Se suspendre aux lendemains – Regionale 20

Jusqu’au 5 janvier 2020 à La Kunsthalle de Mulhouse
Regionale 20
Sur une proposition de Sandrine Wymann, directrice de la
Kunsthalle

Comment ne pas être alerté par les inondations qui se multiplient,
ainsi que toutes ces autres catastrophes. La Kunsthalle nous y rend
attentif avec cette exposition

Avec le changement climatique, le Grand-Est pourrait connaître des intempéries beaucoup plus souvent et mieux s’y préparer, c’est d’abord se souvenir. Les gestionnaires des risques d’inondation en région se mobilisent pour commémorer les inondations de décembre 1919 et janvier 1920, à travers des actions favorisant la mémoire et la culture du risque.
Les terribles inondations de 1919 et 1920 (vidéo)
Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1919, des pluies torrentielles s’abattent sur l’Est de la France. Le jour de Noël, des centaines de communes, d’entreprises, de routes et de voies ferrées se retrouvent sous l’eau, en Alsace, en Lorraine ainsi que dans le Pays de Bade, de l’autre côté du Rhin. Rapidement, ces crues se propagent en aval et, dans les jours qui suivent, les grandes villes de la région sont elles aussi victimes des inondations : Colmar, Strasbourg, Mulhouse, Epinal, Saint-Dié, Nancy, Metz, Charleville-Mézières. Puis le 12 janvier 1920 une nouvelle tempête déferlera sur l’Est de la France, associant vents violents et pluies torrentielles qui entraîneront localement des inondations encore plus fortes qu’en décembre 1919.

Demain peut-être ne ressemblera pas à aujourd’hui, un événement extraordinaire aura transformé notre territoire de vie, de pensée et d’action. L’espace d’un moment, tout aura basculé pour autre chose. Quotidiennement, nous évoluons vers un inconnu qui contient à la fois la force de la surprise et la charge de l’anxiété. Parce que le risque d’un événement majeur guette chaque initiative, chaque progrès, chercher à le contrôler ou à l’éviter semble vain.
En s’associant à des chercheurs universitaires géographes, physiciens ou sociologues et à d’autres savoirs, Aline Veillat et Elise Alloin apportent leurs regards et démarches d’artistes aux études des phénomènes d’inondation et de radioactivité. Par leurs sculptures, leurs images mais aussi par leurs méthodologies particulières elles offrent des pistes et perspectives pour de nouvelles relations à l’environnement créant ainsi des liens visibles entre les études de terrain, les données scientifiques et la société.

La Kunsthalle devient un lieu où s’exposent des propositions sensibles et
de la documentation, un espace dans lequel les savoirs prennent formes et se transmettent.
L’exposition est proposée dans le cadre de la Régionale, programme trinational annuel. + d’informations sur www.regionale.org | #regionale20 sur les réseaux sociaux

Exposition réalisée en partenariat avec le Centre de recherches sur les économies, les sociétés, les arts et les techniques (CRESAT) de l’Université de Haute-Alsace (programme Interreg Clim’ability Design). Le travail d’Aline Veillat est issu d’une résidence universitaire de deux ans, en partenariat avec le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace. Il bénéficie du soutien de NovaTris, le centre de compétences transfrontalières de l’Université de HauteAlsace (ANR-11-IDFI-0005) et de la Fondation Müller Meylan de Bâle et s’inscrit dans les commémorations du centenaire des inondations de 1919.

Les artistes

Élise Alloin vit et travaille à Strasbourg. Elle est diplômée de la Haute école des arts du Rhin.
Elle développe son œuvre plastique dans une dynamique de recherche par l’art, notamment en explorant les liens que nous entretenons avec la radioactivité. Comment cet « invisible » modèle-t-il notre conscience des lieux, notre relation au temps, à la mémoire sociale et à la transformation du vivant ?

Sa pratique, transdisciplinaire, se construit en collaboration avec des équipes de recherche : en physique nucléaire (CNRS-Institut pluridisciplinaire Hubert Curien, Strasbourg), en sciences du vivant (Institut Océanographique de Sopot et Laboratoire de Biotechnologie Marine, Université de Gdansk, Pologne) et en sciences humaines (Anthropologie Contemporaine, Université de Stockholm, Suède).
Récemment accueillie en qualité de chercheur associée au CRESAT (Université de Haute Alsace), elle participe au programme de recherche Post-atomic Lab porté par le Centre sur la transition énergétique du
territoire.
Elle y explorera les questions qui traversent son travail sur la construction de nos paysages physiques et psychiques, nos circulations et nos modes d’habiter, en lien avec le démantèlement annoncé de la centrale nucléaire de Fessenheim.
À partir de 2020, Élise Alloin sera artiste associée à La Kunsthalle.
www.elisealloin.com

Aline Veillat vit et travaille comme artiste chercheur indépendante à Bâle en Suisse. Elle a étudié à l’École d’art de Lausanne et titulaire d’un doctorat de l’Université Paris 8 en Esthétiques, Sciences et Technologies de l’Art. Ses œuvres sont régulièrement présentées dans le monde entier.
Dans sa pratique elle se concentre principalement sur les questions environnementales à l’époque de l’Anthropocène et plus particulièrement sur la façon dont l’être humain est lié au non-humain vivant ou non vivant. Son approche est tout d’abord conceptuelle puis se traduit par la suite sous une forme plastique.
Conjointement à sa participation au projet Transrisk sur la culture des risques inondation avec le CRESAT de l’Université de Haute Alsace, elle collabore à différents projets de recherche : Ecodata-Ecomedia-Ecoaesthetics avec l’Institut d’Esthétiques Pratique et Théorique IAeP de Académie des Beaux-Arts et de Design FHNW Basel et le laboratoire WSL Eau-Neige-Paysage de l’Ecole Polytechniques Fédérale de Zürich sur les impacts anthropiques et du changement de climat sur une forêt alpine, ainsi que sur un projet sur le sol envisagé comme un organisme vivant, projet développé en tant que chercheur associé à l’IMéRA l’Institut d’Etudes Avancées en collaboration avec l’IMBE l’Institut Méditerranéen de la Biodiversité et d’Écologie de l’Université d’Aix-Marseille.
En 2018-2019, Aline Veillat était en résidence Universitaire à La Kunsthalle et au Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’UHA.
www.alineveillat.com

Apéro scientifique : jeudi 12 décembre à 19:00
Se souvenir pour mieux se préparer
En présence de Brice Martin (géographe, enseignant chercheur
au CRESAT de l’UHA),

Amandine Amat (responsable du département Conseil Risque et Changement Climatique à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Alsace),
Sophie Roy (ingénieure à Météo France)
et Aline Veillat (artiste-chercheur).
Entrée libre, réservation conseillée au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
Organisé par La Kunsthalle et La Nef des sciences, dans le cadre de l’événement
« Les sciences ça se discute »,
l’événement est réalisé en partenariat avec le CRESAT de l’UHA
et s’inscrit dans
les commémorations du Centenaire des inondations de 1919.

Kunstdéjeuner :
vendredi 13 décembre à 12:15
Conversation autour des œuvres suivie d’un déjeuner tiré du sac.
Gratuit, sur inscription.

Renseignements et inscriptions au 03 69 77 66 47 ou kunsthalle@mulhouse.fr

Mulhouse Art Contemporain est partenaire de La Kunsthalle

Heures d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h
Du samedi au mardi de 14h à 18h
Fermé du 23 -26 décembre ; 30 -31 décembre 2019
et 1 janvier 2020 Entrée libre

Coordonnées
La Kunsthalle Mulhouse –
Centre d’art contemporain La Fonderie
16 rue de la Fonderie –
68093 Mulhouse Cedex Tél : + 33 (0)3 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr / www.kunsthallemulhouse.com

La Régionale à la Filature

Liliane Gassiot Verte sous le givre 2018

Jusqu’au 21 décembre 2019, l’exposition dans la Galerie de la Filature
« Le propre du visible est d’être superficie d’une profondeur inépuisable » présente, dans le cadre de La Régionale 20,
les travaux de 4 photographes :

                            Florian Tiedje

Liliana Gassiot, Lukas Hoffmann, Silvi Simon, Florian Tiedje.
Les artistes comme à la Fondation Fernet Branca nous emmène
dans la nature et sa poésie.
Au-delà d’un espace géographique que partagent les quatre artistes présentés dans le cadre de La Régionale, ce qui les rassemble ici est leur quête d’une correspondance entre l’ordre de l’image et celui du monde visible. Liliana Gassiot, Lukas Hoffmann, Silvi Simon et Florian Tiedje explorent des formes qu’ils cherchent à produire matériellement, en maîtrisant la lumière et la composition, en modifiant la structure chimique de la pellicule sensible ou encore en rehaussant les photographies de couture.
Silvi Simon
Les formes visuelles qui émergent de leurs travaux, motifs végétaux, organiques ou stellaires, leur permettent de vivre une expérience esthétique – expérience qui a cette capacité extraordinaire à faire surgir des choses inattendues, fructueuses et capables de transformer notre vision de la nature.

lilianagassiot.ch
lukashoffmann.net
silvisimon.com
floriantiedje.com

Filature, Scène nationale
20 allée Nathan Katz F-68100 Mulhouse 0033 3 89 36 28 28 info@lafilature.orgwww.lafilature.org
Horaires d’ouverture
Mar–Sam : 11.00–18.30 Dim : 14.00–18.00 et les soirs de spectacle
Fermé les Lundis
Transports public
Tram : 15 min. depuis la gare, Tram 1, Tram 3 ou Tram-Train arrêt
« Porte Jeune », Tram 2 arrêt « Nordfeld »

Hans Baldung Grien – artiste d’exception de la Renaissance

Hans baldung Grien, Margrave Christophe von Baden et sa famille, 1510

La grande exposition du land de Bade-Wurtemberg présentée à la Kunsthalle de Karlsruhe est la première rétrospective consacrée à
Hans Baldung Grien depuis soixante ans.

Sacré Profane, ouverte jusqu’ au 8 mars 2020.

Avec le soutien du land de BadeWurtemberg, le musée consacre à nouveau à cet artiste d’exception de la Renaissance une  grande exposition intitulée Hans Baldung Grien, Sacré Profane.

                               le déluge 1516

Hans Baldung Grien (1484/85–1545) nous a laissé un œuvre personnel, voire excentrique, qui reflète les bouleversements de son époque, caractérisée par la Réforme protestante, sa furie iconoclaste et la guerre des Rustauds. La créativité de Baldung s’est articulée sur deux pôles complémentaires : d’une part le sacré, avec plusieurs retables monumentaux, des vitraux remarquables et des tableaux religieux ; d’autre part le profane, avec des œuvres illustrant des sujets de l’Antiquité ou contemporains de l’artiste, ainsi que des portraits rendant le caractère du modèle, des œuvres assez mystérieuses commanditées par des humanistes et des nus sensuels figurant aussi bien des sorcières que le péché originel.

Né probablement à Schwäbisch Gmünd dans une famille cultivée en contact avec les cercles humanistes de l’époque, ayant grandi ensuite à Strasbourg, Baldung se distingua en choisissant de devenir artiste et de partir à Nuremberg pour rejoindre l’atelier d’Albrecht Dürer. Durant ce temps de formation, il s’inspira largement de son maître tout en affirmant son propre style. Il s’installa ensuite à Strasbourg puis partit pour Fribourg-en-Brisgau où il créa une œuvre majeure : le maître-autel de la cathédrale. Revenu à Strasbourg en 1517, il y fut très productif, y connut le succès et y resta jusqu’à sa mort en 1545.

Cette exposition se veut aussi exhaustive et diversifiée que possible. Les quelques deux cents œuvres de Baldung qui y sont présentées incluent soixante-deux tableaux et treize vitraux et se complètent par une cinquantaine d’œuvres dues à des artistes tels que Dürer, Cranach et Schongauer, ceci afin de replacer l’artiste dans le contexte historique, artistique et intellectuel dans lequel il évolua.

« Les œuvres de Hans Baldung Grien comptent parmi les principales
pièces de la collection de la Kunsthalle de Karlsruhe depuis la fondation
du musée »
,
a déclaré Winfried Kretschmann, ministre-président du land de Bade-Wurtemberg.

Estimant que la Kunsthalle avait réalisé un travail remarquable autour de l’artiste, il a ensuite ajouté :
« Ses œuvres restent fascinantes à plus d’un titre, notamment parce qu’elles abordent aussi bien des thèmes religieux que des sujets sensuels en prise directe avec la vie humaine. Hans Baldung Grien a ainsi su rendre la rudesse de son temps d’une manière à la fois précise et troublante. Au cœur de son œuvre se trouve la volonté d’exprimer les contradictions de son époque tout en ouvrant
de nouveaux horizons.
»

Petra Olschowski, secrétaire d’État au ministère de la Science, de la Recherche et de la Culture du land, a par ailleurs indiqué :
« La Kunsthalle de Karlsruhe possède une des plus riches collections d’œuvres de Baldung. On y trouve notamment le Tableau du margrave datant de 1510, qui a été restauré récemment et revêt une grande importance pour l’histoire du pays de Bade, ainsi que trois fragments du tableau Loth et ses filles, une œuvre quasiment inconnue jusqu’à présent, qui vient tout juste d’être achetée par le land avec le soutien d’une personne privée et de deux Fondations (Museumsstiftung Baden-Württemberg, Ernst-von-SiemensKunststiftung) et peut ainsi être présentée dans l’exposition. »

Madame Olschowski aussi indiqué que c’était un bonheur que la Kunsthalle ait pu faire cette acquisition, avant d’ajouter :
« Il est très intéressant pour le Bade Wurtemberg que le public puisse apprécier ces œuvres remarquables, alors qu’elles sont exposées avec d’autres illustrant toutes les périodes de la carrière de l’artiste. »

La professeure Dr Pia Müller-Tamm, directrice de la Kunsthalle, a déclaré de son côté :
« Baldung nous a laissé un œuvre très diversifié, à la fois pieux et édifiant, sombre et magique, érotique et intellectuel. L’exposition met en relief le talent de cet artiste sensible, réfléchi et maîtrisant la mise en scène, qui évolua avec aisance parmi les grands thèmes abordés par les savants de son époque. C’est ainsi qu’il faut comprendre le sous-titre de l’exposition, « SacréProfane », qui vise non pas à suggérer la dichotomie mais plutôt à mettre en valeur les zones d’ombre et la polysémie de ces œuvres qui, pour nombre d’entre elles, sont à la fois sacrées et profanes. »

Quant au Dr Holger Jacob-Friesen, le commissaire de l’exposition, il s’est exprimé ainsi :
« Baldung était un artiste sensible et réfléchi qui, par conséquent, a su créer des œuvres qui font appel à notre sensibilité et nous donnent à réfléchir. Il aborde des questions fondamentales avec ces œuvres d’une grande profondeur qui nous confrontent aux abîmes de l’existence, à l’amour et à la mort, à notre devenir et à notre disparition, à la joie et à la douleur. Baldung, ainsi, nous parle de la vie ici bas et dans l’au-delà, de la colère de Dieu et de la miséricorde du Christ, et du démon qui sommeille en chacun de nous. »

Le Dr Martin Hoernes, enfin, secrétaire-général de la Fondation Ernst-von Siemens-Kunststiftung, a pour sa part déclaré :
« Depuis de longues années déjà, notre Fondation apporte son soutien à la Kunsthalle de Karlsruhe pour ses programmes de conservation, de recherche et de développement de sa collection d’œuvres de Hans Baldung Grien. Nous avons ainsi débloqué près     d’un demi-million d’euros pour la grande rétrospective, la restauration du Tableau du margrave et l’acquisition de Loth et ses filles. Ces trois opérations correspondent à l’intention d’Ernst von Siemens, qui fut à l’origine de notre Fondation et avait à cœur de contribuer à la préservation et à la présentation au public des œuvres d’art d’exception. C’est pour nous une triple source de satisfaction lorsqu’un projet d’exposition s’accompagne ainsi d’une restauration et d’une acquisition. »
Citons pour terminer le professeur Dr Markus Hilgert, secrétaire-général de la fondation Kulturstiftung der Länder :
« Il est bon, louable et réjouissant que la Kunsthalle de Karlsruhe ait organisé une grande exposition reflétant les quarante années de la carrière de Hans Baldung Grien. Divers progrès ont été faits récemment dans la recherche relative à ce grand artiste de la Renaissance et il était important d’en informer le public dans le cadre d’une rétrospective de ce type. »

L’exposition Baldung inclut quelque 170 œuvres prêtées par des organismes et collections d’Allemagne et de divers pays étrangers (Rijksmuseum, Amsterdam ; Kunstmuseum Basel ; Staatliche Museen zu Berlin ; Gallerie degli Uffizi, Florence ; Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid ; Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Munich ; Metropolitan Museum of Art, New York ; Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg, etc.).
À ces œuvres viennent s’ajouter celles de Baldung et d’autres artistes du début des Temps Modernes faisant partie de la collection de la Kunsthalle.

Le Dr Holger Jacob-Friesen a bénéficié du soutien du Dr Julia Carrasco, son adjointe, et du Dr Johanna Scherer, stagiaire.

La grande exposition Hans Baldung Grien. Sacré  Profane est placée sous le patronage de Messieurs Winfried Kretschmann, Ministre-président du land de Bade-Wurtemberg, et Jean Rottner, Président du conseil régional du Grand Est. Elle a bénéficié du soutien du land de Bade-Wurtemberg, de la Région Grand Est et de diverses fondations (Ernst von Siemens Kunststiftung, Kulturstiftung der Länder, Erzbischof Hermann Stiftung). Le principal sponsor est la L-Bank, la banque du land de Bade-Wurtemberg
La création de l’Homme

Adresse
Staatliche Kunsthalle Karlsruhe
Hans-Thoma-Strasse 2–6
76133 Karlsruhe, Allemagne

Horaires
Du mar. au dim. et les jours fériés, de 10h à 18h 1er janvier 2020, de 13h à 18h 6 janvier 2020, de 10h à 18h Fermé le lun. (sauf jour férié) et le 25 février 2020

Tarifs Normal 12 Euro, réduit 9 Euro / scolaire 3 Euro Groupe : 9 Euro par personne (sur réservation, groupe de dix personnes au minimum)
Passmusées

Accès
Depuis la gare centrale, tram n°3 direction Heide
Arrêt Europlatz

La petite fille au ruban bleu

Suite à l’émission sur France 5, Passage des Arts, je remonte
mon billet de 2009, La petite fille au ruban bleu, Irène Cahen d’Anvers
à lire sous ce lien


Sommaire du mois de novembre 2019

Léonard de Vinci, exposition du Louvre, reconstitution des couleurs de la Cène

26 novembre 2019 : Du Douanier Rousseau À Séraphine, Les Grands Maîtres Naïfs
22 novembre 2019 : Yan Pei-Ming / Courbet Corps-À-Corps
20 novembre 2019 : ST-ART 2019
15 novembre 2019 : Boltanski – Faire Son Temps
09 novembre 2019 : Greco
04 novembre 2019 : Toulouse-Lautrec Résolument Moderne
01 novembre 2019 : Len Lye – motion composer

Len Lye – motion composer

L’exposition « Len Lye – motion composer» organisée au Musée Tinguely du 23 octobre 2019 au 26 janvier 2020 présente l’étendue de son œuvre en portant une attention particulière aux relations entre les différents médiums.
Le public est invité à s’immerger dans l’univers de Lye à travers un parcours avec plus de 100 œuvres et à explorer la variété des médiums dans l’œuvre de l’artiste néo-zélandais à l’aide de films, dessins et sculptures au sein d’une présentation d’une ampleur inédite en Europe. Les 23 et 24 octobre, un symposium a été organisé en collaboration avec l‘Université de Bâle pour mettre en lumière l’œuvre de cet artiste et interroger l’influence exercée par Len Lye sur les avant­ gardes du xxe siècle. L’exposition était complétée par une programmation au Stadtkino de Bâle qui a présenté quatre films réalisés par et consacrés à Len Lye.

Fountain 1959

Né à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, Len Lye (1901-1980) est une figure majeure du cinéma expérimental des années 1930 à 1950. D’abord actif en Nouvelle-Zélande et en Australie, puis à Londres partir de 1926 et à New York dès 1944, il élabore une œuvre fascinante qui englobe, en plus du cinéma, toutes les disciplines artistiques et qui reste encore largement à découvrir – à l’instar de ses sculptures cinétiques.

Les débuts en Nouvelle-Zélande
Len Lye naît en 1901 dans une famille très modeste. Après le décès prématuré de son père, il s’installe avec sa mère et son frère chez son beau-père, Ford Powell, qui travaille comme gardien de phare à Cape Campbell. Ses premières expériences avec la lumière et le mouvement – motifs auxquels il se consacrera tout au long de sa vie
– datent de cette époque. Lorsqu’il trouve le motif de son art, il songe alors aux Études de nuages du peintre John Constable qui imite le mouvement et le retranscrit. Il décrit cet instant de cette manière :

«AH of a sudden it hit me – if there was such a thing as composing music, there could be such a thing as composing motion. After an, there are melodic figures, why can’t there be figures of motion7»1

(1 « Soudain, je réalisai : s’il est possible de composer de la musique, alors pourquoi ne pas composer du mouvement? Après tout, il existe des figures mélodiques. Pourquoi n’y aurait-il pas aussi des figures cinétiques ? »)

doodles

Il commence à dessiner le mouvement sous forme de petites notes, de dessins improvisés ou <doodles> comme il aime les désigner. Au début des années 1920, Lye séjourne plusieurs mois dans les îles Samoa où il entre en contact avec les richesses culturelles des populations indigènes. Le carnet de croquis Totem and Taboo Sketchbook, transcription de Totem et Tabou de Sigmund Freud, voit le jour durant son séjour à Sydney entre 1922 et 1926. Sur les pages de gauche du carnet, il dessine des objets provenant de diverses cultures

– des Maoris de son pays natal, la Nouvelle-Zélande, des aborigènes d’Australie, des populations des Samoa et d’Afrique – et des ceuvres d’artistes constructivistes russes qui lui semblent proches d’un point de vue esthétique et du contenu. À travers son regard dépourvu d’eurocentrisme, il crée à l’époque une ceuvre sans égal qui établit un rapport entre les objets de différentes cultures, sans hiérarchisation ni classement.

Londres – <Direct films>
En 1926, Lye arrive à Londres. Bientôt, sa première ceuvre filmique voit le jour – aux côtés de peintures à travers lesquelles il explore souvent son subconscient et de batiks jouant avec l’univers formel de cultures étrangères – et pose les fondements de son succès comme cinéaste expérimental. Tusalava, film d’animation où des figures et des formes abstraites entrent en contact et se mêlent pour ne former plus qu’une entité, est présenté pour la première fois en 1929. Ce film de 10 minutes accompagné d’une musique live de Jack Ellitt (malheureusement égarée aujourd’hui) connaît un fort retentissement dans les milieux artistiques influencés par le surréalisme que fréquente Lye.


Dans le milieu des années 1930, il réalise les <direct films>. Pour ce faire, il intervient directement sur le support pelliculaire (en le peignant et en écrivant dessus) et contribue ainsi à l’émergence de la technique de l’animation sans caméra
.A Color Box (1935) est un film publicitaire pour la Poste britannique
réalisé en couleur et accompagné de musique de danse cubaine.
S’ensuivent d’autres films pour différentes entreprises qui touchent
un très large public grâce à leur diffusion au cinéma sous la forme de spots publicitaires. À l’époque, associer un film en couleur abstrait à une musique moderne présentait un aspect révolutionnaire qui a contribué, à juste titre, à la renommée de Lye comme l’inventeur du clip musical.

New York
Durant la Seconde Guerre mondiale, Lye se met au service de la propagande britannique et produit des films aboutis à l’instar de Kill or Be Killed (1942). À partir de 1944, il s’installe à New York où il poursuit dans un premier temps sa carrière de cinéaste expérimental. En 1947, il réalise une série de photogrammes. Il s’agit de portraits dans lesquels il applique à la photographie le concept du film sans caméra. Rhythm (1957) est l’un des films les plus radicaux de sa période new-yorkaise. Il y montre le fonctionnement d’une usine automobile américaine selon un rythme cadencé auquel il adjoint des percussions africaines, le tout s’apparentant à une danse de la technologie. Dans Rhythm, et plus encore dans Free Radicals (1958/1979), il utilise la technique de grattage de la bande amorce qui confère à ces films une atmosphère brute.

Tangibles & autres sculptures cinétiques de Lye
À la fin des années 1950, Lye se consacre à la sculpture cinétique et met rapidement au point des concepts pour environ 20 sculptures dites Tangibles. Actionnées par des moteurs électriques, elles exécutent des séquences de mouvements programmés reposant sur des principes simples comme la rotation d’un buisson de tiges en acier ou l’oscillation d’une immense tôle d’acier.

Avec ces sculptures, Lye capte l’air d’une époque en quête d’un art nouveau, de machines et de mouvement. Dès 1961, il parvient à présenter ses machines au Museum of Modern Art de New York à l’occasion d’une conférence-performance dans laquelle il livre ses réflexions sur la sculpture-machine programmée. Par ailleurs, Lye considère ses sculptures comme des modèles réduits destinés à être agrandis. Cependant, en raison d’un manque de connaissances techniques et de moyens financiers, la plupart de ces idées ne dépassent pas le stade de projet, même s’il exprime sa volonté de modifier la taille de ses sculptures sur tout à travers les dessins pour Sun, Land and Sea (1965), dont la réalisation ne touchera à son but que plusieurs années après sa mort en 1980.

Il ne faut pas sous-estimer l’apport de Lye à l’art cinétique des années 1960. Son intention de créer un art entièrement nouveau à l’aide de sculptures-machines programmées a ouvert la voie à quantités de choses qui nous semblent aujourd’hui évidentes et familières – dans le champ de l’art cinétique, mais surtout dans les domaines du land art et de l’installation pour lesquels Lye a joué un rôle pionnier.

Son œuvre aujourd’hui
Len Lye meurt en 1980. Se sachant condamné par la maladie, il avait créé une fondation pour l’ensemble de son œuvre et avait fait en sorte que son œuvre posthume revienne sur ses terres natales en Nouvelle-Zélande où elle est conservée et étudiée jusqu’à aujourd’hui au sein de la Govett-Brewster Art Gallery à New Plymouth. La Len Lye Foundation s’attache à préserver son œuvre et peut concevoir, dans le respect de la volonté de l’artiste, des répliques de ses œuvres cinétiques afin de rendre accessible au jeune public d’aujourd’hui ses sculptures-machines programmées.

Commissaire de l’exposition: Andres Pardey

Catalogue
Dans le cadre de l’exposition paraît un catalogue en trois volumes consacré à l’œuvre de Len Lye: un livre compilant des textes rend compte de l’état actuel de la recherche sur Lye, un second contenant des illustrations présente les œuvres de l’exposition à travers plus de 300 reproductions en couleur, et un troisième reproduit le Totem and Taboo Sketchbook sous forme d’un fac-similé et le rend ainsi accessible dans son intégralité à un large public.

Musée Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle
Horaires
Du mardi au dimanche 11 – 18h

Fermé le lundi

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 

Sommaire du mois d’octobre 2019

Leonor Antunes a seam, a surface, a hinge, or a knot
Fondation Beyeler

Et une curiosité dans l’exposition Or & Gloire
un Christ à tête de femme

Croix d’Herriman (archevêque de Cologne) et de sa soeur Ida
(abbesse de Werden).
La tête du Christ est un réemploi d’un camée romain
(époque julio-claudienne) en lapis-lazuli, peut-être l’impératrice Livia

30 octobre 2019 : Max Sulzbachner Nuits De Lune Et Tam-Tam À Bâle
28 octobre 2019 : Une Passion Pour L’art Louise Bachofen-Burckhardt : Collectionner Pour Bâle
19 octobre 2019 :  Giuseppe Penone La Matrice Di Linfa
15 octobre 2019 :  Tadeusz Kantor : Où Sont Les Neiges D’antan
13 octobre 2019 :  Or & Gloire Dons Pour L‘éternité
11 octobre 2019  : La Collection Rudolf Staechelin À La Fondation Beyeler
08 octobre 2019 : Resonating Spaces -Leonor Antunes, Silvia Bächli, Toba Khedoori, Susan Philipsz, Rachel Whiteread
06 octobre 2019 :  Käthe Kollwitz, Figure De L’expressionnisme Allemand

Max Sulzbachner Nuits de lune et tam-tam à Bâle

Jusqu’au 9 février 2020, Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaire : Géraldine Meyer

Max Sulzbachner Figurines populaires
Wilder Mann, et Porte drapeau 1967

Le Kupferstichkabinett du Kunstmuseum Basel rend hommage à
l’oeuvre protéiforme de l’artiste bâlois Max Sulzbachner (1904–1985)
à travers une exposition rétrospective présentée à l’entresol du Hauptbau ainsi qu’une publication. En Suisse, Sulzbachner est un artiste de renom
particulièrement apprécié, pourtant son oeuvre n’a encore jamais fait
l’objet d’une étude approfondie.
L’exposition et le catalogue proposent de combler cette lacune dans
l’historiographie de l’art bâlois.

Fotografie von Max Sulzbachner in einer Ausstellung
22.5 x 17 cm; Print

Depuis 2014, le Kunstmuseum Basel a reçu 4 dessins, 30 gravures sur bois et 4 eaux-fortes de l’artiste dans le cadre d’une généreuse donation
de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer. Grâce à cet apport, l’oeuvre de jeunesse expressionniste de Sulzbachner est largement représentée au
Kupferstichkabinett comme la période la plus importante de son oeuvre.
Les riches fonds de l’expressionnisme bâlois et suisse déjà présents ont ainsi été judicieusement complétés.

donation
de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer
Blatt: 48 x 64.2 cm Bild: 47.6 x 60 cm; Holzschnitt auf grünem Papier; Inv. 2017.27

Les Nuits de lune mentionnées dans l’intitulé de l’exposition se réfèrent
au titre identique d’une suite de gravures sur bois réalisées par
Max Sulzbachner en 1925. Ces remarquables feuilles sont caractéristiques de l’oeuvre de jeunesse de l’artiste marquée par sa proximité avec le groupe d’artistes bâlois Rot-Blau. À l’époque, Sulzbachner se passionne en particulier pour l’expressionnisme d’Ernst Ludwig Kirchner. Par la suite, le Bâlois figure parmi les premiers artistes suisses alémaniques s’intéressant à l’art moderne français.

donation
de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer
Blatt: 40.2 x 53.9 cm; Gouache über Bleistift; Inv. 2017.21

Très tôt, il s’intéresse à la vie et aux traditions locales. Dans le même temps, il s’attache continuellement à suivre de nouvelles tendances artistiques.
Les expositions à la Kunsthalle Basel en particulier constituent en cela des impulsions décisives pour lui. L’ouverture de Sulzbachner à l’égard du renouveau artistique se traduira plus tard par l’évolution de son style.
« Sulzbi »

Au cours de sa vie, Sulzbachner évolue dans des contextes de création contextes de création très différents :
il rencontre également un vif succès en tant que dessinateur, scénographe, caricaturiste, enseignant et illustrateur. Il exerce aussi comme écrivain. Il est l’auteur de peintures, de gravures sur bois, d’eaux-fortes, de fresques, de vitraux, d’assiettes en céramique, de lanternes de carnaval et de figurines populaires.

Sulzbachner était – et demeure – connu un peu partout comme « Sulzbi »
et le « roi des lanternes ». Bâlois d’origine, il répondait toujours et partout
à l’appel et s’engageait lorsque survenait du « tam-tam » en ville ou ailleurs.
Ainsi, Sulzbachner est indissociable de la culture populaire bâloise et de l’art populaire suisse. La singularité de l’ensemble de sa production artistique réside d’une part dans ce lien à la vie locale et à ses événements politiques, d’autre part dans son inclination à l’emphase stylistique jusqu’à la caricature.

Max Sulzbachner An der Basler Mäss, 1925
Holzschnitt auf gelbem Papier; 7. Exemplar,
Blatt: 40.4 x 28.7 cm, Bild: 35.3 x 24.1. cm; Holzschnitt auf gelbem Papier; 7. Exemplar

Pour Sulzbachner, la possibilité d’établir dans son oeuvre une passerelle entre différentes sphères culturelles était particulièrement séduisante. L’ensemble de son oeuvre permet non seulement de découvrir cet artiste bâlois, mais aussi la scène culturelle et artistique de Bâle de l’art moderne jusqu’aux années 1960.

Max Sulzbachner Raskolnikoff: «Ich habe getötet», 1925

L’exposition bénéficie du soutien de :
Stiftung für das Kunstmuseum Basel
BEWE Stiftung

Si vous venez de la gare SBB,  avec le tram, descendez à Bankverein,
l’arrêt
Kunstmuseum est momentanément supprimé

Une passion pour l’art Louise Bachofen-Burckhardt : collectionner pour Bâle

Jan Massys; Musizierendes Paar; 1565

Jusqu’au 29 mars 2020, Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaires : Bodo Brinkmann, Gabriel Dette

À l’occasion du centenaire de la mort de Louise Bachhofen-Burckhardt (1845–1920), le Kunstmuseum Basel rend hommage à sa plus grande mécène du début du XXe siècle. Le rezde-chaussée du Hauptbau présente des pans de la collection rassemblés par la donatrice pour le musée.

                              Buste de Louise Bachofen-Burckhardt

                      Buste du professeur Johann Jakob Bachofen-Burckhardt

 « Mon souhait le plus ardent est de pouvoir acquérir encore quelques
belles pièces pour ma chère ville natale
»,

écrit Louise Bachofen-Burckhardt en janvier 1916 à Wilhelm von Bode, éminent historien de l’art et directeur général des musées d’État de Berlin de 1905 à 1920, qui lui propose régulièrement des tableaux à acquérir.
Elle projette en effet de transformer entièrement la Öffentliche Kunstsammlung Basel (la collection publique bâloise) :
faire d’une collection régionale majeure axée sur l’art du Rhin supérieur un musée de niveau européen dans la même veine qu’à Londres, Berlin ou Paris. À cette fin, elle enrichit considérablement le fonds pictural apporté par son mari Johann Jakob Bachofen-Burckhardt à leur mariage, puis elle transfère en 1904 l’ensemble des tableaux dans une fondation qu’elle crée au nom de son époux.
Le Kunstmuseum Basel en est l’unique bénéficiaire désigné, si bien qu’à la mort de Louise Bachofen-Burckhardt pas moins de 303 peintures du Moyen Âge tardif jusqu’au tournant du XXe siècle entrent dans les collections du musée.

Hans Memling Saint Jérôme pénitent, 1485/90 Technique mixte
sur bois de chêne

Parmi celles-ci figurent des oeuvres majeures de Bartolomeo Vivarini, Lucas Cranach l’Ancien, Hans Memling, Jan Brueghel l’Ancien, Frans Francken II, Dirck Hals, Nicolaes Maes, Nicolaes Berchem, Jacob van Ruisdael, Jan van Goyen,
Harmen Steenwyck, Rachel Ruysch, Jean-Étienne Liotard et Alexandre-François Desportes.

Lucas Cranach d. Ä.
La Vierge à l’Enfant, 1529
Huile sur bois de tilleul,

Louise Bachofen-Burckhardt a formulé la demande explicite de se retirer derrière l’oeuvre entreprise en souvenir de son mari, l’auteur du célèbre ouvrage sur le droit maternel à l’origine de toutes les formes sociétales. Dans un testament, elle interdit par exemple toute nécrologie à son sujet. Elle demeure donc largement méconnue jusqu’à aujourd’hui, bien qu’elle comptait sans doute parmi les grandes collectionneuses d’art à une époque où les femmes étaient encore peu actives dans ce domaine.

Rachel Ruysch Nature morte à la branche de rosier, au coléoptère
et à l’abeille, 1741
Le centenaire de sa mort est l’occasion de faire la lumière, grâce à des documents inédits, sur cette donatrice et son rôle sur le marché de l’art vers 1900 alors en plein essor. L’exposition consacrée à Louise Bachofen-Burckhardt permet également au Kunstmuseum Basel d’exprimer ses remerciements à sa fondation qui, en 2015, a décidé de lui faire don de ses tableaux qui figuraient depuis longtemps en dépôt au musée comme prêts permanents.
.Jan Brueghel d. Ä. Route dominant une vallée boisée avec un fleuve, vers 1602 Huile sur cuivre,

L’exposition Une passion pour l’art montre combien Louise Bachofen-Burckhardt a contribué au caractère actuel de la Öffentliche Kunstsammlung. L’enrichissement de la collection grâce à ses oeuvres revêt d’une part une importance considérable – la section des maîtres anciens du fonds pictural a tout de même doublé d’un seul coup –, d’autre part elle incarne un modèle à travers sa démarche : pionnière dans le domaine de la collection d’art et de l’exercice de la bienfaisance en Suisse, elle a sans aucun doute inspiré de nombreux donateurs bâlois comme Hans Vonder Mühll et Max Geldner.

                                              Un couple de gueux, Van de Venne

Toutefois, il s’agit d’appréhender l’entreprise de collection et de donation de Bachofen-Burckhardt comme ancrée dans son époque et de l’apprécier de manière critique, sans en amoindrir la portée.
Plusieurs de ses acquisitions se sont révélées plus tard ne pas être de la main de telle ou tel artiste comme elle avait pu le supposer. Bien des tableaux ont même vu le jour dans une région artistique différente que celle envisagée vers 1900. Une oeuvre tenue pour originale hier s’avère parfois aujourd’hui n’être qu’une copie de celle-ci et, à plusieurs reprises, Bachofen-Burckhardt a été dupée avec des faux.

Tizian, attribué Portrait de Pietro Aretino, 1527 (?)
Huile sur toile, 58.5 x

Cela n’a rien d’étonnant pour une collection constituée entre les dernières décennies du XIXe siècle et les années 1915-1920 environ. Des questions restent incontestablement en suspend pour la section des maîtres anciens, mais la recherche actuelle fait preuve de davantage de clairvoyance qu’à l’époque de Louise Bachofen-Burckhardt et de Wilhelm von Bode. C’est cette évolution que l’exposition souhaite montrer – non pas pour interroger l’oeuvre de cette respectable donatrice, mais pour témoigner des avancées de toute une discipline.

Les oeuvres sont accrochées à touche-touche,
Les MasterPieces sont présentées dans la continuité,
Les copies aussi.

Certaines oeuvres se trouvent dans le fonds de la collection du
Kunstmuseum et sont signalées par un macaron de couleur violette.

L’exposition et le catalogue bénéficient du soutien de :
Peter und Simone Forcart-Staehelin
Athene Stiftung, Basel
Trafina Privatbank AG
Stiftung für das Kunstmuseum Basel
ainsi que de donateurs anonymes

Tadeusz Kantor : Où sont les neiges d’antan

L’exposition, dont le commissariat est assuré par la Cricoteka à Cracovie, est présentée jusqu’au 5 janvier 2020 et constitue la première exposition individuelle consacrée à Kantor en Suisse depuis plus de dix ans. Ce projet a vu le jour en coopération avec Culturescapes Pologne, un festival culturel qui présente le paysage culturel d’un autre pays ou d’une région.
Commissaires invité.e.s: Malgorzata Paluch-Cybulska, Bogdan Renczynsk
– Le Centre de documentation de l’art de Tadeusz Kantor CRICOTEKA à Cracovie.

Andrzej Sapija, Gdzie Sq niegdysiejsze sniegi (Where are Last Year’s Snows), (Filmstill), 1984 © WFO
Film, 31,51′, Farbe, Ton

L’exposition « Tadeusz Kantor : Où sont les neiges d’antan » du Musée Tinguely présente une figure majeure du théâtre et des arts plastiques de la Pologne du XXe siècle à travers l’une de ses grandes œuvres scéniques. En posant un regard critique sur l’histoire refoulée de la Pologne, le théâtre underground et indépendant de Tadeusz Kantor (1915-1990) se consacre à la réalité quotidienne et marque, jusqu’à aujourd’hui, une jeune génération de gens de théâtre. Son œuvre sert de modèle pour des expériences théâtrales radicales et interdisciplinaires, mais aussi pour l’abolition de la distinction entre espace scénique et public. Metteur en scène se mêlant à ses comédien.ne.s sur les planches, leur donnant des instructions, intervenant et devenant ainsi un corps étranger dans la compagnie, Kantor transgressait les limites du théâtre classique essentiellement à travers sa présence. Sa pratique artistique intégrait le réemploi d’objets. De vieux objets usés constituaient son médium< naturel> et le thème de la mort occupe une place centrale dans son œuvre.

Auriea Harvey & Michaël Samyn, Cricoterie, 2019 (Filmstill)
VR- Programm
© Courtesy of the artists, Musik: Gerry De Mol

L’exposition était accompagnée jusqu’au 20 octobre par le programme de réalité virtuelle Cricoterie (2019) de Tale of Tales, inspirée du Théâtre de la mort de Kantor.
Le cricotage (ce terme utilisé par Kantor désigne une forme courte de performance et dérive du nom de son théâtre) Où sont les neiges d’antan constitue la première production de l’artiste développée sans texte existant. La référence littéraire est uniquement contenue dans le titre. Il s’agit ici d’une citation de la Ballade des dames du temps jadis provenant du recueil Le Grand Testament (1461) de François Villon,< poète maudit> français du Moyen Âge. La performance repose sur l’utilisation de trois couleurs : le noir – la couleur de l’instrument et du costume du rabbin ; le rouge – la couleur des cardinaux et du feu ; et le blanc – la couleur de la neige, du grand-voile et des costumes des autres personnages réalisés à partir d’un papier résistant.

Auriea Harvey & Michaël Samyn, Cricoterie, 2019 (Installationsansicht)
VR- Programm
© Courtesy of the artists, Musik: Gerry De Mol, Foto: Karolina Zajéjczkowska

La trompette du Jugement dernier (1979) voit le jour à la fin des années 1970 comme objet central de la courte performance Où sont les neiges d’antan du théâtre Cricot 2 au Palazzo delle Esposizioni à Rome. La production est reprise dans les années 1980 et présentée à Paris, Londres, Genève et Varsovie. Au fil des années, Kantor ne cesse de travailler au développement de cet objet. La première version de 1979 se compose d’une trompette recouverte d’un tissu noir sur un pied mobile. Dans les années 1982-1983, Kantor modifie l’ensemble en fixant l’instrument sur une structure métallique de près de 3,5 mètres de haut qui peut être actionné verticalement grâce à un système de manivelles, de poulies, de roues dentées et de câbles d’acier. Selon les mots de l’artiste,
« la machine s’apparente à un échafaud ou à une potence et ressemble un peu à une machine de siège des temps bibliques / Plusieurs roues, des roues dentées, des sangles, des cordes et des manivelles mettent en mouvement la trompette / dans une enveloppe noire et sépulcrale. La trompette s’élève puis redescend lentement».

Tadeusz Kantor (li.), Aufführung von Où sont les neiges d’antan in Paris, 1982
Cricoteka
© Maria Kantor & Dorota Krakowska / Tadeusz Kantor Foundation, Foto: Jacquie Bablet

L’exposition au Musée Tinguely présente des objets et des costumes tous provenant d’Où sont les neiges d’antan. Ils sont accompagnés de la projection du film d’une répétition réalisée en 1984 par Andrzej Sapija la veille de la première polonaise au club étudiant Stodola de Varsovie. Des dessins et des croquis de Tadeusz Kantor sont mis en regard avec des documents photographiques : les photos de la première version de la performance de 1979 à Rome réalisées par Romano Martini et les prises de vue de Jacquie Bablet et Caroline Rose de la seconde version de 1982 à Paris. Des affiches d’archive des représentations à Paris et Londres (1982), Genève (1983) et Varsovie (1984) illustrent la tournée du cricotage.

Au travers d’un chant juif, La trompette du Jugement dernier, objet constitutif de la performance de Tadeusz Kantor, ouvre un dialogue avec l’installation Mengele-Danse macabre (1986) de Jean Tinguely autour du motif de la danse macabre. Dans la salle suivante où l’oeuvre de Tinguely est exposée, les bruits d’une tragédie passée retentissent et semblent préfigurer l’activation de la machine de Kantor – une trompette qui annonce la fin imminente. L’oeuvre de Tinguely se compose essentiellement des vestiges d’une ferme incendiée. Une des scènes de la performance de Kantor s’intitule Our Town Is Burning.


Une version pour trompette de cet hymne du ghetto juif écrit par Mordechai Gebirtig en 1936 retentit dans la salle, tandis que la performance de Kantor est projetée sur le mur. Le metteur en scène polonais conjure ainsi l’esprit des événements tragiques de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Le son de la trompette figure la fin et symbolise dans le même temps le salut à venir à travers le dispositif de mise en mouvement des seaux pour éteindre le feu. Durant la représentation, l’instrument est actionné par le rabbin et son assistant, le petit rabbin. Ces personnages évoquent la communauté juive du petit Schtetl que l’artiste connaissait de son enfance et de sa jeunesse.

Daniel Simpson, Tadeusz Kantor im Cricot 2 Zentrum in Krakau, 1987
Fotografie Cricoteka

© 2019 Centre for the Documentation of the Art of Tadeusz Kantor CRICOTEKA

Tinguely et Kantor

Jean Tinguely et Tadeusz Kantor se sont rencontrés vers 1960 grâce au collectionneur suédois Theodor Ahrenberg installé à Chexbres en Suisse. Dans leurs ceuvres, ces deux artistes mêlent leurs histoires personnelles à la mémoire culturelle. Leur intérêt commun pour l’art procédural et les médiums hybrides les incite à gommer les frontières entre l’art et la réalité. Sur le plan des idées, leurs ceuvres sont néanmoins très éloignées. Autrefois engagé dans l’art informel, Kantor se détourne de cette tendance et se consacre fortement à l’objet (il réalise en Suisse ses premiers emballages). Il revendique un retour à l’objet dans de nombreux domaines où se manifeste également une contestation de l’informel. Ainsi, Tinguely, Daniel Spoerri, Yves Klein et d’autres fondent le groupe des Nouveaux Réalistes en 1960. Kantor avait une autre approche de ses objets et machines qui devaient avant tout être acteurs de ses performances. Dans les années 1980, l’artiste entreprend de les < animer > à des fins d’exposition et constitue ainsi une extraordinaire collection d’objets pour son musée, la Cricoteka, duquel proviennent la plupart des œuvres exposées ici.

La noce 1982

Museum Tinguely
I Paul Sacher-Anlage 1 l 4058 Bâle
Heures d’ouverture :
du mardi au dimanche, de 11h à 18h
Site Internet : www.tinguely.ch