Les Années Fauves

En collaboration avec le Musée d'Art moderne de Paris, Paris Musées, la Fondation Pierre Gianadda a le privilège d’exposer plus d’une centaine d’œuvres provenant aussi de musées français tels le Musée national d’art moderne Centre Pompidou, le Musée Paul Dini, ou celui des Beaux-Arts de Bordeaux et de collections privées. Des peintures, sculptures et céramiques toutes emblématiques des années fauves vont parer les cimaises de la Fondation de couleurs flamboyantes.
Du 7 juillet 2023 au 21 janvier 2024 – Tous les jours de 10h00 à 18h00
Fermeture à 16h30 le 8 décembre 2023
Commissariat général de l’exposition, Musée d’Art moderne de Paris :
Fabrice Hergott
Commissariat de l’exposition, Musée d’Art moderne de Paris :
Jacqueline Munck, Conservatrice en chef avec Marianne Sarkari
Antoinette de Wolff, fondation Gianadda


La couleur portée à son paroxysme

A l’égard de certains paysages portés au maximum de leur intensité avec leurs tons rehaussés, l’on se rappelle la déclaration mythique de Matisse :
« …il faudrait en venir à mettre le soleil derrière la toile ».
Il affirme également
« …Le Fauvisme fut aussi la première recherche d’une synthèse expressive ».


Ce mouvement est animé par Henri Matisse entouré d’un groupe de peintres, parmi lesquels Henri Manguin, André Derain, Maurice de Vlaminck, Charles Camoin, Georges Rouault et Albert Marquet, expose leurs oeuvres dans la salle VII du Salon d’Automne en 1905. En réaction contre les variations éphémères de l’atmosphère et les vibrations instables de la lumière des peintures impressionnistes, « secouant la tyrannie du Divisionnisme », sentence de Matisse, ces jeunes artistes portent au paroxysme la leçon de Van Gogh en exaltant la couleur pure. Un excès qui déclenche l’ire du public et de la critique de l’art, qui s’en prend violemment à ces nouveaux peintres, dont Louis Vauxcelles qui, découvrant dans ladite salle un buste d’enfant italianisant du sculpteur Albert Marque s’exclame : « Donatello parmi les fauves » !

Le Fauvisme : premier mouvement du XXe siècle

La phrase fait mouche et fauve devient éponyme du Fauvisme, reconnu comme la première avant-garde du XXe siècle, école sans règles et interdits. Ce qui réunit ces peintres se révèle Paris, qui à l’époque attire comme un aimant des artistes de toute l’Europe. C’est dans ce climat de métropole de l’art, que cette jeune génération de peintres formés à l’Ecole des Beaux-Arts ou dans des ateliers libres mènent ce combat novateur d’une esthétique révolutionnaire.
 Aux côtés de ce premier noyau de Fauves, qui entre 1905 et 1908, peint à Collioure, sur la côte normande, à Saint-Tropez et à l’Estaque, se joignent de jeunes peintres venus du Havre : Emile Othon Friesz, Raoul Dufy, Georges Braque, puis Kees van Dongen des Pays-Bas et Pierre Girieud qui tous participent de cette grande libération des tonalités. D’autres peintres peuvent être reliés à ces artistes comme Louis André Valtat, Jean Metzinger, Robert Delaunay, Etienne Terrus, Maurice Marinot et le jeune Auguste Herbin en raison de leur proximité aux moments clés de l’évolution du fauvisme ou des rendez-vous du Salon des Indépendants ou celui d’Automne. Picasso, dont deux oeuvres sont présentes aux cimaises de la Fondation Pierre Gianadda, noue des contacts étroits avec les Fauves. L’Espagnol observe Matisse et Derain et mesure leurs avancées par rapport à sa période rose. Il se rapproche de Kees van Dongen au Bateau Lavoir partageant avec lui une thématique pleine de similitude.

Plus d’ombre : le tableau devient une surface totalement éclairée

Avec cette nouvelle technique picturale, on relève la construction de l’espace par la couleur pure, les formes traitées en aplats et cernées, plus de nuances
« descriptives » mais « expressives », des contrastes colorés se substituent à la perspective.

Dans les visages, on supprime le modelé le remplaçant par des nuances débridées bien loin de la réalité. En résumé : « on transpose » et la sensation le dispute à l’émotion. Dans les toiles de certains artistes, on emploie encore la touche en mosaïque, issue du néo-impressionnisme, comme Matisse la pratiquait. La stridence des rouges, des verts et des oranges présents dans les huiles des Fauves, exprime « les feux de l’été » et la hardiesse des compositions.

De quelques thèmes traités par le Fauvisme

La Seine et les villages de Chatou, du Pecq, d’Argenteuil et aussi de la Normandie font partie des paysages allumés par les Fauves, de même que le spectacle de la ville et de la rue pavoisée avec l’étalage des drapeaux et des oriflammes. Et puis n’oublions pas l’attraction de la nuit, des cabarets et des cirques parisiens d’où jaillissent les « filles » ou « ivrognesses » de Georges Rouault,

les prostituées et les saltimbanques de Picasso ou Van Dongen. Tout ce petit monde noctambule qui reflète l’ambiance à l’époque de la Butte Montmartre. Et aussi, le nu, le portrait et le modèle dans l’atelier traités avec la même fougue enivrante d’un chromatisme porté à son comble.

La part d’exotisme

Derain s’émerveille devant les sculptures océaniennes du British Museum
« affolantes d’expression ». Le réalisme vigoureux de cette statuaire venue d’Afrique et d’autres pays lointains, avec sa simplification esthétique, sa fracture anatomique, ses canons de la beauté antagonistes de l’art classique se propage dans les ateliers des Fauves apportant un « langage universel ».


L’exotisme rejoint ainsi l’universalité de la création. Plusieurs sculptures provenant de différentes régions de l’Afrique et de la Nouvelle-Guinée sont exposées et vont illustrer à merveille cette influence sur l’art européen. Foin de l’ethnocentrisme occidental avec Derain, Vlaminck et Matisse qui acquièrent des sculptures, statuettes et masques du Gabon, du Congo, du Bénin, d’Océanie etc. dont ils s’inspirent.  

La pratique pluridisciplinaire des Fauves : la céramique en est un exemple

Tous s’ouvrent aux innovations techniques et pluriculturelles notamment la céramique qui rencontre un renouveau au tournant du XIXe siècle. Au contact des découvertes archéologiques et autres inspirations, certains Fauves s’adonnent à la peinture sur céramique. C’est avec le céramiste André Metthey qu’ils se forment à cette nouvelle expression artistique et cette collaboration donne naissance à l’École d’Asnières.

Les artistes fauves prouvent leur fascination pour ce procédé dans des réalisations exemplaires comme des plats, des assiettes ou des vases signés Vlaminck ou Derain. Cécile Debray déclare que : « Le Salon d’Automne offre un cadre favorable à la réhabilitation de cet art et à son introduction dans les milieux artistiques ». Ces créations témoignent d’un autre aspect du Fauvisme et complètent d’une façon très enrichissante cette exposition.

De quelques oeuvres exposées

Matisse (1869-1954), figure majeure du XXe siècle suit les cours de Gustave Moreau à Paris et devient le protagoniste du fauvisme. Son Paysage de Saint-Tropez au crépuscule (huile sur carton de 1904) Matisse le traite en bandes colorées où le bleu se décline de l’outremer à l’azur pour terminer avec un ciel aigue-marine traversé par des nuages violets.

Avec de larges coups de pinceaux il réduit les arbres d’une façon radicale leur donnant un aspect de fantômes ! Derain (1880-1954) rencontre Matisse et Vlaminck à l’académie Carrière et à Collioure : il innove avec les couleurs pures. Fasciné par l’art africain, il va à l’essentiel et simplifie les formes comme dans Trois personnages assis dans l’herbe (huile sur toile, 1906). Un traitement en aplat pour l’herbe verte opposée au bleu du ciel et les protagonistes évoqués avec quelques traits aux couleurs dissonantes dans la confrontation des complémentaires.  
La découverte de la peinture de Van Gogh amène Maurice de Vlaminck (1876-1958) cycliste, musicien, journaliste anarchiste, à la peinture. Qualifié de fauve le plus « radical » en témoigne Berges de la Seine à Chatou (huile sur toile, 1906), un sujet qu’il aime reproduire avec ses couleurs pures. Des coups de pinceaux énergiques traduisent une nature en mouvement en lui donnant un côté sismique. Le Fauvisme prend ses quartiers à Chatou, Collioure ou l’Estaque, mais un pôle se développe aussi au Havre avec trois Normands qui se rapprochent des Fauves : Othon Friesz, Raoul Dufy et Georges Braque. Le Havre avec son activité portuaire intense et ses ciels changeants, offre une source d’inspiration à ces jeunes artistes.


Notamment avec Les Régates (huile sur toile, 1907-1908), Dufy (1877-1953) donne un exemple de cette fébrilité de bord de mer traitée avec un chromatisme vibrant et des estivants très sommairement esquissés tournés vers le large en train d’observer les navires. La couleur posée en aplats et cernée de noir témoigne de l’adhésion de Dufy au Fauvisme. Braque (1882-1963) attiré par le Sud, peint à l’Estaque sur les traces de Cézanne puis, séduit par la lumière éblouissante de la Méditerranée, brosse Le Golfe des Lecques (huile sur toile, 1907). Avec une vue plongeante, les plans se déroulent d’une façon frontale avec le jaune intense de la pinède, le bleu de cobalt de la mer et fermant l’horizon, les contours montagneux colorés et cernés de noir. Un ciel aux tons empiriques clôt cette composition ardente.
Tout autre chose avec Henri Manguin (1874-1949) qualifié de « peintre du bonheur », ami de Matisse et de Camoin. Il pratique un fauvisme moins absolu que ses contemporains et peut s’épanouir dans son art sans souci financier contrairement aux autres artistes adeptes du Fauvisme. A partir de 1905, il passe ses étés à la villa Demière, près de Saint-Tropez à Malteribes. Dans ce lieu paradisiaque Manguin signe : La Femme à la grappe (huile sur toile, 1905, Fondation Pierre Gianadda). Jeanne, son épouse dans une position frontale, gracieuse et naturaliste, tient une grappe de raisin sombre, qui contraste avec les blancs subtils rehaussés de tons bleus. L’écharpe qui rime avec la grappe s’affiche dans un bleu nuit audacieux. Le décor qui entoure le modèle, s’exprime par des touches souples, où s’opposent les couleurs chaudes et froides. Manguin, livre une oeuvre raffinée et, oh combien séduisante. Auguste Herbin (1882-1960), formé à l’Ecole des beaux-arts de Lille, s’installe à Paris en 1901. Un séjour en Corse lui révèle la lumière et il évolue vers le Fauvisme. Avec Bruges (aquarelle sur papier, 1907), il adopte le chromatisme expressif des fauves, la simplification des formes et la distance prise avec la réalité.


Louis André Valtat (1869-1952), est admis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris à 17 ans puis complète sa formation à l’Académie Julian. Installé dans un atelier à Anthéor, il rend visite à Renoir et Cagnes lui inspire ce Paysage de Cagnes (huile sur carton, 1898). Il brosse déjà avant la naissance du Fauvisme un tableau avec des touches comme des bâtonnets qui sillonnent le ciel d’une façon dynamique. Les troncs violets des arbres témoignent de cette volonté de s’éloigner de la couleur originale et il traite le sol en arabesque qui sera privilégiée dans le fauvisme à la ligne exacte !

Cartouches de dynamite

Les cimaises vont s’enflammer avec les « cartouches de dynamite » de Vlaminck et affirmer combien les inventeurs du Fauvisme créent avec une « énergie vitaliste » et en éliminant les ombres : un feu d’artifices dans le concert de l’art du début du XXe siècle.
Antoinette de Wolff

Informations pratiques

Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59
1920 Martigny (Suisse)
Téléphone : +41 (0) 27 722 39 78
site internet : http://www.gianadda.ch/

Antony Gormley, Critical Mass

Antony Gormley, Critical Mass
© agence photographique du musée Rodin – Jérome Manoukian

Au musée Rodin jusqu'au 03 MARS 2024
COMMISSARIAT :
SOPHIE BIASS-FABIANI, CONSERVATRICE DU PATRIMOINE AU MUSÉE RODIN
AVEC LE SOUTIEN DE la GALERIE THADDAEUS ROPAC

Une ligne court à travers le jardin, entre l’imposante Porte de l’Enfer (1880-1917) de Rodin et les ordonnancements harmonieux des frontons et des pilastres classiques et des fenêtres rectangulaires ou cintrées de l’hôtel de Biron. Cette ligne relie douze formes corporelles de Critical Mass II (1995) d’Antony Gormley. D’abord accroupies, recroquevillées au sol puis fières sentinelles, les figures de fonte s’élèvent progressivement jusqu’à la station debout. Les transformations que connaît leur posture retracent l’ascension évolutive de l’homme et cartographient les progrès de la sensibilité humaine, depuis la vulnérabilité et l’insécurité jusqu’à ce qu’on pourrait interpréter comme de la confiance, de la fierté ou de la curiosité, le regard tendu vers le haut.

Au musée Rodin, les figures s’éloignent de l’hôtel en direction de la Porte de l’Enfer : la ligne de la croissance et du progrès de l’humanité s’achève, et le corps humain rencontre l’œuvre de Rodin, expression terrible de notre chute finale, avant de sombrer sous le sol.

Le poids de chacune des douze formes corporelles équivaut à dix fois celui de l’artiste ; chacune d’entre elles affirme immédiatement la capacité de la sculpture à créer des lieux et à susciter des perturbations.

En complément de Critical Mass, on trouve également six Insiders dans la galerie des marbres et quatre sculptures qui dialoguent au coeur de l’hôtel Biron avec les chefs d’oeuvres de Rodin. Ce vis-à-vis entre les oeuvres de Rodin et de
Gormley interroge le rapport de la sculpture au corps.

« Tout a dû être dit sur les relations de l’œuvre de Gormley avec le cubisme et avec l’histoire de l’art en général. Il donne l’impression de suivre le conseil de Cézanne :

« Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône » où il n’est pas question de cube, alors que le mouvement qui lui a succédé dans la quête d’un nouveau territoire en peinture s’appelle « cubisme ».

Au lieu de persévérer à comparer des artefacts appartenant à la même catégorie, que l’Occident désigne comme art, il semble fructueux de l’approcher sur un registre plus direct et plus sensoriel. Les regardeurs qui n’ont pas été lobotomisés par les diktats de l’histoire de l’art orientent leur jugement vers une projection empathique, surtout lorsqu’il s’agit du corps. »

Résonances des corps (extraits)
Jean-Hubert Martin

Cette exposition offre également un aperçu des méthodes de travail de Gormley
ainsi que de son approche du travail avec ses collaborateurs, comparable à celle
de l’atelier de Rodin avec son mode de production collective. Une série d’études
de Gormley sont présentées près des maquettes de Rodin, tandis qu’un moule
en plâtre trouve sa place aux côtés de l’Étude de robe de chambre de Balzac, mettant en évidence l’utilisation de moules par les deux artistes comme une source constante de renouvellement. Plus de deux cents carnets sont aussi exposés, révélant 40 ans d’idées, d’observations et de dessins.

Lartiste dit à propos de cette exposition :
« La raison pour laquelle Rodin reste
une source essentielle d’inspiration et de renouveau pour la sculpture, c’est la manière dont il l’a libérée en associant des techniques et des matériaux à la fois anciens et modernes de façon extraordinairement prémonitoire. Par ses innovations, le père de la sculpture moderne est allé au bout de la liberté d’expérimenter, il a utilisé les nouvelles techniques de reproduction rendues possible à son époque par le développement industriel. Je considère Critical Mass II comme l’exemple le plus abouti de ma tentative de rendre la vie et sa place au corps dans l’art de la sculpture. »

Lorsque les visiteurs entrent dans l’hôtel, les œuvres de Gormley constellent leur vision périphérique, telles des intrus que l’on entraperçoit dans les encoignures à mesure que le regard glisse de salle en salle, perturbant et interrogeant les œuvres de Rodin dont elles partagent l’espace.

Au rez-de-chaussée, la salle 3 illustre d’emblée ce débat silencieux. La figure courbée de Burst (2022) de Gormley ignore L’Âge d’airain (1875-1877) de Rodin. Genoux pliés, le corps de métal s’accroupit, le torse serré contre ses cuisses, la tête rentrée – le corps se ferme à son environnement, se replie sur lui-même. Avec ses membres toniques et musclés, étendus dans un geste d’éveil, L’Âge d’airain transpire au contraire les notions conventionnelles de beauté et de force masculines

Informations pratiques

MUSÉE RODIN
77, RUE DE VARENNE
75007 PARIS
T. +33 (0)1 44 18 61 10
M° VARENNE
FERMÉ LE LUNDI
OUVERT DE 10H À 18H30
MUSEE-RODIN.FR

Sommaire du mois de novembre 2023

Hommage à Léonard Gianadda
les 2 académiciens,
Jean Clair à l’Académie  Francaise,
Léonard Gianadda à l’Académie des Beaux Arts

photo elisabeth itti 2013

27 novembre 2023 : ST-ART 2023
26 novembre 2023 : Anne Zimmermann – Le Zoo, La Nuit
26 novembre 2023 : Jean-Louis Schoellkopf
13 novembre 2023 :  Saba Niknam
12 novembre 2023 :  Aux temps du sida. Œuvres, récits et entrelacs
8 novembre 2023 :   SARKIS 7 Tage, 7 Nächte
5 novembre 2023 :  Nicolas Party, when tomorrov comes

ST-ART 2023

La 27e édition de ST-ART s'est tenue du 24 au 26 novembre 2023 à Strasbourg dans le Parc des Expositions inauguré il y a un an. Ce joyau d’architecture écoresponsable réalisé par Kengo Kuma a accueilli, sur 10.000 m2,  57 galeries, venues de 8 pays.
Christophe Caillaud-Joos,  Directeur Général de Strasbourg Events
-
Le Comité Artistique de ST-ART,  est composé de Georges-Michel Kahn et Rémy Bucciali

« Nous souhaitons que nos visiteurs et nos collectionneurs puissent découvrir à Strasbourg des oeuvres qu’ils ne verront pas ailleurs, à contre-courant d’une
certaine tendance à l’uniformisation du marché de l’art. »
« ST-ART est une pépite. Lorsque j’ai pris la direction de ce salon l’an dernier, j’ai immédiatement été touché par sa contribution à la reconnaissance des talents de demain. Ce patient travail de découverte est ancré dans l’ADN de ST-ART qui fait vibrer son public depuis plus de 25 ans. Au-delà de sa longue histoire, ST-ART est aussi un territoire ».
Christophe Caillaud-Joos

Bilan 2023

CHIFFRES CLÉS 2023 

13 609 visiteurs

67 exposants dont 57 galeries + de 325 artistes représentés

+ de 720 œuvres présentées

Plus de 10 000 m2 d’exposition

10 conférences

Les galeristes

Les galeristes strasbourgeois contribuent immensément à cette diversité
Ils apportent avec eux des propositions inédites et passionnantes.

Liste non exhaustive

LA SAAMS CÉLÈBRE SES 190 ANS À ST-ART

« Nous sommes “nés” le 28 juin 1832 très exactement,
mais nous fêtons nos 190 ans à cheval en 2022 et 2023 », explique
Bertrand Gillig,
galeriste d’art contemporain à Strasbourg.
Membre du comité de la
SAAMS depuis 15 ans, il en a pris la présidence il y a 2 ans.
« L’idée était d’organiser un certain nombre
d’événements notamment avec ST-ART, dont une rétrospective Théophile Schuler puisqu’il s’agit de l’une de nos trois principales activités.
La première est de contribuer à l’enrichissement et à la préservation des collections des musées de Strasbourg, par des dons et par des financements pour des restaurations ou des acquisitions. La seconde est de développer le goût de l’art à Strasbourg grâce à des conférences, des sorties, des visites guidées et voyages culturels. Et la troisième est de développer la jeune création à travers le
Prix Théophile Schuler.


la belle Strasbourgeoise, 1703 Nicolas de Largilliere

 
   
Prix Théophile Schuler 2023

Sarah Ménard, les Grimaces 2021
papier découpé noir, 21 x 30 cm chaque

LE CENTRE D’ART APOLLONIA,

ST-ART accueillera MOSS, une oeuvre végétale de Marco Barotti actuellement visible dans le jardin médiéval du Musée de
l’OEuvre-Notre-Dame, au coeur de Strasbourg.
Réalisée dans le cadre du programme VITAL,
un projet de coopération européenne ayant
pour objectif la sensibilisation du grand  public à l’urgence écologique à travers la création artistique contemporaine, cette
sculpture vivante, cinétique et sonore, envahie par de la mousse est alimentée par les données sur la qualité de l’air générées par l’indice mondial de la qualité de l’air (World Air Quality Index). En analysant l’air de nos
villes en temps réel, elle incite les citoyens à prendre part au débat sur la pollution. Toujours dans le cadre du projet VITAL avec le centre Apollonia, une expérience sonore imaginée par le couple d’artistes de Ljubljana propose aux visiteurs une promenade audioguidée et immersive dans l’espace public grâce un casque bio-acoustique.

L’INDUSTRIE MAGNIFIQUE

S’ASSOCIE CETTE ANNÉE À ST-ART
L’Industrie Magnifique est un mouvement et un modèle de coopération innovante entre artistes, entreprises privées et collectivités publiques dans les territoires. Né en Alsace en 2016, il se manifeste à travers un acte original : la rencontre de l’art et de l’industrie sur la place publique. Ses deux premières éditions en 2018 et 2021 ont mobilisé 200 partenaires, permis la création 40 oeuvres d’art et attiré 610 000 visiteurs en 22 jours à Strasbourg.
Le coup d’envoi de la 3e édition, qui sera multi régionale, sera donnée le 24 novembre, dans le cadre de ST-ART.
A cette occasion l’Industrie Magnifique exposera aussi la remarquable installation Museum of the Moon de Luke Jerram que les spectateurs avaient pu admirer dans la nef de la cathédrale de Strasbourg en 2021, grâce au mécénat du Groupe Vivialys.

LE PROJET GUERNICA UKRAINE

Lors de la Biennale de Venise en avril 2022, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, a exhorté les artistes du monde entier à soutenir l’Ukraine. Les Éditions Jannink ont répondu à cet appel en demandant à l’artiste-plasticien Jean Pierre Raynaud de faire don à l’Ukraine d’une oeuvre inédite. À l’instar de Guernica (1937) de Picasso, Raynaud a repris les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette oeuvre emblématique. Comme la toile du peintre espagnol,

Sans titre – Ukraine dénonce par l’art les horreurs de la guerre.
Les deux toiles monumentales sont exposées à la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg pour entamer une tournée d’expositions mondiale.

ALMA BUCCIALI, ARTISTE INVITÉE DE LA 27E ÉDITION DE ST-ART

 Mes recherches artistiques
et mes créations se déploient
selon plusieurs axes.
Tout d’abord, je crée dans
la continuité de l’histoire
de l’art, notamment de
l’art médiéval. Je m’inspire
des thématiques abordées
dans les oeuvres
emblématiques du passé
pour en offrir une vision
actuelle. Loin d’une version
passéiste, ces images
sont emplies de tendresse
et d’optimisme,
rapprochant les figurent
de présent de celles du
Moyen-Âge. La Dame à
la Licorne conservée au
musée de Cluny, ou encore
le tarot de Marseille sont
par exemple à l’origine
de séries de dessins et de
gravures.
Le dessin, la gravure et
la broderie sont les médiums
que j’ai choisis dans
une volonté de gommer
les frontières qui séparent
la culture dite « légitime »
et les arts populaires.
Le travail du textile, historiquement
réservé aux
femmes, revêt pour moi
une dimension militante
en lien avec les préoccupations
largement présentes dans mes créations.
Les thématiques féministes et LGBT me
tiennent très à coeur et, sans que je sois dans
une démarche activiste, elles transpirent dans mes oeuvres.
Les deux estampes réalisées spécialement
pour ST-ART appartiennent à une série de gravures
inspirées de La belle Strasbourgeoise
peinte par Nicolas de Largillierre en 1703, l’une des oeuvres majeures du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Reprenant l’esprit et la composition
du portrait original, je propose une vision contemporaine des strasbourgeoises. Comme au XVIIIe siècle, elles portent un collier de perle
et leur bichon au bras, des accessoires de leurs costumes subsistent ou sont évoqués, tandis que les arbres de l’arrière-plan sont sensiblement
les mêmes.

Quelques Galeries

Anne Zimmermann – Le Zoo, La Nuit

Partenariat avec le Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse
site de l’artiste motoco.fr · retrouvez cette exposition sur lafilature.org
CRÉATION VIDÉO du je. 23 nov. au me. 20 déc. 2023
Espace audiovisuel de La Filature du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h + soirs de spectacles · entrée libre
Régionale 24
du je. 23 nov. 2023 au di. 7 janv. 2024

« La nuit tombe, le Parc se vide de ses visiteur·euses. Restent les animaux et ce lieu qui maintenant leur appartient. L’obscurité gomme les enclos et je ressens
la présence des résidents comme si rien n’empêchait une rencontre. J’aime à penser qu’à la faveur de la nuit les animaux agrandissent mentalement leur enclos et qu’ils aient l’impression, comme moi, de traverser savane, jungle ou taïga en une succession de flashs. Me voilà perdue et le vétérinaire, tel un pisteur, me guide vers cette rencontre improbable. »
Anne Zimmermann

 

La résidence

L’artiste Anne Zimmermann, en résidence au Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse depuis l’hiver 2022, nous offre son point de vue sur la relation entre
l’humain et le non humain. Les photos et les vidéos sont prises exclusivement au moyen de caméras pièges. Ces appareils captent deux nuits durant les mouvements des animaux. Puis c’est au tour de l’artiste d’entrer dans
les enclos, accompagnée pour se faire photographier aux mêmes endroits que les animaux, la nuit d’avant. Elle effectue une chorégraphie nocturne de déplacements hasardeux. Ces appareils fonctionnent en lumière noire,
ce qui homogénéise les éclairages et provoque le réfléchissement
des yeux (appelé Tapetum Lucidum).

Une manipulation numérique très réduite efface le décalage temporel entre son passage et celui des animaux. Ainsi, ces photos juxtaposent plusieurs temporalités, ce qui a pour effet d’annuler la distance que l’artiste et, sûrement l’animal, auraient maintenue. Le résultat est une illusion, une rêverie. Ça pourrait être celle de l’enfance réduisant l’animal à une peluche ou celle du mystique imaginant quelque Eden retrouvé. Ce qui importe, c’est qu’en partageant symboliquement l’espace, l’humain soit placé sur un plan d’égalité avec le loup, l’ours polaire ou le baudet du Poitou et qu’il n’est pas plus légitime à exister qu’eux. La vidéo présente sept collaborations avec les loups du Canada, les ours polaires, les panthères des neiges, la panthère de l’amour, le casoar, les wallabys des rochers et les baudets du Poitou.

Biographie

Anne Zimmermann est une artiste plasticienne qui vit en Alsace. Elle est diplômée d’une maîtrise d’Arts plastiques de l’Université de Strasbourg en 1998. Elle croise différentes pratiques comme la photographie, l’écriture, la vidéo et la céramique, qu’elle a étudiée aux Arts Décoratifs de Strasbourg. En 2003, elle crée Paula Orpington, un personnage mi-femme, mi-poule fabriqué
avec cinquante peaux de poulets naturalisées. Elle habite ce personnage jusqu’en 2008 ; il décède symboliquement en 2010 et est autopsié lors d’une performance organisée par la Kunsthalle de Mulhouse.

Depuis, sa réflexion se poursuit sur les rapports que l’on entretient avec le monde animal. En 2016, elle installe une série d’oeuvres en extérieur avec des ruches et des papillons en partenariat avec La Filature, Scène nationale de Mulhouse. Cette réflexion se poursuit en 2018 avec Homsweet home, exposition en partenariat avec l’O.N.F. Suisse. Cette résidence marque le début d’une série de prises de vues d’animaux forestiers ainsi qu’un partenariat avec le Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse en 2022 et 2023. Son atelier est installé à
Motoco depuis 2020.

Informations Pratiques

CRÉATION VIDÉO du je. 23 nov. au me. 20 déc. 2023
Espace audiovisuel de La Filature
du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h
+ soirs de spectacles · entrée libre
VERNISSAGES dans le cadre de La Régionale 24 je. 23 nov. en présence des artistes et commissaires
18h à La Kunsthalle – centre d’art contemporain Mulhouse Julia Armut (exposition collective) · entrée libre
20h à La Filature, Scène nationale de Mulhouse Le Zoo, La Nuit d’Anne Zimmermann

Jean-Louis Schoellkopf

EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE EN ENTRÉE LIBRE DU 21 NOV. 2023 AU 25 FÉV. 2024 dans le cadre de La Régionale 24coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse, Institut pour la Photographie et Mulhouse Art Contemporain. Jean-Louis Schoellkopf bénéficie du
soutien de la Région Grand-Est et de la DRAC Grand Est. Retrouvez cette exposition sur lafilature.org Site de l’artiste schoellkopf.fr
Commissariat Christian Caujolle et Emmanuelle Walter

« Mon travail depuis cinquante ans s’attache à décrire
la ville industrielle, le travail, la culture ouvrière.
Comment les changements dans les conditions de pro-
duction influent sur la vie des ouvriers, des habitants
et sur l’image de la ville. ».
C’est le credo et la pratique inlassable de Jean-Louis Schoellkopf – né à Colmar en 1946 – qui, depuis plus d’un demi-siècle creuse le même sillon et donne ses lettres de noblesse au style documentaire.

S’il a, dans sa jeunesse été tenté par le reportage, il en a très vite perçu les limites et s’est attaché à développer une pratique et une réflexion centrées sur du portrait au sens large. Rentré du Canada, c’est à Saint-Étienne, où il photographie aussi bien la mine et la sidérurgie que les habitants dans leurs intérieurs, qu’il a commencé à analyser les conséquences de la fin de l’ère industrielle sur le quotidien des ouvriers mais également sur le paysage urbain. Toujours la mine à Liévin et au Grand Hornu, la métallurgie à Hayange, le tissage à Louviers, la chimie à Ludwigshafen, mais également Gênes, le quartier Alexanderpolder de Rotterdam, Stuttgart, Barcelone, les XIII e et XIXe arrondissements de Paris, Lille-Roubaix –Le territoire de Tourcoing, autant de terrains d’enquête, d’expérimentation et de développement de projets.


Installé à Mulhouse, il a, logiquement, poursuivi ces travaux dans la claire veine documentaire qui est la sienne et qu’il est un des premiers à avoir perçue, affirmée et défendue comme une pratique artistique. Portraits de
travailleuses et travailleurs, donc, généralement frontaux mais également et en toute liberté, portraits des habitants qui posent devant le drap blanc d’un studio
mobile installé en plein air sur le parvis de La Fonderie.


On trouve également d’autres modalités, plus distanciées et à la fois plus poétiques pour évoquer une culture ouvrière avec des photographies de bouquets sans prétention, simplement beaux et naturels et dans
les natures mortes de nourriture qui, avec un clin d’œil à la peinture classique mais totalement sobres, cadrent des produits toujours achetés au marché et toujours consommés après la prise de vue.

 Sobrement cadrée au carré, la série des « bunkers » interroge la brutalité de certains bâtiments et, au-delà, une conception de la ville et de l’urbanisme dans laquelle la question de l’individu est absente ou en tout cas négligée. On voit bien là également comment Jean-Louis Schoellkopf conçoit la photographie comme un outil d’analyse critique et combien son œuvre, sur la durée, est une œuvre engagée.


Travaillant à la chambre et au moyen format pour obtenir des images nettes, débarrassées de tout romantisme, Jean-Louis Schoellkopf installe, par séries, des typologies qui nous permettent d’approcher et de lire des pans peu valorisés – entre autres par la photographie – de notre monde contemporain. Aucun sentimentalisme, mais une confrontation directe au monde et une révélation de pans entiers souvent en pleine mutation, voire en train de disparaitre.


La présentation, sobre, évitant les effets d’encadrement, donne à voir le tirage – essentiel – dans sa matérialité et dans sa dimension artisanale. Cela prend un
sens encore plus fort au temps du numérique dominant et normalisateur.
Pour cette exposition, certaines images ont été imprimées de telle façon que le visiteur puisse choisir et emporter avec lui la trace de ce travail généreux et
exigeant.
Christian Caujolle, commissaire de l’exposition

Les rendez-vous

EXPOSITION du ma. 21 nov. 2023 au di. 25 fév. 2024
Galerie de La Filature :
du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h + soirs de spectacles · entrée libre
Fermeture hivernale : du sa. 23 déc. 2023 au me. 3 janv. 2024 inclus
VERNISSAGES dans le cadre de La Régionale 24 je. 23 nov. en présence des artistes et commissaires 18h à La Kunsthalle – centre d’art contemporain Mulhouse,  Julia Armut (exposition collective) · entrée libre
20h à La Filature, Scène nationale de Mulhouse Le Zoo, La Nuit d’Anne Zimmermann + Jean-Louis Schoellkopf · entrée libre
navette gratuite au départ de Freibourg et de Bâle · renseignements : assistant@regionale.org
TABLE RONDE « SOCIÉTÉ EN CHANTIER » sa. 25 nov. 10h30 à Motoco
L’industrie française, de l’histoire ancienne ? animée par Marie-Claire Vitoux (Maître de conférences honoraire en histoire contemporaine) · avec la
participation de Jean-Louis Schoellkopf (photographe), Régis Boulat (Maître de conférences en histoire économique contemporaine), Henri Eckert (Professeur
de sociologie) et Jean-Baptiste Forray ( journaliste) · dans le cadre du Forum Latitude organisé par la Librairie 47° Nord · renseignements et tarifs 47degresnord.fr
CLUB SANDWICH je. 7 déc. 12h30 en présence de l’artiste
visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac + Food Truck sur le parvis de La Filature · gratuit sur inscription : 03 89 36 28 28
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
gratuit sur inscription : edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28

Saba Niknam

Nom : Niknam
Prénom : Saba
Profession : artiste polyvatente
Spécialité : croyances, mythologies et rituels de différents peuples à travers le monde
Signe particulier : pseudo – Huginn Muninn, noms des corbeaux de Odin
dieu dans la mythologie germanique et scandinave

                               vue de l’exposition à la galerie Cahn à Basel

L'exposition à Basel, à la galerie Cahn est visible jusqu'au 19 novembre 2023


Galerie Cahn comtempory
19 Steinentorstrasse
Basel

Ouvert du jeudi au dimanche
13 h à 19 h
Biographie

Saba Niknam, née en 1988 à Téhéran, Iran, est une artiste accomplie et polyvalente, dont la passion pour la créativité l’a emmenée dans un voyage remarquable. Elle est diplômée de l’estimée Haute École des Arts du Rhin à Strasbourg, témoignant de sa dévotion et de son talent artistique. Les poursuites artistiques de Saba sont profondément influencées par les cultures diverses, l’art populaire, ainsi que les croyances, mythologies et rituels de différents peuples à travers le monde. Avec modestie, elle aborde son art avec une approche ethnologique, cherchant à explorer et à célébrer la riche diversité culturelle de notre planète.

                                              Basel
En 2023, les œuvres d’art de Saba Niknam ont été reconnues et acclamées en étant intégrées dans les collections de deux institutions prestigieuses : le Musée du quai Branly à Paris et le Fonds régional d’art contemporain d’Alsace (FRAC Alsace). De tels accomplissements sont un témoignage de sa vision artistique et de son talent.

                                    Basel avec Jean-David Cahn
En 2023, elle a participé à l’exposition « Dévoiler » de la Galerie Cahn de Basel,
sous l’autorité de Pierre-Jean Sugier, commissaire et galeriste, en compagnie de l’artiste photographe Jean-Christophe Ballot.

En 2022, Saba s’est lancée dans une collaboration captivante avec le directeur artistique Hamid Rahmanian. Ensemble, ils ont créé un spectacle envoûtant de marionnettes d’ombre intitulé “Chant du Nord”, un spectacle artistique qui a été présenté en première au vénérable Musée du quai Branly à Paris. La première du spectacle a suscité beaucoup d’attention et a davantage consolidé la position de Saba Niknam en tant qu’artiste éminente et visionnaire.

Reconnaissant la valeur de la croissance continue, en 2020, Saba a enrichi davantage son expertise artistique en se spécialisant dans les miniatures persanes à la prestigieuse Prince’s Foundation School of Traditional Arts de Londres. Cette entreprise lui a permis d’approfondir sa compréhension et sa maîtrise de cette forme d’art unique, cherchant humblement à perfectionner ses compétences.

Les accomplissements créatifs de Saba Niknam ont été reconnus à travers des subventions et des expositions prestigieuses. En mars 2019, elle a reçu une subvention de création individuelle de la DRAC Grand-Est pour son projet exceptionnel “Mami Wata”, une exploration captivante des créations mythiques d’eau. La même année, elle a participé à la prestigieuse exposition “GALERISTES” avec Club 7.5 au Carreau du Temple à Paris, suivie d’une remarquable exposition de groupe à la Galerie Marek Kralewski à Freiburg, en Allemagne. Ces opportunités lui ont permis de partager sa voix artistique avec un public diversifié.

Animée par une profonde curiosité pour les cultures diverses, Saba a participé en 2015 au prestigieux programme de résidence croisée “Alsace-Québec, ville d’Alma”. Au cours de cette expérience immersive, elle a plongé dans les mythes des Innu, un peuple autochtone, exprimant ses découvertes profondes à travers des dessins captivants et des objets d’art. Son travail de cette période a été exposé de manière remarquable au FRAC Alsace dans l’exposition “Panache” de février à mai 2017. (2019)

              Saba Niknam, Nommo le dieu poisson, 2019

En 2015, Saba Niknam a organisé sa première exposition solo, intitulée “Le Nom Secret du Soleil”, à la prestigieuse Galerie Jean-François Kaiser à Strasbourg, une étape importante dans son parcours artistique.

Tout au long de sa carrière, l’engagement de Saba envers la diversité culturelle, l’exploration de différentes mythologies et son dévouement à la collaboration artistique restent au cœur de son travail. Avec un cœur humble et ouvert, elle s’efforce d’engager le public à travers ses créations captivantes et significatives, laissant une impression indélébile sur le monde de l’art contemporain. À chaque tissage habile de ses œuvres, elle contribue à l’éclatant tapis de l’héritage culturel partagé de l’humanité.

Voyages à travers les Coiffes

Plusieurs de mes expositions se nourrissent des mythes et des symboles, et je collectionne de nombreux vêtements ethniques. Les vêtements et coiffes sont une grande source d’inspiration dans mes dessins je crois au fait que les vêtements ethniques ne sont pas seulement un habit pour le corps mais se lisent, tel un livre qui, à travers les broderies, symboles, formes et couleurs, racontent l’histoire et les croyances d’un peuple.

              exposition Basel Galerie Cahn 2023
Dans ce travail artistique, je mélange les habits ethniques des différentes cultures et dessine des coiffes inspirées de véritables coiffes folkloriques, dans un dessin à la mise en scène à la fois théâtralisée et mystique. J’aime raconter des histoires, et l’art en tant que vecteur de narration me fascine.
Ce nouveau projet “Voyages à travers les Coiffes” s’inscrit donc dans la continuité de cette démarche d’exploration des symboles et de narration. Il s’agit d’un projet photographique mettant en scène les coiffes que je fabrique en m’inspirant des traditionnelles coiffes d’Asie.


Ces coiffes que je crée respectent l’authenticité des codes traditionnels, à laquelle j’ajoute une touche qui m’est personnelle. En portant des costumes ethniques, je me mets face à l’objectif et crée une scène théâtrale pour raconter l’origine mythique de la coiffe.


Chacune d’entre elles font l’objet d’une recherche ethnologique afin de révéler le sens derrière la forme ; ces coiffes sont toutes riches de symboles car elles couvrent la tête, considérée comme la partie la plus importante du corps et symbole d’intelligence. Ces objets donnent une valeur importante à la tête qui la porte.


Dans cette série de photographies, j’essaie de présenter ces nouvelles formes de coiffes ethniques et d’initier un voyage à travers l’habit, comme l’a fait Léon Bakst, grand artiste peintre, qui fut également costumier et décorateur pour les Ballets russes.

Saba Niknam 2020

 
Citation du Président de l’Académie d’Alsace des sciences, lettres et arts

extrait :
…. silhouette gracieuse dans le monde de l’art, discrète et élégante, Saba cultive une vertu bienfaisante : elle est très gaie !
Bernard Reumaux, Editeur

Son site

Vous pouvez la retrouver sur son site ici

Aux temps du sida. Œuvres, récits et entrelacs

Au Musée d'art Moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS
jusqu'au 04 FÉVRIER 2024
Commissariat général : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du patrimoine et responsable du MAMCS.
Conseillers scientifiques : Thibaud Croisy, auteur et metteur en scène et
Didier Roth-Bettoni, historien du cinéma.
Équipe de recherche : Anna Millers, Thierry Laps, Coralie Pissis, Alexandre Zebdi-Libot, Musées de la Ville de Strasbourg
Scénographie : Roll Office, Ian Ollivier et Lucie Rebeyrol
Graphisme : Studio Plastac
Conception éclairage : Studio 10-30, Léopold Mauger

Vidéo de présentation

Artistes exposés (liste non exhaustive):

Sophie Calle, Copi, Johan Creten, Marlene Dumas, General Idea, Nan Goldin, Felix Gonzales-Torres, Hervé Guibert, John Hanning, Derek Jarman, Michel Journiac, Zoe Leonard, Mehryl Ferri Levisse, Robyn Orlin, Bruno Pelassy, Jean-Michel Othoniel, Marion Scemama, Barthelemy Toguo, Jean-Luc Verna, David Wojnarowicz…

Le projet

L’exposition « Aux temps du sida » parle d’un temps encore non révolu où l’épidémie n’est pas surmontée en dépit d’importantes avancées médicales. Les quarante dernières années ont vu s’entremêler des moments de peur, de deuil, de courage, de solidarité, d’espoir, tous adossés à des formes de créations dont la force demeure inspirante pour notre époque. Exposition pluridisciplinaire,
« Aux temps du sida » présente quatre décennies de création où les arts plastiques, la littérature, la musique, le cinéma, la danse rencontrent la recherche scientifique, la culture populaire et l’action déterminante des associations.

                                        le Couloir du temps

Parcours

Le parcours de l’exposition s’organise en dix sections aux ambiances caractérisées où les oeuvres plastiques, littéraires, chorégraphiques, cinématographiques… se déploient et s’entrelacent pour former un récit qui sollicite non pas seulement le regard du visiteur.euse mais aussi sa sensibilité toute entière. Exposition sensorielle, Aux temps du sida mobilise en certains points de son parcours le corps du public en l’entraînant dans des dispositifs audio et audiovisuels immersifs ou en l’invitant à activer lui-même l’une des oeuvres.

Un signe des temps

https://reineblancheproductions.com/mathieu-lindon-michel-foucault-herve-guibert/En 1984, Group Material – collectif d’artistes auquel participeront notamment Felix González-Torres, Jenny Holzer ou Barbara Kruger – conçoit une  « aids timeline ». Cette ligne du temps qui raconte le sida dans tous ses aspects (politiques, médicaux, médiatiques, artistiques…) inclut des textes, des journaux, des objets, des oeuvres… Cette vaste frise déployait alors à la fois l’histoire du virus et celle des luttes qui l’entourent.
Le « Couloir du temps » qui ouvre l’exposition de Strasbourg s’inspire de cette démarche sans la reproduire. Il propose d’établir d’emblée que parler du sida impliquera un récit à plusieurs voix.


Partant d’où nous sommes, soit en 2023, le visiteur remonte le temps et rencontre des affiches pour la PrEP, une nuée de disques et de romans, des médicaments, des affiches de films, le portrait de Françoise Barré-Sinoussi (co-découvreuse du virus, Prix Nobel en 2008) par Hervé di Rosa, une photo de Michel Foucault par Hervé Guibert, une aquarelle de singe vert par Françoise
Pétrovitch
Culture populaire, informations médicales, discours militant forment tous ensemble un vaste entrelacs où résonne la chanson Sign ☮’ the Times (qui donne son titre à cette grande galerie) dans laquelle le chanteur Prince évoque, en 1987, « a big disease with a little name » (une grave maladie avec un nom court), le sida. Ce « sas » en amont de l’exposition inclut une production conçue spécialement pour ce projet : une vaste tapisserie réalisée par l’artiste Mehryl Ferri Levisse (né en 1985) qui vit et travaille dans le Grand Est. Pour l’exposition, il crée un papier peint qui propose au visiteur.euse un riche univers de références (la composition met en évidence des marges dont l’esthétique en noir et blanc rappelle le dance floor de certaines boîtes de nuit, les mains gantées peuvent être celles de soignants ou de divas, les fleurs
géométriques prennent la forme stylisée d’un virus,…) ou le plonge tout simplement dans la couleur, le motif et la sensation.

Antichambre

Après une densité visuellement très forte d’objets et d’oeuvres, se rencontre dans une petite salle aux contours arrondis un très petit nombre d’oeuvres. Trois artistes seulement sont ici présentés. De leurs oeuvres se détachent des corps, un visage et des mots.
Des corps fragmentés (ceux des photographies de Kiki Smith), un visage d’enfant radieux (celui de John Hanning), des mots en forme de provocation
(la devise franquiste détournée par Bruno Pélassy), tels sont les hôtes étranges qui habitent cette antichambre, monde miniature où le virus avance ici à pas feutrés et là à ciel ouvert.
Cette antichambre ouvre réellement l’exposition et en donne le ton : ce qui se passe est grave et nous concerne tous, nous les corps et les visages qui regardons ces « autres » qui sont nos semblables. Les corps photographiés par Kiki Smith (qui sont des détails de ses sculptures) ne sont ni hommes ni femmes, ni jeunes ni vieux, ni d’une origine identifiable, ils sont « tout le monde ». John Hanning tord le cou à l’inévitable charge dramatique qui entoure le mot sida en déclarant « I survived AIDS » sous la photographie de son visage d’enfant souriant tandis que Bruno Pélassy fait de l’attente de la mort un moment de défi aussi étincelant que les cristaux de Swarovski qui composent son rideau de perles « Viva la Muerte ».

« Je sors ce soir »

Cette section, qui emprunte son titre au roman éponyme de Guillaume Dustan, est dédiée à la nuit. Sortir, c’est s’exposer. La nuit (et ce qui va avec – la danse, la musique, les excès -) est propice à l’exposition des corps aux regards, aux rencontres, aux expériences, et, potentiellement, aux risques. Les visages/masques d’Ed Paschke et les photos de graffitis à caractère sexuel de Zoe Leonard incarnent cette nuit à double tranchant.
La section réunit deux types d’espaces : un premier dans lequel s’entrelacent textes et photographies : les mots de Dustan (« Queer = bizarre ; Queer = tout le monde » ou encore « Je danse donc je suis ») et les Suites nocturnes du photographe Luc Chery qui établissent ensemble un dialogue harmonieux.
Un second espace prend la forme d’une « box » accueillant alternativement un dance floor (dans lequel résonne une version de Tainted Love de Soft Cell) et une scène d’opéra où les danseurs de Bill T. Jones jouent Still/Here. Cette salle enveloppe complètement de sons et de lumières les visiteurs.euses qui oublient, peut-être, en ce point de l’exposition qu’ils.elles se trouvent en fait
dans un musée. Le personnage installé dans la Dance Box est-il réel ou est-ce un mannequin ?
Le trouble s’installe aussi dans la perception.

My Beautiful Closet

Adossée à la Dance Box, l’entrée de cette salle secrète s’active grâce à un mécanisme que l’on actionne soi-même. Réunissant quelques oeuvres à caractère sensible, ce Beautiful Closet conçu par Jean-Michel Othoniel réfère au « placard » dans lequel certain.e.s sont resté.e.s ou sont sorti.e.s, assumant leur sexualité, leur séropositivité, leurs colères aussi.
Entre l’autoportrait en drag de Robert Mapplethorpe et les préservatifs déroulés sur des cornes d’animaux chez Jean-Baptiste Carhaix, entre un spot d’Act up censuré en son temps et l’esthétique Benetton qui, via son magazine Colors spécial sida, afflige Ronald Reagan d’un sarcome de Kaposi, le Closet questionne la notion d’interdit, de tabou, de scandale qui diffère pour chacun : qu’est-ce qui nous dérange le plus dans la photographie de Wim Delvoye, le fait qu’il s’agisse d’un acte sexuel ou que cet acte soit saisi par les rayons X, révélant bien plus que l’anatomie des amants ?

 

Conclusion

Conçue comme un voyage chrono-thématique qui place le visiteur dans un maelström de sensations et de réflexions, l’exposition s’articule en sections qui mettent en évidence les entrelacs qui unissent les énergies mobilisées contre ce qui n’est pas une maladie mais bien un scandale (pour reprendre les mots d’Elisabeth Lebovici). Les œuvres se déploient dans l’espace de l’exposition aux côtés de montages audiovisuels de l’INA, d’objets et d’archives liés à la mémoire du sida. La scénographie, tantôt immersive, tantôt intimiste, propose aux visiteurs un parcours qui fait la part belle à la sensation et rend compte de la diversité des champs de création investis par ce projet qui mise sur la pulsion de vie qui innerve la création. L’exposition s’accompagne, en outre, d’une
« Permanence » qui propose aux visiteurs qui le souhaitent d’échanger avec des représentants du secteur de la santé et de la solidarité, des spécialistes de la prévention, des bénévoles issus d’associations diverses et ce, dans l’enceinte du musée qui fait ainsi valoir son rôle citoyen au sein de la cité.

Informations pratiques

La Permanence
Au sortir de l’exposition, se tient dans la nef du MAMCS un lieu dévolu à la rencontre, à la pause, à l’échange. Plusieurs acteurs et actrices du secteur médico-social ont été convié.es à diffuser de l’information sur le virus, le dépistage, les droits, l’accompagnement des malades et des familles… dans le musée-même.
Lieu d’information, de discussion, de ressources, la Permanence est animée par des associations aux représentations locales et/ou nationales et accueille les visiteurs et visiteuses individuel.le.s ou petits groupes autour d’une thématique (ex. la prévention, le traitement préexposition, vieillir avec le VIH…).

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le lundi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches
de 10h à 18h
Fermé le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 Novembre et le 25 décembre.
Accueil des groupes : plus d’informations sur le www.musees.strasbourg.eu/groupes-tarifsreservations
Tarif : 7,5 € (réduit : 3,5 €)
Gratuité les 1er, 2 et 3 décembre 2024 à l’occasion de la journée internationale de la Lutte contre le sida

Visite

SARKIS 7 Tage, 7 Nächte

L’exposition a été mise en scène par Sarkis, en étroite collaboration avec Çağla Ilk, Misal Adnan Yıldız et Defne Ayas.
Commissaires d'exposition: Defne Ayas, Çağla Ilk, Misal Adnan Yıldız
Commissaire adjoint d'exposition: Sandeep Sodhi
A la Staatliche Kunsthalle de Baden Baden, jusqu'au 4 février 2024

La Staatliche Kunsthalle de Baden-Baden consacre une vaste exposition individuelle à SARKIS, artiste conceptuel de renommée internationale, né à Istanbul en 1938, qui vit et travaille à Paris. Ses oeuvres à la dimension profondément sociale appellent à la fusion des pratiques et des cultures. Cette exposition est le résultat d’une année d’échanges avec l’artiste sur les thèmes de l’histoire et du traumatisme dans l’art, mais aussi des institutions comme espace de réflexion, de participation et de communauté.

Le titre de l’exposition

7 Tage, 7 Nächte, dérive d’une installation intitulée 7 nuits (2016–2019), que SARKIS considère comme l’une de ses oeuvres les plus importantes jusqu’à ce jour. Il s’agit d’un ensemble de sept compositions et d’un sac de couchage, disposé au sol devant La grande vitrine (1982–2021) au milieu de l’atelier parisien de l’artiste. 7 nuits est présentée pour la première fois dans un contexte institutionnel.

L’oeuvre définit un espace intime d’autoréflexion et de méditation, tout en mettant en scène les aspects contextuels et la signification d’une vie d’artiste faite de résilience et de résistance. C’est une représentation saisissante de la position de l’artiste aujourd’hui et des capacités transformatrices de la politique et de la poésie de l’art.

L’Atelier d’aquarelle dans l’eau

L’Atelier d’aquarelle dans l’eau (2005–2006) est une oeuvre d’art participative qui transforme la salle principale de la Kunsthalle en un espace public ouvert et une scène de création. Ici, tout le monde de 7 à 77 ans est invité à participer à une activité commune, qui se présente comme un rituel éphémère composé d’eau et d’aquarelle. Élément essentiel de la ville de Baden-Baden, avec sa rivière Oos et ses thermes, l’eau est le fil conducteur fluide qui permet de travailler ensemble, de partager et de créer des rencontres personnelles et des souvenirs. À travers l’eau, SARKIS met en avant les qualités fondamentales de l’attention et de la patience pour apprendre ensemble, au moyen de l’art, à guérir les traumatismes collectifs comme personnels.

Cette forme d’activation réciproque de l’oeuvre et de son environnement s’étend également à des oeuvres existantes empruntées à des collections
publiques renommées, parmi lesquelles la série de vêtements d’enfants taillés sur mesure, Défilé du siècle en fluo (1995). Grâce à une chorégraphie conceptuelle pertinente, cette oeuvre évoque la mémoire de personnes de différentes parties du monde, la manière dont elles ont vêtu leur corps à différentes époques et la façon dont nous imaginons un avenir pour notre existence. Dans une ville comme Baden-Baden, dont la part de population âgée est élevée, ce geste est comme un retour à l’enfance, symbolisée par des couleurs néon et des formes à l’abstraction futuriste qui irradient d’intensité.

Les trésors de guerre

C’est son séjour en Allemagne qui a poussé l’artiste à s’intéresser de près à la logique opprimante et restrictive suivie par l’art occidental et à créer le concept de « trésor de guerre ».

Le fait que SARKIS revienne avec cette exposition dans la région trinationale située sur les territoires allemands, français et suisses, n’est donc pas un hasard. Près de Baden-Baden, du temps où il était professeur à l’école des beaux-arts de Strasbourg et en échanges intenses avec des artistes tels que Joseph Beuys, Marcel Broothaers et des historiens de l’art comme Pontus Hultén, il a systématisé sa recherche d’objets non occidentaux dans le but de les mettre en contexte comme des « objets trouvés » – disposés et assemblés par l’artiste sans perdre pour autant leur singularité.

SARKIS ayant la conviction profonde que les objets ont une existence propre – avec, pour chacun, une histoire singulière de douleur et de souffrance –, il s’est rapproché de la notion de « trésor de souffrance de l’humanité », forgée par l’historien de l’art allemand Aby Warburg. SARKIS interprète ainsi l’histoire humaine à la fois comme un trésor et un fardeau collectif, qu’il relie à ses propres souvenirs et au parcours de sa vie.

« Nous considérons que notre rôle à la Kunsthalle Baden-Baden est la médiation continue sous la forme d’une plateforme ouverte », expliquent les commissaires d’exposition Çağla Ilk et Misal Adnan Yıldız. « L’histoire n’est jamais un processus achevé. En tant que telle, elle est notre matériau de travail et le socle de notre réalité. Nous tirons des leçons de la pratique artistique de SARKIS, à la fois sur l’existence humaine et les questionnements ontologiques. L’actualité de cette exposition ne se rattache pas seulement à une nouvelle urgence de la production artistique face aux guerres qui sévissent actuellement dans notre monde, mais réaffirme également le rôle des pratiques de commémoration dans le contexte des développements géopolitiques contemporains. En Allemagne en particulier, mais aussi dans un cadre discursif mondial, nous encourageons la réflexion approfondie sur les traumatismes générationnels – psychologiques et sociaux – des victimes de la guerre, de la violence d’État et du génocide, y compris du peuple arménien…La mise en exergue de ce thème est un pas important vers la reconnaissance, l’empathie et le souvenir. L’art ne peut pas, à lui seul, résoudre nos problèmes capitaux – la crise climatique, l’effondrement écologique, la gentrification militariste, les politiques belligérantes, entre autres – mais il change notre perspective sur la manière d’y réagir ».

expliquent les commissaires d’exposition Çağla Ilk et Misal Adnan Yıldız

Defne Ayas

Defne apporte sa contribution avec une autre réflexion: « Les expériences traumatiques, qu’elles soient personnelles ou collectives, se prêtent toujours à l’instrumentalisation, notamment par le monde politique. Mais entre les mains de SARKIS et à travers ses visions, cette fragilité humaine se déplace au-delà des mécanismes de ressassement traumato-cathartiques et devient une forme de recherche cabalistique. Je suis fière que nous puissions présenter ce montage cinématographique à la Kunsthalle de Baden-Baden, qui puise dans son engagement de près d’un demi-siècle pour explorer la notion de ‘trésor de guerre’ ».

Suivant ce modus operandi d’oeuvres d’art qui évoluent avec le monde, la Kunsthalle organisera pendant sept jours et sept nuits des évocations, des repas et des lectures qui réinterpréteront les compositions en constante évolution de SARKIS.

Informations pratiques

L’exposition se clôturera par un symposium intitulé « Les Anonymes / The Anonymous / Die Anonymen » (02-04 février 2024) ; le cadre de cette première invitation emprunte son nom au titre original d’un travail de SARKIS.
Cette plateforme temporaire s’appropriera l’espace d’exposition comme cadre d’apprentissage, pour transformer sa synergie en un lieu partagé par des artistes, des commissaires d’exposition et d’autres, issus de zones en état d’urgence et sous pression, qui ressentent le besoin de changer la façon dont nous vivons et travaillons.
Les ateliers d’aquarelle ont lieu les jeudis et vendredis entre 10h30 et 13h30, de même que les samedis et dimanches entre 12h et 15h.
(Inscription obligatoire sur info@kunsthalle-baden-baden.de)
Les Lunchs du vendredi vous proposent une courte présentation d’une oeuvre d’art de l’exposition, choisie et présentée par l’une ou l’un des membres de la Kunsthalle, avec possibilité de déjeuner ensemble au café de la Kunsthalle.
Tous les vendredis à 13h. (Pas d’inscription requise)
Les Visites du dimanche sont guidées par une ou un spécialiste et suivies d’une discussion permettant de découvrir la perspective des commissaires sur l’exposition en cours. Tous les dimanches à 14h. (Pas d’inscription requise)

Nicolas Party, when tomorrov comes

Nicolas Party, Forêt Rouge, 2023. Pastels tendres sur mur, 1063 x 628 cm, Musée Frieder Burda © Nicolas Party ; Photo : Nikolaï Kazakov

Au musée Frieder Burda à Baden Baden, Allemagne jusqu'au 18 février 2024
Commissaire : Udo Kittelmann, 

Nicolas Party est en terrain familier avec les motifs des maîtres anciens. Son art est en même temps totalement ancré dans le présent. Le peintre suisse (né en 1980) célèbre la beauté de la nature dans ses paysages. Mais l’enfer, sous la forme d’un incendie de forêt déchaîné, fait également partie de l’oeuvre de Party, qui compte parmi les innovateurs de la peinture les plus remarqués au niveau international. Le musée Frieder Burda de Baden-Baden accueille
désormais la première présentation muséale allemande.
« When Tomorrow Comes » associe une rétrospective de l’histoire de l’art et une redéfinition visionnaire de ce que la peinture est capable d’accomplir au 21e siècle.

                                       Nicolas Party, photo: Juliana Sohn

L’artiste a dit un jour :
« Il est intéressant pour moi de réfléchir à l’Apocalypse et à l’histoire de l’art, à Sodome et Gomorrhe et à d’autres tableaux historiques représentant des incendies qui ont mis fin au monde. Nous pensons à présent, et nous le ressentons également, être à la fin de notre parcours en tant qu’êtres humains, car le réchauffement climatique nous conduit à une crise écologique, mais ce sentiment est une constante, depuis l’arche de Noé jusqu’aux bombardements atomiques de la Seconde Guerre mondiale, en passant par les différents récits apocalyptiques de la Bible. »

Ses oeuvres

Des pastels murals de grand format sont complétés par des peintures à fond de cuivre, des autels et des sanctuaires sur des piédestaux. Party transforme ainsi l’ensemble des pièces du bâtiment Richard Meier en un cosmos pictural planifié de manière conceptuelle : interagissant entre mur, peinture et objet, paysages, portraits et natures mortes, son oeuvre définit un parcours énigmatique à travers l’architecture et esquisse la vision d’un avenir de l’homme sur terre, entre images utopiques et dystopiques, à la fois apaisantes et inquiétantes. Ce sont des images qui montrent un monde tel qu’il était avant l’existence des hommes – et peut-être aussi après, lorsque le bref interlude de leur existence sera terminé.

Nicolas Party, Montagnes, 2023. Pastel tendre sur mur, 302,5 x 1713,4 cm, Musée Frieder Burda ; © Nicolas Parti ;

Des paysages vallonnés se perdent dans la profondeur de l’image et entraînent le regard dans l’immensité du paysage. Ses couleurs rappellent les paysages numériques méditatifs ou les pochettes de disques psychédéliques. La peinture de la Renaissance ou l’Art nouveau ont peut-être ici servi de modèle.

« Je regarde d’autres images quand je crée les miennes. Des images issues de la
longue histoire culturelle de l’homme. C’est mon obsession quotidienne. »

Ainsi Party lui-même parle t-il du processus organique de sa production artistique, qui reflète toujours l’histoire de l’art et le riche pool d’images qu’elle tient à disposition.
Le répertoire thématique de l’artiste, qui vit à New York, est également très varié : Les panoramas de paysages, qui rappellent des peintres comme Giovanni Segantini ou Ferdinand Hodler, en font partie, tout comme les portraits et les natures mortes. Des montagnes monolithiques et des cascades, des fleurs et des arbres, des fruits et des récipients archaïques, des chats et des dinosaures peuplent les images illusionnistes. Son univers singulier, de plus en plus sombre, est mystérieux et nécessite un regard intense. Les dinosaures représentent justement un monde dans lequel l’homme n’a pas encore fait son apparition – ou a même déjà disparu. Party déclare lui-même au sujet de l’expérience spécifique du temps dans ses images :


« L’échelle de temps de l’univers est bien plus grande que nous. Dans mes images, il est souvent difficile de savoir si elles se déroulent avant ou après l’existence de l’homme. En effet, le désastre que représente l’homme pour le monde est toujours présent. Mais une chose est sûre : le monde continuera d’exister sans nous. En même temps, l’imaginaire puissant dont mes images sont porteuses est aussi une invitation à tout fuir. »

Nicolas Party a testé différentes techniques et y a trouvé de nouvelles formes d’expression. Très tôt, il s’est intéressé à l’animation par ordinateur, il est techniquement très au fait des conditions de production d’images contemporaines, de la disponibilité infinie des images. Cela se voit dans ses
oeuvres : les corps se développent à partir des volumes géométriques, leurs surfaces restent homogènes et ont perdu leur attrait tactile individuel au profit d’une harmonie hautement esthétique de couleurs et de formes. Ils sont imaginés, visualisés, voire synthétisés dans l’espace virtuel – puis transposés dans une peinture virtuose. Ils évoluent de manière ambivalente entre l’effet de surface et l’effet spatial.

Il en résulte un rapport spécifique à la réalité, comme le formule l’artiste lui-même : « Quand on crée des images en 3D, on a un autre lien avec la réalité. Cette réalité est une sorte d’abstraction dont on est conscient dès le départ qu’elle est générée par des chiffres et des codes. Certes, il existe un lien avec ce que nous appelons le monde réel, qui comprend des plantes et des objets que l’on peut sentir et toucher. L’ordinateur ne dispose toutefois pas de tous ces sens. C’est un outil qui ne vise que l’oeil. » Et de poursuivre : « Il s’agit donc moins de la réalité que de l’idée que nous nous en faisons – de ce qu’est une montagne, de ce que pourrait être un fruit ou un visage« .

Les supports

Le support central de son art sont les murs, les limites de l’espace qu’il dépasse en peinture. Dans un ductus précis, sa peinture murale transforme la situation d’exposition en une oeuvre d’art totale, installative et temporaire. À proximité immédiate, devant et parfois sur cet espace, Party présente ses tableaux à plusieurs ailes, en cuivre et à charnières, semblables à des autels de voyage, et des sanctuaires, parfois accrochés au mur, parfois placés sur des socles devant. Ils plongent l’ensemble de la pièce dans une atmosphère sacrée, d’où émane un son mystérieux subliminal

Dans son exposition de Baden-Baden, Party développe sa peinture de manière conséquente et passe à l’étape suivante : les arbres se dressent dans l’espace comme des êtres vivants isolés, en même temps menacés par le rouge qui apparaît comme du feu. Les espaces naturels idylliques et romantiques ont désormais disparu, l’anthropocène s’est installé et fait des victimes dans le présent et dans l’avenir. Un avenir où le sort de la nature et de l’homme n’est pas encore décidé. Devant les surfaces blanches et les formes géométriques claires du bâtiment du musée de Richard Meier, sa peinture se détache d’autant plus efficacement et permet aux visiteurs de l’exposition de vivre une
expérience spatiale aux couleurs intenses, à l’atmosphère dense et hautement esthétique.

Des peintures murales représentent une chute d’eau coulant en cascade, une forêt embrasée, des formations nuageuses aériennes et des panoramas de montagne ou même un paysage de ruines. Elles contrastent avec des portraits de femmes avec des fleurs, minutieusement peints et d’apparence énigmatique, des natures mortes avec des fruits ou des légumes non identifiables et des images miniatures de dinosaures, pour exprimer la fascination récente de l’artiste pour les créatures préhistoriques.

L’artiste, né en 1980, est connu pour concevoir ses expositions comme des mises en scène globales, quasi immersives, dans lesquelles il étend la palette de ses peintures, qui reprennent des citations de l’histoire de l’art et du style, sur les murs blancs des salles d’exposition. L’aspiration des murs trop blancs à être touchés avec sensualité par des œuvres d’art se révèle de manière impressionnante.
Il est représenté dans de nombreuses collections prestigieuses et a fait l’objet d’importantes expositions individuelles dans des musées aux États-Unis, en Europe et en Asie.

Information pratiques

Museum Frieder Burda
· Lichtentaler Allee 8 b · 76530 Baden-Baden
Phone: +49 (0)7221 39898-0 www.museum-frieder-burda.de

Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche de 10h à 18h
Ouvert tous les jours fériés (fermé les 24 et 31 décembre)

• Liaison directe en bus depuis la gare de Baden-Baden avec les lignes 201, 216 et 243 jusqu’à l’arrêt Augustaplatz.

• Depuis l’Augustaplatz, vous traversez la place jusqu’au parc, traversez la rivière Oos et arrivez directement au musée.