travaille avec un seul et unique
média d’expression, la lumière. Son art vous enveloppe,
il n’est jamais figuratif, et ne représente rien de concret,
il met juste en avant la force immatérielle de la
lumière et l’effet qu’elle peut avoir. Une sensation de paix,
de claustrophobie, toutes sortes d’émotions, mais
aussi le silence s’installe.
James Turrel
a étudié les mathématiques, dans son art
pas d’objet, rien de figuratif, rien que de la lumière.
Ses installations ont pour but de nous faire vivre des expériences
sensorielles, la lumière remplit l’espace et le transforme,
ses installations se vivent, elles provoquent des émotions
qui vont bien au-delà de la simple observation.

James Turrell, Raethro Green, 1968

Une expérience magique attend celui qui s’immerge
dans les espaces lumineux de James Turrell :
la lumière colorée et changeante y rend l’espace infini.
Né en 1943 à Los Angeles, Turrell se passionna très tôt
pour le vol et il nomme le ciel son atelier, son matériau
et sa toile. Dans les années 1960, marqué par l’Art minimal
et le Land Art, il utilise diverses techniques qui donnent
une présence physique à la lumière immatérielle.
L’exposition « The Substance of Light » du
Musée Frieder Burda a été conçue en étroite collaboration
avec lui. Depuis plus de cinq décennies, Turrell réunit dans
son travail la pensée conceptuelle à la science, la technologie
et la spiritualité en une forme d’art unique.
L’oeuvre se créée dans la perception du spectateur,
laquelle se trouve aiguisée au point qu’il puisse,
comme le dit Turrell, « voir sa propre vision ».

C’est ce que l’on réalise dès le début de l’exposition en entrant
dans l’immense espace lumineux Apani ; une oeuvre qui fit
fureur dès 2011 à la Biennale de Venise. Turrell donne
le nom de Ganzfeld à ces installations qui font pénétrer le
visiteur dans un espace à la fréquence lumineuse composée
spécifiquement, et qui semble dénué de frontières.
Un phénomène paradoxal se déclenche alors : l’attention se
déplace de l’extérieur vers l’intérieur, et engendre une
observation méditative. « D’une certaine manière »,
explique l’artiste, la lumière réunit l’univers spirituel et le
monde physique éphémère ». La proximité de Turrell avec
la peinture se manifeste dans l’une de ses installations
intitulée Wedgework dans laquelle des projections donnent
naissance à des murs et barrières de lumière colorée.
Si elles suggèrent la profondeur, elles rappellent aussi les
toiles monochromes du Colorfield Painting.

Le projet le plus ambitieux de Turrell, Roden Crater,
est présenté ici également : lors d’un vol en avion, l’artiste
découvre dans les années 1970 un volcan éteint dans
le désert de l’Arizona et il le transformera désormais
en une sorte d’observatoire astronomique. Le système de
salles souterraines, puits de mine et galeries ressemble à
un temple uniquement consacré à la lumière.

Une sélection de maquettes et de photographies ainsi
qu’un film documentaire permettent de donner une idée
de la plus grande oeuvre d’art existante sur notre planète.
La mezzanine abrite des maquettes des installations de
Turrell : cette partie de l’exposition est consacrée aux
Skyspaces des pièces aux proportions spécifiques dont
les plafonds présentent des ouvertures par lesquelles
on peut regarder le ciel comme s’il s’agissait d’un tableau
vivant. À l’étage supérieur, c’est une série de travaux
sur la lumière de dimensions plus modestes que l’on peut
voir, comme les Shallow Spaces Constructions,
qui font apparaître des cadres lumineux devant un mur ou
dans un espace de lumière, ainsi que l’une  ses
Projection Pieces. Un projecteur fait flotter dans un coin
de la pièce un cube phosphorescent. Dans le cabinet, on peut
découvrir des travaux de la Hologram Serie, montrés au
public pour la première fois.
Au sous-sol enfin, une oeuvre nouvelle créée pour le
Musée Frieder Burda attend le visiteur :
Accretion Disk fait partie des Curved Wide Glass Series,
dont les objets voient leur couleur se transformer au fil
des heures. L’aspect cosmique de l’art de James Turrell
est ici perceptible : en astrophysique, un disque d’accrétion
est un disque composé de gaz ou de poussière interstellaire
évoluant autour d’une étoile nouvellement née.
Museum Frieder Burda
• Lichtentaler Allee 8b • 76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0)7221 39898-0
• www.museum-frieder-burda.de

Bruce Nauman: Disappearing Acts

C’est jusqu’au 26 août au Schaulager de Bâle
Voir ici la vidéo du vernissage
Bruce Nauman (vidéo) est sans doute l’artiste le plus influent
de notre époque.
Le Schaulager de Bâle présente la plus large rétrospective
depuis 25 ans, en collaboration avec le Moma.
C’est l’événement artistique du printemps. C’est la beauté
cruelle de l’art de Bruce Nauman depuis 50 ans. Il analyse
le plaisir et le fardeau de la condition humaine.
L’exposition réunit des œuvres rares avec des œuvres
clés connues. Il propose également une première mondiale
pour découvrir les dernières œuvres de l’artiste :
l’impressionnante sculpture Leaping Foxes (2018)
et la vidéo 3D Contrapposto Split (2017).

Installation view: Bruce Nauman, Leaping Foxes, 2018
 ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

Pour la première fois en Europe, la projection vidéo monumentale
Contrapposto Studies, créée en 2015/2016.
Parallèlement à l’exposition du Schaulager, trois œuvres de
Nauman de la collection Emanuel Hoffmann Foundation
sont présentées au Kunstmuseum Basel.
Que veut dire être un animal social, que veut dire être piégé
dans un cycle éternel de conventions, de schémas de pensées,
de processus maniaco mécaniques.
Prétentieux, existentialiste ?
C’est sûr, mais Bruce Nauman enracine son regard critique
dans l’humour noir, en en faisant un usage immodéré, il l’adoucit.
« Allez-vous en sortez de ma tête et de cette pièce ! »

C’est ce qu’il grogne en direction du visiteur.
La petite salle n’est éclairée que par une ampoule de 10 watts.
on entend une voix qui répète toujours les mêmes mots.
Mais qui peut se permettre ça ? Qui est Bruce Nauman ?
Jetons un coup d’œil.
Bruce Nauman Accession

Dans son travail, il explore des thèmes tels que la langue,
l’espace et la corporéité et explore les structures de pouvoir
et les conventions sociales. Avec sa remise en question persistante
des valeurs esthétiques et morales et des habitudes de voir,
Nauman défie constamment notre perception et notre imagination.
Nauman

C’est BN sur son cheval, c’est un excellent cavalier, il a emporté
son chapeau de cow-boy à Bâle.
Mais devoir venir montrer son œuvre Shaolin à Bâle plutôt
que de rester dans son ranch du nouveau Mexique, bien sûr
il trouve l’expo très bien, mais goûte peu le battage médiatique.
Bruce Norman est quelqu’un de très timide il n’est pas
question d’interview télé.
Installation view: Bruce Nauman, Green Horses, 1988
 © Bruce Nauman / 2018, ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

La conservatrice qui le connaît depuis longtemps :
« à mon avis il s’agit toujours de qui nous sommes dans
quelle mesure on est enraciné
dans cette terre, parfois on
a l’impression de flotter dans les espaces immenses,

et on ne sait pas dans quelle direction on va, si on est sincère
avec sa propre expérience.

Dans les espaces immenses du Schaulager, c’est une sorte
de parcours chronologique qui
est présenté.
Vidéos, sculptures, installations, les célèbres néons,
photographies,
des bruits,
des sons, des croquis,
plus de 170 œuvres
.
La surcharge visuelle est un concept, c’est une stratégie,

l’œuvre exige beaucoup de temps et de dépense physique. »
Bruce Nauman Corridor

La question du temps c’est ce qui nous fait vivre, nous existons
dans le temps, BN nous en fait prendre conscience.
Le temps est un matériau, il s’agit bien de temps et d’espace,
le jeune Bruce Nauman a été un pionnier de l’art vidéo et
de la performance. Dans une boucle éternelle il sort de son
studio où il se promène dans l’une de ses premières
installations « Couloir » (Corridor) Il filme pendant des semaines
son studio vide la nuit, en utilisant la monotonie des images,
ce qu’on croit être le non-sens , le néant, l’absurde. Il aiguise
nos sens fatigués. Une souris qui galope devient un évènement,
puis un chat.
BN est minimaliste, son domaine c’est la répétition infinie
et son modèle avoué c’est Samuel Beckett.
Bruce Nauman

Dans l’œuvre de Bruce Norman rien n’est jamais sûr.
Ce dont il doute le plus ce sont les réponses que l’on nous
donne d’autorité. Ce que veut BN, c’est que le spectateur soit
aux aguets qu’il fasse attention, en pleine conscience, ce sont des
instructions très utile pour ce moment étrange de l’histoire actuelle.
« Fais attention enfoiré »
c’est ce qu’on voit dans le miroir.
Il y a beaucoup de politique dans l’art de BN, mais il ne le dirait
pas ainsi.
Les pensées tourbillonnantes, des têtes coupées, du bétail égorgé,
torturé ou un manège d’ordures d’art animalier et d’art commercial,
penser voilà le plus grand effort de l’art.
Si nous parvenons à rester dans l’ambiguité, sans en être effrayé,
et à comprendre qu’elle nous donne accès à plus de possibilités,
à une autre vérité, nous pouvons vraiment élargir notre
horizon.
Bruce Nauman, the Heads Fontains

Physiquement il faut étendre le champ expérience, c’est ce qui se
passe quand on se glisse dans ce couloir voit on prend la place
du jeune Nauman dans sa vidéo.
Très célèbre aussi ces cages, comment ne pas penser à Guantanamo.
Bruce Nauman nous lance un défi , en temps que citoyen nous devons
rester vigilant, sur nos gardes et résistant.
Installation view: Bruce Nauman, Contrapposto Studies,  2015/2016
 © Bruce Nauman / 2018, ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

On peut spéculer aussi sur sa dernière grande vidéo,
Contrapposto Studies, dont on a pu apercevoir
un projection à Art Basel, ici il se dissout, il se désintègre, se divise
en fragments morbides d’un corps vieilli, à moins qu’il ne célèbre
la force centrifuge anarchique des parties de son corps,
est-ce l’autoportrait d’un artiste insaisissable ?
En tout cas l’exposition est très riche et dense.
Un programme de conférences, de visites
accompagne
l’exposition
Un catalogue en allemand et en anglais.
Schaulager
Ruchfeldstrasse 19
CH-4142 Münchenstein / Basel
T +41 61 335 32 32
F +41 61 335 32 30

Ouverture

Tuesday–Sunday 10 a.m.–6 p.m.
Thursday to 8 p.m.
Closed Mondays
On public holidays (Easter, 1 May, Ascension Day,
Pentecost, 1 August)
10 a.m.–6 p.m.
During Art Basel (11 – 17 June 2018)
Monday–Sunday 10 a.m.–8 p.m.
Wednesday 12–8 p.m.
Entrance tickets
Tickets valid for three visits to Schaulager incl.
one entrance to the Kunstmuseum Basel Collection
(not transferable)
regular CHF 22, reduced CHF 15
Events, guided visits and art appreciation
are included in the ticket price
Online tickets
Print-at-home-Tickets available on starticket.ch
By Train
Take tram no. 11, bound for Aesch Dorf, from the
Basel SBB station to the “Schaulager” stop (approx. 10 min).

Sommaire du mois d'avril 2018

Didier Paquignon
exposition Sens contresens à Fernet Branca

10 avril 2018 : Tintoret, Naissance d’un génie
15 avril 2018 : John Hilliard à la Filature de Mulhouse
17 avril 2018 : Cataracte
18 avril 2018 : “Quand j’ai plus d’bleu, j’mets du rouge”
24 avril 2018 : MADHOUSE
29 avril 2018 : Cataracte II

“Quand j’ai plus d’bleu, j’mets du rouge”

C’est ainsi que ce prof diplômé en Lettres Modernes  et en
Arts Plastiques, Matthieu STAHL, s’approprie la phrase
de Picasso,
“Quand j’ai plus d’bleu, j’mets du rouge”

Après avoir balancé son porc, dans l’édition précédente
« Position libre« , c’est le mouvement et la couleur qu’il met
en avant, résultat d’un travail mené entre mars 2017 et
avril 2018. Les fées se sont penchées sur son berceau,
car il est aussi musicien, au sein du groupe PJ@MelloR.
Dans la nouvelle exposition du Séchoir  dont il est
membre fondateur, Madhouse, il laisse courir librement le geste et
la couleur, en compagnie de 14 artistes.
« Né en 2043 (!), je suis tombé dans la peinture rapidement pour
n’en jamais ressortir.
Mon travail est porté par une interrogation constante sur le langage,
sur son utilisation comme outil de relecture du monde dans lequel
je vis et j’évolue. Mon travail interroge l’espace urbain et la manière
dont nous l’appréhendons en fonction des aléas de déplacement,
de rencontres, de temps. Ce que j’en perçois, je le transforme en
paysage abstrait, « carte heuristique » de mes propres déplacements
physiques et/ou émotionnels dans une réalité urbaine.

Je rends compte de ce monde, dans lequel je vis aussi, par
la construction d’images à partir d’éléments simples (lignes
brisées, traces, fragments de phrases) combinés et recombinés
à l’infini. Je dresse une cartographie sensible d’un espace fait
de tension, de colère apaisées par une recherche d’équilibre par
la couleur et la ligne. L’énergie punk mixée avec des influences
Street Art, les deux tempérées par un vocabulaire abstrait
volontairement simple. Eviter l’esthétisme sans pour autant
perdre de vue son intérêt. Une poésie urbaine. »
Des trucs en rouge ou pas. Sur papier, toiles ou carton. Du rouge
sang, du rouge qui tâche ou tache, énervé ou pas, ce sera en
fonction de mon humeur du jour ou de la nuit, du monde.
Du rouge en (R)évolution. Ça a démarré le 1er mars 2017.
M.S
.

En effet vous pouvez constater sa recherche par le geste et le rouge
notamment par un haïku  qui vole sur une partition en papier,
en notes ou signes noirs, sur fond rouge.
Autre variante, sur fond bleu, toujours le rouge où le pinceau court
en liberté, avec une touche de japonisme et un zeste de torii.

Il vous donne rendez-vous pour le VERNISSAGE
Le vendredi 20 avril à partir de 18h30 suivi d’une
soirée mémorable !
avec une foultitude d’évènements associés

Le Séchoir, rue Josué-Hofer, à Mulhouse.
Exposition Madhouse visible du vendredi
20 avril au 27 mai.
Visite en accès libre, le samedi et le dimanche,
de 14 h à 18 h.

John Hilliard à la Filature de Mulhouse

Jusqu’au 19 mai 2018, à la Galerie de la Filature de Mulhouse,
« Je ne considère pas la photographie comme un mensonge,
mais comme un médium qui ne montre pas une vérité unique… »
A l’heure de la photo numérique pour tous, des selfies
à tous vents, John Hilliard, propose ses points de vue
multiples en matière de photographie.
Depuis la fin des années 60, le travail de John Hilliard
ne cesse de questionner la photographie comme moyen
de représentation, soumettant à un examen critique ses
limites et ses lacunes tout en célébrant sa spécificité
technique.
Dans sa pratique, la photographie n’est pas une simple
reproduction du réel ; elle est une vaste discipline
incluant la prise de vue, l’éclairage, l’échelle des plans,
la perspective, la mise en scène. L’image se construit à
partir d’un projet artistique, de sa conceptualisation,
de sa mise en oeuvre et de son mode d’exposition. La
photographie est un instrument critique, de distanciation,
une machine de vision et de fiction, et se départit du
critère d’objectivité – fondamental dans la tradition
documentaire et descriptive –, pour s’inscrire pleinement
dans le champ de la création contemporaine.
Hilliard explore constamment ce qui distingue la photographie
d’autres médias artistiques tels que la peinture, le dessin
ou la sculpture, pour interroger sa place dans les arts
visuels contemporains.

L’exposition à La Filature comprend un ensemble de travaux
principalement réalisés entre 2006 et 2015, complétés
par quelques photographies antérieures des années 70
et 90. Différents thèmes et approches sont représentés qui
donnent un aperçu de la diversité de l’oeuvre de Hilliard.
Des travaux tels que Body Double (2011)

Body Double copyright John Hilliard

ou
Two Objects Of A Known Size (2013)
explorent l’éclairage, les positions de l’objectif ou l’échelle
des plans. Hilliard y expérimente différents aspects du médium,
les conditions de la (re)production de l’image ainsi
que la subjectivité de la perception du spectateur.
Dans une série d’oeuvres plus récente, Hilliard extrait
certains détails des images, les agrandit et les ramène au
premier plan, cachant partiellement les images qui échappent
au regard du spectateur. Les motifs agrandis, surimposés,
qui recouvrent les images, forment une sorte d’écran et
introduisent ainsi un nouveau niveau de langage dans l’image.
Cette méthode découle de l’intérêt du photographe à
construire un espace photographique unique ouvrant plus
largement notre champ perceptif.
Two Objects of A Known Size No.1 copyright John Hilliard

 
On trouve toujours, dans l’oeuvre de Hilliard, plusieurs
oppositions en jeu, telles que la figuration et l’abstraction,
les images panchromatiques et monochromes, l’analogique
et le numérique, la photographie et la peinture
(ou la sculpture), soulignant ensemble l’ambivalence et
la complexité du médium.
Trente deux oeuvres exposées sont visibles du
mardi au samedi de de 11 h à 18 h 30
le dimanche de 14 h à 18
et le soir des spectacles

Sommaire du mois de mars 2018

Anselm Kiefer, le Jardin de Klingsors, 2015-2017

01 mars 2018 : Le « trésor Gurlitt » au Kunstmuseum de Berne
02 mars 2018 : Etre moderne : le MoMA à Paris
08 mars 2018 : Journée de la femme
10 mars 2018 : The Live Creature à la Kunsthalle de Mulhouse
11 mars 2018 : La rétrospective de l’oeuvre de César
16 mars 2018 : RE-SET : assimilation et transformation dans la musique et dans les arts visuels depuis 1900
20 mars 2018 : La Picasso Story au Kunstmuseum de Bâle
23 mars 2018 : L’évasion photographique – Adolphe Braun
28 mars 2018 : Anselm Kiefer, Für Andrea Emo

L’évasion photographique – Adolphe Braun

Une découverte, l’œuvre d’Adolphe Braun d’une dimension
extraordinaire, un pionnier au 19e siècle.

La guerre est terminée depuis quelques mois à peine pendant
l’hiver 1870/71, des milliers de soldats sont morts de faim
et de froid. Adolphe Braun est alsacien et photographe.
Il a installé son appareil à plaques et à immortaliser les vestiges
de cette guerre franco-allemande. Les prises de vue montrent
le vide laissé par les pertes.
Il a été certainement très surpris par la guerre, mais il n’a
pas été mobilisé, il n’a pas participé lui-même au combat.
Ses fils Gaston et Henri Brown en revanche oui beaucoup.
Henri Brown son fils est né est mort plus tarder à la suite
d’une blessure de guerre.

Sur une photo on voit Henri, Gaston et leur cousin
qui posent fièrement  juste après la guerre.
Ils étaient en tout, environ 15 000 soldats, la moitié d’entre
eux sont morts pendant les six mois d’hiver suivants,
qui ont été très froids et très violents.
On voit très bien, que la guerre est passé par là,
et quand en tant que français les images devaient de
véhiculer un certain patriotisme.
Des centaines de clichés se trouvent aux Etats Unis,
en Allemagne, mais surtout en France au
musée Unterlinden de Colmar.
On y préserve de précieux albums qu’Adolphe Braun
a confectionné pour l’empereur Napoléon III.
Ce dernier appréciait tellement son travail qu’il lui a octroyé
le titre de « photographe de sa Majesté l’Empereur »
Par le format, l’état de conservation et le poids on se rend
compte que ces ouvrages n’ont pas pu être consultés
fréquemment, ni trop souvent manipulés, ni notés.
C’est une grand chance que l’on peut consulter aujourd’hui
ces trésors qui ont été cachés très longtemps.
Qui était Adolphe Braun ?
13 juin 1812 Naissance à Besançon, En 1822 la famille Braun
déménage à Mulhouse, ville dont elle est originaire.
1828
Entame sa formation de dessinateur à Paris.
1834
Mariage à Paris avec Louise-Marie Danet.
Ouvre son premier atelier de dessin à Paris mais rencontre des
difficultés financières.
1842
Publie un « Recueil de dessins servant de matériaux,
destinés à
l’usage des fabriques d’étoffes, porcelaines,
papiers peints […]
».
Ces lithographies peintes à la main sont offertes à la Société
Industrielle de Mulhouse afin de renouveler les modèles de
convention utilisés par les dessinateurs dans les manufactures
de toiles imprimées.
Ce cliché de 1857, est l’un des rares où l’on peut voir, ce pionnier
de la photographie.
à droite
Adolphe Braun,
L’exposition universelle de 1855 rend cet alsacien célèbre à Paris.
Il expose des fleurs photographiées, 350 photos le jeune média
offre un aspect magique et nouveau. La grâce des fleurs et leur
délicatesse sont rendus d’une manière exquise et les visiteurs
s’extasient.
Panoplie de gibier, le photographies ont trouvées leur public,
mais pas encore leur marché.
Ce sont des tirages grand format par contact, ce qui veut dire
que la plaque de verre est exactement de la même dimension que le
négatif, à savoir 80 cm par 60.
Ce qui est intéressant ne pouvait absolument pas commercialiser
ses photos.
Elles atteignent des prix trop élevés pour l’époque, environ 50,00 Fr.
somme pour laquelle on pouvait acquérir facilement une toile
de bonne qualité d’un peintre pas trop connu.
Pour l’opinion publique les photographes n’avaient pas du tout
le statut d’artiste à l’inverse des peintres.
A voir le trophée de chasse de Claude Monet à côté de la nature morte.
Cette photographie de Braun a été prise en 1862, il s’agit
du château de Chillon sur les rives du lac de Genève, quelques années
plus tard Gustave Courbet a peint le même décor à partir du
même point de vue. En 1871, cette photographie signée Adolf Brown
montre des ruines du palais des Tuileries à Paris elle a servi de modèle
à un tableau de Meissonnier.
L’entreprise Adolf Brown connaît une grande notoriété à partir
du moment où il dépose le brevet du procédé du tirage au charbon
avec sélection des pigments de couleurs.
En 1883 il obtient l’exclusivité pour les droits pour les œuvres
du musée du Louvre. Suivent 33 000 reproductions.
Il photographie même le plafond de la Chapelle Sixtine, peint
par Michel-Ange.

Pour ce faire outre l’autorisation du pape qui lui accorde
un « Permessso » il fait construire un échafaudage mobile qui
lui permet de circuler librement à l’intérieur de la Chapelle et
de l’Eglise.
A partir de cet échafaudage il a pu photographier les détails de
chaque personnage. Ainsi il a pu faire des études qui éclairent
la manière de peindre de Michel Ange et qu’il a ensuite publiées
séparément.
L’entreprise familiale reprise par ses fils nous promet encore
de belles découvertes comme ce Panoramas des Alpes qui compte
aujourd’hui parmi les photographies paysagères les plus
impressionnantes du 19 e.
La beauté artistique de ses reproductions est indéniable, il fournit
un accès immédiat à ses décors. Ces clichés de montagnes sont
sans fin et il apparait toujours de nouveaux décors fascinants.
Soucieux de ne pas voir disparaître une mémoire photographique
et industrielle, Pierre Braun, arrière-petit-fils d’Adolphe Braun,
démarche en vain les milieux mulhousiens et le ministère des
Affaires culturelles. En 1968, il donne au Musée Unterlinden
la partie du fonds photographique de la société Braun consacrée
aux paysages et aux portraits. Les photographies de fleurs
et d’oeuvres d’art – négatifs et tirages – sont cédées au Musée
d’Impression sur Etoffes de Mulhouse tandis que le
département du Haut-Rhin reçoit les tirages et les plaques des
photographies d’oeuvres d’art. Depuis 1994, les plaques sont
conservées dans des locaux provisoires à Wesserling (Haut-Rhin) ;
les tirages ont été déposés en 1987 au CERARE (Centre Rhénan
d’Archives et de Recherches Economiques) puis en 2009
aux Archives municipales de Mulhouse.
Le don originel de 1968 comportait 20 000 négatifs
sur plaques 
de verres au collodion et quelques centaines
de tirages anciens
.
De 1976 à 1998, il s’est enrichi d’albums et de tirages isolés donnés
par d’anciens employés de la société Braun.
Cette politique d’acquisition a pu être menée grâce à
Christian Kempf,

Dr Ulrich Pohlman et Christian Kempf,
photographe et collectionneur

photographe et collectionneur établi à Colmar, qui a été
l’intermédiaire exclusif entre les donateurs et la
Société Schongauer, gestionnaire du Musée Unterlinden.
Avec près de 150 mètres linéaires d’objets photographiques,
le fonds photographique du Musée Unterlinden rassemble
10 500 plaques
de verre et 55 000 tirages issus de la société
Braun, 20 000 plaque de verres et 112 000
tirages issus de la société Mayer & Pierson.
Cet ensemble, désigné sous le nom de
« fonds Braun », émane donc en réalité de deux
grandes sociétés photographiques françaises
distinctes jusqu’en 1876.
Les 2 commissaires devant l’affiche du Cervin et le lac Riffelsee
Raphaël Mariani (Unterlinden) et le Dr Ulrich Pohlman ( Münschner Stadtmuseum)
expo Adolphe Braun

Exposition à découvrir, un parcours thématique en 10 sections
au musée Unterlinden de Colmar
« L’évasion photographique – Adolphe Braun », réalisée
d’après une exposition originale conçue par le
Stadtmuseum de Munich.

Jusqu’au 14 mai 2018
www.musee-unterlinden.com
Directrice du Musée Unterlinden
Pantxika De Paepe, conservateur en chef
Horaires :
Lundi, Mercredi 10-18h
Jeudi 10-20 h
Vendredi – Dimanche 10-18h
Mardi : fermé
À partir du 30.03. :
Lundi, Mercredi 9-18h
Jeudi 9-20h
Vendredi – Dimanche 9-18h
Mardi : fermé
Tarifs :
Plein / 13 € – Réduit / 11 €
Jeunes (12 à 18 ans et étudiants – de 30 ans) /8 €
Familles / 35 €
Gratuit / moins de 12 ans
Passmusées
certaines photos courtoisie du musée Unterliden