Fabienne Verdier– Le chant des étoiles

« Fabienne Verdier est parvenue
à sublimer le passage à l’au-delà. »

Frédérique Goerig-Hergott

Une exposition conçue spécifiquement pour le Musée Unterlinden
Visible jusqu’au 27.03.23.
Commissaire : Frédérique Goerig-Hergott, Conservatrice en chef,
Directrice des Musées de la Ville de Dijon

L’œuvre de Fabienne Verdier est exposée en dialogue avec les tableaux du Musée Unterlinden. À travers ses créations, l’artiste peintre compare notre fin de vie à celle des étoiles, et place son parcours sous le double signe de la mort et de la transfiguration.

À l’invitation de Frédérique Goerig-Hergott, alors qu’elle était encore conservatrice au musée de Colmar, Fabienne Verdier s’est immiscée dans les salles permanentes et dans la vaste nef dévolue aux expositions temporaires du musée Unterlinden. Elle répond ici avec retenue au  Retable d’Issenheim de Matthias Grünewald et aux œuvres de Henner, Poliakoff ou encore Dubuffet.
Sa spectaculaire installation Rainbows conclut magistralement un parcours que l’on pourrait placer sous le thème du « Mort et Transfiguration » de Strauss.
Guy Boyer CDA

Dialogue avec les œuvres

Le parcours est pensé comme un cheminement qui débute dans les collections permanentes, où les tableaux de Fabienne Verdier côtoient des oeuvres d’art ancien et d’art moderne du musée.
Parmi les oeuvres présentées dans le cloître, trois toiles de 2011 permettent d’explorer le dessein de l’artiste : capter les énergies du vivant à travers
la recherche d’une écriture minimale en peinture.

Petit Sang du Christ, 2011
D’après le Christ Douleur de Simon Marmion (vers 1480) Collection particulière

La Petite Maison

Signature architecturale et repère visuel pour les visiteurs à l’extérieur sur
la place du Musée Unterlinden, la Petite Maison est un espace
d’exposition au sein de la galerie. La présentation d’oeuvres de l’artiste dans cet espace emblématique a été pensé comme un point d’orgue accueillant un
ensemble de 6 polyptiques nommés Énergies blanches, datant de 2018. Ces oeuvres contiennent les prémisses des dernières toiles réalisées en 2022, où l’artiste peint des flux « d’énergies blanches » sur la toile.

La Galerie

La visite continue dans la partie principale de la galerie souterraine du Musée Unterlinden qui relie le bâtiment ancien et l’extension contemporaine.
Ici est notamment exposé un ensemble de planches de carnets réalisé entre 2019 et 2022 qui introduit le projet de l’installation des Rainbows.

 Serge Poliakoff 1965/1967                  Fabienne Verdier Ceinture de St Luc 2012

Ackerhof – Niveau 1
Agnès Thurnauer, 1962 portrait grandeur nature
« Rainbows » Ackerhof – Niveau 2

Dans l’Ackerhof, l’imposante salle d’exposition temporaire des architectes Herzog & de Meuron, l’artiste et la commissaire ont imaginé une grande installation intitulée « Rainbows » avec la volonté de transformer
l’espace en un lieu de contemplation et de silence.
Fabienne Verdier a créé, pendant plus de deux ans, un ensemble monumental de soixante-seize tableaux en lien avec les oeuvres du musée et plus particulièrement avec le panneau de la Résurrection de Grünewald.
L’artiste a été particulièrement marquée par la représentation
transfigurée et jaillissante du Christ auréolé de lumière, irradiant en
expansion dans l’obscurité de la nuit étoilée.

« L’ensemble de l’installation se présente comme une oeuvre d’art total permettant
au public une expérience immersive. »

Fabienne Verdier
Fabienne Verdier dans son atelier en préparation pour l’exposition au Musée de Colmar. Photographie par Laura Stevens, mars 2021

La collaboration de Fabienne Verdier avec la lexicologue Bérangère Baucher a permis de constater que sur les cinq continents et dans presque toutes
les cultures, les parents font parfois le choix de donner à leurs enfants un prénom qui « chante » le rapport humain avec le cosmos. Un groupe de linguistes international, réuni à l’occasion de ce projet, a répertorié
et collecté ces prénoms « tournés vers le ciel ».
Au dos de chaque tableau est inscrit le prénom choisi par l’artiste, dans sa langue originale, dans sa transcription, ainsi que dans sa traduction.
Un cartel permet aux visiteurs d’identifier « les individus » qui composent cette constellation d’étoiles qui résonne sous la voûte de la salle.
Au fond de la nef contemporaine, le visiteur est confronté à une immense peinture, Vortex, qui représente l’aboutissement et la synthèse de la répercussion ondulatoire des tableaux de lumière qui figurent sur les murs latéraux.
Entre l’obscurité et la lumière, le flux d’énergie blanche en expansion contraste sur le fond bleu nuit de la toile. L’oeuvre évoque, comme chez Grünewald,
le rapport entre le ciel et la terre, le mouvement ascensionnel et la dissolution de la matière.

Poscast, Fabienne Verdier dans l’heure bleue de Laure Adler

Catalogue

Le catalogue de l’exposition s’intéresse à l’approche particulière de Fabienne
Verdier dans le cadre de son projet à Colmar initié en janvier 2019. Les contributions des différents auteurs viennent éclairer
le propos de l’exposition et la démarche spécifique du travail de l’artiste.
La publication est illustrée par l’ensemble des oeuvres
de Fabienne Verdier exposées au Musée Unterlinden et par les photographies de Laura Stevens dans l’atelier de l’artiste (2021-2022).
Auteurs : Bérengère Baucher,Jean Frémon, Frédérique Goerig-Hergott,
Florian Steininger, Trinh Xuan Thuan
Préface : Thierry Cahn

Informations pratiques

Adresse
Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 50
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com
Horaires d’ouverture
Tous les jours sauf le mardi 9–18 h

Doris Salcedo : Palimpsest

Parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte

Jusqu’au 17 septembre 2023 à la Fondation Beyeler
À partir de l’automne, la Fondation Beyeler présente la vaste installation Palimpsest de l’artiste colombienne de renom international Doris Salcedo.

Née en 1958 à Bogota, Salcedo explore à travers des objets, des sculptures et
des interventions in situ à grande échelle les répercussions de la violence et
de l’exclusion dans sa Colombie natale et dans d’autres régions du monde.
Dans Palimpsest, Salcedo se penche sur le sort des réfugié·e·s et migrant·e·s mort·e·s noyé·e·s ces vingt dernières années lors de la dangereuse traversée
de la Méditerranée ou dans l’Atlantique en quête d’une vie meilleure en Europe.
Palimpsest est présenté à la Fondation Beyeler jusqu’en septembre 2023 ;
en été 2023, le musée consacrera une importante exposition individuelle à
Doris Salcedo.

L’oeuvre

Se fondant sur des recherches de plusieurs années, Salcedo explore sans relâche des situations de conflit dans lesquelles la violence et ses victimes sont omniprésentes, concentrant son attention sur le cycle sans cesse répété de violences, d’indignation, de commémoration et d’oubli. Ses oeuvres sont souvent empreintes d’une angoissante étrangeté, faisant puissamment apparaître l’absence de personnes disparues, migrantes, assassinées ou oubliées. Aussi poétiques que fragiles, les oeuvres de Salcedo invoquent le souvenir de celles et de ceux que la mort risque de vouer à l’oubli et rendent hommage au deuil et à la douleur des vivant·e·s.

Sources

Entre 2013 et 2017, plus de 15’600 migrant·e·s venant d’Afrique du Nord, du Proche-Orient, d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie ont perdu la vie au large des côtes de la Grèce, de l’Italie et de l’Espagne.
Pendant presque cinq années, l’artiste a suivi la couverture médiatique internationale et parlé avec des survivant·e·s et des proches des victimes. Ces histoires et ces destins bouleversants ainsi que les conséquences profondes de chaque décès pour les familles et les proches l’ont incitée à consigner les
noms de plus de 300 réfugié·e·s et migrant·e·s disparu·e·s en mer dans un travail qui donne expression à cette tragédie abstraite.

Origine du titre
Le titre du projet d’exposition est dérivé du grec ancien « palimpseste », qui désigne des pages de manuscrit réutilisées – effacées à plusieurs reprises pour pouvoir y écrire de nouveau –, pratique courante
au fil de l’Antiquité et du Moyen Âge. Les traces des inscriptions initiales demeuraient parfois visibles sous les nouvelles inscriptions, rendant possible la reconstitution de certains textes anciens. Palimpsest de Doris Salcedo est une installation immersive de dalles de sol poreuses de couleur sable. L’oeuvre est constituée de deux cycles de noms superposés : les noms de personnes décédées lors de mouvements migratoires avant 2010 sont inscrits en sable fin de coloris contrasté incrusté dans les dalles de pierre ; les noms de personnes décédées entre 2011 et 2016 apparaissent en superposition sous forme de gouttes d’eau qui s’agrègent pour former des lettres avant de s’écouler, dans un cycle incessant d’inscription et d’effacement.
Palimpsest est installé dans la plus grande salle de la Fondation Beyeler :
66 dalles de pierre sont disposées sur environ 400 mètres carrés, donnant à lire 171 des 300 noms que compte l’oeuvre au total.
L’oeuvre examine l’incapacité à vivre le deuil de manière collective et interroge l’expérience du souvenir et de la mémoire dans des sociétés habituées à oublier, dans lesquelles chaque nouvelle tragédie efface des consciences celle qui précède. L’installation reflète le processus constant par lequel Salcedo sonde le rapport entre la souffrance personnelle et l’espace public. Palimpsest est ainsi conçu également comme un lieu de rencontre et de deuil. Les modes de représentation de l’artiste éveillent des sentiments universels
tels l’empathie, le chagrin et un sens de perte – une expérience aussi intemporelle que transculturelle. Le sentiment de responsabilité qu’attisent les dérives et les abus politiques actuels tourmente Salcedo et apparaît dans ses oeuvres comme un véritable impératif, leur conférant un caractère mémorial. Ses travaux ont souvent pour toile de fond des événements concrets mais ils offrent un espace aux interprétations personnelles et accèdent à une validité et à un impact universel.

Les expositions
Doris Salcedo est une figure majeure de la création contemporaine.  Née en Colombie, où elle vit et travaille encore aujourd’hui. Elle a étudié la peinture et l’histoire de l’art à l’Université de Bogota, puis au début des années 1980 la sculpture à l’Université de New York (NYU). En 1985, elle retourne en Colombie. Elle sillonne alors le pays à la rencontre de rescapé·e·s et de proches de victimes d’actes de violence et de brutalité. La sensibilisation provoquée en elle par ces échanges par rapport aux thèmes de la guerre, de l’aliénation, du manque de repères et du déracinement forme depuis la base de son travail.

                              Doris Salcedo-shibboleth, photo Lunettes Rouges
Salcedo a fait parler d’elle avec des installations à grande échelle telles Untitled, 2003, Shibboleth , 2007, ou Plegaria Muda, 2008–2010. Untitled, 2003, réalisé pour la 8ème  Biennale internationale d’Istanbul, se compose d’environ 1550 chaises en bois empilées entre deux bâtiments pour rendre compte des aspects
de migration et de déplacement dans l’histoire d’Istanbul. Pour Shibboleth, 2007, à la Tate Modern à Londres, elle conçoit une longue faille crevassée parcourant le sol de la Turbine Hall, inscrivant ainsi dans l’espace de manière sensorielle les expériences de délimitation, d’exclusion et de séparation.
Avec ses tables empilées, semblables à des cercueils à travers les fonds desquels poussent de délicats brins d’herbe, Plegaria Muda, 2008–2010, évoque un cimetière récemment aménagé et commémore symboliquement les milliers de civils disparus et probablement assassinés en Colombie ces dernières
années.                                                                     Photo Arte
En 2015, le Museum of Contemporary Art Chicago présente une première rétrospective de l’artiste. Le musée de Glenstone dans le Maryland lui,  installation saisissante est aujourd’hui donnée à voir pour la première fois dans l’espace germanophone en parallèle à la grande exposition d’oeuvres de la collection organisée à l’occasion des 25 ans de la Fondation Beyeler.
En 2023, la Fondation Beyeler consacrera à Doris Salcedo une grande exposition d’oeuvres majeures de l’ensemble de sa carrière.
Palimpsest est réalisé en étroite collaboration avec l’artiste Doris Salcedo, son atelier et White Cube, Londres. La direction du projet est assurée par Fiona Hesse, Associate Curator à la Fondation Beyeler.

Informations

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler 
tous les jours 10h00 – 18h00, le mercredi jusqu’à 20h00, du 16 septembre au 16 décembre 2022 le vendredi jusqu’à 22h00.
Accès :
depuis la gare SBB
tram n° 2, descendre à MessePlatz, puis tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler

FÜSSLI,
ENTRE RÊVE ET FANTASTIQUE

Le cauchemar, 1810 collection particulière

Jusqu’au 23 janvier 2023 au Musée Jacquemart Andre

 

Commissaires :
Christopher Baker, Directeur des départements d’art européen et écossais et des portraits aux National Galleries d’Écosse
Andreas Beyer, titulaire de la chaire d’Histoire de l’art des débuts de la
période moderne à l’Université de Bâle.
Pierre Curie, Conservateur général du patrimoine.
Scénographie
Hubert le Gall, designer français, créateur et sculpteur d’art contemporain.

Jubilation. C’est indéniablement la sensation qui envahit le visiteur au sortir de l’exposition « Füssli, entre rêve et fantastique »
Le Musée Jacquemart-André présente, à l’automne 2022, l’oeuvre du peintre britannique d’origine suisse, Johann Heinrich Füssli (1741-1825). À travers une soixantaine d’oeuvres issues de collections publiques et privées.
Le parcours illustre les thèmes les plus emblématiques de l’oeuvre de Füssli, artiste de l’imaginaire et du sublime. Des sujets shakespeariens aux représentations du rêve, du cauchemar et des apparitions, en passant par les illustrations mythologiques et bibliques, Füssli développe une nouvelle esthétique qui oscille entre rêve et fantastique.

PARCOURS DE L’EXPOSITION

INTRODUCTION

Peintre de l’étrange, Johann Heinrich Füssli, d’origine suisse mais londonien d’adoption, laisse derrière lui une oeuvre saisissante conjuguant le sublime, le mystère et le fantastique.
Initialement destiné à être pasteur, Füssli rêve pourtant d’une carrière littéraire ou artistique. Encouragé par Joshua Reynolds, président de la Royal Academy, il décide rapidement de s’orienter vers le dessin et la peinture. Füssli puise son inspiration dans des sources littéraires variées, qu’il interprète avec sa propre imagination. Personnalité complexe et fascinante, il se forme en autodidacte et développe une esthétique très atypique pour l’époque.
Bien qu’il ait été élu académicien, puis professeur de peinture de la Royal Academy, Füssli s’éloigne des règles académiques et introduit dans son oeuvre un imaginaire onirique très personnel.

Peuplée de créatures hybrides, de personnages terrifiants et mystérieux, sa peinture, qui marque une rupture entre le classicisme et le romantisme, est aussi spectaculaire qu’inquiétante.
Füssli crée des tableaux en clair-obscur avec un goût prononcé pour le drame. Amateur de théâtre, il s’inspire des jeux d’acteur et des mises en scène de l’époque, et réussit à donner à son oeuvre une dimension dramatique et une intensité émotionnelle inégalées.

Portrait de Füssli par James Northcote

Les portraits de lui peints par ses contemporains font apparaître une personnalité contrastée et énergique. Son Autoportrait, au regard profond et pénétrant, révèle aussi bien le génie créateur que l’inventivité du personnage. Artiste érudit et éclectique, il cherche aussi à intégrer à sa peinture l’idée du sublime, tel que développé par le philosophe Edmund Burke
(1729-1797), pour qui terreur et horreur peuvent être aussi sources de délices. Tantôt décriée, tantôt admirée, l’oeuvre de Füssli dit aussi bien sa folie que son génie et exercera une influence décisive sur toute une génération d’artistes.

FASCINATION ET APPROPRIATION DES TRAGÉDIES SHAKESPEARIENNES

Füssli s’intéresse dès son plus jeune âge à la dramaturgie anglaise, et en particulier à certains auteurs comme Shakespeare et Marlowe. Dès son arrivée à Londres en 1764, il fréquente assidûment les théâtres, non seulement pour perfectionner sa diction anglaise, mais aussi par intérêt pour l’expression des passions. Les nouveaux effets de la scène théâtrale britannique de l’époque l’inspirent, tant par les jeux de lumière, les costumes que par les mises en scène elles-mêmes. À cette époque, Shakespeare, dont les oeuvres ne sont pas censurées par le Licensing Act de 1737, est très régulièrement joué sur la scène londonienne. Füssli, qui sera considéré comme l’interprète de Shakespeare en peinture, emprunte au dramaturge la puissance expressive de ses textes pour construire des images à la forte Romeo et Juliette 1809 CP
singularité et en faire un genre théâtral en soi.

MACBETH

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Macbeth devient l’une des pièces de Shakespeare les plus populaires et les plus représentées en Angleterre. Füssli, qui s’était familiarisé très tôt avec les textes du dramaturge, avait même entrepris une traduction de Macbeth en allemand
lorsqu’il vivait encore en Suisse, mais celle-ci ne fut cependant jamais publiée. Cette pièce illustre la fulgurante ascension d’un régicide : après que trois sorcières prédisent à Macbeth qu’il deviendra roi d’Écosse, celui-ci, encouragé par son épouse Lady Macbeth, élabore un plan diabolique pour s’emparer du trône. Leur sentiment de culpabilité et
Füssli
les 3 sorcières
la paranoïa plongeront alors les deux protagonistes dans la folie.
Füssli s’intéresse à différentes scènes de la pièce. Travaillant de manière sérielle, il exécute plusieurs représentations de ses thèmes, comme pour Lady Macbeth saisissant les poignards, dont il réalise différentes compositions à quelques décennies d’intervalle.

RÊVES, VISIONS ET APPARITIONS

Les domaines de la superstition, du rêve et du surnaturel exercent un profond attrait sur Füssli. À une époque où les Hommes cherchent à expliquer toute expérience et tout phénomène, le monde du sommeil et des rêves fascine par son insondable complexité. L’exploration de l’inconscient par Füssli a suscité l’engouement des surréalistes au début du XXe siècle pour son oeuvre.
Le rêve chez Füssli provoque l’apparition d’êtres surnaturels et féériques, comme dans Le rêve de la reine Catherine, où il est synonyme de bonheur et de béatitude. Les fairies, bientôt à la mode, plaisent au public de Füssli qui a été l’un des premiers à les évoquer. On retrouve ici l’inspiration des récits shakespeariens avec notamment la présence des fées
dans Le songe d’une nuit d’été. Dans Le songe du berger, l’oeuvre la plus importante de la Milton Gallery, Füssli dépeint une
ronde de personnages surnaturels.

INFORMATIONS PRATIQUES

Podcast de France Culture


ADRESSE
Musée Jacquemart-André, Propriété de l’Institut de France
158, boulevard Haussmann – 75008 Paris
Téléphone : + 33 (0) 1 45 62 11 59
www.musee-jacquemart-andre.com
ACCÈS
Le musée se situe à 400m de la place Charles de Gaulle-Étoile.
Métro : lignes 9 et 13 (Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule).
RER : RER A (Charles de Gaulle-Étoile).
Bus : 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93.
Parc de stationnement : Haussmann-Berri, au pied du musée, ouvert 24h/24.
HORAIRES
Ouvert tous les jours de 10h à 18h.
Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 en période d’exposition.

Sommaire de septembre 2022

Paris vue depuis le centre Pompidou

29 septembre 2022 : Miroir Du Monde, Chefs-D’oeuvre Du Cabinet D’art De Dresde
27 septembre 2022 : Venise Révélée
13 septembre 2022 : Territories Of Waste – Le Retour Du Rejeté
11 septembre 2022 :  ANAÏS BOUDOT – Reliques Des Jours
08 septembre 2022 : Boldini Les Plaisirs Et Les Jours

Miroir du Monde, chefs-d’oeuvre du Cabinet d’art de Dresde

Bustes d’une Asiatique et d’un Asiatique
manufacture de porcelaine de Meissen, modèle de Johann Joachim Kaendler, 1732, façonnage vers 1921-1922
porcelaine, non peinte Porzellansammlung, SKD

Au Musée du Luxembourg du
14 septembre 2022 – 15 janvier 2023
exposition organisée par la Réunion des musées
nationaux – Grand Palais en collaboration avec les
Staatliche Kunstsammlungen Dresden

commissariat : Claudia Brink, conseiller scientifique aux Staatliche Kunstsammlungen Dresden
scénographie : Atelier Maciej Fiszer

 

                          Voûte verte, intérieur de la salle des préciosités
                                  © Grünes Gewölbe / David Brandt

Un plaisir infini pour les yeux

Les 15 musées des Collections nationales d’art de Dresde retracent plus de 450 ans d’histoire. Le Cabinet d’art et de curiosités des princes électeurs de Saxe, aujourd’hui mondialement connu, constitue le point de départ
des collections. Depuis sa création au milieu du XVIe siècle, les souverains cherchaient à rassembler des oeuvres d’art (artificialia) mais aussi des livres et des appareils scientifiques (scientifica), des produits rares de la nature
(naturalia) et des objets qui ne provenaient pas d’Europe. Les Cabinets d’art et de curiosités poursuivaient l’idée de rassembler le monde en miniature et c’est pourquoi les ethnografica, en particulier, jouissaient d’une grande popularité.

Le Cabinet d’art de Dresde fut l’un des premiers d’Europe à ouvrir ses portes au grand public. Étudiants, artistes et chercheurs mais aussi simples artisans, commerçants et familles visitèrent la « Kunstkammer » pour y étudier les objets exposés, les admirer et s’en inspirer. Considéré comme un lieu de savoir, cette fonction lui valut le nom de « cabinet des curiosités ». 
    

                             Enfant Jésus sur socle Sri Lanka, début du XVIIe siècle
                              grenat, cristal de roche, or, serti de pierre h. 10,3 cm
© Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Carlo Böttger

Cette exposition présente des oeuvres exceptionnelles du XVIe au XVIIIesiècles provenant de la Voute Verte (Grünen Gewolbe), du Musée de la Porcelaine (Porzellansammlung) du Musée d’Armes (Rüstkammer), du Salon de Mathématiques (Mathematisch-Physikalischer Salon) de la Galerie des Maîtres-Anciens (Gemäldegalerie Alte Meister) et du Musée
d’ethnologie GRASSI de Leipzig (Museum für Völkerkunde Leipzig) : des oeuvres qui reflètent parfaitement les multiples facettes mondiales et les procédures d’échange culturel.
L’exposition du Musée du Luxembourg invite les visiteurs à réfléchir à la fascination pour le rare et l’inconnu qu’exerçaient
les collections de Dresde, mais aussi aux conditions géopolitiques et économiques sur lesquelles les acquisitions se
basaient, aux visions du monde qu’elles véhiculaient et aux buts politiques qu’elles servaient.

                                 Karoline Schneider (*1986)
                                 15 boomerangs 2-16 (postcolonial) mimétisme
                                 2018 céramique cuite émaillée

L’exposition présente également des travaux d’artistes contemporains pour établir un lien avec notre époque. Elle s’empare de l’idée originelle du cabinet d’art : la quête de réponses aux questions contemporaines relatives à la compréhension du monde.
Les sept sections s’appuient sur l’histoire des collections de Dresde. L’attention du visiteur se porte sur la qualité artistique et la provenance des oeuvres ainsi que sur les visions du monde que ces oeuvres incarnent. Certains groupes
d’objets comme la porcelaine confèrent des aperçus du commerce transnational et des différentes formes d’échange interculturel. Les pièces exposées sont complétées par des dispositifs multimédias qui servent la réflexion critique et la
contextualisation.

Peggy Buth (*1967)
[Sans titre] (Riding Zebras, Upper-Luapula, early 20th century [« À cheval sur des zèbres, Haute-Luapula »,
début du XXe siècle])
2006
goudron, gomme-laque, bois

1-étudier le monde, images du ciel et de la terre

L’échange transculturel a été favorisé par les recherches et les conquêtes pendant l’époque moderne. Des mesures précises et des recensements cartographiques ont permis d’explorer le monde par voie fluviale et voie terrestre. Des cartes et des globes documentent la connaissance croissante des différentes régions du monde. Les instruments scientifiques astucieusement conçus font partie de l’inventaire du cabinet d’art, que le prince électeur utilisait lui-même pour ses activités de recherches.

2 -la vogue des cabinets de curiosités, une quête de la rareté

La « Kunstkammer » fut construite de différentes manières. De nombreux matériaux naturels furent acquis lors des expéditions avant d’être revendus dans des foires commerciales européennes. D’autres vinrent parer les collections des cours alliées en qualité de cadeaux diplomatiques ou furent ramenés par des voyageurs. La valeur particulière de ces objets tient avant tout à leur provenance lointaine. Plus ils étaient rares en Europe, plus ils avaient une valeur marchande importante. C’est le cas de certaines oeuvres en ivoire d’Afrique, les noix des Seychelles des Maldives, les nautiles du Pacifique, la porcelaine de Chine, la nacre d’Inde, ainsi que les ethnografica d’Amérique du Sud et d’Afrique. On attribuait souvent des pouvoirs magiques aux ressources naturelles non européennes.

3-l’ivoire, un matériau d’intérêt mondial

Une sélection d’oeuvres tournées et sculptées en ivoire d’Afrique occidentale, d’Inde et de l’Empire ottoman montre que le traitement artistique de l’ivoire était une pratique courante dans de nombreuses contrées du monde. Compte
tenu des scènes représentées, certains objets montrent qu’ils ont été spécialement conçus pour le commerce avec l’Europe. D’autres ont été faits par des artistes de la cour de Saxe et le prince électeur lui-même s’est révélé être un
artiste.

4-Naturalia, l’art et la nature

Une collection de précieux travaux d’orfèvrerie travaillés avec virtuosité montre comment les artistes ont pu être inspirés par les ressources naturelles comme le corail, la nacre ou les coquilles de nautile. De cette manière naquirent
de petits trésors d’art des plus originaux qui furent vraiment considérés comme objets de collection dans les cours d’Europe.

5-visions du monde, formation de stéréotypes

Les artistes prirent fréquemment part aux voyages de découverte et de conquête, par exemple en Amérique du Sud, en Afrique ou aux Indes. Leurs esquisses, dessins et comptes-rendus constituèrent les prémisses de la reproduction imagée des lointaines régions du monde. D’une part, les représentations artistiques étaient motivées par un intérêt scientifique, renforcé par l’étude de la nature. D’autre part, elles ouvraient la voie à la culture des stéréotypes que les hommes d’autres cultures traitaient souvent avec dédain.

6-la porcelaine, symbole des échanges entre l’Orient et l’Occident

Il n’existe pratiquement aucune technique mieux adaptée que la porcelaine pour analyser la complexité des relations commerciales mondiales, à savoir un des premiers produits à avoir été commercialisé à l’échelle mondiale. Le prince
électeur de Saxe et le roi de Pologne, Auguste le Fort, était un grand amateur d’
« or blanc » et rassembla à Dresde la plus grande collection européenne de porcelaine asiatique. En créant la manufacture de Meissen en 1710, il se
montra en même temps le précurseur de la concurrence artistique du modèle asiatique.

7-l’art de l’Empire ottoman, mode et fêtes de cour

L’art ottoman constitua un autre centre d’intérêt en matière de collections à la cour de Dresde. Grâce aux dons ciblés et aux achats, Auguste le Fort réussit à recueillir des tentes, des armes, des brides et autres équipements, qui
encouragèrent également la production d’art locale. Lors des fêtes et défilés, Auguste le Fort, qui aimait se prendre pour un sultan, utilisait sa collection pour impressionner à des fins de représentation politique.

programmation culturelle

conférence de présentation
le jeudi 22 septembre à 18h30
avec Stéphanie Bernardin, historienne de l’art

collectionner l’ailleurs. Penser/classer les objets des outre-mer en Europe (XVIe-XXe siècle)
jeudi 13 octobre à 18h30
avec Christian Grataloup, professeur émérite à l’Université Paris Diderot

Trésors des quatre parties du monde : le collectionnisme et la colonisation des Indes
jeudi 17 novembre à 18h30
avec Samir Boumediene, chargé de recherches au CNRS

Dresde, histoire et architecture de la « Florence de l’Elbe »
jeudi 15 décembre à 18h30
avec Philippe Poindront, historien de l’art

événements et soirées
cabinet de curiosités musicales
les lundis 17 octobre, 14 novembre, 12 décembre et 9 janvier de 19h à 21h30

40 Miroir du Monde, chefs-d’oeuvre du Cabinet d’art de Dresde
soirée carnet de dessin
le mardi 15 novembre de 19h à 21h

Balthasar Permoser (sculpture), Johann Melchior Dinglinger (monture), Wilhelm Krüger (placage
en écaille), Martin Schnell (vernis)
Statuette au plateau d’émeraudes

Nuit Blanche
le samedi 1er octobre, 19h30 à minuit, dernière entrée 23h30
Au cours de la visite, nous embarquons le temps d’un court et intense voyage théâtral, poétique et musical à
travers les siècles, à la découverte de quelques-uns des objets les plus étonnants du Cabinet de curiosités
de Dresde.
par le duo CIE 44 composé de Lény Guissart et Nicolas Mathieu
entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

informations pratiques
adresse
Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris
téléphone
01 40 13 62 00
ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne tous les lundis jusqu’à 22h
fermeture anticipée à 18h les 24 et 31 décembre

Venise révélée

Tryptique de projections monumentales :
Les arcades de la Place Saint-Marc © Iconem – GPI

 

Grand Palais Immersif s’installe à l’Opéra Bastille

Jusqu’au 19 février 2023
Grand Palais Immersif
110 rue de Lyon
75012 Paris

Le Grand Palais Immersif prend place pour quelques années dans la géographie insoupçonnée des espaces bruts délaissés depuis plus de trente ans de ce qui devait être la Salle Modulable de l’Opéra Bastille de Paris.
Géographie spectaculaire de béton, aux dimensions grandioses et brutalistes, absente du regard des publics depuis 1989.
Plus de 1500 m² sur plusieurs niveaux, enchainant depuis le hall sur 3 niveaux rue de Lyon un immense volume vide de plus de 26m de hauteur, une prolifération de galeries et de circuits distribuant différentes autre
salles et en particulier un espace de forme triangulaire libérant 12 m de hauteur sous la lumière naturelle de sa verrière zénithale.
Cette architecture étrange et polymorphe, est en soit un spectacle, une apparition.

Cette exposition est coproduite par Grand Palais Immersif (filiale
de la Rmn – Grand Palais), et Iconem

en collaboration avec la Fondazione Musei Civici di
Venezia.

Sous le patronage de l’Ambassade d’Italie

Grand Palais Immersif est un nouveau lieu dédié à la programmation d’expositions immersives qui s’ouvre en septembre à Paris.
La construction même de la ville sur les millions de pieux enfoncés dans la lagune a fait de Venise une scène de théâtre sur laquelle des générations de vénitiens ont édifié le plus somptueux des décors. Derrière ces décors, la ville abrite les vies trépidantes et les drames vécus par ses habitants. Une ville apparemment inchangée depuis le temps de sa splendeur, et qui pourtant, grâce à d’imperceptibles changements, a su s’adapter aux évolutions des modes de vie et lutter contre les menaces permanentes de la mer. Loin d’être seulement une ville-musée, Venise est surtout une ville du futur à la pointe des enjeux contemporains.
L’immersion incomparable engendrée par les images totalement inédites de l’exposition numérique « Venise révélée » nous permettra de faire sentir et comprendre comme jamais la richesse et la complexité de cette
ville hors norme.
Gabriella Belli, directrice honoraire, Fondazione Musei Civici di Venezia,
commissaire générale de l’exposition

Dévoiler Venise pour mieux la conserver

L’invention de Venise tient du miracle : c’est ce que l’exposition Venise révélée veut faire découvrir et ressentir. Miracle d’ingénierie, d’architecture et miracle artistique, cette ville incomparable construite sur la boue instable d’une lagune, lutte depuis plusieurs siècles contre la mer, menace impitoyable qui fut aussi la
source de son immense richesse. Le marcheur émerveillé devine les innombrables secrets et les trésors qui échappent à son regard lorsqu’il déambule dans la ville. Traverser les murs, découvrir ce qui est caché : c’est
le rêve de tous les passionnés de Venise, et c’est ce que l’exposition Venise révélée rend possible.
L’exposition Venise révélée offre aux visiteurs une exploration inédite de l’envers du décor, au coeur d’une ville qui porte en elle tous les rêves de beauté et de splendeur. Elle dévoile au public les fondations de cette
cité-État posée sur les eaux de la lagune, les ressorts d’une immense puissance commerciale organisée autour du Grand Canal et de ses somptueux palais, ainsi que l’organisation sociale et politique originale d’une République qui s’est maintenue pendant mille ans. 
Grace à des images proposant des points de vue totalement inédits, l’exposition permet également de découvrir comme jamais les lieux emblématiques que sont la place Saint-Marc, sa Basilique, et le Palais des Doges. Elle offre une plongée en giga pixel dans les détails de chefs-d’oeuvre des plus grands peintres vénitiens.

Vue aérienne en transparence du nuage de points de la place Saint-Marc
© Iconem – GPI

L’exposition

L’éclairage scientifique des conservateurs de la Fondazione Musei Civici di Venezia (MUVE), partenaires exceptionnels de l’exposition, permet au public de percer les mystères entourant la cité des Doges – une nouvelle perception d’une ville mythique, souvent connue uniquement pour sa dimension touristique, et qui, bien que confrontée à des menaces mortelles, continue de rayonner sur le monde.
L’exposition s’articule autour de quatre chapitres, conjuguant chronologie historique et déambulation au travers des sites majeurs de la ville :

LA LAGUNE

Naissance de Venise dans les méandres d’une lagune
On assiste dans la première section à la naissance d’une ville unique, posée comme une scène de théâtre sur une forêt de pilotis enfoncés dans une lagune parsemée de 124 îles. Grâce à son biotope si particulier et à une ingénierie sans pareille dévoilés par les images inédites de l’exposition, la ville se développe face à la Terra Ferma, jusqu’à rayonner dans tout le bassin méditerranéen.

LE GRAND CANAL

L’âge d’or, Venise puissance commerciale et navale
Radiographie d’un développement unique au monde : une architecture singulière et une

Vue aérienne du nuage de points du Grand Canal
© Iconem – GPI
organisation originale au service d’une puissance commerciale, qui se dévoile au public invité à une déambulation tout au long du Grand Canal et à l’exploration des richesses de ses plus beaux palais en 3D.

LA PLACE SAINT MARC ET LE PALAIS DES DOGES, LIEUX D’INCARNATION DU POUVOIR

Venise, une domination politique, économique et religieuse
Sur la Place Saint-Marc, l’exposition explore les symboles de tous les                                                          Élévation et coupe du palais des Doges
                                                               © Iconem – GPI
pouvoirs de la République, en particulier le Palais des Doges, ses origines, son histoire, ses secrets et ses trésors comme la fameuse salle du Grand Conseil, la plus grande salle du monde, ornée des chefs-d’oeuvre du Tintoret et de Véronèse.

VENISE, UNE VILLE QUI SE TRANSFORME, UNE VILLE TOUJOURS EN DEVENIR

Demain, une nouvelle renaissance ?
Après l’âge d’or Venise se réinvente sans cesse. Elle s’inscrit dans la modernité, se réinvente comme un centre d’activité artistique mondial unique, avec la Biennale et les multiples institutions consacrées à l’art contemporain, et prend à bras le corps les questions environnementales grâce au projet MOSE, ce
monumental système de vannes soulevées pour la première fois en 2020, mais aussi aux nombreuses solutions inventées par les ingénieurs pour préserver la ville pour les siècles à venir. La visite se termine par une rêverie à travers une Venise imaginaire, comme une Atlantide immergée sous les eaux qui renaît de cet Venise Atlantide, toujours plus belle, pour plusieurs siècles de rayonnement.

les développements interactifs

Tout au long de l’exposition, plusieurs expériences invitent le visiteur à s’emparer par lui-même des richesses et des secrets de la ville, sur des écrans interactifs.
Cherchez le lion Saint-Marc (mezzanine) :
Huit statues du Lion de Saint-Marc sont disséminées dans la ville sous forme de points d’intérêt. Le visiteur peut choisir de les afficher pour en découvrir toute la force et la beauté. Parmi eux, il doit retrouver le Lion de Saint-Marc prêté par le musée Correr, installé dans l’exposition ; une invitation ludique pour une interaction phygitale.

Lion de St Marc
bois sculpté et peint de la chaire de la Basilique Saint-Marcattribué à Bianco AlviseXVIe siècleMusée Correr

Le Lion de Saint-Marc est le symbole de l’histoire millénaire de la République de Venise. Avec ses pattes fermement plantées entre la mer et la terre, il incarne le pouvoir politique et économique exercé par Venise sur l’État de la mer et l’État de la terre. Omniprésent et très apprécié, il est le symbole de Saint Marc l’Évangéliste, le saint patron de la ville.

Bucintoro
Maquette moderne en bois précieux, incrustation de nacre, décors à la feuille d’or, velours ancien.
Studio d’Arte Ivan Ceschin, Venise

Le Bucintoro était le navire vénitien le plus somptueux et le plus admiré, pas un navire de guerre mais un navire de parade, utilisé lors de la fête de l’Ascension. Ce jour-là, le doge, accompagné de ses conseillers et sénateurs, quittait le quai du palais des Doges pour rejoindre la crique du Lido, où le lancement dans la mer un anneau, consacrant ainsi le mariage de Venise avec la mer.

Le tintoret


Veronese

Tiepolo

Informations

la réalisation des images de l’exposition
par Iconem
https://youtu.be/CQr7HI2aAMs

la musique : David Chalmin
https://davidchalmin.com/

la scénographie : agence Clémence Farrell

Programmation culturelle
jeudi 20 octobre
Venise et l’opéra : une grande histoire musicale
mercredi 23 novembre
Venise, la musique, l’espace et le son
mercredi 25 janvier
Quel avenir pour Venise ?

NUIT BLANCHE
samedi 1er octobre: ouverture gratuite de l’exposition de 20h à minuit

horaires d’ouverture :
lundi de 12h à 20h; mercredi au dimanche de 10h à 20h; nocturne le vendredi jusqu’à 22h
fermeture hebdomadaire le mardi
accès :
métro Bastille

Informations et réservations :
https://grandpalais-immersif.seetickets.com/content/billetterie/

                                                                       Goldoni

Territories of Waste – Le retour du rejeté

Hira Nabi, All That Perishes at the Edge of Land, 2019 (Filmstill)
vidéo monocanal, digital © courtesy, Hira Nabi

Jusqu’au 8 janvier 2023 au musée Tinguely de Basel
Commissaire de l’exposition
: Dr. Sandra Beate Reimann.

La crise planétaire

Face à la crise planétaire, les déchets de la planète ou la manière de faire de celle-ci une vaste poubelle constitue à son tour, avec le changement climatique et l’extinction des espèces, un point focal des pratiques artistiques. L’exposition collective Territoires of Wasteau Musée Tinguely porte sur ces manifestations de l’art contemporain et s’interroge sur les domaines dans lesquels la confrontation avec ce qui reste s’exprime aujourd’hui, jetant ainsi un regard nouveau sur l’art de la seconde moitié du XXe siècle. Cette exposition de groupe se conçoit comme un rassemblement ou une concentration de plusieurs voix qui s’attachent également à faire du mélange dynamique des déchets un concept structurant. L’exposition se déploie comme un paysage dans l’espace et s’articule selon six thématiques principales qui le traversent tel un réseau.

Artistes: Arman, Helène Aylon, Lothar Baumgarten, Anca Benera & Arnold Estefán, Joseph Beuys, Rudy Burckhardt, Carolina Caycedo, Revital Cohen & Tuur Van Balen, Julien Creuzet, Agnes Denes, Douglas Dunn, Julian Aaron Flavin, Nicolás García Uriburu, Hans Haacke, Eric Hattan, Eloise Hawser, Fabienne Hess, Barbara Klemm, Max Leiß, Diana Lelonek, Jean-Pierre Mirouze, Hira Nabi, Otobong Nkanga, Otto Piene, realities:united, Romy Rüegger, Ed Ruscha, Tita Salina & Irwan Ahmett, Tejal Shah, Mierle Laderman Ukeles, Nicolás García Uriburu, Raul Walch, Pinar Yoldaş.

Dès les années 1960, les artistes du Nouveau Réalisme et du Junk Art
(dont Jean Tinguely)
ont recouru aux rebuts et à la ferraille pour refléter à travers leurs œuvres le passage socio-économique fondamental de la pénurie à une société de consommation et du tout-jetable. Alors que les monceaux de déchets provenant de décharges débordantes, et négligemment abandonnés dans la nature, sont devenus partout visibles dans les années 1960, elles sont aujourd’hui pour l’essentiel invisibles dans les régions occidentales du monde globalisé. Un astucieux système de gestion des déchets permet de se débarrasser des ordures et saletés, de tout ce que nous laissons derrière nous en consommant. Trié, transporté, incinéré, traité, composté, recyclé, déposé dans des mines et exporté, le rebut n’a pas disparu, mais il n’est plus là.

Les pratiques artistiques et discours contemporains interrogent les conditions écologiques, géologiques et mondiales dissimulées et réprimées de notre consommation. Dans la perception du public, la micro-dimension invisible des déchets est devenue un véritable sujet. L’omniprésence de cette forme de déchets dans l’air, dans les sols, dans l’eau, dans la glace et chez les êtres vivants – et ce même dans des zones jamais foulées par l’homme – a durablement modifié notre représentation de la nature. À l’heure actuelle, des artistes se consacrent aussi de                                                                                               Eric Hattan, Jet d’OH!, 2000
Poubelle, mécanisme de déclenchement, commande; 120 × 40 cm
en possession de l’artiste
© Eric Hattan; photo: Claude Joray, courtesy Transfert, Biel/Bienne

plus en plus aux déplacements territoriaux  du waste le long des géographies coloniales, mettant en avant les aspects aussi bien de la globalisation que de la géologie. Cette importante notion
« géosphérique » s’inscrit aussi dans une réflexion sur les dimensions écologiques de l’extraction des matières premières, et notamment de l’exploitation minière.

 

Il traite du déplacement territorial du waste le long des géographies coloniales, lesquelles englobent l’exportation des déchets mais aussi la surcharge de l’extraction de matières premières dans les structures d’exploitation néocoloniales. L’accent est mis ici sur les dispositifs de communication électronique ainsi que sur les métaux et terres rares nécessaires à leur production.

L’élimination des déchets est une industrie aujourd’hui hautement automatisée. Les installations modernes de gestion des déchets sont structurées de manière à dissocier les déchets de la société. Les

Eloise Hawser, The Tipping Hall, 2019 (vue d’installation 16ème Biennale d’Istanbul)

 © Eloise Hawser; photo: Sahir Ugur Eren

déchets et leur « élimination » doivent rester le plus invisibles possible. En même temps, le travail physique associé au nettoyage et au contact avec ce qui est « éliminé » est étroitement lié à la hiérarchisation sociale, à l’exclusion, voire à la stigmatisation. Cette composante sociale, qui touche également aux origines et à des assignations genrées, constitue un deuxième champ thématique de l’exposition.

D’autres œuvres exposées traitent de la pollution de l’air et de l’eau ou des océans. Elles rendent également visibles les micro-dimensions de ce qui reste, invisibles au premier coup d’œil, et en finissent avec la notion romantique, encore prédominante, d’une nature intacte. Notre waste imprègne déjà toute l’écosphère.
Les Territories of Waste, pris littéralement comme des zones dévastées, des friches artificielles, des régions de guerre et de catastrophe, constituent le quatrième domaine thématique de l’exposition. Les traces de

Anca Benera & Arnold Estefán, The Last Particles, 2018 (détail)

notre ère industrialisée et nucléaire ont fini par s’inscrire dans les paysages. Le wasteland s’entend comme des terres stériles d’une part, comme des terres en jachère et inutilisées d’autre part, et renferme donc cette double signification de perte et de potentiel.

Dans un autre domaine, l’exposition franchit les territoires physiques et géologiques pour explorer les notions de déchets et de nettoyage dans la sphère numérique. Qu’advient-il des dossiers que nous mettons dans la « corbeille » ? Il est un fait que même les données supprimées ne disparaissent pas tout simplement.
Les notions de compost, humus et cohabitation sociale permettent d’aborder le potentiel de « tout le reste et ce qui reste » comme de nouvelles manières de penser et de vivre, mais aussi comme

Diana Lelonek, Mop, de la série: Center for Living Things, 2017 (vue d’installation du jardin botanique Poznań) Objet trouvé Collection de l’artiste
© Diana Lelonek
de nouvelles alliances. En ce sens, les œuvres présentées ici relient et recoupent les domaines de la nature et de la culture, ainsi que ceux de l’humain et de l’environnement.

Musée Tinguely

Paul Sacher-Anlage 2
Postfach 3255
CH-4002 Basel
Musée : +41 61 681 93 20
Bistro : +41 61 688 94 58

Accès

Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.

ANAÏS BOUDOT – Reliques des jours

 

A la Filature l’équipe :
Emmanuelle Walter, Anaïs Boudot, Smith et Pipo, Nadège Piton

Exposition présentée dans le cadre des Nuits de l’Étrange
commissariat
Superpartners (Nadège Piton et SMITH)
et Emmanuelle Walter
responsable arts visuels

texte de l’exposition Hélène Giannecchini
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse, Art culture & Co, Bilbao Arte, la région Centre Val-de-Loire
remerciements Galerie Binome, The Eyes Publishing, Maison Oriza L. Legrand
anaisboudot.net
CLUB SANDWICH je. 15 sept. 12h30
visite guidée et pique-nique tiré du sac
sur inscription au 03 89 36 28 28
FINISSAGE vendredi 28 oct. 19h30 en salle Jean Besse
projection de vidéos d’Anaïs Boudot et de SMITH en présence des artistes

Anaïs Boudot est née à Metz en 1984. Photographe française diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie en 2010 et du Fresnoy, studio national des arts contemporains en 2013, elle poursuit sa recherche dans le cadre d’une résidence à l’Académie de France à Madrid, la Casa de Velazquez en 2016-2017. Par des allers-retours constants entre argentique et numérique, elle cherche à interroger les moyens propres de ce medium et s’aventure vers le domaine de l’hybridation. Le paysage et la lumière – comme des évocations d’espaces mentaux, du domaine de la remémoration – se retrouvent au coeur de ses travaux. Elle interroge les frontières du visible et s’engage dans ces interstices créés entre temps et mouvements.

Un texte présenté à l’entrée de la Galerie de la Filature permet de suivre l’exposition, dans sa compréhension et son intimité

SÉRIES EXPOSÉES

LES OUBLIÉES

C’est à la suite d’une plaque de verre oubliée par Brassaï dans l’atelier de Picasso que ce dernier commença à développer un travail particulier sur ce support. « Et, en effet, elle n’est plus vierge » s’écria Brassaï en découvrant la plaque retravaillée par Picasso comme le rappelle Héloise Conésa dans son introduction. Reprenant les propos d’Anne Baldassari, elle
poursuit : « l’artiste-toro se penche sur la plaie mortelle qu’il inflige au réel afin qu’il advienne la figure si belle sur la plaque d’argent ».
À son tour, quelques années plus tard, Brassaï commença sa série des Transmutations par lesquelles il grave non pas sur des plaques vierges
mais sur des négatifs originaux.
Face à ces deux monstres sacrés de l’art moderne, Anaïs Boudot répond à une invitation de The Eyes, en reprenant sa propre collection de visages anonymes sur verre, pour les retravailler à même la gélatine. Parmi ces portraits d’anonymes des années 20, 30 et 40 s’imposent les visages de femmes.
Là où chez Picasso et Brassaï le grattage de la gélatine s‘apparente à un
« acte chirurgical beaucoup plus intrusif pour faire ressortir la plastique de
l’oeuvre », la photographe choisit la dorure pour redorer ces images d’inconnues, sublimer l’image de ces femmes, ces muses si peu considérées par ces maîtres et oubliées de l’Histoire de l’Art. C’est dans cette démarche autant instinctive qu’expérimentale que s’inscrit le travail d’Anaïs Boudot, celle de rendre visible l’invisible.
courtoisie The Eyes Publishing

JOUR LE JOUR

« Si ce projet fait un pas de côté par rapport à mes préoccupations habituelles, il en n’est pas moins la suite logique de procédés techniques déjà mis en oeuvre précédemment, en particulier les images sur verre type orotone de la Noche Oscura. D’autre part, il s’agit d’un constat tout à fait contemporain quant au rapport intime que nous entretenons aux images.
Il s’agit d’une série de petites images sur verre, format téléphone portable et tablette, et gélatine photo-argentique. Ce format de manière surprenante évoque également le format des photos cartes du XIXe siècle avec leurs coins arrondis. Ce projet est né de la nécessité d’extraire certaines images de ce flux continu, de les matérialiser, bref de les sortir du disque dur… Ces images jouent de leur statut ambigu entre ancien et contemporain.
Photos envoyées, photos reçues, prises de notes, captures d’écrans, les images gardées par nos téléphones portables de manière continuelle, se retrouvent équivalentes les unes aux autres, constituant un journal en temps réel, un appendice de notre mémoire. La (les) photo(s) du chat, des paysages en passant par la capture de Google Maps, la photo d’un repas mémorable sur un bord de route, un fragment gardé dans une exposition, le chemin de la soirée, le dernier jour de mer, une fleur, le temps qu’il fait ici et là… »
Anaïs Boudot
courtoisie Galerie Binome

JOUR ET OMBRE

Jour et Ombre est un ensemble de photographies qui associe architectures vernaculaires et éléments naturels du Perche. Les images s’attachent principalement aux simples bâtis, maisons, fermes, granges, laissant en marge manoirs et châteaux.
La série évoque des typologies comme celles de l’Inventaire ou celles issues de la tradition documentaire. Cependant, l’artiste s’éloigne volontairement d’une captation objective par des images qui isolent les bâtiments par des fonds au noir, les plaçant ainsi dans un espace et une temporalité indéterminés. Il s’agit plutôt de révéler par l’image ce patrimoine de pierre dont les formes simples et modestes ont traversé bien des époques charriant, avec elles, le
mystère des forêts et des bocages.
Jour et Ombre sont des mots qui figurent sur le cadran solaire de Préaux. Ils rappellent le temps qui passe au fil des jours et évoquent la succession de la lumière diurne à l’obscurité de la nuit, à l’instar des photographies d’Anaïs Boudot jouant d’un saisissant clair-obscur comme pour magnifier architectures et paysages percherons.

LA NOCHE OSCURA

« Tout discours mystique a ceci de particulier, de vertigineux, et peut-être d’effroyable, d’être conjointement ouverture absolue sur les possibles et accès à l’inconnu. Voilà donc le paradoxe : chercher l’inconnu comme réponse, à une quête ou à une plainte, pour mieux trouver l’inconnu en tant que tel ; infiniment poursuivi, celui-ci affleure telle une lumière aveuglante dans la nuit la plus obscure, et dans laquelle il faut plonger. De Thérèse d’Avila à
Maurice Blanchot et Georges Bataille, en passant par Michel de Certeau, la formulation mystique est un mouvement consistant à tourner incessamment autour d’une pierre dure, irréductible, qui prendrait aisément le nom de secret. Le secret est bien ce contre quoi l’on bute, ce qui arrête le geste, mais il est aussi le moteur de l’action, la mise en scène et la poétisation de l’existence, la respiration des êtres, et la qualification non-dite de toutes choses. Car le secret, autre nom de l’art, est à l’origine des simulacres, des fictions et des voix,
des images enchâssées les unes dans les autres, des mises en abîme et des fantasmes. Anaïs Boudot travaille ainsi au coeur du secret : traversant les paysages et les villes d’Espagne (Tolède, Ségovie, Avila) sur les traces de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix, celle-ci se donne pour guide l’errance même, à la recherche de visions, de lieux de passages, d’architectures brisées. Ses photographies – en des manipulations et étapes successives,
numériques et argentiques, leur accordant un grain et une indéniable picturalité – portent en elles une densité baroque qui les constitue et les insuffle, créant des zones de flou, des noirs d’encre, des nuances de gris, et des apparitions renvoyant aux lisières du rêve et de la mémoire. La photographe sillonne des espaces et des géographies définis par leur complexité, pour mieux reconstruire des territoires qui seraient, à l’oeil nu, inaccessibles. Ce qu’elle convie à chaque instant est avant tout l’expérience du regard qui doute, relance à ses franges, se prend les pieds dans le tapis de l’invisible, cet insaisissable à quoi il faut, malgré tout, donner une forme, et donc une sorte de vérité. Ses images habitent l’épaisseur du temps : archéologiques, elles le sont, au sens où elles grattent à la surface du sensible afin de s’engouffrer dans l’étendue chaotique des pierres et des sculptures qui restent, des marches d’escalier qui montent vers des lieux à circonscrire et à habiter, des chambres
d’attente autant que de demeure. »
Léa Bismuth
série réalisée dans le cadre d’une résidence à la Casa de Velazquez

THE LAKE (vidéo, 4’27”)

Vidéo du morceau The Lake de Zerkalo – morceau inédit qui apparaît sur la compilation Closet de Viktoria Lukas – qui, outre ses différents projets solos, avait collaboré avec Gerald Donald, cofondateur de Drexciya, au projet Zerkalo.

HERBIER (projection)

Cette série a pris forme aux alentours de Bilbao, le long de la rivière Bolintxu. Cette zone est en péril écologique à cause d’un projet de construction d’autoroute. Cet herbier aurait pu naître dans un autre lieu mais c’est ici que j’aurais voulu savoir ce que pensent les fougères, les hellébores, les arums, les ficaires, les oxalis, les chardons, les potentilles… apprendre à
connaitre par leur nom ces figures familières rencontrées régulièrement.
Lire dans l’inconscient des plantes, comme Rorschach le faisait avec ses patients ou plutôt interpréter nos propres projections, ou encore tenter de déchiffrer les augures m’ont conduite à ce geste. Par traces de chimie sur papier photosensible, comment se mettre en contact avec l’énergie d’autres vivants et faire lien ? Utiliser la photographie comme un médium entre soi et le monde, permettant de lier l’invisible au visible.
Un geste qui tient à la fois du rituel magique et du geste poétique, dans les hasards qu’il révèle, les traces qui apparaissent. Il restera à interpréter ces signes…
Anaïs Boudot

Podcast : Anaïs Boudot interviewée par Arnaud Laporte sur France culture

Galerie de la Filature
allée Nathan Katz
Mulhouse

Boldini
Les plaisirs et les jours

Au Petit Palais de Paris jusqu’au 24 juillet 2022
Commissariat :
Servane Dargnies-de Vitry,
conservatrice des peintures du XIXe siècle au Petit Palais
Barbara Guidi,
directrice des musées de la ville de Bassano del Grappa

Parcours de l’exposition

Prologue

Reconnu comme l’un des grands portraitistes de son temps, Giovanni Boldini
capture la vitalité et l’effervescence de toute une époque, avec une extraordinaire virtuosité technique. Qu’il représente la Toscane des années 1860, le Paris de la Troisième République ou le milieu mondain et frivole de la Belle Époque, il est le peintre d’une période foisonnante. À l’instar de Marcel Proust en littérature, il se mêle à la société qu’il peint et livre ainsi un ample témoignage sur ses personnages, ses goûts, ses moeurs et ses plaisirs.Mais Boldini fut victime de son succès. Trop exubérant pour les uns, trop
mondain pour l’avant-garde, trop facile ou trop chic pour les autres : on lui a
reproché de répéter la même formule et d’en tirer des avantages personnels et
économiques, loin de l’image d’Épinal de l’artiste bohème. En réalité, Boldini ne se conforme à aucune règle.
Innovateur infatigable, il a su se montrer sensible aux maîtres du passé tout en restituant la frénésie de la modernité, grâce à son coup de pinceau virevoltant. Par ce choix d’un art individuel et indépendant, il a conservé tout au long de sa carrière une originalité absolue.

Grâce à l’engagement exceptionnel du Museo Boldini de Ferrare, le Petit Palais
présente l’artiste italien sous toutes ses facettes, de ses débuts à Florence à sa
longue carrière parisienne, de ses tableaux de genre à ses portraits mondains,
en passant par toute une production plus intime, jalousement gardée dans son
atelier de son vivant. L’exposition rend hommage au peintre des élégances,
mais invite aussi à découvrir un artiste plus secret.

Section 1 – Boldini avant Boldini (1864-1871)

En 1864, Boldini s’installe à Florence, qui est alors le centre de la vie culturelle et artistique en Italie. Deux peintres, Michele Gordigiani et Cristiano Banti, le prennent rapidement sous leur aile, l’introduisant dans les cercles artistiques et auprès d’une société mondaine qui lui procure des commandes. Pendant un temps, Boldini fréquente aussi les Macchiaioli, groupe d’initiateurs de la peinture moderne italienne. Il réalise plusieurs portraits des membres de ce groupe. Sa manière innovante de traiter les arrière-plans, en représentant les
murs de son atelier plutôt que de faire ressortir ses figures sur des fonds neutres, frappe ses contemporains. Boldini commence à être remarqué par la critique. Une richissime anglaise, Isabella Robinson Falconer, convaincue de son talent exceptionnel, le présente aux grandes familles italiennes et étrangères qui vivent à Florence ou qui résident l’hiver sur la Côte d’Azur. Cette familiarité avec la bourgeoisie et l’aristocratie lui vaut un succès toujours grandissant et davantage de commandes.

Section 2 – Les débuts parisiens de Boldini (1871-1880)

Le 23 octobre 1871, Boldini arrive à Paris pour un bref séjour. La capitale
française vient tout juste de retrouver l’apaisement après la guerre francoprussienne et la Commune. Alors qu’il a prévu de retourner à Londres où
il s’est installé depuis le mois de mai, le peintre se laisse happer par la
promesse d’une vie parisienne palpitante et d’une grande carrière artistique.
Ainsi commence l’aventure française de Boldini, qui durera près de soixante
ans.
Par stratégie commerciale, il se rapproche notamment du marchand Adolphe
Goupil et met de côté sa vocation de portraitiste pour se consacrer « à l’art
à la mode », à la manière d’Ernest Meissonier et de Mariano Fortuny. Ce
style se caractérise par des peintures de genre de petites dimensions, avec
des personnages en costume du XVIIIe siècle, aptes à séduire la nouvelle
bourgeoisie entrepreneuriale. La jeune compagne et muse de Boldini,
Berthe, avec son visage doux et son innocence mêlée de sensualité, devient
la protagoniste de dizaines de scènes. Dans ses paysages, Boldini se
montre particulièrement attiré par les lieux que fréquente la haute société,
tels qu’Étretat, qui allait bientôt devenir une ville balnéaire à la mode. Si
l’exécution en plein air lui permet de capturer des impressions visuelles
fugitives, il retravaille néanmoins longuement ses peintures en atelier pour
parvenir à la composition idéale.
Le succès ne se fait pas attendre : Boldini est très vite reconnu en tant que paysagiste et peintre de genre, en France comme à l’étranger. Ses tableaux nourrissent, dans l’imaginaire collectif, l’image d’une société française
pacifiée, heureuse et harmonieuse, loin des souvenirs de la Commune.

Sommaire de juin 2022

25 juin 2022 : Guillaume Barth
21  juin 2022 : Art Basel 2022 – Bilan
20 juin 2022 : Picasso – El Greco
15 juin 2022 : Mon Art Basel 2022
10 juin 2022 : BANG BANG
04 juin 2022 : MONDRIAN EVOLUTION