Lalique une histoire familale

 

Augustine-Alice née Ledru et René Lalique

“René Lalique a eu le don de faire passer sur le monde un frisson
de beauté.”
Henri Clouzot
LALIQUE, UNE HISTOIRE FAMILIALE
René Lalique (1860-1945)
Né en 1860 à Aÿ en Champagne et décédé en 1945 à Paris, René Lalique a vécu deux
vies d’artiste successives, s’élevant chaque fois parmi les protagonistes majeurs qui
marquèrent de leur personnalité l’Art nouveau puis l’Art Déco, aux styles diamétralement
opposés.
Joaillier exceptionnel et grand maître du verre, René Lalique compte parmi
les grands créateurs de l’Art nouveau et de l’Art Déco.
Depuis 90 ans, les créations Lalique sont produites à Wingen-sur-Moder,
en Alsace. C’est dans cette région de tradition verrière qu’ouvre le Musée
Lalique, un lieu de mémoire à la hauteur du génie et du rayonnement de
l’artiste et de ses successeurs.
Unique en Europe et ancré dans son histoire, ce nouveau musée, labellisé
Musée de France, propose plus de 650 pièces exposées sur 900m² dans
une scénographie résolument moderne imaginée par Ducks Sceno et
l’Agence Wilmotte, cette dernière signant également l’aménagement du site.
Dessins, bijoux, flacons, arts de la table, luminaires, vases, cristal autant de
facettes de la création Lalique à découvrir.
“Je travaillais sans relâche (…) avec la volonté
d’arriver à un résultat nouveau et de créer quelque chose
qu’on n’aurait pas encore vu.” René Lalique 
L’inventeur du bijou moderne

Puisant son inspiration dans la nature et ayant l’audace d’utiliser le corps féminin comme
élément d’ornementation, René Lalique apporte à la joaillerie des renouveaux imprévus.
Il n’hésite pas à associer à l’or et aux pierres précieuses des matières jusque là peu utilisées et peu considérées, telles que la corne, l’ivoire, les pierres semi-précieuses, l’émail et bien entendu le verre. A ses yeux, mieux vaut la recherche du beau que l’affichage du luxe…
L’esprit reprend le pas sur la matière.
Musée Lalique Statuette Suzanne

À ses débuts, les bijoux avant-gardistes de René Lalique plaisent principalement à une élite intellectuelle et artistique, éloignée des conventions, capable d’apprécier la beauté d’un objet malgré la relative pauvreté des matériaux utilisés. Entre 1891 et 1894, la grande
comédienne Sarah Bernhardt lui achète diadèmes, colliers, ceintures et autres accessoires de scène aux dimensions spectaculaires, conçus en fonction de ses rôles. Ainsi assure-t-elle à la fois la gloire et la notoriété à René Lalique. Autre personnage déterminant dans la carrière de l’artiste : Calouste Sarkis Gulbenkian.
Financier, magnat du pétrole, c’est aussi un collectionneur averti. Entre 1899 et 1920, il
acquiert quelques cent cinquante bijoux et objets d’art, oeuvres exceptionnelles que l’on
peut aujourd’hui admirer à la Fondation qui porte son nom à Lisbonne.
Révélé au grand public à l’occasion du Salon de 1895, présenté trois ans plus tard par
Emile Gallé comme l’inventeur du bijou moderne, René Lalique connaît un triomphe sans égal à l’Exposition universelle de 1900. Son stand fait sensation, ses oeuvres novatrices sont unanimement admirées et le voilà promu Officier de la Légion d’honneur. Dès lors, il reçoit des commandes du monde entier, est invité à toutes les manifestations artistiques majeures se déroulant en Europe et aux États-Unis… Qui dit succès, dit également tentatives d’imitation.
Lalique est loin d’en être flatté. Inventeur qui ne veut suivre personne, il déteste être suivi.
Las d’être plagié, il va progressivement se tourner vers d’autres horizons. Le verre l’attire
depuis quelque temps déjà. Une nouvelle carrière se profile…
Peigne, Paysage Soleil Couchant

L’attrait magique du verre
Les premières expérimentations de René Lalique dans le domaine du verre remontent aux
années 1890. Les procédés de fabrication des bijoux le familiarisent avec les matières
vitrifiables, et c’est sans doute grâce à l’émail qu’il découvre le verre. Le gravant et le
sertissant, il l’utilise progressivement pour remplacer les gemmes. Translucide et transparent comme elles, il a l’avantage de pouvoir être conçu et fabriqué en fonction du projet final.
René Lalique crée également de petits objets, vases et sculptures, selon la technique de la
cire perdue. Un peu plus tard, il expérimente la technique du soufflage dans un moule,
mais un moule précieux, en argent ciselé, restant solidaire du verre qu’il enserre pour devenir monture.
Sa rencontre avec François Coty, l’amenant non seulement à créer mais aussi à produire des flacons de parfum, lui ouvre de nouveaux horizons. Une véritable révolution technologique et commerciale s’opère, qui n’aurait pu aboutir sans l’habileté et l’inspiration de l’artiste.
René Lalique Bracelet Epis de blé

Bien que fabriquées en série, ces créations sont incontestablement des oeuvres d’art.
Une manière de perpétuer la philosophie de l’Art nouveau qui voulait réconcilier Art et
indus trie. Peu à peu, René Lalique diversifie ses productions. En 1912, maîtrisant parfaitement les techniques, il décide de se consacrer de façon exclusive au verre. Il organise alors sa dernière exposition de bijoux et le grand public le découvre maître-verrier.
Bijoutier d’avant-garde, René Lalique, en devenant verrier, se démarque également de ses
prédécesseurs. Il délaisse le verre multicouche aux couleurs variées au profit de la limpidité et de la transparence, qualités naturelles du verre. Au niveau des formes aussi, il affirme sa différence. Léon Rosenthal la résume ainsi : simplicité, pondération, symétrie. Il en use avec une parfaite liberté, selon ses tendances qui sont d’élégance plus que de force, avec un besoin perpétuel d’invention. Il ne recule ni devant l’audace, ni devant la fantaisie, mais ses écarts sont toujours mesurés.
Créateur éclectique, René Lalique ne s’intéresse pas uniquement aux Arts de la Table, aux
vases et aux statuettes. Il signe également des bouchons de radiateur pour les luxueuses
automobiles des années folles, la décoration de trains, tel l’Orient-Express, de paquebots,
parmi lesquels le Normandie, imagine des fontaines exceptionnelles, s’intéresse à l’architecture religieuse…
Aux sources de l’inspiration de René Lalique
La Femme, la Flore, la Faune : les 3 F qui ont inspiré Lalique.
Observateur attentif des Êtres et des Choses, René Lalique a trouvé dans la nature une inspiratrice féconde. Il l’a disséquée et examinée, épiant ses lignes, ses formes et ses structures particulières, y cherchant et y trouvant l’étincelle de la vie. Il a scruté les plantes et les fleurs, étudié la vie aquatique, observé les reptiles et les oiseaux et a été fasciné par les insectes. Mais il n’a pas seulement interrogé le sol et le ciel, les plantes et les arbres, la créature humaine, le visage et le corps féminin ont également instillé en lui un souffle créateur.
René Lalique série de flacons

Son génie provient de sa capacité à adapter et à composer. Il ne copie pas la nature, il
ne stylise pas les différents éléments, il crée en transformant. Des créations que font vivre
la magie de la matière. Si René Lalique met toute sa sensibilité dans son interprétation,
celle-ci se nourrit également des grands mouvements artistiques.
En 1900, l’écrivain Pol Neveux soulignait en effet que les chefs d’oeuvres des Égyptiens,
des Italo-Grecs n’ont jamais été considérés d’un oeil plus pénétrant que le sien et l’art des
Byzantins, des Florentins et des Japonais ne fut plus jalousement étudié que par lui.
L’ESPRIT ART DÉCO
Lorsqu’il s’oriente vers le verre, il dessine des lignes épurées et l’ornement, souvent géométrisé, se décline dans des rythmes nouveaux, à des cadences syncopées, associées à ces années folles lancées dans la vitesse. Mais il sait aussi, au besoin, les adoucir de sculptures de végétaux, d’animaux ou de femmes de conception très naturaliste. Ainsi, au fil du temps, René Lalique a-t-il non seulement eu le courage, mais aussi le talent, d’adapter son inspiration aux nouvelles tendances sans pour autant se départir de sa personnalité.
Lalique et le marché de l’art
Les amateurs d’oeuvres d’art signées René Lalique, que ce soit pour des bijoux, des dessins
ou des pièces en verre, se retrouvent notamment pour deux grandes ventes annuelles orchestrées par Christie’s à Londres. Parallèlement, d’autres ventes sont organisées à Paris, à l’hôtel Drouot, ou à l’étranger, aux États-Unis ou en Asie.
UNE VENTE HISTORIQUE
La dispersion de la collection de Marie-Claude Lalique fin 2005 a permis au musée de
faire l’acquisition de plusieurs pièces telles que les dessins pour une broche Scarabée, un
pendentif Femme-libellule, ailes ouvertes et un pectoral égyptien Hanneton ailes ouvertes.
Les vases Deux grondins et Lézards et bluets ont également rejoint les collections du musée à cette occasion.
Musée Lalique vase 2 poissons grondins v 1910

 
Suzanne Lalique-Haviland, décoratrice d’exception
« Suzanne Lalique-Haviland, le décor réinventé  » jusqu’au 11 novembre 2012
au musée Lalique

Suzanne Lalique (1892-1989) est la fille de René Lalique, artiste de génie qui a marqué l’Art nouveau avec ses bijoux et l’Art Déco avec ses créations verrières, et d’Augustine Alice Ledru, elle-même fille du sculpteur Auguste Ledru, ami de Rodin. Après le décès précoce de sa mère en 1909, son père l’incite à exprimer ses talents de dessinatrice. Il la sollicite régulièrement pour sa créativité et son jugement. La période est féconde : Suzanne conçoit flacons et boîtes à poudre pour la Maison Lalique, crée pour la manufacture de Sèvres, que ce soit seule ou en collaboration avec son père. En 1913, elle expose pour la première fois au Salon des artistes décorateurs des aquarelles, modèles pour impressions sur étoffes.
Prise en affection par Louise et Eugène Morand, futur directeur de l’Ecole nationale des Arts décoratifs, elle évolue dans un cadre quasi-familial aux côtés de Paul Morand et Jean Giraudoux. Eugène Morand l’initie à la peinture à l’huile. Giraudoux lui fait quant à lui découvrir les oeuvres de Manet, avec ses noirs et ses gris dont elle jouera en virtuose dans ses compositions décoratives et, plus tard, dans ses peintures.
Suzanne Lalique Haviland

Par son mariage avec Paul Burty Haviland en 1917, Suzanne découvre une autre famille d’artistes. Son mari est photographe ; son beau-frère, Franck Burty Haviland, peintre et ami de Picasso ; son beau-père, Charles Edward Haviland, industriel de la porcelaine. Mais c’est pour la manufacture Théodore Haviland, dirigée par le cousin de son mari, que Suzanne crée ses services de table à partir de 1925.
Suzanne Lalique Haviland Vase Palmettes

Suzanne n’oublie pas pour autant la Maison Lalique où Paul Burty Haviland épaule son beau-père pour le développement de ses verreries et photographie ses oeuvres pour les catalogues commerciaux. Parallèlement à la création d’objets décoratifs, Suzanne et René associent également leurs talents dans le domaine de la décoration d’intérieur, en particulier les salons des Premières Classes du paquebot le Paris en 1921 et pour le Côte d’Azur Pullman Express en 1929.
En 1930, la galerie Bernheim Jeune consacre une première exposition à Suzanne Lalique peintre. Son univers pictural se nourrit de son environnement quotidien, dans lequel elle puise les objets les plus anodins pour les teinter d’une délicate poésie. Simples par leur sujet, ses tableaux frappent par le raffinement de la palette chromatique, la vigueur du pinceau et la hardiesse du cadrage. Chaque toile raconte une histoire croisant le parcours personnel de l’artiste. Ses dernières oeuvres, peuplées des accessoires et des atmosphères du théâtre, sont présentées en 1975 à la Galerie rue du Dragon à Paris.
A partir de 1937 en effet, Suzanne se consacre au théâtre, sollicitée par Edouard Bourdet puis Charles Dullin. A la tête des ateliers de décors et de costumes, elle imprime son propre style à la Comédie-Française et s’attache à donner une unité de ton aux spectacles. Elle collabore également à des projets extérieurs à la prestigieuse maison, en particulier à l’initiative de Jean Meyer dans le domaine du théâtre et de Francis Poulenc dans celui de l’opéra.
Musée Lalaique vase Tourbillons d'après un dessin de Suzanne Lalique

Suzanne Lalique a (…) travaillé, uniquement guidée par sa propre inspiration ; elle connait la gloire de s’être réalisée selon sa propre volonté et toute sa fantaisie. (…) c’est cette indépendance splendide qui donne une fermeté et une solidité rarement rencontrées dans une production féminine qui caractérise ce qu’elle crée. (Hélène Gosset, 1930)
.
Marc Lalique (1900-1977)
Fils de René Lalique et d’Alice Ledru, Marc naît en 1900. A partir de 1922 après avoir suivi les cours de l’École des Arts décoratifs de Paris, il devient un collaborateur de son père.
Au décès de celui-ci, il accède à la tête de l’entreprise familiale. Il met à profit ses qualités de technicien pour ré nover la manufacture de Wingen-sur-Moder et la moderniser.
Il abandonne définitivement le verre au profit du cristal. Le contraste entre transparence et satiné trouvant son expression maximale dans la pureté de cette matière, cet effet particulier va devenir célèbre dans le monde entier au point que le nom de Lalique y est souvent assimilé.
Sous son impulsion, la cristallerie Lalique prend rapidement sa place parmi les grandes cristalleries françaises et étrangères.
Marc Lalique Vase Naïades

 
Marie-Claude Lalique (1935 – 2003)
La passion que Marc manifestait pour son métier marquera la jeunesse de sa fille. Très tôt en effet, Marie-Claude a la chance de connaitre l’émotion du créateur qui voit son oeuvre prendre forme grâce à l’habileté du maître verrier. Si la poursuite de l’oeuvre de son grand-père et de son père est son objectif principal, elle n’en est pas moins consciente que perpétuer
l’esprit c’est aussi se renouveler. Attentive aux modes et aux courants créatifs de son époque, Marie-Claude cherche à réaliser le mariage de la  tradition et du renouveau.
Trophée Lalique - Marie Claude Lalique

La Maison Lalique aujourd’hui
La Maison Lalique a été rachetée en février 2008 par la Société suisse Art et Fragrance. L’objectif de Silvio Denz, Président Directeur Général et propriétaire de la société, est de renforcer la marque dans le monde entier et d’augmenter les capacités de production de la cristallerie de Wingen-sur-Moder. Des collections de bijoux et de parfums continuent à être développées parallèlement à l’activité du cristal traditionnelle. Rééditions d’oeuvres anciennes et créations contemporaines sont toujours produites par des verriers perpétuant le culte de l’excellence.
texte musée Lalique
photos de l’auteur courtoisie du musée Lalique

Festival Météo Mulhouse

Le festival MÉTÉO persiste et signe !

 

De jeunes arrogants, de vieux singes auxquels plus aucune grimace ne
fait peur, de l’improvisation, du traditionnel, du jazz, du classique,
de la poésie, de l’expérimentation, de l’écriture, des hommes, des femmes, sur la scène et à côté de la plaque, des vagabonds lumineux, des aristo de l’embouchure, des travailleurs de l’anche, des frappés de la touche, des allumés du crin-crin et des illuminés de la peau et de la corde vocale.

Bref !

Un festival comme il se doit : plein des joyeuses découvertes de toute
une année de glanage sur les routes et les scènes européennes et
mondiales. Un point de vue, une approche, un instantané. Ça n’est pas
grand chose mais finalement, ces quelques dizaines de concerts sont
autant de brèches ouvertes dans la morosité, la platitude d’esprit et
la frilosité des coeurs.

En route, en voiture, c’est parti : 29e édition !
 Adrien Chiquet

Adrien Chiquet

Le festival se poursuit après la mise en bouche en campagne, avec au programme de la semaine à venir :

programme du Festival Météo du 21 au 25 août
clic sur l’image  pour l’agrandir

 
 

MÉTÉO | PRATIQUE

TARIFS :

SOIRÉES

NOUMATROUFF & THÉÂTRE DE LA SINNE : 20
CARTE CULTURE U.H.A. : 5,5

 

APRÈS-MIDIS

FRICHE D.M.C. / NOUMATROUFF : 10

 

CARTE CULTURE U.H.A. : 5,5

 

 

ASSISTEZ À L’INTÉGRALITÉ DU FESTIVAL

 

PASS GLOBAL : 75

 

FINS DE SOIRÉE NOUMATROUFF : MERCREDI, JEUDI, VENDREDI
DERNIER CONCERT DE LA SOIRÉE : 5

 

INSCRIPTION STAGES ET WORKSHOPS

DROITS D’INSCRIPTION, ACCES À TOUT LE FESTIVAL : 120

STAGE DES ENFANTS : 30

 

CONTACT  – FESTIVAL MÉTÉO
BP 1335
F-68056 MULHOUSE CEDEX

www.festival-meteo.fr

info@festival-meteo.fr

+33 (0)3 89 45 36 67

 

 

Un dernier mot.


« Dans un tumulte au silence pareil,
Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! »
— Paul Valéry, Le cimetière marin

Dès la fin de cette édition, je partirai vers d’autres horizons. Avec la tristesse de quitter un festival, une ville et une région où j’ai beaucoup appris.
Merci à tous ceux qui ont été là, au festival et ailleurs, qui ont fait un bout de l’aventure, qui ont eu l’indulgence, la sympathie, l’amitié (voire pire), de me suivre dans mes pérégrinations.
Je crois qu’on ne se perd jamais complètement, on se retrouvera donc un jour.

Lorsqu’ils ne s’égarent pas sur les rivages du divertissement, les artistes parviennent parfois à nous rapprocher des bords d’un gouffre autrement plus abyssal et essentiel : celui, unique, de la poésie et de la liberté. En dépit des différences esthétiques, des médias, des contextes et des époques, une œuvre d’art dispose de la puissance poétique, irrationnelle et scandaleuse, de nous en montrer plus que nous ne devrions en savoir sur cette question de la Liberté. Toute notre société (celle du spectacle, du divertissement, de l’abrutissement, de la bêtise organisée, médiatisée, politisée, institutionnalisée) est engagée dans une grande opération d’assèchement des cœurs, de rétrécissement des esprits, de désérotisation de la vie ! Tout tend à nous tenir éloignés de ce que, précisément, l’art nous propose de vie libre et poétique.

En huit ans à Mulhouse, j’aurais aimé que chaque concert que j’organisais, soit de cette trempe. Qu’il ait cette urgence-là. Qu’il aille contre, qu’il résiste. Ça n’a pas toujours été possible. Je pense que c’est arrivé, parfois.
J’espère que ces artistes, et bien d’autres, viendront encore longtemps dans cette ville et sur cette scène pour tenter cette aventure là, radicale et révolutionnaire.
J’espère que d’autres, dans le public, garderont cette envie-là : celle d’être emmené sur des chemins inconnus en des endroits où il n’y a rien à voir alors que tout est là, pour peu que l’on ait des oreilles pour entendre.

Bon festival à tous.
Adrien Chiquet

 

Tatlin – un nouvel art pour un monde nouveau

En montrant Vladimir Tatline (1885-1953), le Museum Tinguely à Bâle consacre sa grande exposition estivale à une personnalité artistique légendaire. Tatline est en effet l’une des figures majeures de l’avant-garde russe. La dernière grande rétrospective consacrée à ce formidable rénovateur de l’art remonte à presque vingt ans.
 

Vladimir Tatlin

On peut voir à Bâle les toiles des débuts, les imposants contre-reliefs, les reconstitutions de la tour révolutionnaire et de l’appareil à voler Letatlin. Ses principaux travaux destinés au théâtre  clôturent l’exposition. Plus de 100 chefs-d’œuvre, provenant pour la plupart de grandes collections à Moscou et Saint-Pétersbourg, permettent ainsi de redécouvrir cet artiste hors pair qui marqua le début du XXe siècle.
Vladimir Tatlin, Matrose (autoportrait) 1911

technique: tempera on canvas Dimensions: 71.5 x 71.5 cm
Gallery: Russian Museum, St. Petersburg, Russia
 
Vladimir Tatline commence sa carrière comme marin. Jusqu’en 1913, la pratique de son art se cantonne aux domaines de la peinture et du dessin. Dans ses jeunes années, il s’intéresse à l’ancienne peinture russe sur icônes ainsi qu’à l’art populaire, et seulement après aux courants d’avant-garde en Russie et en Europe de l’Ouest, notamment à Paris. Toute son œuvre ultérieure trouve son fondement dans la peinture. Ses premiers tableaux sont largement représentés dans l’exposition : avec ses aplats colorés et décoratifs, son style rythmé par les courbes, marqué par la présence forte de contours sombres et clairs, Tatline parvient à une synthèse bien à lui de la tradition russe et de l’avant-garde française.

Vladimir Tatlin – composition nu féminin 1913

 
Contre-reliefs
En 1914, Tatline fait le pas de la peinture d’avant-garde à l’art révolutionnaire, anticipant ainsi sur les changements politiques qui, déjà « dans l’air », éclateront en 1917. Des reliefs picturaux et contre-reliefs d’angle réalisés par Tatline (avant la révolution d’Octobre), et qui constituent sa contribution la plus importante et la plus radicale à l’art moderne, seulement peu sont conservés. Les quelques exemplaires originaux existant encore aujourd’hui, conservés à Moscou et Saint-Pétersbourg, ainsi qu’un vaste aperçu des reconstitutions d’après photos permettent de visualiser cet aspect essentiel de l’histoire de l’art. Les contre-reliefs de Tatline entendent rompre totalement avec toutes les pratiques artistiques bourgeoises et se conçoivent comme une « contre-attaque » au sens d’un surplus d’énergie. Selon un propos de Konstantin Umansky en 1920, le « Tatlinisme » serait l’affirmation de la mort du tableau en tant que tel : « Les trois dimensions sont trop à l’étroit sur la surface de la toile. »
« Nous ne croyons plus à l’œil, et nous voulons le contrôler par le toucher », proclamait Tatline en 1920. Avec les contre-reliefs, il invalidait les lois de la peinture et créait ainsi en quelque sorte un nouveau genre artistique, une nouvelle approche du matériau mis en œuvre. Tatline devient ici poète des matériaux, qu’il affranchit de leur fonctionnalité liée à la représentation.

Vladimir Tatlin Eck-Konterrelief 1914 ©

Son art se caractérise aussi par l’économie ciblée des moyens utilisés. Ses contre-reliefs d’angle renferment une notion d’action ; ils simulent une impression d’apesanteur pleine de tension. Ils sont sans point d’appui et une sorte de gréement remplace la plinthe des statues traditionnelles. Le principe de composition relève d’éléments clairement antistatiques : une mise en scène jouant avec la gravité et l’anéantissement de celle-ci. Il s’agit là de distance, d’espace intermédiaire – un espace à la fois réel et imaginaire. Tatline place son art de façon littéralement matérielle dans l’espace de l’actualité ; avec des formes plastiques expérimentales, il produit du présent.

 
Révolution, architecture et utopie : la Tour Tatline

Rares sont les œuvres d’art du XXe siècle à revêtir un statut aussi légendaire que le projet de Monument à la Troisième Internationale que Tatline élabora en 1919-1920. La réalisation de cette construction (haute de 400 mètres) fut néanmoins empêchée par la guerre civile, mais aussi par le manque de ressources matérielles et les limites technologiques de l’époque. Le monument – placé parallèlement à l’axe de la Terre avec quatre volumes intérieurs tournent plus ou moins vite autour de leur propre axe selon des rythmes et des lois cosmologiques – devait incarner le siège du gouvernement d’un nouvel ordre social, avec une hiérarchie juste. Les volumes tournants de la « Machine mondiale » de Tatline symbolisent la révolution au sens littéral. En 1920, Nikolaï Punin célébra le projet comme un « événement international dans le monde de l’art » et y vit « la synthèse organique des principes de l’architecture, de la sculpture et de la peinture ». La tour construite aurait été la prolongation logique des principes temps-espace que Tatline avait développés dans ses contre-reliefs : elle aurait permis une nouvelle approche de l’espace, d’un certain point de vue presque comparable à l’expérience de voler. La Tour Tatline servit de catalyseur à la discussion menée par des personnalités comme Léon Trotski ou Anatoli Lounatcharski sur la conception de la vie, de l’art et de l’État dans la jeune Union Soviétique après la Révolution ; aujourd’hui, elle est le véhicule par excellence d’inspirations et d’interprétations fortes.

Tatlin Exhibition Museum Tinguely 2012

Avec la redécouverte de l’œuvre de Tatline depuis les années 1960, le modèle non conservé a été reconstruit en différentes variantes : les deux les plus remarquables (celles de Moscou et de Paris) sont à Bâle dans un face-à-face spectaculaire. Elles permettent en outre de mieux comprendre la réception de l’œuvre de Tatline et les critères qui président à sa genèse.
 
Le vol de Letatlin
Dans les années 1920, Tatline se mit en quête d’une dimension physique et spatiale du vol. Aux rêves individuels d’une société collectivement normée, il conféra en 1929-1932 une expression avec sa sculpture volante et visionnaire nommée Letatlin. Pour l’artiste, qui avait un penchant pour la mystification, voler revenait à une expérience humaine ancestrale que l’évolution lui avait fait perdre et qu’il voulait désormais restituer à l’homme moderne. L’appareil volant Letatlin, singulière synthèse d’art, de technique et d’utopie, est la fois apogée et résultat d’une recherche plastique et de ses limites, qui commença avec les contre-reliefs à l’époque du tsarisme et dont la pensée se prolonge, dans des proportions monumentales, avec la tour révolutionnaire. La sculpture volante renferme un riche potentiel d’associations possibles et peut aussi être interprétée comme une métaphore de l’accélération, comme vecteur d’extension des idées – voire comme un deus ex machina de la modernité. Le rêve de Tatline ne s’est pas concrétisé ; Letatlin n’a jamais pris son envol à ce jour.
 

2012 Tatlin

Le théâtre comme scène d’un monde nouveau 
Toute sa vie durant, Tatline s’intéressa au théâtre. Sa passion pour le Vaisseau fantôme de Richard Wagner est étroitement liée à sa biographie. Il essaya de transposer des paysages musicaux et marins, équivalents du romantisme tardif et du rayonnisme, dans une peinture aux tonalités fortes, pleines d’accents dramatiques. Son travail pour le théâtre culmine dans sa mise en scène en 1923 du métarécit futuriste de Velimir Khlebnikov Zangezi. Tatline décida pour ce faire de « placer une construction matérielle à côté de la construction des mots ». Le matériau linguistique de la poésie et le matériau palpable des arts plastiques exprimaient pour lui la même énergie universelle. L’expérience avant-gardiste Zangezi fascina, car elle constituait à elle seule une véritable synesthésie, tout entière faite de rapports et de correspondances entre les sons, les couleurs, les textures et la lumière. 
 Si Tatline fascine aujourd’hui, c’est que son œuvre a toujours voulu la transformation sans jamais omettre le contexte social général, et aussi parce que son œuvre, il y a de cela presque un siècle, posa les fondements de courants qui n’ont rien perdu de leur actualité et de leur vitalité inspirante. Sans craindre de se frotter à des domaines qui lui étaient étrangers, Tatline – qui aimait le travail collectif – fut le maître de l’interdisciplinarité et de la synthèse des choses et des matériaux, des formes de présentation et des aspects esthétiques, et ce d’une manière inédite jusqu’alors.
 
2012 Vladimir Tatlin

 
Le Museum Tinguely de Bâle expose jusqu’au 14 octobre 2012 plus de 100 œuvres prêtées par de grands musées internationaux : la Galerie Tretiakov, le Musée du théâtre Bakhrouchine, les Archives nationales de la Littérature et de l’Art, le Musée d’Architecture Chtchoussev ainsi que le Musée du Théâtre d’art académique de Moscou ; le Musée Russe de Saint Pétersbourg ; le Musée d’Histoire, d’Architecture et d’Arts plastiques de Kostroma ; le Museum de Wiesbaden ; le Zeppelin Museum de Friedrichshafen ; le Österreichisches Theatermuseum de Vienne ; le Centre Georges Pompidou de Paris ; l’Annely Juda Fine Art et la Grosvenor Gallery de Londres ; le State Museum of Contemporary Art – Costakis Collection de Thessalonique ; les musées de Penza et Athènes.
 
Commissaire et catalogue
L’exposition, dont le commissaire est Gian Casper Bott, est accompagnée d’un catalogue présentant l’œuvre et la vie de Vladimir Tatline sous l’éclairage nouveau de la recherche actuelle ; il propose des contributions de Simon Baier, Gian Casper Bott, Dmitrii Dimakov, Jürgen Harten, Yevgraf Kipatop, Nathalie Leleu, Maria Lipatova, Anna Szech, David Walsh et Roland Wetzel (éditions anglaise et allemande, 240 pages, 200 ill., Hatje Cantz Verlag, 52 CHF, édition allemande ISBN 978-3-9523990-0-2 / édition anglaises : ISBN 978-3-9523990-1-9).
 
Musée Tinguely | Paul Sacher-Anlage 2 | Case postale 3255 CH-4002 Bâle | Téléphone + 41 61 681 93 20 | Téléfax + 41 61 681 93 21
Horaires: Du mardi au dimanche 11 – 18 h | Fermé le lundi
texte et  images © presse courtoisie Musée Tinguely

Xenia Hausner "Flagrant Délit"

Le Musée Würth France Erstein présente, jusqu’au 2 septembre 2012, l’exposition
Xenia Hausner. « Flagrant délit » Collection Würth et prêts.

Xenia Hausner In Flagranti, 2003 Flagrant délit

Née à Vienne en 1951, Xenia Hausner est la fille du peintre Rudolf Hausner, figure emblématique du réalisme fantastique et de l’École de Vienne. Xenia Hausner a suivi des études de scénographie et a longtemps travaillé dans le domaine du spectacle vivant avant de se consacrer exclusivement à la peinture en 1992.
Encore une exposition où la couleur est reine.
Une image peut en cacher une autre …

Flagrant délit d’expressionisme, même si l’artiste s’en défend et renvoie le visiteur à sa propre interprétation
L’exposition propose une plongée dans un univers où le portrait – et tout particulièrement le portrait féminin – règne en maître. Naviguant entre peinture et mixed-media, l’artiste élabore des compositions photo-réalistes de grand format aux couleurs chaudes et vives. Son oeuvre est le fruit d’un dialogue créatif entre la peinture et la photographie, celle-ci remplaçant le croquis et servant de travail préparatoire, d’étude de caractères ou de support de collage.
Xenia Hausner réalise, dans ses tableaux, de véritables mises en scène théâtrales, voire cinématographiques : elle plante un décor (imaginé et composé dans son atelier), installe ses modèles, et raconte une histoire (Nine Elven). Les accessoires, les couleurs, les matières font l’objet d’une attention toute particulière et participent à la représentation.
L’atmosphère séductrice qui s’en dégage interpelle le spectateur. Captivé par l’expressivité des regards des personnages qui lui font face, le regardeur devient voyeur : il est, dès lors, le témoin d’états d’âmes, de moments d’intime solitude, d’intime tension, où se mêlent tour à tour l’échange, la tendresse, la violence ( Pensée Sauvage 2011), les faits divers à la manière de Warhol sont très éloquants. (L’imprévu 2010)
Un moment très étrange l’artiste, gantée au chevet d’un mourant, qu’elle dit être un acteur, un berger allemand se dressant comme guettant le dernier souffle, un décor théâtrale de rideaux ouverts sur un ciel bleu.
Dans la réalité c’est l’évocation de la mort de son père, Rudolf Hausner (1914-1995) qui fut l’une des grandes figures du réalisme fantastique et dont certains tableaux majeurs figurent, eux aussi, dans la collection Würth. Xenia Hausner : « C’est mon histoire. Mais ce n’est pas le lit de mon père. C’est un acteur allemand connu qui joue le rôle du mort…
En parallèle une autre toile, où elle étreint ce père (acteur)  portant le même vêtement, comme un dernier adieu.
Xenia Hausner Détail Rosemaies Baby 2002

Le voyage, les relations entre le modèle et l’artiste, entre l’artiste, son art et le spectateur, la brutalité du quotidien, la photographie, le cinéma, la beauté de la femme sont autant de thèmes majeurs dans l’oeuvre de Xenia Hausner. Xenia Hausner manipule l’ambiguïté, derrière ses montages dérivant de films que l’on devine (RoseMaries baby 2002) ou encore cette scène de plage, une maternité, avec un poisson, menace ou poésie ? l’ambiguïté sexuelle (Fieber 2007) est aussi présente, dans ses sublimations des corps féminins épanouis ou dans des attitudes équivoques.
visites guidées gratuites
Catalogue de l’exposition
Xenia Hausner. Flagrant délit. Collection Würth et prêts
Format : 28 x 22,5 cm, 144 pages
Édition bilingue français/allemand
Catalogue édité par Swiridoff Verlag / Musée Würth France Erstein
Prix : 52 ¤
Avec des contributions de Rainer Metzger, Michaël Haneke, Peter-Klaus Schuster.
Photos courtoisie du musée Wurth.

L’Art d’aimer de la séduction à la volupté

« Sans imagination, l’amour n’a aucune chance.  »

Romain Gary

Troisième lieu de référence qui s’inscrit avec bonheur dans le circuit lémantique,
le Palais Lumière d’Evian. Son exposition d’été, tout à fait originale et hors des sentiers battus traite d’un thème universel : l’Art d’Aimer, de la Volupté à la Séduction, sous toutes les formes et à tous les modes. Un histoire d’amour à travers le regard des artistes.
Dominique Marny, Raphaële Martin-Pigale, Robert Rocca, commissaires de l’exposition se sont associés pour concocter cette carte du Tendre,  co-auteurs du catalogue et avec la mise en scène de Frédéric Beauclair.

Maurice Denis - Amour et Psyché - Circa 1908

 
L’exposition sur 2 étages est déclinée en 8 paragraphes et salles. :
L’amour et ses mythes (Orient et Occident), l’amour courtois (Dame, chevalier et troubadour), L’art de la galanterie (pastorales et secrets d’alcôves), l’amour au quotidien (vie à deux, petits arrangements et plaisirs),  Absence et fatalité, le Courrier du Cœur, Fantasmes sur grand écran, De l’intimité des couples,
L’art d’aimer offre à travers un choix de plus de deux cents peintures, dessins, photographies correspondances, illustrations, un panorama large et original des représentations de l’amour au fil de l’histoire de l’art et son évolution, en mêlant histoire des mentalités et des mœurs.
Parmi les artistes majeurs ont peut voir des œuvres de François Boucher, Gustave Courbet, Jean-Dominique Ingres, Auguste Rodin, Maurice Denis, Pablo Picasso, Marc Chagall, Georges Rouault, Léonard Foujita, Tamara de Lempicka, Jacques Henri lartigue, Robert Doisneau, Man Ray, Michel Haas, Pierre et Gilles. La construction du catalogue en 8 étapes thématiques suit un fil conducteur précis : la naissance de l’amour, l’attraction, la capitulation, la promesse, le tourment, l’échange, la complicité, la volupté.
Dès l’entrée, comme une mise en bouche : un bronze, le Baiser d’Auguste Rodin 1898/1918,

puis on pénètre dans l’antre oriental, avec l’un des mythes fondateur : Amour et Psyché, suivis d’Adam et Eve par Maurice Denis, puis la version Pierre et Gilles aux corps sublimés et aux  beaux visages. Schéhérazade et ses raffinements, la traduction seconde des Mille et une nuits par le Docteur Mardrus, dans des illustrations magnifiques, sur fond de chuchotements des mots du cantique des cantiques, (tu es belle …) puis Meliès et le Palais des mille et une nuits.
Le parcours continue sur fond de musique tendre, nostalgique et lancinante :  » .In the Mood For Love  » qui vous poursuit et vous reste dans la tête longtemps après la visite.
Au XIIe siècle naît l’amour courtois en France. Considérée jusque là comme quantité négligeable, la femme va connaître l’une des plus belles périodes de son histoire. Influencés par les rites des cours arabo-andalouses, les troubadours s’éprennent de Dames mariées qui répondront à leur sentiment. L’amour doit se vivre hors du couple légitime: une façon d’exorciser des unions contractées par intérêt. Grâce aux romans courtois, ces histoires de chevalerie sont arrivées jusqu’à nous, sous leur forme initiale ou réinterprétées par certains auteurs. Jean Cocteau s’est approprié Renaud et Armide pour le théâtre ainsi que Tristan et Iseut pour le cinéma! (l’Eternel Retour).
 
François Boucher - La Leçon de Musique 1749

L’art de la galanterie (pastorales et secrets d’alcôve) se développe au XIXe s, les courtisanes connaissent leur heure de gloire, sous Napoléon III. Les lieux de rencontre se multiplient au XXe s, cafés, parcs, bancs publics accueillent les rendez-vous galants.

L’amour au quotidien (vie à deux, petits arrangements et plaisirs), mariage devenu simple acte d’état civil ou cérémonie religieuse, couple sans histoire, hétérosexuel, homosexuel, avec les plaisirs simples ou les débordements voluptueux.

Tamara de Lempicka - détail Deux amies

Absence et fatalité : quiconque aime s’expose au tourment. Doute, jalousie, disputes, ruptures jalonnent les relations affectives. Pour symbolyser la fin du mariage de Johnny et Sylvie Vartan, Pierre et Gilles les ont représentés au centre d’une couronne mortuaire, avec une banderole où l’on peut lire  « Amour Défunt » Une toile qui m’a particulièrement touchée, peinte par un inconnu, Jean Broc.  Il y exalte l’amour d’Apollon pour Hyacinthe adolescent. Les deux amants jouaient au palet, quand un autre dieu :  Zéphyr, autre amant d’Apollon, fou de jalousie, souffla sur le palet, le détourna  de telle sorte qu’il frappa mortellement Hyacinthe au front. La toile le montre expirant dans les bras d’Apollon, lequel pleura son ami et le changea en fleur, la jacinthe.

Jean Broc - Apollon et Hyacinthe

Le Courrier du Cœur avec sa part d’indiscrétion, nous montrent des lettres poignantes rédigées pendant la guerre, des cartes postales naïves, des lettres enflammées, de personnages célèbres comme Edith Piaf, de Juliette Drouet à Victor Hugo, de Flaubert, de Colette, ainsi qu’un courrier de St Exupéry épris d’une belle inconnue qui ne répondit pas à sa flamme.
Lettre de St Exupéry

Puis les Fantasmes sur grand écran :
Le cinéma nous a montré de belles histoires, devenues des classiques, passionnées, émouvantes, tragiques, des baisers langoureux, des étreintes viriles, des acteurs couples à l’écran et dans la vie. La projection qui ne saurait manquer est celle de Jean Gabin et Michèle Morgan dans « Remorques », mais aussi parmi toutes ses oeuvres cinématographiques affichées « Hiroshima mon amour » et « In the Mood for Love »
Jean Delannoy

 De l’intimité des couples, des photos souvenirs de grands photographes, Man Ray, Jacques Henri Lartigue, Doisneau, Ronis, Boubat, Jahan, Dora Maar, tête à tête, promenade, moments tendres, photos dérobées.  Intensité du regard des femmes-muses, aimées, adulées par leur photographe, photos devenues célèbres qui feront le tour de la planète.
Nush Eluard par Dora Maar

Des poèmes d’Eluard célébrant l’amour, de ses compagnes de ses amis, chacun est source de poésie.
Des dessins d’anonymes, des cachets postaux en or avec des symboles de phrases, des timbres postaux, un ensemble presque exhaustif compose cette magnifique exposition.
Quelques Focus sur Picasso et la « Capitulation du 29 juillet » sur Jean Cocteau et « la Belle et la Bête », sur la série « Intimités » de Félix Valloton.
Puis à la sortie le livre d’or où un visteur (?) a écrit : L’amour n’existe pas ! Pourtant les preuves dans cette exposition y sont pertinentes.
Jusqu’au 23 septembre 2012
visites guidées
Photos de l’auteur courtoisie du Palais Lumière
 

Asger Jorn – un artiste libre

Pour la première fois en Suisse romande, la Fondation de l’Hermitage consacre une exposition au peintre Asger Jorn (1914-1973).Considéré comme le plus grand artiste danois du XXe siècle, Jorn a joué un rôle majeur dans le développement des avant-gardes européennes de l’après-guerre. Cette manifestation s’inscrit dans la prolongation de l’exposition Impressions du Nord. La peinture scandinave 1800-1915 qui, en 2005, avait permis aux visiteurs de la Fondation de découvrir l’extraordinaire vitalité des peintres nordiques au XIXe siècle.

Asger Jorn gravant une planche du portefolio Etudes et surprises

Partageant sa vie entre le Danemark, la France (il y séjourne dès 1936), la Suisse et l’Italie, Asger Jorn fonde, en 1948, avec d’autres artistes du Nord, le mouvement Cobra, dont le nom fait référence aux trois villes Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Dans le sillage du surréalisme, ils prônent la spontanéité, le retour à l’art populaire et au dessin d’enfant. La tuberculose qui frappe Jorn en 1951 précipite la fin de Cobra.

Asger Jorn Cobra avec Pierre Alechinsky et Christian Dotremont Le Grand Plum 1961

Après dix-huit mois passés au sanatorium de Silkeborg au Danemark, Jorn choisit, pour sa convalescence, l’air pur des montagnes et s’installe pour six mois dans un chalet de Chesières (Vaud). En Suisse, le Danois développe un langage nouveau, qui renoue avec les sensualités enveloppantes d’Edvard Munch, pionnier de l’expressionnisme moderne. Les années suivantes le conduiront à libérer progressivement et de la façon la plus radicale son art des modes et des influences, et à inventer une peinture saisissante, tantôt apaisée,
tantôt explosive, toujours colorée.
Asger Jorn La Lune et les animaux

Son oeuvre puissante, élaborée au rythme de voyages incessants à travers l’Europe, s’ancre profondément dans la culture et la sensibilité scandinaves, tout en s’imprégnant des échanges qu’il entretient avec la scène artistique internationale. La tension entre une tradition nordique enracinée dans le Moyen-Age, et une aspiration à la perméabilité des frontières et à la vitalité d’une création collective, est au coeur de la fascination que Jorn exerce aujourd’hui.
Asger Jorn Femelle Interplanétaire

Des titres intrigants, surréalistes et humoristiques parsèment son oeuvre, peinte au couteau, gravée ou en collages. Ses toiles plutôt sombres dans ses débuts, ne sont pas sans rappeler que Lausanne est la ville qui possède un très riche musée d’art brut, dont l’artiste se rapproche dans ses compostions, pour les illuminer,
dans la dernière période, de couleurs flamboyantes, que l’on peut admirer au sous-sol.
Asger Jorn

La rétrospective lausannoise couvre toutes les périodes, depuis les compositions de l’immédiat après-guerre, peuplées d’un bestiaire fantastique, jusqu’aux peintures lumineuses de la fin de sa vie, traversées de formes fluides et dynamiques. Réunissant quelque 80 peintures, l’exposition déploie en outre un bel ensemble de dessins, des estampes – entre autres l’emblématique Suite suisse, 1953-1954 –, ainsi que des sculptures, rendant compte de l’extraordinaire force expressive de Jorn dans la diversité des médiums.
Asger Jorn Image confite

L’exposition bénéficie de la participation exceptionnelle de nombreuses institutions, en premier lieu le Museum Jorn de Silkeborg, mais aussi le Louisiana Museum of Modern Art à Humlebaek, le Kunsten Museum of Modern Art à Aalborg, le ARoS Aarhus Kunstmuseum, le Statens Museum for Kunst de Copenhague, le Henie Onstad Kunstsenter à Høvikodden, la Kunsthalle Emden, le Centre Pompidou à Paris, les Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, ainsi que de bon nombre de prestigieuses collections privées. Enfin, l’artiste belge de renommée internationale Pierre Alechinsky, qui a entretenu depuis Cobra – il fut à 24 ans le plus jeune membre de ce mouvement – une relation privilégiée avec Jorn, encourage activement ce projet en lui ouvrant sa collection et ses archives.
 
Asger Jorn La luxure lucide de l'Hyperestésie 1970

 
Commissariat général : Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage
Catalogue : reproduisant en couleur toutes les oeuvres exposées, le catalogue réunit de nombreuses contributions (Pierre Alechinsky, Troels Andersen, Rainer Michael Mason, Frédéric Pajak, Dominique Radrizzani, Didier Semin, Dieter Schwarz et Sylvie Wuhrmann), ainsi qu’une anthologie de textes d’Asger Jorn, Christian Dotremont et Jacques Prévert.
Asger Jorn - ne vous gênez pas 1971

L’exposition et le catalogue bénéficient du généreux soutien de et de la Fondation pour l’art et la culture.
Avec la Fondation Gianadda à Martigny qui présente la collection Merzbacher, c’est une immersion dans la couleur garantie.
DU 22 JUIN AU 21 OCTOBRE 2012
photos de l’auteur courtoisie de l’Hermitage

Collection Merzbacher – Le mythe de la couleur – Van Gogh, Picasso, Kandinsky…

La grande exposition d’été de la Fondation Pierre Gianadda est consacrée à une des plus importantes collections privées européennes appartenant aux très discrets Werner et Gabrielle Merzbacher. Depuis des décennies, ce couple suisse rassemble des oeuvres qui traduisent son intérêt exclusif pour la couleur. Pendant longtemps, cette collection a été un secret bien gardé. Mais en 1998, les Merzbacher ont accepté de montrer leur collection au Musée d’Israël à Jerusalem pour les cinquante ans de l’Etat d’Israël.
La Fondation Pierre Gianadda est la première fondation privée à accueillir la collection Merzbacher. Depuis lors la collection a été présentée au Japon en 2001, à Londres en 2002, à Zurich en 2006, au Louisiana Museum of Modern Art en 2010.

Vincent van Gogh - Pelouse Ensoleillée Place Lamartine 1888

Avec plus de cent oeuvres de quelque cinquante artistes, parmi les plus importants de  la période du XIXe et du XXe siècles, cette exposition montre d’une façon exhaustive l’évolution de cette partie de l’art moderne.
Une immersion dans la couleur, qui vous reste longtemps au fond des yeux.
,Maurice de Vlaminck Les Ramasseurs de Pomme de Terre vers 1905-1907, Huile sur toile

 
Il y a trente ans que Léonard Gianadda et Werner Merzbacher se connaissent, Presque depuis les débuts de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny. Léonard a été longtemps demandeur, Werner Merzbacher souvent prêteur. Une estime et une confiance réciproque ont rendu cette exposition non seulement possible, mais presque naturelle.
Une enfance massacrée et sa rédemption pour l’art. Peut-on faire ce raccourci en parlant de Werner Merzbacher et de la collection qu’il a rassemblée avec sa femme Gabrielle ? Chacune de ces peintures pourrait être un antidote à la tristesse et à la dépression, un hymne à la joie de vivre. Les œuvres de la collection Mezbacher traduisent une passion pour la couleur et sa puissance lyrique.
Schmidt Rottluff Einfart 1910

 
Werner et Gabrielle Merzbacher rassemblent depuis plus de soixante ans les chefs-d’œuvre des mouvements qui ont libéré la couleur, le Fauvisme, l’abstraction, l’Expressionnisme. La collection fait une large place à Derain, Matisse, Kandinksy, des peintres qui ont fait changer la couleur.
Tout a commencé avec un noyau d’œuvres de très haute qualité réunies par les parents de Gabrielle Mayer autour de Picasso, Matisse, Van Gogh. Frappés au cœur par ces peintures, Werner Merzbacher, épaulé par sa femme Gabrielle, ‘est plongé avec passion dans le monde de l’art et des galeries…. Pour ne plus en ressortir.
 
Alexej von Jawlensky, Dame mit gelbem Strohhut, vers 1910, Huile sur carton

Werner Merzbacher a une double réputation : celle d’acheter des œuvres en se laissant guider par son instinct, et d’avoir des coups de cœur durables et solides. Ceux qui le connaissant décrivent un homme d’une extrême vivacité et d’un goût très affirmé. Une très rare conjonction de circonstances, financières, historiques et personnelles, ont permis que la collection Merzbacher soit devenue pour les historiens de l’art ce petit miracle, une des meilleures collections au monde.
Georges Braque Paysage à l'Estaque 1910

Werner Merzbacher est né en 1928 en Allemagne du sud. Son père, médecin, organise son départ en Suisse après la Nuit de Cristal, en novembre 1938, après laquelle les enfants juifs sont notamment interdits d’école. Enfant réfugié, Werner est placé dans une famille zurichoise. Ses parents ne réussissent pas à s’enfuir. Déportés, ils mourront à Auschwitz. En 1949, Werner Merzbacher obtient une bourse et émigre aux USA.
Là-bas, il épouse Gabrielle Mayer. Après un séjour en Alaska, où Werner Merzbacher fait son service militaire, le couple revient à New-York.
Werner entre dans le commerce de fourrure de son beau-père. Les trois enfants du couple naissent aux Etats-Unis. En 1964, la famille décide de revenir s’installer en Suisse, dans la région de Zurich où Werner avait vécu pendant la guerre et où Gabrielle est née. Werner Merzbacher devient le premier partenaire, puis en 1989, le seul propriétaire de l’entreprise Mayer and Cie AG.
Sonia Delauney Terck - le Bal Bullier 1913

 
Les Merzbacher ont formé leur goût dans les années 1960, en fréquentant les galeries new-yorkaises. Au début, ils achètent de la peinture mexicaine ou italienne, dans la veine du réalisme social. A la fin des années 1960, ils se tournent vers Vlaminck, Toulouse Lautrec, Friesz, mais aussi Monet, Sisley. Ils comprennent qu’ils sont attirés vers la couleur pure, sans savoir vraiment encore quelle est leur période préférée. L’achat de leur premier Schmidt-Rottluff est un tournant important. A partir de ce moment, le couple met en place une vraie stratégie d’achat des meilleures œuvres fauves et expressionnistes.
 
Umbertto Boccioni Forme Plastiche di un Cavallo 1913/1914

La plupart des peintures acquises par le couple sont considérées aujourd’hui comme des chefs-d’œuvre dignes des plus grands musées. Quelques-uns de meilleurs artistes de la fin XIXe et du début du XXe siècle sont documentés en profondeur, avec plusieurs œuvres qui s’intéressent aux différents aspects de leur travail.
Véronique Ribordy
Le commissariat de l’exposition est assuré par Jean-Louis Prat.
Le catalogue de l’exposition Van Gogh, Picasso, Kandinsky… Collection Merzbacher.
Le mythe de la couleur, reproduit en couleurs toutes les œuvres exposées.
du 29 juin au 25 novembre 2012
tous les jours de 9 heures à 19 heures

Philippe Parreno à la Fondation Beyeler

L’artiste français Philippe Parreno s’est fait connaître dans les années 1990, suscitant
l’enthousiasme de la critique par une oeuvre qui recourt à une grande diversité de supports, parmi lesquels le film, la sculpture, la performance et le texte. Considérant l’exposition comme un moyen d’expression à part entière, Parreno a cherché à redéfinir l’expérience qu’elle constitue en explorant ses possibilités d’« objet » cohérent, au lieu d’en faire un assemblage d’oeuvres disparates.

Philippe Parreno - photo Claudio Cassano

 
Pour sa présentation à la Fondation Beyeler, Parreno propose deux nouveaux films qui
s’intègrent dans une mise en scène guidant le visiteur à travers tout l’espace de l’exposition à l’aide d’une chorégraphie de sons et d’images.
Le premier film, Continuously Habitable Zones aka C.H.Z. (2011), est lié à un territoire et
présente des vues d’un jardin noir créé au Portugal en collaboration avec un paysagiste, Bas Smets. Un paysage a produit un film, et un film a produit un paysage. Le paysage est
pérenne; il est ce que l’image rejette.

Le deuxième film, Marilyn (2012), est le portrait d’un fantôme. Il la fait apparaître au cours d’une séance fantasmagorique dans une suite de l’hôtel Waldorf Astoria de New York où elle a vécu dans les années 1950. Le film reproduit sa présence au moyen de trois algorithmes: la caméra devient ses yeux, un ordinateur reconstruit la prosodie de sa voix, un robot recrée son écriture. La morte est réincarnée dans une image.

 
À l’entrée du musée, chaque visiteur reçoit un DVD sur lequel il retrouvera les deux films.
Les deux films du DVD contiennent une bande-son musicale composée par le musicien Arto Lindsay. Ces versions sont différentes de celles des films de l’exposition, tout comme un souvenir peut s’éloigner de la réalité.
 
Philippe Parreno

Une salle de la collection permanente de la Fondation Beyeler est consacrée à deux
nouvelles séries de dessins liés aux films. Une série d’une trentaine de dessins à l’encre
montre dix perspectives du paysage de C.H.Z. Une autre série comprend des textes écrits
par le robot de Marilyn sur du papier à lettres de l’hôtel Waldorf Astoria.
Textes écrits par le robot de Marilyn sur du papier à lettres de Waldorf Astoria

 
Dans le jardin d’hiver, à l’entrée de la salle de projection des films, sont accrochées deux
Marquees, telles des excroissances lumineuses de l’architecture de Renzo Piano.
 
Enfin, deux installations sonores donnent au spectateur l’impression que le musée prend vie.
La première installation fait sortir les bandes-son des films de la salle de projection pour les transporter dans le jardin d’hiver. Pour la deuxième installation, des nénuphars soniques flottent aux côtés de vrais nénuphars dans le bassin qui jouxte l’entrée du musée, laissant le son de la « bête végétale » de C.H.Z. s’échapper dans le jardin.
 
Philippe Parreno est né en 1964 à Oran en Algérie. Il vit et travaille à Paris. Il a présenté
récemment des expositions individuelles à la Serpentine Gallery de Londres (2010), au CCS, Bard College de New York (2010), au Centre Georges Pompidou de Paris (2009), à l’Irish Museum of Modern Art de Dublin (2009) et à la Kunsthalle Zürich de Zurich (2009).
 
Philippe Parreno Sam Keller Michiko Kono

Cette exposition a pour commissaires le directeur de la Fondation Beyeler Sam Keller et Michiko Kono, Associate Curator.
Pour accompagner le film C.H.Z., un nouvel ouvrage publié chez Damiani, Bologne, contient des reproductions des dessins, des arrêts sur image tirés des films, des photographies aériennes et des contributions de Philippe Parreno et de Nancy Spector, Deputy Director et Chief Curator du Guggenheim Museum, New York.
CHF 48, ISBN 978-88-6208-253-2
jusqu’au 30 septembre 2012
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture: tous les jours de 10 h à 18 h, le mercredi jusqu’à 20h.
photos 1 2 3 courtoisie Fondation Beyeler
4 5 6 photos des photos
 

Miguel Chevalier l’obsédé du Pixel

Miguel Chevalier - Carré Magique

C’est le thème récurrent dans le travail de Miguel Chevalier. L’idée simple qu’il veut développer, c’est « comment être de son temps » (il y parvient sans peine avec brio).  A chaque époque les artistes utilisent les moyens de leur époque, ce n’est pas qu’il n’aime pas la peinture, mais il trouvait que c’était extrêmement difficile de régénérer dans les années 80, un propos fort, dans le champ de la peinture. Aussi il a préféré aller dans un terrain semi-vierge, en explorateur et présenter à l’Espace Malraux de Colmar  (et dans le monde entier) une exposition, intitulée, « Power Pixels 2012 » – dans l’air du temps-, avec la sensation de vivre son époque à plein pixels,  et comment développer un univers poétique avec les outils d’aujourd’hui.
Dans l’annexe « Fractal Flowers » trois  sculptures de graine virtuelle extraite de l’oeuvre de réalité virtuelle Herbarius 2059 (Sculpture en stéréolithographie, résine dans boite en plexiglas transparente, (35 x 35 x 35 cm) .
Miguel Chevalier

Puis sur grand écran, le logiciel toujours en flux continu montre ces fleurs en mouvance, en devenir, ce n’est pas une répétition en boucle, mais un flux qui ne revient jamais, tout à fait fascinant.
Une vidéo montre le travail de Miguel Chevalier, où il dévoile les mystères de sa fabrication absolument fabuleuse.
Il a constitué lui même ses propres outils, qui n’existent dans aucun circuit du commerce. Il a su intégrer et faire siennes toutes les grandes découvertes technologiques. Il démontre comment par son travail, ses mondes virtuels peuvent régénérer les idées tout en ayant une filiation avec l’histoire de l’art. L’impressionnisme, le pointillisme, les aplats, l’illusionnisme optique, le dripping, les installations se trouvent dans ses œuvres.
 
Miguel Chevalier

 Il les développe dans l’espace public de façon monumentale, permettant aux passant d’intégrer l’art et la couleur dans leur quotidien.
A l’espace Malraux, les visiteurs sont partie intégrante de l’œuvre et inter-agissent avec elle en se déplaçant. Leurs mouvement latéraux selon la distance agissent sur la
« Danse du Pixel » grâce à des capteurs, en changeant de couleurs en augmentant les pixels ou en les diminuant, une vague picturale incessante, défilant à l’infini et sans cesse renouvelée. C’est en quelque sorte un trompe l’œil, un mur mouvant, donnant l’illusion d’obéir aux visiteurs.

Une application Iphone « Bee Tag » permet de lire les messages codés en pixels.
En parallèle de l’œuvre sont montrée d’autres oeuvres telles que
« Tapisserie en laine et soie »
« Pixels of Art » “Pixels Op Art » « Carré Magique ».
 
Miguel Chevalier Pixels Of Art

Son travail n’est plus fondé sur l’agrandissement de la trame comme Jacquet ou le pop art, mais sur l’agrandissement du pixel, sur la trame du pixel, devenue une écriture à part entière, une touche picturale. C’est un catalyseur de nouvelles formes d’expression qui nous aide à repenser le monde. C’est un travail absolument passionnant, fascinant et poétique.
Je vous invite à consulter son site très complet qui montre un panorama de ses œuvres, à utiliser les applications Iphone, en parcourant l’exposition.

Autour du 500e anniversaire du retable d'Issenheim de Matthias Grünewald

Décor Adel Abdessemed
Autour du 500e anniversaire du retable
Evénement du 27 avril au 16 septembre : présentation de l’oeuvre
Décor d’Adel Abdessemed

 

Adel Abdessemed - Décor en regard avec le Retable d’Issenheim

Réalisés aux Etats-Unis et exposées à New-York, les quatre Christ qui forment l’oeuvre Décor de l’artiste Adel Abdessemed sont exposés pour la première fois en Europe, à Colmar, au musée Unterlinden, en regard de la Crucifixion qui les a inspirés.
Cet ensemble d’un expressionnisme exacerbé par le contraste entre la violence du matériau (le fil de fer barbelé) et la beauté du résultat formel, la taille imposante des corps et leur exposition aérienne, entre le symbole unique et la multiplicité, semble exhiber toute la violence contenue dans la représentation iconique du Christ sur la croix de Grünewald. Mais au-delà de cette dimension dramatique, le matériau utilisé et savamment tressé, la répétition du sujet devenu motif ont une visée ornementale que trahit le titre de l’œuvre, à concevoir comme une stylisation ou une sublimation de l’image du Christ de Grünewald.
 
Présentation le mardi 26 juin à 18h30 par Frédérique Goerig-Hergott
Lieu : salle du retable
Tarif normal : 5 € / gratuit pour les membres de la société Schongauer, porteurs du pass musées et étudiants : 5 €
Renseignements et réservations : 03 89 20 15 58
 
500 ans du Retable d'Issenheim de Matthias Grünewald