A la Fondation Fernet-Branca jusqu’au 9 octobre 2016
La Fondation peut accueillir des expositions à géométrie variable.
Après le septuor de Prendre le temps
Le trio de Métamorphoses
les muses de Didier Paquignon
Claire Morgan taxidermiste
Le duo Günter Umberg et Bernard Frize
Pierre‐Jean Sugier, Directeur de la Fondation Fernet‐Branca présente
3 artistes, qui ont chacun leur spécificité et leur singularité. Ils nous emmènent
dans un voyage généreux fait d’émotions, de découvertes, de sensations, d’insolite.
« Paradis des sculpteurs, mais aussi des photographes et des peintres, lieu inspirant, exceptionnel, un espace spacieux et lumineux, où les individualités des artistes tendent
vers l’universel de l’art » Stefan Balkenhol

Marie Bovo
La majorité de son travail se fait entre chien et loup, soit de la nuit vers le matin,
soit l’inverse, à la tombée du jour, juqu’à la nuit, en suivant les saisons.
Elle évoque son rapport à la lumière (crépuscule et aube) et à l’intime dans sa série photographique « Cour intérieure » réalisée à Marseille (Quai de la Joliette), série réalisée sur une période de 2 ans. Ces immeubles haussmanniens, très profonds, laissés à l’abandon, malgré tout habités,  où le ciel le ciel est enserré, sont reliés par un réseau très dense de fils où sont suspendus les vêtements des habitants. Selon les heures sont devine, l’occupation du moment des habitants.

Dans la série « Alger », dans un principe identique, elle développe cette représentation subtile en nous dévoilant ce que l’artiste veut nous dire de son propre monde intérieur sur l’extérieur, sur l’expérience de la ville, les émotions que celle‐ci ou le paysage peut lui évoquer.
Elle exclut toute anecdote, tout effet esthétique, pour se concentrer sur l’essentiel. C’est la construction d’une variation sur un même sujet. La série récente « En route » développe, dans le cadrage d’une porte d’un train polonais,  des paysages tous différents avec un horizon situé toujours à une même hauteur. Ici c’est l’intérieur qui s’ouvre vers l’extérieur, vers son horizon… un même intérieur pour une variation de paysages.

La série « les grisailles », comme pour la série « cours intérieures », Marie Bovo renverse le regard pour nous donner des signes du temps. Ici, peu importe les lieux. Rares sont les indices qui apporteraient une localisation précise. Ce qui compte se sont les marques du temps et de la vie, un plafond qui s’écaille : « Grisailles montre des espaces dégradés de leur projet social initial, et qui pour cela échappent à l’architecture. » (Marie Bovo, Sitio, Editions Kamel Mennour, entretiens Régis Durand, page 10).
Ce contraste intérieur / extérieur apporte une poétique d’une grande rigueur plastique.
de même que cette photographie d’un camp de roms, qui dorment aux marges de la ville.

Nous retrouvons cette même rigueur dans le travail vidéo que développe Marie Bovo. Ainsi deux vidéos seront présentées à la Fondation. Une création tournée à Marseille :
« La Voie Lactée » (2016)  laisse découvrir une ville par le biais d’une coulée laiteuse…la ville à ras le sol. La seconde vidéo est « Prédateur, la Danse de l’Ours (2008 – 2014) » qui nous parle autant de l’animal enfermé dans un espace réduit que de ce que parfois l’humain est capable de créer d’inhumain.
Marie Bovo  est née en 1967 à Alicante en Espagne. Elle vit et travaille à Marseille, elle est représentée par  la  galerie Kamel Mennour à Paris  et OSL contemporary, Oslo
Philippe Cognée (vidéo)
 Philippe Cognée et Stephan Balkenhol, revendiquent depuis les années 80 leur travail sur la figuration.  Leur travail s’impose en se positionnant à distance des contraintes mises en place par les artistes des mouvements minimal et conceptuel. Ils entretiennent tous deux un rapport au réel, au quotidien, au paysage, ou plus simplement à l’humanité dans son ensemble en lui donnant une distance et imposant un angle de vue qui rend l’image intemporelle.
Philippe Cognée, (vidéo) s’attache depuis plus de 30 ans à interroger le rôle de la peinture.
Son oeuvre est construite à partir d’images photographiques. Celles-ci sont devenues numériques. Toutes ces images sont omniprésentes, presque banales. Pour les transcender, il adopte une technique particulière à l’encaustique. Cette volonté de tendre vers l’abstraction par une peinture sur cire, chauffée et écrasée, fait de la technique même le sujet de la peinture traitant d’un objet : ce qui est montré. Car c’est bien de peinture dont il s’agit avant tout, et c’est elle qui donne à voir son sujet et la façon dont il est perçu.

Ses toiles floues à la cire, chauffée puis écrasée, posent la question de l’épuisement de l’image et de la condition humaine dans son rapport à l’environnement urbain. L’artiste s’inspire de photos ou de vidéos d’autoroutes, de bâtiments, de vues aériennes …
Il présente les maisons de face comme des portraits. Chaque fois qu’il  peint une maison, cela le fait penser à Vermeer, il tente de faire scintiller les briques, avec des effets de soleil, comme lui. Il part d’images de Google qui lui servent de support, en leur faisant « subir » le même procédé, tels  des objets du quotidien, des souvenirs de vacances, des foules, des supermarchés. Traités en série, les thèmes ordinaires et familiers, Philippe Cognée jette sur la toile, aussi ces banalités sont magnifiées par le flou des tracés et des formes devenus la signature du peintre. Sa technique de la cire fondue nourrie une esthétique de la destruction et du chaos. La solitude, l’anonymat, l’abandon émergent de cette référence à la ruine.

Philippe Cognée,  a arraché les pages de catalogues d’Art Basel, où il a puisé  1100 oeuvres d’artistes, il a peint  les images à l’huile, à plat, comme des îcones, puis les a posées sur une plaque de  métal . L’ensemble montré sur les cimaises de Fernet Branca, forme un immense drugstore. Il  nous propose de revisiter l’histoire de l’art,  de réviser nos connaissances et d’interroger notre mémoire, de partir à la découverte, en arpentant les murs de son « Super Marché ». Mais n’est-ce pas aussi un clin d’oeil au tournis qu’occasionne Art Basel, par la profusion des oeuvres présentées ?

 
Mais aussi analogie avec une oeuvre présentée dans l’exposition, qui montre l’inhumanité,
de la consommation de masse, que ce soit en denrées ou en art à laquelle le monde est soumis.

Né en 1957, Philippe Cognée vit et travaille à Nantes. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes, il a reçu le Prix de Rome en 1982 et a été Lauréat de la Villa Médicis en 1990. En 2004, il a été nominé pour le Prix Marcel Duchamp. Il enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris depuis 2005.
Il est représenté par la Galerie Daniel Templon, Paris – Bruxelles.
et la Galerie Pauli de Lausanne.
Stephan Balkenhol
C’est résolument un sculpteur d’images.
Né en 1957 à Fritzlar en Allemagne, Stephan Balkenhol vit et travaille à Karlsruhe et Meisenthal en Lorraine.
Depuis 1992, il est professeur de sculpture à la Staatliche Akademie der Bildenden Künste à Karlsruhe. Au-delà des expositions en institutions, l’artiste s’est fait connaître par des remarquables ensembles sculpturaux, à mentionner le monument en hommage à Jean Moulin à Metz ainsi que le monument en hommage à Richard Wagner à Leipzig.
Après des études à l’Académie des Beaux-Arts de Hambourg, Stephan Balkenhol développe, dès le début des années 80, un ensemble de sculptures figuratives en rupture avec le courant minimaliste en vogue à l’époque. Par ses créations, il cherche très rapidement à prendre également ses distances avec le style brut de ses illustres compatriotes Georg Baselitz et Jörg Immendorff. D’une grande simplicité de forme, les œuvres de Stephan Balkenhol sont pourtant riches de nombreux détails. Figures et socles sont taillés à partir d’un seul bloc de bois, à l’aide d’un ciseau et d’un maillet, de scies électriques et de  burins. Ils ne font qu’un. Ils ne sont ni polis, ni poncés, traversés par des fissures devenant balafres et se couvrent de craquelures provoquant autour d’eux comme une sorte de vibration.
Leur immobilisme frappe également. Pourtant ses créations ne sont pas totalement privées de vie. L’artiste utilise en effet des bois issus d’arbres fraîchement abattus, dont le peuplier et le sapin Douglas fir, permettant à ses œuvres, une fois terminées, de connaître un processus de vieillissement progressif. Le bois a la possibilité en quelques sortes de s’exprimer en changeant subtilement d’apparence.
Stephan Balkenhol semble également jouer avec les échelles de ses statues, tantôt massives, tantôt minuscules. Leur sens s’en trouve métamorphosé. Le modèle masculin grandeur nature est ainsi tour à tour petit, fragile et vulnérable ou gigantesque et presque monstrueux, ou encore allongé  tel l’ hermaphrodite endormi du Louvre.
Sa ballerine, se dresse fièrement sur son socle, habillée par coquillage plissé.
Contrairement aux peaux laissées dans leur couleur naturelle, les vêtements, cheveux, bouches et yeux sont peints. Trois ou quatre couleurs, pas plus, appliquées avec minutie malgré toutes les bosses et tous les creux du bois. Elles ne semblent pas être choisies pour leur pouvoir symbolique mais simplement pour habiller les personnages, leur donner une identité, les ancrer dans la réalité. Ses œuvres sont peintes à l’exception des chairs, suivant ainsi la technique traditionnelle développée au Moyen-Âge de la sculpture en bois polychrome.

Les panneaux auréolent tantôt un petit homme, ou encore servent de « toile de fond » à un duo énigmatique (fraternel, amical, combattant ?). Panneaux regardeurs ou bouches bienveillantes ?
Stephan Balkenhol est-il peintre ou sculpteur, la question se pose lorsque l’on regarde la Victoire de Samothrace ou  encore ce couple ou trio ? Il visite l’histoire de l’art avec  son amphore géante aux dessins érotiques. Il s’approprie le mot de Duchamp en le modifiant quelque peu « c’est le regardeur qui termine l’oeuvre »

Stephan Balkenhol travaille entre autres avec les galeries Akinci (Amsterdam), 
Deweer (Otegem), Mai 36
(Zurich), Nosbaum Reding (Luxembourg) et Thaddaeus Ropac (Paris – Salzbourg).
Ce qui lie les 3 artistes, c’est la dépersonnalisation, la solitude, l’indifférence, la déshumanisation du monde que l’on ressent après avoir parcouru les salles, tout en étant admiratif du travail de chacun
Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis/Alsace
T +33 3 89 69 10 77
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Parfois dans l’abandon ou l’absence, parfois défiant ou ignorant la caméra, les protagonistes semblent jouer  une pièce où se mêlent histoires déjà vues et énigmes policières. Défile alors une succession de solitudes, de visages marqués, de corps blêmes, seuls ou entrelacés, en équilibre au bord d’un abîme ou figés dans un cauchemar où la neuvième porte pourrait s’ouvrir d’un moment à l’autre.
Alisa Resnik photographie la vie et son reflet, la fragilité, la grâce, la mélancolie, la solitude.




Si une pareille liste suffit à recomposer le décor, à recréer l’atmosphère dans lesquels l’œuvre de 
Il entre à l’âge de 24 ans,  dans la prestigieuse galerie Maeght  avec Adami, grâce à son ami Jacques Prévert — l’amitié est pour Gérard Fromanger une composante essentielle de sa vie. La générosité est aussi l’une de ses qualités. Grand affichiste, puis la mode passe. Le marché et les institutions le délaissent. Dans les années 1980, une longue traversée du désert commence. Elle dure plus de vingt ans. Le marché bouge. Les cotes remontent. Des fondations privées, Leclerc (les hypermarchés) expose Monory puis Fromanger à Landerneau.
La figuration narrative n’est pas un mouvement majeur, ni même innovant, de l’histoire de l’art. La plupart des artistes possèdent surtout un talent graphique. Ils décalquent les photographies, combinent les images et, pour beaucoup, les colorient en aplats. C’est parfois très percutant, comme la série de tableaux sur mai 1968 de Gérard Fromanger, où le peintre se montre grand affichiste. Sa toile monumentale De toutes les couleurs, peinture d’histoire (1991-1992) est sans doute son oeuvre la plus aboutie. Au-delà de ses qualités graphiques et de la complexité de sa composition, elle précise l’ambition secrète de Fromanger : être, à la manière des fresquistes du Moyen Age, un peintre pour le peuple, simplement.
Centrée sur les années 1960-70 et thématique, l’exposition d’une cinquantaine de pièces, montée par Michel Gauthier, commence par une évocation de l’importance de la couleur rouge dans l’œuvre de Gérard Fromanger. L’occasion de retrouver des tableaux peu vus comme ces acryliques sur bois découpé, qui posent avec humour la question de la matérialité de la peinture.
Au milieu des années 1970, la série « Questions » s’attaque au rapport de l’art aux médias. Ainsi d’Existe, ce tableau où l’on voit des journalistes interroger un maelström incompréhensible de couleurs pures. Le côté séduisant de cette masse colorée fait oublier la dureté du sujet. Fromanger poursuit cette critique de la société de la communication avec l’immense toile De toutes les couleurs (1991), figurant la circulation accélérée des images et des informations.


le rouge et le noir dans le Prince de Hombourg 1965
Corps à corps bleu, Paris Sienne (2003/2006)




Répliques à l’identique des tableaux de Monet par la Galerie Troubetzkoy,




![Pintura habitada [Peinture habitée] 1976 Helena Almeida Photographie noir et blanc, acrylique, 40 x 30 cm.  Coll. Fernando d’Almeida](http://elisabeth.blog.lemonde.fr/files/2016/05/Almeida_12-300x400.jpg)
L’exposition « Corpus » présente un ensemble d’œuvres – peinture, photographie, vidéo et dessin – réalisées par l’artiste des années 1960 à nos jours dans lesquelles le corps enregistre, occupe et définit l’espace. Elle a une dimension rétrospective, rassemblant les différentes phases du travail de l’artiste, depuis ses premières œuvres datant du milieu des années 1960 jusqu’à ses productions les plus récentes.
Ces corps deviennent simultanément forme sculpturale et espace, objet et sujet, signifiant et signifié. Le travail d’Helena Almeida est un condensé, un acte soigneusement scénographié et hautement poétique. Les représentations de ces événements montrent également le contexte dans lequel l’artiste s’inscrit. Lors d’interviews, elle réfute que ses images soient des autoportraits. C’est toujours son corps qu’elle représente, mais c’est un corps universel.
Vêtue de noir, Helena Almeida intègre dans ses photos des éléments de son atelier. Elle prend des positions qu’elle a minutieusement chorégraphiées afin de créer des compositions complexes, souvent organisées en série. En 1969, pour la première fois, Helena Almeida se fait photographier par son mari, l‘architecte Artur Rosa, dorénavant lié à son œuvre en tant qu’auteur du registre photographique sous-jacent à cette forme médiatisée d’auto-représentation, qui devient dès lors une caractéristique de son travail.
Contrairement à d’autres artistes contemporains qui ont recours à l’autoportrait et à l’auto-représentation pour mettre en scène des personnages grâce à des décors et des poses élaborées – comme, par exemple, Cindy Sherman –, ici, le point de départ est toujours le corps de l’artiste. À travers la photographie, Helena Almeida crée une forte relation entre la représentation (l’acte de peindre ou de dessiner) et la présentation (de son propre corps en tant que « support » de cet acte). « Le corps concret et physique de l’artiste sera constamment égaré, défiguré, occulté par la tâche qui tantôt le prolonge, tantôt le recouvre, qui entre ou sort (vers ou depuis) l’intérieur de ce corps. »



Le bâtiment principal, partiellement rénové après environ 13 mois de travaux, est désormais doté de nouveaux espaces pour la librairie et l’atelier de médiation artistique, ainsi que d’un passage souterrain qui le relie au nouveau bâtiment.
Les parquets de chêne font ressortir la solennité grise, industrielle, glacée des matériaux, acier, zingue pour les rampes d’escalier. Les lourdes portes de séparation entre les espaces muséaux, à l’image de celles d’une salle des coffres de banques suisses, béton, marbre, un langage architectural, nouveau, respectueux du passé et tourné vers l’avenir ( évoquant certains musées américains) créent un dialogue hétérogène entre un conteneur pour l’art et un palais baroque. Quatre étages d’exposition, sur 2 bâtiments, une surface totale de 9645 m2. Les immenses fenêtres s’ouvrant des 8 salles des 1er et  2ème étage, donnent sur la ville en contre-bas. La plus grande salle compte pas moins de 400 m2 de quoi accueillir facilement les immenses sculptures de Richard Serra et Henry Moore.

 Dans une chronologie envisagée au sens large et à partir de points de vue changeants, sont présentées des œuvres importantes à valeur d’exemplarité, issues des années 40 aux années 70, ainsi de Alexander Calder, Hans Arp, Max Bill, Henry Moore, Louise Bourgeois, Pablo Picasso, Eduardo Chillida, David Smith, Jean Tinguely, Claes Oldenburg, Duane Hanson, John Chamberlain, Donald Judd, Carl Andre, Joseph Beuys, Mario Merz, Bruce Nauman, Eva Hesse, Richard Serra et Robert Smithson.






Seydou Keïta, Grand Palais, 31 mars –




Keïta conservait et classait minutieusement ses négatifs, mais n’avait pas gardé de tirages
















