Organisé pour la huitième et dernière année par Gianni Jetzer, conservateur spécial au musée Hirshhorn et au Jardin de sculptures de Washington, DC Art Basel, dont le partenaire principal est UBS, a lieu à Messe Basel du 13 au 16 juin 2019.
Alexandra Pirici, artiste roumaine, sélectionnée par Art Basel présente «Aggregate» (2017-2019), sur la Messeplatz, un salon environnement performatif , organisée par Cecilia Alemani
Unlimited, plate-forme unique d‘Art Basel pour les projets de grande envergure, offre aux galeries l’occasion de présenter des installations gigantesques, des sculptures monumentales, de vastes peintures murales, de vastes séries de photographies, des projections vidéo et des performances qui transcendent le stand traditionnel des foires d’art. 75 projets de grande envergure d’artistes de renom et émergents, notamment: Larry Bell, Huma Bhabha, Andrea Bowers, Jonathas de Andrade, VALIE EXPORT, Alicia Framis, Abdulnasser Gharem, Kiluanji Kia Henda, Kapwani Kiwanga, Daniel Knorr, Jannis Kounellis, Lawrence Lek, Zoe Leonard, Sarah Lucas, Kerry James Marshall, Rivane Neuenschwander, Hélio Oiticica, Jacolby Satterwhite, Joan Semmel, Do Ho Suh, Fiona Tan, Franz West et Pae White
Quelques sélections :
Xu Zhen, propose des tables de jeu de casino dont le tapis est réalisé à la façon des mandalas de sable tibétains. Création, destruction ; argent et spiritualité… Une belle métaphore autour d’Art Basel
Installation dans le registre de la reproduction mimétique. Seuls les expressions et la mise en situation révèlent une intention « artistique » les personnages de Duane Hanson sont d’une tristesse accablante.
En écho au mouvement #metoo sont exposés de nombreux travaux militants, comme LifeDress, signé par Alicia Framis (vidéo). L’Espagnole a revêtu des mannequins de robes fabriquées à partir d’airbags de voiture. Chaque vêtement est prévu pour protéger la personne contre une forme de harcèlement en gonflant de manière surréaliste autour de différentes parties du corps des femmes, dès que l’on approche d’elles. Parmi les nombreuses œuvres historiques présentées, la vidéo 1983 de l’artiste autrichien VALIE EXPORT ‘Syntagma’ explore l’identité féminine en relation avec l’image du corps, tandis qu’Hélio Oiticica, artiste phare du tropicalisme brésilien, rentre à Bâle avec l’installation ‘Penetrável L’installation de canapés de Franz West est la bienvenue pour prendre une pause. Art Basel Unlimited atteint ses limites et les nôtres …
Les galeries Gagosian, Zwirner, Hauser & Wirth, Lisson, Thaddaeus Ropac, les ténors du marché de l’art mondial occupent l’allée centrale de la foire.
Laure Prouvost, représentante de la France à la biennale de Venise 2019 est présentée par la galerie Obadia, qui montre quelques pièces de choix.
La plasticienne Véronique Arnold est présente pour la deuxième année consécutive, dans la Galerie baloise Stampa, galerie où une exposition monographique « WE ARE THE UNIVERSE » lui est consacrée jusqu’au 31.08.2019 Stampa Spalenberg 2, CH-4051 Basel
Une application smartphone vous accompagne tout au long du parcours. Rendez-vous est déjà donné pour 2020 du 18 au 21 juin, 50 ans en 2020 avec un projet curatorial autour de la notion de marché voir ici la vidéo du vernissage TV
Bilan L’édition 2019 d’Art Basel a attiré un public véritablement mondial, catalysant d’excellentes ventes à tous les niveaux. • L’édition 2019 d’Art Basel a été clôturée le dimanche 16 juin 2019, alors que les ventes de magasins et d’institutions privées ont été soutenues par des galeries de tous les secteurs du marché. • La foire a attiré des collectionneurs de plus de 80 pays et une fréquentation globale de 93 000 personnes. • Art Basel a présenté «Aggregate» (2017-2019) d’Alexandra Pirici sur la Messeplatz avec beaucoup de succès • Un nouveau système de tarification à échelle mobile a été introduit avec succès, offrant un support supplémentaire aux galeries de petite et moyenne taille
Que d’eau, que d’eau ! non rien à voir avec la citation de Patrice de Mac Mahon, Liquide, liquide est dans le droit fil, du sujet de prédilection de la Fondation : le thème de l’eau. Figure majeure de la scène artistique française et internationale, Céleste Boursier-Mougenot répond à la carte blanche proposée par la Fondation François Schneider. Lartiste qui représentait la France à la Biennale de Venise en 2015, s’empare avec une poésie au couteau de l’entièreté du centre d’art et imagine in situ un ensemble d’installations visuelles et sonores qui déroute le visiteur. La circulation habituelle est inversée pour créer un parcours qui remonte des profondeurs du bâtiment à son faîte. Les matières coulent, s’échappent, se répandent. Des terrasses de la fondation jusque dans ses entrailles, le verre, l’eau, le minéral sont déployés. À la fois minimale et sophistiquée, l’oeuvre de Céleste Boursier-Mougenot, artiste et compositeur est une savante fusion entre science et fiction. Précurseur de rencontres improbables du Vivant avec des objets manufacturés qui peuplent notre monde et auxquels il accorde un supplément d’âme, Céleste Boursier-Mougenot façonne ses oeuvres hybrides avec la maîtrise d’un artisan et «l’irrationalité» d’un ingénieur. Il tire de son expérience dans le théâtre une mise en scène subtile de l’espace. Estimant que trop de bruit visuel sape l’expérience de l’écoute, il recompose une parade sensorielle et aérienne au coeur du centre d’art, où le visiteur devient tour à tour funambule, baigneur, cosmonaute… En choisissant pour titre Liquide Liquide, écho au fameux groupe post-punk New-Yorkais des années 1980, Céleste Boursier-Mougenot donne le ton à l’exposition estivale de la Fondation : vibrante, alternative et libre.
Parcours de l’exposition : Plex3 L’accès se fait par l’extérieur, en contrebas de la Fondation, en suivant un chemin parsemé de bulles blanches. Accueilli par un guide vous pénétrez dans un étrange couloir inondé, dans l’obscurité. Des images se déforment sur les murs, vos compagnons se détachent dessus en ombres chinoises, un son qui s’amplifie, un parcours accidenté . La promenade se veut oedipienne, introspective. Je n’ai pas du me sentir très à l’aise dans le ventre maternel, car je n’ai eu qu’une hâte de me sortir de ce mauvais pas, sans tomber dans l’eau et me fouler un membre.
Le Piano oo Céleste Boursier-Mouginot combine le fruit de ses expériences passées pour réaliser 00. Dans une lente chorégraphie en forme de 8 , la trajectoire du piano se dilate et se rétracte au fil du vent capté par une girouette (que vous apercevrez si vous allez jusqu’à la terrasse). Il résume le mouvement des bols de clinamen qui naviguent dans le bassin entre les 2 hémisphères. Ponctuée de pauses au gré desquelles des sons émis par la porcelaine sont rejoués en écho, au grand plaisir des enfants qui tentent de le suivre.
la plage 20 tonnes de verre calcin blanc et répartie s en couche de 5 cm, sur 300 m C’est une étendue de verre transparent fixée au sol, telle des critaux, du sel pétrifiéou de minuscules morceaux de banquise éclatée. Ses éclats évoluent avec la lumière naturelles et les conditions climatiques. Jeu en tre le paysage intérieur et extérieur, pont entre les jardins et le bâtiment. Le visiteur est invité à y marcher (à ses risques et périls) pour écouter le crissement sous ses pas ou l’écho provoqué par son déplacement. (talons aiguille déconseillés)
Clinamen : XVIIe siècle. Mot du latin classique clinamen signifiant « déviation, inclinaison », dérivé de clinare : « incliner ». Dans le système d’Épicure et de Lucrèce, ce terme désigne la déclinaison d’un atome qui, tombant dans le vide, se joint à un autre atome pour former un corps. (Source : définition du Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL). Sur la notion de déclinaison, thème central dans l’oeuvre de Céleste Boursier-Mougenot, clinamen questionne l’épuisement des possibilités d’un matériau. Fil conducteur de la pensée et de l’oeuvre de l’artiste, il interroge le dépassement de l’imagination et crée des dispositifs où les matériaux et les objets échappent à leurs fonctions. clinamen v.6 se compose d’un grand bassin de 6,5 mètres de diamètre, empli d’eau avec un ensemble d’une centaine de récipients de porcelaine blanche immergés. Les bols évoluent sur la surface, s’entrechoquent et tintinnabulent. L’installation captive les visiteurs et invite à la sérénité, au rêve. Sous l’effet d’un léger courant, les bols sont en mouvement. D’une simplicité apparente, le dispositif se substitue à une partition de musique. Pivot central dans le bâtiment, les oeuvres et installations de Liquide Liquide s’articulent, se déclinent et se meuvent en constellations de part et d’autre de cette géométrie parfaite.
torrent, 2019. Conçu en guise de fil conducteur à la promenade du visiteur, torrent serpente à travers les espaces du centre d’art et lie à la manière d’un cordon les oeuvres du parcours. L’eau chute du toit sur la terrasse extérieure, dans un grand bassin où le visiteur peut patauger et passer par une porte sur la mezzanine. L’eau coule à nouveau sous forme de cascade légère en léchant la grande vitre intérieure de la nef et se répand à chaque étage ainsi que dans les volées d’escalier. Tel un torrent de montagne, son chemin est ponctué d’accidents, de barrages, d’éléments placés sur son passage.
Dans l’auditorium, réalisé par Enna Chaton, 4 films d’environs 12 mn sont des actions filmés lors des performances ou d’expositions de l’artiste
Vendredi 14 juin à 20h | Conférence L’eau et ses liaisons hydrogènes de Bénédicte Lebeau – Directeur de recherche à l’Institut de Science des Matériaux de Mulhouse, CNRS – UHA – dans le cadre de la Fête de l’Eau de Wattwiller Dimanche 23 juin | Entrée libre au centre d’art et parcours croisé avec la Fête de l’eau Dimanche 7 juillet à 14h | Visite guidée & atelier famille Maquette avec Audrey Abraham, artiste Samedi 3 août à 20h | La Nuit Céleste – Programme spécial pour la nuit des étoiles Dimanche 4 août à 14h | Visite guidée & atelier famille Des cliquetis aux tsunamis, ou le voyage poétique de l’eau avec Stéphane Clor, musicien et artiste Dimanche 1er septembre à 14h | Visite guidée & atelier famille Ras-le-bol !
Jusqu’au 13 octobre 2019, Kunstmuseum Basel | Gegenwart Commissaire : Josef Helfenstein Assistance : Philipp Selzer, Eva Falge
William Kentridge (né en 1955) compte parmi les figures majeures de l’art contemporain à l’échelle internationale. Depuis plus de trente ans, ce plasticien, réalisateur et metteur en scène associe dans son oeuvre protéiforme différents médias artistiques : film d’animation, dessin, gravure, mise en scène théâtrale et sculpture. Dans le cadre d’une exposition d’ensemble au Kunstmuseum Basel | Gegenwart, plusieurs oeuvres de l’artiste sud-africain sont visibles pour la première fois sur le continent européen. Élaborée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition A Poem That Is Not Our Own met en lumière les thèmes de la migration, de l’exil et de la procession qui jalonnent son oeuvre aux côtés de dessins et de films des années 1980 et 1990. Elle montre comment ces thématiques présentes très tôt dans l’oeuvre dessiné de Kentridge y occupent une place grandissante au fil des années.
Sa récente oeuvre performative The Head & The Load (2018) illustre bien cette progression. Après une présentation inédite à la Tate Modern de Londres à l’été 2018, elle sera visible au Kunstmuseum Basel sous forme d’une installation – une première en Europe. The Head & The Load aborde le rôle peu connu de l’Afrique durant la Première Guerre mondiale à travers une procession d’un genre tout à fait singulier composée de projections de films, de jeux d’ombre et de silhouettes dansantes. Trois autres oeuvres présentes dans l’exposition explorent le thème de la procession dans le travail de Kentridge : les installations vidéo Shadow Procession (1999), More Sweetly Play The Dance (2015) et Triumphs & Laments (2016) à laquelle est consacrée une salle où sont exposés, pour la première fois en Europe, des dessins et des gravures sur bois.
Conflits politiques et sociaux Second temps fort de l’exposition, les conflits politiques et sociaux en Afrique du Sud et en Europe auxquels Kentridge porte un intérêt dès ses premiers films et dessins. Une salle d’exposition consacrée à l’abondant travail de Kentridge en tant que réalisateur et scénographe présente un film documentaire aux côtés de décors scéniques de la pièce de théâtre Sophiatown (1986–1989). Réunis pour la première fois en Europe, ces panneaux se distinguent par leur grand format et leurs couleurs terreuses. Fruit d’une collaboration entre l’artiste et la Junction Avenue Theatre Company, cette pièce de théâtre traite de la démolition brutale de Sophiatown, haut lieu culturel de Johannesbourg, et du déplacement forcé de ses résidents entre 1955 et 1959.
Dans son oeuvre dessiné de jeunesse, Kentridge explore l’histoire souvent violente de l’Europe à partir d’une perspective sud-africaine. L’exposition rassemble des oeuvres sur papier exemplaires et marquantes provenant de collections d’Afrique du Sud réalisées pour la plupart avant la fin de l’apartheid. Elles témoignent de l’approche achronologique de Kentridge qui répond aux événements et aux anomalies de la société sud-africaine sous l’apartheid à l’aide de procédés artistiques datant du début du XXe siècle.
Drawings for Projection et Drawing Lessons En 1985, William Kentridge produit l’un de ses premiers films d’animation intitulé Vetkoek/Fête Galante. Par la suite, il met au point la « poor man’s animation », une technique filmique élaborée à partir de photographies de dessins au fusain et de collages. Cette méthode donne notamment naissance à Drawings for Projection (1989–aujourd’hui), célèbre série de films en 35 mm. Ces épisodes animés mettent en scène deux personnages, Soko Eckstein et Felix Teitelbaum, dotés de traits semblables à ceux de Kentridge. Outre le lien topographique avec Johannesbourg – sa ville de naissance –, l’artiste s’appuie sur ces personnages comme toile de fond pour expliquer l’ambivalence de l’Afrique du Sud contemporaine.
À travers de courtes séquences tournées dans l’atelier de William Kentridge, Drawing Lessons (2009–aujourd’hui), série de films expérimentaux entamée ultérieurement, montre la manière dont l’artiste s’amuse à questionner l’art avec humour. Une caméra immobile orientée sur une partie de son atelier détermine le cadrage de la plupart des Drawing Lessons.
La première Drawing Lesson bâloise (Drawing Lesson No.50) intitulée In Praise of Folly (2018) fait référence à la thèse satirique du même nom rédigée en 1509 par Érasme de Rotterdam dans laquelle il critique l’Église catholique. Le savant humaniste entretient un lien étroit avec la ville de Bâle en enseignant notamment au sein de son université. In Praise of Folly présente au second plan des croquis de Kentridge évoquant le Portrait d’Érasme de Rotterdam de Hans Holbein qui figure au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel. On identifie également des croquis d’autres oeuvres connues de la collection bâloise – celles de Pablo Picasso, Paul Klee ou Matthias Grünewald –, autant de sources d’inspiration artistique qui ornent l’atelier de Kentridge telles des icônes. À la lumière de ces oeuvres, In Praise of Folly aborde l’histoire de l’art et ses figures tutélaires auxquelles les artistes d’aujourd’hui empruntent leurs inspirations.
L’exposition William Kentridge. A Poem That Is Not Our Own est répartie sur trois niveaux du Kunstmuseum Basel | Gegenwart ainsi que dans certaines salles du Kunstmuseum Basel | Hauptbau et Neubau.
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît. Il réunit des textes de William Kentridge, Josef Helfenstein, Ute Holl et Leora Maltz-Leca.
précédée par la présentation du tableau Le Sabbat des sorcières sur le stand de la Fondation à l’exposition Art Basel 2019.
La Fondation Beyeler organise l’une des expositions les plus importantes jamais consacrées à Francisco de Goya hors d’Espagne. Goya est l’un des derniers grands peintres de cour, et le premier précurseur de l’art moderne. Cette exposition a été réalisée en coopération avec le Museo Nacional del Prado de Madrid. Des tableaux rarement montrés, appartenant à des collections privées espagnoles, seront présentés dans le cadre de la Fondation Beyeler, conjointement à des œuvres clés provenant des musées et des collections les plus célèbres d’Europe et des États-Unis. En guise de prélude à cette exposition de l’été 2020, la Fondation Beyeler présente sur son stand de l’exposition Art Basel le tableau frappant et énigmatique de Goya intitulé Le Sabbat des sorcières (1797-1798), prêté par le Museo Lázaro Galdiano de Madrid.
Le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle font résonner de façon concomitante, à partir de juin 2019deux expositions consacrées à Rebecca Horn. Elles offrent des perspectives complémentaires sur l’une des artistes les plus singulières de sa génération. Théâtre des métamorphoses à Metz explore les processus de métamorphose, tour à tour animiste, surréaliste et machiniste et le rôle de matrice qu’a pu avoir sa pratique cinématographique, véritable mise en scène de ses sculptures. À Bâle, les Fantasmagories corporelles associent les premières réalisations performatives et les sculptures cinétiques plus tardives, soulignant ainsi les développements au sein de son travail pour mettre l’accent sur les processus d’altération corporelle et de transformation des machines.
« Tout est imbriqué. Je commence toujours par une idée, une histoire qui évolue vers un texte, puis du texte viennent des croquis, ensuite un film, et de tout cela naissent les sculptures et les installations ».
Rebecca Horn –
Féministe ? on ne peut s’empêcher de penser à Niki de St Phalle, compagne de Jean Tinguely. Certains des travaux de Rebecca Horn renvoient aux machines de Tinguely, en plus féminin. Mais surtout elle fait penser à Frida Kahlo, pour le corps, douloureux, meurtri. À l’adolescence, Rebecca Horn suit les cours de la Hochschule für bildende Künste Hamburg de Hambourg, puis en 1964, elle s’installe momentanément à Barcelone, où elle attrape une infection pulmonaire. Elle doit passer un an dans un sanatorium : cette expérience de l’isolement total et de la souffrance est déterminante dans l’orientation de son œuvre.
Le travail de Rebecca Horn s’inspire constamment du corps et des mouvements du corps. Dans ses premières œuvres performatives des années 1960 et 1970, cela se manifeste par le recours à des objets qui, en tant qu’extensions corporelles, ouvrent sur de nouvelles expériences perceptuelles tout en ayant un effet restrictif. À partir des années 1980, l’artiste créé alors surtout des sculptures cinétiques et des installations de plus en plus vastes qui prennent vie grâce au mouvement. Le corps agissant est remplacé par un acteur mécanique. Ces processus de transformation entre corps augmentés et machines animées, qui traversent l’œuvre de Rebecca Horn depuis presque cinq décennies, constituent le cœur de l’exposition à Bâle : des œuvres performatives y jouxtent des sculptures-machines plus tardives pour illustrer le déploiement des motifs du mouvement dans le travail de l’artiste. Cette exposition bâloise, articulée en plusieurs histoires, retrace ainsi une évolution artistique comme « autant d’étapes dans un processus de transformation » (Rebecca Horn) à partir de quatre thèmes et montre la continuité de son travail. « Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »
Battre des ailes
Une première série d’œuvres débute avec la performance Weisser Körperfächer (1972), dans laquelle Rebecca Horn reprend la fascination ancestrale des humains pour les créatures ailées ou à plumes. Avec des ceintures, elle a fixé sur son corps une paire d’ailes semi-circulaires en toile blanche qui se déploient en levant les bras. Un film documente les expériences motrices qu’elle a réalisées avec cet instrument corporel : l’ouverture et la fermeture, le contrôle des ailes dans le vent, les formes de dissimulation et de dévoilement. Ces modèles de mouvements, Rebecca Horn les a prolongés dans une série de sculptures, comme laParadieswitwe (1975) qui enveloppe un corps nu, DiePfauenmaschine (1981) qui fait la roue, le Hängender Fächer (1982) ou la roue de plumes Zen der Eule (2010).
Circuler
Différentes formes de circulation sont thématisées dans une deuxième partie de l’exposition. L’œuvre centrale est là Überströmer (1970) qui présente l’être humain comme une structure hydromécanique. Lui fait face l’installation ElRio de la Luna (1992) qui prolifère dans l’espace avec un système de tuyaux et dans les « chambres cardiaques » desquelles le mercure est actionné par des pompes. Tandis que, dans le premier cas, le mouvement interne de la circulation sanguine est déplacé vers l’extérieur, dans le second, la visualisation des flux d’énergie émotionnelle est pour Rebecca Horn au premier plan.
Inscrire
Des lignes tracées et des marques de couleur sont toujours aussi les traces de mouvements physiques. Elles constituent ainsi un autre ensemble thématique de l’exposition. Ce motif est présenté à partir Bleistiftmaske (1972), un outil porté sur la tête qui transforme le corps en une machine rythmique à dessiner. L’artiste poursuit de façon systématique l’exploration de ce thème dans des machines à peindre automatisées, dont deux types différents sont montrés ici. Les marquages y sont toujours l’expression d’émotions et de passions. Le dessin comme inscription du corps et du psychisme est repris enfin dans les travaux sur papier grand format de la série Bodylandscapes (2004-2005).
Tâter
Un dernier champ thématique porte sur l’extension des mains et des pieds. Avec Handschuhfinger (1972), l’artiste explore ainsi son environnement en le palpant avec des tentacules. Elle poursuit l’étude de ce sujet dans ses œuvres cinétiques tout en recourant sans cesse à des objets quotidiens tels que pinceaux, marteaux ou escarpins. Les machines à écrire avec leurs claviers sont elles aussi des instruments qui prolongent nos doigts. Rebecca Horn les utilise d’ailleurs dans plusieurs installations, dont La Lune Rebelle (1991) œuvre majeure exposée à Bâle. Les travaux de cette série donnent également une vision sociologique de la machine comme prothèse en rassemblent notamment des objets considérés comme féminins.
« Pour moi, ces machines sont animées, elles agissent, elles tremblent, elles frissonnent, elles s’évanouissent et s’éveillent soudain à une nouvelle vie. Ce ne sont en aucun cas des machines parfaites. » RH
Un catalogue richement illustré avec des contributions de Sandra BeateReimann, Antje von Graeventiz, Stefan Zweifelet al. paraît au Verlag für moderne Kunst : ISBN (allemand) : 978-3-9524759-6-6 ISBN (anglais) : 978-3-9524759-7-3
Commissaire de l’exposition : Sandra Beate Reimann 6 juin 2019, 18h15 Projections au Stadtkino de Bâle les films suivants de l’artiste seront présentés :
Der Eintänzer, 18h15, 14 CHF, en angalis, La Ferdinanda, 20h15, 17 CHF, en allemand
Heures d’ouverture Du mardi au dimanche 11 – 18h Fermé le lundi
Accès Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF : SBB tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ».
Jusqu’au 15 septembre 2019, au Kunstmuseum Basel | Neubau Commissaire : Josef Helfenstein avec Maja Wismer
En plus de quarante ans, Helmut Federle a développé une oeuvre où construction géométrique et geste pictural s’équilibrent. Le Kunstmuseum Basel réunit six peintures de grand format et des travaux sur papier provenant du fonds du musée aux côtés de céramiques anciennes de la collection de l’artiste dans une présentation resserrée qui met en évidence la manière dont Federle envisage l’abstraction depuis le début des années 1980.
Après avoir étudié auprès de Franz Fedier à la Kunstgewerbeschule de Bâle, Federle s’établit comme peintre à partir des années 1970. Il fréquente régulièrement le Kunstmuseum Basel où il découvre les oeuvres de Mark Rothko, Barnett Newman, Clyfford Still et Franz Kline (présentées aujourd’hui dans le Neubau) qui joueront un rôle déterminant dans son étude de la tradition picturale abstraite de l’art américain d’après-guerre. À la différence des artistes suisses John Armleder et Olivier Mosset qui s’intéressent également à l’art non figuratif à partir d’une perspective postmoderne, Federle ne fonde pas sa réflexion sur le moment dans l’évolution des sociétés occidentales d’après-guerre qui voit l’abstraction érigée en esthétique dominante. Il porte plutôt un intérêt véritable à l’abstraction situé au croisement entre technique picturale gestuelle et strictement géométrique.
L’artiste peint Asian Sign (1980) lors de son séjour de plusieurs années à l’adresse 19 E. 21st St. à New York. En 1982, Christian Gelhaar, alors directeur du Kunstmuseum Basel, acquiert cette peinture pour la collection. À l’époque, cette composition inspirée de la forme d’un svastika suscite une vive controverse. Au sein du Grand Conseil de Bâle, des voix s’élèvent pour qu’on décroche le tableau. En 1985, l’oeuvre est présentée dans le cadre de l’exposition individuelle Tableaux Dessins consacrée à l’artiste au Museum für Gegenwartskunst (aujourd’hui Kunstmuseum Basel | Gegenwart). La portée du signe iconique n’en est pas amoindrie, mais en le faisant figurer au sein de l’exposition aux côtés de peintures et de dessins, d’autres interprétations en sont proposées. Ainsi, ce motif est employé de manière diverse dans des contextes très différents comme l’architecture bouddhiste ou les textiles indigènes d’Amérique du Nord.
La présentation resserrée au rez-de-chaussée du Neubau montre l’intérêt constant de l’artiste pour les formes géométriques et leur rapport d’équilibre sur la surface picturale. Une sélection de travaux sur papier des années 1979 à 1984 présentés dès 1985 dans l’exposition du Kunstmuseum Basel, puis acquis par le musée, révèlent le regard porté par Federle sur le monde de l’époque. Aujourd’hui, cet ensemble apparaît comme une sorte de capsule temporelle contenant des fragments visuels et matériels de New York qui témoigne de la manière dont Federle se perçoit lui-même dans le tissu urbain new-yorkais.
Dans les années 1980, l’oeuvre est intégrée à l’exposition permanente du Kunstmuseum Basel | Gegenwart. Depuis, les oeuvres de Federle sont entrées au sein de nombreuses collections muséales et particulières (notamment à la Tate Modern de Londres et au Centre Pompidou Paris ; À Bâle, en revanche, rien n’est advenu depuis la polémique. En plaçant le tableau bâlois dans le contexte de cinq autres peintures de Federle des années 1980 à 2005 (prêts d’oeuvres en provenance de Berne, Bonn, Karlsruhe et Vienne), l’exposition Helmut Federle. 19 E. 21st St., Six Large Paintings propose de reprendre le dialogue.
Une coupe en céramique persane du IXe-Xe siècle et un gobelet à thé japonaisdu début du XVIIe siècle complètent la sélection d’oeuvres présentées. Ces deux artefacts sont des prêts provenant de la collection de l’artiste qui illustrent non seulement sa fascination pour les cultures étrangères, en particulier la culture asiatique, mais aussi l’approche non formaliste de Federle. Il organise la composition et la surface de manière à prendre conscience des expériences et des situations au-delà du factuel. L’artiste voit dans les objets en céramique à la fois simples et raffinés une qualité qui transparaît également dans ses peintures. À travers leur mise en regard avec les peintures et les travaux sur papier, il apparaît que l’abstraction signifie davantage que l’absence de représentation pour Federle : c’est un continuum personnel qui embrasse les époques et les cultures.
Dans le cadre de l’exposition, une publication éponyme abondamment illustrée (all/ang) paraît chez Verlag für moderne Kunst, Vienne, avec des contributions de Gottfried Boehm, Josef Helfenstein, Roman Kurzmeyer, Jeremy Lewison, Jasper Sharp, Richard Shiff et Maja Wismer. Le musée propose régulièrement des visites guidées de l’exposition. Une soirée cinéma aura lieu le 10 septembre en collaboration avec le Stadtkino Basel. Une sélection de films de Helmut Federle sera projetée.
Né en 1944 à Soleure, Helmut Federle vit à Vienne et à Camaiore en Italie. En 1997, il représente la Suisse à la 47e Biennale de Venise. De 1999 à 2007, il est titulaire d’une chaire professorale à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf. Il obtient le prix Aurélie Nemours en 2008 et le prix de la Collection Ricola en 2016
Kunstmuseum Basel | Neubau, St. Alban-Graben 20, 4052 Basel fermé le lundi ouvert du mardi au dimanche
Point besoin d’aller à Barcelone, c’est le musée Picasso de Barcelone qui vient à nous, avec une série de dessins d’une rare beauté.
L’année 2018 a marqué le cinquantième anniversaire de la mort de Jaume Sabartés (Barcelone, 10 juin 1881 – Paris, 13 février 1968), figure incontournable de la vie de Pablo Picasso et fondateur de la fondation du musée Picasso de Barcelone.
Sabartés et Picasso sont nés la même année, en 1881, et se sont rencontrés à Barcelone en 1899, alors qu’ils étaient étudiants à La Llotja. La connexion entre eux fut immédiate et ils devinrent rapidement membres réguliers des réunions des Quatre Gats, nouant des amitiés communes avec Manuel Pallarès, Sebastià Junyer ou Àngel Fernández de Soto, entre autres jeunes artistes. À partir de ce moment-là et jusqu’à la mort de Sabartés, en 1968, ils étaient inséparables, même séparé géographiquement par des milliers de kilomètres.
Pablo Picasso a peint le premier portrait de Jaume Sabartés en 1900. Ce fût le premier d’une longue série, puisqu’il a continué pendant près de soixante ans à le dessiner et à le caricaturer. Jaume Sabartés a écrit plus d’une vingtaine de textes à propos de Picasso. Ses écrits donnent des éclairages sur la vie et le processus de travail de l’artiste et montrent que Jaume Sabartés avait l’intime conviction que Pablo Picasso était et serait, le plus grand et le plus protéiforme génie du XXe siècle. Afin de marquer l’occasion, la Fondation Fernet-Branca est heureuse de présenter, en partenariat avec le Musée Picasso de Barcelone, une exposition hommage à Jaume Sabartés. Cette exposition approfondit non seulement son amitié avec le maître cubiste, mais aussi sa carrière de biographe, écrivain, traducteur, professeur et intellectuel.
LA COLLECTION Jaume Sabartés a fait don de sa collection d’oeuvres de Pablo Picasso à la ville de Barcelone en 1962. La collection se composait à l’origine de trois cent soixante-deux oeuvres, dont deux cent trente-huit lithographies originales. Sabartés, dans de nombreux écrits, a souligné l’importance de la collection donnée à Barcelone, qu’il considérait comme très complète. L’exposition présente des oeuvres de Picasso à différents moments de sa vie, toutes consacrées à Sabartés. Il y a une place pour l’humour dans les portraits que Picasso a consacrés à Sabartés tout au long de sa vie. Picasso présente Sabartés en faune, en satyre ou en poète décadent. Il y a également dans l’exposition des compositions dans lesquelles Picasso dessine des Sabartés flirtant avec des pin-up, prises directement dans les magazines. Dans l’exposition, les relations épistolaires que Sabartés et Picasso ont entretenues entre 1905 et 1967 occupent une place notable. Ses lettres montrent leur complicité, l’affection et l’ironie qui les unissait. Le musée Picasso de Barcelone a ouvert ses portes au public le 9 mars 1963. Picasso a continué de donner à Sabartés un échantillon de son opus graphique et Sabartés a continué de faire des dons annuels à son musée de Barcelone.
Jaume Sabartés est décédé le 13 février 1968 à Paris. En hommage à son ami, Pablo Picasso a remis à la ville sa série sur « Las Meninas », en plus du portrait de Jaume Sabartés peint en 1901. Il a également fait don des lettres qu’il avait envoyées à Sabartés (un peu moins de sept cents) et succéda à son ami, informant le musée Picasso de Barcelone que, à partir de ce moment, il donnerait un exemplaire de chacune de ses gravures dédiées à Sabartés.
Un catalogue avec un texte de Claustre Rafart I Planas et de Pierre Jean Sugier, est en vente à la boutique du musée
Fondation Fernet-Branca 2, rue du Ballon 68300 Saint-Louis fondationfernet-branca.org
Horaires d’ouverture : du mercredi au dimanche de 13h à 18h
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Jusqu’au 6 octobre 2019 La Fondation Beyeler consacre son exposition estivale 2019 au peintre contemporain Rudolf Stingel (né en 1956 à Merano, il vit aujourd’hui à New York et à Merano). Elle présente les principales séries d’oeuvres réalisées par Rudolf Stingel ces trois dernières décennies, proposant un aperçu complet de sa riche et prolifique pratique artistique. Rudolf Stingel a transformé le musée, en envahissant l’espace conçu par Renzo Piano d’une moquette au motif oriental. Dépassant le concept de la bidimensionalité, conventionnellement associé à la peinture, cette exposition souhaite renverser les relations spatiales qui s’instaurent habituellement entre le spectateur et le tableau.
L’exposition de la Fondation Beyeler est la première exposition d’envergure de Rudolf Stingel en Europe après celle du Palazzo Grassi à Venise (2013)et la première en Suisse depuis celle de la Kunsthalle de Zurich (1995). Elle occupe les neuf salles de l’aile sud de la Fondation Beyeler, de même que pour un temps les deux salles du Restaurant Berower Park. Conçue de salle en salle, l’exposition installée par le commissaire invité Udo Kittelmann en étroite collaboration avec l’artiste ne suit aucun ordre chronologique strict mais fait plutôt le choix d’une confrontation spécifique de différentes oeuvres. Certaines oeuvres sont montrées en public pour la toute première fois et l’exposition présente également de nouvelles installations in situ. Si pour les toiles abstraites, c’est bien le pistolet de pulvérisation qui tient lieu d’outil, donc en quelque sorte de pinceau. Stingel a créé pour l’exposition de nouveaux tableaux abstraits en utilisant exactement la technique décrite dans Mode d’emploi: cette série de cinq oeuvres – qui remplit l’une des salles d’exposition – oscille chromatiquement entre rose, des tonspourpres sombres et argentés.
Peu d’autres artistes de sa génération ont élargi comme Rudolf Stingel le champ et la notion même de peinture. Depuis ses débuts à la fin des années 1980, il explore ses possibilités et les limites qui la constituent dans un jeu complexe avec les démarches artistiques, les matériaux et les formes. Partant d’une confrontation à des thèmes picturaux classiques, il développe une multiplicité de variations de motifs. A côté de séries de peintures abstraites et photoréalistes, il crée des oeuvres grand format en polystyrène ou des tableaux en métal coulé. Il revêt également des pièces entières de tapis ou de panneaux isolants argentés pouvant être touchés et foulés.
Le premier livre d’artiste de Rudolf Stingel, paru en 1989 sous le titre Mode d’emploi, est déjà révélateur de son attitude artistique peu conventionnelle. En six langues et illustré de photographies noires et blanches, il y décrit chacune des étapes de production de ses tableaux abstraits réalisés à l’aide de tulle et d’émail: la peinture à l’huile doit ainsi être mélangée avec un batteur électrique conventionnel et appliquée sur la toile. Une épaisseur de tulle est posée par dessus et recouverte de spray argenté. Lorsqu’on ôte le tulle, on révèle une surface chromatique apparemment tridimensionnelle qui évoque un paysage traversé de vaisseaux sanguins. Mode d’emploi semble suggérer qu’en suivant ces simples instructions on peut créer son propre «Stingel».
Mais si l’on pousse plus loin ce jeu de l’esprit, on s’aperçoit vite que, si l’oeuvre créée en respectant parfaitement toutes les étapes de travail peut être très belle, elle est cependant loin d’être indépendante et autonome – car on reste toujours l’exécutant de l’artiste, simple rouage d’un concept qu’il a imaginé. Ce mode d’emploi livre donc un commentaire facétieux et auto-ironique sur le marché et le monde de l’art.
Au début des années 1990, Stingel élargit son répertoire: à côté d’oeuvres abstraites, il crée de premières oeuvres in situ. Lors de sa première exposition en galerie, en 1991 à la Daniel Newburg Gallery à New York, il présente une seule oeuvre: la totalité du sol de la galerie est recouverte d’une moquette orange vif, les murs sont nus. Peu après, il présente ailleurs une autre variation de moquette monochrome, cette fois posée sur l’un des murs d’une pièce vide. Dans la galerie, c’est involontairement que les visiteurs laissaient les empreintes de leurs pas sur la moquette au sol; cette fois, ils sont invités à lisser ou brosser le tapis contre le sens du poil de leur propre main, comme autant de grands coups de pinceau. Le tapis devient image, où les gestes picturaux apparaissent, sont effacés et sont remplacés par d’autres traces.
A la fin des années 1990, Stingel commence à travailler des panneaux de polystyrène ordinaires. Accrochés au mur comme des tableaux, leur surface est couverte de lignes et de motifs griffés et gravés d’empreintes de pied de l’artiste. Depuis le début des années 2000, Stingel revêt des pièces entières de panneaux isolants argentés réfléchissants, dont la texture invite à y apposer des messages, des initiales ou autres gestes. Ces installations visent à la participation, mais elles sont soumises aux mêmes limitations immanentes que les travaux réalisés suivant le Mode d’emploi: si chaque visiteur peut participer au processus de création de l’oeuvre et s’y immortaliser, cela prend toujours une forme aléatoire et incontrôlable, cadrée par des conditions définies par l’artiste.
De manière semblable, Stingel fait appel au hasard pour certaines de ses peintures. Il étend des toiles achevées sur le sol de son atelier pendant une période prolongée, afin qu’elles s’imprègnent des traces de son procès quotidien artistique. Les éclaboussures de peinture et les empreintes de pied se superposent ainsi à ses tableaux abstraits et photoréalistes.
Stingel n’est jamais focalisé sur l’oeuvre unique en tant que telle, mais conçoit plutôt tout une série d’oeuvres comparables et interconnectées, tournant autour d’un même motif. Un motif peut ainsi circuler entre les images et les matériaux, apparaissant dans des versions très différentes. Ainsi, la moquette orange vif montrée à l’horizontale chez Daniel Newburg réapparaît en tant que nouvelle oeuvre sur l’un des murs de la Fondation Beyeler. La photographie d’une main tenant un pistolet de pulvérisation, commandée par Stingel pour illustrer son Mode d’emploi, a été traduite pour l’exposition en une toile photoréaliste grand format. Les griffures et éraflures qui ornaient d’anciennes installations de panneaux Celotex ont été transposées de manière fragmentaire en images de métal extrêmement lourdes au moyen d’un processus complexe et laborieux. L’une de ces oeuvres, longue de douze mètres, est présentée dans l’exposition. Des motifs historiques de papiers peints ou de tapis ainsi que des éléments de photographies trouvées ont trouvé place sur des toiles photoréalistes sous forme agrandie et en y intégrant les traces laissées par le temps telles la poussière et les empreintes de doigt. L’exposition présente également différentes oeuvres de ce type.
Au-delà de leurs différences matérielles, toutes les oeuvres de Rudolf Stingel ont ainsi pour point commun la présence de traces picturales aléatoires ou délibérées. Le temps et le hasard, le changement et la destruction apparaissent à leur surface. Les oeuvres de Stingel formulent ainsi des questions fondamentales concernant la compréhension et la perception de l’art ainsi que la mémoire, le souvenir et l’impermanence des choses.
Trois nouvelles oeuvres in situ seront également présentées. Une oeuvre murale à base de moquette orange invite les visiteurs à laisser des traces avec leurs mains et à s’impliquer ainsi de manière temporaire dans l’émergence de l’oeuvre. Une deuxième installation à base de tapis occupe tout le mur transversal du musée et s’étend dans l’une des salles. En version noire et blanche fortement agrandie, il reprend le motif d’un tapis persan Sarough.
Une oeuvre en panneaux isolants Celotex occupe plusieurs murs de l’exposition et s’étend également temporairement aux espaces du restaurant de la Fondation Beyeler dans le Parc Berower.
Toute la diversité et l’envergure de l’oeuvre de Rudolf Stingel, questionnement sans cesse renouvelé du médium de la peinture, se reflètent aussi dans le catalogue qui accompagne l’exposition: pensé comme un livre d’artiste et conçu par le graphiste de renom Christoph Radl, il propose au fil de 475 illustrations sur 380 pages un aperçu unique et complet du travail artistique de Rudolf Stingel.
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Tél. + 41 (0)61 645 97 21, www.fondationbeyeler.ch Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h depuis la gare SBB tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis tram n°6 arrêt Fondation
Programmation associée à l’exposition «Rudolf Stingel» à consulter sur le site de la Fondation Beyeler
Jusqu’ au 22 juillet 2019au Grand Palais Galeries nationales entrée Square Jean Perrin
commissariat : Alexia Fabre, conservatrice en chef, directrice du Mac Val, musée d’art contemporain du Val de Marne et Philippe Malgouyres, conservateur en chef, Département des objets d’art du musée du Louvre. scénographie : Agence bGc studio: Giovanna Comana / Iva Berthon Gajsak
La célébration du cinquantenaire des premiers pas de l’homme sur la Lune nous offre l’occasion de célébrer la longue relation des hommes avec cet astre familier, à travers des d’oeuvres d’art qui ont incarné les multiples formes de cette relation. Cette exposition articulée en cinq parties propose au visiteur de se confronter aux créations artistiques de l’Antiquité à nos jours, de l’Europe et d’ailleurs, inspirées par la Lune.
De la lune à la Terre, du voyage réel au voyage imaginaire L’exposition débute par le voyage réel, en juillet 1969. Elle propose ensuite de remonter le temps, à travers les voyages rêvés par la littérature et les arts vers la Lune. Depuis l’Antiquité, l’idée de se rendre dans la lune par les moyens les plus fous déchaina l’inventivité et l’imagination la plus débridée. Avec l’expédition d’Apollo 11, le voyage, devenu réalité, inaugure le début d’une nouvelle ère. Pourtant, l’imagination n’y perd pas ses droits, bien au contraire : à la fantaisie s’ajoute de grandes interrogations sur l’humanité, la place des femmes, le nationalisme, l’inégalité du développement économique.
La Lune observée La première tentative de dessiner la Lune est de Thomas Harriot en 1609. A partir de Galilée, des instruments de plus en plus précis ont permis d’en explorer la surface : la Lune est observée. Les premières cartes de la planète sont dessinées au milieu du XVIIe siècle. A la fin de ce siècle, Cassini réalise une carte plus précise que les précédentes qui restera une référence jusqu’à l’apparition de la photographie. La présentation de la réplique de la lunette de Galilée, des premiers dessins et cartes, puis de photographies illustreront l’évolution d’un regard de prise de connaissance, à la recherche d’une vérité objective dont ne sont jamais absente le rêve et la contemplation esthétique.
Les trois visages de la Lune Le parcours articule en trois sections l’évocation des trois visages de la Lune ou de ses trois humeurs : caressante, changeante ou inquiétante. Le premier visage est bénéfique et caressant ; c’est la Lune qui protège et qui inspire. Sous sa protection, l’homme rêve, aime, dort, prie ou médite. Ainsi, dans le célèbre tableau de Girodet, Endymion endormi, Diane visite sous la forme d’un rayon lumineux le sommeil du beau jeune homme, et le caresse de sa lumière.
Le second visage est celui de la Lune changeante, versatile, dont les mutations scandent le temps des hommes et organisent leurs calendriers. Les croyances populaires en font l’origine de l’humeur des femmes, qualifiée de « lunatique ». Ses rythmes deviennent phénomènes optiques inspirant de nombreux artistes du XXe siècle. Enfin, le troisième visage est celui de l’astre des ténèbres, de la mélancolie ou de la folie : la Lune noire ou démoniaque, source de fantasmes et de peurs.
La Lune est une personne La quatrième partie de l’exposition montre que, depuis l’antiquité, cet astre lointain est une divinité proche, de forme humaine, tantôt homme, tantôt femme, ayant souvent différents aspects liés à ceux, changeants, de la Lune. Si en Egypte, en Mésopotamie ou dans l’hindouisme moderne la Lune est déifiée sous une forme masculine (Thot, Nefertoum, Sîn, Chandra), l’antiquité classique la fait femme : Artémis, Diane, Séléné, Hécate. Dans le christianisme, la Vierge, qui reflète la lumière mais ne la produit pas, va être aussi associée à la Lune.
Une expérience partagée de la beauté La dernière partie de l’exposition montre la Lune comme source d’inspiration, proche et mystérieuse, qui dévoile la Nature sous une lumière réfléchie, étrange, intime, mélancolique, et toujours contemplative, propice à un renouvellement du thème du paysage. Elle est une expérience à part entière de la beauté. Une ultime promenade méditative sous le regard de la Lune.
L’exposition se clôt sur L’endymion endormi de Canova, moment paisible de contemplation.
Réunion des musées nationaux – Grand Palais
254-256 rue de Bercy
75 577 Paris cedex 12
ouverture : du jeudi au lundi de 10h à 20h ; mercredi de 10h à 22h ; fermeture hebdomadaire le mardi; fermé le 1er mai et dimanche 14 juillet
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