René Groebli, l’âge d’or de la photographie suisse

Karussell, 1947 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff

A la Galerie de la Filature jusqu’au 6 mars un maître de la photographie.
René Groebli
fait figure de dernier représentant vivant d’un âge d’or de la photographie suisse. Plus jeune que Werner Bischof et Robert Frank, mais déjà plus âgé qu’un René Burri, le photographe a commencé sa carrière il y a plus de 70 ans.
À ces photographes zurichois de légende partageant d’incontestables connivences de facture, il faudrait encore ajouter le nom de Jakob Tuggener, leur aîné à tous.

Formation

René Groebli est né en 1927 à Zurich. Il prend ses premières photos avec un Rolleiflex en 1942 et commence à apprendre la photographie l’année suivante. En 1945, il étudie à l’école d’arts appliqués de Zurich auprès de Hans Finsler puis se forme comme opérateur de cinéma et commence à expérimenter la photographie du mouvement.

Publication

Magie du rail, # 394, 1949 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff

En 1949, il publie son premier livre Magie der Schiene (Magie du Rail), d’une esthétique radicale par son travail sur le flou et le grain de l’image. En 1954,
Das Auge der Liebe (L’OEil de l’amour),

L’oeil de l’amour, 1953 © René Groebli, Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff

regroupe des photographies de sa femme Rita Dürmüller prises lors de leur voyage de noces et offre un regard poétique sur la photographie de nu.
Dans les années 1950, il travaille comme reporter pour l’agence londonienne Black Star et publie dans les grands magazines de l’époque puis ouvre
un studio de photographie publicitaire et industrielle qu’il conservera jusqu’à sa retraite.

Reconnu comme un maître

Reconnu comme un maître de la couleur, il pratique tous les genres et suit les évolutions stylistiques et techniques de la photographie dans une
approche où l’avant-garde se mêle à une esthétique plus classique. En 1999, le Kunsthaus de Zurich lui consacre une grande exposition rétrospective. Il continue depuis à exposer et à publier son travail, en explorant avec bonheur un
fonds extraordinaire.

SÉRIES EXPOSÉES

Landdienst, 1946
Karussell, 1947
London, 1949
Magie der Scheine (Magie du Rail), 1949
Das Auge der Liebe (L’OEil de l’Amour), 1952
Beryl Chen – London, 1953
Kalender (Calendriers), 1955-56
New York, 1978
Portraits, 1949-1970
Nus, 2001-2002
Courtoisie Galerie Esther Woerdehoff (ewgalerie.com)
Impressions jet d’encre René Groebli
Impressions encres latex sur papier peint Picto

DES RENDEZ-VOUS EN ENTRÉE LIBRE

EXPOSITION du mer. 26 janv. au dim. 6 mars 2022
du mar. au sam. de 13h30 à 18h30 et dim. de 14h à 18h + soirs de spectacles

VERNISSAGE

en présence du photographe vendredi le 4 février à 19h

CLUB SANDWICH jeu. 24 fév. 12h30

visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac sur inscription 03 89 36 28 28

VISITES GUIDÉES sur rendez-vous

edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

DEUX EXPOSITIONS À DÉCOUVRIR À PARIS

GALERIE ESTHER WOERDEHOFF du jeu. 24 mars au sam. 7 mai 2022
MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE
du mer. 30 mars au dim. 21 août 2022
exposition collective Love Songs, photographies de l’intime

PRIX

Bourse helvétique, 1951
Prix d’encouragement, 1953
Membre d’honneur de l’Union suisse des photographes, 1983
Lifetime Award de la Swiss Photo Academie (Schweizer Fotoschaffen Photo 06 Lifetime Award),

COLLECTIONS

MoMA, New York
Folkwang Museum, Essen, Allemagne
Fondation suisse pour la photographie, Zurich
Maison européenne de la photographie, Paris
Photo Vision, Montpellier, France
Collection Michèle + Michel Auer, Hermance, Suisse
Banque du Gottard, Lugano, Suisse
Musée Réattu, Arles, France
Hungarian Museum for Photography, Kecskemét, Hongrie

LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse ·
03 89 36 28 28 · www.lafilature.org

« Georgia O’Keeffe », une artiste d’exeption, à la Fondation Beyeler

Après avoir été montrée au centre Pompidou de Paris l’exposition est visible à Bâle jusqu’au 22 mai 2022

« Chanter a toujours été pour moi le moyen d’expression parfait. C’est tellement spontané. Comme je ne sais pas chanter, je peins. »

Georgia O’Keeffe

La Fondation Beyeler consacre la première exposition de son année anniversaire à Georgia O’Keeffe (1887–1986), l’une des peintres les plus importantes et figure emblématique de l’art moderne américain.
Réunissant 85 oeuvres de collections publiques et privées, principalement en provenance des États-Unis, « Georgia O’Keeffe » propose un aperçu représentatif de l’oeuvre aussi multiple que surprenant de cette artiste d’exception. La rétrospective offre une rare occasion au public européen de découvrir dans une telle profondeur l’oeuvre de Georgia O’Keeffe, très peu représenté dans des collections hors des États-Unis.

Un langage visuel propre

L’exposition à la Fondation Beyeler met en lumière la manière si singulière de O’Keeffe de contempler son environnement et de traduire ses perceptions en images inédites de la réalité – parfois presque abstraites, parfois proches de leur modèle naturel.

« On prend rarement le temps de voir vraiment une fleur. Je l’ai
peinte assez grande pour que d’autres voient ce que je vois. »

louisiana 014

Cette citation de 1926 peut servir de fil conducteur à l’exploration de l’art et de la vie de l’artiste. O’Keeffe a développé un langage visuel propre, oscillant entre abstraction et figuration, d’une actualité exceptionnelle non démentie à ce jour. La combinaison de son regard particulier et de son approche délicate et respectueuse du monde naturel fait de Georgia O’Keeffe la peintre de paysages et de la nature la plus importante et la plus passionnante du 20ème siècle.

Le soutien de Stieglitz

O’KEEFFE, Georgia_Nueva York con luna, 1925_(CTB.1981.76)

À partir de 1918, Georgia O’Keeffe passe des années décisives de son évolution artistique dans la métropole de New York, au coeur du cercle étroit alors très en vogue et hautement influent réuni autour d’Alfred Stieglitz, photographe, galeriste et promoteur de l’art moderne. Sa galerie opère très tôt comme
lieu de présentation et de discussion de l’avant-garde européenne ; c’est aussi un endroit où la jeune création artistique et photographique américaine trouve stimulation et soutien. O’Keeffe doit sa reconnaissance précoce et la carrière qui s’ensuit au soutien de Stieglitz, son futur époux, et à son association plusieurs décennies durant à la scène artistique new-yorkaise. Cependant, la vie urbaine ne laisse que peu de traces visibles dans sa production artistique.

La nature

O’Keeffe grandit à la ferme laitière de ses parents dans le Wisconsin, dans le Midwest américain. Les étapes décisives de son développement artistique se déroulent à Charlottesville, Virginia, puis à Canyon, Texas, où elle occupe de 1916 à 1918 un poste de professeure d’art. Après son déménagement à New
York, des séjours réguliers dans différents endroits continuent à rythmer sa vie d’artiste. Pendant de nombreuses années, ce sont des séjours l’été dans la résidence secondaire de la famille Stieglitz sur le lac George dans l’État de New York, où elle puise l’inspiration pour une grande partie de son travail de
l’époque. En 1929, O’Keeffe passe pour la première fois plusieurs semaines au Nouveau-Mexique dans le sud-ouest des États-Unis, où elle retourne chaque année, toujours seule, et où elle s’installe définitivement après la mort de Stieglitz.

Le parcours

L’exposition commence par les premiers travaux de O’Keeffe, réalisés en parallèle à son activité d’enseignante en Virginie et au Texas. Des dessins au fusain comme Early Abstraction, 1915, et No. 14 Special, 1916, sont présentés à côté d’une sélection d’aquarelles de petit format d’une grande intensité
chromatique et lumineuse. Red Landscape, 1916/17, avec son ciel nocturne éclairé par une explosion spectaculaire qui baigne les collines arides d’un rouge éclatant, est l’une des rares peintures à l’huile de cette époque.

No. 14 Special, 1916, Early Abstraction, 1915

L’abstraction

Des oeuvres telles Blue and Green Music, 1919/1921, et Series I – From the Plains, 1919, manifestent ensuite le travail de l’artiste sur l’abstraction. C’est cependant la coexistence de la figuration et de l’abstraction qui régit fondamentalement le travail de O’Keeffe. Le monde végétal, en particulier les fleurs, fournit des motifs centraux de son oeuvre. Dans ses peintures florales de grand format comme

2014.35 Georgia O’Keeffe
Jimson Weed/White Flower No. 1, 1932
Oil on canvas
48 × 40 in. (121.9 × 101.6 cm)
Framed: 53 in. × 44 3/4 in. × 2 1/2 in.

Jimson Weed / White Flower No. 1, 1932, l’une des plus célèbres de ce groupe, ou Oriental Poppies, 1927, on discerne l’intérêt de l’artiste pour le courant alors influent de la
« photographie pure (straight photography) ».

Les sources d’inspiration

Les sources d’inspiration principales de O’Keeffe sont la nature et les paysages ; elle peint des oeuvres figuratives et abstraites basées sur des motifs de paysage, d’abord sur le lac George et ensuite au Nouveau-Mexique. Les oeuvres du premier séjour au Nouveau-Mexique, dont Ranchos Church No. 1,
1929, et Gray Cross with Blue, 1929, s’inspirent d’éléments typiques de la région comme l’architecture en adobe ou les croix de pénitents érigées dans le paysage par une confrérie religieuse. C’est l’époque à laquelle elle réalise Mule’s Skull with Pink Poinsettias, 1936,

célèbres toiles figurant un crâne d’animal trouvé dans le désert. Pendant les années de guerre, lorsque O’Keeffe habite au Nouveau-Mexique de manière permanente, le regard qu’elle porte sur ce paysage évolue. Dans ses deux séries Black Place I–IV, 1944, et Black Place I–III, 1945, elle représente le paysage de collines gris-noir dans une palette inhabituellement sombre, en perspective aérienne et toujours plus abstraite. La nature morte It Was a Man and a Pot de 1942, qui donne à voir un crâne humain, suggère qu’au fil des années 1940 la manière dont O’Keeffe perçoit son environnement évolue sous l’effet de la guerre qui fait rage.

C’ÉTAIT UN HOMME ET UN POT, 1942.

Georgia O’Keeffe (américaine, 1887-1986)

Huile sur toile, 16 x 20 po. Crocker Art Museum Achat avec fonds de contrepartie du National Endowment for the Arts, 1973.23.

La dernière salle

Dans la dernière salle de l’exposition, l’oeuvre tardif de O’Keeffe fait face à Black Mobile with Hole, 1954, d’Alexander Calder (1898–1976), dont le travail est depuis longtemps lié à la Fondation Beyeler – tant par la collection du musée que par plusieurs expositions. Contrairement à O’Keeffe, Calder entretient une relation continue avec l’Europe, mais les deux artistes partagent un attachement profond aux vastes étendues et à l’horizon infini de l’Amérique rurale, qui nourrissent et irriguent leurs oeuvres.

Pionnière

De son vivant déjà, Georgia O’Keeffe est considérée aux États-Unis comme représentante majeure et co-initiatrice du nouvel art américain tel qu’il est prôné et se développe à partir de la fin des années 1910 indépendamment et en démarcation de l’avant-garde européenne. En 1943, le Art Institute of Chicago lui consacre sa première rétrospective muséale et en 1946, le Museum of Modern Art, New York, organise une grande exposition, la première d’une artiste femme à se tenir dans cette institution. La plupart des oeuvres de O’Keeffe se trouvent aux États-Unis, dans plus de 100 collections publiques et dans des collections privées. L’Europe, où O’Keeffe elle-même ne se rend pour la première fois qu’en 1953 à l’âge de 65 ans, ne compte au total qu’une douzaine d’oeuvres détenues dans des collections privées et publiques. La première exposition majeure sur le Vieux Continent lui est consacrée en 1993 à la Hayward Gallery de Londres. L’une des rares expositions dans les années qui suivent et la première en Suisse est celle organisée en 2003 par Bice Curiger au Kunsthaus Zürich. Georgia O’Keeffe figure aujourd’hui aussi en Europe parmi les artistes les plus renommé·e·s, même si les originaux de ses oeuvres n’y sont que rarement exposés. C’est une oeuvre d’une sensualité rare et délicate.

Commissaires

L’exposition « Georgia O’Keeffe » est placée sous le commissariat de Theodora Vischer, Chief Curator, et est présentée à la Fondation Beyeler du 23 janvier au 22 mai 2022. L’exposition a été organisée par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, le Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid, et le Centre Pompidou, Paris, en partenariat avec le Georgia O’Keeffe Museum, Santa Fe.

Le catalogue de l’exposition paraît en allemand au Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 208 pages, il réunit des articles de Cody Hartley, Anna Hiddleston-Galloni, Didier Ottinger, Marta Ruiz del Árbol, Ariel Plotek et Julia Keller.
Avec un avant-propos de Sam Keller et Theodora Vischer.

Pratique

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis n° 6 arrêt Fondation Beyeler

Camille Pissarro
L’atelier de la modernité

04.09.2021 – 23.01.2022, Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaires : Christophe Duvivier, Josef Helfenstein

« (…) nous sortons peut-être tous de Pissarro. Il a eu la veine de naître aux Antilles, là, il a appris le dessin sans maître. Il m’a raconté tout ça. En 65, déjà il éliminait le noir, le bitume, la terre de Sienne et les ocres. C’est un fait. Ne peins jamais qu’avec les trois couleurs primaires et leurs dérivés immédiats. Me disait-il. C’est lui, oui, le premier impressionniste.»
Paul Cézanne, «Conversations avec Cézanne»

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Camille Pissarro (1830-1903) compte parmi les artistes majeurs dans la France du XIXe siècle. Figure centrale de l’impressionnisme, il marqua ce mouvement de manière décisive.
Camille Pissarro. L’atelier de la modernité au Kunstmuseum Basel est la première rétrospective consacrée à cet artiste en Suisse depuis plus de 60 ans. Elle offre à la fois un vaste aperçu de l’oeuvre de Pissarro et accorde une attention particulière à sa pratique collaborative et à son influence déterminante sur l’art moderne. Elle rend hommage à un artiste parfois relégué au second plan lorsqu’on évoque les grandes figures de l’art du XIXe siècle. Des artistes de différentes générations, hommes et femmes confondus, parmi lesquels plusieurs devinrent des figures de proue de la modernité au tournant des XIXe et XXe siècles, suivirent ses conseils d’ami et de mentor. L’exposition met en lumière les échanges intenses de ces artistes avec Pissarro et situe son oeuvre foisonnante dans le contexte historique à l’aide d’oeuvres de Claude Monet, Paul Cézanne, Paul Gauguin, Georges Seurat, Paul Signac, Mary Cassatt et d’autres. Ainsi, tout en embrassant la naissance de l’art moderne, cette exposition raconte une histoire au-delà du courant dominant de l’histoire de l’art.

                           Pissarro, effet de neige à l’Hermitage
Les expositions consacrées à l’impressionnisme ont une longue tradition au Kunstmuseum Basel. À ce titre, Pissarro revêt une importance particulière pour le musée, sa collection abritant pas moins de huit peintures, dix dessins et aquarelles ainsi que dix travaux d’art graphique. Son oeuvre Un coin de l’Hermitage, Pontoise de 1878 fut le premier tableau impressionniste à entrer dans la Öffentliche Kunstsammlung Basel, la collection publique bâloise.

HxB: 54.6 x 65 cm; Öl auf Leinwand; Inv. 871 Camille Pissarro; Un coin de l’Hermitage, Pontoise; 1878

Acquise en 1912 à l’initiative de trois jeunes artistes, cette peinture posa les fondements de la collection impressionniste. Au printemps de cette année, le Kunstmuseum Basel s’est félicité de la donation de La Maison Rondest, l’Hermitage, Pontoise (1875) de Pissarro par une collection particulière suisse.

Pissarro et la campagne

La posture artistique de Pissarro est plus complexe que celle de ses amis. Son approche se distingue clairement des sujets de Claude Monet, d’Auguste Renoir ou d’Edgar Degas appréciés du public. Ainsi, Pissarro fut le seul impressionniste s’attachant à représenter la vie simple, en particulier celle des gens de la campagne. Ses peintures montrent des paysages cultivés par l’homme, elles sont une plongée dans le monde paysan et agricole, bien loin de l’existence de la bourgeoisie aisée.

Politique, société et marché de l’art

À la différence de Monet ou Renoir, Pissarro était réticent à toute esthétisation. Cela explique sans doute le fait qu’il subit un échec commercial et eut des problèmes financiers jusqu’ à un âge avancé. Pissarro a joué un rôle moteur lors de la création d’une association libre et coopérative qui réunissait des hommes et femmes souhaitant exposer et vendre eux-mêmes leurs oeuvres. Cette Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs entrera plus tard dans l’histoire de l’art sous le nom de groupe des impressionnistes.

Le néo-impressionnisme

Dans les années l’impressionnisme, longtemps sujet à controverse, commence à recueillir davantage l’adhésion du public, à entrer dans les collections particulières et publiques, et à rapporter de l’argent aux artistes. C’est précisément à ce moment-là que Pissarro se consacre à une autre révolution picturale – le néo-impressionnisme – et manifeste de nouveau une volonté ferme en faveur du progrès artistique. L’esthétique radicale et la méthode scientifique du néo-impressionnisme défendues notamment par Georges Seurat, Paul Signac, Louis Hayet et le fils aîné de Pissarro, Lucien, représentent pour l’artiste une évolution logique de l’impressionnisme. Même s’il revient à une touche plus libre dans les années 1890, il reste fidèle à ses convictions : le bon art contient un noyau révolutionnaire et affiche une foi inébranlable en la modernité.


Le peintre ne fait pas mystère de son intérêt pour les écrits anarchistes et de son engagement en faveur des publications anarchistes. Comme nombre de ses contemporains, dont les néo-impressionnistes, Pissarro est convaincu que la répartition inégale des ressources (en particulier dans des grandes villes comme Paris ou Londres) mènera à un renversement sociétal à plus ou moins long terme. À la différence de certains de ses camarades politiques, Pissarro croit cependant en une révolution pacifique et non violente.
La manière dont ses convictions politiques transparaissent dans son art suscite l’intérêt depuis longtemps d’une histoire de l’art socio-historique. Bien que Pissarro ne considérât pas ses tableaux comme des professions de foi politiques, sa technique picturale révolutionnaire, son aspiration à l’autonomie et à la liberté en toute circonstance, de même que sa volonté d’emprunter de nouvelles voies envers et contre tous, associent son art à l’idée centrale de l’anarchisme compris comme une libéralisation de l’individu et de ses aspirations.

Une soif d’expérimentation

Le parcours de Pissarro est marqué par les événements et les dynamiques historiques qui ont jalonné le XIXe siècle. Il incarnait certains des conflits les plus complexes de son temps et considérait qu’il était du devoir des artistes de mener une réflexion critique tant sur l’esprit de l’époque que sur le contexte politique, social et économique. La manière dont il abordait ces réalités en fait aujourd’hui un artiste des plus actuels.


Du fait de ses origines, Pissarro occupait une position marginale parmi les artistes français qu’il fréquenta activement tout au long de sa vie. Né en 1830 de parents juifs sur l’île Saint-Thomas dans les Caraïbes, alors colonie danoise, il est le seul impressionniste à grandir sur deux continents. Trilingue (français, anglais et espagnol), il est sensibilisé à la diversité ethnique et culturelle dès son enfance. Son identité, sa conception de la peinture et sa vision du monde étaient à la fois le fruit d’une culture aux origines complexes, et donc par essence anti-nationaliste, et d’une volonté constante d’échanger avec d’autres créateurs.


Pissarro éprouvait une curiosité singulière pour les expérimentations artistiques et les nouvelles formes de représentation. Dans l’entourage de précurseurs à l’instar de Camille Corot et Gustave Courbet, il recherchera toujours à dialoguer avec ceux qui, comme lui, nourrissaient une vision de l’art indépendant de l’Académie.

Un don pour l’amitié

Comme nul autre, Pissarro était disponible pour entretenir ses amitiés avec les peintres, valoriser leur potentiel et apprendre d’eux en retour. Il possédait ce qu’on pourrait appeler un « don » pour l’amitié. Le respect de la singularité artistique de chaque personnalité en constituait le fondement. Pissarro éprouvait de la méfiance envers les contraintes hiérarchiques et s’opposait par principe à tout dogmatisme. Pour lui, la collaboration artistique n’avait rien à voir avec l’ancienneté, mais reposait sur la base d’un échange sur un pied d’égalité. L’exposition révèle ses différentes relations avec les protagonistes de l’époque et montre ainsi une image bien différente de celle de l’artiste-génie travaillant à l’écart du monde extérieur.

De prestigieux prêts

                               Paul Gauguin

L’exposition Camille Pissarro. L’atelier de la modernité
réunit quelque 180 oeuvres de collections suisses et internationales parmi lesquelles le Museum Folkwang d’Essen, le Musée d’Orsay de Paris, The Museum of Modern Art de New York, The Metropolitan Museum of Art de New York, la National Gallery of Ireland, The National Gallery de Londres, la Kunsthalle Mannheim, le Museo Nacional Thyssen-Bornemisza de Madrid, la Tate Modern de Londres, The British Museum de Londres, le Dallas Museum of Art, la National Gallery of Art de Washington, le Musée du Petit Palais de Genève, le Ashmolean Museum d’Oxford, les Musées de Pontoise, The Art Institute of Chicago, la Staatsgalerie Stuttgart, le Kunstmuseum Bern et le Kunst Museum Winterthur.

Catalogue

L’abondant catalogue de l’exposition avec des contributions de Timothy J. Clark, André Dombrowski, Claire Durand-Ruel, Christophe Duvivier, Sophie Eichner, Colin Harrison, Josef Helfenstein, Jelle Imkampe, David Misteli, Olga Osadtschy, Joachim Pissarro, Esther Rapoport, Valérie Sueur-Hermel et Kerstin Thomas paraît aux éditions Prestel Verlag.

Informations

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Postfach, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

HAUPTBAU & NEUBAU

Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00

Goya à la Fondation Beyeler – Derniers jours – 23 janvier 2022

                                                      Goya St Antoine de Padoue 1798

L’exposition Goya a été organisée par la Fondation Beyeler en coopération avec le Museo Nacional del Prado, Madrid, et développée par Isabela Mora et Sam Keller. Elle est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, en collaboration avec Gudrun Maurer, Scientific Advisor. La gestion
du projet a été assurée par Ioana Jimborean et Fiona Hesse, Associate Curators.

275 ans après sa naissance, la Fondation Beyeler consacre à Francisco de Goya – précurseur majeur de l’art moderne – l’une des expositions les plus importantes réalisées à ce jour.
Pour la première fois, des tableaux de collections privées espagnoles rarement donnés à voir côtoient dans les espaces de la Fondation Beyeler des oeuvres maîtresses en provenance de collections privées et de musées européens et
américains de tout premier plan. L’exposition réunit environ 70 tableaux et plus de 100 dessins et gravures d’exception. Aujourd’hui comme du vivant de l’artiste, l’oeuvre de Goya donne à vivre une expérience sensorielle et intellectuelle unique. Depuis deux siècles, son oeuvre complexe et ambigu constitue pour de nombreux·ses artistes un repère et une référence incontournables.

Son oeuvre

                             Francisco de Goya, Vol des sorcières
                          (Vuelo de brujas), 1797 – 1798
                          Huile sur toile, 43,5 x 30,5 cm
                           Museo Nacional del Prado. Madrid
                         © Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

Francisco de Goya y Lucientes (1746–1828) occupe dans l’histoire de l’art européen une position paradoxale en tant qu’un des derniers grands peintres de cour d’une part et annonciateur de la figure de l’artiste moderne d’autre part. Afin de permettre au public d’apprécier la singularité profonde de son
activité créatrice, qui couvre la période du rococo tardif au romantisme, et de rendre justice à la richesse formelle et thématique de son oeuvre peinte, dessinée et gravée, l’exposition présente tout l’éventail des genres
et des sujets de prédilection de Goya. Conçue de manière chronologique, elle réunit des tableaux de représentation grand format tout comme des pages de carnets de croquis, mettant l’accent sur l’oeuvre tardif de l’artiste.

Peintre de cour ou peintre profane ?

L’exposition de la Fondation Beyeler donne à voir d’une part le peintre de cour et d’autre part le créateur d’univers picturaux énigmatiques et inquiétants, son oeuvre sacrée comme son oeuvre profane, ses représentations du Christ et de sorcières, ses portraits et ses peintures d’histoire, ses natures mortes et ses
scènes de genre. Outre des tableaux réalisés pour le compte de la maison royale, de l’aristocratie et de la bourgeoisie, l’exposition présente des oeuvres que Goya crée dans un espace de liberté artistique conquis à la force de sa volonté et de son talent, parmi elles des peintures de cabinet souvent réservées à un cercle
intime. Dans l’histoire de l’art européen, Goya est l’un des premiers artistes qui s’élève avec une opiniâtreté rebelle contre les dogmes et les règles qui entravent la création artistique, plaidant au contraire pour l’impulsivité et l’inventivité de l’artiste («capricho» et «invención»).

Prêts rares

Parmi les temps forts de l’exposition figurent le portrait de la duchesse d’Albe (1795) et l’emblématique Maja vêtue (La maja vestida, 1800–1807),

La Maja vêtue
(La maja vestida), 1800–1807
Huile sur toile, 95 x 190 cm
Museo Nacional del Prado. Madrid
© Photographic Archive. Museo Nacional del Prado. Madrid

tout comme deux tableaux rarement exposés en provenance de collections privées européennes, Maja et Célestine au balcon et Majas au balcon, que Goya peint entre 1808 et 1812. Autre particularité de l’exposition : des peintures de genre de petit format détenues pour la plupart dans des collections privées espagnoles et à ce jour rarement montrées hors d’Espagne. Dans ces tableaux, Goya – de même que dans ses dessins et ses gravures – donne libre cours à ses inspirations intimes.Tiempo muerto | El Diario VascoHospital del Apestados (L’Hôpital de la peste), 1810© Museo Nacional del Prado. Madrid – Fundación Lázaro Galdiano, Madrid – Collection du Marquis de la Romana.

Pour la première fois depuis son unique présentation à ce jour au Museo Nacional del Prado, le public pourra ainsi découvrir à la Fondation Beyeler la série complète de huit peintures d’histoire et de
genre qui nous sont parvenues de la collection madrilène du marquis de la Romana. Elles sont accompagnées des quatre célèbres panneaux dépeignant des scènes de genre de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando à Madrid, prêts d’une grande rareté.

Vie sociale, politique et religieuse

                                                La trinité
Dans ses scènes de genre et ses peintures d’histoire, Goya dépeint des incidents de la vie quotidienne sociale, politique et religieuse mouvementée des Espagnoles et des Espagnols aux alentours de 1800.
Parmi les décors récurrents de ces scènes figurent les marchés et les arènes, les prisons et les institutions ecclésiastiques, les asiles de fous et les tribunaux de l’Inquisition. Les sorcières constituent également un motif majeur, par lequel Goya illustre la superstition de son temps. Outre un groupe de gravures des
Désastres de la guerre (Los desastres de la guerra, 1811–1814), l’exposition présente une sélection de planches de la série des Caprices (Los caprichos) parue en 1799, parmi elles la célèbre gravure no. 43 au titre éloquent Le Sommeil de la raison enfante des monstres, qui reflète le constat mélancolique et résigné de Goya que ni la raison ni l’ironie et le sarcasme ne peuvent lutter contre la déraison.

Les Caprices (Planche 43) : Le Sommeil de la raison produit des monstres ; El Sueño de la razon produce monstruos
Inscription, en haut à droite : 43. ; titre, en bas à gauche : El Sueño de la razon produce monstruos ; tampon, au dos : musée Goya
Eau-forte et aquatinte

                                     les tribunaux de l’Inquisition.

L’univers pictural énigmatique et insondable de Goya lui vaut une grande estime depuis le romantisme français au début du
19ème siècle. Parmi les artistes de la modernité, Pablo Picasso et Joan Miró, Francis Bacon et les surréalistes ont éprouvé une affinité profonde avec son art. Goya constitue aussi une référence importante pour de nombreux·ses artistes contemporain·e·s, dont Marlene Dumas et Philippe Parreno.

Une chance pour les personnes des trois régions, France, Allemange, Suisse, de voir un panorama de Goya sans aller en Espagne et ailleurs.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00

Anselm Kiefer
Pour Paul Celan

Jusqu’au 11 janvier 2022 au Grand Palais Éphémère
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en partenariat avec la Galerie Thaddaeus Ropac
commissariat : Chris Dercon, Président de la Rmn – Grand Palais

Celan pour Kiefer
L’artiste allemand déclare que « Paul Celan »(…) ne le quitte jamais (…)
il vit en sa compagnie et tente, de façon presque rituelle, d’écrire « sa langue » sur ses toiles.
Cette dernière indication est à prendre au pied de la lettre, puisque Kiefer inscrit des poèmes ou des extraits sur nombre d’oeuvres, mais également parce que le plasticien cristallise les images du poètes, ce qu’il résume :
« Je pense en images. Les poèmes m’y aident« 

Anselm Kiefer, Car tu as trouvé le Tesson de la Détresse, 2018/2021

C’est un artiste qui m’interpelle, m’attire, m’émeut.
Je me souviens de l’opéra « Am Anfang » à l’opéra Bastille,  où l’Installation-spectacle, la Conception, la mise en scène, les décors et les costumes
étaient sous son autorité.
De l’émotion éprouvée lors de Monumenta au Grand Palais, il y a 15 ans,
de ma première rencontre avec l’oeuvre de l’artiste au
musée Würth d’Erstein, son goût de la provocation (faisant le salut nazi),
une visite mémorable de blogueurs au Louvre qui a acquis 3 de ses oeuvres.
C’est avec un plaisir immense que j’ai pénétré dans la blanche galerie
Thaddaeus Ropac, où les oeuvres trouvent leur juste place, se détachant
avec bonheur de la surface blanche.


N’a t’il pas évoqué pendant l’entretien avec Chris Dercon de ce 15 décembre sa préférence pour le white cube. Le champ labouré derrière le Grand Palais éphémère, avec la Tour Eiffel surplombant l’ensemble fait penser étrangement
à une toile de Kiefer, au grand jour, à nous d’y apporter notre poésie.

                                              Anselm Kiefer, La Seule Lumière

Quinze ans après avoir inauguré la série des Monumenta au Grand Palais en 2007, Anselm Kiefer est le premier plasticien à investir l’intégralité de l’espace du Grand Palais Éphémère, à l’invitation de la Rmn – Grand Palais pour un projet inédit. Projet quelques peu surprenant par sa présentation sur roulettes
et son ambiance de cimetière. C’est un peu la répétition systématique d’une formule.
Avec Pour Paul Celan, Anselm Kiefer poursuit son travail sur la mémoire européenne dont la France et l’Allemagne sont les grands acteurs. Dans cette exposition des sculptures, installations, et 19 toiles de grand format interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande,
Paul Celan.

                                        Anselm Kiefer, Cendre des Puits d’Accra
L’oeuvre de Paul Celan a sans cesse été présent dans les peintures d’Anselm Kiefer, depuis l’adolescence et la découverte du poème « Todesfuge »
(« Fugue de mort »), et se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec ce nouvel ensemble de peintures. Ce dialogue se densifie au cours des dernières années et notamment en 2020 à la faveur de la période d’isolement du confinement

              Anselm kiefer, Comme une arche, elle a quitté la route

Dans les extraits de son journal rédigés pendant la préparation de l’exposition au Grand Palais Éphémère, Anselm Kiefer écrit :
Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé.
(…)
la langue de Paul Celan vient de si loin, d’un autre monde auquel nous n’avons pas encore été confrontés, elle nous parvient comme celle d’un extraterrestre. nous avons du mal à la comprendre.
Nous en saisissons ça et là un fragment. Nous nous y accrochons sans jamais pouvoir cerner l’ensemble. J’ai humblement essayé, pendant soixante ans. désormais, j’écris cette langue sur des toiles, une entreprise à laquelle on s’adonne comme à un rite.

A.K.
l’exposition au grand palais : comment mettre Celan dans une salle construite pour des olympiades ? n’est-ce pas une entreprise impossible, blasphématoire ? tes grands tableaux dans lesquels tu cites Celan : n’est-ce pas comme si tu placardais Celan sur des colonnes Morris ? ne devrais-tu pas mettre le feu aux tableaux, les brûler en public ? 

Celan, qu’ils commentent, et en retour les vers du poète donnent vie aux peintures. Ici les disciplines artistiques s’emparent des conflits de l’histoire, même si, toujours selon Alexander Kluge,
« un Bauhaus pour la prévention de la guerre, » ça n’existe pas.

                               Madame de Staël : de l’Allemagne, 2015-2021

Cette exposition se déroule au moment où la France prend la présidence de l’Union européenne.
Elle en est une forme de prologue, comme si, selon les mots d’Anselm Kiefer,
« Madame de Staël s’adressait à l’Allemagne ».
Les peintures de Pour Paul Celan sont posées dans l’espace dénué
de scénographie classique et de cimaises, sans chronologie, comme les mémoires non traitées de notre existence humaine.

Ouh-la l’-Art Adèle Van Reehtsur France culture
Le Grand Palais Éphémère, espace monumental de 10 000m2 conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, est l’environnement vivant de cette installation.
L’Ecole Militaire ainsi que les bâtiments modernes de l’UNESCO au Sud,
feront écho aux leitmotivs qui hantent l’oeuvre de l’artiste :
l’histoire politique de l’Europe traversée par ses conflits.
Un ouvrage accompagne le projet, rassemblant des textes du philosophe Emanuele Coccia, de l’artiste Edmund de Waal, du cinéaste Alexander Kluge et du conservateur Ulrich Wilmes ainsi que des extraits du journal
d’Anselm Kiefer.

Discours inaugurale d’entrée au collège de France

Informations pratiques

horaires : tous les jours de 10h à 19h
nocturne jusqu’à 21h les vendredi et samedi
(sauf les 24 et 25 décembre : fermeture à 19h)
tarifs: 13 € / 10 € (TR)
gratuit pour les moins de 16 ans
tarif réduit : carte famille nombreuse,
demandeur d’emploi
accès : Grand Palais Éphémère, Place Joffre, 75007 Paris
métro : arrêt «La Motte Piquet Grenelle» par les lignes 6, 8 et 10
arrêt «Ecole Militaire» par la ligne 8
bus : arrêt «Ecole Militaire» par les Bus 28, 80, 86, 92
arrêt « Général de Bollardière» par les Bus 80 et 82

Le Théorème de Narcisse
Jean-Michel Othoniel

Jusqu’au 2 janvier 2022 à l’invitation du Petit Palais,
Jean-Michel Othoniel investit la totalité du musée et son jardin. Il s’agit
de la plus grande exposition personnelle de l’artiste à Paris depuis sa
rétrospective My Way au Centre Pompidou en 2011.

Pour l’occasion, en plus de 70 oeuvres nouvelles, Othoniel invente
Le Théorème de Narcisse : un homme-fleur, qui en se reflétant lui-même, reflète le monde autour de lui. Selon Gaston Bachelard,
« le narcissisme n’est pas toujours névrosant, il joue aussi un rôle
positif dans l’oeuvre esthétique. La sublimation n’est pas toujours la
négation d’un désir. Elle peut être une sublimation pour un idéal. »
L’artiste tisse une toile d’irréalité, d’enchantement, d’illusion,
de libération de l’imagination. Rivières de briques bleues, Lotus
et Colliers d’or, Couronne de la Nuit, Noeuds Sauvages et Precious
Stonewalls miroitants, ces oeuvres sont enchâssées dans le bâtiment,
suspendues aux arbres ou posées sur l’eau ; elles dialoguent avec
l’architecture du Petit Palais et les ors de son jardin.
Cette exposition est un message d’ouverture offert gratuitement au
public. Elle est placée sous le signe du ré-enchantement et de la
théorie des reflets que l’artiste développe depuis près de dix ans
avec la complicité du mathématicien mexicain Aubin Arroyo. Cette
invitation au rêve nous permet, le temps de l’exposition, de résister à
la désillusion du monde.

Commissariat
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais
Juliette Singer, conservatrice en chef du patrimoine, responsable
des projets art contemporain du Petit Palais

Parcours de l’exposition

La Rivière bleue (2021)
Adressant un signal fort aux passants, une Rivière bleue en verre miroitant semble dévaler en cascade l’escalier d’honneur du Petit Palais. Réalisée in situ avec des briques en verre indien, cette sculpture-architecture joue sur le rapport d’expression entre deux couleurs : les teintes aigue-marine, froides et
nocturnes de la rivière bleue, répondent au jaune d’or solaire de l’exceptionnelle grille en ferronnerie
de Charles Girault (1851-1932), qui marque l’entrée du musée. Par cette installation opalescente, qui semble faite de pierres précieuses, Othoniel fait basculer l’architecture du musée vers celle d’un château de conte de fée ; la nuit en particulier, la magie opère, à travers un saisissant effet de flottement
et d’irréalité.

Le Jardin (26 sculptures, 2014-2021)
Un monumental lotus noir et or se dessine à travers la fenêtre
de la rotonde d’accueil. Comme les compagnons d’Ulysse qui,
dans l’Odyssée d’Homère, ne voulurent plus quitter l’île enchantée
des lotophages après avoir goûté à cette fleur magique, les
visiteurs sont invités par cette fleur à pénétrer dans le jardin
et à tout oublier, le temps d’une parenthèse enchantée. Celui-ci
recèle de nombreuses surprises, qui entrent en harmonie
avec l’esprit Art Nouveau du Petit Palais. Sur les mosaïques
colorées du péristyle, six noeuds d’argent, aux entrelacs parés
de perles réalisées en réalité en inox, reflètent tout ce qui
les entoure et notamment la colonnade en demi-cercle, et les
fresques de Paul Baudoüin (1844-1931) qui retracent le cycle
des saisons, avec les heures du jour et de la nuit. Ils ouvrent
ainsi sur l’infini du cosmos, et l’éternel recommencement.
Dans la verdure, au milieu des acanthes et des palmiers, se
révèlent d’autres merveilles : des Colliers précieux, accrochés
aux branches. Dorés, ils font écho aux guirlandes suspendues
du péristyle ; mais ils apportent aussi une autre dimension,
de l’ordre du désir et de la sensualité, tout comme les colliers
dressés au sol, dans les alcôves du péristyle. Dans les
bassins aux mosaïques turquoise et violette, évocateurs des
jardins orientaux, trois lotus dorés se mirent dans une eau,
dont l’image se reflète à son tour à travers les perles-miroirs
qui les composent. Ils rappellent la fleur jaune dans laquelle
Narcisse, épris de sa propre image, a fini par être transformé.
L’homme et son image, ici interrogés, peuvent être vus comme
le dédoublement de l’artiste et son oeuvre ; ou comme le visiteur qui, pris dans ce jeu, peut découvrir à travers ce reflet une certaine image méconnue du monde, et de lui-même.

La Couronne de la Nuit (2008)
Surplombant le magnifique escalier en spirale conçu par Charles Girault, la Couronne de la Nuit tient lieu de lustre
géant et surprend, telle une « folie » cachée. Faisant pendant à la fresque de Maurice Denis, l’Histoire de l’art français (1919-
1925) situé dans l’aile opposée, elle est dominée par des bleus profonds, outremer et aigue-marine, qui invoquent la Reine de
la Nuit, héroïne opératique de la Flûte enchantée de Mozart.
Ces teintes froides sont réchauffées çà et là par quelques perles rouges, comme autant d’étoiles. Deux coeurs renversés,
symbole romantique par excellence, occupent son centre, et sont surmontés d’une énorme boule-miroir, dite « affolante » qui sert habituellement à effrayer les oiseaux

La Grotte de Narcisse (46 oeuvres)
Espaces enfouis à l’abri des regards, les grottes sont, parfois,
érigées en sanctuaires. Platon, dans le mythe de la Caverne,
s’en sert pour montrer combien il est difficile pour les hommes, enchaînés dans leurs illusions, d’accéder à la vérité et de la
partager. Ici, l’Agora (2019), en briques argentées, forme un antre où se cacher seul ou à plusieurs pour renouer avec un dialogue simple et direct, à l’abri des regards, loin des surveillances vidéos et des réseaux sociaux.

Les Noeuds sauvages
Avec son « collier-cicatrice » exposé dans le jardin de la collection
Peggy Guggenheim à Venise, en 1997, Jean-Michel Othoniel
adopte le module de la perle de verre soufflée, qui devient emblématique de ses oeuvres. À l’autre bout du monde, au Mexique, un jeune mathématicien, Aubin Arroyo se consacre, dans les années 2000, à une nouvelle théorie des reflets. Il
utilise l’image virtuelle de perles miroirs comme base à ses
calculs de « noeuds sauvages ». En 2015, grâce au hasard d’Internet,
les colliers noués d’Othoniel, et les images virtuelles d’Arroyo confrontent leurs troublantes ressemblances.
Les deux hommes décident de se rencontrer et entament de
riches échanges. En 2017, Othoniel conçoit le Noeud infini, une
sculpture de verre miroité, qu’il offre à la salle des mathématiques de l’université Nationale de Mexico (UNA), où Arroyo présente le fruit de ses recherches. Issues pour les unes, de l’oeuvre personnelle d’un artiste et pour l’autre de travaux mathématiques, ces formes présentent d’étonnantes similitudes, elles ouvrent sur la notion d’un univers sensible présent dans l’infini mathématique. Cette théorie des reflets invite à une vision cosmique du « mythe de Narcisse ».

Au cours de la séance plénière du mercredi 14 novembre 2018, l’Académie des beaux-arts a élu Jean-Michel Othoniel au 5e fauteuil précédemment occupé par Eugène Dodeigne (1923-2015), dans la section de Sculpture


Sur France Culture podcast

Informations pratiques

Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Entrée libre et gratuite
Métro n°1
arrêt Champs Elysées Clémenceau

Sommaire de novembre 2021

Mina Mond galerie Pol Lemetais

21 novembre 2021 : Merci Seppi. Un cadeau merveilleux au Musée Tinguely
29 novembre 2021 : BILAN : ST-ART 2021, une édition anniversaire

Stand by depuis août jusqu’à novembre pour cause de maladie

ST’ART 2021 – Une édition sous le signe de l’écologie

BILAN : ST-ART 2021, une édition anniversaire

Un visitorat qualitatif
Si, par la force des choses et en raison de la pandémie de
COVID-19, ST-ART n’avait pas pu avoir lieu en novembre
2020, la foire est revenue cette année, du 26 au 28
novembre et a enfin pu fêter sa 25ème édition !
Les exposants saluent une fréquentation qualitative de
collectionneurs, professionnels et amateurs avertis.

« J’ai vu beaucoup de collectionneurs sur cette édition »
Patrick Adler, Galerie Aedaen
• Audrey Clerc, Galerie Murmure, souligne les belles rencontres et le beau relationnel noué avec des nouveaux clients : « J’ai rencontré beaucoup de
nouvelles personnes qui ne connaissaient pas la galerie ».
• Pour Sandra Blum, la foire a été l’occasion de retrouver des collectionneurs qu’elle attendait, et fidéliser des contacts.
Delphine Courtay, qui participait pour la 1ère fois, a noté la présence d’un certain nombre de visiteurs étrangers à Strasbourg et notamment allemands,
également des visiteurs qui ne venaient plus et qui sont revenus cette année :
« ST-ART a un vrai potentiel« .

Une édition plus conviviale qui a séduit exposants comme visiteurs

Le format resserré de ce grand rendez-vous de l’art contemporain a permis des échanges plus qualitatifs et l’édition a été jugée très belle tant par les exposants que par les visiteurs
Patrick Adler (galerie Aedaen) souligne une belle édition : « un des plus beaux ST-ART qu’il ait vu » avec des espaces agréables et une belle circulation.
Audrey Clerc (galerie Murmure) a beaucoup apprécié de pouvoir rencontrer ces confrères dans ce format : « de très belles relations se sont créées entre les exposants ; on est seul dans nos galeries, c’est important de se rencontrer, la foire a permis ces rencontres et a su synthétiser les belles énergies
pour créer du positif ».
Delphine Courtay a salué une bonne ambiance sur la foire.

Patrick Adler (galerie Aedaen) présentait entre autres une magnifique, hypnotique et poétique, vidéo de Robert Cahen

ST-ART célébrait ses 25 ans à travers une série d’événements et expositions
Une édition sous le signe de l’écologie

Avec deux expositions ayant pour thématique la relation des artistes à l’environnement, ST-ART 2021 a posé son regard sur les enjeux climatiques.
Patricia Houg, directrice artistique de la foire et commissaire de l’exposition « FUTURAE« , a réunit 6 artistes dont le travail questionne les enjeux écologiques. Vaughn Bell, Jérémy Gobé, Ha Cha Youn, Clay Apenouvon, Luc Lapayre et Ryo Tomo ont ainsi réalisé chacun une pièce où il interroge l’impact
de l’homme sur la nature, « l’idée étant de pointer du doigt des phénomènes dramatiques avec beaucoup d’esthétisme« .


La Région Grand Est proposait quant à elle une exposition intitulée
« Il n’y a pas de planète B » réunissant 7 artistes du territoire sous le commissariat de Vincent Verlé et dont le parcours initiatique
guidait le visiteur depuis les relations entretenues par les premiers peuples avec la Nature jusqu’à la destruction des écosystèmes par l’Homme.

Hommage à l’artiste R.E. Waydelich

À l’occasion des 25 ans de ST-ART, la galerie strasbourgeoise l’Estampe, en collaboration avec les éditions Rémy Bucciali, proposait une exposition hommage à l’artiste R.E. Waydelich, retraçant 50 ans de carrière de cet artiste singulier, qui est aujourd’hui l’artiste alsacien vivant le plus populaire en
France, et dont la renommée dépasse nos frontières.
Collectionneur infatigable d’objets et de photos, R.E. Waydelich s’est construit une oeuvre protéiforme, qui mêle collages, assemblages, installations.
C’est une méticuleuse et fantaisiste méditation plastique, à la fois mélancolique et pleine d’humour, sur le temps et la mémoire.

Exposition de la Collection Françoise et Jean Greset

Pour célébrer 25 années de présence à ST-ART, Patricia Houg proposait à la galerie Jean Greset d’exposer une sélection des artistes qui avait été présentés à ST-ART durant cette période.
Cette exposition a permis aux visiteurs de revisiter, à travers l’oeil de ces collectionneurs, le mouvement de l’art construit.

Des Facebook Live, retour sur 25 ans de foire
En 25 ans, ST-ART a présenté, découvert et promu plus de 600 artistes par an. La foire a proposé des expositions d’exception, de la Maison Européenne de la Photographie au Museo Picasso Barcelona, et plus récemment en s’ouvrant au Design avec une exposition autour de l’assise.

3 Facebook live ont ainsi permis de se replonger dans 25 ans de soutien à la création contemporaine.

Un jeu concours
Pour la 1ère fois, ST-ART organisait un jeu concours pour faire gagner une oeuvre d’une valeur de 150 euros. 878 participants ont tenté leur chance pour acquérir une aquatinte et pointe sèche signée de l’artiste Alma Bucciali.

 

 

Pour plus détails voir ici le blog de Robert Becker dit la Fleur du dimanche


RDV en novembre 2022 pour la 26e édition !

Merci Seppi. Un cadeau merveilleux au Musée Tinguely

Andres Pardey et Josef Imhof dit Seppi

Josef « Seppi » Imhof, assistant de Jean Tinguely de 1971 jusqu’à la mort de l’artiste en 1991, a rassemblé de nombreuses œuvres sur papier tout au long des années où, très régulièrement et de très près, il a accompagné Tinguely
( 22 mai 1925 à Fribourg et mort le 30 août 1991 à Berne).  On trouve là des dessins, des gravures, des collages, des lettres, des croquis de travail, des aquarelles méticuleuses. Ce sont tous de témoignages d’une relation intense entre l’artiste et son assistant. Seppi Imhof a fait don au Musée Tinguely de sa collection d’œuvres sur papier, qui est présentée dans le cadre de l
’exposition Merci Seppi jusqu’au au 13 mars 2022.
Ce sont comme des posts it sommairement
détaillés, mais illustrés par des notifications, que Seppi devait interpréter, comme assistant en chef.

Les histoires sur le travail de Seppi Imhof en tant qu’assistant de Jean Tinguely se bousculent. Que ce soit le recrutement, comme soudeur, au buffet de la gare (avec la question clé de savoir s’il pouvait aussi « taper le carton »), les récits de voyages et les hébergements aventureux ou les visites chez ou avec des artistes comme Alexander Calder ou Keith Haring – Seppi a presque toujours été là et recueilli non seulement des impressions mais aussi de nombreux souvenirs. Et il aime les raconter et les transmettre.

Josef Imhof dit Seppi est né 23 mai 1943 à Berne et passa son enfance à Soleure
Après un apprentissage de serrurier en bâtiment et en construction il travailla entre autres au laminoir de Von Roll à Gerlafingen.
En 1970, il tomba par hasard sur l’annonce suivante dans un journal:
Jean Tinguely cherche pour une durée d’environ 6 mois à partir du 15 juillet serrurier en bâtiment ou serrurier (suisse alémanique), polyvalent et ne souffrant pas de vertige, permis de conduire (connaissances de jass désirées), p.l. construction d’une sculpture monumentale en fer dans les alentours de Paris. Hébergement et nourriture compris. » (jass jeu de cartes suisse)
La décision spontanée de répondre à cette annonce devait déterminer les prochaines 20 années de la vie de Josef Imhof. En tant que soudeur qualifié il devint l’assistant professionnel de Jean Tinguely qui devait – selon les dires de l’artiste – être meilleur soudeur qu’il ne l’était.

Après l’installation de l’exposition “Machines de Tinguely” au CNAC (Centre national d’art contemporain) à Paris au printemps 1971, le véritable travail de Sepp Imhof comme assistant de Tinguely commença pour de vrai: avec Niki, Bernhard Luginbühl, leurs aides et autres artistes, amis de Tinguely, débuta le long travail commencé en 1969 sur la sculpture-installation monumentale La Tête ou Le Cyclop à Milly-la-Forêt, près de Paris.
Sepp Imhof était le garant pour la réalisation matérielle des idées souvent fantastiques de l’artiste.
Pendant plus de 20 ans jusqu’à son inauguration officielle en 1994, 300 tonnes de fer soudé furent nécessaires pour la construction de la sculpture haute de 22,5 m.

Mais, Josef Imhof participa aussi à de nombreux autres projets de Jean Tinguely.
Seppi a collectionné et gardé jusqu’au dernier bout de papier, souvenirs nombreux documentant ses années de travail riches en expériences aux côtés de Jeannot et d’autres artistes. Les spectateurs auront maintenant l’occasion d’en voir un choix au Musée. Parmi ceux-ci se trouvent des lettres-collages hauts en couleurs que Jean Tinguely lui envoyait de tous les coins du monde. Elles révèlent la fantaisie sans borne et la créativité de l’artiste qui avait pour habitude de « bricoler » et donner ainsi forme à ses idées et souhaits à partir d’impressions et d’objets, de choses quotidiennes et de choses jetées. De surcroît, les lettres à son assistant Imhof sont d’importants documents qui nous instruisent sur les étapes éparpillées de la création artistique de Tinguely et nous permettent de gagner un aperçu direct et enrichissant dans sa manière de travailler.

Parmi ces souvenirs, il y a aussi quantité de lettres, affiches, gravures, notes,
« images à avaler », consignes de travail, cartons d’invitation et projets divers que, pour la plupart, Jean Tinguely (et parfois aussi Niki de Saint Phalle) lui a écrits et dédiés. Ce sont des points de repère dans la collaboration avec le patron et ami ; ils évoquent des projets importants des années 1970 et 1980 ainsi que des lieux significatifs : Le Cyclop, Le Crocrodrome de Zig et Puce, Il Giardino die Tarocchi, Chaos No. 1, Klamauk, Pit-Stop, Bâle, Fribourg ou Charlotte.

Après avoir travaillé comme conservateur au Musée Tinguely jusqu’en 2008, Seppi Imhof a fait don à celui-ci de sa collection d’œuvres sur papier. Classés par thèmes, lieux et projets, les plus de 400 pièces sont désormais exposées. Par leur volume, ils illustrent également l’intensité avec laquelle les deux hommes ont travaillé et même souvent vécu ensemble pendant 20 ans, en symbiose presque, mais pourtant dans des domaines et avec des responsabilités bien définis. Cette exposition est donc un hommage, d’une part à Seppi Imhof, le généreux donateur, et d’autre part à l’amitié entre Jean et Seppi qui a rendu tout cela possible.


Informations pratiques Musée Tinguely     :

Titre de l exposition : Merci Seppi. Un cadeau merveilleux Adresse : Musée Tinguely | Paul Sacher – Anlage 1 | 4002 Bâle

Heures d ouverture : mardi  à  dimanche, tous les jours 11h – 18h

Sites Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #    tinguely | # merciseppi

Le Musée Tinguely est soumis à l’obligation du certificat Covid. Nous vous demandons donc de présenter votre certificat et votre carte d’identité à l’entrée.

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 
Gare allemande (Bad. Bahnhof) : bus no. 36.

Sommaire du mois de juillet 2021

Fête de l’été à la Fondation Beyeler

26 juillet 2021 : Elles font l’abstraction
22 juillet 2021 : Museum Tinguely AHOY !
16 juillet 2021 : Centenaire de la naissance d’Ernst Beyeler
14 juillet 2021 : Christian Boltanski
10 juillet 2021 : Frieder Burda, en souvenir
05 juillet 2021 : Circumnavigation jusqu’à Épuisement
01 juillet 2021 : Palais Augmenté