Frank Morzuch D.I.C.I.A.L.A

Né en 1951 à Saverne, Frank Morzuch vit et travaille à Faucogney et La Mer (70).  IL explore des questions liées à la nature et à ses représentations dans notre société ultra-médiatisée où tout est transformé en message univoque. Ses propositions présentent une intrication subtile de la matière et de la lumière, associant des matériaux naturels tels que le bois, les cailloux, à des dispositifs électriques et magnétiques.

Frank Morzuch

Pour Frank Morzuch, l’esthétique n’est pas suffisante. Dans son travail s’opère une forme de processus d’investigation du paysage, qu’il soit réel ou figuré. Depuis de nombreuses années, il mène une recherche importante autour de l’oeuvre gravée de Dürer, principalement les quatre gravures « Melencolia », recherche qui l’a rendu célèbre à travers plusieurs expositions et ouvrages s’y attenant. Lors de ces interventions, Frank Morzuch n’est pas un géomètre ordinaire. Sa démarche tient en partie du baroque par l’emploi du trompe l’oeil. Conscient de ce qu’il produit, il précise qu’il tente de
« rapprocher le virtuel du réel jusqu’à se qu’il se superpose effectivement à la réalité du lieu ».
Frank Morzuch

Parce qu’elles convoquent l’inattendu et qu’elles choisissent délibérément le parti pris de la précarité, les installations de Frank Morzuch sont en soi un événement. Une extrême économie de moyens doublée d’une précision quasi numérique confère à ces dispositifs une grande efficacité qui les situent à la confluence des arts technologiques et d’une pratique cinétique singulièrement archaïque.
Frank Morzuch

C’est dans l’approche physique et mentale d’un espace soustrait au temps profane (tant par la surprise qu’entraîne cette irruption, que par le choc qu’elle suscite) que se situe ce projet. Il invite le visiteur à traverser l’oeuvre et l’incite à un retour sur lui-même par une sorte d’accélération temporelle où une ampoule électrique se substitue à la mécanique céleste. Toute l’installation s’appuie sur un principe numérique où quatre carrés chiffrés dessinent un diagramme que nous révèle le balayage lumineux d’une ampoule en rotation au dessus d’un réseau dense de petits cailloux gris et blancs. L’ombre mouvante agit comme un pinceau de calligraphe. Ce constant va et vient, fait de furtives disparitions et de non moins furtives apparitions, finit par matérialiser une grille sur laquelle s’imprime une rose des vents. Tout réside entre le dit et le non dit, à l’image de cette porte-tambour qui fait sas entre le visible et l’invisible en proposant au visiteur une halte méditative autour du chiffre quatre et de ses prolongements symboliques sur lesquels se fondent la « Melencolia » de Dürer. » (conférence donnée le 23 janvier 2013)
texte Frank Morzuch.
 
Frank Morzuch

 
En gestation depuis plus de 10 ans, l’exposition D.I.C.I.A.L.A est polymorphe et s’adapte aux différents lieux qu’elle habite. Cela s’explique par le fait qu’elle retrace un parcours passant d’une pratique cinétique, singulière et primitive, souvent apparentée au Land Art et qui rejoint une pratique artistique plus conceptuelle qui fait d’un vol de tourterelles un crible apte à décoder la grille du sudoku. Cet extrait rétrospectif du travail de Frank Morzuch est composée d’expositions, mais également d’une sorte de « récit/catalogue » illustré, où images et textes, loin de se soutenir l’un ou l’autre, se complètent, dans un processus logique, D.I.C.I.A.L.A. L’ouvrage n’est pas un simple catalogue qui présenterait les oeuvres de l’artiste. C’est à vrai dire un récit, le récit de sa démarche, de son questionnement personnel, une visite de cet univers intérieur vertigineux que Frank Morzuch ne cesse d’explorer. On y apprend comment il
« rencontra »

Dürer, comment il en vint à s’intéresser à sa « Melencolia » et aux nombres qui régentent l’espace. Ce livre vient en introduction à « l’affaire Dürer » à paraître chez Flammarion en 2013. Souvent apparenté au Land Art pour son usage du paysage et des matériaux naturels tels que des branches ou des cailloux, l’art de Frank Morzuch y mèle également nombres de nouvelles technologies et de matières bien moins terre-à-terre, afin de passer indifféremment des mathématiques à la poésie et de l’art aux sciences :
 
L’exposition présentée  (<voir la vidéo – allez directement sous Frank Morzuch)
à l’Espace Lézard  jusqu’au 23 février 2013
 propose au public des photographies – qu’il nomme plus spontanément « sculptures » – de ses travaux in situ. Cette exposition propose également une installation vidéo, pour laquelle notre lieu d’exposition devient une oeuvre d’art.
autres photos de Frank Morzuch
1/3/4 de l’auteur

Ferdinand Hodler à la Fondation Beyeler

Ferdinand Hodler exposition  27 janvier – 26 mai 2013
La Fondation Beyeler consacre à l’oeuvre tardive de Ferdinand Hodler une vaste exposition. Parmi les 80 objets on peut voir de  majestueux paysages alpins, quelques uns de ses  autoportraits, sa fascination pour les femmes, la mort, l’éternité.  Eros, Chronos, Thanatos.

Ferdinand Hodler Le lac Léman et le Mont Blanc à l’aube 1918
Huile sur toile, 60 x 126 cm
Collection privée
Photo: Hulya Kolabas

C’est précisément au cours de ces années 1913 à 1918, les dernières de son existence, que son importance pour l’art moderne apparaît véritablement. Ses oeuvres se font alors plus radicales et plus abstraites. Un rebelle et un artiste d’une grande sensibilité qui aimait se mettre en scène et entretenait un important réseau de relations à Munich, Vienne et Paris : Ferdinand Hodler a marqué comme aucun autre l’image que la Suisse se fait d’elle-même, et ses créations font indissolublement partie du patrimoine culturel de ce pays. Cette exposition s’attache notamment à mettre en évidence le rôle international de Hodler comme précurseur d’une peinture moderne. L’exposition d’oeuvres tardives de Ferdinand Hodler intitulée « Ferdinand Hodler – View to Infinity », montée par la Neue Galerie de New York en 2012 en collaboration avec la Fondation Beyeler de Riehen/Bâle et que l’on pouvait voir à New York jusqu’au 7 janvier, a été la plus grande jamais consacrée à ce peintre suisse aux États-Unis : Hodler, grand modèle des Sécessionnistes viennois, y est apparu comme un pionnier et précurseur de l’art moderne. Les paysages de Hodler, ses séries de vues du lac Léman, des sommets, des massifs et des torrents alpins, le rythme presque chorégraphique de ses portraits émanaient de sa conviction que le monde réel aussi bien que sa représentation artistique sont soumis aux lois du parallélisme :
« le parallélisme est une loi qui dépasse l’art, car il domine la vie » — tels sont les propos que C.A. Loosli attribue à son ami artiste.
Par ce terme de « parallélisme », Hodler désignait une succession réitérée, mais jamais identique, de lignes, de mouvements, ou aussi de sommets, de nuages par exemple, qui définissent le caractère d’un paysage, en même temps que les sensations que celui-ci fait naître chez le spectateur. Le parallélisme devient une impression stylisée, sans nier pour autant l’individualité : à l’image d’un chant polyphonique, d’une sorte de pendant rythmique de la vie, les lignes et les mouvements parviennent à une union harmonieuse, comme en témoigne la version bâloise en grand format de
Regard dans l’Infini (Blick in die Unendlichkeit).

Kandinsky lui-même prétendait reconnaître dans ce type de « composition mélodique » de Hodler un moyen d’éloigner le figuratif, afin de mieux dégager les lignes et les formes. Regard dans l’infini révèle également l’intérêt de Hodler pour les réformes de l’art de la danse, incarnées notamment par Isadora Duncan et Emile Jaques-Dalcroze avec la danse d’expression moderne.  Dans ces mouvements répétés et fluides, dans le rythme infini de figures changeantes, Hodler retrouvait le parallélisme en même temps que le beau va-et-vient de la vie et de la mort, un des éléments qui unit tous les êtres humains. La technique du peintre oscille entre représentation figurative et abstraite. Grand amateur d’auxiliaires techniques (il utilisait notamment le compas), Hodler n’hésitait pas à recourir au calque et au portillon de Dürer, sur la vitre duquel il dessinait les contours de ses modèles qu’il reportait ensuite sur son support après un travail de mesure presque pointilleux. Il lui arrivait aussi de recopier partiellement les silhouettes des chaînes alpines de ses paysages, ce qui explique que de nombreuses oeuvres existent en différentes versions, réalisées parfois plusieurs années après la création initiale. Ce procédé présentait également l’avantage de permettre au peintre de satisfaire la demande de ses très nombreux acheteurs. L’idée de parallélisme se transforme en série, un aspect marquant de l’oeuvre de Hodler. On remarque, surtout dans ses monumentaux tableaux de figures, qu’ils ont été réalisés à partir de différents éléments, constamment variés et re-combinés. Sa théorie du parallélisme, qui ne lui valut pas l’admiration unanime de ses collègues artistes — certains raillaient en effet sa méthode de composition presque tatillonne —, trouvait son expression dans la recherche d’un ordre et d’une symétrie formels, ainsi que dans la répétition, avec ou sans variations, du semblable.  En même temps, Hodler s’est passionné pour la photographie, il en collectionnait et s’en servait également pour la préparation et l’exécution de ses oeuvres. C’est en partie à son intérêt pour ce moyen d’expression encore relativement récent que nous devons les impressionnantes photographies de son amie, la collectionneuse Gertrude Dübi-Müller, des clichés qui nous font découvrir les méthodes de travail de Hodler ainsi que sa nature même et nous permettent également d’être témoins de son dernier jour.

Cette exposition s’ouvre sur une salle de documentation qui ne rend pas seulement hommage à la vie et à l’oeuvre de Hodler, mais présente de nombreuses photographies de Gertrude Dübi-Müller qui rappellent comme par un sinistre effet de miroir les adieux de Hodler à Valentine Godé-Darel. « L’art pour la vie » et non « l’art pour l’art »— voilà ce que Hodler prenait à coeur. Le spectateur ne peut qu’être troublé par les portraits qu’il a réalisés de sa compagne, Valentine Godé-Darel, atteinte d’une maladie incurable à quarante ans et dont Hodler accompagna par le dessin et la peinture le chemin de croix, jusqu’à sa mort en 1915.
Ferdinand Hodler
ferdinand Hodler – Bildnis Valentine Godé-Darel (Französischer Frauenkopf), vers 1912
Portrait de Valentine Godé-Darel (Tête d’une Française)
Huile sur toile, 43 x 33 cm
Kunsthaus Zürich, Vereinigung Zürcher Kunstfreunde
Photo: © Kunsthaus Zürich

Hodler démontre ici que sa théorie du parallélisme s’appuie effectivement sur une observation pénétrante de la vie, car son regard, lorsqu’il retrace la déchéance physique de Valentine et de La splendeur de ses lignes (Linienherrlichkeit) est lucide et pourtant aimant, et profondément humain.
Ferdinand Hodler Portrait de Valentine Godé-Darel malade 1914 Rudoph Staechelin Collection dépôt Kunstmuseum Basel

 
Cette exposition consacre une salle entière à 14 oeuvres de cette période de sa création. Les images de Valentine mourante paraissent, dans leurs contours, dessiner les paysages de la souffrance. Elles nous renvoient par sa facture au Christ mort de Holbein (Kunstmuseum Basel), ou à celui de Jean Jacques Henner (musée des Beaux Arts de Lille.
La toile de Claude Monet peignant Camille sur son lit de mort, ne sera révélée que 80 ans plus tard, seul Clemenceau sera dans la confidence, sans que le nom de la morte soit révélé. Est-ce la pudeur, la mauvaise conscience de s’être laissé aller à son instinct de peintre, ou était-ce la seule manière de surmonter son chagrin et de conserver l’image de l’être aimé. Une autre toile d’Edward Munch « L’enfant malade », l’artiste peint sa sœur malade, il y exprime toute la tristesse et la douleur ressenties.
Ferdinand Hodler Bildnis der toten Valentine Godé-Darel, 1915Collection privée, 65,5 x 81 cm

En revanche, les petites vues du Mont Blanc et du lac Léman que Hodler esquisse après la mort de Valentine marquent le passage à un traitement libéré de la couleur.
Le point fort de cette exposition est consacré aux paysages aussi renommés que populaires de Hodler qui célèbrent la splendeur et la monumentalité des montagnes suisses. Hodler met en scène en vue lointaine ou rapprochée les paysages alpins, donnant l’impression de « zoomer » littéralement sur les sommets, tout en les laissant planer comme des apparitions, détachés de la réalité.
Ferdinand Hodler Paysage de Montana 1915

Hodler, qui jusqu’alors avait toujours accentué les contours de ses toiles et pensé à partir de ceux-ci, se transforme dans ces tableaux de paysages en peintre de surfaces chromatiques. La peinture abstraite de champs colorés d’un Mark Rothko ou d’un Barnett Newman s’annonce déjà. Ses « gros plans » de torrents et de formations rocheuses dévoilent leur matérialité dans une lumière d’une clarté éblouissante. Les vues de paysages d’une grande sobriété renoncent aux détails à quelques exceptions près — vaches qui paissent au loin, limite des arbres ou cygnes sur les rives du lac, aussi stylisés que mystérieux. Le spectateur est séparé des sommets par une grande distance, marquée par des plans d’eau, de la brume ou des nuages, qui transforment les Alpes en tableau abstrait méditatif. Le cadrage a une importance primordiale pour Hodler : il détermine l’ordre, la symétrie et apparaît comme une « abréviation de l’infini ». Ses expériences de répétition de formations nuageuses font pressentir les ovales des tableaux d’arbres et d’embarcadères de Mondrian. Cette synthèse entre vue rapprochée et vue lointaine est un aspect que l’on retrouve dans les autoportraits de Hodler.
Ferdinand Hodler
ferdinand Hodler Selbstbildnis, 1914
Autoportrait
Huile sur toile, 43 x 39 cm
Museum zu Allerheiligen, Schaffhouse
Photo: Museum zu Allerheiligen, Schaffhouse

Le regard que le peintre porte sur le spectateur est interrogateur, sceptique ; son attitude est pleine d’assurance. Contradictoire de nature — artiste, séducteur, théoricien et praticien passionné du parallélisme —, tout à la fois sensible, pragmatique et sanguin, Hodler possédait en tant qu’artiste une personnalité très extravertie, parfaitement en mesure de faire face aux critiques occasionnelles suscitées par son oeuvre et qui, dans sa jeunesse, cherchait de façon presque agressive à participer à des concours et à des expositions publiques. Artiste du contour affirmé dans ses jeunes années, Hodler a évolué pour devenir un peintre qui dessinait à l’aide de la couleur. Si dans ses propres « Dix Commandements », il évoquait la surface comme unique point de départ géométriquement divisible permettant de parvenir finalement à la ligne en passant par le contour ainsi obtenu, il formula vers la fin de sa vie des idées très nuancées sur le rôle de la couleur dans son oeuvre. Il est parvenu à la conclusion que la forme vit à travers la couleur. Le bleu, qui revient dans les paysages de lacs et de montagnes comme dans les vêtements fluides des figures féminines du Regard dans l’infini, était sa « couleur préférée ». Le bleu typique de Hodler domine du reste cette exposition.
 
Ferdinand Hodler

 
L’exposition s’accompagne d’une série de manifestations, parmi lesquelles une représentation de « Trois Anges », spectacle du célèbre artiste de cabaret Emil Steinberger. Le professeur Oskar Bätschmann présente le deuxième volume du catalogue raisonné de l’oeuvre de Hodler réalisé en collaboration avec le S.I.K. de Zürich. Gian Domenico Borasio, médecin et auteur à succès, tient une conférence sur son livre intitulé « Über das Sterben », tandis que le commissaire de l’exposition, Ulf Küster, présente la nouvelle biographie « Ferdinand Hodler ». Un débat organisé en collaboration avec « Das Magazin », animé par le rédacteur en chef Finn Canonica met un point final à tous ces événements.
Les commissaires de l’exposition sont Ulf Küster (Fondation Beyeler) et Jill Lloyd (Neue Galerie). Les tableaux prêtés pour cette exposition font partie des oeuvres clés de l’artiste et proviennent de célèbres collections particulières suisses et américaines, ainsi que de musées nationaux et internationaux de renom, comme le Musée d’art et d’histoire de Genève, le Kunstmuseum Basel, le Kunsthaus Zürich, le Musée d’Orsay de Paris et le Kunstmuseum Solothurn. La Fondation Beyeler remercie: Artephila Stiftung ; Ernst Göhner Stiftung ; Max Kohler Stiftung ; Novartis ; Walter Haefner Stiftung pour les généreuses subventions liées au projet et leur contributions exceptionnelles. À l’occasion de cette exposition, la Fondation Beyeler publie un catalogue en allemand et en anglais. L’édition destinée au commerce est éditée par Hatje Cantz Verlag, Ostfildern. Ce volume contient une préface de Sam Keller et Ulf Küster, des contributions d’Oskar Bätschmann, Sharon Hirsh, Ulf Küster, Jill Lloyd et Paul Müller ainsi qu’une digression de Peter Pfrunder. Il comprend 212 pages, env. 200 illustrations et est disponible au musée au tarif de 68 CHF (ISBN 978-3- 906053-05-9, allemand ; ISBN 978-3-906053-06-6, anglais).
extrait du texte de la Fondation Beyeler

Images courtoisie de la Fondation Beyeler

Matthieu Stahl – Love Maps 21

« Né en 2043, je suis tombé dans la peinture rapidement pour n’en jamais ressortir. Mon travail est porté par une interrogation constante sur le langage, sur son utilisation comme outil de relecture du monde dans lequel je vis et j’évolue. Sans pour autant être figuratif, la figure est présente dans mes dessins et toiles: comment je m’inscris dans l’espace urbain, comment je l’appréhende physiquement ? Ces questions, je tente d’y répondre par la construction d’images à partir d’éléments simples ( lignes brisées, traces, traits, fragments de phrases ) combinés et recombinés à l’infini. Une Poésie urbaine’  » Matthieu Stahl.
 

Matthieu Stahl Loking for the love way

 
 
Ce préambule Matthieu Stahl l’illustre au Musée des Beaux Arts de Mulhouse en reprenant la Carte de Tendre de Madeleine de  Scudery,  du XVII e siècle, le roman Clélie, carte de Tendre, dessinant les chemins et les étapes de l’amour idéal.
espace réservé aux adultes

Ce licencié en lettres modernes, plasticien et musicien, fils de l’auteure Hélène Sturm (PFF) nous invite en ce mois des amoureux à parcourir de manière minimaliste, très peu conventionnelle, un peu trash même, se rapprochant de Basquiat et du Street Art, à revisiter l’amour et son cheminement au Musée des Beaux Arts de Mulhouse.
Matthieu Stahl

Amour sentiment si voisin de la haine, qu’ils se côtoient sur certains cartons avec force.
Il redéfinit au goût de XXIe siècle le cadre des relations hommes/femmes, à l’aide d’une cartographie, où les rôles égaux sont clairement définis, par des plaques métalliques signalétiques ou encore des symboles, sur des  panneaux de papier accolés ou  des tableaux assemblés.
Scud, fuck, kiss, god (Da vinci) noice, sexe, light, love, death, qu’il scande, sur papier, sur carton, en noir, rouge, bleu, en lignes brisées, ratures, fragments de mots, motifs appuyés, clairs et crus, jusqu’à l’ obscénité… . Eros et Thanatos.
Il indique les clés du parcours aventureux et tortueux de l’amour.
Ce poète rêveur s’interroge et nous interpelle sur les relations qui se trament entre les individus d’un même ensemble urbain, embarqués dans cette aventure infernale et vitale..
Matthieu Stahl

Les 7 salles sont reliées entre elles par un chemin matérialisé, par une bande noire, symbolique pour nous conduire par étapes au 7e ciel. Panneau où les personnages sont nombreux.
Matthieu Stahl 7e ciel

MS : « Nombreux ? Parce qu’on se sait pas à l’avance, qui va vous emmener au 7e ciel, ni qui vous avez envie d’y emmener, il vaut mieux avoir le choix… »
Dans la grande salle, les panneaux montrent les villes que Matthieu a parcouru avec sa compagne, les enfants, un couple d’amis, ville d’amour et de bonheur, où ils s’étaient fixé un quartier précis à explorer, dont il restitue le trop plein de souvenirs sur les toiles.
Un espace plus intime est spécifiquement réservé aux adultes, dont il faut souligner la qualité graphique entre autres.
 
Musée des beaux-arts, 4 place Guillaume-Tell à Mulhouse jusqu’au 24 mars. Entrée libre.
En écho aux œuvres plastiques présentées, un programme de RDV autour de l’exposition, concert et performances musicales, avec le groupe PJ@MelloR  sont prévues.
Oui j’ai le don d’ubiquité, car j’ai assisté le même jour au vernissage de l’exposition de
François Bruetschy
13 mars film de Bigas Luna
15 février live @ Le K-fée à Valdoie – 22h
22 février Petite Chapelle by PJ@MelloR au Musée des Beaux Arts de Mulhouse – 19H
13 mars live @ Maison de l’Etudiant Campus UHA Mulhouse à 18H (vernissage -apéro de l’exposition ONETWOTHREEFOUR
22 mars Performance Sonic Love Musée des Beaux Arts Mulhouse …
3 mai Festival Les Mains Nues Mulhouse Concert Performance dans le Temple Saint Etienne 25 mai (ss réserve) Bar L’Aventure – soirée dans le cadre des Ateliers Ouverts (prog en cours).
 photos de l’auteur

François Bruetschy "Poussière des Astres"

Sur les murs blancs de l’Espace Malraux de Colmar, les dessins blancs  sur papier noir, de François Bruetschy, sont  comme des inscriptions sur des stèles, comme si l’artiste avait graphité sur des sculptures de Richard Serra. Ses formes sont issues de ses promenades, d’une mémoire visuelle, qu’il essaie d’intérioriser et tente d’exprimer dans son travail quotidien. Dans les formes, qu’il voit dans les trous noirs des arbres, lui sont apparues d’autres formes, comme des constellations, d’où le titre de l’exposition
« Poussière des Astres »

François Brueschy

La matière du fusain  (produit par la calcination des branches de saule) espèce de scintillement intérieur qui lui rappelle de la même manière, le scintillement du ciel. L’artiste procède par plusieurs couches, en partant du fusain le plus dur, pour lever la surface du papier, pour arriver à du fusain de plus en plus tendre, qui permet de créer ce velours avec le plat de la main par l’effacement, l’estompage et la préservation de la réserve, puis les formes s’imposent. Non les formes des arbres, mais celles qui se laissent voir entre les branches qui évoquent des paysages, comme des passages de nuages dans lesquels chacun se plait à trouver des formes. Ce sont comme des illustrations d’haïku ou encore des idéogrammes chinois ou japonais, de fines broderies sur coussins de velours, que l’on aime examiner attentivement.
François Brueschy

Dans les éléments construits, c’est l’architecte qui se manifeste. Ils  sont fait pour être en tension,  ou en critique, une recherche entre construction et circulation à l’intérieur d’un espace. En dehors  des grandes stèles noires, il y a des œuvres plus architecturales, plus monumentales, là encore on se trouve presque dans l’ornement, car elles peuvent se lire comme une tapisserie, ou un tapis suspendu.

François Brueschy

Exposées dans l’annexe de l’Espace Malraux, des travaux concomitants (toujours 2012), ici les formes se promènent à l’intérieur du format, indiquent la liberté du geste, la précision du pinceau, avec une ligne directrice, autour de laquelle tout s’enveloppe comme en contrepoint, comme dans un dessin entre l’abstrait et le figuratif. Cela lui évoque les coups de bulldozers dans les camps de roms qui laissent des tissus et des bouts de ficelles éparpillés sur le sol, d’où encore le titre « des astres et désastre » Puis il conclut avec malice, « que  la peinture est aussi une sorte de  désastre, parce qu’on aboutit jamais là où on voulait aboutir ».

François Bruetschy

Le catalogue est accompagné par un texte lumineux du philosophe Jean Clec Martin, correspondance secrète avec les œuvres.
François Bruetschy  est architecte de formation, ancien professeur de la Haute Ecole des Arts du Rhin, il est l’époux de l’auteure de PFF, Hélène Sturm, livre toujours en librairie.
Il travaille dans son atelier de la Garde Adhémar (Drôme) non loin de Montélimar, où il réalise ses oeuvres issues de ses promenades quotidiennes de grand marcheur dans la nature.
Exposition ouverte du 02 février au 31 mars 2013 :

  • du mardi au samedi de 14h à 19h
  • le dimanche de 14h à 18h

Entrée libre – Pour les groupes, possibilité de visites libres ou guidées sur rendez-vous.
Renseignements au 03 89 20 67 59
 
photos de l’auteur
 

Fondation Beyeler 2012/2013

 

Fondation Beyeler ©

La Fondation Beyeler a tourné la page de l’année 2012 sur une note de succès puisqu’elle a attiré 368 705 visiteurs. Ce chiffre en fait une nouvelle fois le musée le plus fréquenté de Suisse. Les visiteurs étrangers sont en augmentation de 16,9 %. Le site internet a enregistré 826 259 visites au cours de l’année écoulée, un résultat sans précédent qui situe la Fondation Beyeler à la 10e place pour les activités des médias sociaux parmi les musées de l’espace germanophone. Le programme de l’année 2013 s’ouvre sur Ferdinand Hodler,( billet à venir) probablement le plus célèbre des peintres suisses. Avec Max Ernst et Thomas Schütte, ce sont deux des plus grands représentants allemands de l’art moderne et contemporain qui seront présentés au public. En 2012, la Fondation Beyeler a organisé quatre expositions : « Pierre Bonnard » (107 465 visiteurs),
 
Jeff Koons nettoyant ses chaussures après avoir » inspecté « Split Rocker

 « Jeff Koons » (109 567 visiteurs), « Philippe Parreno » (91 326 visiteurs au cours de ce laps de temps) et « Edgar Degas » (130 073 visiteurs à la date du 20 janvier 2013), cette dernière exposition se poursuivant jusqu’au 27 janvier 2013. Dans le cadre de l’exposition « Jeff Koons », un nouveau projet spectaculaire a été réalisé dans l’espace public avec Split Rocker.
 
La Fondation Beyeler achève la restauration de « Passage à niveau » de Fernand Léger (1912) avec la coopération de la Fondation BNP Paribas Suisse
« Le passage à niveau » de Fernand Léger a vu le jour il y a tout juste un siècle, en 1912. Dans le cadre du projet de restauration soutenu depuis 2011 par la Fondation BNP Paribas Suisse, l’équipe de restauration de la Fondation Beyeler s’est engagée dans une étude approfondie de cette œuvre. Cette toile de Fernand Léger fait partie de la Collection Beyeler et a été acquise grâce à une contribution de Kurt Schwank.
restauration Passage à niveau de Fernand Léger

 
Fernand Léger (1881-1955) occupe une place majeure dans la collection puisqu’il y est représenté par douze toiles, qui reflètent tout l’éventail de sa création. Ernst Beyeler s’est intéressé précocement à Léger, fasciné par la position originale qu’il occupe parmi les principaux acteurs de l’art moderne et par l’influence qu’il a exercée sur des artistes américains comme Roy Lichtenstein et Ellsworth Kelly, eux aussi présents dans la Collection Beyeler.
 
« Le passage à niveau », un rare paysage de jeunesse de Léger situé à l’intersection entre représentation figurative et abstraction, n’exerce pas seulement une fonction de charnière dans l’œuvre de l’artiste. Il joue également un remarquable rôle de passerelle entre les œuvres de Paul Cézanne et Henri Rousseau et les tableaux cubistes de Pablo Picasso et Georges Braque.
 Le recours à de nombreuses méthodes d’analyse scientifique a permis aux restaurateurs d’obtenir de précieuses informations sur les matériaux, la technique et l’histoire de cette toile.
Ces nouvelles connaissances ont montré qu’il n’est pas indispensable de classer « Le passage à niveau » parmi les œuvres d’une fragilité fondamentale. Selon la restauratrice de toiles Friederike Steckling : « C’est plutôt le choix des matériaux opéré par l’artiste et les effets de l’histoire qui sont responsables de l’état actuel du « Passage à niveau ».
 
Léger 2

 Pour préparer sa toile, Fernand Léger s’est servi d’un apprêt exceptionnellement sensible à l’eau. Un contact très précoce avec une forte humidité, probablement pendant la Première Guerre mondiale, ainsi qu’une restauration antérieure avec un produit liquide ont provoqué des dégâts. L’équipe s’est donc mise en quête de reproductions historiques afin de reconstituer les modifications subies par cette œuvre.
 L’ampleur de la restauration et les mesures concrètes à prendre ont été définies à partir des résultats obtenus. Certaines retouches mal intégrées réalisées lors d’une restauration antérieure ont été retirées en priorité. On a également harmonisé la couleur de certaines zones d’usure, grosses comme une pointe d’épingle, réparties uniformément sur la surface. Les retouches, réversibles, ont concerné exclusivement ces zones déjà endommagées.
L’objectif de l’équipe de restauration était de remédier à l’aspect irrégulier et écaillé de la couche picturale pour rendre dans toute la mesure du possible à cette œuvre son état originel de 1912, sans dissimuler pour autant son histoire et son âge. L’étude d’autres œuvres de jeunesse de Fernand Léger a été fort utile en l’occurrence, car l’observation de leurs surfaces intactes et de leur fonctionnement a permis d’en rapprocher celle du
« Passage à niveau ».
 Enfin, on a retiré des bandes de tissu dénuées de toute justification historique du dos du châssis et on a stabilisé les bords de la toile. L’œuvre a obtenu un nouvel encadrement plus stable et a été munie d’une protection contre les vibrations fixée sur l’arrière du châssis pour éviter d’éventuels dégâts lors de transports. Les mesures de restauration réalisées sont discrètes et ne sont visibles, en grande majorité, que sur des détails.
La restauration est l’art de préserver l’art. Le temps laisse en effet des traces sur les œuvres d’art. Le service de restauration de la Fondation Beyeler emploie depuis 2001 une équipe sous la direction du restaurateur Markus Gross. La restauration des œuvres d’art est une discipline scientifique, qui associe les méthodes de recherche les plus récentes à de vastes connaissances historiques et exige dans certains cas un véritable  travail de détective. En tant qu’institution muséale, la Fondation Beyeler a pour mission de préserver durablement les œuvres d’art afin de les transmettre aux générations à venir.
 
Leger 3

Ce travail de restauration a duré plus d’un an. Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler, déclare à ce sujet : «  La Fondation BNP Paribas Suisse a permis la restauration d’une remarquable toile de Fernand Léger. En sa qualité de musée possédant une importante collection d’œuvres de cet artiste, la Fondation Beyeler est très reconnaissante du soutien et de l’engagement de la Fondation BNP Paribas Suisse en faveur du patrimoine culturel et est très heureuse que « Le passage à niveau » ait pu être étudié, restauré et rétabli dans un état permettant son exposition et son transport ».
Mue par le désir de participer activement à la préservation des fonds des musées afin qu’ils puissent être transmis aux générations futures, la Fondation BNP Paribas Suisse s’engage depuis plus de 20 ans en faveur de la restauration d’œuvres d’art en Europe, en Asie et aux États-Unis. En Suisse, elle a déjà soutenu plus d’une douzaine de projets visant à la conservation d’œuvres majeures de Max Ernst, Mattia Preti, Auguste Rodin, Bram van Velde et Paolo Véronèse. Elle poursuit jusqu’en 2014 son projet de restauration avec la Fondation Beyeler, qui concerne au total trois œuvres de la collection.
À partir de février 2013, la toile de Fernand Léger restaurée sera présentée dans le nouvel accrochage de la Collection à la Fondation Beyeler. En même temps et dès le début de la nouvelle année sera lancé le projet de restauration suivant portant sur le plâtre original de la sculpture de Max Ernst « Le roi jouant avec la reine » (Der König spielt mit seiner Königin) de 1944. Celui-ci sera présenté à l’occasion de la rétrospective que la Fondation Beyeler consacrera à Max Ernst du 26 mai au 8 septembre 2013. Avec plus de 170 toiles, collages, dessins, sculptures et livres illustrés, cette exposition présentera toutes les phases de la création de cet artiste, ses découvertes et ses techniques, à travers un grand nombre de chefs-d’œuvre. Conçue par Werner Spies et Julia Drost, cette exposition est réalisée en collaboration avec l’Albertina de Vienne. Le commissaire de l’exposition pour la Fondation Beyeler est Raphaël Bouvier.
 
 Image 1 et 3 /4 / 5  courtoisie Fondation Beyeler
 
image 2 de l’auteur
 
 
 
 

 

 

 
 
 

Babel

Cette exposition était organisée par la Ville de Lille / Palais des Beaux Arts, dans le cadre de FΔNTΔSTIC / lille3000.

Pieter Bruegel reprodution

En correspondance avec les Fables du Paysage Flamand, le musée des Beaux Arts de Lille, nous montrait l’exposition, “BABEL”. C’ est la première exposition exclusivement contemporaine sur le thème de la Tour de Babel, la plus célèbre allégorie architecturale. “BABEL” présente un ensemble de 85 oeuvres (peintures, photographies, sculptures, installations, films et planches originales de bande dessinée) qui illustrent les multiples facettes du mythe babélien dans l’art contemporain. Respectant l’évolution du récit biblique, cette sélection compose avec la symbolique de la Tour, de son édification à sa destruction. Du peintre allemand Anselm Kiefer

Anselm Kiefer

 aux artistes anglais Jake et Dinos Chapman, les allégories présentes illustrent les épisodes de la Genèse en résonance avec notre monde d’aujourd’hui. Le chantier de la Tour, le châtiment divin, la confusion des langues et la dispersion des peuples sont revus sous l’angle de l’histoire contemporaine. L’exposition se présente ainsi en 4 sections, «la Tour comme montagne organique», «La Tour des langages», «Les fictions de Babel» et «Le tragique de Babel».

Yan Yongliang

 L’engouement actuel pour la Tour de Babel répond à celui du XVIe siècle flamand. Multipliant les références à l’histoire de l’art, les artistes offrent des visions renouvelées des peintures de Brueghel, Cleve, Valckenborch, Verhaecht, et Momper. Dans la peinture et la photographie de grand format, dans le cinéma d’anticipation et la BD, les Babel contemporaines et futuristes sont représentées comme des architectures organiques, à travers lesquelles, comme en miroir, nous reconnaissons notre vanité, l’orgueil de nos actes et la part d’insensé de l’ambition humaine.

Jack et Dino Chapman

 Dans cette perspective morale et philosophique, l’expression contemporaine formule avec l’image de Babel une critique de la volonté de puissance. A l’exemple des tours de la Renaissance flamande, dont le dessin fourmille de détails qui fusionnent l’architecture de la Rome antique à celle des grands chantiers des cathédrales, l’immense richesse formelle et graphique des visions contemporaines de Babel condense les références anciennes, modernes et actuelles qui produisent un effet de vertige dans le temps et dans l’espace.

Alain Tapié, Conservateur en chef du patrimoine Commissariat de l’exposition Babel Régis Cotentin, chargé de la programmation contemporaine Muséographie Jean Marie Dautel, Attaché de conservation, avec la collaboration de Philippe Baron

photos de l’auteur

 
 

 
 
 
 
 

Fantastic à la Gare St Sauveur

Toujours dans la veine de Lille « Fantastic » La Gare Saint Sauveur avait pris
des allures de fête foraine fantastique. Fête foraine détournée et réinventée sur le monde du fantastique.
 

Gare St Sauveur Lille Fantasticity

 

On pouvait y découvrir des installations interactives reprenant les codes des
manèges et des attractions et y participer activement : le train fantôme  (ouvrir le son) de
Sophie Pérez et Xavier Boussiron, train que les visiteurs guettaient et qui n’arrivait jamais, celui de Leandro Erlich, le labyrinthe de lumière Y de Carsten Höller
 
Cartsen Höller, Y

 
 et Rêve d’une tour de Stéphane Thidet, (vu au CRAC d’Altkirch) le tir à la carabine de Mark Dion, le labyrinthe de Michelangelo Pistoletto,
 
Michelangelo Pistoletto

 déjà vu à Art Basel, l’installation de Numen, For Use, Tape Installation, un labyrinthe en scotch,
 
Numen

 
 Bruce Nauman, Pulling Mouth et aussi : Olivier Dollinger, Barnaby Gunning, Robert Morris Portland Mirrors,
 
Robert Moris Portland Mirors

 
ou tout le monde s’essayait à la meilleure photo, Oscar Munoz, (Narcisse) Pierrick Sorrin.
La chambre burlesque de Georges Mélies et des films burlesques.

photos de l’auteur
 
 

Fables du paysage flamand au XVIème siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril

Le Palais des Beaux-Arts de Lille a accueilli l’exposition «Fables du paysage flamand au XVIème siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril» dans le cadre de FΔNTΔSTIC / lille 3000

Jérôme Bosch La méditation de St Jérome

 Cette exposition révèle le caractère merveilleux et fantastique des paysages flamands qui suscitent aujourd’hui encore fascination, effroi ou questionnement.
A l’aube du courant maniériste, le paysage s’impose comme le véritable sujet de la peinture, devant la figure ou le récit biblique, relégués au second plan par la volonté de montrer l’invisible, de produire une impression d’infini. Les artistes flamands inventent une nouvelle manière de peindre, attachante et inventive, aux frontières du réel et de l’imaginaire. La nature devient le lieu d’accueil de mythes et de fables sacrées et profanes. Dans ces mondes hybrides se dessine pour le spectateur un chemin de vie ; le paysage flamand est le support d’une expérience visuelle et méditative qui pousse le spectateur à s’engager dans une réflexion, il devient le lieu de passage entre la réalité sensible et le monde spirituel.
L’exposition présente une centaine d’oeuvres où le paysage devient le véritable sujet de la peinture. L’originalité du paysage flamand du XVème et du XVIème siècle est de pousser la spiritualisation de la nature jusqu’à la métamorphose.

Dans ces images où se mêlent la foi chrétienne et les superstitions populaires, où se rencontrent le Beau et le bizarre, le merveilleux et le monstrueux, la nature s’écrit dans un langage symbolique dont nous ne détenons plus tous les codes, et nous conduit vers des espaces qui nous dépassent, cosmiques, légendaires et infinis. Conçus comme des compositions monumentales en dépit de leur taille, les tableaux de l’exposition « Fables du paysage flamand au XVIe siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril» reproduisent à l’échelle du microcosme l’incessant travail des forces du monde.
Ces oeuvres, signées par des maîtres immenses tels que Bosch, les Brueghel, Met de Bles, Bril ou Patinir, mais aussi par des artistes moins connus mais néanmoins brillants comme Jan Mandijn, ou Kerstiaen de Keuninck, perdurent dans le monde moderne, et n’ont jamais cessé de produire du sens. Elles peuvent être essentielles pour appréhender le monde qui nous entoure.
«Fables du paysage flamand au XVIème siècle – Bosch, Brueghel, Bles, Bril»
exposition d’envergure internationale -a été réalisée grâce aux prêts de nombreux musées d’Allemagne, de Belgique, des Pays-bas, d’Italie, de Grande -Bretagne , d’Autriche, d’Espagne et de Suisse.
Une exposition rythmée par 4 thèmes
Le chemin de vie :
Le paysage, en tant que représentation merveilleuse ou fantastique du monde, n’imite pas tant la nature qu’il ne l’organise suivant une écriture symbolique. Grâce à l’intellectualisation du paysage, le tableau se situe entre la sensation et la pensée, entre la perception et le modèle. D’abord support esthétique, l’oeuvre d’art peut alors se muer pour le spectateur en chemin de vie dont le symbole dans le paysage est la croix du Christ. Citons par exemple Saint Christophe portant l’enfant Jésus de Jan Mandijn (Musées d’Art et d’histoire de La Rochelle)

 
Le monde fantastique (la part du diable et les lieux de dissemblance) :
La Renaissance privilégie l’accidentel sur la norme des lois naturelles. Cette catégorie désigne le bizarre, l’extravagant, le monstrueux, sans pour autant occulter la recherche de l’esthétisme dans la composition picturale. Cette veine du paysage ouvre la voie à la peinture de l’enfer, des monstres et des associations imprévisibles dont la figure de proue est Jérôme Bosch avec des œuvres comme La vision de Tondal ( Madrid, Muséo Nazoro Galdiano).

Fables profanes, fables sacrées :
Cette section illustre les sens du mot fable comme « récit de fiction exemplifiant un sens moral », récit fondé sur des éléments de la réalité quotidienne pour rendre compte d’une vérité générale, histoire mensongère, ou encore récit merveilleux de l’Antiquité.
Les paysages de cette section. (Enée conduit par la sibylle aux enfers de Jan Brueghel I, Galerie Colonna, Rome) font écho à la manière dont les auteurs de cette époque ont utilisé et défini le mot fable, qui est considérée comme une fiction dont il faut ôter l’écorce pour voir l’intention et qui signale aussi le parallèle entre fable profane et fable sacrée.

« Le monde merveilleux, De la variété du monde à la cosmologie sacrée  » :
L’imitation de la nature dans sa diversité se traduit par des compositions reproduisant l’incessant travail des forces du monde, selon l’ambition du peintre qui est d’imiter la Création du monde par Dieu dans son principe de variété. Exemple La tour de Babel de Tobias Verhaecht (Musée royal des Beaux Arts d’Anvers).

Commissaire de l’exposition
Alain Tapie, Conservateur en chef du patrimoine
Co-commissariat
Michel Weemans, Historien de l’Art, Professeur à l’école nationale supérieure
d’Art de Bourges
Paul Huvenne, Administrateur-général du Musée Royal des Beaux-Arts
d’Anvers
Manfred Sellink, Directeur des musées municipaux de Bruges
Paul Vandenbroeck, Conservateur, Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers
exposition terminée le 14 janvier 2013
Images de presse
 
 
 

Phantasia au Tri Postal dans le cadre de Lille "fantastic"

Pour poursuivre en beauté notre séjour Lillois, nous nous sommes rendu au Tri Postal, une référence en terme de création contemporaine depuis Lille 2004 Capitale Européenne de la Culture.

Claire Morgan

Place au rêve et à la magie dans le cadre de l’exposition Phantasia !
On pousse ici les portes d’un royaume imaginaire peuplé de créatures étranges, où triomphent les simulacres et le faux-semblant. Les artistes se font tour à tour démiurges et maîtres de l’illusion. Avec Phantasia, une imagination débridée règne au Tripostal.
Folkert de Jong

Les artistes tiennent le visiteur en dehors du réel et l’ordinaire au cours d’une déambulation menant dans des mondes où se succèdent l’inexplicable, le féérique et le fictif.
Borre Saethre

Les oeuvres sont souvent immersives et théâtrales pour semer le trouble dans notre perception du temps et de l’espace. Un regroupement d’oeuvres baroque, poétique et hautes en couleur signés par les artistes Nick Cave, Leandro Erlich, Carsten Höller, Paul Mc Carthy, Théo Mercier, Robert Monis, Michelangelo Pistoletto, Yohyi Yamamoto…

Théo Mercier

photos de l’auteur

Huang Yong Ping et Wu Zei

Une étrange ménagerie a cherché refuge au Musée de l’Hospice Comtesse, dans le Vieux Lille.

Huang Yong Ping, Wu Zei

en est l’initiateur. Installé en France depuis la célèbre exposition « Magiciens de la terre » réalisée par le centre Pompidou en 1989, l’artiste chinois réalise depuis des oeuvres qui parlent de migration et de déplacement de territoires en confrontant des univers culturels contradictoires. Pas étonnant qu’il se soit inspiré de l’Arche de Noé pour imaginer ce rassemblement, superbe et incongru. Point d’être humain sur ce navire gigantesque, mais des animaux dont certains sont morts ou bien mal en point : l’artiste met ainsi en scène le paradoxe d’une arche qui transporte la vie, mais aussi la violence inhérente à toute société.
Huang Yong Ping

Non loin, Wu Zei, complète ce bestiaire. Parmi les autres présences inquiétantes, sous le jubé et dans la chapelle, une pieuvre immense de 25 mètres de large et de 8 mètres de haut, recouvre notamment le plafond de ses tentacules déployées…
Walking up language

Dans la chapelle, Pharmacy évoque une nature qui, à l’image de la médecine, peut être tantôt remède, tantôt poison.
 
photos de l’auteur