Nom : Senga Assani
Prénom : Georges
Profession : photographe
Signe particulier : pensionnaire de la Villa Médicis 2020/2021
Photo © Aleksandar Topalovic
Si la Covid-19, croit qu’elle va limiter ma curiosité elle est se trompe, allègrement. Je vais aller au-delà des frontières et faire un périple assez
incroyable pour suivre le photographe Georges Senga (site), de son Congo natal, à travers tous ses ateliers, résidences et expositions, en Allemagne, aux Pays Bas, en Belgique, aux US, jusqu’à sa sélection comme pensionnaire de la Villa Medicis, cuvée 2020/2021. Georges Senga(vidéo) est né en 1983 à Lubumbashi. Le travail de cet artiste oscille entre réalité documentaire, traces post-coloniales, tradition orale et histoire personnelle
Entretien au-delà des frontières
Comment es-tu venu à la photo ?
Je suis devenue photographe fin 2007, et ma carrière s’est lancée avec la première édition de la biennale de Lubumbashi, curator par Marie-Françoise Plissart
Tes études ?
Science du langage, langues et affaires à l’Université de Lubumbashi en 2009
Tes parents étaient ils photographe, t’ont-ils encouragé ?
Mes parents n’étaient pas photographe, mais dans notre société quand les parents t’envoient à l’université, c’est pour être un cadre dans une société sur place. Et quand tu te lances dans une carrière d’artistes ce n’est pas facile
Comment as-tu été sélectionné à la villa Medicis ?
J’ai postulé 3 fois à la villa Medicis avec 3 projets différents, c’est le troisième projet qui a été sélectionné.
En quoi consiste ton travail là-bas :
Le projet s’intitule
« Comment un petit chasseur noir Païen devient prêtre Catholique »,
projet né à la suite de sa rencontre en 2017 avec la fille d’un prêtre catholique, qui par sa fonction, n’aurait pas dû avoir d’enfants. Au cours de cette rencontre, la fille du prêtre dévoile un sac contenant plusieurs diapositives non datées, appartenant au père décédé en 1989. Le projet que je retrace est le parcours de ce prêtre catholique du nom de Bonaventure Salumu, depuis son village jusqu’à son séjour en Europe.
Y es-tu seul, en famille ?
Je suis en famille avec ma femme et mon fils
Pour combien de temps ?
Depuis septembre 2020 jusqu’en août 2021
Dois-tu produire un « chef d’œuvre » ?
Je dois produire un livre, alliant texte et photographies
Comment définirais-tu ta pratique?
Je développe mon travail photographique autour de l’histoire et des histoires qui se révèlent dans « la mémoire, l’identité et l’héritage », éclairant nos actes et le présent. Trois de mes projets explorent ainsi la mémoire, à la quête des résonances que les hommes, leurs faits et objets laissent, et la résilience de la mémoire dans son pays.
Fais-tu des essais, avec des modèles, des familiers ?
Je travaille sur des portraits parfois dans ma démarche artistique, dont est fait le récit
Quand travailles-tu ?
Cela dépend, mais je travaille beaucoup la journée
A quel endroit ? maison, atelier, nature ?
A l’atelier
As-tu des horaires définis ?
Non
Un sujet de prédilection ?
Non
Ta technique, argentique numérique autre ?…
Numérique
L’ambiance, musique, silence, intérieur, extérieur ?
J’aime bien travailler avec la musique, mais cela dépend des jours
Tes maîtres ?
Marie-françoise Plissart, elle s’est intéressée aux rapports qui peuvent s’installer entre un texte et une image. C’est aussi ma démarche.
Tes références photographiques, littéraires ?
Le couple Becher, ce couple de photographes allemands qui depuis les années 50 photographient des bâtiments industriels comme des puits de mine, des châteaux d’eau, des usines ou des silos à grains.
Qu’est devenu ton travail pendant le confinement ?
Mon travail était aussi affecté, car beaucoup d’expositions ont été annulées et repoussées, mais j’ai travaillé beaucoup sur l’édition des mes projets
Le confinement est-il une source de création et de recherches plastiques ?
Pour moi, non
Que cherches-tu à exprimer dans ton travail, qui ne serait pas possible avec des mots ?
La photographie est un moyen plus personnel de parler de ce que j’estime important à partager avec le monde. Un rappel aux sources sur le plan général
Quand as-tu décidé d’exposer ton travail, cela consistait en quoi ?
En 2008, à la Biennale de Lubumbashi, puis en 2010, 2013, 2015 et 2019, Les travaux personnels dans des expositions collectives.
D’autres expositions, peux-tu développer ?
Asbl Dialogues en 2013, Biennale de Bamako en 2011, 2015 et 2017,
– « Une vie après la mort » sur Patrice Lumumba a été exposé aux Dialogues de la Galerie d’art contemporain du Musée national de Lubumbashi en 2013, à la Biennale de Kampala, à l’ADDIS PHOTOFEST en 2014, au Centre culturel BRASS à Bruxelles, et à la Biennale de Bamako (où il obtient le Leon African Award en 2015). Cette série traite du passage du temps et de l’intemporalité de ce que Lumumba signifie.
– De septembre 2015 à février 2017 en résidence à la Solitude Academy de Stuttgart en Allemagne, j’ai réalisé une autre nouvelle série
photo Georges Senga
« Cette maison n’est pas à vendre et à vendre »
entre Lubumbashi en RD Congo et Sao Paolo au Brésil. Cette série exploite la commune KATUBA à Lubumbashi une ville du sud de la RD Congo. Katuba divisée par quartiers (Katuba 1er, deux et trois) était l’une des municipalités créées grâce à un prêt d’une société FUND ADVANCED à l’époque coloniale dans les années 1945.
– Addis Fotofest en 2014 et 2018, – Kampala Biennale en 2014,
– Cap Town Art Fair en 2018, – Sesci_video Brazil en 2019, – Contour Biennale en 2019, – Kigali PhotoFest en 2019, – Fondation A en 2019, – Wiels centre d’art en 2019, – Galerie Imane Farès en 2019,- Cargo in Context en 2019, -FOMU en 2019, – centre culturel Jean Cocteau en 2020, Nations Unies, États-Unis en 2020
Empreintes perdues
Seule série en noir et blanc datant de 2009, les photographies intitulées Empreintes, tout en retenue, dégagent une émotion palpable. Georges Senga y montre des objets usés, cassés, abandonnés, qui forment autant de traces des humains qui les ont manipulés. Ainsi ce bidon en plastique transformé en masque et frappé d’un Made in China sans équivoque, comme un témoin du passé de l’Afrique et sans doute aussi de son avenir.
Un jour de 2012, le photographe croise des enfants qui paradent en habits militaires de fortune. Equipés d’armes bricolées de fil et de carton, ils rappellent à l’artiste les enfants soldats bien réels, entrés en héros à la Katuba en 1997, à la fin du règne de Mobutu. « Cela faisait peur, un enfant de 12 ans avec une Kalachnikov », se souvient Georges Senga. Souvent traumatisés, ces enfants garderont des séquelles à jamais. L’image rejoint ici les mots, car l’artiste confronte ces images d’enfants soldats factices au récit terrible d’un enfant-guerrier bien réel.
Fais-tu des selfies des autoportraits ?
Parfois, juste sur le plan personnel
Que penses-tu de cette mode des selfies ?
Je pense que c’est un moyen plus tranquille, qui ne crée pas une barrière entre le sujet et l’objet. Car devant une camera, la plupart des personnes ne se sentent pas confortable.
Les artistes doivent-ils être le reflet des sentiments, de la vision de leur époque ?
Je pense que l’artiste est libre d’interpréter les visions de chaque époque, je ne vois pas une limitation dans le temps.
Quelle est ta plus belle rencontre, en photographie, en art ?
La photographie, elle même pour moi est une belle rencontre, car je ne m’échappe pas, mais je sens très confortable de m’exprimer avec la photographie.
Une définition de la bonne photo
Le monde en soit est une photo, nous ne faisons que capter des bouts de ce grand paysage. Quand ce bout exprime quelque chose, qu’il nous est permis de comprendre. Pour moi c’est une bonne photo.
Villa Medicis, photo Georges Senga
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Exposition des 16 pensionnaires 2021
Du 8 juin au 8 août 2021, la Fondation Louis Roederer, Mécène engagé depuis 10 ans en faveur de la création contemporaine, apporte son soutien à la mission d’accueil des pensionnaires et des résidents de l’Académie de France à Rome.
Elle accompagne ainsi l’exposition collective des 16 pensionnaires 2020-2021 de la Villa Médicis. L’exposition des pensionnaires de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis réunit, sous le commissariat de Laura Cherubini, les réalisations des seize artistes et chercheurs résidents. Résolument pluridisciplinaire, l’exposition met en lumière l’articulation entre créations individuelles et projet collectif et tisse des liens inattendus entre les disciplines. Dans un esprit de réflexion sur l’acte de création, cette manifestation reflète tout à la fois les préoccupations contemporaines partagées par les pensionnaires et restitue un moment singulier dans un parcours d’artiste : la résidence comme laboratoire d’expérimentation collective.
photos courtoisie Georges Senga
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