À l’occasion de ses dix ans, le Musée Würth, situé au sud
de Strasbourg, organise, du 30 janvier au 9 septembre 2018,
la première rétrospective muséale de plus d’une centaine
d’œuvres peintures et gravures de l’artiste peintre Hélène de Beauvoir, sœur cadette de Simone de Beauvoir.
C’est dans l’air du temps, après l’exposition, Women House à la Monnaie de Paris,
suite à l‘exposition du ZKM de Karlsruhe sur
l‘Avant Garde Féministe des années 70, où
les artistes femmes utilisent leur corps comme
une surface de projection pour les codes sociaux
et leur critique. Utilisant de nouveaux médias comme
la photographie, le cinéma et la vidéo, ainsi que des
performances et des événements, les artistes déconstruisent
le conditionnement culturel et social restrictif existant,
les mécanismes et les automatismes qui tentent de
supprimer les femmes artistes.
Pour la première fois dans l’histoire de l’art, des artistes féminines
ont pris ensemble la «représentation des femmes»
dans les arts visuels, en développant
une multitude d’identités féminines autodéterminées:
provocantes et radicales, poétiques et ironiques. L’exposition consacrée à Hélène de Beauvoir (1910-2001),
met en lumière le travail artistique méconnu
(j’ignorai son existence) d’une peintre
de la même période, ayant su faire une synthèse entre les
influences du cubisme, de l’orphisme et du futurisme. J’y vois aussi une parenté avec les expressionnistes allemands.
Le parcours retrace la carrière de l’artiste à travers de grandes
thématiques qui révèlent ses recherches picturales, telles
que la fragmentation de la forme par la lumière, la décomposition
du mouvement ou encore la simplification de la ligne de contour.
Ces expériences l’amèneront à développer un langage singulier
mêlant abstraction et figuration. L’exposition évoque aussi
les engagements moraux d’Hélène de Beauvoir : dans ses tableaux féministes, elle dénonce la souffrance des
femmes ; dans ses œuvres aux sujets politiques, elle décrit
les révoltes étudiantes de Mai 1968, les atteintes à l’environnement
ou encore l’hypocrisie morale et l’oppression.
Hélène de Beauvoir a pendant longtemps été dans l’ombre
de sa sœur aînée, la célèbre femme de lettres Simone de Beauvoir.
Elle eut pourtant une vie entièrement dédiée à la peinture et la gravure,
laissant dernière elle quelque 3 000 œuvres :
peintures à l’huile, à l’acrylique, aquarelles, gravures, dessins et collages.
Ayant successivement vécu au Portugal, en Autriche, en Serbie,
au Maroc et en Italie, elle s’installa avec son mari, Lionel de Roulet,
en Alsace au début des années 1960, d’abord à Scharrachbergheim,
puis de manière définitive dans le village de Goxwiller, où Hélène de Beauvoir travailla ardemment pendant presque 40 ans.
Cette grande voyageuse sut s’attacher profondément à l’Alsace,
ce qui conforte le Musée Würth dans sa volonté de proposer
une exposition rétrospective en sa mémoire. Les années parisiennes du quartier Montparnasse
Attirée dès l’enfance par le dessin, Hélène de Beauvoir
se forme à l’École d’art et publicité de la rue de Fleurus
(aujourd’hui la Cinémathèque de Paris), suit des cours
du soir et visite assidûment le musée du Louvre.
Elle expérimente la gravure et la peinture, travaille chez le
maître verrier Gruber et prépare sa première exposition
personnelle à la Galerie Bonjean en 1936.
Ces années sont exaltantes. Elle profite pleinement de la vie
artistique et littéraire du quartier Montparnasse, où elle croise
Jean Giraudoux, Jean-Paul Sartre, Pablo Picasso, Georges Braque,
Oscar Wilde, etc. La cause des femmes
Très tôt, à l’instar de sa sœur, elle s’insurge contre le
conformisme et l’ordre social de la bourgeoisie familiale
qui l’a vue naître.
Hélène et Simone, chacune à sa manière, vouent leur vie
à se libérer de cet ordre en se consacrant entièrement à la création
– l’écriture pour Simone, la peinture pour Hélène – et en imposant
ainsi une indépendance indispensable pour assumer le difficile
statut de la femme artiste. Une terre d’adoption : l’Alsace
En 1960, elle s’installe en Alsace avec son mari Lionel de Roulet,
ancien élève de Sartre, à Goxwiller, où elle travaille sans
relâche dans son atelier pendant quarante ans.
Elle tissera des liens forts avec cette nouvelle région d’adoption.
Très tôt d’ailleurs, elle soutient l’association
SOS Femmes solidarité Centre Flora Tristan
(petit fils Paul Gauguin)à Strasbourg,
dont elle sera la première présidente. L’exposition du Musée Würth
L’exposition organisée par le Musée Würth retrace les principales
périodes de la vie d’Hélène de Beauvoir reflétant ses combats
et ses engagements en faveur des femmes. Cette rétrospective
se scinde en six sections :
– la cause des femmes et les problématiques sociétales
et environnementales ;
– mai 1968, avec la série « Un joli mois de mai » ;
– les périodes marocaine et vénitienne ;
– les skieurs ;
– les gravures ;
– sa cosmognonie personnelle.
L’œuvre d’Hélène de Beauvoir a été exposée au cours
de sa vie dans de nombreuses galeries à travers le monde,
au Japon, aux États-Unis, au Mexique, en Allemagne,
en Italie, en France, etc.
C’est en Alsace, au Musée Würth, qu’est organisée la première rétrospective muséale rendant hommage à cette femme au destin extraordinaire. Pratique Musée Würth France Erstein
Z.I Ouest
Rue Georges Besse
F-67150 ERSTEIN
Tél : +33 (0)3 88 64 74 84
Partager la publication "Hélène de Beauvoir, Artiste et femme engagée"
C’est le dessin qui lie les artistes Gilgian Gelzer et Raúl Illarramendi que
la Fondation Fernet-Branca présente jusqu’au 11 février 2018 Raúl Illarramendi, est né en 1982 à Caracas, Venezuela,
Il vit et travaille à Méru, France. Le non-sujet Ecrit par l’artiste
Mes dessins, qui appartiennent à des séries distinctes
et apparemment très différentes l’une de l’autre,
visent à donner corps à un sujet qui en réalité n’existe pas.
Ce qui m’intéresse est de développer une représentation
cohérente et effective d’un sujet qui n’est pas vraiment
un sujet et où le dessin n’est pas tout à fait un dessin,
mais plutôt quelque chose proche de la peinture, d’un point
de vue à la fois mécanique et conceptuel.
Je représente des signes et des traces laissés par une activité
spontanée; en revanche les signes et les traces que moi
j’utilise pour les faire, ceux- ci, disparaissent dans l’action.
Le dessin est ainsi oublié de deux façons: avant tout à cause
de la technique cirée et brillante que j’utilise,
qui fait disparaitre les signes faits au crayon, et
deuxièmement à cause de l’image produite,
qui représente l’expérience esthétique et sensoriale
d’un medium complètement différent.
“Nature” me permet d’avoir à disposition un grand nombre
de compositions, au point que je ne dois plus que chercher
des nouvelles façons de représenter ces évènements.
En arrivant en France, j’ai commencé à regrouper
et archiver des centaines de photographies
nocturnes des taches d’urine à côté des trottoirs.
Ces taches me rappelaient les anciennes
peintures de paysage chinois et ce parallèle était à
mon sens évident. J’ai donc commencé
d’utiliser ces taches dans mes oeuvres, en imitant
l’effet de flou et la viscosité de l’encre sur
papier avec une mine à plomb. J’ai ainsi commencé
avec le dessin, en essayant de faire ce
qu’il n’était pas censé de faire, en refusant de concevoir
la ligne comme un moyen pour construire l’espace
dans la page, au privilège d’un remplissage perpétuel
de la surface, comme le ferait la peinture.
En dessinant une pierre, je peux lui faire faire ce
que je veux vraiment qu’elle fasse, en tenant sous mon
contrôle ses forces et ses limites. Une autre
source fructueuse d’inspiration est la trace de
saleté laissée sur les portes des camions ou des
garages, accumulation de signes de doigts et griffures
qui restent à travers le temps.
Ce qui m’intéresse n’est pas la prouesse frivole
d’utiliser un crayon pointu pour reproduire la nature
dans les détails, mais plutôt le dialogue qui nait
quand on essaye de faire fonctionner une image,
un dialogue qui est modéré par les limites des techniques
choisies. Je ne peux achever ces images que par
le dessin et non pas par n’importe quelle
autre technique. Le résultat est une esthétique
très charmante. J’ai commencé à me confronter
à la séduction de la peinture en tant que matériel
et technique capable de représenter une abstraction.
Abstraction en tant qu’image et en tant que processus.
En dessinant l’abstraction, plutôt qu’en dessinant
de manière abstraite, je peux me concentrer
sur le travail de représentation, en réalisant une image
cohérente et objective, et esquiver en même temps
la narration et la figuration tout en cherchant sans
arrêt des nouvelles formes.
Plus précisément, mon travail se compose de plusieurs
séries qui traitent des différents aspects de ce dialogue.
Pour la série « T.F » (taches formalistes), “Stains that look like” and “Shapes” (mine de plomb sur papier),
le sujet principal est la question de la
représentation de la fluidité de la peinture.
J’utilise tout genre de pinceau, du plus léger
jusqu’au plus dur, en appliquant des couches afin
de créer une fusion continue. Les images créées
sont deux : l’abstraction à l’intérieur des taches,
diffusant un flux d’énergie interrompu par une
frontière pointue, une coupe nette dévoilant le blanc
du papier qui peux délimiter à selon de la série soit
un territoire géométrique, soit un profil reconnaissable
ou bien un objet.
J’utilise des associations de couleurs déjà existants,
les mêmes couleurs que je trouve sur les portes
et la patine laissée par les empreintes des mains
après une longue période d’usage et d’abus de la surface.
Je pense à l’effet que la poudre et la saleté donneraient sur
une voiture jaune et à comment tirer de cela une
peinture/dessin. Pour réaliser ces images j’utilise du papier
coloré et je dessine les espaces négatifs à partir des
traces peintes. Chaque signe, chaque égratignure et
chaque trace est borné et terminé par le remplissage
de mon crayon ; enfin, le fait de laisser la couleur
sur le papier permet l’achèvement du dessin. C’est
justement l ’absence du dessin qui fait l’image.
Dans le cadre de l’exposition de
Gilgian Gelzer et RaúlIllarramendi,
Pierre-Jean Sugier, directeur et commissaire
de l’exposition propose une visite guidée gratuite le samedi 13 janvier à 14h. Pour s’inscrire : +33 3 89 69 10 77 /
info@fondationfernet-branca.org
La Fondation est ouverte du
mercredi au dimanche de 13 h à 18 h
La Fondation Fernet Brancaprésente l’exposition Gilgian Gelzer et Raul Illarramendi, jusqu’au 11.02.2018 La réunion de ces eux artistes illustre une approche
originale de la relation qui existe dans leur travail
entre la ligne du dessin, de la couleur, de la peinture
et de la photographie. Ce qui apparait comme relevant du dessin chez Gilgian Gelzer tout en laissant apparaitre une peinture sous-jacente et omniprésente ; pour Raúl Illarramendi, c’est la peinture, la couleur qui fait naître les formes, les traces, la ligne. Nous sommes bien face a du dessin. Gilgian Gelzer Les fascinantes oeuvres sur papier de Gilgian Gelzer, où le tracé dessine et révèle un espace, offrent une superposition dense de lignes qui se déroulent, s’égarent, s’éparpillent et s’enroulent. Des circulations sont créées et permettent de se déplacer, de parcourir la feuille dont on perçoit le blanc à travers ces flux auxquels fait référence le titre de l’exposition : streaming. Divers réseaux dans un même dessin se construisent et se superposent. D’un dessin à l’autre l’échelle diffère, le mouvement est parfois plus resserré, le caractère des lignes et du tracé fluctue.On peut penser à une mouche un peu folle, ayant plongé ses pattes dans un liquide coloré,
qui court tout azimut, sans but précis. Gilgian Gelzer réalise ses dessins aux crayons de couleur et à la mine de plomb, certains sont très colorés alors que d’autres se restreignent à l’utilisation de deux couleurs (rouge et noir ou bleu et noir). Le blanc de la feuille est ici plus présent apportant un effet de légèreté, de mouvement et de fluidité. Ces réseaux de lignes semblent flotter ou s’ancrer dans l’espace créé.
Gilgian Gelzer réalise ses dessins accrochés au mur
ou lorsqu’ils sont très grands (200 x 300 cm) à même le sol.
L’artiste retient des formats lui permettant de s’y projeter
au moment de la réalisation, tout comme le spectateur le sera
face à l’oeuvre. La temporalité est ici différente de celle
investie notamment pour le dessin présenté cet été au
Centre Pompidou à l’occasion des Acquisitions récentes du
cabinet d’art graphique.
En effet, leur construction est moins étirée dans le temps et
rappelle l’énergie liée aux dessins de Champ de mines
(2008).
Les peintures, de très petit format ici, présentent une abondance
de formes, de surfaces colorées où les couleurs se côtoient,
se heurtent et se mêlent.
Des couches colorées aux multiples nuances se superposent.
Les formes s’imbriquent tel un puzzle. Elles apparaissent et
se constituent les unes par rapport aux autres, il n’y a pas de
schémas préétablis. C’est la forme qui guide et pose le travail.
Cette fois-ci Gilgian Gelzer précise, détache certaines formes
et crée du volume à l’aide de crayons de couleur. Les couleurs
employées sont chaudes et vives. Il revient au dessin pour
en réorganiser les espaces.
Face à ces surfaces de formes colorées se succèdent tour
à tour des impressions contradictoires : figure ou fond, plein
ou vide, densité ou légèreté.
Les photos mises en regard avec ces peintures, sans être
une série, coexistent entre elles. Ce médium a tout d’abord,
pour Gilgian Gelzer, une fonction de notation.
Les sujets prédominants sont l’architecture, l’eau et la nature
et surtout la capture d’un instant incongru. La question d’échelle
réapparait, révélant l’espace qui nous entoure. Gilgian Gelzer choisit de photographier certaines situations
où le réel s’apparente à l’irréel.
La rencontre de divers éléments vient perturber la perception
d’un espace. Des surfaces et des réseaux de lignes invraisemblables
sont ainsi créés. Tout en participant au répertoire
formel des dessins et des peintures leur configuration est
ici très différente.
Contrairement aux dessins et aux peintures chaque photo
est pourvue d’un cadre blanc. Les formes et les lignes constituant
la surface photographique ne peuvent continuer et sont
disposées dans un espace précis.
Pour ces trois médium Gilgian Gelzer ne retient pas un principe
organisateur préférant que le regard s’achemine librement
dans la réalisation comme dans l’observation.
Gilgian GELZER est né en 1951 à Berne, Suisse.
Il Vit et travaille à Paris
Gilgian Gelzer, sera au Domaine de Kerguéhennec Du 4 mars au 27 mai 2018 L’exposition est organisée en partenariat avec
la Fondation Fernet-Branca
Un catalogue est co-réaliséentre la Fondation
Fernet Branca et le Domaine de Kerguéhennec
Dans le cadre de l’exposition de
Gilgian Gelzer et RaúlIllarramendi,
Pierre-Jean Sugier, directeur et commissaire
de l’exposition propose une visite guidée gratuite le samedi 13 janvier à 14h. Pour s’inscrire : +33 3 89 69 10 77 /
info@fondationfernet-branca.org
La fondation est ouverte du
mercredi au dimanche de 13h à 18h
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Pour sa 14e édition, la dOCUMENTA, rendez-vous
quinquennal de l’art contemporain réunit 160 artistes
internationaux, à Kassel. Ils sont répartis sur plus de 20 sites
jusqu’au 17 septembre, dans la ville de Kassel, capitale
de la Hesse allemande. La question des réfugiés et des
frontières est omniprésente dans les œuvres, qui veut
ignorer le marché de l’art et ses idoles. En effet point
de star du marché occidental comme à la Biennale de Venise,
ici c’est la politique qui est abordée. A Kassel, la critique
du système est une tradition. Daniel Knorr sculpture fumante, Expiration Movement
C’est « the place to be« de l’été qui fait accourir de tous les
continents, artistes, curators, directeurs de musée,
collectionneurs et amateurs qui se veulent être dans le vent.
Certains chanceux ont déjà assisté au volet I de Documenta 14 à Athènes. Vous pouvez lire ici un résumé d‘ un curieux des arts. C’est le directeur artistique, le Polonais Adam Szymczyk, qui a la première fois ouvert cette manifestation
d’abord en Grèce le 8 avril dernier, puisant dans l’actualité riche,
matière à réflexion et renouveau.
Pourquoi Athènes ? Pour célébrer la cité de Socrate, mais surtout
pour se déclarer solidaire d’un pays soumis aux exigences
financières de l’Europe en général et de l’Allemagne en particulier. Parthénon des livres censurés de Marta Minujin
C’est une manifestation de très grande ampleur, qui envahit la ville.
Les principaux lieux sont le Palais Fridericianum, la Documenta Halle, les musées Bruder Grimm, Natur im Ottoneum,
le musée de la sculpture, etc … le pavillon de l’Orangerie,
le Palais Bellevue, les 2 Neue Galerie l’une bâtiments récupéré
d’une ex-poste, la Karlsaue. Hiwa KWhen we where Exhaling Images
La visite demande de l’organisation, une bonne constitution
physique, et une bonne paire de chaussure, mais aussi du temps.
Les hôteliers vous proposent d’entrée une carte de tram selon
vos besoins. Ce qui est bien commode, Kassel est bien desservie
en trams et bus.
Premier lieu de rencontre sur la FriedrichPlatz :
« Le Parthénon des livres« , (ci-dessus) installation artistique
monumentale, qui est l’attraction majeure de la Documenta.
L’oeuvre spectaculaire de la plasticienne argentine Marta Minujin, est un plaidoyer contre la censure sous toutes
ses formes.
L’oeuvre a exactement les mêmes dimensions que le Parthénon:
70 mètres de long sur 31 mètres de large, et 10 mètres de hauteur.
Symbole fort dans une Allemagne hantée et honteuse de son passé
nazi, le « Parthénon des livres » a été bâti à l’endroit même où en
1933 furent brûlés les livres d’auteurs juifs ou marxistes par
les sbires d’Adolf Hitler. Antonio Vega Macotelas, Mill blood
La vidéo de Bill Viola The Raft est une image de la destruction
et de la survie, une métaphore flagrante et viscérale de l’expérience
collective des catastrophes naturelles et des actes de guerre.
Bill Viola the Raft Britta Marakatt Labba raconte des histoires et des mythes
sur ses origines et la survie de la terre. Elle crée des mondes
miniatures politiquement engagés.
Les oeuvres de Cecilia Vicuña compose des poèmes
dans l’espace, «quipoems» – une contraction
du poème et du quipu. Un dictionnaire en ligne définit quipu ,
plutôt réducteur, comme « un dispositif composé d’un cordon
avec des cordes nouées de différentes couleurs attachées,
utilisées par les anciens Péruviens pour enregistrer des événements,
un type d’écriture précolombienne, tradition littéraire qui a donné
au monde des personnalités telles que Gabriela Mistral,
Pablo Neruda et Nicanor Parra. Les épaves des bateaux utilisés
par les réfugiés et échoués sur les côtes grecques sont devenues
une installation de l’artiste mexicainGuillermo Galindo et
transformées en instrument de musique.
L’artiste irakien-allemand Hiwa k (ci-dessus)
(When we where Exhaling Images) a empilé des tuyaux
d’égout sur la Friedrichsplatz en face de la documenta halle,
sous forme d’un grand cube. C’est une œuvre d’art puissante,
dont beaucoup de références se révèlent peu à peu.
De loin, il ressemble à un chantier. Si vous vous rapprochez,
vous pouvez voir que les tuyaux d’égout sont confortablement
meublés: avec des lits, des livres, des plantes vertes et des
cuisines avec du café.
La Norvégienne Maret Anne Sara à la Neue Galerie,
dénonce l’oppression des Samis par le pouvoir central
scandinave, en présentant un rideau de crânes de rennes
percés, ainsi que des photos de sa famille qui la soutient
dans son action. Maret Anne Sara
Ci-dessus c’est un résumé de ce que j’ai apprécié
Il y a une installation d‘Olaf Holtzapfel, dont je n’ai pas
saisi la nécessité de couper des arbres afin de construire
sa sculpture.
Olaf Holtzapfel
Bien que toutes les œuvres et installations en extérieur soient
prévues pour être temporaires, seize créations exceptionnelles ont pu être durablement acquises à ce jour –
donations ou acquisitions issues des diverses documenta.
Leur maintien en place n’a pas résulté d’une politique
d’acquisition systématique, mais de l’engagement participatif
de la population ainsi que de la diligence des artistes et des
mécènes. Pour onze des seize œuvres d’art en extérieur de la
documenta (dont l’installation des 7000 chênes),
La ville de Cassel en a assumé la responsabilité en tant
que propriétaire.
Elles sont représentatives de ce que chaque documenta entendait
communiquer.
Elles reflètent ainsi des étapes importantes dans l’histoire
de cette exposition d’art mondiale et constituent des
exemples actualisés des rapports de l’art avec les espaces
urbains ou paysagers. A consulter ici Déplacement et séjour à titre personnel
à mes frais
Du carnet de croquis à la toile au Kunstmuseum de Bâle, Neubau jusqu’au 24 septembre 2017
sous le commissariat de Anita Haldemann Avec 154 feuillets, le Kunstmuseum Basel abrite la plus
vaste et la plus significative collection de dessins de Paul Cézanne (1839–1906).
Cet ensemble constitue le point de départ d’une exposition
d’envergure réunissant 213 oeuvres qui illustrent
l’importance du dessin dans la création de Cézanne,
en partant des esquisses et des études jusqu’au peintures,
en passant par les aquarelles. Blatt: 17.8 x 23.7 cm; Bleistift und schwarze Kreide auf weissem Zeichenpapier; verso: Bleistift und schwarzer Stift; Inv. 1934.162
En 1934 et 1935 déjà, le Kunstmuseum Basel a fait
l’acquisition auprès du marchand d’art Werner Feuz
de deux importants lots de dessins totalisant 141 oeuvres
issues du fonds d’atelier de Paul Cézanne.
Cet ensemble va être complété par des achats auprès de
particuliers, au premier rang desquels le couple de
collectionneurs Martha et Robert von Hirsch.
Le Kunstmuseum Basel a ainsi été la première institution
à reconnaître l’importance de l’oeuvre dessinée alors
largement méconnue, ce faisant il a aussi empêché que
l’ensemble des carnets soit davantage éparpillé.
Les dessins de Cézanne, contrairement à ses aquarelles,
ont été peu exposés, en raison de leur fragilité. Ils ont été en
outre – ce qui est plus surprenant – très peu étudiés.
111 feuillets du lot appartenant au cabinet des estampes
du Kunstmuseum proviennent de cinq carnets divisés,
qui furent autant que possible reconstitués.
Dans l’exposition Cézanne révélé des feuillets provenant
d’autres collections complètent ces carnets, accompagnés
par des aquarelles et des peintures du fonds du musée,
mais aussi d’autres collections institutionnelles et privées. 101 x 65 cm; Öl auf Leinwand
Les pages de carnets, comme point de départ et coeur du
processus artistique, révèlent un aspect particulièrement
généreux de la création cézannienne, car ils permettent
un coup d’oeil par dessus l’épaule de l’artiste et une
confrontation immédiate avec sa pratique quotidienne
du dessin. Les esquisses et les études montrent ainsi
quelles oeuvres l’artiste copie au Louvre, mais aussi qu’il
ébauche des portraits dans son atelier, qu’il observe les
arbres en Provence et qu’il dessine sa femme et son fils
à la maison.
Tandis qu’il s’essaie à toutes les thématiques dans
sa jeunesse, il en vient par la suite à se concentrer sur
quelques motifs : les natures mortes, les paysages,
les baigneurs et les portraits. 34,5 x 49,5 cm; Bleistift, Aquarell und Gouache auf Papier
De petit format, ces carnets de croquis garantissent
une vision intime, car il n’ont jamais été pensé pour
un public. Ils documentent un processus d’expérimentation
et de recherche sans contrainte. A l’abri des regards, Cézanne remet profondément en question le dessin et sa
fonction, dans la mesure où il ne respecte pas les règles
courantes et escamote les usages. Des séries entières
d’études d’après nature ou de copies des maîtres anciens,
de l’antiquité à Eugène Delacroix, montrent comment
la confrontation répétée avec un motif donné pousse Cézanne à développer toujours de nouvelles options
de représentation.
Dans ses aquarelles, Cézanne a complétement repensé
le rapport entre ligne et couleur. Ainsi, le dessin n’est
souvent pas uniquement préparatoire, Cézanne retravaille
son motif avec du graphite après la pose de la couleur,
de telle manière à ce que ligne et couleur s’entremêlent
dans un jeu dynamique. Dans d’autres aquarelles, Cézanne renonce complètement au graphite et trace
des traits à l’aide d’un pinceau fin. Sur ce point aussi,
l’exposition Cézanne révélé montre combien le peintre
se soucie peu des conventions, et permet de nouveaux
et captivants regards sur une oeuvre pourtant célèbre.
Le fonds du Kunstmuseum Basel est complété par 53 prêts
de premier ordre, pour l’essentiel, des peintures et des
aquarelles issues de collections privées renommées
d’Europe et des Etats-Unis, mais aussi de musées, dont la Fondation Beyeler (Riehen/Basel), la Kunsthalle Bremen, The Art Institute of Chicago, la Staatliche Graphische Sammlung München, The Metropolitan Museum of Art (New York), The Museum of Modern Art (New York), le Musée d’Orsay (Paris), le Princeton University Art Museum, le Museum Boijmans Van Beuningen (Rotterdam), la Grafische Sammlung Albertina (Wien), le Kunsthaus Zürich u.a.
Un catalogue (allemand ou anglais)paraît à l’occasion de l’exposition
aux éditionsPrestel Verlag avec des contributions de Oskar Bätschmann,
Anita Haldemann, Henrike Hans, Fabienne Ruppen, Annegret Seger,
Richard Shiff et Matthew Simms.
Il est illustré des oeuvres présentées dans l’exposition.
L’exposition est placée sous le haut patronage de l’ambassade
de France en Suisse.
Kunstmuseum Basel | Neubau, Foyer 1er sous-sol,
veuillez entrer par le Hauptbau.