Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne

Jusqu’au 12 février 2023 au MAM Paris

Commissariat: Dieter Buchhart, Anna Karina Hofbauer et Fanny Schulmann, assistés d‘Anne Bergeaud et Cédric Huss 

Le Musée d’Art Moderne de Paris présente la première rétrospective parisienne consacrée à l’artiste autrichien Oskar Kokoschka (1886-1980). Retraçant sept décennies de création picturale, l’exposition rend compte de l’originalité dont fait preuve l’artiste et nous permet de traverser à ses côtés le XXe européen.

« Je suis expressionniste parce que
je ne sais pas faire autre chose qu’exprimer la vie »

Oskar Kokoschka

Podcast
Peintre, mais aussi écrivain, dramaturge et poète, Oskar Kokoschka apparaît comme un artiste engagé, porté par les bouleversements artistiques et intellectuels de la Vienne du début du XXe siècle. Par sa volonté d’exprimer l’intensité des états d’âmes de son époque, et un talent certain pour la provocation, il devient pour la critique l’enfant terrible de Vienne à partir de 1908 où, soutenu par Gustav Klimt et Adolf Loos, il inspire une nouvelle génération d’artistes, parmi lesquels Egon Schiele. Portraitiste de la société viennoise, Kokoschka parvient à mettre en lumière l’intériorité de ses modèles avec une efficacité inégalée.

Un « enfant terrible » à Vienne

(1904-1916) Prônant l’unité des arts, les artistes de la Sécession et de la Wiener Werkstätte (1903-1932) inventent alors à Vienne des formes douces et végétales, qui prolifèrent aussi bien en art qu’en architecture. L’irruption d’Oskar
Kokoschka sur cette scène artistique fait donc l’effet d’une « explosion dans un jardin », comme l’analyse l’historien Carl Emil Schorske.
Kokoschka s’affirme par la crudité de ses dessins et textes, qui annoncent le courant expressionniste. Son premier poème illustré en 1908, Les Garçons qui rêvent, dédié à Gustav Klimt en remerciement de son soutien, crée un scandale lors de son exposition à la « Kunstschau » de Vienne. Celui-ci se répète une année plus tard avec la première représentation de sa pièce de théâtre Meurtrier, espoir des femmes.
Qualifié de fauve par la critique, Kokoschka se rase la tête pour ressembler
à un bagnard.

Les années de Dresde

(1916-1923) Déclaré inapte au service militaire, Kokoschka séjourne à
Berlin à la fin de l’année 1916, où il signe un contrat avec le
galeriste Paul Cassirer (1871-1926). Alors qu’il traverse une
phase de profonde dépression liée à la guerre, il est soigné
dans un centre de convalescence à Dresde. Il se rapproche
de la scène artistique de la ville, notamment théâtrale, qui
l’encourage à poursuivre ses créations dramatiques.

En 1919, il obtient un poste de professeur à l’Académie des beaux-arts,
qu’il occupe jusqu’en 1923.
Inquiet de l’instabilité du climat politique, des explosions révolutionnaires comme de leurs sanglantes répressions, il s’en distancie en affirmant la nécessaire indépendance de l’art. Il proteste notamment contre l’endommagement d’une toile de Rubens lors d’affrontements à
proximité des musées de Dresde. Cela lui vaut la réprobation d’artistes Dada
comme George Grosz (1893-1959) et John Heartfield (1891- 1968), qui publient une tribune à son encontre.
À Dresde, Kokoschka visite régulièrement les musées et leurs chefs-d’oeuvre de Rembrandt, Titien, Raphaël. Il recherche de nouvelles formes d’expression picturale, tentant de « résoudre le problème de l’espace, de la profondeur picturale, avec des couleurs pures,

Oskar Kokoschka
Autoportrait / Selbstbildnis, 1917

pour percer le mystère de la planéité de la toile ».

Les oeuvres de cette période se distinguent par leurs couleurs intenses et lumineuses, appliquées par juxtaposition et épousant librement les formes du sujet.

La Poupée

En 1918, plusieurs années après sa rupture d’avec Alma Mahler, Kokoschka commande à l’artiste Hermine Moos (1888-1928) une poupée à taille réelle à son effigie. L’artiste tente de concrétiser ainsi un fantasme, par ailleurs
récurrent dans la littérature depuis le personnage d’Olympia des Contes d’Hoffmann (1817), celui d’une femme artificielle. Cette poupée fétiche est réalisée sur les instructions que Kokoschka fait parvenir à Hermine Moos, qui
sont très précises dans les attendus esthétiques comme tactiles de l’objet. De nombreuses interprétations ont cours sur sa signification et sa place dans l’oeuvre de Kokoschka : objet auto-thérapeutique, censé réparer les
blessures amoureuses et le traumatisme de la guerre ; mais aussi instrument performatif avant-gardiste, permettant à l’artiste d’explorer d’autres aspects de sa création, puisqu’il se met en scène et se peint en sa compagnie. En 1922, à l’issue d’une soirée, Oskar Kokoschka finit par détruire la poupée. Cette dernière séquence s’inscrit dans une représentation de la violence des hommes envers les femmes qui trouve de nombreux échos dans les réalisations des artistes de l’époque, du peintre George Grosz au cinéma expressionniste allemand.

Voyage et exil

Voyageur infatigable, il entreprend dans les années 1920 d’incessants périples en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Sa fragilité financière l’oblige à revenir à Vienne, qui connaît dès le début des années 1930 d’importants troubles politiques, le contraignant à partir pour Prague en 1934. Qualifié par les nazis d’artiste « dégénéré », ses oeuvres sont retirées des musées allemands. Kokoschka s’engage alors pleinement pour la défense de la liberté face au fascisme. Contraint à l’exil, il parvient à fuir en Grande-Bretagne en 1938 où il prend part à la résistance internationale.

La Suisse

Après la guerre, il devient une figure de référence de la scène intellectuelle européenne et participe à la reconstruction culturelle d’un continent dévasté et divisé. Il explore les tragédies grecques et les récits mythologiques afin d’y trouver le ferment commun des sociétés. Prenant ses distances avec la culture et la langue germanique, il s’installe à Villeneuve, en Suisse romande, en 1951. Les oeuvres des dernières années témoignent d’une radicalité picturale proche de ses premières oeuvres, dans leur absence de concessions. Sa croyance dans la puissance subversive de la peinture, vecteur d’émancipation et d’éducation, demeure inébranlable jusqu’à sa mort.

Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne réunit une sélection unique des 150 oeuvres les plus significatives de l’artiste grâce au soutien d’importantes collections européennes et américaines.

Podcast

Sur France Culture l’Art est la matière

Informations pratiques

Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris

Standard : Tél. +33 1 53 67 40 00

Horaires d’ouverture

Du mardi au dimanche de 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h15)

Nocturne
le jeudi soir jusqu’à 21h30 (fermeture des caisses à 20h45)

Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps

Sam Jinks, Untitled (Kneeling Woman), 2015 © Sam JinksCourtesy of the artist, Sullivan+Strumpf, Sydney and lnstitute for Cultural Exchange, Tübingen

Plongez  vous-mêmes dans l’univers troublant de l’hyperréalisme.

Participez à l’exposition et comparez votre corps avec les œuvres inédites présentées !

Etre capable de se mettre à nu, au sens propre, devant les autres, c’est d’abord se lancer un défi, surpasser les peurs et les doutes que l’on peut avoir par rapport à soi-même. Dans un contexte naturiste, on ne « montre » pas, on ne s’exhibe pas, on « est », tout simplement. Un retour à l’essentiel, détaché du paraître, permettant de vivre pleinement l’expérience de visite, de manière respectueuse, pudique et originale.

Les 10, 11 et 17 novembre 2022, pour la première fois le Musée Maillol accueillera des groupe de visiteurs entièrement nus pour visiter l’exposition itinérante « Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps ».

Visite ouverte à tous, sous réserve d’être nu.e.s

Date : Trois créneaux de visite sont proposés les 10, 11 et 17 novembre 2022 à 19h30, 20h15 et 21h

Fermeture de l’exposition à 22h30

 
Plongez dans l’univers troublant de l’hyperréalisme.
INTRODUCTION

L’exposition itinérante « Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps » s’expose au Musée Maillol dans une version enrichie et en partie inédite,
jusqu’au 5 MARS 2023

Une coproduction de Tempora et Institut für Kulturaustausch en étroite collaboration avec le Musée Maillol.

L’hyperréalisme est un courant artistique apparu dans les années 1960 aux Etats-Unis et dont les techniques sont explorées depuis lors par de nombreux artistes contemporains.

L’exposition présente une série de sculptures qui ébranlent notre vision de l’art. Réalité, art ou copie? L’artiste hyperréaliste tourne le dos à l’abstraction et cherche à atteindre une représentation minutieuse de la nature au point que les spectateurs se demandent parfois s’ils ont affaire au corps vivant. Ces œuvres génèrent ainsi une sensation d’étrangeté, mais sont toujours porteuses de sens.

Le sous-titre de l’exposition fait référence à la célèbre œuvre de René Magritte « Ceci n’est pas une pipe », qui questionnait le rapport de l’art à la réalité. Certains artistes exposés s’efforcent de donner du corps humain la représentation la plus fidèle et vivante possible tandis que  d’autres, au contraire, questionnent la notion de réalité : nouvelles technologies, représentations populaires détournées, déformations….

  • Le parcours rassemble plus de 40 sculptures d’artistes internationaux de premier plan dont : George Segal, Ron Mueck, Maurizio Cattelan, Berlinde De Bruyckere, Duane Hanson, Carole A. Feuerman, John DeAndrea,…
  • Une exposition représentative d’un courant artistique dans son ensemble qui vous transporte aux frontières du réel
  • Certains secrets de fabrication des œuvres sont révélés par les artistes eux-mêmes.

L’œuvre s’appelle Caroline. Firman donne souvent des prénoms comme titre à ses œuvres. Cela leur confère une véritable existence, un caractère narratif. Chaque œuvre devient un être à part entière. Pourtant dans ce cas, malgré son prénom, elle reste anonyme parce que le spectateur ne voit jamais le visage de Caroline – son identité reste donc abstraite.
L’intérêt de Daniel Firman pour l’énergie et la dynamique du corps ainsi que pour le mouvement et le rapport à l’espace est manifeste dans ses sculptures. Caroline représente une jeune femme dans un moment d’angoisse ou de désespoir. Ses bras et sa tête sont dissimulés sous son pull, sa posture, les avant-bras appuyés contre le mur, renforce l’impression de contrainte et le sentiment opprimant qui se dégagent de l’œuvre. Réalisé à l’aide de moulages, ce personnage à taille humaine est entièrement habillé. Malgré son visage et ses bras soustraits à notre regard, on a l’impression d’être face à un véritable être humain.

REPLIQUES HUMAINES

Dans les années 1960, Duane Hanson et John DeAndrea réalisent des sculptures saisissantes de réalisme grâce à des procédés techniques complexes. Le haut degré de réalisme atteint par leurs œuvres crée une illusion d’authenticité physique, et l’effet produit est si convaincant qu’il nous semble faire face à des alter ego en chair et en os. Les œuvres de ces artistes ont eu par la suite une influence déterminante sur les développements qu’a connu la sculpture au cours des cinquante dernières années. Des artistes comme Daniel Firman se sont inscrits dans le fil de cette pratique et l’ont perpétuée. Véritables miroirs de la condition humaine, ces œuvres révèlent la perception changeante de l’image de l’humain aux XXe et XXIe siècles.

MONOCHROMES

Après de nombreuses années dominées par l’art abstrait, George Segal ouvre à nouveau la voie aux représentations réalistes de l’humain avec ses sculptures monochromes. Tout un courant s’est engouffré dans brèche. Au premier abord, l’absence d’utilisation de couleurs naturelles atténue l’effet réaliste, mais le caractère monochrome des personnages sculptés renforce en revanche les qualités esthétiques liées à la forme. Des artistes comme Thom Puckey ou Brian Booth Craig ont exploité cet effet avec succès en créant des œuvres qui interrogent l’universalité de la nature humaine.

MORCEAUX DE CORPS

La sculptrice américaine Carole A. Feuerman dont les célèbres nageuses, introverties et volontaires, semblent avoir atteint une parfaite harmonie intérieure, fait œuvre de précurseur. Par la suite, dans les années 1990, de nombreux artistes se sont mis à utiliser le style hyperréaliste de manière inédite et personnelle. Au lieu de créer l’illusion d’une corporéité parfaite, prise dans son entièreté, ils se sont concentrés sur des parties spécifiques du corps, s’en servant pour véhiculer des messages à tonalité humoristique ou dérangeants, comme c’est le cas par exemple dans l’œuvre de Maurizio Cattelan où des bras tendus, pris isolément du corps, font référence à des événements politiques de l’histoire récente.

Vu sous un certain angle, le buste de Lily semble être un portrait entier mais lorsque nous changeons de perspective, on découvre qu’il s’agit en réalité d’un fragment. Les sculptures de Jamie Salmon, réalisés avec une minutie surprenante de détails, jouent avec l’idée d’inachevé et introduisent une rupture par rapport à l’esthétique du réalisme. À l’ère du numérique, ses corps fragmentés mettent en lumière la difficulté de distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas.

En créant de grands portraits sculptés d’artistes de renom tels qu’Andy Warhol ou Frida Kahlo, l’artiste japonais Kazu Hiro crée un rapport de forte intimité avec ses personnages emblématiques. Hiro sculpte les couches de silicone de l’intérieur vers l’extérieur, et réussit ainsi à faire affleurer les émotions enfouies de ses personnages. Le piédestal supportant l’immense tête de Warhol est porteur d’une part d’ambiguïté. La stabilité et la résistance de son matériau sont altérés par sa forme, la sculpture se dissout en effet dans sa partie inférieure en un amas fluide.

JEUX DE TAILLE

Dans les années 1990, l’artiste australien Ron Mueck révolutionne la sculpture figurative avec ses œuvres aux formats inhabituels. En jouant sur l’échelle de ses personnages de manière radicale, il place l’accent sur des thèmes existentiels tels que la naissance ou la mort. Des artistes tels que Sam Jinks et Marc Sijan capturent quant à eux la fragilité de la vie à travers leurs représentations de la physionomie humaine – représentations qui, bien que de taille réduite, n’en sont pas moins incroyablement réalistes. En revanche, les œuvres surdimensionnées de Zharko Basheski produisent un effet de distanciation, qui nous force à adopter une nouvelle perspective.

REALITES DIFFORMES

Au cours des dernières décennies, les innombrables progrès scientifiques et les nouvelles perspectives induites par les communications numériques ont conduit à un changement radical de notre compréhension de la réalité. Influencés par la réalité virtuelle, des artistes comme Evan Penny et Patricia Piccinini se sont mis à observer les corps en partant de perspectives déformées. Tony Matelli quant à lui a choisi de défier les lois de la nature, tandis que Berlinde De Bruyckere questionne la mort et le caractère éphémère de l’existence humaine en présentant des corps contorsionnés. La valeur de la vie et le sens profond qui lui est attaché sont au cœur de l’approche hyperréaliste de la sculpture.

FRONTIERES MOUVANTES

De quoi sera fait l’avenir de la sculpture hyperréaliste ? Quel pan du mouvement sera-t-il à même d’appréhender l’essence de la frontière toujours plus perméable entre l’homme et la technologie ? Dans le flot continu d’images numériques se reflètent les nouvelles formes de construction de l’identité, qui aboutissent dans les One Minute Sculptures d’Erwin Wurm, à la reproduction perpétuelle par le visiteur ou au modèle de postures défiant la raison. Des visions fictionnelles ou des réalités absurdes se substituent aux sujets issus du quotidien et permettent de mieux comprendre ce nouveau monde de l’entre-deux« hypernaturel » et jusqu’alors inconnu.

Enfin, les personnages cinématographiques« animés » de Glaser/ Kunz nous mettent face à une notion élargie de la définition de la sculpture hyperréaliste et à un glissement des frontières entre réalité et fiction à l’ère du bouleversement numérique.

Informations pratiques

Accès

59-61 rue de Grenelle
75007, Paris

Horaires

Ouvert tous les jours
HORAIRES JOURNALIERS

NOCTURNES
Ouverture le mercredi jusqu’à 22h

Métro

Rue du Bac
Saint-Sulpice4
Sèvres-Babylone10/12

Jacques Thomann – le regard poétique

Jacques Thomann du Haut-Pays triptyque 2015

Germain Roez commissaire
Exposition visible au Pôle Culturel de Drusenheim,  jusqu’au 17/12/2022

Dès que l’on pénètre dans l’espace Paso, on est ébloui par les couleurs.
On s’en approche avec gourmandise, pour en détailler le langage.


Jacques Thomann est un coloriste né, il joue de la couleur, comme un musicien
égrène les notes dans un concerto, en dialogue avec le chef et l’orchestre, tout en exécutant des envolées lyriques. Harmonie ou dissonance, tendance figurative ou expressionnisme abstrait ?
Un mélange harmonieux où la couleur est maîtresse.

                                         Vies silencieuses pastel

Mais aussi il sait être minimaliste avec ses pastels à l’huile, d’une élégance
subtile.

l’image peinte prend une autre parole, elle prête une voix qui n’est pas le constat glacé éphémère de la photographie d’information

Jacques Thomann – extrait du catalogue
Peinture d’histoire

Ses oeuvres témoignent de l’histoire de l’actualité du monde « de l’aube« 
dépeint le désastre nucléaire de Fukushima au Japon. Elles nous donnent à voir, la surprise, l’incrédulité, le chaos de l’esprit et du monde.

                                             

De l’intranquillité des toiles

La pandémie a permis à Jacques Thomann de se poser, de réfléchir, de mettre à jour 3 ouvrages ordonnant plus de 50 années de dessins, peintures, carnets de voyages. Un travail rétrospectif qui rend compte d’une forte liberté de l’écriture picturale, de la couleurs, ainsi que des sujets des plus éclectiques. (catalogue)

Sujets plus éclectiques, politiques, philosophiques, poétiques, ironiques se montrent aux cimaises du Pôle. Sensualité, rêveries, qui est ce Galant de nuit ?

Les titres

La lecture des titres apporte autre chose qu’une indication sur la circonstance et le lieu de telle apparence de paysage …… autre chose aussi que des éléments pour résoudre l’étrangeté visible de la composition réunissant des figures, des objets pris dans le flux ou le partage des couleurs (catalogue)

                                                          Le Parlement

De l’intemporalité

Il a développé le sens de l’observation, relevé et assimilé les aspects de la nature, des humains, des nuages, du ciel, des amis, tout est sujet, tout est couleur.

A ferrailler au pastel gras ou maigre, à l’encre de chine ou bien à l’aquarelle, à la gouache, l’aventure de la peinture, à ce jour, me fait prendre conscience que le sujet serait peut-être, la matière seule ?
Rendre visible ou pas le sujet ?

Jacques Baumann
Pratique

Pôle Culturel
2 Rue du Stade
67410 DRUSENHEIM

03 88 53 77 40

contact@museepaso.fr

L’art brut – Collection Würth

Avec Art brut. Un dialogue singulier avec la Collection Würth, le Musée Würth d’Erstein se place, du 9 octobre 2022 au 21 mai 2023, à la croisée de mondes puissamment originaux et pluriels.

Palais mentaux rendus visibles ou angoisses sublimées, les productions artistiques recensées dans cette nouvelle exposition, la vingtième depuis l’ouverture de l’établissement en 2008, sondent les profondeurs de l’intime, qui s’inscrivent en même temps au coeur de l’art contemporain. Sans prétendre à l’exhaustivité d’une aventure artistique qui, depuis ses débuts en 1945, n’en finit pas de se développer, le musée suscite un riche dialogue entre une quarantaine de voix art brut détachées de collections privées – les plus éminentes dans le domaine, dont celles de Bruno Decharme, Antoine de Galbert, Antoine Frérot ou encore Alain Graffe – et une douzaine de noms illustres de la Collection Würth. Il ouvre ainsi de nombreuses pistes sur tout ce que peut recouvrir l’art brut, esthétiquement et historiquement.

Carmen Würth possède par ailleurs sa propre collection d’art brut, constituée de travaux issus de structures psychiatriques ou de centres pour personnes handicapées de Suisse et d’Allemagne.

« Cette exposition est une respiration sur l’art brut,
nous ouvrons des portes pour donner envie d’aller plus loin »

Jean-Pierre Ritsch-Fisch
Aux origines était l’art asilaire

L’année 1945 est fondatrice : elle date la définition de l’art brut par Jean Dubuffet, qui lui permet de qualifier et de répertorier les premières oeuvres témoins. Si le peintre et collectionneur invente cette nouvelle notion, d’autres avant lui avaient décelé et souligné la qualité de créations artistiques réalisées par des patients d’institutions psychiatriques. Des collections avaient été initiées sous l’égide de médecins éclairés ; des publications comme celle de l’ouvrage Expressions de la folie. Dessins, peintures, sculptures d’asiles de Hans Prinzhorn en 1922 faisaient déjà référence. L’intérêt pour les arts extra-européens depuis les expositions universelles et pour les dessins d’enfants était également vif au sein des milieux intellectuels et d’avant-garde artistique.
Il y a donc un avant et un après 1945.

L’exposition du Musée Würth s’ouvre sur les origines, avec de nombreuses productions anonymes provenant pour beaucoup de fonds privés de médecins et des documents du début du XXe siècle touchant à la folie. Le corps, sujet douloureux et complexe, y est particulièrement interrogé – ce qui ne sera pas sans influencer les artistes modernes comme Georg Baselitz, ici présenté par le tableau Ira, particulièrement inspiré par les distorsions anatomiques fréquentes dans l’art brut et par certains artistes internés. Encre, mine de plomb, crayon de couleur et aquarelle sont les matériaux privilégiés.

Emil Nolde – premier artiste à intégrer la Collection Würth, dans les années 1960 – dialogue quant à lui avec des travaux art brut de Paul Goesch,(Dieu le père) victime du programme d’extermination des malades mentaux T4 mis en vigueur sous le IIIe Reich, et Theodor Wagemann (dit Theo). Cette mise en regard, qui se voulait humiliante et répressive lors de l’exposition Art dégénéré en 1937, montre ici toute la magnificence et de l’un et des deux autres. Elle souligne la place d’importance qu’occupe la manifestation nazie dans l’histoire de l’art brut : ce fut elle qui mit pour la première fois sur le même plan des oeuvres d’aliénés, autodidactes et ignorés de tous, et des oeuvres d’artistes d’avant-garde reconnus.

Certains sujets à des visions ou à des troubles schizophréniques, d’autres dévastés par la mort de proches ou par la violence, parfois enfermés dans un mutisme complet, dépourvus de liens sociaux ou affectifs, et surtout ignorants de la valeur esthétique de leurs travaux, tous se réinventent ici des cosmogonies ou des identités plus favorables : la pulsion de survie animant chaque oeuvre, selon une technique répétée à profusion, est percutante. L’art apparaît comme une véritable libération, une renaissance à une vie nouvelle.

Darger Henri

Aloïse Corbaz, Adolf Wölfli, Carlo Zinelli

Dubuffet fut celui qui sortit l’art brut des hôpitaux psychiatriques en élargissant le champ de ses prospections extra muros et en rendant visibles ses découvertes. La deuxième section de l’exposition, placée sous son nom, embrasse toute la diversité des voix à la fois uniques et marginales adoubées par le collectionneur lors des premières expositions dans l’immédiat après-guerre, et ouvre sur les générations futures. On y trouvera de nombreux tableaux : des personnages hauts en couleur d’Aloïse Corbaz, une série de Benjamin Bonjour, plusieurs pages de la saga de Henry Darger, des copies de médailles d’Émile Josome Hodinos, des silhouettes de Carlo Zinelli, et encore Sylvain Fusco, Eugène Gabritschevsky, Giovanni Battista Podestà.
Ce sont aussi des pièces en volume comme les Barbus Müller d’Antoine Rabany, une tour Eiffel d’Émile Ratier, un cocon textile de Judith Scott, un bus de Willem Van Genk, et des matières atypiques comme des collages d’épluchures de Philippe Dereux ou des réalisations recto verso extraites de l’immense oeuvre romanesque dessinée d’Adolf Wölfli.

En France, il admire les productions de Guillaume Pujolle, d’Auguste Forestier, d’Augustin Lesage et de Fleury Joseph Crépin. Il fait également la connaissance de Gaston Chaissac, dont la durable amitié et la relation épistolaire seront fondamentales pour sa pensée. Le projet initial de publication – un calendrier précis dès 1947 prévoit de traiter l’art autodidacte, asilaire, médiumnique, populaire, primitif, le dessin d’enfant, le tatouage et le graffiti – se transforme en une ébauche de collection, qui prendra au fil du temps valeur d’inventaire d’un art qui se cherche. Dubuffet ne sait pas encore, en allant à la rencontre des « hommes du commun à l’ouvrage », qu’il va constituer un véritable musée expérimental, personnel, proche du cabinet de curiosités regorgeant d’objets trouvés. Des objets que leurs auteurs eux-mêmes n’auraient pas imaginé conserver et réalisent sans conscience même de leur valeur artistique.

Le Foyer de l’art brut

Pour accompagner le développement de la collection et promouvoir l’art brut, Dubuffet crée le Foyer de l’art brut, puis, dès 1948, la Compagnie de l’art brut, avec pour partenaires André Breton, Jean Paulhan, Michel Tapié, Charles Ratton, Henri-Pierre Roché et Edmond Bomsel – le rapprochement avec les surréalistes sera de courte durée compte tenu des divergences. Encouragé par cette nouvelle structure associative, Dubuffet élargit son champ de recherche au-delà des hôpitaux psychiatriques.

Une reconnaissance insuffisante

Onze ans plus tard, la collection, qui n’a cessé de s’enrichir – mille deux cents pièces et une centaine d’auteurs –, est rapatriée à Paris. Le peintre Slavko Kopač, fidèle depuis le Foyer de l’art brut, est le conservateur et archiviste de ce « laboratoire d’études et de recherches » qui entend reprendre les publications avortées en 1947. La Compagnie de l’art brut renaît autour de Dubuffet et Kopač avec Asger Jorn, Daniel Cordier, Emmanuel Peillet, Raymond Queneau, Noël Arnaud et Henri-Pol Bouché.
Deux ans plus tard, le Palais idéal du Facteur Cheval est classé Monument historique par André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles. La reconnaissance est néanmoins insuffisante pour Dubuffet, qui, en 1971, confie ses archives et sa collection à la Ville de Lausanne. Elle est alors dotée de cinq mille pièces, acquises entre 1948 et 1963 ; elle en comptabilisera plus de soixante-dix mille en 2016. Michel Thévoz, membre de la Compagnie d’art brut, a pour mission d’en faire un lieu dédié, inauguré au château de Beaulieu le 26 février 1976 sous le nom de Collection d’art brut de Lausanne.

L’art brut

Un art vierge et hors références
Un art de la marge et de l’altérité
Un art de l’invention et de la création
Un art qui touche le corps

Informations pratiques

Entrée gratuite
pour tous et tous les jours
Horaires
Du mardi au samedi, de 10h à 17h
Dimanche, de 10h à 18h
Groupes et visites guidées
Renseignements et réservations
+33 (0)3 88 64 74 84
mwfe.info@wurth.fr
Visites guidées
Français : tous les dimanches à 14h30
Audioguides
Français, allemand
Café des Arts
Petite restauration et boissons
Horaires d’ouverture du musée
Terrasse en été
Accès
En voiture : D 1083, sortie Erstein, suivre Z.I. ouest
Bornes de recharge électriques
En train : ligne TER Strasbourg/Bâle,
arrêt Erstein-gare, puis 8 minutes à pied
Accès handicapés

Sommaire du mois d’octobre 2022

Ellie (3 ans) Halloween 2022 (Canada)

30 octobre 2022Fondation Beyeler, anniversaire 25 ans
28 octobre 2022 : Paris+ par Art Basel
26 octobre 2022 : Simone Adou : Âme animale à Saint-Louis
24 octobre 2022 : Talents Contemporains 10e Edition
18 octobre 2022 : Gérard Garouste – rétrospective
16 octobre 2022 : Fabienne Verdier– Le chant des étoiles
08 octobre 2022 : Doris Salcedo : Palimpsest
01 octobre 2022 : FÜSSLI,
ENTRE RÊVE ET FANTASTIQUE

Fondation Beyeler, anniversaire 25 ans

A gauche Sam Keller directeur de la Fondation Beyeler, à droite Dr Raphaël Bouvier commissaire – installation Duane Hanson

Exposition Anniversaire – Special Guest Duane Hanson
30 octobre 2022 – 8 janvier 2023
L’exposition est placée sous le commissariat de Dr Raphaël Bouvier.

La Fondation Beyeler célèbre cette année ses 25 ans d’existence avec l’exposition la plus importante à ce jour d’oeuvres de sa collection.
Investissant la quasi-totalité des espaces d’exposition du musée, elle présente une centaine d’oeuvres de 31 artistes – de classiques de l’art moderne à des acquisitions récentes d’art contemporain.
L’exposition offre ainsi une occasion unique de (re)découvrir la collection de la Fondation Beyeler dans toute sa qualité et sa profondeur.

Des oeuvres majeures de Vincent van Gogh, Claude Monet, Paul Cézanne,
Henri Rousseau, Pablo Picasso, Henri Matisse, Alberto Giacometti, Mark Rothko, Andy Warhol, Francis Bacon et Louise Bourgeois, entre autres, sont mises en rapport avec les positions contemporaines d’entre autres Marlene Dumas, Anselm Kiefer, Roni Horn, Felix Gonzalez-Torres, Tacita Dean,
Rachel Whiteread et Wolfgang Tillmans. L’exposition offre ainsi une occasion unique à ce jour de (re)découvrir la collection de la Fondation Beyeler dans
sa qualité et profondeur. Cette exposition anniversaire est encore enrichie par l’inclusion de plusieurs sculptures hyperréalistes de l’artiste américain Duane Hanson. Cette « exposition dans l’exposition » ouvre des perspectives surprenantes sur les oeuvres, l’architecture, les collaborateurs·rices et les visiteurs·ses de la Fondation Beyeler.

Ernst Beyeler

Figure majeure parmi les galeristes de son temps, Ernst Beyeler a constitué avec son épouse Hildy l’une des collections d’art moderne les plus importantes au monde, hébergée depuis 1997 à la Fondation Beyeler conçue par l’architecte italien Renzo Piano. La collection s’étend de l’impressionnisme et postimpressionnisme, en passant par l’art moderne classique à l’art contemporain. L’envergure et la renommée de la collection n’ont depuis cessé de grandir avec de nouvelles acquisitions d’oeuvres d’artistes de premier plan. Entretemps, elle dénombre environ 400 oeuvres des XIXe, XXe et XXIe siècles, comprenant tableaux, dessins, sculptures, photographies, films et installations. L’exposition anniversaire réunit un nombre important d’oeuvres majeures de la collection.

L’exposition

Placée sous le commissariat de Raphaël Bouvier, l’exposition occupe au total 20 salles, consacrant certaines salles à des groupes d’oeuvres majeures d’artistes individuel·le·s comme par exemple Paul Klee, Joan Miró, Mark Rothko et Marlene Dumas.

Le célèbre triptyque aux nymphéas de Claude Monet est également présenté avec d’autres oeuvres importantes de l’artiste dans une salle attitrée, de même que l’oeuvre tardif de Henri Matisse avec ses célèbres papiers découpés. Une autre salle est dédiée à l’ensemble de sculptures emblématique d’Alberto Giacometti.

Pablo Picasso a marqué l’art du XXe siècle d’une empreinte singulière. La Fondation Beyeler possède plus de 30 de ses oeuvres, une des plus belles collections au monde. Un nombre important de ces oeuvres de premier plan est donné à voir. D’autres salles mettent l’accent sur différents mouvements artistiques tels le post-impressionnisme, les débuts de l’abstraction ou le pop art. L’attention se porte alors sur des artistes comme Edgar Degas, Vincent van Gogh, Paul Cézanne, Vassily Kandinsky et Andy Warhol.
Des oeuvres d’artistes contemporaines de renom telles que Leonor Antunes, Louise Bourgeois, Tacita Dean et Roni Horn sont présentées en paires particulières.


L’exposition anniversaire présente enfin pour la toute première fois certaines acquisitions récentes, parmi elles l’installation Poltergeist, 2020, de l’artiste britannique Rachel Whiteread et l’importante toile de Pierre Bonnard La Source ou Nu dans la baignoire, 1917, premier achat d’une oeuvre de l’art moderne classique réalisé par le musée depuis le décès de Ernst et Hildy Beyeler.

Les sculptures de Duane Hanson

Prenant la forme d’une « exposition dans l’exposition », 13 sculptures hyperréalistes de l’influent artiste américain Duane Hanson (1925–1996) sont présentées dans des endroits choisis du musée. Ces prêts en provenance de la succession de l’artiste, de collections privées et de musées engagent un dialogue direct avec des oeuvres de la collection et l’architecture du musée, formant un concentré rétrospectif du travail 

de l’artiste. C’est la première fois qu’un groupe aussi important de sculptures de Duane Hanson est montré dans le contexte d’une collection muséale.

Duane Hanson figure parmi les représentants majeurs de la sculpture américaine d’après-guerre et il est considéré comme un fondateur de l’hyperréalisme au sein du mouvement pop art. À partir de la fin des
années 1960, il réalise des figures humaines grandeur nature dont le réalisme fascine. Utilisant des matériaux alors nouveaux tels la résine de polyester et le polychlorure de vinyle, il reproduit le corps humain dans ses moindres détails et confère à ses sculptures un aspect de véracité trompeuse au moyen
de vêtements et d’accessoires réels.

Hanson se saisit de thèmes brûlants de la société américaine et occidentale, formulant une critique tant explicite qu’implicite des conditions sociales. Il s’intéresse aux personnes défavorisées et opprimées, mais aussi à celles de la classe moyenne, qu’il immortalise dans des situations de la vie quotidienne. Hanson brouille ce faisant les frontières entre art et réalité, suscitant chez le public un vaste éventail de réactions, allant du choc et de l’irritation à une vive émotion et une profonde affection.

La grande diversité et l’ambivalence de ces expériences se manifestent pleinement dans la rencontre orchestrée entre les figures de Duane Hanson et les oeuvres et l’architecture de la Fondation Beyeler.
Certaines sculptures s’érigent radicalement contre des maux et des dysfonctionnements sociaux toujours d’actualité aujourd’hui, tandis que d’autres rendent hommage à toutes les personnes que l’on peut croiser
dans un musée, qu’il s’agisse des visiteurs·ses ou des collaborateurs·rices
qui en assurent le fonctionnement en coulisses. Dans l’une des salles,
on trouve ainsi la sculpture d’un couple d’un certain âge assis sur un banc, épuisé·e, contemplant un tableau de Rothko de la Collection Beyeler.
Dans une autre salle, une femme âgée s’est assise juste à côté du célèbre portrait de l’épouse de Cézanne, adoptant sa pose. La sculpture d’un agent d’entretien nettoie les vitres de la façade du musée et une mère debout
avec sa poussette s’est jointe au célèbre groupe de figures de Giacometti.

Programation

À l’occasion de ses 25 années d’existence, la Fondation Beyeler lance une programmation du vendredi soir. Du 16 septembre au 16 décembre 2022, le musée et le restaurant restent ouverts chaque vendredi jusque 22h. En collaboration avec l’Institut Art Genre Nature de la Haute école des arts visuels et des arts appliqués FHNW à Bâle, le musée propose

14 soirées « Friday Beyeler ».
Sous le titre « I Hear a New
World – 14 Miaows of the Future »,

des étudiant·e·s et des artistes enseignant à l’institut transforment le
foyer du musée en une plateforme pour la création contemporaine,
présentant performances live, films, entretiens, musique, poésie et danse.
Des informations plus détaillées concernant la programmation sont
disponibles sur les comptes de réseaux sociaux et sur le site web de la
Fondation Beyeler :
www.fondationbeyeler.ch/fr/friday-beyeler

Fondation Beyeler.25 Highlights

Dans le cadre des 25 ans du musée paraît au Hatje Cantz Verlag de Berlin Fondation Beyeler. 25 Highlights, une publication de petit format réunissant
25 oeuvres choisies allant de l’impressionnisme à l’art moderne classique et à l’art contemporain. Au fil de 80 pages richement illustrées, des textes concis
présentent des chefs-d’oeuvre de la Collection Beyeler.

Informations complémentaires :

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00 – 18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00,
du 16 septembre au 16 décembre 2022
le vendredi jusqu’à 22h00.

Accès
depuis la gare SBB ou DB,
tram n° 2 descendre à Messe Platz, puis Tram n° 6
arrêt Fondation Beyeler

Paris+ par Art Basel

« Art Basel est le plus pour Paris ! La foire et son organisation ont fortement renforcé l’énergie artistique de la ville. Nous avons davantage vu de collectionneurs des États-Unis et d’Asie notamment, les ventes ont été nombreuses et le public était impatient de découvrir de nouveaux talents ainsi que des maîtres modernes. Je ne pouvais rêver mieux pour Paris. »

Kamel Mennour, Fondateur, kamel mennour (Paris)


Paris+ par Art Basel
réalise une première édition très réussie, marquée par des ventes soutenues, une programmation dynamique dans la ville et une forte participation de collectionneurs et d’institutions internationales.
La première édition de Paris+ par Art Basel a fermé ses portes le dimanche 23 octobre, après une – petite -semaine (de mercredi à dimanche) de ventes très importantes dans tous les secteurs du marché et pendant toute la durée de l’événement
• La foire a accueilli un total de 40 000 visiteurs pendant les journées professionnelles et publiques
• Paris+ par Art Basel s’est étendu au-delà du Grand Palais Éphémère grâce à un programme dynamique de collaborations avec les institutions culturelles de Paris et son secteur Sites, qui a présenté plus de 20 oeuvres et interventions accessibles au public dans plusieurs lieux emblématiques de la ville
• Paris+ par Art Basel s’est tenu au Grand Palais Éphémère du 20 au 23 octobre 2022

L’édition inaugurale de Paris+ par Art Basel a présenté 156 galeries de premier plan provenant de 30 pays et territoires – dont 61 exposants ayant des espaces en France – dans le cadre d’un nouvel événement phare qui renforce la position internationale de Paris en tant que capitale culturelle. Les galeries françaises ont été rejointes par des exposants venus d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Nord et du Sud, et du Moyen-Orient, pour une exposition de très grande qualité.
Cette première édition a accueilli des collectionneurs privés d’envergure provenant de France et de toute l’Europe, des Amériques, du Moyen-Orient, de l’Asie et de l’Afrique, ainsi que des directeurs de musées, des conservateurs et des mécènes de renom issus d’environ 140 organisations culturelles.
C’est bien simple, on aurait pu se croire au Royaume Uni, presque tout le
monde s’exprimait « in English« 

La foire a accueilli le Président de la République française, Monsieur Emmanuel Macron et la Ministre de la culture,

photo Paris+ Art
Madame Rima Abdul Malak,
le vendredi 21 octobre, tandis que la première dame, Madame Brigitte Macron, a visité la foire jeudi 20 octobre. Lors de sa visite, le Président de la République a félicité Art Basel pour avoir su réinventer une foire internationale, réussie et audacieuse, d’art contemporain à Paris.

« Je pense que cette semaine marque un véritable tournant pour la communauté artistique en France. Les acteurs culturels de Paris se sont réunis pour présenter collectivement, sur la scène mondiale, le meilleur de ce que la ville a à offrir »

a déclaré Clément Delépine, directeur de Paris+ par Art Basel

« L’effervescence qui a régné dans les allées de la foire et dans tout Paris témoigne du nouvel élan de la ville et de l’esprit de collégialité qui a rendu possible l’extraordinaire succès de cette première édition ».

« C’est un moment historique pour Art Basel », a déclaré Marc Spiegler, directeur mondial d’Art Basel. « Bien que nous n’ayons eu que 9 mois pour préparer cette première édition, elle nous a semblé solide à tous points de vue. Les collectionneurs sont venus du monde entier et ont été récompensés par des oeuvres et des présentations de la plus haute qualité. Nous n’aurions pu espérer meilleur début dans cette ville exceptionnelle, dont la scène culturelle ne cesse de se renforcer ».

Les galeries émergentes

Les galeries exposant dans tous les secteurs de Paris+ par Art Basel – y compris les Galeries Émergentes, le premier secteur de la foire dédié aux galeries présentant des artistes jeunes et émergents – ont fait part de leur expérience.
(voir presse)
Néanmoins, j’ai été déçue de ne pas retrouver le hall Unlimited, si cher à mon souvenir d’Art Basel classique, avec ses monumentales installations. 

Paris+ hors les murs

Cela a été compensé par une programmation culturelle active toute la semaine – du matin au soir – et dans toute la ville.

  • Le secteur Sites de Paris+ par Art Basel a présenté dans différents lieux emblématiques de la capitale accessibles publiquement une vingtaine d’œuvres et interventions artistiques
  • La Suite de l’Histoire, exposition curatée par Annabelle Ténèze, directrice des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse,a investi le Jardin des Tuileries (Domaine national du Louvre) et le Musée national Eugène-Delacroix
  • Une installation d’Alicja Kwade – la plus grande à ce jour réalisée par l’artiste –était présentée sur la Place Vendôme
  • L’installation Karla de l’artiste Omer Fast était exposée la Chapelle des Petits-Augustins des Beaux-Arts de Paris.

 

 Pour ma part il m’a été impossible
de visiter tous
ces lieux, sous peine de trop grande fatigue, et d’explosion du budget  taxis. Car la circulation à Paris est une sinécure.

Organisé par Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou et se déroulant sur un bateau amarré face à la Tour Eiffel, le programme Conversations propose 32 intervenants répartis sur neuf panels, réunissant des artistes, galeristes, collectionneurs, conservateurs, directeurs de musées et critiques de premier plan.

Les faits saillants comprennent :

  • Quel avenir pour le marché de l’art français ? avec les galeristes Mariane Ibrahim , Thaddaeus Ropac , et Romain Chenais de High Art . Modéré par Farah Nayeri , auteur et journaliste.
  • Artists’ Influencers avec l’artiste Hervé Télémaque , l’auteur Françoise Vergès , et Hans Ulrich Obrist , directeur artistique, Serpentine Galleries, Londres
  • Sexe et art le long de la Seine : avec l’artiste Tarek Lakhrissi , l’auteur Bruce Benderson , et Mathieu Potte-Bonneville , directeur, département de la culture et de la création, Centre Pompidou. Modéré par la commissaire indépendante Juliette Desorgues

    Quelques photos glanées

Dès l’entrée on ne pouvait manquer la galerie Vuitton avec sa sculpture
d’Iyao Kusama, les sacs à main Vuitton customisés par ? d’après des artistes
morts, puis des malles à tiroirs etc…

C’est toujours un grand plaisir de déambuler à travers les galeries, de découvrir des artistes émergeants, des classiques

Peu de restaurants proposés, avec un choix
très classique, des tabourets trop haut
pour moi, le restaurant des VIP, immédiatement complet.

le lieu n’est pas assez vaste par rapport à Art Basel Basel.

Rendez-vous à l’année prochaine est donné.

Changement

Changement à la tête d’Art Basel : Noah Horowitz nommé PDG

Noah Horowitz a été nommé CEO d’Art Basel, succédant à Marc Spiegler, Global Director Art Basel, qui a pris la décision de quitter MCH Group et d’explorer la prochaine phase de sa carrière dans le monde de l’art.

Simone Adou : Âme animale à Saint-Louis

Autoportrait lunaire, 2020 (fusain, encres, pigments sur papier recyclé à bords frangés, 65x50cm)

Je laisse la parole à Luc Maechel© et son site racinesnomades.net

Simone Adou avait déjà exposé à l’hôtel de ville de Saint-Louis en 2002. Après le confinement – très studieux –, une visite de son atelier à l’initiative de l’attaché culturel Stéphane Valdenaire a convaincu l’équipe municipale enthousiasmée par son travail de l’inviter à nouveau.
L’accès est gratuit aux heures d’ouverture de la mairie jusqu’au 6 novembre.
Moi même j’avais fait un compte rendu en 2016,  de son exposition au musée des  Beaux Arts de Mulhouse

L’espace s’offre au visiteur avec les enveloppantes ellipses d’une chapelle baroque autour de la travée centrale où sept kakémonos – série Animale (2019-2020) – mènent vers l’Ancêtre fleuri (2015) qui, avec ses incrustations de feuilles d’or, se dresse dans le chœur tel un Pantocrator chamanique. L’artiste aime les séries, Âme animale en affiche trois : La famille des Ancêtres (œuvres d’inspiration chamanique de 2016), Les Diptyques (œuvres de confinement) et Les petits formats (œuvres de confinement et re-confinement). Les Bivouacs et surtout Passage, six pièces du printemps dernier, insufflent la chaleureuse respiration de leurs fonds cobalt et orangé à un ensemble assez souvent sombre (il y a l’anthracite du fusain, celui des pelages) qu’avivent cependant quelques discrètes ponctuations colorées.

L’artiste travaille presque exclusivement sur papier recyclé à bords frangés. Passage est emblématique de sa pratique : sur un fond d’encre et d’acrylique appliqué au rouleau ou avec un gros pinceau favorisant des surfaces lacunaires aux limites indécises et aléatoires, elle dessine ses créatures au pastel, au fusain, à la craie. Des outils dont la pulvérulence installe l’éphémère, le fragile mais lui permettent aussi cette précision immatérielle qui devient troublante quand elle joue de la paréidolie : le mufle des bœufs musqués devenant un visage. Naissent au fil de la réalisation ces créatures polymorphes, multiples, timidement hybridées ou ostensiblement recomposées (Cerfglier ou Tyrannosauradou). Elles sont souvent tapies, comme au bord du monde, apeurées derrière ces délicates efflorescences et déjà contaminées par cette végétation gracile qui, chassée des territoires bétonnés et goudronnés, s’approprie les marges, les interstices épargnés (provisoirement) par l’anthropocène. Ces racines astrales sont omniprésentes dans les figures des ancêtres et en accentuent l’envoûtante majesté.

Dans les kakémonos, elle joue sur l’équilibre précaire de bêtes massives aux pauses improbables – bœufs musqués, rhinocÉros… La matière picturale du fond – traînées, coulures… – remplace souvent les pattes imposant cette dansante suspension vers une possible assomption, à moins qu’un Yack équilibriste (2020) ne prenne une pose circassienne sur une chaise rouge (cf. affiche). Si les cadrages en raccourcis – très cinéma, récurrents dans son œuvre – sont moins marqués, le traitement des corps préserve l’influence expressionniste tempérée par une touche féminine avec ces visages animaux pétris d’humanité.

La commotion du confinement l’emporte vers Füssli [1] – le mouvement des corps – et confronte le visiteur à des vanités gagnées par l’urgence affolée de notre temps avec la projection de ces groins en forme de crâne. La sidération des Nightmare du peintre britannique d’origine suisse demeure, mais l’artiste sait être plus suggestive avec « ses grands yeux ouverts sur le lointain, sur d’imminentes et inéluctables catastrophes. […] les yeux je les fais comme ça, en creusant le bois, en créant une cavité, seul le vide peut supporter la vue du vide [2] » : des ovales de peinture blanche sur la cendre fuligineuse du fusain, comme piégés par l’infrarouge d’un photographe et saisis de sidération par la brutalité du confinement – stridentes et omniprésentes sirènes déchirant les rues désertes, vrombissements des hélicoptères vers le Mœnch [3]. Des yeux siphonnés par les écrans aussi ? Toujours la tension reste palpable avec la volonté de préserver l’âme – l’anima – face à la déraison avec l’abyssale crainte de la perdre. Des regards abasourdis que partagent même une paire de Roméo & Juliette (2020). Tel un effet Koulechov, la singularité du monde de Simone Adou habite les yeux vides transperçant ses créatures.
Ainsi sous ses doigts, s’incarnent des âmes errantes tétanisées ou dansantes : une avant-garde des derniers survivants réfugiés sur les hauteurs vosgiennes et croisés lors de ses nuits sous la pleine lune ?

Dans son catalogue de 2016 „Simone Adou en a-pesanteur”, elle écrivait :
Celui qui a trouvé va mourir,
celui qui cherche va naître
Avec ses craies, ses pinceaux, Simone Adou continue de chercher.

[1] Johann Heinrich Füssli ou Henry Fuseli, (7/02/1741, Zurich – 16/04/1825, Putney Hill), peintre et écrivain d’art suisse ayant vécu et travaillé en Angleterre.
[2] Claudio Magris, À l’aveugle (2009, p. 228)
[3] le Mœnchsberg, principal hôpital de Mulhouse

Talents Contemporains 10e Edition

Deux expositions du 15 octobre 2022 au 26 mars 2023
Reflet de la création contemporaine actuelle, le concours Talents Contemporains initié il y a 10 ans permet de défricher les scènes artistiques européennes et internationales sur le thème particulier de l’eau. Une collection très originale s’est ainsi constituée et présente des artistes aussi bien diplômés d’écoles d’art reconnues qu’aux parcours autodidactes atypiques.

Réceptacle

« Réceptacle » présente les oeuvres des 4 lauréats de la 10ème édition du concours, le collectif EthnoGraphic,
Elvia Teotski, Bianca Bondi et le collectif Dutca-Sidorenko. Des multiples toponymies de la rivière brésilienne, à la question des cycles et des matières fragiles ou l’invention d’un conte en eau sombre, les oeuvres proposées
sont étonnantes tant par leurs formes que leur sujet.

Commissaire : Marie Rieux, directrice de la Fondation François Schneider Wattwiller

InventaRios

InventaRios se déploie comme une vaste installation, elle est le résultat de plusieurs séjours au Brésil et la restitution d’une longue enquête à la croisée entre l’art et la sociologie. 56 pots en terre, contenants traditionnels des villages de Sertão sont couplés à des carnets, au dessin du fleuve et interrogent le lien à l’eau dans cette région du Brésil, notamment sur la toponymie de la rivière.
L’oeuvre InventaRios est la restitution d’un projet plus global, FazerViver mêlant céramique, vidéo, édition et prenant la forme d’un paysage. Le titre signifie à la fois, « Inventar Rio » ou « Inventer la rivière pour signifier la
rivière », « Inventariar Rios » ou « Inventorier la rivière pour inventorier un bassin versant ».
Ce projet a été mené par le collectif EthnoGraphic durant trois ans sur les modes de vie dans le Sertão, région reculée du Minas Gerais au Brésil. Dans cette région réputée pour sa richesse en fer, un projet de construction
routière à grande échelle est enclenché, traversant un tout petit village, et induisant des changements à venir. Les savoir-faires anciens des habitants risquent d’être modifiés. De manière concomitante, les habitants de la région
partagent le souci de la disparition progressive des eaux du territoire. Ainsi le collectif formé de Letícia Panisset, Ghislain Botto et Émilie Renault s’est déplacé avec une carte tout au long du bassin du Capivari pour demander
aux habitants de nommer les cours d’eau anonymes sur la carte tout en enregistrant un flux abondant d’histoires liées à l’eau. Petit à petit une cartographie sensible de la rivière et de ses affluents se dessine, on y perçoit les
expériences intimes qu’entretiennent les résidents avec leurs cours d’eau. Pas moins de 93 manières de nommer l’eau a été relevée : « mon eau », « une eau si jolie », « eau qui pleut » ou encore « eau qui réapprovisionne ma maison ». Au cours des rencontres et des récits individuels se dessine une disparition progressive des cours d’eau. L’installation articulée entre une ligne de 56 pots en céramique, de 56 carnets illustrant le fleuve et ses appellations, un grand dessin mural et un film forment un témoignage socio-artistique inédit.
Collectif EthnoGraphic

Bianca Bondi, The Wishing Well II, 2014

Dans ses natures mortes vivantes, références à l’art des vanités, où les algues, bactéries, spiruline, pigments, végétaux côtoient des squelettes, pierres précieuses, animaux taxidermisés, Bianca Bondi intègre d’autres vies
que les vies humaines et ouvre à des mondes intangibles.
Appliqué comme un baume à la fois protecteur mais aussi nettoyant, le sel est plongé dans l’eau où sont immergés les objets sur lesquels des croûtes de cristaux se forment et leur confère une nouvelle vie. Rite de purification, de baptême peut-être et de renaissance. Bianca Bondi créé alors des mondes flottants, irréels, aux allures fantomatiques, avec une matière qu’elle maîtrise en partie, mais où des surprises se forment à chaque passage. En recyclant des éléments glanés sur des terrains variés ou dans des brocantes, en fabriquant ces
potions magiques et revisitant ainsi les possibles alchimies des couleurs, l’artiste entend insuffler des énergies particulières à ses oeuvres, développer des auras de bienveillance. Les nouvelles peaux que revêtent ses objets,
disparaissant et réapparaissant, interroge la pérennité et la volatilité du monde.
The Wishing Well II présenté ici est un hommage à l’art des fontaines, et la tradition des puits où l’on remerciait souvent les dieux avec de la monnaie, ou autre précieuses valeurs. Cette reconnaissance pouvait intervenir suite à une guérison, à l’accès à l’eau douce ou toute autre amélioration du quotidien. Dans notre habitude consumériste de souvent demander plus, peut-être vaudrait-il penser à davantage remercier… Ainsi ce petit tabouret abandonné dans son atelier devient alors une boite à offrande, un coffre à trésor, où plantes et coquillages y sont cachées et lui apportent des allures baroques, telle une grotte ésotérique.

Elvia Teotski, Spleen microbien

Marier agronomie et art contemporain, connaissance pointue des sols, de l’agriculture, du biotope, de la ruralité et des méthodes à la fois artisanales et scientifiques pour créer, permet à Elvia Teotski d’engager depuis une dizaine d’années un travail subtil, où elle interroge les matières, les substances organiques et cherche à repousser leurs limites.
S’appuyant sur des matériaux bruts, singuliers, naturels et délaissés qui l’entoure, l’artiste nourrit ses oeuvres de bactéries, d’algues, de boues, mais aussi d’impression alimentaires, de pommes de terre, en y faisant infuser sulfatede cuivre, agar-agar ou autre composés naturels ou chimiques. S’y dessinent ainsi de nouvelles formes, de nouveaux objets et émergent alors les questions de métamorphose, de prolifération et de déconstruction. À la fois les matières résistent au temps mais sont emprises à la détérioration, ou au pourrissement. On pourrait relever que l’artiste se concentre sur le végétal et la terre, les minéraux, la toxicité de certaines substances et la contamination des eaux et des sols et développe un corpus où la figure humaine est invisible au premier abord. Ce sont les marques de l’homme dans le paysage que l’artiste interroge, mais subtilement, avec des positions à la fois politique et écologique, poétique et métaphysique.

                                   Elvia Teotski, Spleen microbien 2.0, 2020.

Avec la fabrication et l’installation de 200 morceaux d’agar-agar elle pétrifie la gélatine et le temps, pour en créer une forêt de petites sculptures, aux silhouettes de racines ou de champignons. À l’intérieur de ces formes continuent probablement une activité de micro-organismes, les microbes étant eux-mêmes des «petites vies».
Elvia Teotski revendique avec ses oeuvres les notions de cycle et de transition puisqu’elle redonne vie à des matériaux altérés, mais elle parle aussi de la difficulté à recycler des éléments toxiques ou nocifs. Dans des états chaotiques du monde, peut-on ou ne peut-on pas les faire revivre ? De nouvelles vies peuvent elles s’ériger et déconstruire ainsi nos certitudes ?

Dutca-Sidorenko (collectif)

Nénuphars magiques, créature amphibienne, ancienne scientifique aux allures d’une babouchka et tapis en crochet prennent place au coeur d’une rivière, tels est le décor et les protagonistes de la fable que nous rapporte
le duo moldave Dutca-Sidorenko.
Sous forme de conte visuel, le duo d’artistes consacre son deuxième travail commun au fleuve Dniester, qui prend sa source dans les Carpates et se jette dans la mer Noire. Originaire de Bender, petite ville voisine de la rivière,
Carolina Dutca souhaite évoquer différentes problématiques liées au fleuve, comme l’exploitation excessive du sable, les navires abandonnés, les inondations qui érodent l’eau et les décharges. Au cours de leurs recherches
sur l’histoire de la Transnitrie, région Moldave en bordure de l’Ukraine, les artistes ont découvert que le nénuphar blanc était une espèce en voie de disparition. Leur rencontre avec Elena Nikolaevna, ancienne professeur de
biologie, fascinée par les histoires de son enfance, chuchotées par son père autour d’un monde amphibien disparu, les incitent à recréer une nouvelle légende, celle de « Apa ».

Ensemble ils inventent une histoire, où des
tapis multicolores brodés, des costumes extravagants portés par des figurants, des nénuphars synthétiques, des hommes grenouilles échoués s’inscrivent dans une nature malmenée et désertée. Elena Nikolaevna devient alors
la protagoniste de sa propre histoire avec la créature amphibique qu’elle a baptisée Apa, « eau » en moldave. S’y côtoient alors fantasmagorie et réel, où l’ancienne biologiste ramasse les déchets qui polluent les eaux du fleuve
avec Apa pour en faire des tapis «magiques» .
En résulte un ensemble de 15 photographies surréalistes, burlesque, joyeuses et oniriques, où se déploient un ensemble de personnages et de scénettes, dans la tradition d’un théâtre populaire.

Horizon

Olivier Crouzel

En parallèle de l’exposition présentant les lauréats de la 10ème édition, la Fondation François Schneider met à l’honneur le travail d’Olivier Crouzel, dont l’oeuvre 18 rideaux figure dans sa collection.

Pour cette exposition personnelle, c’est la ligne d’horizon que nous revisitons, ligne d’horizon qui émerge dans une grande partie du travail de l’artiste, aimant filmer la nature et l’eau, la diffuser sur du bâti ancien ou
contemporain, arpenter les espaces en caravane, bateau ou à pied et révéler lentement les métamorphoses des espaces et secrets des rivages.
Originaire de Dordogne, ayant vécu près d’une rivière, la conscience écologique de l’artiste semble avoir toujours été là, dans sa démarche, sans particulièrement céder aux pulsions de certaines modes, plutôt dans une
attention grandissante au monde, Olivier Crouzel se demande comment l’homme se comporte avec la nature.
Son oeuvre est prolifique, il produit de façon presque compulsive, investit des endroits – une friche, un hôtel abandonné, les bateaux de pêcheurs… – qui deviennent ses ateliers temporaires mais obsessionnels puisqu’il
y revient tant qu’il peut. L’artiste constitue ainsi au cours du temps et à
travers l’espace des collections de lieux et de motifs. Il capte des images, plans fixes sur des mouvements, de l’eau, du vent, avec vue sur des horizons maritimes : la côte Atlantique, des îles grecques, les marais côtiers.
Poétiques, les paysages regardés, filmés, sont aussi politiques, mettant ici ou
là en exergue la montée des eaux, l’exploitation d’une île, les
métamorphoses jusqu’à la disparition. Il nous en offre ainsi parfois les dernières images, nostalgie d’un temps, avant que ceux-ci ne soient engloutis par les flots ou laissés à l’abandon.
Ses installations, qu’elles se fassent par des projections in situ « transformant les lieux en occasions d’art », ou qu’elles se composent dans un centre d’art, restituent l’existence et la mémoire : l’artiste collectionneur – c’est
aussi le nom du camping-car, qui lui servira d’atelier mobile pour
Horizonto – est aussi, archiviste.
Motif récurrent dans son oeuvre, l’horizon nous propose des échappées perpétuelles, des ouvertures nécessaires à l’oeil et à l’esprit. White Beach, Horizonto, Arboretum, 18 rideaux ou encore Des Digues et des hommes, les
oeuvres se déploient dans les espaces de la fondation et nous plongent dans des lignes de fuite.
Pour reprendre les termes de la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury,
et son manifeste « Ce qui ne peut être volé, Charte du Verstohlen », il y a sans hiérarchie des choses qui ne peuvent nous être volées, du silence
à l’horizon. D’où la nécessité de partager les horizons multiples d’Olivier Crouzel…

Informations pratiques

Fondation François Schneider
27 Rue de la Première Armée
68700 Wattwiller

Ouverture du mercredi au dimanche, jours fériés inclus
(sauf 1er mai, les 24 au 26 décembre 2021 et les 1er et 2 janvier 2022).
Horaires d’hiver (Octobre – Mars) de 11h à 17h
Horaires d’été (Avril – Septembre) de 11h à 18h

Le Bistr’eau est momentanément fermé, cependant vous pouvez profiter de la terrasse panoramique extérieure ainsi que du jardin pour pique-niquer, en respectant les lieux.

Accès

Depuis Paris
Train direct entre Paris Gare de Lyon et Gare de Mulhouse
Train direct entre Paris Gare de l’Est et Gare de Colmar

Gare de Colmar et Mulhouse à 30 min de la Fondation en voiture

Aéroport international de Bâle/Mulhouse à 45 min de la Fondation en voiture

Taxi des sources – Wattwiller : 07.71.01.02.58

Ligne de Bus 543 : Cernay – Wattwiller – Guebwiller  / Guebwiller – Wattwiller – Cernay

 

Gérard Garouste – rétrospective

Jusqu’au 2 janvier 2023 dans la Galerie 2, au niveau 6 du Centre Pompidou
Commissariat
Sophie Duplaix, conservatrice en cheffe des collections contemporaines,
Musée national d’art moderne

Gérard Garouste nous emmène dans son univers de contes, légendes et mythes religieux. Il nous parle de sa peinture, de grands thèmes qui la traversent, ainsi que des figures qui lui tiennent à cœur, depuis le Classique et l’Indien avec lesquels nous commençons le parcours, jusqu’au Clown blanc et l’Auguste avec qui nous finirons.

Portrait de Gérard Garouste,
2019
Photo Bernard Huet
Tutti Images

Podcast Les visites du Centre Pompidou : « Gérard Garouste »

Le podcast qui accompagne l’exposition propose une immersion dans la peinture de Gérard Garouste, à l’écoute des mots de l’artiste. Il s’interroge sur sa propre peinture comme une énigme, un objet indéchiffrable peuplé
de figures mythologiques, bibliques ou romanesques, prétextes à la réflexion,
le songe et l’évasion.
Durée: 30 min. env.

La peinture de Gérard Garouste ne se veut pas séduisante […]. C’est une peinture qui questionne sans relâche, bouscule les certitudes : une peinture qui dérange.

L’exposition

Le Centre Pompidou consacre une rétrospective d’envergure à Gérard Garouste, l’un des plus importants peintres contemporains français, adepte d’une figuration sans concession. Aux côtés de 120 tableaux majeurs, souvent de très grand format, l’exposition donne une place aux installations, sculptures et
oeuvres graphiques de l’artiste. Elle permet de saisir toute la richesse du parcours inclassable de Gérard Garouste, « l’intranquille », dont la vie, sous le signe de l’étude mais aussi de la folie, et l’oeuvre énigmatique, se nourrissent l’une l’autre en un dialogue saisissant. La vaste rétrospective offre l’occasion
de plonger dans une oeuvre phare où la peinture, toujours en question, se double d’une quête métaphysique.

Le Classique et l’Indien

Gérard Garouste : ça vient d’un rêve que j’ai fait. Un matin, je me réveille et je me souviens de mon rêve : il y avait une voix off qui me dit :
« tu sais, dans la vie, il y a deux sortes d’individus : les classiques et les indiens ».
Je me demande ce que cela veut dire ; je vois des classiques et des modernes, des indiens et des cowboys mais des classiques et des indiens… je ne vois pas le rapport.
En parlant avec mon ami
Jean Michel Ribes, il me dit « tu as fait un jeu de mots entre classique et cacique ». Un cacique c’est un chef indien, mais aussi, si on prend la définition dans un dictionnaire, c’est une bête à concours, c’est un type qui porte une cravate, un type droit dans ses bottes. C’est le contraire de l’Indien, personnage un peu bizarre ; à une époque on appelait ça des apaches. Ces deux modèles opposés et complémentaires,
fréquents dans son oeuvre et qui représentent l’apollinien et le dionysiaque présents, selon lui, en chaque individu.

                                                                             Le Classique, années 1970

La Bourgogne et les mythes

Le goût pour les légendes, les mythes.
Cette région dans l’enfance de Garouste, le doux lieu de séjours chez la tante Eleonore  et l’oncle Casso. Garouste revient sur sur la violence de son rapport au père. La peinture  Caved évoque une des nombreuses disputes avec ce dernier.

Chez Dante et Virgile

Après la commande d’un vitrail sur Sainte Thérèse d’Avila par le Comité national d’art sacré et d’un plafond pour le Palais de l’Elysée, Gérard Garouste se replonge en 1986 dans les textes de Dante, La Divine Comédie et L’Enfer. Une série de toiles « conduit Garouste à une distorsion et une dilution des figures humaines et des paysages qui le portent vers une forme inédite d’abstraction », commente Jean-Marc Quittard dans sa très bonne biographie qui termine le catalogue de l’exposition du Centre Pompidou.

La Dive Bacbuc 1998

Rabelais et Cervantès : deux auteurs relus à l’aune du judaïsme
En 1998, Garouste présente La Dive Bacbuc. Installation drolatique sur la lecture de Rabelais. Elle en transmet la trivialité Influencé par les conférences de Marc-Alain Ouaknin, l’artiste réalise 150 gouaches et 126 lettrines ornées pour
l’illustration d’un Don Quichotte qui paraît en 1998 aux éditions Diane de Selliers.

Don Quichotte
continuera d’inspirer Garouste pour des peintures sur ce thème.
Fin 1999 est inaugurée Théâtre, toile peinte par l’artiste pour le plafond du foyer du Théâtre royal de Namur.
Garouste réalise en 2000 une fresque de 26 m de long pour la salle des mariages de la ville de Mons sur le thème de la fête locale, la ducasse.

Isaïe D’Issenheim

Garouste propose sa relecture du Retable d’Issenheim, où il en appelle à notre vigilance, quant à l’interprétation des textes et de l’iconographie qui en résulte.

Le Banquet 2021

Oeuvre majeure de la série Correspondance, renvoie à de multiples clés de lecture : la fête de Pourim, la récolte de la manne (Tintoret) le personnage de Kafka.

Clown blanc et l’Auguste

Centre Pompidou
Paris
métro 1 arrêt Hôtel de ville