L’idée de départ de « Retrospectives and Reversals » consistait à sélectionner les détails majeurs de dix des plus célèbres travaux de Warhol et à les rassembler dans différentes œuvres. L’artiste a donc réuni les extraits de cette sorte de « Top Ten » de sa création pour réaliser de nouveaux tableaux, créant un effet de distanciation par le procédé d’inversion. D’où une puissante transformation du motif, encore intensifiée par sa multiplication. L’emploi de la lumière et des ombres prête une importance accrue à cette série ; Warhol avait pourtant déjà exploré la lumière « cachée » de pierres précieuses dans sa série « Gems » (pierres précieuses) et la sombre luminosité des négatifs dans sa série « Shadows » (ombres). Warhol a exploité ces expériences antérieures dans « Retrospectives and Reversals », une série qui est au cœur de cette exposition et révèle l’orientation mélancolique que prend l’œuvre de l’artiste durant cette période. L’exposition Andy Warhol fait partie de la présentation de la Collection et a pour commissaire Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, Catherine Iselin en est le commissaire adjoint. On peut la voir du 8 juin au 22 septembre 2013 dans les salles 20-22 du Souterrain ainsi qu’au Jardin d’hiver de la Fondation Beyeler. www.fondationbeyeler.ch Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
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La Fondation Beyeler présente la deuxième Calder Gallery, aménagée en collaboration avec la Calder Foundation et consacrée à un aspect encore inexploré de la création d’Alexander Calder.
En 1933, quand la situation politique internationale pousse l’artiste à quitter Paris pour regagner l’Amérique du Nord, il s’installe à demeure avec son épouse Louisa à Roxbury, Connecticut, dans une vieille ferme du XVIIIe siècle. Cet environnement exerce un effet immédiat sur lui, ouvrant un nouveau chapitre de son évolution. L’espace extérieur apparaît de plus en plus comme un élément déterminant de son œuvre.
Les premiers mobiles de la période parisienne étaient d’empreinte géométrique —conformément à l’esprit du mouvement artistique Abstraction-Création —, et leur mouvement était assez souvent d’origine mécanique, produit par de petites manivelles ou des moteurs. À Roxbury, ce sont désormais la nature, le vent et les phénomènes météorologiques qui inspirent à l’artiste de nouvelles possibilités. Parallèlement au côté géométrique, un élément surréaliste accompagné d’un façonnement biomorphique devient de plus en plus perceptible. C’est à cette époque décisive que voient le jour les premières sculptures d’extérieur, qui rappellent vaguement des clochetons ou des girouettes. Explorant ces nouvelles pistes artistiques, elles constituent le point de départ des monumentaux travaux d’extérieur de l’après-guerre.
Calder Gallery La présentation de la Fondation Beyeler s’ouvre sur un groupe insolite de Stabiles-Mobiles de 1939, des maquettes de 2 mètres de haut destinées à la transformation avant-gardiste du zoo du Bronx. Exécutées en dur sous forme de sculptures monumentales, elles devaient constituer une sorte d’arbre ornemental pour la cage des félins d’apparence africaine. Le projet, qui n’a finalement pas abouti, offre un témoignage impressionnant du potentiel d’avenir des idées artistiques de Calder. Bien que ces œuvres soient toujours des abstractions dans l’espace, les titres choisis décrivent des éléments particuliers du mouvement, des répétitions de formes échelonnées ou de subtils rapports d’équilibre. L’abstraction est ici désignée sous une forme tangible, comme on peut s’en convaincre avec deux œuvres choisies. Des associations organiques déterminent les structures formelles telles que couronnes de feuillages, cascades de branches, étages des frondaisons. Le libre jeu des œuvres présentées dans l’espace intérieur du Musée densément animé s’assemble pour composer une véritable « forêt Calder ». Le lien qui s’établit ainsi entre espaces intérieur et extérieur reprend un thème majeur de la Fondation Beyeler, intégrant la Collection dans une juxtaposition harmonieuse entre architecture et paysage.
Calder Otto’s Mobile, 1952 Stahl, bemalt, Aluminium, 533,4 x 243,8 cm Foto: Museo Guggenheim Bilbao/Erika Barahona
Un deuxième ensemble d’œuvres éclaire enfin la genèse de Tree, une œuvre appartenant à la Collection de la Fondation Beyeler, avec la maquette d’origine accompagnée de travaux apparentés et d’étapes intermédiaires. Pendant l’été, Tree, le monumental stabile-mobile de la Collection d’Ernst et Hildy Beyeler retrouvera en outre sa place d’origine dans le Berower Park, sur le terrain de la Fondation Beyeler.
En plus de prêts consentis par la Calder Foundation, on pourra également voir des œuvres prêtées par des collectionneurs privés, ainsi que par la Fundació Joan Miró de Barcelone et le Moderna Museet de Stockholm. La Fondation Beyeler s’est engagée en 2012 dans une collaboration prévue pour plusieurs années avec la Calder Foundation de New York. Des œuvres appartenant aux collections des deux Fondations sont ainsi rassemblées et exposées dans une série de présentations réalisées par des commissaires d’exposition, la « Calder Gallery ». L’objectif est de permettre une présence permanente, unique en Europe, d’œuvres d’Alexander Calder (1898–1976) à la Fondation Beyeler, et d’apporter ainsi une contribution à l’étude de l’œuvre de ce grand artiste américain. La Fondation Beyeler s’inscrit ainsi dans l’esprit de sa grande exposition « Calder – Miró » (2004) aussi bien que de sa série des « Rothko Rooms ». Alexandre Calder
Alexander Calder (1898 – 1976) Alexander Calder, dont la carrière couvre la quasi intégralité du XXe siècle, est l’un des sculpteurs les plus renommés et les plus influents de notre temps. Né dans une célèbre famille d’artistes de formation essentiellement classique, Calder a mis sa force créatrice au service d’un élargissement durable de l’horizon de l’art moderne. Il a ainsi élaboré une nouvelle méthode de sculpture : en pliant et en tordant du fil de fer, il « dessinait » des figures en trois dimensions dans l’espace. Calder est connu pour l’invention du mobile dont les éléments abstraits, maintenus en équilibre, bougent en formant des combinaisons harmonieuses et toujours nouvelles. Calder s’est également engagé dans la réalisation de grandes sculptures d’extérieur, faites de tôle d’acier boulonnée. Aujourd’hui, ces géants en filigrane ornent de nombreux lieux publics aux quatre coins du monde. Calder Foundation La Calder Foundation dont le siège se trouve à New York est une organisation sans but lucratif fondée en 1987 dans l’objectif de collectionner et de préserver l’art et la succession d’Alexander Calder, tout en les rendant accessibles à un vaste public. Cette Fondation dispose d’une collection incomparable d’œuvres et de documents d’archives. Les activités de la Fondation consistent pour l’essentiel à participer à des expositions et à des publications, à développer et assurer la conservation des archives Calder et à procéder au catalogage de l’ensemble des œuvres de cet artiste. Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00 exposition jusqu’au 12 janvier 2014
Photos courtoisie Fondation Beyeler 3 4e photo de l’auteur
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Samuel Keller, ancien directeur de la foire de Bâle « Art Basel » et directeur de la Fondation Beyeler, avait promis une surprise avec la venue de Maurizio Cattelan.
Alléchée par l’affiche, où le petit homme avec son air de Roberto Benigni, teinté de Pinocchio, pointait son nez, avec son air ahuri, je me demandais où la Fondation Beyeler avait creusé le plancher pour faire surgir la tête hors du sol. Pour une surprise cela en était une vraie. Une œuvre unique, selon l’habitude du facétieux artiste, à la retraite, 5 chevaux taxidermisés, allignés « Kaputt, » la tête plantée dans le mur. Kaputt Maurizio Cattelan
A la Dogano, chez François Pinault, le cheval était unique. Pourquoi 5, pour dépasser Adel abdessemed et ses quatre Christ de Décor ?
Toujours est-il que l’artiste jouait à l’Arlésienne et que ce sont deux avocats qui prirent sa défense. D’abord Sam keller pour expliquer l’aventure et les tractations pour préparer l’exposition, puis le florentin Francesco Bonami, historien d’art, parla de l’installation. Kaputt de Maurizio Cattelan – Francesco Bonami « Maurizio préfère les ânes, (Warning, Enter at your own risk. Do not touch, Do not feed, No Smoking, no photographs, No Dogs, New York) »
Il évoqua Kounellis et son cheval bien vivant, puis Malaparte avec ses chevaux enflammés qui se jetèrent dans l’eau glacée et pourrirent à la retraite de Russie. Il évoqua Lucio Fontana et ses tableaux découpés dans la même veine que Cattelan. Il nous renvoya au magazine Toilet Paper de MC, racontant que Bellow et Salinger aux aussi avaient coutume de disparaître dans le décor.
Dans la salle attenante quelques toiles et une sculpture de Willem De Kooning, préparent au quintette. Jusqu’au 6 octobre 2013
photo 1 courtoisie de la Fondation Beyeler
Autre photos de l’auteur Né en 1960 à Padoue, dans le nord de l’Italie, Maurizio Cattelan se consacre tout d’abord, sans avoir suivi de formation particulière, à la production d’objets de design qui n’ont guère d’autre fonction qu’esthétique. C’est à partir de la fin des années 1980 qu’il se tourne ensuite vers les arts plastiques. Il se forge très rapidement une réputation de provocateur sur la scène artistique internationale. Faisant exploser le cadre à la fois conceptuel et spatial de la galerie et du musée, ses mises en scène suscitent l’enthousiasme du public, en même temps qu’elles le laissent souvent déconcerté. Ses sculptures et ses installations font fi des conventions, subvertissent les images et les règles tacites de la publicité. Le remarquable succès international de Cattelan témoigne de l’originalité de son langage visuel, qui sait traiter de manière subtile et choquante certains thèmes actuels, en leur donnant une dimension amusante et grotesque, et révéler un monde de faillite et de désespoir, de finesse d’esprit et de sentimentalité que les hommes et les animaux partagent étrangement. Aussi à l’aise avec le vocabulaire visuel de notre univers voué aux plaisirs de la consommation qu’avec la mélancolie d’un monde ancien, l’artiste surprend son public : devant ses oeuvres, le rire nous reste souvent en travers de la gorge. Des expositions personnelles de son oeuvre ont eu lieu à la Wiener Secession, au musée d’Art moderne de Francfort, à la Kunsthalle de Bâle et au MoMA de New York. Cattelan a participé à de nombreuses expositions collectives dans des institutions aussi prestigieuses que le Museum Fridericianum de Kassel, le MoMA PS1 de New York, le Castello di Rivoli près de Turin, l’Institute of Contemporary Arts et la Tate Gallery de Londres, le Moderna Museet de Stockholm. Il a pris part plusieurs fois à la Biennale de Venise. À l’occasion de sa rétrospective All présentée en 2011/12 au Guggenheim Museum de New York, Cattelan a annoncé son retrait de la scène artistique. Cattelan a fondé avec les critiques d’art etcurateurs Massimiliano Gioni et Ali Subotnick la revue Charley. Le trio a également assuré ensemble le commissariat de la Biennale de Berlin 2006, intitulée Des souris et des hommes. C’est une relation de longue amitié qui unit Cattelan et les curateurs Francesco Bonami et Massimiliano Gioni. Avec Gioni et Subotnick, l’artiste a ouvert en 2002 à New York la Wrong Gallery, un minuscule espace qu’on découvrait une fois franchie la porte d’entrée, avant de la déménager à la Tate Modern. Avec Gioni toujours, Cattelan a de nouveau ouvert en 2012 à New York une galerie, Family Business, située à proximité immédiate de l’immense galerie Gagosian et consacrée à l’expérimentation libre. La fascination éprouvée par Cattelan pour les images se manifeste également dans ses projets de revues. Fondée en 1995 avec Dominique Gonzalez-Foerster et développée ensuite en collaboration avec Paola Manfrin, PermanentFood se compose entièrement d’images trouvées, qui oscillent entre l’esthétique de séduction de la photo de mode et le voyeurisme éhonté de la presse à scandale. C’est dans le cadre de l’exposition de la Fondation Beyeler que paraît le huitième numéro de la revue Toiletpaper, que Cattelan produit depuis 2010 avec le photographe de mode Pierpaolo Ferrari. Toutes les photos sont spécialement conçues, mises en scène et réalisées pour ce magazine publié à intervalles irréguliers. Qu’ils soient traités en noir et blanc ou dans des couleurs intenses et saturées, leurs motifs rappellent l’univers des images surréalistes, avec des scènes de grand style où comme dans les rêves, l’absurdité se mêle aux perversions ou à la violence. Maurizio Cattelan vit à Milan et à New York.
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La Fondation Beyeler est la bénéficiaire d’une généreuse donation de trente-trois œuvres de la collection d’art du couple français Claude et Micheline Renard. En raison de la grande estime qu’ils éprouvaient pour Ernst Beyeler et pour son musée, les Renard ont exprimé le vœu explicite de transmettre à la Fondation Beyeler les œuvres clés de leur collection. Cadre chez Renault, Claude Renard (1928–2005) a été en 1967 l’initiateur de la création de la division « Recherches, art et industrie », fondant ainsi la première grande collection d’entreprise d’art contemporain en France. Avec sa femme Micheline, il a conçu et organisé, toujours dans le cadre de l’association « L’incitation à la création », de nombreuses expositions d’art contemporain à l’abbaye de Sénanque. Cet engagement durable et cette passion pour l’art se sont concrétisés à travers une remarquable collection de toiles, de sculptures et de travaux sur papier d’artistes internationalement reconnus comme Jean Fautrier, Jean Dubuffet, Sam Francis, Jean Tinguely, Antoni Tàpies, Sigmar Polke et Jean-Michel Basquiat – des artistes qui sont souvent devenus des amis du couple Renard. La transmission des pièces de la donation de la Collection Renard à la Fondation Beyeler est à l’origine de la rencontre entre deux collections, largement différentes certes par leur profil et leur portée, mais qui se caractérisent par des parallèles et des points de contact tout à fait opportuns.
Alors que la Collection Beyeler illustre de manière exemplaire l’art moderne de la fin du XIXe jusqu’au début du XXIe siècles à travers de nombreux chefs-d’œuvre, la Collection Renard se concentre sur un petit nombre d’œuvres d’artistes internationaux de l’après-guerre. On ne peut manquer d’être frappé par d’étroites correspondances entre ces deux collections, qui ne portent pas seulement sur le choix des artistes, mais concernent également les critères artistiques et la prédilection pour certaines positions esthétiques. Ces correspondances s’expriment de façon particulièrement significative dans les œuvres de Jean Dubuffet, Sam Francis et Antoni Tàpies – trois artistes représentés aussi bien dans la Collection Beyeler que dans la Collection Renard. Avec les œuvres de ces représentants majeurs de l’art d’après-guerre principalement, la Collection Renard apporte une contribution substantielle qui vient renforcer et compléter le fonds de la Fondation Beyeler.
La donation Renard permet en outre à certains artistes encore absents de la Fondation Beyeler d’y faire leur entrée, une présence qui élargit la collection de façon cohérente par des apports de toute première importance. On peut citer ainsi Jean Fautrier, Jean Tinguely, Sigmar Polke et Jean-Michel Basquiat, dont les œuvres permettent de prolonger de façon dynamique certains fils conducteurs déjà existants de la Collection Beyeler. L’intégralité des œuvres données — dont certaines n’ont encore jamais été montrées en public — est présentée dans le cadre de cette exposition, ce qui permet à de nombreux visiteurs de les découvrir pour la toute première fois.
Le commissaire de cette exposition est Raphaël Bouvier.
Fondation Beyeler, Beyeler Museum
AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00 Images courtoisie de la Fondation Beyeler
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Cette exposition consacre une salle entière à 14 oeuvres de cette période de sa création. Les images de Valentine mourante paraissent, dans leurs contours, dessiner les paysages de la souffrance. Elles nous renvoient par sa facture au Christ mort de Holbein (Kunstmuseum Basel), ou à celui de Jean Jacques Henner (musée des Beaux Arts de Lille.
La toile de Claude Monet peignant Camille sur son lit de mort, ne sera révélée que 80 ans plus tard, seul Clemenceau sera dans la confidence, sans que le nom de la morte soit révélé. Est-ce la pudeur, la mauvaise conscience de s’être laissé aller à son instinct de peintre, ou était-ce la seule manière de surmonter son chagrin et de conserver l’image de l’être aimé. Une autre toile d’Edward Munch « L’enfant malade », l’artiste peint sa sœur malade, il y exprime toute la tristesse et la douleur ressenties. Ferdinand Hodler Bildnis der toten Valentine Godé-Darel, 1915Collection privée, 65,5 x 81 cm
En revanche, les petites vues du Mont Blanc et du lac Léman que Hodler esquisse après la mort de Valentine marquent le passage à un traitement libéré de la couleur.
Le point fort de cette exposition est consacré aux paysages aussi renommés que populaires de Hodler qui célèbrent la splendeur et la monumentalité des montagnes suisses. Hodler met en scène en vue lointaine ou rapprochée les paysages alpins, donnant l’impression de « zoomer » littéralement sur les sommets, tout en les laissant planer comme des apparitions, détachés de la réalité. Ferdinand Hodler Paysage de Montana 1915
Hodler, qui jusqu’alors avait toujours accentué les contours de ses toiles et pensé à partir de ceux-ci, se transforme dans ces tableaux de paysages en peintre de surfaces chromatiques. La peinture abstraite de champs colorés d’un Mark Rothko ou d’un Barnett Newman s’annonce déjà. Ses « gros plans » de torrents et de formations rocheuses dévoilent leur matérialité dans une lumière d’une clarté éblouissante. Les vues de paysages d’une grande sobriété renoncent aux détails à quelques exceptions près — vaches qui paissent au loin, limite des arbres ou cygnes sur les rives du lac, aussi stylisés que mystérieux. Le spectateur est séparé des sommets par une grande distance, marquée par des plans d’eau, de la brume ou des nuages, qui transforment les Alpes en tableau abstrait méditatif. Le cadrage a une importance primordiale pour Hodler : il détermine l’ordre, la symétrie et apparaît comme une « abréviation de l’infini ». Ses expériences de répétition de formations nuageuses font pressentir les ovales des tableaux d’arbres et d’embarcadères de Mondrian. Cette synthèse entre vue rapprochée et vue lointaine est un aspect que l’on retrouve dans les autoportraits de Hodler. Ferdinand Hodler ferdinand Hodler Selbstbildnis, 1914 Autoportrait Huile sur toile, 43 x 39 cm Museum zu Allerheiligen, Schaffhouse Photo: Museum zu Allerheiligen, Schaffhouse
Le regard que le peintre porte sur le spectateur est interrogateur, sceptique ; son attitude est pleine d’assurance. Contradictoire de nature — artiste, séducteur, théoricien et praticien passionné du parallélisme —, tout à la fois sensible, pragmatique et sanguin, Hodler possédait en tant qu’artiste une personnalité très extravertie, parfaitement en mesure de faire face aux critiques occasionnelles suscitées par son oeuvre et qui, dans sa jeunesse, cherchait de façon presque agressive à participer à des concours et à des expositions publiques. Artiste du contour affirmé dans ses jeunes années, Hodler a évolué pour devenir un peintre qui dessinait à l’aide de la couleur. Si dans ses propres « Dix Commandements », il évoquait la surface comme unique point de départ géométriquement divisible permettant de parvenir finalement à la ligne en passant par le contour ainsi obtenu, il formula vers la fin de sa vie des idées très nuancées sur le rôle de la couleur dans son oeuvre. Il est parvenu à la conclusion que la forme vit à travers la couleur. Le bleu, qui revient dans les paysages de lacs et de montagnes comme dans les vêtements fluides des figures féminines du Regard dans l’infini, était sa « couleur préférée ». Le bleu typique de Hodler domine du reste cette exposition.
Ferdinand Hodler
L’exposition s’accompagne d’une série de manifestations, parmi lesquelles une représentation de « Trois Anges », spectacle du célèbre artiste de cabaret Emil Steinberger. Le professeur Oskar Bätschmann présente le deuxième volume du catalogue raisonné de l’oeuvre de Hodler réalisé en collaboration avec le S.I.K. de Zürich. Gian Domenico Borasio, médecin et auteur à succès, tient une conférence sur son livre intitulé « Über das Sterben », tandis que le commissaire de l’exposition, Ulf Küster, présente la nouvelle biographie « Ferdinand Hodler ». Un débat organisé en collaboration avec « Das Magazin », animé par le rédacteur en chef Finn Canonica met un point final à tous ces événements. Les commissaires de l’exposition sont Ulf Küster (Fondation Beyeler) et Jill Lloyd (Neue Galerie). Les tableaux prêtés pour cette exposition font partie des oeuvres clés de l’artiste et proviennent de célèbres collections particulières suisses et américaines, ainsi que de musées nationaux et internationaux de renom, comme le Musée d’art et d’histoire de Genève, le Kunstmuseum Basel, le Kunsthaus Zürich, le Musée d’Orsay de Paris et le Kunstmuseum Solothurn. La Fondation Beyeler remercie: Artephila Stiftung ; Ernst Göhner Stiftung ; Max Kohler Stiftung ; Novartis ; Walter Haefner Stiftung pour les généreuses subventions liées au projet et leur contributions exceptionnelles. À l’occasion de cette exposition, la Fondation Beyeler publie un catalogue en allemand et en anglais. L’édition destinée au commerce est éditée par Hatje Cantz Verlag, Ostfildern. Ce volume contient une préface de Sam Keller et Ulf Küster, des contributions d’Oskar Bätschmann, Sharon Hirsh, Ulf Küster, Jill Lloyd et Paul Müller ainsi qu’une digression de Peter Pfrunder. Il comprend 212 pages, env. 200 illustrations et est disponible au musée au tarif de 68 CHF (ISBN 978-3- 906053-05-9, allemand ; ISBN 978-3-906053-06-6, anglais).
extrait du texte de la Fondation Beyeler Images courtoisie de la Fondation Beyeler
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Jeff Koons nettoyant ses chaussures après avoir » inspecté « Split Rocker « Jeff Koons » (109 567 visiteurs), « Philippe Parreno » (91 326 visiteurs au cours de ce laps de temps) et « Edgar Degas »(130 073 visiteurs à la date du 20 janvier 2013), cette dernière exposition se poursuivant jusqu’au 27 janvier 2013. Dans le cadre de l’exposition « Jeff Koons », un nouveau projet spectaculaire a été réalisé dans l’espace public avec Split Rocker.
La Fondation Beyeler achève la restauration de « Passage à niveau » de Fernand Léger (1912) avec la coopération de la Fondation BNP Paribas Suisse
« Le passage à niveau » de Fernand Léger a vu le jour il y a tout juste un siècle, en 1912. Dans le cadre du projet de restauration soutenu depuis 2011 par la Fondation BNP Paribas Suisse, l’équipe de restauration de la Fondation Beyeler s’est engagée dans une étude approfondie de cette œuvre. Cette toile de Fernand Léger fait partie de la Collection Beyeler et a été acquise grâce à une contribution de Kurt Schwank. restauration Passage à niveau de Fernand Léger
Fernand Léger (1881-1955) occupe une place majeure dans la collection puisqu’il y est représenté par douze toiles, qui reflètent tout l’éventail de sa création. Ernst Beyeler s’est intéressé précocement à Léger, fasciné par la position originale qu’il occupe parmi les principaux acteurs de l’art moderne et par l’influence qu’il a exercée sur des artistes américains comme Roy Lichtenstein et Ellsworth Kelly, eux aussi présents dans la Collection Beyeler.
« Le passage à niveau », un rare paysage de jeunesse de Léger situé à l’intersection entre représentation figurative et abstraction, n’exerce pas seulement une fonction de charnière dans l’œuvre de l’artiste. Il joue également un remarquable rôle de passerelle entre les œuvres de Paul Cézanne et Henri Rousseau et les tableaux cubistes de Pablo Picasso et Georges Braque.
Le recours à de nombreuses méthodes d’analyse scientifique a permis aux restaurateurs d’obtenir de précieuses informations sur les matériaux, la technique et l’histoire de cette toile.
Ces nouvelles connaissances ont montré qu’il n’est pas indispensable de classer « Le passage à niveau » parmi les œuvres d’une fragilité fondamentale. Selon la restauratrice de toiles Friederike Steckling : « C’est plutôt le choix des matériaux opéré par l’artiste et les effets de l’histoire qui sont responsables de l’état actuel du « Passage à niveau ».
Léger 2
Pour préparer sa toile, Fernand Léger s’est servi d’un apprêt exceptionnellement sensible à l’eau. Un contact très précoce avec une forte humidité, probablement pendant la Première Guerre mondiale, ainsi qu’une restauration antérieure avec un produit liquide ont provoqué des dégâts. L’équipe s’est donc mise en quête de reproductions historiques afin de reconstituer les modifications subies par cette œuvre.
L’ampleur de la restauration et les mesures concrètes à prendre ont été définies à partir des résultats obtenus. Certaines retouches mal intégrées réalisées lors d’une restauration antérieure ont été retirées en priorité. On a également harmonisé la couleur de certaines zones d’usure, grosses comme une pointe d’épingle, réparties uniformément sur la surface. Les retouches, réversibles, ont concerné exclusivement ces zones déjà endommagées.
L’objectif de l’équipe de restauration était de remédier à l’aspect irrégulier et écaillé de la couche picturale pour rendre dans toute la mesure du possible à cette œuvre son état originel de 1912, sans dissimuler pour autant son histoire et son âge. L’étude d’autres œuvres de jeunesse de Fernand Léger a été fort utile en l’occurrence, car l’observation de leurs surfaces intactes et de leur fonctionnement a permis d’en rapprocher celle du
« Passage à niveau ».
Enfin, on a retiré des bandes de tissu dénuées de toute justification historique du dos du châssis et on a stabilisé les bords de la toile. L’œuvre a obtenu un nouvel encadrement plus stable et a été munie d’une protection contre les vibrations fixée sur l’arrière du châssis pour éviter d’éventuels dégâts lors de transports. Les mesures de restauration réalisées sont discrètes et ne sont visibles, en grande majorité, que sur des détails.
La restauration est l’art de préserver l’art. Le temps laisse en effet des traces sur les œuvres d’art. Le service de restauration de la Fondation Beyeler emploie depuis 2001 une équipe sous la direction du restaurateur Markus Gross. La restauration des œuvres d’art est une discipline scientifique, qui associe les méthodes de recherche les plus récentes à de vastes connaissances historiques et exige dans certains cas un véritable travail de détective. En tant qu’institution muséale, la Fondation Beyeler a pour mission de préserver durablement les œuvres d’art afin de les transmettre aux générations à venir.
Leger 3
Ce travail de restauration a duré plus d’un an. Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, déclare à ce sujet : « La Fondation BNP Paribas Suisse a permis la restauration d’une remarquable toile de Fernand Léger. En sa qualité de musée possédant une importante collection d’œuvres de cet artiste, la Fondation Beyeler est très reconnaissante du soutien et de l’engagement de la Fondation BNP Paribas Suisse en faveur du patrimoine culturel et est très heureuse que « Le passage à niveau » ait pu être étudié, restauré et rétabli dans un état permettant son exposition et son transport ».
Mue par le désir de participer activement à la préservation des fonds des musées afin qu’ils puissent être transmis aux générations futures, la Fondation BNP Paribas Suisse s’engage depuis plus de 20 ans en faveur de la restauration d’œuvres d’art en Europe, en Asie et aux États-Unis. En Suisse, elle a déjà soutenu plus d’une douzaine de projets visant à la conservation d’œuvres majeures de Max Ernst, Mattia Preti, Auguste Rodin, Bram van Velde et Paolo Véronèse. Elle poursuit jusqu’en 2014 son projet de restauration avec la Fondation Beyeler, qui concerne au total trois œuvres de la collection. À partir de février 2013, la toile de Fernand Léger restaurée sera présentée dans le nouvel accrochage de la Collection à la Fondation Beyeler. En même temps et dès le début de la nouvelle année sera lancé le projet de restauration suivant portant sur le plâtre original de la sculpture de Max Ernst « Le roi jouant avec la reine » (Der König spielt mit seiner Königin) de 1944. Celui-ci sera présenté à l’occasion de la rétrospective que la Fondation Beyeler consacrera à Max Ernst du 26 mai au 8 septembre 2013. Avec plus de 170 toiles, collages, dessins, sculptures et livres illustrés, cette exposition présentera toutes les phases de la création de cet artiste, ses découvertes et ses techniques, à travers un grand nombre de chefs-d’œuvre. Conçue par Werner Spies et Julia Drost, cette exposition est réalisée en collaboration avec l’Albertina de Vienne. Le commissaire de l’exposition pour la Fondation Beyeler est Raphaël Bouvier.
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Dans le cadre de l’exposition « Edgar Degas », la Fondation Beyeler propose une conférence en français de Caroline Durand-Ruel sur « Paul Durand-Ruel et le terrible Edgar Degas ».
Edgar Degas – Le Petit Déjeuner à la sortie du bain, vers 1895−98 Pastel sur papier transparent rapporté, 122 x 92 cm Collection privée
L’arrière-petite-fille du célèbre marchand d’art parisien, énergique défenseur de Degas, parle des relations de l’artiste avec la maison Durand-Ruel et évoque quelques figures de grands collectionneurs de travaux de Degas ainsi que plusieurs œuvres majeures découvertes dans l’atelier de l’artiste après sa mort, et vendues par la suite.
Le premier contact entre Edgar Degas et Paul Durand-Ruel remonte à 1872. Malgré le caractère parfois ombrageux de l’artiste, le marchand d’art et ses fils réussissent à préserver cette relation pendant de nombreuses années. La galerie organise en 1892 la première exposition individuelle d’œuvres de Degas à Paris, où le public peut découvrir, avec des réactions mêlées, une sélection de ses monotypes en couleurs de paysages réalisés à partir de 1890. L’exposition « Edgard Degas » de la Fondation Beyeler réserve toute une salle au motif des paysages de l’œuvre tardive de Degas, présentant ainsi une douzaine de monotypes provenant de collections particulières et de musées internationaux.
Edgar Degas portrait
Caroline Durand-Ruel a travaillé aux côtés de son père, après la mort duquel elle a dirigé la galerie pendant 20 ans. Dans le cadre d’un colloque, elle a publié des lettres de Degas conservées dans les archives de la galerie. Elle a également rédigé plusieurs articles à l’occasion d’expositions internationales, dont celles consacrées à Sisley au Musée d’Orsay et à la Collection Havemeyer également au Musée d’Orsay, à Théo van Gogh au Van Gogh Museum d’Amsterdam ainsi qu’à Monet à la Fondation Gianadda. Il est possible de visiter l’exposition « Edgar Degas », en place jusqu’au 27 janvier 2013, avant la conférence. Après avoir tourné le dos à l’impressionnisme vers 1880, Edgar Degas a atteint le sommet incontesté de sa création dans son œuvre tardive pleine d’audace et d’originalité. La vaste exposition de la Fondation Beyeler présente ses célèbres représentations de danseuses, ainsi que des nus féminins, des cavaliers et des paysages. On peut y voir environ 150 peintures, pastels, sculptures, dessins, gravures et photographies provenant de collections publiques et privées du monde entier. Programme :
Cette manifestation se déroule le 7 novembre 2012 de 18h30 à 20h00 à la Fondation Beyeler. Tarif : Manifestation gratuite pour les visiteurs du musée. Cette conférence est organisée en collaboration avec l’Alliance Française de Bâle.
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