Horse and Rider (2014).
Jusqu’au 20 juin 2022
Commissariat :
Jean-Pierre Criqui, conservateur, service de la collection contemporaine, Musée national d’art moderne
Assistée d’Annalisa Rimmaudo, attachée de conservation au service
des collections contemporaines, Musée national d’art moderne

Pour la première fois en France, le Centre Pompidou et la Bourse de Commerce — Pinault Collection proposent une monographie consacrée à
Charles Ray, figure majeure de la sculpture américaine contemporaine
(né à Chicago en 1953, vivant et travaillant à Los Angeles).
Imaginée en dialogue avec l’artiste, l’exposition du Centre Pompidou,
propose, à travers un ensemble d’œuvres représentatif de ses cheminements, une promenade, un paysage à habiter autant par le corps que par l’esprit.
« L’espace est le médium principal du sculpteur et les sculptures sont elles-mêmes faites d’espace. Elles font, en quelque sorte, partie de la mosaïque spatio-temporelle. Ce sont des événements dans l’espace, faits d’espace. » Charles Ray

Artiste essentiel de l’art de notre temps, le sculpteur américain Charles Ray fait l’actualité culturelle : en dialogue avec Charles Ray, la Bourse de Commerce — Pinault Collection lui consacre aussi une importante exposition. Cette carte blanche à l’artiste, inédite en France et en Europe par son ampleur, est partagée avec le Centre Pompidou : deux expositions présentées dans les deux musées, voisins l’un de l’autre. Le corpus de l’œuvre de Charles Ray étant composé d’une centaine de sculptures et de bas-reliefs, c’est plus d’un tiers de son œuvre sculptée qui se trouve présenté à Paris pour la première fois, avec près d’une vingtaine d’œuvres à la Bourse de Commerce — Pinault Collection comme au au centre Pompidou
Les mannequins The Big Lady ou Fall 91
Entre formalisme et réflexion sur la représentation et sur l’individu, Charles Ray joue avec la notion d’échelle, le recours au réalisme comme à la stylisation. Ici une attention soudaine au détail, ailleurs une veine qui s’efface, un regard absent, une expression suspendue… Faits sculptures, les êtres et les objets quotidiens pris pour modèles déjouent sobrement nos repères, par ces imperceptibles décalages et transpositions, par un recours à ce que l’œil pourrait, au premier regard, retenir comme une obsession hyperréaliste, virtuose presque, mais dont les détails, les particularismes, se dérobent.
Sans attribut, contexte, ni narration, les œuvres de Charles Ray parviennent, par leur présence, leur masse, leur monumentalité, à s’ériger en figure universelle, jusqu’à l’abstraction.
L’artiste s’amuse à « nous y faire regarder à deux fois ». Plus encore : tant par leur «étrange familiarité », leur ambiguïté, que par leur indicible précision aux allures de prouesse, les œuvres de Charles Ray déstabilisent, comme sous l’effet d’une hallucination, parvenant presque à ébranler l’espace autour d’elles, la réalité même, faisant entrer silencieusement le regardeur dans une forme de fiction.
Boy with frog
M. Pinault m’avait demandé de faire une sculpture pour la Punta de la Dogana quelques années avant l’ouverture du musée. À l’époque, j’allais me faire opérer à cœur ouvert pour remplacer une partie de mon cœur. Sa demande m’a instantanément fait visualiser cette sculpture. Je crois que c’est à cause du rôle de la grenouille en Amérique : elle est utilisée en cours de sciences à l’école primaire, pour les premières dissections. Les enfants l’ouvrent pour regarder à l’intérieur. En un sens, cette sculpture renvoie à mon cœur ou à mes entrailles.
Le corpus de Charles Ray, s’il est restreint en quantité (une centaine d’objets à ce jour) est extrêmement riche. Son travail interroge le spectateur : qu’est-ce qu’une sculpture ? Les réponses de l’artiste sont multiples. Grâce à une profonde connaissance de l’histoire de l’art sculptural, des sculptures archaïques grecques jusqu’aux réalisations de ses contemporains, le travail de Charles Ray se distingue par son immédiateté.
Huck and Jim

Charles Ray, “Huck and Jim“ (2014) d’après Mark Twain’s The Adventures of Huckleberry Finn. © Charles Ray. Courtesy Matthew Marks Gallery. Photograph by Josh White
Paru en 1884, le livre dont l’action se situe une 40e d’années auparavant, raconte les péripéties de deux fugitifs qui descendent ensemble le Mississipi : Huck un adolescent blanc fuyant un père tyrannique, et Jim, un homme noir tentant d’échaper à sa condition d’esclave. Dans sa sculpture Ray imagine Huck
courbé dans l’eau du fleuve en train de ramasser des oeufs de grenouille. Jim étend sa main au-dessus de lui en un geste protecteur.
“La” nouvelle œuvre de l’artiste a été placée au Centre Pompidou :

Elle a été réalisée, de manière particulièrement non conventionnelle, en papier blanc, et représente une femme nue allongée. Portrait of the Artist’s Mother (2021) est assurément une forme inédite : en sus de la qualité singulière que lui confère le papier blanc devenu volume, un motif floral coloré est peint à la gouache sur sa surface. La couleur, imbibant le papier, semble entrer dans ses profondeurs. Le motif, plaqué sur la forme, en complique la lecture, comme deux récits qui seraient superposés et entreraient en conflit pour devenir cette sculpture… prouvant bien qu’on peut encore inventer des formes dans une discipline qu’on décrit souvent comme ne permettant plus aucune invention.

Elle semble également bien légère, cette œuvre de papier, qui s’oppose aux sculptures en acier de plusieurs tonnes. Ray s’en amuse et conclut ainsi le texte qu’il a rédigé pour l’impeccable catalogue qui accompagne la rétrospective parisienne : “Merci d’avoir visité mon exposition à la Bourse de commerce et au Centre Pompidou. Le poids total des deux expositions s’élève à vingt-six tonnes. Trop lourd pour échapper à l’attraction terrestre. Mais ce que je partage avec vous et avec les sculptures, c’est une réalité physique qui intègre un processus mental.”



Vu ci-dessous au Kunstmuseum Basel et Museum für Gegenwartskunst
Pratique
Bourse Pinault
métro arrêt Louvre Rivoli
Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h.
Pompidou arrêt Hôtel de Ville
11h – 23h, tous les jeudis
Réservation fortement recommandée
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COMMISSARIAT GÉNÉRAL
Avenue de l’Opéra Pissarro
Paris a une dimension décisive dans l’éveil de la vocation littéraire de Marcel Proust, depuis ses premiers textes à la fin des années 1890 avec ses condisciples du Lycée Condorcet, jusqu’à ses débuts dans la haute société parisienne et la rencontre de personnalités déterminantes.


Dans le même temps, au sein des collections permanentes, une exposition-dossier
Tamara de Lempicka
Cette exposition nous invite à les réinscrire dans cette histoire de l’art en transformation : du fauvisme à l’abstraction, en passant par le cubisme, Dada
Marie Laurencin portrait de Gabrielle Chanel
Tamara de Lampicka – les 2 amies
Juliette Roche – huile sur toile
Pour conclure, l’exposition rappellera que ces artistes furent aussi des voyageuses : d’un continent à l’autre pour se former et lancer des avant-gardes dans leur pays ; ou exploratrices de pays inconnus, ou peintres
Magie du rail, # 394, 1949 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff
L’oeil de l’amour, 1953 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff
Reconnu comme un maître de la couleur, il pratique tous les genres et suit les évolutions stylistiques et techniques de la photographie dans une
Landdienst, 1946
MoMA, New York
Celan pour Kiefer
Anselm Kiefer, Car tu as trouvé le Tesson de la Détresse, 2018/2021
Anselm Kiefer, La Seule Lumière
Anselm Kiefer, Cendre des Puits d’Accra
Anselm kiefer, Comme une arche, elle a quitté la route

Le Théorème de Narcisse : un homme-fleur, qui en se reflétant lui-même, reflète le monde autour de lui. Selon Gaston Bachelard,
Le Jardin (26 sculptures, 2014-2021)
avec l’esprit Art Nouveau du Petit Palais. Sur les mosaïques
ainsi sur l’infini du cosmos, et l’éternel recommencement.
jardins orientaux, trois lotus dorés se mirent dans une eau,
La Couronne de la Nuit (2008)
La Grotte de Narcisse (46 oeuvres)
Les Noeuds sauvages
Les deux hommes décident de se rencontrer et entament de

Un visitorat qualitatif
Patrick Adler (galerie Aedaen) présentait entre autres une magnifique, hypnotique et poétique, vidéo de Robert Cahen

À l’occasion des 25 ans de ST-ART, la galerie strasbourgeoise l’Estampe, en collaboration avec les éditions Rémy Bucciali, proposait une exposition hommage à l’artiste R.E. Waydelich, retraçant 50 ans de carrière de cet artiste singulier, qui est aujourd’hui l’artiste alsacien vivant le plus populaire en
Un jeu concours
Fête de l’été à la Fondation Beyeler


Après des études artistiques, Georgiana Houghton se tourne vers le spiritualisme alors
Formée à l’Académie royale des beaux-arts de Stockholm où les femmes pouvaient étudier depuis 1864 − fait exceptionnel en Europe −, puis initiée au spiritisme, Hilma af Klint peint ses premières œuvres abstraites dès 1906, avec la série Primordial Chaos. Entre 1906 et 1915, elle réalise son œuvre centrale, les 193 Peintures pour le Temple. Influencée par la théosophie puis l’anthroposophie de Rudolf Steiner, elle reçoit des « commandes » d’êtres supérieurs rencontrés dès la fin des années 1890. Les découvertes de la théorie de l’évolution en biologie ainsi que de l’atome et de la théorie de la relativité en physique renforcent sa conviction que l’esprit domine la matière et que la conscience peut changer l’être. L’abstraction est pour elle la manifestation naturelle de l’esprit vivant qui relie tous les êtres. Cependant, ces œuvres sont plus a-mimétiques (elles n’imitent pas le réel) qu’abstraites, au sens de « formes pures » détachées de toute volonté de représentation. En 1932, af Klint soustrait volontairement son œuvre au regard, exigeant qu’elle ne soit dévoilée que vingt ans après sa mort. Elle n’aura donc pas de reconnaissance avant les années 1980. Mais l’ampleur et l’originalité de sa recherche en font une précurseure longtemps méconnue de l’abstraction symboliste de la fin du 19e siècle.
Sonia Delaunay-Terk étudie en Allemagne avant de s’installer à Paris en 1906. Elle y épouse Robert Delaunay en 1909 devant lequel elle s’est trop souvent effacée pour mieux entretenir son souvenir. Son abstraction colorée, exaltée par la loi des « contrastes simultanés », s’étend des beaux-arts aux arts appliqués, en une union originale entre art et vie quotidienne.
Artiste majeure de l’abstraction, Sophie Taeuber, fille d’une féministe avant l’heure ouverte aux arts, fréquente l’école de dessin du musée pour l’industrie et l’artisanat de Saint Gall en Suisse avant de recevoir une formation de textile et travail du bois à Munich. Elle développe son propre vocabulaire formel abstrait à partir de formes géométriques, sans passer par un processus d’abstraction. Elle décloisonne également les arts, mettant sur le même plan arts plastiques et arts appliqués. En 1915, lorsqu’en pleine guerre, Taeuber fait la connaissance de Jean Arp, elle a déjà une vaste culture, à la fois théorique et concrète. Ses essais de broderies et tissages impressionnent et influencent Arp. Son œuvre traverse ensuite toutes les époques et les médiums, de la danse dadaïste en 1916 et des têtes en bois tourné à partir de 1918, à ses réalisations à L’Aubette en 1928, en passant par ses contributions aux groupes phares de l’abstraction à partir des années 1930, jusqu’à son décès brutal en 1943.
