« Avec Frieder Burda, le monde de l’art perd l’un de ses grands collectionneurs, qui a toujours voulu partager son amour et son enthousiasme pour les arts avec un nombre particulièrement élevé de personnes », a annoncé le musée Frieder Burda. Il était un exemple de modestie et d’humanité pour ses employés. Frieder Burda était né le 29 avril 1936, fils du couple Verleger Franz et Aenne Burda à Gengenbach. Tout d’abord, il a suivi une formation en impression et en publication, puis une formation en tant qu’homme d’affaires dans le groupe. Son jeune frère, Hubert Burda, a repris le secteur de l’imprimerie et de l’édition. À la fin des années soixante, il a commencé à collectionner des œuvres d’art.
À l’âge de 30 ans, Burda achète une image du peintre Lucio Fontana à la Documenta de Kassel, jetant ainsi les bases de sa collection. Aujourd’hui, il possède environ 1 000 œuvres, notamment celles de Pablo Picasso, Max Beckmann et Ernst Ludwig Kirchner, Jackson Pollock, Gerhard Richter, Georg Baselitz et Sigmar Polke.
Grand merci à lui pour sa générosité. Il nous a permis à nous frontaliers de connaître les très grands artistes allemands, comme Gerhard Richter, Georg Baselitz et Sigmar Polke, Katharina Grosse, William N. Copley, Andreas Gursky et James Turrell, avant qu’ils ne soient célèbres, connus et collectionnés pas les grands. En tant que donateur et fondateur du musée, il a généreusement fait don à sa ville natale d’une maison qui attire les visiteurs du monde entier à Baden-Baden
Il était aussi ouvert à l’art contemporain pour preuve : A l’occasion du 15e anniversaire de cette année, l’exposition « Ensemble », qui célèbre l’amitié germano-française basée sur l’interaction avec des chefs-d’œuvre de la collection du Centre Pompidou à Paris, est actuellement présentée. Au début de l’année, la maison avait fait fureur avec une exposition àBanksy. Avec le Salon Berlin, dirigé par sa belle-fille Patricia Kamp, le musée comble aujourd’hui le fossé avec l’art contemporain, on peut se souvenir aussi de l’exposition JR.
Le Musée Frieder Burda, oeuvre d’une vie En 1998, et après des efforts inaboutis pour l’établir à Mougins dans le sud de la France, la Fondation Frieder Burda est créée pour conserver la collection et la rendre accessible au public. Elle servira de base au musée conçu par le célèbre architecte Richard Meier, édifice abritant depuis 2004 la Collection Frieder Burda à Baden-Baden aux côtés d’autres chefs d’oeuvre internationaux : un ouvrage solitaire immaculé et radieux se dressant dans la Lichtentaler Allee, avenue historique, souvent appelé aujourd’hui le « Joyau dans le parc. » La Kunsthalle de Baden Baden jouste le musée.
Museum Frieder Burda · Lichtentaler Allee 8b · 76530 Baden-Baden Telefon +49 (0)7221 39898-0 · www.museum-frieder-burda.de Öffnungszeiten Dienstag bis Sonntag, 10 – 18 Uhr an allen Feiertagen geöffnet
Organisé pour la huitième et dernière année par Gianni Jetzer, conservateur spécial au musée Hirshhorn et au Jardin de sculptures de Washington, DC Art Basel, dont le partenaire principal est UBS, a lieu à Messe Basel du 13 au 16 juin 2019.
photo Bertrand Alain Gillig
Alexandra Pirici, artiste roumaine, sélectionnée par Art Basel présente «Aggregate» (2017-2019), sur la Messeplatz, un salon environnement performatif , organisée par Cecilia Alemani
Unlimited, plate-forme unique d‘Art Basel pour les projets de grande envergure, offre aux galeries l’occasion de présenter des installations gigantesques, des sculptures monumentales, de vastes peintures murales, de vastes séries de photographies, des projections vidéo et des performances qui transcendent le stand traditionnel des foires d’art. 75 projets de grande envergure d’artistes de renom et émergents, notamment: Larry Bell, Huma Bhabha, Andrea Bowers, Jonathas de Andrade, VALIE EXPORT, Alicia Framis, Abdulnasser Gharem, Kiluanji Kia Henda, Kapwani Kiwanga, Daniel Knorr, Jannis Kounellis, Lawrence Lek, Zoe Leonard, Sarah Lucas, Kerry James Marshall, Rivane Neuenschwander, Hélio Oiticica, Jacolby Satterwhite, Joan Semmel, Do Ho Suh, Fiona Tan, Franz West et Pae White
Quelques sélections :
Laurent Grasso, Otto
OttO, de Laurent Grasso, artiste alsacien. Tourné en 2017 dans le désert australien, avec son équipe il a filmé des sites sacrés avec des drones et des caméras thermiques et hyperspectrales. Des machines ultra-perfectionnées qui permettent de restituer le rayonnement électromagnétique de ces terres. L’idée était de « visualiser la force des lieux, de mettre en relation des outils scientifiques qui permettent d’augmenter la vision et des lieux énigmatiques » , explique l’artiste. (l’Alsace 13/6/19) Des sphères parcourent ces espaces dans un mouvement lent et hypnotique. « Elles représentent l’énergie des lieux, la part invisible. Mais je ne veux pas tomber dans des explications spirituelles. Je fais un travail de fiction, les sphères constituent un élément narratif du film. » Le sentiment de survoler ces espaces donne presque le vertige, tant on est happé et entraîné par les prises de vue.
Xu Zhen
Xu Zhen, propose des tables de jeu de casino dont le tapis est réalisé à la façon des mandalas de sable tibétains. Création, destruction ; argent et spiritualité… Une belle métaphore autour d’Art Basel
Duane Hanson Lunchbreack
Installation dans le registre de la reproduction mimétique. Seuls les expressions et la mise en situation révèlent une intention « artistique » les personnages de Duane Hanson sont d’une tristesse accablante.
En écho au mouvement #metoo sont exposés de nombreux travaux militants, comme LifeDress, signé par Alicia Framis (vidéo). L’Espagnole a revêtu des mannequins de robes fabriquées à partir d’airbags de voiture. Chaque vêtement est prévu pour protéger la personne contre une forme de harcèlement en gonflant de manière surréaliste autour de différentes parties du corps des femmes, dès que l’on approche d’elles. Parmi les nombreuses œuvres historiques présentées, la vidéo 1983 de l’artiste autrichien VALIE EXPORT ‘Syntagma’ explore l’identité féminine en relation avec l’image du corps, tandis qu’Hélio Oiticica, artiste phare du tropicalisme brésilien, rentre à Bâle avec l’installation ‘Penetrável L’installation de canapés de Franz West est la bienvenue pour prendre une pause. Art Basel Unlimited atteint ses limites et les nôtres …
Les galeries Gagosian, Zwirner, Hauser & Wirth, Lisson, Thaddaeus Ropac, les ténors du marché de l’art mondial occupent l’allée centrale de la foire.
Laure Prouvost
Laure Prouvost, représentante de la France à la biennale de Venise 2019 est présentée par la galerie Obadia, qui montre quelques pièces de choix.
Véronique Arnold, Galaxies 2019, broderies sur texile
La plasticienne Véronique Arnold est présente pour la deuxième année consécutive, dans la Galerie baloise Stampa, galerie où une exposition monographique « WE ARE THE UNIVERSE » lui est consacrée jusqu’au 31.08.2019 Stampa Spalenberg 2, CH-4051 Basel
Une application smartphone vous accompagne tout au long du parcours. Rendez-vous est déjà donné pour 2020 du 18 au 21 juin, 50 ans en 2020 avec un projet curatorial autour de la notion de marché voir ici la vidéo du vernissage TV
Bilan L’édition 2019 d’Art Basel a attiré un public véritablement mondial, catalysant d’excellentes ventes à tous les niveaux. • L’édition 2019 d’Art Basel a été clôturée le dimanche 16 juin 2019, alors que les ventes de magasins et d’institutions privées ont été soutenues par des galeries de tous les secteurs du marché. • La foire a attiré des collectionneurs de plus de 80 pays et une fréquentation globale de 93 000 personnes. • Art Basel a présenté «Aggregate» (2017-2019) d’Alexandra Pirici sur la Messeplatz avec beaucoup de succès • Un nouveau système de tarification à échelle mobile a été introduit avec succès, offrant un support supplémentaire aux galeries de petite et moyenne taille
Jusqu’au 13 octobre 2019, Kunstmuseum Basel | Gegenwart Commissaire : Josef Helfenstein Assistance : Philipp Selzer, Eva Falge
William Kentridge
William Kentridge (né en 1955) compte parmi les figures majeures de l’art contemporain à l’échelle internationale. Depuis plus de trente ans, ce plasticien, réalisateur et metteur en scène associe dans son oeuvre protéiforme différents médias artistiques : film d’animation, dessin, gravure, mise en scène théâtrale et sculpture. Dans le cadre d’une exposition d’ensemble au Kunstmuseum Basel | Gegenwart, plusieurs oeuvres de l’artiste sud-africain sont visibles pour la première fois sur le continent européen. Élaborée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition A Poem That Is Not Our Own met en lumière les thèmes de la migration, de l’exil et de la procession qui jalonnent son oeuvre aux côtés de dessins et de films des années 1980 et 1990. Elle montre comment ces thématiques présentes très tôt dans l’oeuvre dessiné de Kentridge y occupent une place grandissante au fil des années.
William Kentridge
Sa récente oeuvre performative The Head & The Load (2018) illustre bien cette progression. Après une présentation inédite à la Tate Modern de Londres à l’été 2018, elle sera visible au Kunstmuseum Basel sous forme d’une installation – une première en Europe. The Head & The Load aborde le rôle peu connu de l’Afrique durant la Première Guerre mondiale à travers une procession d’un genre tout à fait singulier composée de projections de films, de jeux d’ombre et de silhouettes dansantes. Trois autres oeuvres présentes dans l’exposition explorent le thème de la procession dans le travail de Kentridge : les installations vidéo Shadow Procession (1999), More Sweetly Play The Dance (2015) et Triumphs & Laments (2016) à laquelle est consacrée une salle où sont exposés, pour la première fois en Europe, des dessins et des gravures sur bois.
Kentridge
Conflits politiques et sociaux Second temps fort de l’exposition, les conflits politiques et sociaux en Afrique du Sud et en Europe auxquels Kentridge porte un intérêt dès ses premiers films et dessins. Une salle d’exposition consacrée à l’abondant travail de Kentridge en tant que réalisateur et scénographe présente un film documentaire aux côtés de décors scéniques de la pièce de théâtre Sophiatown (1986–1989). Réunis pour la première fois en Europe, ces panneaux se distinguent par leur grand format et leurs couleurs terreuses. Fruit d’une collaboration entre l’artiste et la Junction Avenue Theatre Company, cette pièce de théâtre traite de la démolition brutale de Sophiatown, haut lieu culturel de Johannesbourg, et du déplacement forcé de ses résidents entre 1955 et 1959.
Kentridge Sophiatown
Dans son oeuvre dessiné de jeunesse, Kentridge explore l’histoire souvent violente de l’Europe à partir d’une perspective sud-africaine. L’exposition rassemble des oeuvres sur papier exemplaires et marquantes provenant de collections d’Afrique du Sud réalisées pour la plupart avant la fin de l’apartheid. Elles témoignent de l’approche achronologique de Kentridge qui répond aux événements et aux anomalies de la société sud-africaine sous l’apartheid à l’aide de procédés artistiques datant du début du XXe siècle.
Kentridge
Drawings for Projection et Drawing Lessons En 1985, William Kentridge produit l’un de ses premiers films d’animation intitulé Vetkoek/Fête Galante. Par la suite, il met au point la « poor man’s animation », une technique filmique élaborée à partir de photographies de dessins au fusain et de collages. Cette méthode donne notamment naissance à Drawings for Projection (1989–aujourd’hui), célèbre série de films en 35 mm. Ces épisodes animés mettent en scène deux personnages, Soko Eckstein et Felix Teitelbaum, dotés de traits semblables à ceux de Kentridge. Outre le lien topographique avec Johannesbourg – sa ville de naissance –, l’artiste s’appuie sur ces personnages comme toile de fond pour expliquer l’ambivalence de l’Afrique du Sud contemporaine.
William Kentridge
À travers de courtes séquences tournées dans l’atelier de William Kentridge, Drawing Lessons (2009–aujourd’hui), série de films expérimentaux entamée ultérieurement, montre la manière dont l’artiste s’amuse à questionner l’art avec humour. Une caméra immobile orientée sur une partie de son atelier détermine le cadrage de la plupart des Drawing Lessons.
Kentridge
La première Drawing Lesson bâloise (Drawing Lesson No.50) intitulée In Praise of Folly (2018) fait référence à la thèse satirique du même nom rédigée en 1509 par Érasme de Rotterdam dans laquelle il critique l’Église catholique. Le savant humaniste entretient un lien étroit avec la ville de Bâle en enseignant notamment au sein de son université. In Praise of Folly présente au second plan des croquis de Kentridge évoquant le Portrait d’Érasme de Rotterdam de Hans Holbein qui figure au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel. On identifie également des croquis d’autres oeuvres connues de la collection bâloise – celles de Pablo Picasso, Paul Klee ou Matthias Grünewald –, autant de sources d’inspiration artistique qui ornent l’atelier de Kentridge telles des icônes. À la lumière de ces oeuvres, In Praise of Folly aborde l’histoire de l’art et ses figures tutélaires auxquelles les artistes d’aujourd’hui empruntent leurs inspirations.
Kentridge
L’exposition William Kentridge. A Poem That Is Not Our Own est répartie sur trois niveaux du Kunstmuseum Basel | Gegenwart ainsi que dans certaines salles du Kunstmuseum Basel | Hauptbau et Neubau.
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît. Il réunit des textes de William Kentridge, Josef Helfenstein, Ute Holl et Leora Maltz-Leca.
précédée par la présentation du tableau Le Sabbat des sorcières sur le stand de la Fondation à l’exposition Art Basel 2019.
Francisco de GoyaLe Sabbat des sorcières
La Fondation Beyeler organise l’une des expositions les plus importantes jamais consacrées à Francisco de Goya hors d’Espagne. Goya est l’un des derniers grands peintres de cour, et le premier précurseur de l’art moderne. Cette exposition a été réalisée en coopération avec le Museo Nacional del Prado de Madrid. Des tableaux rarement montrés, appartenant à des collections privées espagnoles, seront présentés dans le cadre de la Fondation Beyeler, conjointement à des œuvres clés provenant des musées et des collections les plus célèbres d’Europe et des États-Unis. En guise de prélude à cette exposition de l’été 2020, la Fondation Beyeler présente sur son stand de l’exposition Art Basel le tableau frappant et énigmatique de Goya intitulé Le Sabbat des sorcières (1797-1798), prêté par le Museo Lázaro Galdiano de Madrid.
Le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle font résonner de façon concomitante, à partir de juin 2019deux expositions consacrées à Rebecca Horn. Elles offrent des perspectives complémentaires sur l’une des artistes les plus singulières de sa génération. Théâtre des métamorphoses à Metz explore les processus de métamorphose, tour à tour animiste, surréaliste et machiniste et le rôle de matrice qu’a pu avoir sa pratique cinématographique, véritable mise en scène de ses sculptures. À Bâle, les Fantasmagories corporelles associent les premières réalisations performatives et les sculptures cinétiques plus tardives, soulignant ainsi les développements au sein de son travail pour mettre l’accent sur les processus d’altération corporelle et de transformation des machines.
« Tout est imbriqué. Je commence toujours par une idée, une histoire qui évolue vers un texte, puis du texte viennent des croquis, ensuite un film, et de tout cela naissent les sculptures et les installations ».
Rebecca Horn –
Rebecca Horn
Féministe ? on ne peut s’empêcher de penser à Niki de St Phalle, compagne de Jean Tinguely. Certains des travaux de Rebecca Horn renvoient aux machines de Tinguely, en plus féminin. Mais surtout elle fait penser à Frida Kahlo, pour le corps, douloureux, meurtri. À l’adolescence, Rebecca Horn suit les cours de la Hochschule für bildende Künste Hamburg de Hambourg, puis en 1964, elle s’installe momentanément à Barcelone, où elle attrape une infection pulmonaire. Elle doit passer un an dans un sanatorium : cette expérience de l’isolement total et de la souffrance est déterminante dans l’orientation de son œuvre.
Rebecca Horn
Le travail de Rebecca Horn s’inspire constamment du corps et des mouvements du corps. Dans ses premières œuvres performatives des années 1960 et 1970, cela se manifeste par le recours à des objets qui, en tant qu’extensions corporelles, ouvrent sur de nouvelles expériences perceptuelles tout en ayant un effet restrictif. À partir des années 1980, l’artiste créé alors surtout des sculptures cinétiques et des installations de plus en plus vastes qui prennent vie grâce au mouvement. Le corps agissant est remplacé par un acteur mécanique. Ces processus de transformation entre corps augmentés et machines animées, qui traversent l’œuvre de Rebecca Horn depuis presque cinq décennies, constituent le cœur de l’exposition à Bâle : des œuvres performatives y jouxtent des sculptures-machines plus tardives pour illustrer le déploiement des motifs du mouvement dans le travail de l’artiste. Cette exposition bâloise, articulée en plusieurs histoires, retrace ainsi une évolution artistique comme « autant d’étapes dans un processus de transformation » (Rebecca Horn) à partir de quatre thèmes et montre la continuité de son travail. « Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »
Rebecca Horn
Battre des ailes
Une première série d’œuvres débute avec la performance Weisser Körperfächer (1972), dans laquelle Rebecca Horn reprend la fascination ancestrale des humains pour les créatures ailées ou à plumes. Avec des ceintures, elle a fixé sur son corps une paire d’ailes semi-circulaires en toile blanche qui se déploient en levant les bras. Un film documente les expériences motrices qu’elle a réalisées avec cet instrument corporel : l’ouverture et la fermeture, le contrôle des ailes dans le vent, les formes de dissimulation et de dévoilement. Ces modèles de mouvements, Rebecca Horn les a prolongés dans une série de sculptures, comme laParadieswitwe (1975) qui enveloppe un corps nu, DiePfauenmaschine (1981) qui fait la roue, le Hängender Fächer (1982) ou la roue de plumes Zen der Eule (2010).
Rebecca Horn Paradieswitw
Circuler
Différentes formes de circulation sont thématisées dans une deuxième partie de l’exposition. L’œuvre centrale est là Überströmer (1970) qui présente l’être humain comme une structure hydromécanique. Lui fait face l’installation ElRio de la Luna (1992) qui prolifère dans l’espace avec un système de tuyaux et dans les « chambres cardiaques » desquelles le mercure est actionné par des pompes. Tandis que, dans le premier cas, le mouvement interne de la circulation sanguine est déplacé vers l’extérieur, dans le second, la visualisation des flux d’énergie émotionnelle est pour Rebecca Horn au premier plan.
Rebecca Horn Überströmer
Rebecca Horn El Rio de la Luna (1992)
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Des lignes tracées et des marques de couleur sont toujours aussi les traces de mouvements physiques. Elles constituent ainsi un autre ensemble thématique de l’exposition. Ce motif est présenté à partir Bleistiftmaske (1972), un outil porté sur la tête qui transforme le corps en une machine rythmique à dessiner. L’artiste poursuit de façon systématique l’exploration de ce thème dans des machines à peindre automatisées, dont deux types différents sont montrés ici. Les marquages y sont toujours l’expression d’émotions et de passions. Le dessin comme inscription du corps et du psychisme est repris enfin dans les travaux sur papier grand format de la série Bodylandscapes (2004-2005).
Bleistiftmaske
Tâter
Un dernier champ thématique porte sur l’extension des mains et des pieds. Avec Handschuhfinger (1972), l’artiste explore ainsi son environnement en le palpant avec des tentacules. Elle poursuit l’étude de ce sujet dans ses œuvres cinétiques tout en recourant sans cesse à des objets quotidiens tels que pinceaux, marteaux ou escarpins. Les machines à écrire avec leurs claviers sont elles aussi des instruments qui prolongent nos doigts. Rebecca Horn les utilise d’ailleurs dans plusieurs installations, dont La Lune Rebelle (1991) œuvre majeure exposée à Bâle. Les travaux de cette série donnent également une vision sociologique de la machine comme prothèse en rassemblent notamment des objets considérés comme féminins.
« Pour moi, ces machines sont animées, elles agissent, elles tremblent, elles frissonnent, elles s’évanouissent et s’éveillent soudain à une nouvelle vie. Ce ne sont en aucun cas des machines parfaites. » RH
Rebecca Horn
Un catalogue richement illustré avec des contributions de Sandra BeateReimann, Antje von Graeventiz, Stefan Zweifelet al. paraît au Verlag für moderne Kunst : ISBN (allemand) : 978-3-9524759-6-6 ISBN (anglais) : 978-3-9524759-7-3
Commissaire de l’exposition : Sandra Beate Reimann 6 juin 2019, 18h15 Projections au Stadtkino de Bâle les films suivants de l’artiste seront présentés :
Der Eintänzer, 18h15, 14 CHF, en angalis, La Ferdinanda, 20h15, 17 CHF, en allemand
Heures d’ouverture Du mardi au dimanche 11 – 18h Fermé le lundi
Accès Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF : SBB tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».
Jusqu’au 15 septembre 2019, au Kunstmuseum Basel | Neubau Commissaire : Josef Helfenstein avec Maja Wismer
Helmut Federle
En plus de quarante ans, Helmut Federle a développé une oeuvre où construction géométrique et geste pictural s’équilibrent. Le Kunstmuseum Basel réunit six peintures de grand format et des travaux sur papier provenant du fonds du musée aux côtés de céramiques anciennes de la collection de l’artiste dans une présentation resserrée qui met en évidence la manière dont Federle envisage l’abstraction depuis le début des années 1980.
Helmut Federle, Death of a black snack & Asian Sign
Après avoir étudié auprès de Franz Fedier à la Kunstgewerbeschule de Bâle, Federle s’établit comme peintre à partir des années 1970. Il fréquente régulièrement le Kunstmuseum Basel où il découvre les oeuvres de Mark Rothko, Barnett Newman, Clyfford Still et Franz Kline (présentées aujourd’hui dans le Neubau) qui joueront un rôle déterminant dans son étude de la tradition picturale abstraite de l’art américain d’après-guerre. À la différence des artistes suisses John Armleder et Olivier Mosset qui s’intéressent également à l’art non figuratif à partir d’une perspective postmoderne, Federle ne fonde pas sa réflexion sur le moment dans l’évolution des sociétés occidentales d’après-guerre qui voit l’abstraction érigée en esthétique dominante. Il porte plutôt un intérêt véritable à l’abstraction situé au croisement entre technique picturale gestuelle et strictement géométrique.
Helmut Federle Asian Sign (1980)
L’artiste peint Asian Sign (1980) lors de son séjour de plusieurs années à l’adresse 19 E. 21st St. à New York. En 1982, Christian Gelhaar, alors directeur du Kunstmuseum Basel, acquiert cette peinture pour la collection. À l’époque, cette composition inspirée de la forme d’un svastika suscite une vive controverse. Au sein du Grand Conseil de Bâle, des voix s’élèvent pour qu’on décroche le tableau. En 1985, l’oeuvre est présentée dans le cadre de l’exposition individuelle Tableaux Dessins consacrée à l’artiste au Museum für Gegenwartskunst (aujourd’hui Kunstmuseum Basel | Gegenwart). La portée du signe iconique n’en est pas amoindrie, mais en le faisant figurer au sein de l’exposition aux côtés de peintures et de dessins, d’autres interprétations en sont proposées. Ainsi, ce motif est employé de manière diverse dans des contextes très différents comme l’architecture bouddhiste ou les textiles indigènes d’Amérique du Nord.
Helmut Federle
La présentation resserrée au rez-de-chaussée du Neubau montre l’intérêt constant de l’artiste pour les formes géométriques et leur rapport d’équilibre sur la surface picturale. Une sélection de travaux sur papier des années 1979 à 1984 présentés dès 1985 dans l’exposition du Kunstmuseum Basel, puis acquis par le musée, révèlent le regard porté par Federle sur le monde de l’époque. Aujourd’hui, cet ensemble apparaît comme une sorte de capsule temporelle contenant des fragments visuels et matériels de New York qui témoigne de la manière dont Federle se perçoit lui-même dans le tissu urbain new-yorkais.
Helmut Federle, The Jeremiah Case (Eight) 2005
Dans les années 1980, l’oeuvre est intégrée à l’exposition permanente du Kunstmuseum Basel | Gegenwart. Depuis, les oeuvres de Federle sont entrées au sein de nombreuses collections muséales et particulières (notamment à la Tate Modern de Londres et au Centre Pompidou Paris ; À Bâle, en revanche, rien n’est advenu depuis la polémique. En plaçant le tableau bâlois dans le contexte de cinq autres peintures de Federle des années 1980 à 2005 (prêts d’oeuvres en provenance de Berne, Bonn, Karlsruhe et Vienne), l’exposition Helmut Federle. 19 E. 21st St., Six Large Paintings propose de reprendre le dialogue.
Helmut Federle
Une coupe en céramique persane du IXe-Xe siècle et un gobelet à thé japonaisdu début du XVIIe siècle complètent la sélection d’oeuvres présentées. Ces deux artefacts sont des prêts provenant de la collection de l’artiste qui illustrent non seulement sa fascination pour les cultures étrangères, en particulier la culture asiatique, mais aussi l’approche non formaliste de Federle. Il organise la composition et la surface de manière à prendre conscience des expériences et des situations au-delà du factuel. L’artiste voit dans les objets en céramique à la fois simples et raffinés une qualité qui transparaît également dans ses peintures. À travers leur mise en regard avec les peintures et les travaux sur papier, il apparaît que l’abstraction signifie davantage que l’absence de représentation pour Federle : c’est un continuum personnel qui embrasse les époques et les cultures.
collection Federle
Dans le cadre de l’exposition, une publication éponyme abondamment illustrée (all/ang) paraît chez Verlag für moderne Kunst, Vienne, avec des contributions de Gottfried Boehm, Josef Helfenstein, Roman Kurzmeyer, Jeremy Lewison, Jasper Sharp, Richard Shiff et Maja Wismer. Le musée propose régulièrement des visites guidées de l’exposition. Une soirée cinéma aura lieu le 10 septembre en collaboration avec le Stadtkino Basel. Une sélection de films de Helmut Federle sera projetée.
20.8 x 29.5 cm; Aquarell, Gouache
Né en 1944 à Soleure, Helmut Federle vit à Vienne et à Camaiore en Italie. En 1997, il représente la Suisse à la 47e Biennale de Venise. De 1999 à 2007, il est titulaire d’une chaire professorale à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf. Il obtient le prix Aurélie Nemours en 2008 et le prix de la Collection Ricola en 2016
Kunstmuseum Basel | Neubau, St. Alban-Graben 20, 4052 Basel fermé le lundi ouvert du mardi au dimanche
Jusqu’au 6 octobre 2019 La Fondation Beyeler consacre son exposition estivale 2019 au peintre contemporain Rudolf Stingel (né en 1956 à Merano, il vit aujourd’hui à New York et à Merano). Elle présente les principales séries d’oeuvres réalisées par Rudolf Stingel ces trois dernières décennies, proposant un aperçu complet de sa riche et prolifique pratique artistique. Rudolf Stingel a transformé le musée, en envahissant l’espace conçu par Renzo Piano d’une moquette au motif oriental. Dépassant le concept de la bidimensionalité, conventionnellement associé à la peinture, cette exposition souhaite renverser les relations spatiales qui s’instaurent habituellement entre le spectateur et le tableau.
Rudolf Stingel, Sam Keller et Stephan Guégan
L’exposition de la Fondation Beyeler est la première exposition d’envergure de Rudolf Stingel en Europe après celle du Palazzo Grassi à Venise (2013)et la première en Suisse depuis celle de la Kunsthalle de Zurich (1995). Elle occupe les neuf salles de l’aile sud de la Fondation Beyeler, de même que pour un temps les deux salles du Restaurant Berower Park. Conçue de salle en salle, l’exposition installée par le commissaire invité Udo Kittelmann en étroite collaboration avec l’artiste ne suit aucun ordre chronologique strict mais fait plutôt le choix d’une confrontation spécifique de différentes oeuvres. Certaines oeuvres sont montrées en public pour la toute première fois et l’exposition présente également de nouvelles installations in situ. Si pour les toiles abstraites, c’est bien le pistolet de pulvérisation qui tient lieu d’outil, donc en quelque sorte de pinceau. Stingel a créé pour l’exposition de nouveaux tableaux abstraits en utilisant exactement la technique décrite dans Mode d’emploi: cette série de cinq oeuvres – qui remplit l’une des salles d’exposition – oscille chromatiquement entre rose, des tonspourpres sombres et argentés.
Peu d’autres artistes de sa génération ont élargi comme Rudolf Stingel le champ et la notion même de peinture. Depuis ses débuts à la fin des années 1980, il explore ses possibilités et les limites qui la constituent dans un jeu complexe avec les démarches artistiques, les matériaux et les formes. Partant d’une confrontation à des thèmes picturaux classiques, il développe une multiplicité de variations de motifs. A côté de séries de peintures abstraites et photoréalistes, il crée des oeuvres grand format en polystyrène ou des tableaux en métal coulé. Il revêt également des pièces entières de tapis ou de panneaux isolants argentés pouvant être touchés et foulés.
Rudolf Stingel
Le premier livre d’artiste de Rudolf Stingel, paru en 1989 sous le titre Mode d’emploi, est déjà révélateur de son attitude artistique peu conventionnelle. En six langues et illustré de photographies noires et blanches, il y décrit chacune des étapes de production de ses tableaux abstraits réalisés à l’aide de tulle et d’émail: la peinture à l’huile doit ainsi être mélangée avec un batteur électrique conventionnel et appliquée sur la toile. Une épaisseur de tulle est posée par dessus et recouverte de spray argenté. Lorsqu’on ôte le tulle, on révèle une surface chromatique apparemment tridimensionnelle qui évoque un paysage traversé de vaisseaux sanguins. Mode d’emploi semble suggérer qu’en suivant ces simples instructions on peut créer son propre «Stingel».
Rudolf Stingel Mode d’emploi
Mais si l’on pousse plus loin ce jeu de l’esprit, on s’aperçoit vite que, si l’oeuvre créée en respectant parfaitement toutes les étapes de travail peut être très belle, elle est cependant loin d’être indépendante et autonome – car on reste toujours l’exécutant de l’artiste, simple rouage d’un concept qu’il a imaginé. Ce mode d’emploi livre donc un commentaire facétieux et auto-ironique sur le marché et le monde de l’art.
Rudolf Stingel cuivre électroformé, nickel revêtu et acier inoxydale 2014
Au début des années 1990, Stingel élargit son répertoire: à côté d’oeuvres abstraites, il crée de premières oeuvres in situ. Lors de sa première exposition en galerie, en 1991 à la Daniel Newburg Gallery à New York, il présente une seule oeuvre: la totalité du sol de la galerie est recouverte d’une moquette orange vif, les murs sont nus. Peu après, il présente ailleurs une autre variation de moquette monochrome, cette fois posée sur l’un des murs d’une pièce vide. Dans la galerie, c’est involontairement que les visiteurs laissaient les empreintes de leurs pas sur la moquette au sol; cette fois, ils sont invités à lisser ou brosser le tapis contre le sens du poil de leur propre main, comme autant de grands coups de pinceau. Le tapis devient image, où les gestes picturaux apparaissent, sont effacés et sont remplacés par d’autres traces.
Rudolf Stingel
A la fin des années 1990, Stingel commence à travailler des panneaux de polystyrène ordinaires. Accrochés au mur comme des tableaux, leur surface est couverte de lignes et de motifs griffés et gravés d’empreintes de pied de l’artiste. Depuis le début des années 2000, Stingel revêt des pièces entières de panneaux isolants argentés réfléchissants, dont la texture invite à y apposer des messages, des initiales ou autres gestes. Ces installations visent à la participation, mais elles sont soumises aux mêmes limitations immanentes que les travaux réalisés suivant le Mode d’emploi: si chaque visiteur peut participer au processus de création de l’oeuvre et s’y immortaliser, cela prend toujours une forme aléatoire et incontrôlable, cadrée par des conditions définies par l’artiste.
Rudolf Stingel
De manière semblable, Stingel fait appel au hasard pour certaines de ses peintures. Il étend des toiles achevées sur le sol de son atelier pendant une période prolongée, afin qu’elles s’imprègnent des traces de son procès quotidien artistique. Les éclaboussures de peinture et les empreintes de pied se superposent ainsi à ses tableaux abstraits et photoréalistes.
Rudolf Stingel
Stingel n’est jamais focalisé sur l’oeuvre unique en tant que telle, mais conçoit plutôt tout une série d’oeuvres comparables et interconnectées, tournant autour d’un même motif. Un motif peut ainsi circuler entre les images et les matériaux, apparaissant dans des versions très différentes. Ainsi, la moquette orange vif montrée à l’horizontale chez Daniel Newburg réapparaît en tant que nouvelle oeuvre sur l’un des murs de la Fondation Beyeler. La photographie d’une main tenant un pistolet de pulvérisation, commandée par Stingel pour illustrer son Mode d’emploi, a été traduite pour l’exposition en une toile photoréaliste grand format. Les griffures et éraflures qui ornaient d’anciennes installations de panneaux Celotex ont été transposées de manière fragmentaire en images de métal extrêmement lourdes au moyen d’un processus complexe et laborieux. L’une de ces oeuvres, longue de douze mètres, est présentée dans l’exposition. Des motifs historiques de papiers peints ou de tapis ainsi que des éléments de photographies trouvées ont trouvé place sur des toiles photoréalistes sous forme agrandie et en y intégrant les traces laissées par le temps telles la poussière et les empreintes de doigt. L’exposition présente également différentes oeuvres de ce type.
Rudolf Stingel
Au-delà de leurs différences matérielles, toutes les oeuvres de Rudolf Stingel ont ainsi pour point commun la présence de traces picturales aléatoires ou délibérées. Le temps et le hasard, le changement et la destruction apparaissent à leur surface. Les oeuvres de Stingel formulent ainsi des questions fondamentales concernant la compréhension et la perception de l’art ainsi que la mémoire, le souvenir et l’impermanence des choses.
Rudolf Stingel
Trois nouvelles oeuvres in situ seront également présentées. Une oeuvre murale à base de moquette orange invite les visiteurs à laisser des traces avec leurs mains et à s’impliquer ainsi de manière temporaire dans l’émergence de l’oeuvre. Une deuxième installation à base de tapis occupe tout le mur transversal du musée et s’étend dans l’une des salles. En version noire et blanche fortement agrandie, il reprend le motif d’un tapis persan Sarough.
Rudolf Stingel
Une oeuvre en panneaux isolants Celotex occupe plusieurs murs de l’exposition et s’étend également temporairement aux espaces du restaurant de la Fondation Beyeler dans le Parc Berower.
panneaux isolants Celotex
Toute la diversité et l’envergure de l’oeuvre de Rudolf Stingel, questionnement sans cesse renouvelé du médium de la peinture, se reflètent aussi dans le catalogue qui accompagne l’exposition: pensé comme un livre d’artiste et conçu par le graphiste de renom Christoph Radl, il propose au fil de 475 illustrations sur 380 pages un aperçu unique et complet du travail artistique de Rudolf Stingel.
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Tél. + 41 (0)61 645 97 21, www.fondationbeyeler.ch Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h depuis la gare SBB tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis tram n°6 arrêt Fondation
Programmation associée à l’exposition «Rudolf Stingel» à consulter sur le site de la Fondation Beyeler