Turner, la mer et les alpes

Joseph Mallord William Turner, Ein Festtag in Zürich,
Aquarell und Gouache über Bleistift auf Papier, mit Auskratzung, aufgezogen,
29 x 47.8 cm, Kunsthaus Zürich, Grafische Sammlung

Au Kunstmuseum de Lucerne, jusqu’au 13.10.2019
organisée par Fanni Fetzer, directeur du Kunstmuseum Luzern,
et Beat Wismer, ancien directeur d’Aargauer
Kunsthaus and Museums Kunstpalast de Düsseldorf, en coopération avec David Blayney Brown, Tate

                      Turner Lucerne

Le peintre britannique J.M.W. Turner a parcouru la Suisse à la recherche
de motifs spectaculaires.
Au cours de ses voyages, il s’est rendu plusieurs fois à Lucerne afin d’étudier l’interaction locale unique entre conditions de lumière et météo, lac et montagnes. De sa chambre d’hôtel, il a fait des croquis du
Massif du Rigi. Il a fait des excursions en bateau à vapeur sur le lac des Quatre-Cantons et a traversé le col du Gothard.
De retour dans son atelier londonien, il transpose ses croquis en brillantes aquarelles et peintures à l’huile.


Pour Turner, ces impressions de la mer et des Alpes revêtent une importance majeure: la beauté et la menace de la nature a culminé ici pour caractériser le thème majeur du sublime, qui était au centre du romantisme. Avec l’exposition Turner. La mer et les Alpes le Kunstmuseum
Lucerne célèbre le 200e anniversaire de la Kunstgesellschaft Luzern. Turner s’est rendu à Lucerne au moment même où le
La Kunstgesellschaft était en cours de constitution.

Turner le Pilatus

Avec l’avènement du romantisme, les Alpes n’étaient plus seulement un obstacle sur le vers le sud, mais une destination en soi. Dans le même temps, ils sont devenus un thème de l’art.
Turner a rempli plusieurs carnets de croquis avec des impressions des montagnes escarpées. Les représentations de Schöllenenschlucht et la
Mer de Glace témoignent de son intérêt pour les conditions météorologiques et les éléments en général. Pour cet artiste, le beau temps impliquait des orages et des pluies ou au moins un voile de brume et un ciel nuageux.

Joseph Mallord William Turner, The Schollenen Gorge from the Devil’s
Bridge. Pass of St Gotthard, 1802
Graphit, Aquarell und Gouache auf Papier, 47 x 31.4 cm, © Tate, London,
2019

Lors de ses visites annuelles à Lucerne entre 1841 et 1844, Turner
fit des croquis du Rigi massif de sa chambre d’hôtel et a pris des excursions en bateau à vapeur sur le lac de Lucerne. De retour dans son Londres
il transpose ses dessins en aquarelles et peintures à l’huile. Turner peint le
Rigi dans diverses conditions d’éclairage et de nuances de couleurs si souvent que l’historien de l’art qui a administré son domaine,
John Ruskin, s’exclama étonné:
« Je ne peux pas dire pourquoi il aimait tellement le Rigi  » …

Joseph Mallord William Turner, The Blue Rigi, Sunrise, 1842
Aquarell auf Papier, 29.7 x 45 cm, © Tate, London, 2019

Turner était un entrepreneur intelligent. Il a aménagé un espace d’exposition afin de présenter ses travaux à des acheteurs potentiels,
et il a également fait des échantillons d’études, sorte d’esquisses.
Avec ces croquis détaillés du lac des Quatre-Cantons et le Rigi,
il espérait obternir des ressources pour approfondir les sujets.
La centaine d’œuvres prêtées par la Grande-Bretagne et la Suisse
comprend des œuvres sur papier de motifs en Suisse centrale,
parmi lesquels le célèbre Blue Rigi, Sunrise (1844),
le Lucerne Sketchbook, la première peinture à l’huile de
Turner jamais exposée, et son œuvre la  plus fascinante.

Turner

 La fondation de la Kunstgesellschaft Luzern en 1819 par des artistes et des membres des classes moyennes éduquées a exprimé le besoin bourgeois de participer et de façonner la société. Au cours de ces mêmes années, le tourisme a également prospéré et la Suisse centrale a exercé une attraction magique sur les voyageurs, grâce à la beauté de ses innombrables sites,
et la Suisse a commencé à faire partie du « grand tour ».
Le tourisme naissant, ainsi stimulé par le développement de la Suisse centrale, a suscité l’intérêt pour les représentations des Alpes dans la peinture et la vente des œuvres de Turner.

Kunstmuseum Luzern
Europaplatz 1
6002 Luzern

Opening Hours
Tue-Sun 10 am – 7 pm

Highland Titles

Highland Titles

La réserve naturelle de Highland Titles à Glencoe Wood

Rendue possible grâce aux Lords et Ladies de Glencoe. Ouverte à tous.

À l’origine du projet
voir la vidéo

Highland Titles a été fondée en 2006 par le Dr Peter Bevis, membre de la Société zoologique de Londres, et par sa fille Laura. Ils ont commencé en vendant des parcelles de leurs terres familiales afin de financer la plantation de nouveaux arbres. La mission visait simplement à restaurer la terre dévastée par des siècles d’agriculture et de sylviculture commerciale.

L’idée a beaucoup plu et la société est vite devenue en mesure d’acheter un terrain plus vaste permettant d’augmenter l’étendue du projet. Aujourd’hui, Highland Titles possède et gère deux réserves naturelles dans les magnifiques highlands écossaises et ils remercient les milliers de sympathisants d’avoir rendu cela possible.

Ouverte en 2007, la première réserve naturelle Highland Titles est constituée de plusieurs milliers de parcelles soutenues par une communauté internationale de Lairds. Cette terre peut se visiter librement, avec ou sans achat d’une parcelle. Située proche du Glencoe historique,
la réserve est l’une des deux réserves de Highland Titles, une attraction touristique vedette 4 étoiles bien établie.

Toute personne qui achète une parcelle Highland Titles devient Laird, Lord ou Lady of Glencoe, même pour l’achat d’une parcelle d’1 pied carré.
Devenir un Laird, Lord ou Lady est plus intéressant qu’il n’y parait car
avec le titre stylisé vient le style de vie.
Le titre de courtoisie ne doit pas être confondu avec un titre de noblesse, lequel est conféré par la Reine sur l’avis de ses ministres.
« Laird » n’a jamais été et ne sera jamais un titre de noblesse.

 

La réserve naturelle de Mountain View
Seconde réserve de Highland Titles, rendue possible grâce au soutien permanent des lairds.
La réserve de Mountain View, ouverte par Highland Titles en 2014, qui abrite aussi Bumblebee Haven, surplombe le majestueux Loch Loyne.
Connu par les pêcheurs comme l’un des meilleurs lacs à brochets des Highlands, les lairds bénéficient du privilège d’explorer la région et de pêcher dans le loch dès lors qu’ils viennent en visite.

Les Lairds, Lords et Ladies ayant acquis le droit de propriété des parcelles dans ce domaine (les parcelles de plus d’1 pied carré se situent à MountainView) peuvent choisir de se faire appeler Laird, Lord ou Lady de Lochaber, nom de la région où se trouve Mountain View.
vidéo ici

Sommaire du mois d’août 2019

King Kong « L’Affaire Makropoulos » (2007) de Malgorzata Szczęśniak
Ouvrant de manière spectaculaire l’exposition Opéra Monde, un immense King Kong se déploie dans le Forum. Cette sculpture conçue par la créatrice polonaise Malgorzata Szczęśniak pour la mise en scène de L’Affaire Makropoulos (de Leoš Janáček par Krzysztof Warlikowski) est la plus imposante jamais réalisée par les ateliers de l’Opéra national de Paris.
Cette œuvre monumentale vous plonge dans l’univers hors limite de l’opéra et de son
dialogue avec le cinéma. Par ailleurs architecte scénographe de l’exposition Opéra Monde, Malgorzata Szczęśniak transforme la Galerie 3 en une déambulation labyrinthique à travers les coulisses d’un décor d’opéra.

30 août 2019 : La Collection Rudolf Staechelin à la Fondation Beyeler
27 août 2019 : MIROIRS, reflets de l’être humain
19 août 2019 : «Schau, ich bin blind, schau.» De Rémy Zaugg à John Baldessari – la collection Hans et Monika Furer
18 août 2019 : Ca n’arrive qu’à moi
16 août 2019 : Une ombre au tableau, du XVIe au XXIe siècle
11 août 2019 : YAN PEI-MING L’HOMME QUI PLEURE
05 août 2019 : Lee Ufan, Habiter le temps

MIROIRS, reflets de l’être humain

La déesse du Soleil Amaterasu sortant de la grotte
Kazu Huggler (née en 1969) 2019 Installation

Jusqu’au 22 septembre 2019 au musée Rietberg de Zurich
commissaire, Albert Lutz, directeur du Musée depuis 1998

« Miroirs, personne, jamais encore, n’a décrit sciemment ce que
vous êtes dans votre essence » Rilke, Sonnets à Orphée, II , 3.

Musée Rietberg exposition Miroirs

Intitulée Eternity now,  œuvre de la plasticienne helvète Sylvie Fleury,
est un immense rétroviseur posé sur la pelouse qui permet une saisissante vision de la Villa Wesendonck et de son parc, où est installé le Museum Rietberg, qui débute l’exposition à l’extérieur.

L’exposition commence à l’intérieur,  inévitablement par le mythe antique de Narcisse. L’histoire de ce jeune homme qui tombe amoureux de son reflet dans l’eau, mais qui, prenant conscience que cet amour est vain et dépérissant de jour en jour, finit par mourir de désespoir, a enflammé l’imagination des créateurs pendant des siècles: le mythe de Narcisse est un thème récurrent dans la littérature, la philosophie, l’art et la psychologie, à chaque fois qu’il est question d’un amour immodéré de sa propre personne, de la vie et de la mort et de l’estime de soi.                           
marbre de John Gibson

« De quoi ai-je l’air aujourd’hui? Qu’est-ce que me dit mon visage? »

Jour après jour, le miroir est l’instance qui nous permet de vérifier
notre aspect et de capter notre état d’âme. Il nous accompagne
durant toute notre vie, et nous entretenons avec lui une relation
intime, même si elle est parfois machinale et distanciée, aimée ou
haïe.
Mais au fait, que savons-nous de lui, de son histoire et de son
utilisation, et que raconte le miroir sur nous-même?

Orphée, Tokyo Rumando

Cette exposition est la plus vaste jamais présentée sur l’histoire
culturelle du miroir, qui s’étend sur plusieurs millénaires.
Que ce soit dans l’Egypte ancienne, chez les Mayas du Mexique,
au Japon ou en Italie, plus précisément à Venise, mais aussi dans
l’art et les films actuels – d’un bout à l’autre de la planète,
des miroirs ont été fabriqués dans toutes sortes de civilisations
et se sont vus attribuer des significations et des pouvoirs particuliers.

A l’aide de 220 oeuvres d’art provenant de 95 musées et collections du monde entier, l’exposition met en lumière l’évolution artisanale et technologique mouvementée ainsi que la portée culturelle et sociale de cet intermédiaire qui nous renvoie notre propre reflet. Il est question du miroir en tant qu’artefact, mais aussi de connaissance de soi, d’orgueil et de sagesse, de beauté, de mystique et de magie, ainsi que du miroir de notre époque – le « #selfie ».

Florence Henri
Sur le net, sous tous les hashtags possibles, on peut voir des millions de selfies pris à bout de bras. Si l’on saisit « miroir et selfie » dans un moteur de recherche, on se retrouve en face de photos de femmes et d’hommes qui prennent la pose dans le lieu le plus intime de leur vie privée, la salle de bains, et divulguent ces images dans le monde entier sous le mot-dièse #bathroomselfie.

Sur la voie de la connaissance de soi
Les nouveau-nés et les nourrissons s’intéressent déjà très tôt aux visages. Le visage de la mère, sa première personne de référence, est pour l’enfant son « premier miroir ». Tous deux s’imitent mutuellement, chacun reflétant les traits du visage et les émotions de l’autre. Dans un premier temps, les tout-petits interagissent avec leur reflet comme ils le feraient avec un vis-à-vis « inconnu ». Ce n’est qu’à peu près à l’âge de 18 mois que les enfants se reconnaissent eux-mêmes dans le miroir. Peu à peu, ils développent également la faculté de prise de conscience de soi en tant qu’objet et de réflexion à ce sujet.
Le philosophe grec Socrate ne recommandait-il pas à ses élèves de se regarder dans un miroir pour méditer sur la beauté et la fugacité et cultiver leur propre âme…

 Michelangelo Pistoletto, L’Etrusco.

CHANGEMENT D’IDENTITÉ
Je est un autre
Dans la célèbre formule d’Arthur Rimbaud – Je est un autre –,
le poète se considère comme un voyant, qui se transcende
lui-même et qui, s’affranchissant de sa propre personnalité,
devient un autre, et pénètre ainsi dans les domaines inconnus
de l’imagination.
.Miroir-lièvre (Hasenspiegel)
Cette oeuvre de Markus Raetz se réfère à une action de l’artiste
allemand Joseph Beuys réalisée en 1965 et intitulée:
Wie man dem toten Hasen die Bilder erklärt
(«Comment expliquer la peinture à un lièvre mort»).
La silhouette du lièvre réalisée en fil de fer reflétée dans le miroir
devient celle de quelqu’un d’autre – le profil de Joseph Beuys.

Marianne Brandt

L’exposition montre des oeuvres de vingt artistes, dont des photographes, provenant de quatre continents, sur le thème de l’« autoportrait » – des années 1920 à aujourd’hui. Cette série comprend des photographies de Claude Cahun et de Florence Henri, de Cindy Sherman et Nan Goldin, jusqu’à Amalia Ulman et Zanele Muholi, des vidéos de Bill Viola, d’Albert Lutz.  Des extraits de films – des monologues d’hommes se parlant devant le miroir ou des cowboys tirant dans un miroir – constituent un programme contrasté à la fois savoureux et qui mérite réflexion.

Zanele Muholi

de Niro

Ce tour du monde à travers l’histoire du miroir auquel nous invite l’exposition commence par un miroir en bronze égyptien du XIXe s. av. J.-C., que, selon l’inscription, un père avait fait fabriquer pour sa fille
« afin qu’elle puisse y regarder son visage ». Elle nous conduit en Grèce et en Italie, plus précisément à Rome, chez les Etrusques, les Celtes, puis en Asie, en Iran, en Inde, en Chine et au Japon. Des pièces singulières provenant du Museo Nacional de Antropología de Mexico laissent deviner le pouvoir numineux des miroirs chez les Mayas et les Aztèques. Quant aux miroirs grecs, romains ou étrusques, leur revers est orné de représentations artistiques de femmes se baignant ou se coiffant. L’exposition montre à ce sujet des chefs-d’oeuvre du Louvre, à Paris, et du Metropolitan Museum de New York.

Miroirs Rietberg

Magie et mysticisme
Le miroir peut aussi être obscur et mystérieux. Dans de nombreux
genres cinématographiques, les metteurs en scène ont recours à
des miroirs pour annoncer l’avenir ou dévoiler le passé; parfois,
la mort rôde derrière le miroir, il rend visible l’invisible. L’art du surréalisme, de Salvador Dali à Paul Delvaux, utilise le miroir pour
suggérer des phénomènes insondables, incompréhensibles ou
secrets.
L’exposition présente aussi un incroyable costume de chaman,
le plus vieil exemple au monde, provenant de Sibérie auquel
sont suspendus des miroirs en laiton. Le parcours se termin
avec l’histoire d’Alice traversant le miroir, illustrée par une
oeuvre majeure de Michelangelo Pistoletto.(ci-dessus)

Paul Delvaux, Femme au Miroir 1936

Interaction
Des extraits de certaines des scènes les plus célèbres de l’histoire
du cinéma où le miroir joue un rôle sont présentés dans une vaste
projection : l’entrée dans le monde des Enfers, tirée du film
Orphée de Jean Cocteau, le final grandiose de La Dame de Shanghai
d’Orson Welles, la scène du peep-show de Paris Texas de Wim Wenders
ou quelques autres tirées de In the Mood for Love; de Wong Kar-Wai.

Le narcisse suisse clôture l’exposition que l’on quitte avec regret, tant elle
est intelligente, riche en découvertes.

Narcisse suisse, Paul Camenisch 1944

Musée Rietberg
Les arts du monde à Zurich
Gablerstrasse 15
8002 Zurich
Suisse

Horaires
Lundi fermé
Mardi jeudi vendredi samedi dimanche 10–17h
Mercredi 10–20h

Accès tram 7 depuis gare CFF, arrêt Musée Rietberg
direction de «Wollishofen»

«Schau, ich bin blind, schau.» De Rémy Zaugg à John Baldessari – la collection Hans et Monika Furer

Hans et Monica Furer, collectionneurs et donateurs
photo Kunstmuseum Basel

Jusqu’au 1er décembre 2019, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Sélection : Hans Furer
Réalisation : équipe Gegenwartskunst

Hans Furer

Hans et Monika Furer-Brunner ont fait donation de 24 oeuvres
de Rémy Zaugg (1943–2005) provenant de leur fondation au
Kunstmuseum Basel.
La plus importante collection privée de l’artiste suisse entre ainsi
au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel. Cette donation
comprend également une photographie de Thomas Ruff réalisée
d’après 48 esquisses perceptives de Rémy Zaugg.


Conçues entre 1963 et 1968 à partir d’une analyse du tableau de
Paul Cézanne La maison du pendu, celles-ci sont en dépôt au Kupferstichkabinett du Kunstmuseum Basel depuis 1992.

À l’occasion de la donation, le Kunstmuseum Basel, avec lequel
les collectionneurs sont étroitement liés depuis plusieurs décennies, présente ces oeuvres dans le cadre d’une exposition répartie dans
quatre salles du Neubau. Elle réunit des oeuvres de toutes les périodes
de création de Rémy Zaugg, parmi lesquelles des travaux provenant
des séries Ein Blatt Papier,


Für ein Bild et Schau, ich bin blind, schau, et les place aux côtés
d’autres grands artistes internationaux qui caractérisent la
collection Furer tels que John Baldessari, Sol LeWitt,
Robert Mapplethorpe, Lawrence Weiner, Thomas Ruff et
Stephan Balkenhol, On Kawara.

Thomas Ruff et Stephan Balkenhol

La mise en regard de ces oeuvres donne lieu à un dialogue stimulant. Présentée au premier étage du Neubau, l’exposition jouxte les oeuvres
d’art américain d’après-guerre de la collection du Kunstmuseum Basel dont Day before one (1951) de Barnett Newman. Source d’inspiration essentielle pour Rémy Zaugg, ce tableau l’a amené
à se remettre en question, à poser un regard nouveau sur l’art et à se consacrer au thème de la perception pour le restant de sa vie.

Pour cet artiste natif du Jura suisse francophone et résidant
à Bâle et à Mulhouse, la peinture a toujours constitué une sorte de
recherche fondamentale pour des projets « appliqués », que ce
soit dans le champ de l’architecture, de l’urbanisme ou de
la conception d’expositions.
Zaugg compte parmi les artistes suisses majeurs du XXe siècle.
Il est représenté au sein de nombreux musées nationaux et internationaux ainsi qu’au travers d’oeuvres situées dans l’espace public :
au Kunsthaus Aarau, dans le bâtiment « Titanic » à Berne ou au Staatsarchiv à Bâle.

On Kawara

Hans Furer et sa femme ont constitué une remarquable collection
d’oeuvres de Rémy Zaugg ainsi que d’autres artistes.
Avocat, Furer est également connu pour son engagement en faveur
de la culture. Ainsi, il fut l’un de ceux à l’initiative de l’acquisition
de la sculpture de Richard Serra Intersection il y a 25 ans.
(devant le théâtre de Bâle)
Il a aussi apporté son soutien à de nombreux projets de politique
culturelle en tant que parlementaire de Bâle-Campagne.

Robert Mapplethorpe
Patti Smith, 1976
Épreuve à la gélatine argentique vintage, 38 × 38 cm
Collection Hans et Monika Furer

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH–4010 Basel

Horaires d’ouverture
Lundi fermé
Ma 10.00–18.00
Me 10.00–20.00
Je–Di 10.00–18.00

Accès
ATTENTION !
A partir du 14 mars 2019, le St. Alban-Graben sera fermé à la circulation
en direction de la Wettsteinplatz en raison du chantier du « Parking Kunstmuseum ». Le détour peut se faire par l’Aeschenplatz.
L’arrêt de tram « Kunstmuseum » est fermé jusqu’à nouvel ordre.
Descendre à Bankverein

Une ombre au tableau, du XVIe au XXIe siècle

John Martin, la création de la lumière

Jusqu’au 27 OCTOBRE 2019 à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne
Commissariat
Victor I. Stoichita, professeur ordinaire en histoire de l’art des temps modernes à l’Université de Fribourg
Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage
Aurélie Couvreur, conservatrice de la Fondation de l’Hermitage

attribué à Wolfgang Heimbach cp

Après le succès de l’exposition Fenêtres, de la Renaissance à nos jours. Dürer, Monet, Magritte… en 2013,
la Fondation de l’Hermitage à Lausanne poursuit son exploration des grands thèmes de l’iconographie occidentale, et propose au public de découvrir les multiples facettes artistiques de l’ombre. Avec une
sélection inédite de près de 140 oeuvres, l’exposition Ombres, de la Renaissance à nos jours offre un parcours à travers 500 ans d’histoire
de l’art, et convoque des formes artistiques très variées, allant de la
peinture à l’installation, en passant par la sculpture, l’estampe,
le dessin, le découpage, la photographie ou encore la vidéo.

vue de l’entrée de la Fondation de l’Hermitage, avec les ombres portées.

L’exposition se déploie en 16 thèmes. Pour certaines oeuvres connues ou encore d’autres d’auteurs moins connus, l’exposition  rend attentif aux détails, que l’on regarde souvent rapidement  sans les voir.

L’ombre naît de la lumière, ou plus précisément de l’absence de lumière,
et elle se définit comme suit :
« Diminution plus ou moins importante de l’intensité lumineuse dans une zone soustraite au rayonnement direct par l’interposition d’une masse opaque ».
En d’autres termes, lorsqu’un objet opaque est mis devant un rayon lumineux, l’ombre proprement dite (ou ombre propre) est la zone de l’objet qui ne reçoit pas de lumière. Mais l’ombre a ses variations.  La première
d’entre elles est l’ombre portée, c’est-à-dire l’ombre projetée par un corps éclairé sur une surface. La pénombre est la zone partiellement éclairée qui entoure l’ombre propre ou l’ombre portée, lorsque l’objet est
éclairé par une source lumineuse étendue.

Sol LeWitt
Une sphère éclairée par le haut, les quatre côtés, et toutes leurs combinaisons

Depuis l’Antiquité, il se raconte que l’ombre est au coeur de l’invention de la peinture, du dessin et même du modelage en bas-relief. Ainsi Pline l’Ancien
explique-t-il qu’une jeune femme corinthienne, Dibutade,  dessina les contours de l’ombre de son bien-aimé qui se projetait sur un mur, pour en garder une image avant qu’ils ne soient séparés (Histoire naturelle, XXXV, 15 et 151). Ce récit mettant en scène une jeune femme inventrice d’un art et un jeune homme lui servant de modèle, montre le rôle central de l’ombre dans la conception artistique occidentale.

Joseph-Benoît Suvée, L’origine du dessin, 1776-1791 huile sur toile, 49 x 34 cm
Musée Groeninge, Bruges

Les couleurs de l’ombre
Si l’ombre est, dans l’imaginaire occidental, associée à la couleur grise,
il n’en va pas de même dans la nature. Comme le note le théoricien
de l’art Leon Battista Alberti dès 1435,
« les rayons réfléchis s’imprègnent de la couleur qu’ils
trouvent sur la surface par laquelle ils sont réfléchis »
.
En d’autres termes, la couleur de l’ombre offre une infinité de teintes et
de nuances, qui dépendent des sources de la lumière et des
surfaces que celle-ci atteint, directement ou indirectement.

Maximilien Luce

Le parcours traverse les siècles et les thèmes, associant de manière inédite des chefs-d’oeuvre de l’art occidental qui témoignent de l’intérêt continu des artistes pour ce thème, que ce soit dans l’autoportrait (Rembrandt, Eugène Delacroix), les recherches sur la perspective (Baccio Bandinelli, Pieter de Hooch), le travail sur le clair-obscur (Luca Cambiaso, Jacob Jordaens, Joseph Wright of Derby) ou la dramatisation des paysages chez les
romantiques (Caspar David Friedrich, Carl Gustav Carus, Wilhelm Bendz). L’exposition fait également la part belle aux ombres impressionnistes (Claude Monet) et post-impressionnistes (Henri-Edmond Cross, Joaquín
Sorolla y Bastida), qui témoignent de l’apparition de la lumière artificielle et des recherches sur la théorie des couleurs au XIXe siècle.

Claude Monet
Londres, le Parlement, reflets sur la Tamise, 1905
huile sur toile, 81,5 x 92 cm
Musée Marmottan Monet, Paris

Au tournant du XXe siècle, contre-jours tranchants et ombres puissantes jouent un rôle déterminant dans la quête d’un langage formel synthétique et novateur (Félix Vallotton, Hans Emmenegger).
Parmi les points forts de l’exposition figure une section confrontant les ombres inquiétantes et paradoxales des artistes symbolistes (William Degouve de Nuncques, Léon Spilliaert), expressionnistes (Edvard Munch),
surréalistes (Salvador Dalí, René Magritte, Max Ernst) et de la Nouvelle Objectivité (Christian Schad, Niklaus Stoecklin).

Hans Emmenegger

Les usages de l’ombre dans la création moderne et contemporaine sont, quant à eux, déclinés à travers des oeuvres emblématiques de
Pablo Picasso, Andy Warhol, Christian Boltanski ou encore Joseph
Kosuth, tandis que les artistes vidéo (Vito Acconci, Jean Otth, Thomas Maisonnasse) réinterprètent les grands mythes des origines qui,
de Platon à Pline, relient l’ombre, l’art et la connaissance.

Boltanski, le théâtre d’ombres

En contrepoint, une importante section photographique rassemblant notamment des images saisissantes d’Edward Steichen, Man Ray, Lee
Friedlander et Wolfgang Tillmans, montre que ce thème suit la photographie comme son ombre…

Thomas Ruff

Fondation de l’Hermitage
Route du Signal 2 Lise Schaeren Decollogny
CH – 1018 Lausanne Responsable Communication
www.fondation-hermitage.ch
+41 (0)21 320 50 01

Catalogue
L’exposition est accompagnée d’un ouvrage richement illustré, contenant un avant-propos de Sylvie Wuhrmann
et Aurélie Couvreur et des essais de Marco Costantini, Corinne Currat, Michel Hilaire, Dominique Hoeltschi,
Patrizia Lombardo, Dominique Païni, Michel Pastoureau, Didier Semin, Victor Stoichita, publié en co-édition avec
La Bibliothèque des Arts, Lausanne.

Horaires
Mardi à dimanche de 10h à 18h
Jeudi de 10h à 21h
Lundi fermé

Accès
Depuis la gare
•Prendre le M2 direction « Croisettes », descendre à l’arrêt
« Bessières » puis prendre le bus no 16, direction « Grand-Vennes ». Descendre à l’arrêt « Hermitage »

Depuis le centre ville (Place Saint-François)
•Prendre le bus no 16, direction « Grand-Vennes ».
Descendre à l’arrêt « Hermitage »
Info trafic des Transports publics de la région lausannoise TL

 

YAN PEI-MING L’HOMME QUI PLEURE

Yan Pei-Ming, No comment Dyptique

Jusqu’au 23 SEPTEMBRE 2019 au
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON
Entrée gratuite pour tous
Commissaires de l’exposition
FRANCK GAUTHEROT,
directeur du Consortium Museum de Dijon
DAVID LIOT,
directeur des musées de Dijon

YAN PEI-MING

Composée d’une trentaine d’oeuvres, cette exposition se déploie
dans l’ensemble du musée et met en lumière un peintre contemporain
majeur. Tel un journal intime l’exposition explore les vicissitudes de
l’artiste face à la brutalité du monde. Elle rend hommage à sa mère et
à ses amis récemment disparus. L’Homme qui pleure met en lumière la
vision très personnelle d’un homme meurtri par la violence de la vie et
qui continue à se battre.

YAN PEI-MING September 11th 2001 (2011)

Entre drames intimes et planétaires
Dans la première salle, l’oeuvre September 11th 2001 (2011) campe les
Twin Towers comme deux personnages en péril. Artiste à genoux
(2012) accueille le visiteur. Yan Pei-Ming se recueille, tête baissée,
demande le pardon du monde qui s’écroule, le pardon de ses proches.

Yan Pei-Ming, Fukushima, 11 mars 2011 (2011)
Yan Pei-Ming Le chien qui crie

Dans la seconde salle, les chiens hurlent de toute la puissance de leur
mâchoire devant Fukushima, 11 mars 2011 (2011). Face à l’explosion de la
centrale, résumée par Yan Pei-Ming au moment d’après, il ne reste que
le panache énorme d’une fumée de tous les dangers radioactifs.
Dans la troisième salle, les oiseaux noirs tournoient ou se posent autour
de portraits de femmes voilées sous les yeux ouverts mais morts
de l’Oncle aveugle (2019). Ils interrogent l’enfermement, sociétal ou
physique, la liberté d’action et de mouvement.

La dernière salle annonce l’effroi devant le tragique. Le Selfportrait at
Four Ages (2006) fabrique un temps en quatre saisons : la jeunesse,
l’âge adulte, le gisant mort et la vanité (le crâne) tandis que ses fleurs
noires portent les messages des vivants aux morts.

Yan Pei-Ming

À travers Fabian Stech, portrait d’un ami (11/2015) et Xavier Douroux, portrait d’un ami (2019), Yan Pei-Ming rend hommage à ses amis décédés qui ont tant compté dans sa vie.
Fabian Stech (1964-2015), fauché au Bataclan, le 13 novembre 2015 et Xavier Douroux (1956-2017), un des fondateurs
et directeurs du Consortium, vaincu par la maladie, à l’aube de la
soixantaine.
Dans un entretien en 2005, Yan Pei-Ming, apaisé,
confirme à Fabian Stech que le thème de la mort traversera toujours son oeuvre et ajoute :
Plus j’avance, plus je me sens libre, plus j’ai envie d’exprimer un sentiment général d’humanité »
Cette année, au coeur d’un musée rénové des Lumières, le peintre exprime sa liberté, son humanisme et sa générosité. Témoin engagé d’un monde qui vacille, l’Homme qui pleure garde intacte son énergie plastique et sa « folie créatrice ».
Lueurs d’espoirs, ses morts le sont assurément.

Yan Pei-Ming

« L’aquarelle à l’eau des larmes », une salle spécifique
Dans l’espace d’exposition temporaire, les Pleurants, suite d’aquarelles
d’après les 82 pleurants des cénotaphes des ducs de Bourgogne
s’adjoignent une peinture et une autre série d’aquarelles : Ma mère
(2018), cinq feuilles d’aquarelles qui réitèrent dans l’encre lavée l’image
de sa défunte mère. Dans la même salle une série d’autoportraits et les
funérailles du Pape.vidéo

Yan Pei-Ming

Un peintre contemporain au musée des Beaux-Arts
Dans la salle des Tombeaux le triptyque
Ma mère – Souffrance • Espoir • Effroi (2018),
portraits de la mère de l’artiste au tournant fatal de sa vie,
se dévoile avec à ses pieds les cénotaphes des ducs entourés des
Pleurants.

Yan Pei-Ming, Ma mère – Souffrance • Espoir • Effroi (2018)

Loin des mouvements artistiques des années 80, autour de l’art
conceptuel et de l’installation, Yan Pei-Ming défend la peinture avec
énergie et, au fil de sa carrière, va revisiter la peinture européenne du
XVIIe siècle à nos jours. Il n’hésite pas à l’interpréter par un jeu infini
de détournements, une écriture plastique spontanée et un sens de la
polysémie

Yan Pei-Ming d’après Goya (Tres de Mayo)

Sans oublier, Game of Power, avec le portrait des dictateurs actuels.

Au sein du parcours permanent La Vocation de saint Matthieu ; Le
Martyre de saint Matthieu, d’après Caravage (2015) et L’Exécution,
après Goya (2012) confirment ce dialogue entre art contemporain et
peinture d’histoire.

Palais des États et des ducs de Bourgogne
Place de la Sainte-Chapelle – DIJON
dmp@ville-dijon.fr
Tél. : (+33) 3 80 74 52 09 / musees.dijon.fr
Entrée gratuite pour tous
Les horaires d’ouverture de l’exposition sont ceux du musée
des Beaux-Arts
Ouvert tous les jours sauf le mardi,
du 17 mai au 31 mai : de 9h30 à 18h
du 1er juin au 23 septembre : de 10h à 18h30
Navette Divia City gratuite depuis l’arrêt Foch Gare SNCF
(Boulevard de Sévigné en dessous de la Gare)
qui vous dépose à l’arrêt théâtre,
juste à côté du musée

Lee Ufan, Habiter le temps

Lee Ufan, la peinture ensevelie

Jusqu’au 30 septembre 2019, le Centre Pompidou-Metz présente une exposition monographique consacrée à Lee Ufan (vidéo)

Ma première rencontre avec les oeuvres de Lee Ufan date de 2004, présentées à la Fondation Fernet Branca, grâce à Jean-Michel Wilmotte, architecte de renommée internationale et grand connaisseur de la culture coréenne, qui a réussi la rénovation et transformation des anciennes usines, en centre d’art contemporain. Dans l’intimité du lieu, elles dégageaient une sérénité contagieuse.
A Versailles, c’est « l’Eloge du peu » qui tient toutes ses promesses »

« Je suis hostile à l’industrialisation illimitée, au consumérisme de masse résultant d’un productivisme effréné. Je suis opposé à ce que les hommes veuillent former le monde selon l’image qu’ils s’en font. Par conséquent, si contradictoire que cela puisse paraître, je crée dans le but de ne pas créer. » (Lee Ufan, Tension précaire, op.cit., p.197)

Le parcours a été conçu par l’artiste et le commissaire de l’exposition comme un cheminement d’expérience en expérience, à la manière d’une initiation à un nouveau langage, en dehors des codes et des références traditionnelles de l’art contemporain. À chaque « station » du chemin, une sélection d’œuvres révèle un concept, une façon d’envisager l’art. Certaines salles sont aussi la déclinaison de ce concept à partir d’un matériau en particulier.

Lee Ufan Relatum

Jean-Marie Gallais, commissaire de l’exposition, explique : « Ce n’est pas une rétrospective au sens classique du terme, il s’agit plutôt d’une traversée de l’œuvre dans sa quête de redéfinition de l’art. Nous n’avons pas cherché à montrer « tout » Lee Ufan, ni à suivre un parcours chronologique, mais plutôt à montrer comment l’artiste a élaboré des concepts et des principes. On retrouve dans l’exposition la plupart des typologies d’œuvres et de matériaux déployés par Lee Ufan, mais aussi des moments de transition, des pièces charnières qui dévoilent comment une réflexion mène à une autre. Le lien entre une idée, une pensée et une forme ou une expérience, est particulièrement rendu sensible. Ce choix d’œuvres a été fait en concertation et en dialogue constant avec l’artiste, qui a veillé à un équilibre entre peintures, sculptures et installations, œuvres anciennes et récentes. »

Lee Ufan, Relatum

La notion de doute, fondamentale pour Lee Ufan, lui permet d’interroger le principe même de la peinture et de la sculpture, et de dépasser la question de l’ego de l’artiste. Les œuvres présentées au Centre Pompidou-Metz révèlent aussi cet aspect du travail, répondant à la volonté d’atteindre le
« non-peint », le « non-sculpté », comme le dit Lee Ufan, afin de créer une relation la plus pure possible entre l’intérieur et l’extérieur de l’œuvre, entre l’énergie et l’immobilité, suggérant différentes façons d’
« habiter le temps. »

Lee Ufan naît en 1936 au sud de la Corée, dans une famille imprégnée d’une morale stricte aux idéaux confucéens.
« Lorsque j’essaie de vivre en tant que Coréen, ma vie créatrice s’appauvrit et, si je tente de vivre en tant qu’artiste, je m’éloigne des Coréens » (Lee Ufan, Tension précaire)
Face à ce dilemme, il cherchera à trouver un équilibre en prenant à rebours la pratique artistique, afin d’atteindre un langage universel non auto-référencé, un « au-delà » de l’art, une pratique de l’humilité où l’artiste disparaît derrière son œuvre.

Le départ de Lee Ufan pour le Japon, après sa première année à l’université, est une étape importante dans la construction de son identité. Il rejoint son oncle et va y apprendre le japonais et suivre des cours de philosophie contemporaine à partir de 1957.
Lee Ufan cherche alors refuge dans la pratique artistique, mêlée à une lecture phénoménologique de l’existence inspirée de ses lectures de philosophes occidentaux, notamment de l’analyse de la perception par Maurice Merleau-Ponty, mais aussi les écrits d’Heidegger ou Foucault.

Traditionnellement, la perception est définie comme l’activité de l’esprit par laquelle un sujet prend conscience d’objets et de propriétés présents dans son environnement, sur le fondement d’informations délivrées par les sens.

La phénoménologie est en effet fondatrice dans la naissance du mouvement Mono-ha au Japon en 1968, dont Lee Ufan est l’un des principaux théoriciens et représentants. Cette « Ecole des choses » sonde les relations qui naissent de la rencontre entre des éléments naturels et industriels, sur lesquels les artistes n’interviennent presque pas, dans des installations éphémères au vocabulaire ascétique. Mono-ha établit des connexions entre l’art et la philosophie, dans un esprit anticonsumériste. On trouve dans le travail de Lee Ufan, jusqu’aux œuvres les plus récentes, ce parti pris d’économiser le geste pour critiquer l’hyper productivité et la saturation des images de la société et du monde de l’art contemporains.

Lee Ufan développe ensuite sa pensée au fil des expositions, faisant évoluer ses gestes d’une série à l’autre, glissant toujours aussi allègrement entre la peinture, la sculpture ou l’installation. L’exposition du Centre Pompidou-Metz dresse un portrait par les œuvres de cet artiste qui s’efforce à travers ses créations, de considérer l’art comme un moyen d’appréhender notre rapport au monde. L’œuvre de Lee Ufan est une invitation à ralentir, à quitter le monde du déferlement des images et de la représentation, pour se recentrer sur la perception. Un chemin de méditation qui peut autant partir d’un détail insignifiant comme de l’infini :
« Ce n’est pas l’univers qui est infini, c’est l’infini qui est l’univers. » rappelle l’artiste.

Sommaire de juillet 2019

Rainer Gross, Espace Malraux Colmar

25 juillet 2019 : Gilbert & George « There were Two Young Men, April 1971 »
20 juillet 2019 : José de Guimarães, de l’anthropologue à l’artiste
15 juillet 2019 : Décès de Frieder Burda
13 juillet 2019 : Le modèle noir de Géricault à Matisse
10 juillet 2019 : Hammershøi, le maître de la peinture danoise
04 juillet 2019 : Gregory Forstner, Get in, get out. No Fucking around

Gilbert & George « There were Two Young Men, April 1971 »

Jusqu’au 26 août 2019, la Fondation Vuitton présente un ensemble d’œuvres de Gilbert & George,
« There Were Two Young Men, April 1971 », (vidéo)
une « sculpture-au-fusain-sur-papier » en six volets faisant partie de la Collection de la Fondation. Exposée uniquement en 1971 à la galerie Sperone de Turin, cette œuvre s’inscrit dans une série de 13 corpus d’oeuvres tous différents, créés entre 1970 et 1974 puis dispersés. Cette exposition est une occasion unique de réunir ces œuvres rares de Gilbert & George.

Par sa dimension même, « There Were Two Young Men » implique une relation immersive pour le spectateur. Cette « sculpture » représente deux protagonistes -les artistes- dans un environnement champêtre dont l’hédonisme est teinté de mélancolie. Ils semblent deviser tranquillement, adossés à un arbre, dans l’esprit des représentations néoromantiques de la peinture de paysage britannique. L’intrusion graphique, dans chaque élément de la « sculpture », du titre en majuscules qui assied l’image et d’un texte poétique en majuscules et en minuscules, écrit à la main ajoute une complexité supplémentaire, renvoyant à l’univers de la poésie populaire et des comptines.

Nés en 1943 et en 1942, dans les Dolomites (Italie) et dans le Devon (Angleterre), ils vivent et travaillent à Londres (Royaume-Uni). Dès leur sortie de la Saint Martin’s School of Art où ils se rencontrent en 1967, Gilbert & George se font connaître en s’autoproclamant deux
« sculptures vivantes » formant un seul artiste. Ainsi vêtus de costumes ordinaires, le visage impassible et recouvert de poudre multicolore métallisée, ils interprètent dans The Singing Sculpture une chanson des années 1930, Underneath the Arches, renvoyant au monde des déclassés. Les artistes choisissent d’emblée de se démarquer du contexte artistique de l’époque, formaliste et conceptuel, en choisissant le langage figuratif. De la mise en scène du quotidien (marcher, chanter, lire, boire), ils tirent une matière visuelle qu’ils exploitent dès le début des années 1970 dans des assemblages de photographies, d’abord en noir et blanc puis en couleurs. Dès l’origine leurs oeuvres témoignent de la permanence de leur position privilégiant la figuration alors décriée, avec un objectif déclaré d’un Art pour Tous. Permanent également chez Gilbert & George, le choix d’un art qui communique directement et dans un esprit de dialogue avec le spectateur et où l’émotion individuelle, ressentie au plus vrai, atteint à l’universel.

Réalisée après leurs études à la St Martins School of Art de Londres, There Were Two Young Men implique une relation immersive pour le spectateur. Elle est présentée aux côtés d’autres œuvres de Gilbert & George d’inspiration proche comme
« Limericks » (1971), également dans la Collection de la Fondation, une sculpture postale en huit parties. S’y ajoutent selon le souhait des artistes
« Nature Photo Piece » (1971), composition de photographies en noir et blanc ainsi que deux vidéos sculptures contemporaines.

Commissariat général : Suzanne Pagé
Commissaire : Claire Staebler

Architecte en charge de la scénographie : Marco Pal