Goya à la Fondation Beyeler – Derniers jours – 23 janvier 2022

                                                      Goya St Antoine de Padoue 1798

L’exposition Goya a été organisée par la Fondation Beyeler en coopération avec le Museo Nacional del Prado, Madrid, et développée par Isabela Mora et Sam Keller. Elle est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, en collaboration avec Gudrun Maurer, Scientific Advisor. La gestion
du projet a été assurée par Ioana Jimborean et Fiona Hesse, Associate Curators.

275 ans après sa naissance, la Fondation Beyeler consacre à Francisco de Goya – précurseur majeur de l’art moderne – l’une des expositions les plus importantes réalisées à ce jour.
Pour la première fois, des tableaux de collections privées espagnoles rarement donnés à voir côtoient dans les espaces de la Fondation Beyeler des oeuvres maîtresses en provenance de collections privées et de musées européens et
américains de tout premier plan. L’exposition réunit environ 70 tableaux et plus de 100 dessins et gravures d’exception. Aujourd’hui comme du vivant de l’artiste, l’oeuvre de Goya donne à vivre une expérience sensorielle et intellectuelle unique. Depuis deux siècles, son oeuvre complexe et ambigu constitue pour de nombreux·ses artistes un repère et une référence incontournables.

Son oeuvre

                             Francisco de Goya, Vol des sorcières
                          (Vuelo de brujas), 1797 – 1798
                          Huile sur toile, 43,5 x 30,5 cm
                           Museo Nacional del Prado. Madrid
                         © Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

Francisco de Goya y Lucientes (1746–1828) occupe dans l’histoire de l’art européen une position paradoxale en tant qu’un des derniers grands peintres de cour d’une part et annonciateur de la figure de l’artiste moderne d’autre part. Afin de permettre au public d’apprécier la singularité profonde de son
activité créatrice, qui couvre la période du rococo tardif au romantisme, et de rendre justice à la richesse formelle et thématique de son oeuvre peinte, dessinée et gravée, l’exposition présente tout l’éventail des genres
et des sujets de prédilection de Goya. Conçue de manière chronologique, elle réunit des tableaux de représentation grand format tout comme des pages de carnets de croquis, mettant l’accent sur l’oeuvre tardif de l’artiste.

Peintre de cour ou peintre profane ?

L’exposition de la Fondation Beyeler donne à voir d’une part le peintre de cour et d’autre part le créateur d’univers picturaux énigmatiques et inquiétants, son oeuvre sacrée comme son oeuvre profane, ses représentations du Christ et de sorcières, ses portraits et ses peintures d’histoire, ses natures mortes et ses
scènes de genre. Outre des tableaux réalisés pour le compte de la maison royale, de l’aristocratie et de la bourgeoisie, l’exposition présente des oeuvres que Goya crée dans un espace de liberté artistique conquis à la force de sa volonté et de son talent, parmi elles des peintures de cabinet souvent réservées à un cercle
intime. Dans l’histoire de l’art européen, Goya est l’un des premiers artistes qui s’élève avec une opiniâtreté rebelle contre les dogmes et les règles qui entravent la création artistique, plaidant au contraire pour l’impulsivité et l’inventivité de l’artiste («capricho» et «invención»).

Prêts rares

Parmi les temps forts de l’exposition figurent le portrait de la duchesse d’Albe (1795) et l’emblématique Maja vêtue (La maja vestida, 1800–1807),

La Maja vêtue
(La maja vestida), 1800–1807
Huile sur toile, 95 x 190 cm
Museo Nacional del Prado. Madrid
© Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

tout comme deux tableaux rarement exposés en provenance de collections privées européennes, Maja et Célestine au balcon et Majas au balcon, que Goya peint entre 1808 et 1812. Autre particularité de l’exposition : des peintures de genre de petit format détenues pour la plupart dans des collections privées espagnoles et à ce jour rarement montrées hors d’Espagne. Dans ces tableaux, Goya – de même que dans ses dessins et ses gravures – donne libre cours à ses inspirations intimes.Tiempo muerto | El Diario VascoHospital del Apestados (L’Hôpital de la peste), 1810© Museo Nacional del Prado. Madrid – Fundación Lázaro Galdiano, Madrid – Collection du Marquis de la Romana.

Pour la première fois depuis son unique présentation à ce jour au Museo Nacional del Prado, le public pourra ainsi découvrir à la Fondation Beyeler la série complète de huit peintures d’histoire et de
genre qui nous sont parvenues de la collection madrilène du marquis de la Romana. Elles sont accompagnées des quatre célèbres panneaux dépeignant des scènes de genre de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando à Madrid, prêts d’une grande rareté.

Vie sociale, politique et religieuse

                                                La trinité
Dans ses scènes de genre et ses peintures d’histoire, Goya dépeint des incidents de la vie quotidienne sociale, politique et religieuse mouvementée des Espagnoles et des Espagnols aux alentours de 1800.
Parmi les décors récurrents de ces scènes figurent les marchés et les arènes, les prisons et les institutions ecclésiastiques, les asiles de fous et les tribunaux de l’Inquisition. Les sorcières constituent également un motif majeur, par lequel Goya illustre la superstition de son temps. Outre un groupe de gravures des
Désastres de la guerre (Los desastres de la guerra, 1811–1814), l’exposition présente une sélection de planches de la série des Caprices (Los caprichos) parue en 1799, parmi elles la célèbre gravure no. 43 au titre éloquent Le Sommeil de la raison enfante des monstres, qui reflète le constat mélancolique et résigné de Goya que ni la raison ni l’ironie et le sarcasme ne peuvent lutter contre la déraison.

Les Caprices (Planche 43) : Le Sommeil de la raison produit des monstres ; El Sueño de la razon produce monstruos
Inscription, en haut à droite : 43. ; titre, en bas à gauche : El Sueño de la razon produce monstruos ; tampon, au dos : musée Goya
Eau-forte et aquatinte

                                     les tribunaux de l’Inquisition.

L’univers pictural énigmatique et insondable de Goya lui vaut une grande estime depuis le romantisme français au début du
19ème siècle. Parmi les artistes de la modernité, Pablo Picasso et Joan Miró, Francis Bacon et les surréalistes ont éprouvé une affinité profonde avec son art. Goya constitue aussi une référence importante pour de nombreux·ses artistes contemporain·e·s, dont Marlene Dumas et Philippe Parreno.

Une chance pour les personnes des trois régions, France, Allemange, Suisse, de voir un panorama de Goya sans aller en Espagne et ailleurs.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Sommaire du mois de juillet 2021

Fête de l’été à la Fondation Beyeler

26 juillet 2021 : Elles font l’abstraction
22 juillet 2021 : Museum Tinguely AHOY !
16 juillet 2021 : Centenaire de la naissance d’Ernst Beyeler
14 juillet 2021 : Christian Boltanski
10 juillet 2021 : Frieder Burda, en souvenir
05 juillet 2021 : Circumnavigation jusqu’à Épuisement
01 juillet 2021 : Palais Augmenté

Centenaire de la naissance d’Ernst Beyeler

Merci à lui de nous avoir permis d’accéder à son immense collection, choisie avec tant de discernement, de ne pas l’avoir enfermée égoïstement dans un coffre ou dans la zone franche de Genève. Merci de tout cœur.

Le 16 juillet 1921 naissait Ernst Beyeler, fondateur de la Fondation Beyeler. En tant qu’un des galeristes les plus influents de son temps, il a constitué avec son épouse Hildy l’une des plus importantes collections d’art moderne au monde, hébergée depuis 1997 à la Fondation Beyeler dont le bâtiment a été conçu par l’architecte italien Renzo Piano. En tant que co-fondateur d’Art Basel, Ernst Beyeler a fortement contribué au rayonnement culturel international de la ville de Bâle.
Ernst Beyeler est né le 16 juillet 1921 à Bâle. Pendant sa formation commerciale et ses études d’économie et d’histoire de l’art à l’Université de Bâle, il travaille pour le magasin de livres rares et anciens « La Librairie du Château d’Art » d’Oskar Schloss à Bâle, qu’il reprend en 1945 et rebaptise « Galerie Beyeler »
en 1952. Dans les années qui suivent, Ernst Beyeler y organise de nombreuses expositions qui lui valent une renommée croissante à l’international. Des amitiés étroites se nouent avec des artistes tels Pablo Picasso, Alberto Giacometti, Jean Dubuffet, Francis Bacon, Jean Tinguely, Robert Rauschenberg et Bridget Riley. Dans les années 1980, deux expositions de sculptures qu’organise Ernst Beyeler sous le titre « La sculpture au 20ème siècle » marquent particulièrement les esprits – en 1980 il réunit environ 200 oeuvres d’Auguste Rodin à Richard Serra au Wenkenpark à Riehen et en 1984 220 oeuvres d’Antoine Bourdelle à Joseph Beuys au Merian-Park à Bâle.
Plus de cinquante années durant, Ernst et Hildy Beyeler constituent l’une des plus importantes collections d’art moderne. Aujourd’hui, la collection de la Fondation Beyeler compte plus de 400 oeuvres d’art moderne et contemporain. Elle s’étend de l’impressionnisme et post-impressionnisme, avec des oeuvres de Paul Cézanne, Vincent van Gogh et Claude Monet, en passant par le cubisme, avec Pablo Picasso (qui occupe une place centrale dans la Collection Beyeler) et Georges Braque, à des groupes d’oeuvres majeurs de Joan Miró, Piet Mondrian, Henri Matisse, Alberto Giacometti et Paul Klee. L’expressionnisme américain est fortement représenté avec des oeuvres de Mark Rothko et Barnett Newman. Depuis, l’envergure et la réputation de la collection ne cessent de croître grâce à de nouvelles acquisitions d’artistes de premier plan, comme Louise Bourgeois, Marlene Dumas, Jenny Holzer, Roni Horn, Gerhard Richter, Philippe Parreno ou Wolfgang Tillmans. La qualité exceptionnelle de la collection est actuellement donnée à voir dans la présentation « Natureculture », et ce jusqu’au 21 septembre.
Afin de rendre la collection accessible au public, la Fondation Beyeler est inaugurée en 1997 à Riehen dans un bâtiment conçu par Renzo Piano. Ernst et Hildy Beyeler avaient une vision bien précise: la Fondation Beyeler devait être un musée ouvert et vivant, capable de passionner un large public pour l’art. Aujourd’hui, la Fondation Beyeler est le musée d’art le plus visité de Suisse et elle est considérée comme l’un des plus beaux espaces artistiques au monde.
La Beyeler-Stiftung prévoit déjà l’avenir avec un projet d’extension conçu avec l’architecte suisse Peter Zumthor dans le parc Iselin-Weber voisin.
En tant que co-fondateur de la foire de l’art Art Basel, Ernst Beyeler a fortement contribué à faire de Bâle l’un des principaux lieux de rencontre internationaux du monde de l’art. Ernst Beyeler a ainsi toujours concilié un attachement profond à sa ville d’origine avec une perspective résolument internationale.
Au-delà de sa passion pour l’art, il s’engage pour la nature et la protection de l’environnement, et en 2001 il établit avec son épouse Hildy la fondation
« L’art pour la forêt tropicale ».
À l’occasion du centenaire d’Ernst Beyeler, une nouvelle publication à paraître l’année prochaine donnera une vision d’ensemble approfondie de sa vie et de ses engagements, enrichie d’anecdotes et d’images d’archive.
En 2022, la Fondation Beyeler fêtera ses 25 ans d’existence avec une série d’événements et d’initiatives.
Mon article à l’occasion de son décès

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00 – 18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
Accès
Tram n° 2 depuis la gare de Bâle, changer à Messeplatz, tram n° 6
jusqu’à l’arrêt Fondation Beyeler

Sommaire du mois d’avril 2021

Fondation Beyeler, terrasse de la Villa Berower

Calendrier du déconfinement du 29 avril 2021

Et la Covid est toujours là !!!

24 avril 2021 : Life – OLAFUR ELIASSON à la Fondation Beyeler
23 avril 2021 : « Faces » d’Anne-Sophie Tschiegg
20 avril 2021 : LENZ AU MUSÉE
17 avril 2021 : Anne-Catherine Goetz
11 avril 2021 : Donner son sang au musée !
9 avril 2021 : Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat
7 avril 2021 : La Fondation Beyeler et Nordstern Basel présentent Dixon x Transmoderna
4 avril 2021 : Joyeuses Pâques
1 avril 2021 : Philippe GELUCK, Le Chat à Matignon

Life – OLAFUR ELIASSON à la Fondation Beyeler

Olafur Eliasson, Life, 2021, Photo: Mark Niedermann, Courtesy of the ar9st;
neugerriemschneider, Berlin; Tanya Bonakdar Gallery, New York / Los
Angeles © 2021 Olafur Eliasson

Je n’ai qu’une hâte, c’est que la frontière s’ouvre afin de courir à la Fondation Beyeler pour y découvrir la dernière exposition consacrée à Olafur Eliasson.
Cela semble être une fantastique fête de l’eau, de l’humain, de la nature, un hymne à la vie sous toutes ses formes, animale et végétale, un spectacle de lumière, de couleurs, une ouverture grandiose pour tous, une ode à la vie, au climat,  pour le plaisir de tous les sens.

                                           LIFE OLAFUR ELIASSON
                                           AVRIL à JUILLET 2021

L’artiste dano-islandais Olafur Eliasson (né en 1967) s’exprime par la sculpture, la peinture, la photographie, le film, l’installation et les médias numériques. Son oeuvre traite des questions de perception, de mouvement, d’expérience corporelle et de la relation entre la perception de soi et le sens de la communauté. Il ne se limite pas aux musées et aux
galeries, mais implique le public à travers des projets architecturaux, des interventions dans des espaces publics, l’éducation artistique, l’élaboration de politiques et l’action climatique.
Olafur Eliasson est internationalement connu pour ses installations qui remettent en question la façon dont nous percevons notre environnement et contribuons à le façonner.

Sam Keller, directeur de la Fondation

Cette oeuvre d’art est une expérience collective.
Elle remet en question nos conventions en
matière d’art, de nature, d’institution et de vie, en tentant d’abolir leurs frontières. Les plantes, les animaux, les êtres humains et les microorganismes cohabitent dans cette oeuvre.
L’heure de la journée et la météo influencent
l’évolution et la perception de cette exposition.
Life est accessible à toute heure (billets 9-21h)

Olafur Eliasson

Je m’intéresse de plus en plus à la vie non pas du point de vue de l’être humain, mais avec une perspective plus large, du point de vue biocentrique. Je me suis amusé à créer des néologismes, à transformer des noms en verbes – en parcourant mon exposition, je m’efforce d’arbrer, par exemple – afin d’aborder des perspectives dépassant celles que nous concevons habituellement en tant qu’êtres humains.
La vie, chez les humains, chez les mammifères, est subordonnée à l’inspiration et à l’expiration, à l’oxygène. Pour reprendre la terminologie des anthropologues Natasha Myers et Timothy Choy, je dirais également que la vie con-spire – en jouant sur l’étymologie du mot (« respirer avec ») et la définition que l’on en trouve habituellement dans le dictionnaire. Nous conspirons avec les arbres, les uns avec les autres, et avec la
planète.

Olafur Eliasson Life, 2021 (Détail)

Pour reprendre les mots de l’anthropologue Anna L. Tsing :
« La précarité semblait autrefois être le sort des moins fortunés. Aujourd’hui, nos vies nous paraissent précaires –alors même que, actuellement, nos poches sont pleines. »

Life, mon oeuvre, et la Fondation Beyeler se confondent avec le parc environnant, le paysage urbain, la planète tout entière, et prennent vie à travers tout ce qui s’y trouve et tous ceux qui s’y rencontrent.
Depuis mes premiers travaux d’artiste au début des années 1990, je m’intéresse à la perception et aux conditions cognitives et culturelles qui la façonnent.
Life prend vie à travers la rencontre active que l’on en fait, à travers la perception de chacun. J’ai volontairement opté pour une absence de textes didactiques ou explicatifs en regard des oeuvres d’art afin d’éviter d’influencer la perception des visiteurs et leur appréhension de l’exposition. Il est important pour moi de ne pas partager une perspective limitée et prédéfinie de Life. Certaines de mes réflexions sur la réalisation de l’oeuvre d’art et sa pérennité, ainsi que mes sources d’inspiration pour ce travail, se trouvent ici. Dans le même temps, j’accueille les contributions des visiteurs – leurs attentes, leurs souvenirs, leurs pensées, leurs émotions.
Life présente un modèle de paysage futur. Un environnement accueillant. Lorsque Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, et moi avons discuté de l’exposition pour la première fois il y a deux ans, je me suis dit :
« Pourquoi ne pas inviter tout le monde à l’exposition ? Invitons la planète – les plantes ainsi que plusieurs espèces différentes. »
Je voulais ouvrir plus qu’une brèche : je tenais à supprimer toutes les limites structurelles qui créent une barrière entre le musée et l’extérieur – et je suis reconnaissant à la Fondation Beyeler et l’architecte Renzo Piano, qui a conçu le musée, pour la confiance qu’ils m’ont accordée en me laissant précautionneusement et soigneusement retirer la façade en verre
de la bâtisse.

Olafur Eliasson Life, 2021 Photo: Mark Niedermann
Courtesy of the artist; neugerriemschneider, Berlin; Tanya Bonakdar
Gallery, New York / Los Angeles
© 2021 Olafur Eliasson

 Lorsque nous reconnaissons que nos vies sont inextricablement liées à notre
environnement, ainsi qu’à des structures et des systèmes qui vont bien au-delà de notre contexte local, nous apprenons, je crois, que nous sommes tous vulnérables et que nous ne contrôlons pas tout. Nous agissons et interagissons dans des situations définies par l’incertitude et des résultats peu clairs.

De concert avec le musée, je cède le contrôle à l’oeuvre d’art et, pour ainsi dire, je donne tout pouvoir aux visiteurs humains, mais aussi aux visiteurs non-humains, aux plantes, aux micro-organismes, aux caprices du temps, au climat – un grand nombre d’éléments que les établissements artistiques s’efforcent habituellement de tenir à l’écart. Au lieu de cela, nous invitons chaque être et chaque chose à l’intérieur. 

Philosophe, poétesse scientifique, architecte paysagiste

Je m’intéresse à la façon dont nous u8lisons nos sens, à la façon dont nous utilisons notre perception. Que se passe-t-il lorsque nous devenons insensibles à notre environnement ?
Le studio  – www.olafureliasson.net_ Olafur Eliasson, basé à Berlin, réunit une vaste équipe d’artisans, d’architectes, d’archivistes, de chercheurs, de cuisiniers, d’historiens de l’art et de techniciens spécialisés.

Mon amie Pireeni Sundaralingam, poétesse et spécialiste en sciences cognitives, a mené des recherches sur la manière dont les environnements numériques sont souvent conçus comme des systèmes de captation de l’attention générant un stress neurologique et des schémas comportementaux qui se fondent sur la menace. Elle soutient que les environnements sensoriels riches et les espaces numériques ou physiques incertains – par opposition à
« menaçants » – ont un impact positif en termes de développement cérébral sur la croissance, la créativité, l’innovation et la résilience. J’ai l’espoir que Life encourage les visiteurs à faire l’expérience d’eux-mêmes dans un paysage élargi – ouvert, incertain – et qu’ils se voient en tant qu’êtres composites au sein d’écologies plus vastes et insoumises
.
Life offre aux visiteurs la possibilité de mettre tous leurs sens en éveil. Les odeurs de plantes et d’eau, les sons environnants et l’humidité de l’air incitent les visiteurs à dépasser la vision seule pour explorer les oeuvres d’art.
Life invite à une « conscience panoramique » au coeur du paysage.

Elle suggère que, ce qui est derrière vous, de chaque côté de vous, ou
au-dessus de vous est tout aussi important que ce qui est devant vous et au-delà.
J’ai récemment fait la connaissance de Natasha Myers, anthropologue et danseuse. Elle nous invite – comme elle le formule elle-même – à
« végétaliser » nos sens afin de saisir le potentiel des relations entre les plantes et les êtres humains. Dans son essai, Natasha Myers s’interroge : « Que désirent les plantes ? Que savent les plantes ? Que peut faire une plante ? Nous ne le savons pas encore. Mais nous pourrions allez à leur rencontre avec l’honnêteté et la candeur de ne pas savoir, et en laissant de côté ce que nous prenons pour de la connaissance. »

Invitation

Je vous (OE)vous invite à découvrir l’exposition par vous-même. Si vous ne pouvez pas vous rendre en personne à la Fondation Beyeler, vous aurez la possibilité de la visiter sur le site  – www.olafureliasson.net/life,- à toute heure du jour et de la nuit, pour voir s’alterner en direct les points de vue humains et non-humains.
Le microsite qui accompagne l’exposition, www.life.fondationbeyeler.ch, rassemble les matériaux qui ont inspiré l’exposition et continuent de s’étoffer, notamment une série de conversations que j’ai eues avec la Prof. Anna Wirz Justice, le professeur Günther Vogt, Sam Keller et Pireeni   Sundaralingam.    

                                         Photo: Patricia Grabowicz  «Life» En collaboration avec VOGT ,Case Studio.

Je leur suis redevable d’avoir partagé leurs connaissances avec moi au cours de ces conversations déterminantes dans l’élaboration de cette oeuvre. Comme je considère leurs perspectives fascinantes et importantes, je leur ai demandé de se rendre disponibles pour des entretiens sur leur propre travail, ce qu’ils ont aimablement accepté de faire.

Certaines Photos courtoisie Fondation Beyeler

MÉDIAS SOCIAUX
Pour les dernières mises à jour sur l’exposition, visitez life.fondationbeyeler.ch, retrouvez-nous sur Facebook
à facebook.com/fondationbeyeler, ou suivez @studioolafureliasson et @fondationbeyeler sur Instagram.

Informations pratiques

HORAIRES D’OUVERTURE:
Lundi à Dimanche 10–18
Mercredi 10–20
365 jours par an (y compris les jours fériés)
Life accessible à toute heure (billets 9-21h)

FONDATION BEYELER
Baselstrasse 101
CH-4125 Riehen/Basel
Tél. +41 61 645 97 00
Fax +41 61 645 97 19
info@fondationbeyeler.ch

La Fondation Beyeler et Nordstern Basel présentent Dixon x Transmoderna

En collaboration avec l’équipe de Transmoderna, la Fondation Beyeler accueille Dixon, l’un des plus grands noms de la scène électronique, pour une session de mix unique lors de laquelle le DJ streamera en réalité virtuelle dans les locaux du musée. Cet ambitieux projet audiovisuel a été diffusé le 31 mars à 20 heures en partenariat avec la plateforme musicale Beatport et de Denon DJ.


Vidéo Planifié pour le 7 avr. 2021

Dixon

Dixon a choisi comme point de départ de cette expérience virtuelle l’architecture ainsi que le parc du musée, qui ont été, à cette fin, modélisés en 3D. Il prend la forme d’un avatar aux traits hyperréalistes et mixe un set exclusif d’une heure. Tout spécialement pour cette performance, Transmoderna a sélectionné une série d’œuvres issues de la collection de la Fondation qui apparaîtront aux côtés de l’avatar dans les salles d’exposition pendant le set – il s’agit, entre autres, de photographies de Wolfgang Tillmans, de sculptures de Auguste Rodin et de peintures de Paul Klee.

Des travaux d’artistes numériques renommés viennent, en outre, s’ajouter à ces œuvres d’art. Pour la réalisation de ce projet, Transmoderna a collaboré pour la première fois avec Sofia Crespo, artiste neuronale, Sabrina Ratté, artiste multimédia, et Feileacan McCormick, artiste génératif. Pendant la session de mix, les œuvres d’art ainsi que l’architecture du bâtiment sont modifiés grâce aux effets spéciaux assistés par intelligence artificielle et se transforment en une œuvre d’art totale hyperréaliste.

La musique

La musique influence aussi cette transformation. Contrairement aux performances dans une salle de club, les musiques choisies par l’avatar de Dixon transforment les salles d’exposition virtuelles grâce à des effets audio-réactifs – scindements, déplacements et inversions complètes des espaces virtuels du musée. Un titre en particulier illustre bien cette transformation :
il s’agit de « Can’t escape into space » de Wolfgang Tillmans, qui est présenté avant la sortie de l’album qui l’accompagne.


Le stream est filmé par Aaron Jablonski, artiste numérique, et réalisé entièrement sur Unity, un moteur de jeu multiplateforme permettant d’obtenir des visuels hyperréalistes extrêmement avancés. La cabine DJ Denon de l’avatar de Dixon a été créée spécialement pour cette session par l’architecte Timur Novikov.

Dixon x Transmoderna se déroule dans le cadre d’art.set, un programme de la Fondation Beyeler réalisé en collaboration avec Nordstern, discothèque bâloise spécialisée dans la musique électronique et qui présente, dans un contexte artistique, des musiciens électroniques internationaux en direct ou en ligne.

Session de mix virtuelle
Mercredi 31 mars, 20 heures UTC+1
Beatport Youtube / Twitch / Facebook Fondation Beyeler Youtube / Facebook Nordstern Basel Facebook
Transmoderna Facebook
Dixon Facebook
Denon DJ Facebook

Dixon et Transmoderna
Transmoderna est un collectif d’artistes et de créateurs de contenus numériques ; ensemble, ils ont développé l’idée d’un club virtuel. Transmoderna existe depuis 2019 et compte, outre son fondateur Steffen Berkhahn (alias Dixon), Ana Ofak, théoricienne des médias et directrice créative, Timur Novikov, architecte, et Aaron Jablonski, artiste numérique.

Intervenants : Dixon (DJ / Chef de production), Ana Ofak (Transmoderna / Directrice créative, curatrice), Timur Novikov (Transmoderna / Directeur visuel, curateur), Aaron Jablonski (Transmoderna / Directeur technique), Sofia Crespo (Transmoderna / Art neuronal), Sabrina Ratté (Transmoderna / Multimédia), Feileacan McCormick (Transmoderna / Art génératif), Alan Ixba (Transmoderna / Assistance technique), Carlos Minozzi (Transmoderna / Vidéographie), Tim Deussen Studio (Modélisation 3D), Mimic Productions (Production de personnages numériques / Capture d’images), Rania Kim (Productrice), Sandira Blas (RP), Franka Marlene Foth (Chorégraphie), Rauke Lea Hollender (Transmoderna / Réseaux sociaux)

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours de 10h00 à 18h00, et le mercredi jusqu’à 20h00.

Sommaire du mois de février 2021

Photo Robert Cahen

21 février 2021 : Noir & Blanc : une esthétique de la photographie
17 février 2021 : Le noir insondable, ultime – Pierre Soulages,
13 février 2021 : ORLINDA GALLERY
07 février 2021 : Gustave Doré, Illustrateur, caricaturiste, peintre, graveur et sculpteur français.
04 février 2021 : La Fondation Beyeler a rouvert ses portes au public
02 février 2021 : La Chandeleur

La Fondation Beyeler a rouvert ses portes au public

La Fondation Beyeler a rouvert ses portes au public – par le truchement du jeu Nintendo Switch « Animal Crossing: New Horizons ». L’idée de reconstruire le musée en ligne est née au sein de l’ART LAB, projet participatif d’éducation artistique de la Fondation Beyeler.


Pendant l’actuelle fermeture temporaire du musée dans le cadre des mesures prises par les autorités pour endiguer l’épidémie du Covid 19, la Fondation Beyeler a rendu accessible en ligne l’un de ses chefs-d’oeuvre: il s’agit du bâtiment même du musée, icône architecturale conçue par Renzo Piano.
La décision de ce projet de construction numérique a été prise par les participant·e·s de l’ART LAB: après avoir jonglé avec plusieurs idées, ils·elles ont fini par développer ce projet d’expérience virtuelle du musée, qui permettra ils·elles l’espèrent d’inspirer à d’autres jeunes un enthousiasme pour l’art.
Les jeunes passionné·e·s d’art ont été accompagné·e·s dans leur projet par des éducateurs·rices artistiques de la Fondation Beyeler et par l’experte en jeux vidéo Tonja van Rooij.

Les joueurs

Les joueurs·ses du jeu Nintendo Switch « Animal Crossing: New Horizons » peuvent désormais arpenter de manière numérique les espaces exceptionnels du musée à Riehen aux abords de Bâle, admirer des oeuvres légendaires de la Collection Beyeler, et découvrir le trésor caché du musée d’art le plus visité de Suisse. Les oeuvres exposées sont celles d’artistes tels Claude Monet, Kasimir Malevitch ou Piet Mondrian mais aussi « Le Penseur » d’Auguste Rodin de l’actuelle exposition « Rodin/Arp » ainsi qu’un « Bonhomme de neige » en référence à l’oeuvre du duo d’artistes suisses Fischli/Weiss.

L’avatar

L’avatar du musée est costumé en abeille enjouée et ce n’est pas une coïncidence. Le patronyme des fondateurs du musée et célèbres collectionneurs Ernst et Hildy Beyeler dérive du mot « apiculteur ». On peut dire que l’art était leur miel. Nichée dans l’écrin de verdure du Riehen natal d’Ernst Beyeler, la Fondation Beyeler offre une combinaison unique d’art, de nature et d’architecture, qui rend chaque visite spéciale.

L’actualité

Ces derniers temps cependant, avec la fermeture de la plupart des lieux et des restrictions strictes pesant sur les voyages et les déplacements, le privilège d’une visite à la Fondation Beyeler a été réservé à quelques heureux·ses élu·e·s ayant la chance de vivre à proximité. Et actuellement, personne ne peut en profiter. Mais comme nous le savons, de la nécessité naît l’invention. Par ses canaux numériques, la Fondation Beyeler a trouvé de nouvelles manières d’aller à la rencontre des gens et de transposer les expériences artistiques directement dans leurs salons – avec des visites guidées en live, des ateliers en ligne, des moments de rap, de comédie ou de méditation filmés dans le musée vide avec pour inspiration les expositions en cours.

Animal Crossing

La présence de la Fondation Beyeler dans l’univers de « Animal Crossing » ajoute désormais une nouvelle dimension à son activité numérique. Elle fait revivre l’idée du musée en tant que lieu potentiel de calme et de réflexion.
Dans l’univers de « Animal Crossing », nous trouvons une réponse au désir de décélération qui grandit face à l’accélération incessante de notre époque tant dans le monde virtuel que réel. Nous y trouvons paix et repos, et nous nous y retrouvons les uns les autres autour de notre socle commun.
Pour la Fondation Beyeler, ce socle est la passion pour l’art, qu’elle souhaite partager avec autant de personnes que possible. Dans les moments difficiles, il est particulièrement bon de se rappeler à quel point l’art peut être stimulant et fascinant.

Informations pratiques

Pour visiter la Fondation Beyeler dans le jeu « Animal Crossing », les joueurs·ses peuvent saisir le code DA-8144-8773-0219 qui les transportera vers la “Beyeler Island” dans leur sommeil virtuel pour se promener dans les espaces intérieurs et extérieurs du musée.

Concours

Pour célébrer l’ouverture du musée dans « Animal Crossing », remportez l’une de trois consoles Nintendo Switch avec « Animal Crossing: New Horizons » offertes par la Fondation Beyeler. Modalités de participation disponibles sur les comptes de réseaux sociaux du musée.


À propos de l’ART LAB

Au fil de plusieurs mois, les participant·e·s de l’ART LAB développent leur propre projet d’éducation artistique visant à inspirer à d’autres jeunes un enthousiasme pour l’art. Le programme comprend des visites d’expositions et des échanges avec les équipes de la Fondation Beyeler. Les participant·e·s de l’ART LAB sont encouragé·e·s à faire preuve d’initiative et à se familiariser avec les méthodes de travail artistiques et les processus créatifs.
Les jeunes passionné·e·s d’art sont accompagné·e·s dans leur projet par des éducateurs·rices artistiques de la Fondation Beyeler. Les participant·e·s de l’ART LAB peuvent demeurer actifs·ves au sein de projets des ancien·n·e·s de l’ART LAB, maintenant ainsi le lien avec la Fondation Beyeler sur le long terme. La participation est gratuite, limitée à 15 personnes et possible de 15 à 25 ans.
La prochaine édition de l’ART LAB débutera au printemps 2021.
Pour en savoir plus:
https://www.fondationbeyeler.ch/fr/vermittlung/young/art-lab


Mention spéciale:

Le projet doit beaucoup à Tonja van Rooij pour ses précieux consArt Lab bénéficie du généreux soutien de Max Kohler Stiftung.

Images: illustrations et photos de Pati Grabowicz

Informations complémentaires:
www.fondationbeyeler.ch
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
Le musée est actuellement fermé jusqu’au 28 février 2021

Sommaire du mois de décembre 2020

Rodin, le Baiser 1889-98, bronze, collection de la Fondation Pierre Gianadda
®photo Michèle Strauss

Je dédie cette annus horribilis 2020, à ma petite nièce Virginie Ingold,
qui est allée rejoindre son père Dominique Ingold et son cousin Pierre Bayon, parmi les anges.

« Tu es une femme en or, d’une gentillesse incroyable, malgré tout… Souriante, drôle et serviable…La vie est injuste, et comme à son habitude, elle fait toujours partir les meilleurs en premier… 🙏❤
Fait bon voyage « belle brune » »
je laisse la parole ci-dessus à l’un de ses amis, Jojo Caro Mylan Wittmer, (extrait)


 

26 décembre 2020 :  Un monde infini : Artistes chamanes, autour d’une collection de l’Himalaya
23 décembre 2020 :  Noël 2020
21 décembre 2020  :  Katja Aufleger. GONE
14 décembre 2020  :  Rodin / Arp à la Fondation Beyeler
10 décembre 2020  :  Cadeaux de Noël
08 décembre 2020 :   Jean Pierre Parlange à l’appartement
07 décembre 2020  :  Putain de Covid
05 décembre 2020  :  Rembrandt, la Pièce aux cent florins

Rodin / Arp à la Fondation Beyeler

 Ptolémée III, Hans Arp et le Penseur de Rodin

Jusqu’au 16 mai 2021, l’exposition a été conçue par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, en coopération avec le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, Remagen, et organisée en collaboration avec le Musée Rodin, Paris. L’exposition est placée sous le commissariat de Dr. Raphaël Bouvier, commissaire d’exposition à la Fondation Beyeler.

* En raison de la nouvelle réglementation officielle du 11 décembre 2020 pour contenir le virus corona, le musée sera temporairement fermé jusqu’au 22 janvier 2021.

Pour la première fois, une exposition muséale fait dialoguer Auguste Rodin (1840–1917) et Hans Arp (1886–1966), mettant face à face l’oeuvre pionnier du grand réformateur de la sculpture du 19ème siècle finissant et l’oeuvre influent d’un des protagonistes majeurs de la sculpture abstraite du 20ème siècle. Les deux artistes possédaient une puissance d’innovation artistique et un goût pour l’expérimentation exceptionnels. Leurs oeuvres ont fortement marqué leur époque et ont conservé toute leur actualité.

« Et ainsi la vérité de mes figures, au lieu d’être superficielle, sembla s’épanouir du dedans au dehors comme la vie même. »

Auguste Rodin

« Nous ne voulons pas copier la nature. Nous ne voulons pas reproduire, nous voulons produire. Nous voulons produire comme une plante qui produit un fruit et ne pas reproduire. »

Hans Arp

Hommage et affinités

Les créations d’Auguste Rodin et de Hans Arp illustrent de manière impressionnante et exemplaire des aspects fondamentaux du développement de la sculpture moderne. Rodin a ainsi introduit des idées et des possibilités artistiques radicalement nouvelles dont Arp s’est saisi plus tard dans ses formes biomorphes, les faisant évoluer, les réinterprétant ou les contrastant.
Il n’est à ce jour pas certain que Rodin et Arp se soient jamais rencontrés personnellement, mais leurs oeuvres présentent des liens de parenté artistique et de références communes, tout comme des différences, qui font de la confrontation de leurs créations singulières une expérience visuelle particulièrement éloquente.

Inspiré de La porte de l’enfer (site)



un coup d’oeil sur le site permet de voir le détail

Le baiser ne se trouve pas dans la Porte de l’Enfer, il est remplacé par le couple
Paolo et Francesca (photo de gauche, sculpture qui n’est pas dans l’exposition)

Le Parcours

L’exposition (en vidéo)prend pour point de départ la sculpture de Hans Arp Sculpture automatique (Hommage à Rodin) de 1938 et son poème Rodin de 1952, hommages explicites au grand précurseur, qui illustrent aussi le vaste éventail créatif de Arp, allant de la sculpture à la poésie. Outre ces références explicites, le dialogue entre Rodin et Arp révèle aussi de nombreux autres liens, repères et préoccupations artistiques communs. L’exposition met ainsi en lumière des rapports de contenu et d’approche conceptuelle qui s’enracinent dans l’exploration de thèmes existentiels tels la création, la croissance, la transformation et la déchéance. Il en résulte des représentations de corps humains, animaux ou végétaux qui se fondent de manière nouvelle.

Entre assemblage et hasard

On rencontre chez Rodin et chez Arp une conception de la nature et de l’art toute singulière et pourtant comparable, qui met en avant le processuel et l’expérimental, et fait aussi du hasard un principe artistique. Les deux artistes s’intéressent à l’idée du vivant en tant que thème philosophique, auquel ils donnent corps dans des sculptures éclatantes de vitalité.

Arp
Fragment et intégralité – le torse

Les sculptures de Rodin et de Arp, mouvementées et émouvantes, fascinent aussi par leur jeu de volumes sensuels, fluides et immaculés d’une part et de surfaces et de formes altérées et accidentées d’autre part, qui trouvent leur idéal dans le torse. L’articulation entre construction et déconstruction est aussi palpable dans le genre de l’assemblage, que Rodin introduit en sculpture et que Arp développe plus avant. Il apparaît aussi chez les deux artistes des liens dans la méthode, par exemple dans le transfert des figures d’un matériau à un autre, et dans leur réalisation à différentes échelles allant du petit format au monument. Leur attention porte aussi sur la présentation de leurs sculptures, en particulier sur le socle, que Rodin est le premier à remettre en question.

Naissance et croissance

Enfin, il existe entre Rodin et Arp des liens en termes de motifs, par exemple celui de l’ombre, de la main créatrice ou du vase en tant qu’objet et volume. Les deux artistes puisent pour cela souvent dans la littérature, par exemple la mythologie antique ou la Divine Comédie de Dante.

Expériences sur papier
Corps et vases
Arp, Etoile
Rodin, Je suis Belle
Rodin, muse
Arp, Amphore relief

Réunissant environ 110 oeuvres de musées et de collections privées du monde entier, «Rodin / Arp» est l’une des expositions de sculpture les plus vastes présentées à ce jour par la Fondation Beyeler. Si l’exposition met l’accent sur les sculptures d’Auguste Rodin et de Hans Arp (y compris une sculpture d’extérieur monumentale dans le parc du musée), elle présente également des reliefs de Arp ainsi que des dessins et des collages des deux artistes.

L’exposition réunit des oeuvres emblématiques comme Le Penseur et Le Baiser de Rodin ou Ptolémée et Torse de Arp.
Des oeuvres moins célèbres font apparaître d’autant plus clairement les liens artistiques qui unissent les deux artistes.

L’exposition a été conçue par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, en coopération avec le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, Remagen, et organisée en collaboration avec le Musée Rodin, Paris. L’exposition est placée sous le commissariat de Dr. Raphaël Bouvier, commissaire d’exposition à la Fondation Beyeler.

En lien avec l’exposition «Rodin / Arp», la célèbre chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker, dont le travail compte parmi les plus influents de la danse contemporaine, présentera une nouvelle création,
à voir à la Fondation Beyeler entre le 29 janvier et le 14 février 2021.
Anne Teresa De Keersmaeker confronte son intervention chorégraphique
Dark Red aux univers sculpturaux d’Auguste Rodin et de Hans Arp.
La puissance palpable de l’obsession de Rodin pour le corps humain et sa force narrative implicite tout comme la soif d’émancipation formelle de Arp trouvent un écho direct dans la recherche chorégraphique de De Keersmaeker: une exploration des capacités d’abstraction du corps, un agencement du mouvement dans le temps et dans l’espace.

sur mon blog ma visite au musée Rodin au sujet de la Porte de l’Enfer

Horaire

Du lundi au samedi de 10h – 18h
Mercredi de 10h – 19h

* En raison de la nouvelle réglementation officielle du 11 décembre 2020 pour contenir le virus corona, le musée sera temporairement fermé les dimanches, jours fériés et après 19 heures jusqu’au 22 janvier 2021.

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