Fabrizio Plessi à la Fondation François Schneider

La Fondation François Schneider de Wattwiller
invite à découvrir jusqu’au 1er juin, l’un des chefs de file de l’art contemporain:
Fabrizio Plessi
.

Niki de St Phalle Star Fountain
C’est l’un des artistes contemporains les plus connus au monde.
De Venise à Berlin, de New York à Madrid, de Paris à Pékin, en passant par New Dehli, Londres, Budapest, Hong Kong ou Moscou, du Centre Pompidou au Guggenheim, les plus grandes villes et les plus grands musées ont célébré les forces de la nature qu’il met en scène, le bouillonnement de ses torrents, le murmure de ses forêts et toujours l’originalité de ses créations.
En effet j’ai rencontré ses œuvres à la biennale de Venise 2011, à la Fondation Peggy Guggenheim de Venise, plus récemment à Art Karlsruhe.
Sur l’autoroute du Brenner, un important musée porte son nom et lui est intégralement dédié. Fabrizio Plessi fait partie des rares artistes qui de leur vivant se voient ainsi consacrés.
L’exposition présente plusieurs oeuvres articulées autour du thème de l’eau de l’artiste italien Fabrizio Plessi, né en 1940.
voir ici la vidéo de TV Doller
Fabrizio Plessi, Foresta Sospesa, 1999
Foresta Sospesa, 1999
Six troncs d’arbres évidés, de 6 m de haut, qui sont accrochés aux poutres de la charpente du centre d’art, offrant le spectacle d’une forêt suspendue. Sous les troncs, des animations visuelles et sonores nous plongent dans l’atmosphère d’une forêt sous la pluie. Chaque tronc pèse 250 kg, l’installation est particulièrement spectaculaire à la tombée de la nuit. Il fait penser à son compatriote Giuseppe Penone. L’artiste par cette installation, juxtapose la technologie et la nature, l’ancestral et la modernité, le temps éternel et le temps suspendu (Bill Viola au Grand Palais et Robert Cahen  au MAMCS)
• Videoland, 1987
Quatre structures en fer rouillé, utilisées comme des puits magiques.
A l’intérieur est projetée en boucle la vidéo d’un cercle d’eau bleue où tombent des pierres. Les sons se font écho d’un cône à l’autre en une sorte de concerto.
.Water Wind, 1984
Cette structure en Corten de 4 mètres de long intègre à ses extrémités un souffle de vent et d’autre part un écran vidéo. Le vent anime l’eau qui se trouve en mouvement sur la vidéo.
Fabrizio Plessi
. Water Circles, 1981
Deux cercles de fer, comme 2 soleils primitifs, nous dit Fabrizio Plessi. Deux serpents venus du fons des âges qui se mordent la queue. Deux formes géométriques qui s’effleurent à peine. L’eau de des cercles, toujours la même, dans un mouvement à contresens, nous la rend multiple et changeante, pour faire disparaitre cette notion de mouvement de notre perception.
• Water Trees, 1984
8 dessins de Videoland, 1987
Fabrizio Plessi Violand
Digital stones, 2006
Fabrizio Plessi
dans la salle au sous-sol est projetée une vidéo de Fabrizio Plessi
 
LE JARDIN DES SCULPTURES
En plus de l’exposition temporaire, la Fondation dispose d’une collection dans laquelle se trouvent en particulier une fontaine de Pol Bury et une « Nana » porteuse d’eau de Niki de Saint-Phalle.
Ces oeuvres sont exposées au public de manière permanente.
• Lorella Abenavoli, née en 1966 : Défaut originaire, 1999 (première version 1996)
• Clément Borderie, né en 1960 : Wall Piercing, 2008-2013
• Pol Bury, (1922 – 2005) :17 sphères dans une sphère, 1985
• Ilana Isehayek, née en 1956 : Toupies d’eau, 1998
• Sylvie de Meurville, née en 1956 : Le Mont d’ici, 2010 •
Niki de Saint-Phalle (1930 – 2002) : Star Fountain, 1999 1940,
voir ma Vidéo du Jardin des sculptures

Fabrizio Plessi, qui se consacrait depuis 1962 à la peinture, explore à partir de 1968 de nouveaux moyens d’expression (performances, installations, photographies, films, bandes vidéo); simultanément l’eau devient le thème central de son travail.
Partout présente dans la ville de Venise où il a étudié puis s’est installé, I’eau sera envisagée par Plessi dans toutes les dimensions, manifestations et fonctions qui la définissent, et sera le motif essentiel d’un dialogue poétique entre nature et technique, artifice et réalité.
En 1977, Acquabiografico rassemble 250 projets relatifs à l’eau; les Water works series (1975 -1977) en compileront mille autres sous diverses formes graphiques. Les projets et actions des années soixante-dix (scier un lac, couper un filet d’eau avec des ciseaux, percer des trous à la surface de l’eau, repasser les vagues, réguler les variations du niveau de la mer dans la lagune vénitienne grâce à d’énormes éponges…) constituent des tentatives ludiques et dérisoires de transformer et maîtriser cet élément insaisissable par essence, à la fois vital et menaçant, qu’est l’eau. L’environnement Geometria Liquida (Kiel, 1977) consiste ainsi à « découper » la surface de la mer selon d’énormes gabarits de forme géométrique, à filmer l’action, et à projeter simultanément sur un écran les « formes de l’eau » obtenues. Les années soixante-dix et quatre-vingts voient Plessi multiplier les expériences perceptives sur les états et mouvements de l’eau, sur la physique des fluides (Acqua communicante, Il mare Yerticale, 1975), les notions de contenant et de contenu, et les caractères optiques de l’élément liquide (couleur bleue, scintillements, réflexion…). Le thème du reflet inspire de nombreuses œuvres telle Reflecting Water, réalisée à Duisbourg en 1979 (monumentale installation où le mot WATER composé de très hautes lettres en néon bleu se réfléchit sur les eaux troublées d’un lac) ou Liquid Movie, un film présenté lors de la Mostra de Venise en 1981. L’affinité entre l’eau et la lumière détermine Plessi à utiliser le médium vidéo et l’image électronique, bleue, vibrante et fluide. Water Art ou Water (1981-1984) proposent des reflett aquatiques artificiels, tandis que d’autres œuvres opèrent la transmutation des éléments (dans Water Fire une flamme traitée en couleur froide et renversée apparaît aussi fluide que son antithèse) ou simulent des relations entre des composantes naturelles et artificielles (les deux moniteurs semblables à des hublots à demi-immergés de Mare Orizzontale (1976 -1984); la mer électronique des cent moniteurs de Mare di Marmo, 1985). Dans les sculptures-vidéo des années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, Plessi prolonge sa réflexion sur la relation de l’homme à son environnement, en intégrant des images d’eau dans des constructions plus « terrestres » de pierre et de bois. Parallèlement aux installations, il poursuit une activité picturale et graphique, jamais abandonnée, et conçoit des scénographies électroniques pour des ballets et des opéras.
Fondation François Schneiderr
Informations
Tarifs
Tarif normal : 7€ Tarif réduit : 5€ (enfants de 12 à 18 ans, étudiants,
séniors, public handicapé, carte CEZAM, groupe de plus de 10 personnes)
Gratuité : Museums-PASS-Musées et enfants de moins de 12 ans
Horaires d’ouverture
Du mercredi au dimanche et jours fériés : 10h – 18h
Fermeture le 1er mai 2014
A venir
Exposition des « Talents Contemporains » Du 11 Septembre au 22 décembre 2014
Photos et vidéos de l’auteur

Daros Latinamarica à la Fondation Beyeler

jusqu’au 27 avril 2014 à la Fondation Beyeler
voir ici la vidéo
Avec « Daros Latinamerica », c’est l’une des plus importantes collections d’art contemporain latino-américain qui est l’invitée de la Fondation Beyeler.
On pourra découvrir une sélection concentrée d’oeuvres s’inscrivant dans la création actuelle d’artistes réputés, originaires de différents pays du continent latino-américain. Dans son oeuvre, le peintre argentin Guillermo Kuitca se consacre inlassablement à des espaces architecturaux et géographiques qu’il transpose en images et dont il donne sa propre interprétation poétique. On trouve notamment des relevés topographiques à toutes les échelles, qui vont de cartes géographiques et de plans de villes jusqu’à des élévations et des plans d’édifices vénérables.

« La carte a été pour moi un moyen de me perdre, pas de me trouver »
(Guillermo Kuitca, 2006).
Par le choix des couleurs, le contraste, en repeignant ou en effaçant certaines parties, l’artiste donne en même temps à une carte géographique l’aspect d’une étoffe ou d’un réseau de veines. Kuitca intensifie cette ambiguïté de la localisation et de l’imagination dans une série de toiles qui prennent des matelas pour support pictural. L’artiste reconnaît ainsi également le lit, ou plus exactement le matelas, comme territoire immédiat qu’il occupe et habite.

Le thème des interactions entre lieux, objets et personnes se retrouve dans les sculptures de l’artiste colombienne Doris Salcedo. Tables, armoires et tables sont extraites de leur contexte utilitaire originel, elles sont emmêlées, empilées ou même remplies de béton pour donner naissance à de nouvelles structures sculpturales. Bien que privés de leur fonction, ou précisément pour cette raison, ces objets mobiliers hybrides multiplient les associations avec l’idée d’un foyer et d’une patrie perdus ou détruits.
Dans leurs travaux sur Mexico, des artistes spécialisés dans la vidéo comme
Santiago Sierra ou Melanie Smith se sont consacrés au phénomène des empiètements de l’urbanisation et des relations physiques, fonctionnelles et sociales qui en découlent. Leurs oeuvres sont présentées dans un des deux programmes de films.

Les vidéos d’Ana Mendieta de Cuba sont au centre du second programme. Ses performances novatrices traitent de la présence du corps dans sa fugacité.
Une installation de l’artiste brésilien Cildo Meireles constitue le point culminant de cette exposition. Sur le sol d’une tente noire praticable s’amoncellent des milliers et des milliers de pièces de monnaie au centre desquelles une fragile colonne d’hosties s’élève jusqu’à un plafond d’os de boeuf. Le caractère sacré de cet espace est un commentaire sur l’histoire tragique de la christianisation du continent. Par leur teneur symbolique évidente, les os et les pièces évoquent en outre les images pénétrantes d’un génocide et de la rapacité, ajoutant ainsi une actualité politique à cette oeuvre.
Voici ce qu’en dit Meireles :
« J’ai eu l’idée de construire une oeuvre dans laquelle on puisse entrer et nouer immédiatement une relation avec la synthèse de cette équation : puissance matérielle + puissance spirituelle = tragédie. »

Cette exposition présente des peintures, des sculptures, des vidéos et une installation.
Elle a pour commissaires Sam Keller (directeur, Fondation Beyeler), Dr. Hans-Michael Herzog (directeur artistique, Daros Latinamerica) et Ioana Jimborean (associate curator, Fondation Beyeler).
Les artistes Juan Carlos Alom (né en 1964 à la Havane, Cuba, où il vit et travaille) Guillermo Kuitca (né en 1961 à Buenos Aires, Argentine, où il vit et travaille) Jorge Macchi (né en à Buenos Aires, Argentine, où il vit et travaille) Cildo Meireles (né en 1948 à Rio de Janeiro, Brésil, où il vit et travaille) Ana Mendieta (née en 1948 à La Havane, Cuba ; décédée en 1985 à New York, États-Unis) Oscar Muñoz (né en 1951 à Popayán, Colombie ; vit et travaille à Cali, Colombie) Wilfredo Prieto (né en 1978 à Sancti Spíritus, Cuba ; vit et travaille à La Havane, Cuba) Miguel Angel Ríos (né en 1943 à Catamarca, Argentine ; vit et travaille à Mexico, Mexique, et à New York, États-Unis) Miguel Ángel Rojas (né en 1946 à Bogotá, Colombie, où il vit et travaille) Doris Salcedo (née en 1958 à Bogotá, Colombie, où elle vit et travaille) Santiago Sierra (né en 1966 à Madrid, où il vit et travaille ; a travaillé plusieurs années à Mexico, Mexique) Melanie Smith (née en 1965 à Poole, Grande-Bretagne ; vit et travaille à Mexico, Mexique)
Daros Latinamerica

Daros Latinamerica est une institution artistique fondée en l’an 2000 par la Suissesse Ruth Schmidheiny. Elle a son siège à Zürich et se consacre à la constitution et à l’entretien d’une collection d’art contemporain d’Amérique latine. Avec une intense activité d’expositions internationales, de nombreuses publications, la plus grande bibliothèque européenne spécialisée sur le sujet et un réseau international en constante expansion, Daros Latinamerica crée les conditions préalables d’un dialogue durable entre l’art et les artistes d’Amérique latine et un public international.
Depuis mars 2013, après avoir pendant 10 ans monté des expositions avec un grand succès à l’espace Löwenbräu de Zurich, Daros Latinamerica a déplacé le point central de ses activités publiques à la Casa Daros de Rio de Janeiro. La Casa Daros sert de tribune aux arts et à la culture et de plaque tournante entre Rio de Janeiro, le Brésil, l’Amérique latine et le reste du monde. Au-delà de toutes contraintes politiques et sociales, la Casa Daros cherche à établir un champ de gravitation cohérent et permanent où puissent se dérouler, aux niveaux les plus divers, des débats passionnants, féconds et durables avec l’art. Parallèlement à ses activités d’exposition à Rio de Janeiro, la Daros Latinamerica Collection est présentée dans le cadre de nombreux projets de collaboration dans des musées et des institutions de toute la planète.
Photos courtoisie de la Fondation Beyeler
Ouvert tous les jours, 10 h 18 h
le mercredi jusqu’à 20h

The Night of the Great Season

Alina Szapocznikow-Autoportrait II
The Night of the Great Season à la Kunsthalle de Mulhouse, jusqu’au 11 mai 2014
L’exposition s’articule autour du surréalisme polonais, retraçant les influences historiques en art, théâtre et littérature de ce mouvement plutôt méconnu. Elle s’attache également à décrypter une tendance observée dès les années 2000 chez une jeune génération d’artistes polonais, à la fois influencée par les techniques des surréalistes du début du XXe siècle, telles que la représentation des rêves ou l’écriture automatique, et se plaçant en opposition avec les générations artistiques polonaises précédentes, celles de l’art critique et du réalisme des années 1990.
Les artistes présentés dans l’exposition sont à l’origine d’oeuvres conçues en creux de la réalité, souvent basées sur le hasard et le subconscient, où dominent le fantastique, la magie et l’imaginaire, d’une manière souvent sombre et parfois dérangeante. L’incipit de l’exposition présente des dessins de Bruno Schulz (Drohobycz 1892 – 1942),
Bruno Schulz-Groteska. Kataryniarz na podwórku
artiste de l’avant-garde juive polonaise dans les années 1930-40, qui combine un humour surréaliste à une attention réaliste aux détails, infusant son oeuvre graphique et littéraire d’un sens aiguisé de la vie quotidienne.
Assassiné en pleine rue par un officier nazi en 1942, il laissa derrière lui des dizaines de dessins et nouvelles, dont Les Boutiques de Cannelle et Le sanatorium au croque-mort.
Le tracé poétique et mystérieux de sa plume comme de son crayon reflète une vie de village polonais d’avant-guerre où chaque élément semble avoir été transformé et glorifié en rêves par l’imagination de son auteur. Les années de l’immédiat après-guerre sont marquées en Pologne par une nécessité de se détacher du souvenir traumatique de la Seconde Guerre Mondiale, autant que de la rigidité du nouveau régime qui vient d’être instauré.
C’est dans ce contexte que s’opère dans les milieux artistiques une fuite vers l’imaginaire, incarnée par la formation du groupe de Cracovie, dont feront notamment partie
Tadeusz Kantor et Erna Rosenstein.
Personnalité majeure de la création polonaise de l’après-guerre, peintre, scénographe, poète, acteur, auteur de happenings proche de Dada, Tadeusz Kantor (Wielopole Skrzyńskie 1915 – Cracovie 1990), qui expliquait l’absence du surréalisme polonais par la prévalence du catholicisme, acquit une renommée mondiale en tant qu’homme de théâtre. Son action théâtrale consista en une illustration visuelle des mécanismes de la mémoire au travers de séquences successives d’images irréelles, de bribes de souvenirs, de scènes obsessionnelles et de situations absurdes, transformant personnages et objets au gré de son imaginaire. D’origine juive polonaise, Erna Rosenstein (Lvov 1913 – Varsovie 2004) a survécu à l’Holocauste.
Erna Rosenstein-Stan Sie
Éduquée à Lvov puis ayant vécu à Cracovie, elle est très marquée par le concept de l’abject lié à l’excès et à la dégradation des éléments, cher à Georges Bataille. Ses oeuvres graphiques suggèrent un engagement féministe incluant corporalité, sensualité et sens de la différence, tout en évoquant l’écriture automatique. Le corps féminin et la tragédie de la Seconde Guerre Mondiale sont autant de thèmes développés par la sculptrice et photographe Alina Szapocznikow (Kalisz, Pologne 1926 – Passy, France, 1973) qui élabora des moulages de parties de corps transformés en objets du quotidien tels que des lampes ou des cendriers, exprimant un lignage avec l’importance du fétichisme érotique de l’objet chez les surréalistes, autant que ses sculptures et photographies rappellent la volonté de ces derniers de bousculer la hiérarchie du corps et de désorienter le spectateur face au statut de l’objet et de l’image. (voir ci-dessus)
Agnieszka Polska
Agnieszka Polska (1985, vit et travaille à Varsovie et Amsterdam), ses animations et photographies sont des collages visuels d’images piochées dans des magazines d’art et des journaux des années 1960 qui confèrent à sa pratique un aspect documentaire. Elle revisite souvent le modernisme polonais en recyclant des matériaux historiques et des photographies d’archives qu’elle transforme en travaux narratifs et mélancoliques. Sa série de photocollages Arton (2010), faisant référence à l’artiste conceptuel et performeur polonais Włodzimierz Borowski, figure un assemblage organique et presque fantastique de fragments d’éléments biologiques et d’élégantes sculptures faites de branches et de boue.
Jakub Juiolkowski - Planet
Enfin, l’exposition présente des tableaux et dessins de deux jeunes artistes polonais
Jakub Julian Ziółkowski (1980, vit et travaille à Zamość) et Tomasz Kowalski (1984, vit et travaille à Cracovie). Le premier dépeint des paysages hallucinatoires à la végétation surnaturelle et aux figures humaines sombrement inquiétantes, proches du fantastique de Jérôme Bosch comme du grotesque de Robert Crumb. Le second manie la mise en abyme avec détail, en faisant référence aux mannequins et marionnettes de Schulz et Kantor, aux expériences enfantines et à la mémoire fragmentée.
Tous deux viennent de la région de Galicie, au sud-est de la Pologne, où s’est développée une culture teintée de splendeur baroque, de poésie éclatante et d’une certaine forme de spiritualité qui semble les avoir fortement marqués. C’est aussi de cette même région qu’était originaire Bruno Schulz, auquel les deux jeunes artistes semblent porter intérêt et admiration.
Thomas Kowalski  et Martha Kirzenbaum
La commissaire Martha Kirszenbaum (née en 1983) est commissaire d’exposition indépendante basée à Paris et à Los Angeles. Elle a travaillé au Département Media and Performance Art du Museum of Modern Art à New York (2006- 2007), au Cabinet de la Photographie du Centre Pompidou (2007) et comme assistante de recherche au New Museum à New York (2008-2010). Elle est depuis janvier 2014, directrice et curatrice de Fahrenheit, un nouveau centre d’art et programme de résidences à Los Angeles. Elle contribue régulièrement à Kaleidoscope et à d’autres publications, et a animé un séminaire sur les pratiques curatoriales à l’Université Paris VII et Parsons Paris. Jakub Julian
Visites guidées
Visites guidées de l’exposition
les samedis, dimanches à 15h – entrée libre
Pour les groupes, renseignements et réservations au 03 69 77 66 47
Visites enfants renseignements au 03 69 77 66 47
Adresse
La Kunsthalle Mulhouse
Centre d’art contemporain La Fonderie 16, rue de la Fonderie
68093 Mulhouse Cedex
Tél. : +33 (0)3 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr
www.kunsthallemulhouse.com
Les rendez-vous
Tutti de Zahra Poonawala : jusqu’au 4 avril

Tutti Zahra Poonawala

Installation sonore interactive proposée en partenariat avec Mulhouse Art Contemporain.
Entrée libre, hall de la Fonderie.
Kunstapéro : jeudi 3 avril à 18h00
Des œuvres et des vins à découvrir : visite guidée suivie d’une dégustation de vins, en partenariat avec l’association Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France. Participation de 5 € / personne, inscription au 03 69 77 66 47 ou
kunsthalle@mulhouse.fr
Journée de découverte des métiers des arts visuels :
jeudi 10 avril de 8h00 à 12h00 et de 13h00 à 17h00
L’occasion pour les étudiants et demandeurs d’emploi d’entrer dans les coulisses des métiers des arts visuels, de découvrir la mécanique d’une exposition et de rencontrer des professionnels. Un parcours de 2h (départ toutes les heures), en partenariat avec la HEAR (Haute Ecole des Arts du Rhin) et Sémaphore.
Renseignements et inscription obligatoire auprès de Sémaphore 03 89 66 33 13
Kunstprojection : jeudi 10 avril à 18h30
Une sélection de films expérimentaux issus de la collection de l’espace Multimédia gantner de Bourogne présentée en écho à l’exposition.
Entrée libre
RDV famille : dimanche 13 avril à 15h00
Une visite – atelier proposée aux enfants et à leurs parents.
A partir de 6 ans Gratuit sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
 
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Baselworld 2014.

C’est l’événement de l’année pour l’industrie de l’horlogerie et de la bijouterie:
Baselworld 2014.
Messe Basel
Environ 100 000 visiteurs et plus de 3 500 journalistes du monde entier était attendus pour ce salon. Il y aura de nombreux points forts comme chaque année lors de Baselworld. Les 1 400 exposants, dont certains représentent les marques leaders de l’industrie au niveau international, offriront tous les jours et presque en continu de grands moments sur leurs stands lors de présentations prestigieuses et parfois spectaculaires.
Baselworld 2014 est également ouvert au grand public du 27 mars au 3 avril 2014. Au cours des dernières années, Baselworld est devenu la manifestation réunissant tout ce qui se fait de mieux dans la branche horlogère et de la joaillerie. Il est donc capital pour elle d’utiliser Baselworld comme une plate-forme permettant de présenter les tous nouveaux produits et les innovations. Les stands construits spécialement pour ce salon sont d’une élégance exceptionnelle et représentent pour les visiteurs le luxe et la perfection de l’univers des marques de montres et de bijoux. Au cours des dernières décennies, Baselworld est devenu également un rendez-vous annuel incontournable pour les médias. Baselworld accueille régulièrement plus de 3 500 journalistes accrédités venant de presque tous les pays du globe, une tour de Babel.
Un guide mobile gratuit du salon pour iPhone, iPad, BlackBerry et les autres smartphones
est téléchargeable, où il est conseillé de prendre des photos et des notes pour la visite de la foire. Pourtant certains exposants refusent les photos !
Baselworld
Ma chronique :
BaselWorld est un hyper marché de luxe, composé de boutiques éphémères.
Quelques 7000 camions, ont acheminé le matériel, pour leur édification.
Ma journée commence par des tribulations de tous ordres.
Arrivée en gare, très peu avant le départ du train pour Bâle, je suis devant le distributeur de billets de la Sncf, il me reste à peine 5 mn. La configuration pour l’achat des billets a changé. Il faut indiquer la ville de départ, puis celle de l’arrivée, ai-je tourné, la molette dans le mauvais sens ? Le distributeur se met hors service. Celui d’à côté affiche un écran noir, le 3ème est occupé, je retiens un gros mot. La personne qui achète son billet, me propose son aide. À deux nous réussissons mon achat.
BaselWorld
Cela me permet d’arriver à Bâle à l’heure prévue, pour la conférence de presse. Je retire le badge, qui permet l’entrée aux festivités, je vais à l’entrée de la Messe, le guichetier, m’empêche d’entrer, me dit que la conférence est à 12 h, il insiste, en allemand, je montre le mail reçu la veille qui annonce bien 11 h, il me dit que c’est une erreur.
Je dépose mon manteau et les catalogues, qui pèsent une tonne, au vestiaire. Je m’informe une nouvelle fois sur la conférence de presse, lieu et horaire. La personne me dit ignorer l’horaire et m’indique le bâtiment d’en face réservé à la presse,  et affirme qu’elle se tient au 1er étage. Je m’y rends, c’est rempli de journalistes qui prennent une collation, consultent leurs Pc, leurs IPad et iPhones.
BaselWorld media center
Je me dis, je vais surveiller, les gens, et quand il y aura un grand mouvement de foule, ce sera sûrement pour la conférence et je suivrai la vague.
Rien ne se passe, on commence à nous proposer de nous servir pour le déjeuner. Je déjeune, comme tout le monde, puis, je me dirige vers la Messe. Je m’informe auprès d’une hôtesse, elle me dit que la conférence est terminée et qu’elle se tenait au
Congress Center, en face de BaselWorld !
J’ai une excuse, je n’ai pas beaucoup dormi et je suis un peu à l’ouest, mais mes informateurs sont nuls.
Je rentre enfin dans BaselWorld, dans le premier hall, le paquebot : Bulgari, je me dirige vers
Baselworld Bulgaril’impressionnante construction, immédiatement, un garde du corps m’interpelle, me barre le passage, contrôle mon badge, je n’ai pas de badge Bulgari, donc, il est interdit d’avancer d’un mètre, pour regarder leurs montres. Il m’explique en plusieurs langues, que je ne peux pas accéder à ce lieu, je prends mon air le plus stupide, (je vous assure que c’est possible) il finit par saisir que je me moque, et laisse échapper un rictus.
Je continue ma visite, c’est un déploiement de luxe, de toutes les marques. Les boutiques rivalisent d’inventivité, de somptuosité, dans certaines, l’accueil est assuré par des jeunes femmes en robes du soir, filiformes, parées de bijoux pesant leurs prix et leur poids. Je les plains, talons hauts, robes ultra serrées, debout à la même place, jusqu’au soir, elles tentent de faire bonne figure. Je les prends en photo, elles me sourient gentiment.
BaselWorld
Comme la mise en place de la foire n’est pas terminée, certains ouvriers s’affairent aux finitions, ils en profitent pour passer et repasser, lentement devant les jeunes femmes. Cela est surréaliste, me fait douter  du meilleur goût. Certaines boutiques sont gigantesques, parterre c’est moquette à volonté. Pour ceux qui connaissent, la Messe lors d’autres événements, ont du mal à reconnaître les lieux.
BaselWorld
La tendance actuelle de la mode des montres est à la transparence, on voit palpiter le coeur du système, pour la matière, beaucoup de fabricants utilisent la céramique, j’en teste quelques unes. C’est agréable à la peau. En effet certains professionnels exposants, ont l’accueil engageant.
BaselWorld
Il y a aussi quantité de boutiques de bijoux, où scintillent, des parures incroyables, diamant, blanc, jaune, rose, émeraude, saphir, rubis, peu de perles.
C’est la caverne d’Ali Baba.
À l’entrée d’un hall il y a des installations lumineuses, à voir ici qui rappellent un centre d’art contemporain.
Je repars avec la vision d’un monde de grand luxe, qui jure incroyablement avec la morosité et la pauvreté actuelles.
BaselWord
Heures d’ouverture:
Tous les jours 9 -18 heures
(excepté jeudi 03 avril: 9 – 16 heures)
les photos des montres et des bijoux sont volontairement floues
BASELWORLD 2014 en chiffres
150’000 personnes (représentants des marques exposantes, acheteurs, journalistes et autres visiteurs)
Journalistes: 4’000
Nombre d’exposants: 1’500
 

Hélène Sturm, son roman Walter au salon du livre de Paris 2014

 
 
du 21 au 24 mars 2014
le salon du livre de Paris 2014
Hélène Sturm Walter
Les cinq axes thématiques de l’édition 2014
Outre « l’Argentine à l’honneur » et
« Shanghai, ville invitée « , le Salon du livre 2014 met en avant trois autres grands thèmes.
Un axe se penche sur la question du Savoir et connaissances, donnant l’occasion à des chercheurs et scientifiques de toutes disciplines de donner des conférences passionnantes autour de sujets de réflexion qu’inspire notre époque : le pouvoir, le travail, les technologies, l’environnement.
La femme est-elle l’avenir de la littérature ?
La question est posée à l’occasion d’un quatrième axe sur les rapports entre littérature et féminin, interrogeant aussi bien la place des femmes dans la littérature que l’existence d’une littérature féminine.
Enfin, un dernier axe thématique se penche sur le cas de ces livres coups de cœur qui peuvent bouleverser une vie. L’occasion de penser le livre sous l’angle de l’émotion et de l’intime. Tout un programme.
Hélène Sturm Et Joëlle Losfeld
Hélène Sturm remplit doublement les 2 critères, le coup de cœur et la place des femmes dans la littérature. Hélène se définit comme auteur, à la rigueur comme auteure pour vous faire plaisir. Elle présente son nouveau roman, Walter, après nous avoir enchantés avec le premier, Pfff en 2011, aux éditions Joëlle Losfeld, Gallimard
Hélène Sturm, Walter
Voir ici la critique de la cause littéraire  🙂

une biographie dans la Garde-Adhéma
Hélène
 

James Ensor, les masques intrigués.

James Ensor, les masques intrigués.
Du Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers et des collections suisses
Commissaire : Nina Zimmer
Jusqu’au 25 mai 2014 au Kunstmuseum Basel

James Ensor Die Intrige, 1890 Öl auf Leinwand, 90 x 150 cm Königliches Museum für Schöne Künste Antwerpen © 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich
James Ensor
Die Intrige, 1890 Öl auf Leinwand, 90 x 150 cm
Königliches Museum für Schöne Künste Antwerpen
© 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich

« Je n’ai pas d’enfants, mais la lumière est ma fille, complètement et sans partage »

Des masques, fantômes, crânes, squelettes et autres figures macabres qui se juxtaposent en de bizarres arrangements : l’oeuvre de l’artiste belge James Ensor (1860 –1949) est grotesque, ironique, parfois agressive et provocateur, mais toujours portée par un humour profond.
L’intrigue, 1890, peut émaner autant du Carnaval d’Ostende, que représenter les passions qui agitent la vie des hommes, une réflexion philosophique dans les Masques se disputant un pendu. Sa technique brutale, son utilisation des couleurs qui s’opposent sans harmonie, donnent beaucoup de relief, à son expression presque surréaliste, ses écriteaux allusifs, nous placent devant devant le débat entre les bons et les mauvais, entre la vie et la mort. Des artistes comme Alfred Kubin, Paul Klee et les expressionnistes allemands Emil Nolde et Ernst Ludwig Kirchner se sont inspirés au début du XXème siècle de sa force créatrice et de son déni radical de l’idéal de beauté propre à l’histoire de l’art occidental.
James Ensor Der Fall der rebellischen Engel, 1889 Öl auf Leinwand, 108 x 132 cm Königliches Museum für Schöne Künste, Antwerpen © 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich
James Ensor
Der Fall der rebellischen Engel, 1889 Öl auf Leinwand, 108 x 132 cm
Königliches Museum für Schöne Künste, Antwerpen
© 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich

Une rétrospective au Musée d’Orsay et au Museum of Modern Art à New York en 2009 a rendu définitivement ses travaux célèbres au niveau international.
Ensor à ses débuts s’est adonné au pleinairisme et fut un compagnon de route du réalisme européen et du naturalisme. Dans un deuxième temps, il a développé une variante spécifiquement belge du symbolisme. Dans sa phase de création la plus connue, le grotesque devient la caractéristique principale de son art. C’est un précurseur le l’expressionnisme. James Ensor est né à Ostende en 1860. Ce milieu original exerce une influence déterminante et durable sur le peintre, comme il le reconnaît plus tard :
 » Mon enfance a été peuplée de rêves merveilleux et la fréquentation de la boutique de la grand’mère toute irisée de reflets de coquilles et des somptuosités des dentelles, d’étranges bêtes empaillées et des armes terribles de sauvages m’épouvantaient […] certes le milieu exceptionnel a développé mes facultés artistiques ».
Dès les premières manifestations de sa vocation, le jeune homme peut sans doute compter sur le soutien de son père, un homme intellectuel et sensible Il réalise son premier tableau important à l’âge de 19 ans.
James Ensor Badewagen, Nachmittag des 29. Juli 1876 Öl auf Karton, 18 x 23 cm Königliches Museum für Schöne Künste Antwerpen © 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich
James Ensor
Badewagen, Nachmittag des 29. Juli 1876 Öl auf Karton, 18 x 23 cm Königliches Museum für Schöne Künste Antwerpen
© 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich

En quête de modernité, formé à l’Académie de Bruxelles, à laquelle il s’inscrit en 1877, Ensor en rejette rapidement l’enseignement et préfère revenir travailler dans sa ville d’Ostende dès 1880. A l’exception de quelques voyages à Londres, au Pays-Bas ou à Paris, et de nombreux passages à Bruxelles, il y demeure jusqu’à la fin de ses jours. Après son séjour dans la capitale belge, il se met à élaborer son univers personnel, explorant son environnement dans de nombreuses peintures et dessins.
Au cours des dix années de vie du groupe des XX, Ensor précise son propos plastique, réalisant notamment la série de dessins les auréoles du Christ ou les sensibilités de la lumière, lançant son cycle exceptionnel de gravures et découvrant ensuite, à travers les thèmes du masque et du squelette, la manière de répondre, dans le cadre du symbolisme ambiant mais de manière toute personnelle, à ses angoisses et à sa vision du monde. Ensor réalise des paysages, des natures mortes, des portraits ainsi que des scènes de genre mettant en scène sa soeur, sa mère, sa tante.
James Ensor Die Austernesserin (Im Land der Farben), 1882 Öl auf Leinwand, 207 × 105 cm Königliches Museum für Schöne Künste, Antwerpen © 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich
James Ensor
Die Austernesserin (Im Land der Farben), 1882 Öl auf Leinwand, 207 × 105 cm Königliches Museum für Schöne Künste, Antwerpen
© 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich

La mangeuse d’huîtres, oeuvre majeure de la période, conjugue magistralement ces divers genres picturaux. On y voit sa soeur Mitche absorbée par un repas d’huîtres. Une profusion de fleurs, d’assiettes et de linge de table se déploie devant elle, La mangeuse d’huîtres. Paris 2009.
Ensor n’a cessé de se représenter. Jeune, fringant, plein d’espoir et de fougue, triste mais somptueux parfois, ainsi apparaît-il dans ses premiers tableaux. Bientôt cependant il laisse exploser sa rancoeur en soumettant son image à de multiples métamorphoses. Il est un hanneton, il se déclare fou, il se « squelettise »…
James Ensor Der Schmerzensmann, 1891 Öl auf Holz, 21,9 x 16 cm Königliches Museum für Schöne Künste Antwerpen © 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich
James Ensor
Der Schmerzensmann, 1891 Öl auf Holz, 21,9 x 16 cm Königliches Museum für Schöne Künste Antwerpen
© 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich

Il s’identifie au Christ puis à un pauvre hareng saur. Il se caricature, se ridiculise. L’ensemble paraît distiller la quintessence des peintures de Bosch, Bruegel et Goya, amalgamé avec une technique d’une agressivité chromatique particulière, un violent empâtement et une grande rudesse des formes. Le procédé consistant à traduire certains détails, comme la main du personnage tenant un enfant, en teintes obscures, mises en valeur, par des touches lumineuses, appliquées ultérieurement, rappelle les « peintures noires » de Goya.
James Ensor Die schlechten Ärzte, 1895 Kupferradierung Platte: 17,8 x 25,2 cm, Blatt: 27,7 x 36,3 cm Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett, erworben 1928, Inv. 1928.283 © 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich
James Ensor
Die schlechten Ärzte, 1895
Kupferradierung
Platte: 17,8 x 25,2 cm, Blatt: 27,7 x 36,3 cm
Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett,
erworben 1928, Inv. 1928.283
© 2014, Lukas-Art in Flanders vzw, Foto Hugo
Maertens und d/arch / ProLitteris, Zürich

En 1933, il est proclamé « Prince des peintres »; il mourra couvert d’honneurs, mais ceux-ci semblent lui avoir échu trop tard. Le musée royal des Beaux-Arts d’Anvers possède la plus grande et la plus importante collection au monde d’oeuvres d’Ensor. La fermeture prolongée du musée pour des travaux d’assainissement offre l’opportunité d’accueillir l’ensemble de cette collection formidable, complétée par une sélection de dessins montrés parfois pour la première fois, ainsi qu’un ensemble de peintures en provenance de collections suisses et des gravures issues du cabinet des estampes du Kunstmuseum Basel.
photos courtoisie du Kunstmuseum Basel

Robert Cahen, Entrevoir au MAMCS

Robert Cahen
Jusqu’au 11 mai
la  commissaire, qui a choisi la thématique est  Héloïse Conesa, la scénographie a été conçue par Thierry Maury,
Le poète dit « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité »
extrait du journal d’un inconnu de Jean Cocteau

Pas de chemise bleue ? interroge une admiratrice de l’artiste, en effet c’est de violet qu’il s’habille (la chemise) ce jour de vernissage
Le violet est une couleur royale qui représente la subtilité, le mystère, le romantisme, l’idéalisme, la protection, la mélancolie, la fraicheur, la pureté, la paix et le luxe. (dictionnaire)
Le violet est, dans la synthèse soustrative [……… ] une couleur secondaire issue du mélange entre le bleu et l’orange et, dans la synthèse additive (lumière), etc …
C’est toute la caractéristique de l’oeuvre de Robert Cahen.
Dans l’exposition Entrevoir du Musée d’Art Moderne et contemporain de Strasbourg ce sont les deux dernières décennies qui sont montrées, 16 vidéos et installations, dans l’espace conséquent du musée.  Elle nous donne l’occasion d’
« Entrevoir » :
Subtilité, mystère, romantisme, idéalisme, mélancolie, fraîcheur, pureté, paix, sérénité, lumière, spiritualité.
Certaines oeuvres déjà connues, mais aussi des nouveautés comme « Entrevoir » qui donne son titre à l’exposition. Une mystérieuse traversée de la forêt vosgienne, nous mène à travers champs,  avec une tonalité bergmanienne, à la recherche des Fraises Sauvages.
L’Entre, les passants du monde. Françoise Endormie.
Robert Cahen Visions Fugitives
Dès l’entrée du musée, les Visions Fugitives laissent entrevoir cette partie d’Asie que l’artiste aime tant.
Jeune compositeur, ancien élève de Pierre Schaeffer,  à l’orée des années 70, diplômé du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris Service de la recherche de la RTF, qui l’intègre dans son équipe en tant que chercheur, responsable de recherches à l’INA, pour ensuite produire ses propres créations.  Robert Cahen rencontre à New York un certain Nam June Paik (1977),  année au cours de laquelle  il pose les bases de son travail de l’image. Lauréat, hors les murs, de la Villa Médicis à Rome, (1992) il parcourt le monde. Professeur associé au Fresnoy, dans les années 2012, il réalise un film sur Pierre Boulez, le maître du temps dirigeant  « Mémoriale » que l’on peut voir de face comme de dos.
Le fil conducteur  des oeuvres de Robert Cahen interroge le temps, le passage, la mémoire, l’apparition et la disparition. Autant de façons de réfléchir sur l’humain et sa “finitude”, dans une gravité mélancolique qu’illustrent des pièces comme Suaire ou Françoise endormie, Traverses.  La foule ou la rue sont des sujets récurrents dans son travail, un poète de l’intériorité, de l’introspection méditative dont témoignent fortement ses Portraits.
Robert Cahen
Robert Cahen est à l’image de certains oiseaux migrateurs qui voguent d’un continent, l’autre, à la rencontre de la beauté et de la poésie du monde, qui sont au cœur de son travail . Mais qu’est-ce qui fait courir Robert Cahen ? Il n’est jamais à court d’idées, un projet à Macao juxtapose un autre aux Philippines, la Patagonie, l’Argentine, proustien et baudelairien, dans sa recherche du temps, qu’il ne perd jamais, en tentant de l’arrêter, par des effets qui lui sont si personnels, reconnaissables, flous, poétiques.
« C’est en regardant longtemps de l’eau tomber, et en écoutant le bruit de sa chute, que le temps semble s’arrêter ».Robert Cahen
Robert Cahen Entre
Du pôle nord, à l’équateur, en passant par l’Asie, les Etats Unis,  l’Europe, l’Alsace,  aux antipodes du monde, tout l’intéresse. Les traces de ses envolées sont visibles. Son œuvre vidéo est là pour nous montrer ses voyages et la réalité qu’il en extrait.  Dans ses nombreux voyages, il regarde défiler, le paysage, les gens. C’est ainsi que l’on croit percevoir, des souvenirs d’enfance, de vie d’adultes de tous âges, de toutes nationalités, avec une préférence pour l’Asie, des références cinématographiques à Hitchcock teintées d’érotisme, de fétichisme. Ce sont des rencontres, des apparitions, des disparitions,  qui évoquent le passage éphémère des choses et du temps. Ce temps suspendu, étiré, proustien dixit Stephan Audeguy, saturnien, onirique, où les personnages effectuent des passages, pour devenir flou avant de disparaître.
Robert Cahen
Les images sont musicales, les sons qui les accompagnent sont une évidence, le compositeur de musique concrète a rejoint l’œil du cinéaste, non pas comme dans un documentaire, mais dans un conte de souvenirs, une invitation à voir et regarder les choses, la beauté du monde, par le prisme du poète.
Dans un temps ralenti, arrêté,  pour mieux voir et en même temps nous faire toucher du regard, sinon de la conscience de l’éphémère de la vie. De l’eau qui coule, des corps qui flottent, comme le temps, la vie qui s’écoulent de façon immuable. Par cela même c’est une évocation constante de la mort, voire d’êtres chers disparus.
Contempler, pour en extraire les grâces, il a inventé un rapport à la beauté du monde. Affinité touchante avec les estampes, un désir de rendre au monde sa réalité, un rapport au temps et à l’éternité, tout en nous emmenant dans son voyage dans l’imaginaire.
C’est un personnage touchant, aux rêves communicatifs, ses amis du monde entier peuvent témoigner de sa curiosité, de sa cordialité, de son amabilité, et de son ouverture au monde.
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JR à Baden Baden chez Frieder Burda

Jusqu’au 29 juin 2014  au musée Frieder Burda de Baden Baden

L’artiste français JR (*1983) compte parmi les représentants les plus innovateurs de l’art contemporain international. Il vit et travaille à Paris et New York et tient à ce que sa véritable identité reste secrète. C’est pourquoi il ne se montre jamais sans son chapeau et ses lunettes. Cela lui permet d’assister de manière anonyme à ses propres vernissages, d’entendre, l’opinion des visiteurs, incognito.


C’est sur les murs du monde entier qu’il colle ses photographies monumentales en noir et blanc. En épousant l’architecture des villes, les travaux de JR s’adaptent aux contextes culturels et historiques actuels, dont l’impact émotionnel s’exprime sur les visages des gens qu’il photographie en gros plan. En se fondant sur cette idée, l’artiste a déjà réalisé des projets de grande ampleur en Europe, en Amérique, en Afrique et en Asie. La motivation principale de JR est l’interaction avec les autres.
Dans ses travaux, il s’interroge sur la liberté et l’identité, et questionne la capacité de l’art à changer la perception de l’homme et de son environnement.
Son action attire également l’attention sur tous les dysfonctionnements de notre temps. L’art de JR se caractérise par les histoires qu’il raconte dans ses collages et par son talent à rapprocher des univers éloignés les uns des autres.
JR est un créateur de relations humaines, un chef d’orchestre qui donne un visage aux existences « anonymes » ou aux histoires méconnues voire oubliées.
JR s’est vu remettre en 2011, pour ses visions ambitionnant de transformer le monde, le prix américain TED, distinction déjà attribuée en son temps à Bill Clinton.
« Mon art ne change pas le monde; mais j’espère qu’il pousse à changer le regard sur le monde et sur les êtres », dit JR.
C’est Patricia Kamp qui, en étroite collaboration avec lui, assure le commissariat de l’exposition au Musée Frieder Burda. L’exposition présente d’anciennes photos et vidéos de l’artiste, tout comme des projets en cours, ce qui permet un regard panoramique sur son travail et son évolution récente.


TOUT A COMMENCÉ AVEC UN APPAREIL PHOTO TROUVÉ
JR commence sa carrière dans le graffiti. Adolescent, il trouve un appareil photo dans le métro parisien et commence alors à documenter ses pérégrinations sur les toits et dans les tunnels parisiens. Dès 2004, JR réalise son premier grand projet
PORTRAIT D’UNE GENERATION.
Suite à une première exposition sauvage sur les murs de la Cité des Bosquets à Montfermeil, JR s’installe en plein coeur de ce quartier et de la cité voisine de la Forestière à Clichy-sous-Bois, épicentres des émeutes de 2005 dans les banlieues parisiennes et françaises. Rapidement les premiers portraits sont exposés sur les murs des derniers quartiers populaires de la capitale, dans l’est parisien. Ces images provoquent le passant, dans le sens ou elles questionnent la représentation sociale et médiatique d’une génération que l’on ne saurait voir qu’aux portes de Paris.


En 2007, le projet FACE 2 FACE tente de montrer qu’au-delà de ce qui les sépare, Israéliens et Palestiniens se ressemblent suffisamment pour pouvoir se comprendre. JR entreprend alors de réaliser, sans autorisation la plus grande exposition d’art urbain au monde. Des hommes et des femmes israéliens et palestiniens, exerçant le même métier, acceptent ainsi de pleurer de rire, de crier ou de grimacer devant l’objectif de JR. Les portraits réalisés sont collés face à face, dans des formats monumentaux des deux côtés du mur de séparation et dans plusieurs villes alentours. Ce projet est une démonstration en images que l’art et le rire peuvent ensemble faire reculer les préjugés.


Avec WOMEN ARE HEROES, JR s’aventure en 2008 dans la Favela Morro da Providência de Rio de Janeiro, avec un plan audacieux en tête. Il veut y rencontrer les habitants et donner un visage aux femmes habituellement condamnées à l’anonymat. Elles sont les premières à souffrir de la violence liée au trafic de drogue tout en étant les plus vulnérables d’une société dont elles sont pourtant les piliers. Il décide alors de recouvrir les murs de la favela de leurs visages et de leurs regards.
Le projet WOMEN ARE HEROES, qui donnera son nom au documentaire sélectionné à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes en 2010, conduira JR au Kenya, au Liberia, en Sierra Leone, en Inde et au Cambodge.
JR place la génération des aînés au centre du projet


THE WRINKLES OF THE CITY. JR part à la rencontre de personnes âgées habitant des villes marquées par les grands bouleversements survenus au XXe siècle. En collant le portrait grand format de ces personnes ridées par la vie, JR superpose leur histoire personnelle et intime aux stigmates laissés par l’histoire sur les murs de ces villes. Pour ce projet, il a déjà voyagé à Carthagène, Shanghai, Los Angeles, La Havane et Berlin dont est présentée une sélection d’images au musée. La seconde guerre mondiale et le sort qui a été réservé à la ville de Berlin par les alliés a considérablement transformé la vie quotidienne des Berlinois et d’une partie de l’Europe pendant plus de 40 ans. Berlin est une métaphore du conflit qui a opposé ensuite l’Est à l’Ouest jusqu’à la chute du Mur de Berlin.


INSIDE OUT – CHACUN PEUT PARTICIPER (Mulhouse 2012)
En décidant d’imprimer le portrait de qui veut, JR fait don de son processus formel aux personnes du monde entier qui souhaite défendre une cause ou valoriser un combat. JR souhaite que les hommes assument publiquement ce qui compte pour eux. Plus de 200 000 personnes ont déjà fourni leur portrait pour participer au projet
INSIDE OUT. JR réussit en 2013 – il est le premier artiste à l’avoir fait – à couvrir Time Square de portraits au cœur de New York. Le portrait reste le moyen pour y parvenir. Ils sont envoyés sur le site internet du projet ou réalisées dans des cabines photographiques mobiles avant d’être collés par les participants eux-mêmes dans l’espace public. JR est devenu un imprimeur. L’idée va vite devenir un moyen d’expression politique: en Tunisie, les gens collent leur propre portrait par-dessus celui du dictateur; au Pakistan, les minorités dénoncent par le biais des photos INSIDE OUT les persécutions dont elles sont victimes; dans l’Arctique, un œil immense s’étale pour attirer l’attention sur la surexploitation de l’un des derniers écosystèmes encore intacts sur terre; aux États-Unis, les Indiens Lakotas placardent leurs tentes de portraits et à Berlin, de jeunes Russes manifestent contre l’homophobie qui règne dans leur pays.
Au Musée Frieder Burda aussi, les visiteurs peuvent se faire photographier dans une cabine photographique installée pour l’exposition et se joindre ainsi à ce projet artistique d’une ampleur inégalée.


UNFRAMED – L’ART SORT DANS LA RUE
Marseille, Bordeaux, Washington, São Paulo, Grottaglie dans le sud de l’Italie – le projet UNFRAMED a fait beaucoup voyager JR depuis 2009. Pour la première fois de sa carrière, il n’affiche pas ses propres photos, mais celles d’autres photographes connus ou anonymes. L’exposition montre des photos du projet réalisé à Vevey en 2010 et à Marseille, capitale européenne de la culture en 2013.
À Marseille dans le quartier de la Belle de Mai JR s’est intéressé à l’identité du quartier et a invité ses habitants à se pencher sur la mémoire de celui-ci en plongeant dans leurs albums personnels. Ces photos, anciennes ou actuelles, recadrées et agrandies ont formé une œuvre monumentale sur les façades du quartier. Elles transfigurent ces empreintes personnelles et plurielles de ce qui constitue une partie de l’histoire et de la mémoire collective de la Belle de Mai, quartier emblématique de la ville de Marseille.


Dans le cadre de la présentation au Musée Frieder Burda, UNFRAMED sera également présent à Baden-Baden. Le grand projet UNFRAMED BADEN-BADEN, occupant l’espace urbain de Baden-Baden, se penche sur l’histoire et de l’amitié franco allemandes. Dans la vieille ville, JR place le sujet dans un nouveau contexte en affichant des clichés historiques tirés d’albums privés et des archives municipales.
Pour ce faire, les citoyens de la ville de Baden-Baden ont été invités en amont à participer et à fournir des documents personnels. De tout temps, Baden-Baden a joué un rôle charnière entre l’Allemagne et la France. Le rapprochement hésitant des deux pays, qui furent des ennemis héréditaires durant des décennies, est ici littéralement palpable.


JR choisi pour recouvrir le Panthéon, pendant les travaux
Le président du CMN, Philippe Bélaval, a choisi de ne pas faire poser de bâche publicitaire pendant les travaux. Il a préféré commander une œuvre à un artiste français, dont il a révélé le nom, mardi 25 février. « Pour la première fois, les bâches d’un chantier d’un monument national deviendront le support d’une création artistique contemporaine, et non celui d’une campagne publicitaire lucrative », dit le CMN. Les coûts du projet doivent être pris en charge par un mécène anonyme.
Commissaire d’exposition : Patricia Kamp
Artsy JR

Musée Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8b, 76530 Baden-Baden,
www.museum-frieder-burda.de
Téléphone : 07221/39898-0,
Télécopie: 07221/39898-30
Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche 10h00-18h00,
fermé le lundi (sauf jours fériés)
Photos courtoisie musée Frieder Burda
photos de l’auteur 1 2 3 5

Objets ludiques au musée Tinguely

L’art des possibilités
Jean Tinguely Rotozaza n°1
À travers une centaine de réalisations d’artistes, cette exposition présente l’histoire et la diversité de l’oeuvre d’art variable. L’« objet ludique » modulable, qualifié aussi par l’histoire de l’art d’objet de « variation » ou de « participation », connut son apogée à la fin des années 1960, notamment dans le domaine de l’art concret constructif et cinétique. Le but des artistes était d’impliquer l’observateur directement et de différente manière dans le processus de réalisation et de transformation de leurs objets artistiques. L’observateur modifie ainsi les compositions (conçues pour être mobiles) d’images, de reliefs et de sculptures, et choisit la constellation qui lui convient. Il est dès lors acteur direct entre l’artiste et l’oeuvre d’art.
Le Musée Tinguely offre une occasion unique de découvrir et vivre en direct la variabilité de ces oeuvres autour desquelles est proposé un riche éventail de plus de 300 visites et manifestations interactives.
Dieter_Hacker
Les pionniers de l’objet ludique
Un chapitre introductif sur l’objet d’art modulable présente des sculptures des années 1930 et 1940 qui annoncent ce qui deviendra l’« objet ludique », de plus en plus en vogue dans les années 1960. On pourra voir les travaux mobiles, en bois et métal, du groupe argentin MADI, crée par les artistes Gyula Kosice et Carmelo Arden Quin, ainsi que la sculpture Game de l’artiste britannique William Turnbull qui évoque de toute évidence un plateau de jeu. Outre les travaux plus anciens de Hugo Weber et Hans Erni, la sculpture Mobile de Le Corbusier (connu surtout comme architecte) rappelle que les artistes suisses ont été également novateurs dans le domaine de l’oeuvre d’art modulable.
Jeppe Hein
Le « Play Art » constructif et concret
L’exposition se concentre principalement sur les années 1950 à 1970, au cours desquelles ce sont surtout les artistes constructifs et concrets qui traitent le thème de l’implication directe de l’observateur. Ils développent alors toute une gamme de techniques et utilisent des matériaux très divers. Les oeuvres présentées dans cette section centrale de l’exposition sont notamment les premiers reliefs mobiles de Karl Gerstner, les Spielobjekte de Gerhard von Graevenitz, une grande Kugelbild de Paul Talman, le Grosser Drehflügel Serie E et la Vierkantrohre Serie DW de Charlotte Posenenske. Dès ses premières oeuvres, Dieter Roth rompt avec les règles structurelles strictes de l’art constructiviste. Dans Drehrasterbild, par exemple, des mouvements de rotation créent des interférences visuelles à la manière de l’Op-Art. Dans Gummibandbild, le support de l’oeuvre avec ses rangées orthogonales de clous devient zone de jeu : l’utilisateur, invité à tendre des caoutchoucs autour des clous, crée ainsi toutes sortes de motifs et de formes. Il est alors lui-même artiste en participant à un art pour tous.
Alberto Biasi
D’autres artistes, tels les Sud-Américains Carlos Cruz-Diez ou Mary Vieira, ont réalisé des sculptures modulables en bois ou métal brillant et fait de leur art participatif un manifeste sociopolitique. Les artistes italiens du gruppo T à Milan, réuni notamment autour de Gianni Colombo, Gabriele Devecchi et Grazia Varisco, ont beaucoup travaillé les notions d’espace, de temps et de mouvement. Sur les reliefs de Varisco, par exemple, des rubans et éléments magnétiques peuvent être déplacés. Quant à la Superficie in variazione de Colombo, elle change de structure au moyen de leviers placés à la surface de l’oeuvre.
Machines et art ludiques pour tous les sens
Julio_Le Parc
Plusieurs oeuvres exposées, tel le Tableau tactile sonore de Yaacov Agam, sollicitent des sens divers. En touchant les éléments métalliques montés sur des ressorts, ceux-ci se mettent à vibrer et donnent tout type de sons. Avec Essbild, de l’artiste allemand Dieter Hacker, l’utilisateur peut lui-même décider s’il veut déplacer les dragées blancs au chocolat sur le plateau de jeu noir ou s’il préfère les enlever de la « composition artistique » et les manger.
Par leurs concepts hautement individuels, tous ces artistes entendaient réagir à leur environnement, aux thèmes de l’actualité sociale, à la politique et la science. Ce faisant, ils ont créé des objets artistiques à partir de matériaux courants et autres pièces utilitaires de fabrication industrielle. Pour ses Kaufhaus-Objekte Rolf Glasmeier a délibérément repris des marchandises de masse sans valeur artistique. Des poignées de fenêtres ou des clapets de boîtes aux lettres permettent ainsi à l’« utilisateur artistique » de réaliser autant de constellations différentes. La Rotozaza No. 1 (vidéo)  peinte en noir de Jean Tinguely est une gigantesque machine qui lance des balles et invite le visiteur à jouer.
Par une simple pression sur un bouton, tel autre pourra déclencher avec l’Ensemble de onze jeux surprises de Julio Le Parc quantité de « surprises » à la fois visuelles et auditives. Son Jeu avec balles de ping-pong, un peu comme un flipper, entraîne les balles dans une danse mécanique.
Yayio Kusama
Nouveaux objets ludiques
Dans l’installation interactive The obliteration room, de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, le public est convié à recouvrir d’une multitude de points bariolés et vifs un espace complètement blanc. Chaque visiteur laisse ainsi sa trace et, tout au long de l’exposition, des milliers de points s’accumulent et colorent l’espace.
De même avec l’Intervention Impact de Jeppe Hein le visiteur prend part de manière ludique à la réalisation de l’oeuvre d’art. 300 gros cubes en carton blanc, dont un coin est coupé, fonctionnent comme les éléments d’un jeu de construction, donnant sans cesse de nouvelles structures au gré des passages.
Afin de découvrir et vivre en direct la variabilité des oeuvres de l’exposition, le Musée Tinguely propose plus de 300 visites et manifestations interactives à son public. Pour plus de détails, veuillez consulter notre agenda d’événements
www.tinguely.ch
Publication L’exposition Objets ludiques – l’art des possibilités est accompagnée d’un catalogue en trois parties publié par le Kehrer Verlag dans un coffret avec couverture modulable et des contributions d’Annja Müller-Alsbach, Frederik Schikowski, Roland Wetzel, des interviews aves les artistes Mary Bauermeister, Peter Lindbergh, Grazia Varisco, et une anthologie, 208 pages, environ 200 illustrations, prix en boutique du Musée: 48 CHF, édition allemande: 48 CHF, ISBN: 978 3 868 28 49 28
Informations générales:
Horaires d’ouverture :
tous les jours, sauf le lundi, 11h à 18h
Ouvertures exceptionnelles : Vendredi Saint, 18 avril:
fermé Lundi de Pâques, 21 avril: 11 – 18 h Jeudi, 1er mai, fête du travail: 11 – 18 h
Tarifs : Adultes : 15 CHF Scolaires, étudiants, apprentis, AHV, IV : 10 CHF Groupes (20 personnes au moins) : 10
Passmusées
 
jusqu’au 11 mai 2014
 
 

Bill Viola sculpteur du temps

Bill Viola en février 2014, lorsque je me suis approchée du couple pour leur remettre un cadeau E.I.

La conférence de presse suivie par la visite de l’exposition

du  05 Mars 2014 au  21 Juillet 2014 au Grand Palais Paris
« Je suis né en même temps que la vidéo »,
dit souvent Bill Viola (site officiel), qui vit le jour en 1951.
Bill Viola est spiritualité, humanité, un artiste charismatique.
C’est à un voyage initiatique, une expérience sensorielle et intime que nous convie Bill Viola. (vidéo)

Biographie de Bill Viola
 lien

E12100 Video installation Martyrs (Earth, Air, Fire, Water) by American artist Bill Viola at St Paul’s Cathedral in London, UK

 

Vous pouvez visionner ci-dessous :
La vidéo de la conférence de presse
La vidéo du vernissage
Avec vingt œuvres magistrales, soit plus de trente écrans et des heures d’images, Bill Viola au Grand Palais constitue l’une des plus larges rétrospectives consacrées à l’artiste. Plongée dans l’obscurité presque totale, la scénographie y est millimétrée au service d’une puissance visuelle rarement atteinte.
Tout est parti de l’enfance pour Bill Viola. Un jour il est tombé dans un lac, à l’âge de 6 ans, il a coulé au fond. C’est son oncle, qui en plongeant, l’a sauvé en le ramenant à la surface. Bill le repoussait, sans se rendre compte. Il a vu le monde le plus beau, qu’il n’avait jamais pu contempler, avec des plantes qui ondulaient, une lumière bleue, la lumière sous-marine qui est absolument extraordinaire, lorsqu’on est sous l’eau il n’y a pas de gravité, on flotte, il aurait voulu rester dans cet élément, s’il n’avait pas été repêché. Il n’a pas eu vraiment peur, s’est senti très bien dans l’élément aquatique, à partir de ce moment il n’a plus jamais eu peur de la mort.
Une des premières œuvres qu’il a faite a été Reflecting Pool, le bassin miroir.
C’était l’expression d’une quasi noyade,

The Dreamers (2013), est la plus récente œuvre,
« je suis toujours en relation avec l’eau, avec les fluides, comme l’électricité,
une force active qui vibre en nous et qui vit et qui relie les gens, qui est essentiel »
Bill Viola
C’est une installation composée de sept grands écrans plasma, qui présentent dans une même salle, sept personnes immergées dans le fond d’un cours d’eau. Elles ont les yeux fermés et paraissent sereines. L’eau ondule sur leurs corps et anime subtilement leurs mouvements. Le son de l’eau qui coule envahit l’espace, tandis que la pièce se remplit progressivement de rêves.
The Dreamers

Les quatre décennies de l’œuvre de Viola sont représentées dans l’exposition du Grand Palais , de The Reflecting Pool(1977-79) à The Dreamers (2013): films vidéos (Chott El Djerid (A Portrait in Light and Heat), 1979), installations monumentales (The Sleep of Reason, 1988), portraits sur plasma (The Quintet of the Astonished, 2000),
pièces sonores ( Presence, 1995), sculptures vidéos (Heaven and Earth, 1992), œuvres intimistes (Nine Attempts to Achieve Immortality, 1996) ou superproductions (Going Forth By Day, 2002). Tous les genres de l’œuvre de Bill Viola sont là, et toutes ses grandes séries emblématiques, des Buried Secrets du pavillon américain de Venise en 1995 (The Veiling) aux Angels for the Millennium (Ascension, 2000), des Passions (Catherine’s Room, 2001) à The Tristan Project (Fire Woman et Tristan’s Ascension, 2005), des Transfigurations (Three Women, 2008) aux Mirages (The Encounter, 2012)
Le déluge
Walking the Edge (2012),
Pensée en dialogue avec l’artiste comme un voyage introspectif, cette exposition propose un itinéraire en trois temps, autour des questions métaphysiques majeures :
Qui suis-je ? Où suis-je ? Où vais-je?
Dans ses œuvres, Bill Viola interroge la vie, la mort, la transcendance, la renaissance, le temps et l’espace, utilisant souvent la métaphore d’un corps plongé dans l’eau pour représenter la fluidité de la vie. Ses images cherchent à fournir une autre perception de ces questions fondamentales qui caractérisent l’existence humaine. Une dimension qui confère à son travail une puissance d’universalité particulière, au-delà de tout courant ou de toute mode, et qui explique que cet œuvre vidéo fascine depuis quarante ans aux quatre coins du monde.

« La transformation est une chose importante, une force qui agit en permanence un processus lent, qui permet la construction d’un nouvel être humain, qui se produit au moyen de ce que nous voyons de ce que nous lisons, et apprend aussi des erreurs que nous commettons, une chose merveilleuse chez l’humain, est le changement et l’évolution, la liberté de changer d’avis est une des choses les plus importantes pour l’humain. » BV
Bill Viola a énormément voyagé durant sa carrière : au sein des Etats-Unis, Italie, Japon, France, Indonésie, Australie, Allemagne, Tunisie… Chaque destination étant une source d’innovation pour l’artiste. Dans son voyage à Java et à Bali notamment, où il a pu enregistrer de la musique traditionnelle et des spectacles. Au Canada, afin d’enregistrer des paysages de la Prairie en hiver, ou dans le désert du Sahara pour filmer des mirages, à l’aide de téléobjectifs adaptés à la vidéo. Son voyage spirituel en Inde, dans le Ladakh, fût aussi pour lui une occasion de filmer et d’observer l’art et les rituels religieux. Il a été l’élève puis l’assistant du pionnier de l’art vidéo, le sud coréen, Nam June Paik.

L’usage de la technologie vidéo par Bill Viola convoque un univers d’images digitales s’inscrivant dans l’histoire de l’art. On trouve dans l’exposition des références aux grands maîtres tels que Goya (The Sleep of Reason, 1988) et Jérôme Bosch (The Quintet of the Astonished, 2000). Le spectaculaire polyptyque Going Forth By Day (2002) forme un vaste ensemble mural de tableaux digitaux dans le même esprit que les fresques de Giotto dans la basilique Saint-François d’Assise – sommet inégalé de l’installation artistique selon Viola et référence ultime de l’artiste1932/2006)
Le public va prendre ce qu’il souhaite dans ses œuvres, il ne veut rien imposer, il fait partie de l’œuvre en y pénétrant, en la regardant, en s’y attardant, en y revenant. Trop d’informations de publicité est pollution. Il a aimé le calme et le silence comme dans son passé familial.

Peter Sellars et Bill Viola ont travaillé ensemble lors de la création du Tristan et Isolde de Wagner à l’Opéra Bastille en 2005, spectacle repris cette année dans le même lieu. L’artiste a conçu pour le célèbre metteur en scène américain un tableau vidéo projeté en toile de fond comme décor.  Peter Sellars parle de leur collaboration et du regard qu’il porte sur l’œuvre de Bill Viola.

Commissariat : Jérôme Neutres , conseiller du Président de la Réunion des musées nationaux–Grand Palais et Kira Perov, Executive Director du Studio Bill Viola scénographie : Bobby Jablonski, directrice technique du Studio Bill Viola et Gaëlle Seltzer, architecte à Paris.
catalogue de l’exposition, Studio Bill Viola
en français, 24,5 x 29 cm, 180
pages, 160 ill., relié, 35 €
augmenté par l’application Ipad Iphone etc …
Certaines photos proviennent du site du Grand Palais et d’Internet
autres photos de l’auteur