Picasso.mania

Jusqu’au 29 février 2016 Picasso.mania est organisée au  Grand Palais Galeries nationales (entrée square Jean Perrin)
« Vous continuerez longtemps à peindre ?
– Oui, parce que pour moi, c’est une manie. »
interview à Marseille, 11 mai 1959, citée dans Picasso, Propos sur l’art, Gallimard
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La vingtaine d’expositions (monographiques ou collectives) qui, depuis 1973 se sont attachées à l’étude de la postérité de l’oeuvre de Pablo Picasso témoignent de son impact sur la création contemporaine.
A la fois chronologique et thématique, le parcours de l’exposition du Grand Palais retrace les moments de la réception critique et artistique de l’oeuvre de Picasso, les étapes de la formation du mythe associé à son nom.
Des natures mortes cubistes aux Mousquetaires des expositions d’Avignon de 1970 et 1973, le parcours de l’exposition est ponctué d’oeuvres de Picasso, issues des collections du Musée national Picasso-Paris, du Musée National d’art Moderne, ainsi que des collections de la famille de l’artiste. Leur présentation s’inspire des accrochages réalisés par l’artiste dans ses ateliers, et des expositions qu’il a lui-même supervisées
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(Galerie Georges Petit à Paris en 1932, Palais des Papes à Avignon en 1970 et 1973).
Aux grandes phases stylistiques (cubisme, oeuvre tardif…), aux oeuvres emblématiques de Pablo Picasso
(Les Demoiselles d’Avignon, Guernica) répondent des créations contemporaines présentées dans des salles monographiques (David Hockney, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Martin Kippenberger…) ou thématiques,
regroupant des oeuvres mêlant techniques et supports les plus variés (vidéos, peintures, sculptures, arts graphiques, films, photographies, installations…).
Les montages Polaroïd, les images vidéos multi-écrans de David Hockney font écho au cubisme de Picasso, à son exploration d’un espace polyfocal. Au début des années 60, les artistes Pop, de part et d’autre de l’Atlantique (Lichtenstein, Errό…) s’emparent des portraits des années 30 par lesquels s’est fixée l’image archétypale de la peinture de Picasso. L’Ombre (1954) est à l’origine de la série de quatre tableaux
qu’entreprend Jasper Johns en 1985 (Les Quatre saisons rassemblées, sont présentées dans l’exposition).
Jasper Jhons
Témoignant de l’impact de l’image publique de Picasso sur l’imaginaire des artistes du XXe siècle, à deux reprises, en 1988 et en 1995, Martin Kippenberger interprète les portraits photographiques de Picasso et de Jacqueline réalisés par David Douglas Duncan.
Les variations, inspirées par Les Demoiselles d’Avignon et par Guernica, démontrent la place occupée par ces peintures dans l’histoire de l’art moderne et, au-delà, dans l’imaginaire collectif (ces deux oeuvres ne sont pas présentées dans l’exposition compte tenu de leur déplacement impossible).
Copie demoiselles d'Avignon
Acte de naissance du modernisme pictural, Les Demoiselles d’Avignon ont fait l’objet de variations, (par Faith Ringgold, Robert Colescott…), qui commentent la dimension ethnocentrée, masculine, de cette modernité dont l’oeuvre est devenu l’emblème.
D’une lecture historique de Guernica par Emir Kusturica à la révélation du rôle symbolique joué par sa transposition en tapisserie ornant les murs du conseil de sécurité des Nations Unies (Goshka Macuga, The Nature of the Beast, 2009), de l’utilisation du tableau de Picasso dans la lutte des artistes américains
opposés à la guerre du Vietnam aux manifestations de rue qui en brandissent l’image, une salle montre comment Guernica s’est muée en icône sociale et politique universelle.
Pour une exposition à la Whitechapel Gallery en 2009, intitulée The Nature of the Beast, Goshka Macuga a intégré une tapisserie de 1955, reproduction à échelle 1/1 de la peinture de Picasso contre la guerre, Guernica réalisée en 1939. Cette tapisserie avait été commandé par Nelson Rockefeller puis déposée aux Nations Unies en 1955, juste au dehors du Conseil de Sécurité au Siège de l’Organisation des Nations Unies. En 2003, elle est couverte d’un voile bleu télévisuel, lors du discours de Colin Powell sur les armes de destruction massive conduisant à la guerre en Irak. Pendant l’année que dura l’installation, Goshka Macuga a invité des associations à organiser réunions et discussions autour d’une table circulaire placée devant la tapisserie. La seule condition était qu’ils fournissent de la documentation sur leur sujet, de sorte que la collection d’archive de la Whitechapel croît de façon exponentielle
(Goshka Macuga, The Nature of the Beast, 2009
A la faveur d’expositions qui l’ont réinscrit au coeur de la création contemporaine (A New Spirit in Painting, Royal Academy of Arts, 1981) ou qui en ont éclairé le sens (Das Spätwerk. Themen :1964-1972, Bâle, 1981 ;
The Last Years, Guggenheim Museum, 1984), les oeuvres des dernières années de Picasso sont redevenues sources d’inspiration. Son éclectisme stylistique, son
« cannibalisme » des maîtres anciens, la libre facture des peintures tardives ont inspiré la génération d’artistes révélée au début des années 80 (Georg Baselitz, Jean-Michel Basquiat, George Condo, Julian Schnabel, Vincent Corpet…).
L’installation vidéo de Rineke Dijkstra, I see a Woman Crying (Weeping Woman, 2009-2010) illustre la présence de l’oeuvre de Picasso dans l’imaginaire actuel, dans ses expressions les plus variées, du cinéma aux images numériques, de la vidéo à la bande dessinée.
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commissaire général: Didier Ottinger, conservateur général du Patrimoine, directeur adjoint du Musée national d’Art moderne – Centre Pompidou
commissaires: Diana Widmaier-Picasso, historienne de l’art
Emilie Bouvard, conservatrice du Patrimoine au Musée national Picasso-Paris
scénographie : agence bGc studio, Giovana Comana et Iva Berthon Gajsak
ouverture : Lundi, jeudi et dimanche de 10h à 20h.
Nocturne le mercredi, vendredi et samedi de 10h à
22h. Fermé le mardi.
 
 

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

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