Alexander Calder – Arbres – Désigner l’abstraction

La Fondation Beyeler présente la deuxième Calder Gallery, aménagée en collaboration avec la Calder Foundation et consacrée à un aspect encore inexploré de la création d’Alexander Calder.
En 1933, quand la situation politique internationale pousse l’artiste à quitter Paris pour regagner l’Amérique du Nord, il s’installe à demeure avec son épouse Louisa à Roxbury, Connecticut, dans une vieille ferme du XVIII
e siècle. Cet environnement exerce un effet immédiat sur lui, ouvrant un nouveau chapitre de son évolution. L’espace extérieur apparaît de plus en plus comme un élément déterminant de son œuvre.
 


Alexander Calder pendant le montage de « Nine Discs » (1936) à Roxbury, CT, 1938
Calder Foundation, New York
© 2013, Calder Foundation, New York / ProLitteris, Zurich
Photo: Herbert Matter

 
 
Les premiers mobiles de la période parisienne étaient d’empreinte géométrique —conformément à l’esprit du mouvement artistique Abstraction-Création —, et leur mouvement était assez souvent d’origine mécanique, produit par de petites manivelles ou des moteurs. À Roxbury, ce sont désormais la nature, le vent et les phénomènes météorologiques qui inspirent à l’artiste de nouvelles possibilités.
 
Parallèlement au côté géométrique, un élément surréaliste accompagné d’un façonnement biomorphique devient de plus en plus perceptible. C’est à cette époque décisive que voient le jour les premières sculptures d’extérieur, qui rappellent vaguement des clochetons ou des girouettes. Explorant ces nouvelles pistes artistiques, elles constituent le point de départ des monumentaux travaux d’extérieur de l’après-guerre.
 
 
Calder Gallery

La présentation de la Fondation Beyeler s’ouvre sur un groupe insolite de Stabiles-Mobiles de 1939, des maquettes de 2 mètres de haut destinées à la transformation avant-gardiste du zoo du Bronx. Exécutées en dur sous forme de sculptures monumentales, elles devaient constituer une sorte d’arbre ornemental pour la cage des félins d’apparence africaine. Le projet, qui n’a finalement pas abouti, offre un témoignage impressionnant du potentiel d’avenir des idées artistiques de Calder.
 
Bien que ces œuvres soient toujours des abstractions dans l’espace, les titres choisis décrivent des éléments particuliers du mouvement, des répétitions de formes échelonnées ou de subtils rapports d’équilibre. L’abstraction est ici désignée sous une forme tangible, comme on peut s’en convaincre avec deux œuvres choisies. Des associations organiques déterminent les structures formelles telles que couronnes de feuillages, cascades de branches, étages des frondaisons. Le libre jeu des œuvres présentées dans l’espace intérieur du Musée densément animé s’assemble pour composer une véritable « forêt Calder ». Le lien qui s’établit ainsi entre espaces intérieur et extérieur reprend un thème majeur de la Fondation Beyeler, intégrant la Collection dans une juxtaposition harmonieuse entre architecture et paysage.
 
Calder Otto’s Mobile, 1952 Stahl, bemalt, Aluminium, 533,4 x 243,8 cm
Foto: Museo Guggenheim Bilbao/Erika Barahona

 
 
Un deuxième ensemble d’œuvres éclaire enfin la genèse de Tree, une œuvre appartenant à la Collection de la Fondation Beyeler, avec la maquette d’origine accompagnée de travaux apparentés et d’étapes intermédiaires. Pendant l’été, Tree, le monumental stabile-mobile de la Collection d’Ernst et Hildy Beyeler retrouvera en outre sa place d’origine dans le Berower Park, sur le terrain de la Fondation Beyeler.
En plus de prêts consentis par la Calder Foundation, on pourra également voir des œuvres prêtées par des collectionneurs privés, ainsi que par la Fundació Joan Miró de Barcelone et le Moderna Museet de Stockholm.
La Fondation Beyeler s’est engagée en 2012 dans une collaboration prévue pour plusieurs années avec la Calder Foundation de New York. Des œuvres appartenant aux collections des deux Fondations sont ainsi rassemblées et exposées dans une série de présentations réalisées par des commissaires d’exposition, la « Calder Gallery ». L’objectif est de permettre une présence permanente, unique en Europe, d’œuvres d’Alexander Calder (1898–1976) à la Fondation Beyeler, et d’apporter ainsi une contribution à l’étude de l’œuvre de ce grand artiste américain. La Fondation Beyeler s’inscrit ainsi dans l’esprit de sa grande exposition « Calder – Miró » (2004) aussi bien que de sa série des « Rothko Rooms ».
 
Alexandre Calder

 
Alexander Calder (1898 – 1976)
Alexander Calder, dont la carrière couvre la quasi intégralité du XXe siècle, est l’un des sculpteurs les plus renommés et les plus influents de notre temps. Né dans une célèbre famille d’artistes de formation essentiellement classique, Calder a mis sa force créatrice au service d’un élargissement durable de l’horizon de l’art moderne. Il a ainsi élaboré une nouvelle méthode de sculpture : en pliant et en tordant du fil de fer, il « dessinait » des figures en trois dimensions dans l’espace. Calder est connu pour l’invention du mobile dont les éléments abstraits, maintenus en équilibre, bougent en formant des combinaisons harmonieuses et toujours nouvelles. Calder s’est également engagé dans la réalisation de grandes sculptures d’extérieur, faites de tôle d’acier boulonnée. Aujourd’hui, ces géants en filigrane ornent de nombreux lieux publics aux quatre coins du monde. 
Calder Foundation
La Calder Foundation dont le siège se trouve à New York est une organisation sans but lucratif fondée en 1987 dans l’objectif de collectionner et de préserver l’art et la succession d’Alexander Calder, tout en les rendant accessibles à un vaste public. Cette Fondation dispose d’une collection incomparable d’œuvres et de documents d’archives. Les activités de la Fondation consistent pour l’essentiel à participer à des expositions et à des publications, à développer et assurer la conservation des archives Calder et à procéder au catalogage de l’ensemble des œuvres de cet artiste.
 
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
exposition jusqu’au 12 janvier 2014
 
Photos courtoisie Fondation Beyeler 3
4e photo de l’auteur 

Play & Replay, première biennale de la photo à Mulhouse

Le temps fort de la première biennale de la photographie organisée à Mulhouse par l’association L’Agrandisseur se déroulera du 15 au 22 juin.

 
La Biennale de la photographie de Mulhouse est née de la volonté de rapprocher le public de la photographie lors d’un temps fort et fédérateur. A partir du Musée des Beaux-arts, les expositions se déploient dans différents lieux culturels mulhousiens et sont complétées par des installations in situ, ainsi que par un programme de projections et rencontres avec les photographes.
La programmation défend des artistes internationaux, avec la volonté de découvrir de nouveaux talents autour d’une thématique à chaque fois renouvelée.
Les photographes de l’édition 2013 se positionnent dans l’ère numérique et questionnent la légitimité des différents usages de la photographie à travers un regard lucide porté sur nos sociétés
contemporaines et leurs développements.
L’une des caractéristiques de la photographie à l’ère numérique est l’usage de processus post-photographiques. Les artistes jouent et rejouent avec des photographies déjà existantes, les leurs ou celles des autres. Il est courant de
« rebattre les cartes
de son oeuvre », de s’approprier des images connues ou anonymes pour en
déplacer la signification, ou encore rendre compte de projets utopiques. Avec cette première édition ce sont les enjeux mêmes du médium photographique qui sont interrogés au sein de pratiques émergentes.
Play & Replay met en jeu les notions de circulation des images, mais aussi de
partages, d’échanges et de découvertes.
La Biennale de la photographie de Mulhouse 2013 présente les expositions et performances de Dorothée Baumann (CH), Isabelle Le Minh (FR), Cristina de Middel (ES), Michel François (BE), Nathalie Wolff (FR) et Matthias Bumiller (DE), Laura Martin (FR) et Marie Quéau (FR).


Des soirées de projections permettront de découvrir des photographes prometteurs ou

déjà confirmés, parmi eux le collectif Exposure12 (DE), les étudiants de la HEAR – Haute école des arts du Rhin ou encore Joachim Schmid et Tiane Doan na Champassak.
La Biennale a lieu les années impaires, en alternance avec la Biennale d’art contemporain Mulhouse 00.
La direction artistique et le commissariat des expositions sont assurés par
Anne Immelé, photographe, docteur en art et
enseignante en photographie.
 Le lancement de la manifestation a eu lieu cette semaine au Musée des beaux-arts. Mulhouse a une histoire avec la photographie, comme l’a rappelé Anne Immelé, initiatrice de l’association L’Agrandisseur et commissaire d’exposition de la première biennale de la photographie. À travers notamment Adolphe Braun qui, au XIXe siècle, avait développé une entreprise de reproduction de photos pour collecter des fleurs qui servaient de motifs pour les tissus fabriqués dans les entreprises textiles de la région. Plus tard, la photographie a trouvé sa place au sein de l’AMC dirigée par Paul Kanitzer et plus récemment encore, la Filature, scène nationale, a accordé une place privilégiée à l’image dans sa galerie. D’autres institutions et structures privées comme la Kunsthalle, centre d’art contemporain de Mulhouse ou la galerie Hors-Champs sont des structures qui font la part belle à la photographie contemporaine. Ces lieux sont des partenaires privilégiés de cette première biennale qui a choisi pour thème
« Play & Replay ». « Volver », de Mexico à Mulhouse
Objectif de cet événement : promouvoir des photographes de renommée internationale, exposer des jeunes artistes émergents, défendre une dimension esthétique forte et réfléchir au rôle de l’image dans la société, tout en touchant un public large. Après une première entrée en matière avec l’affichage dans divers quartiers de la ville de photographies de Michel François, la biennale s’invite au Musée des beaux-arts. L’association Mac (Mulhouse art contemporain) a édité à 900 exemplaires une photographie de Michel François intitulée Volver ,
 créée spécialement pour la biennale. Ces reproductions sont offertes aux visiteurs qui passent au musée.
Il s’agit de la reproduction de deux sculptures sur le campus universitaire de Mexico City. Un endroit qui était un terrain vierge dans les années soixante-dix, sur lequel on a disposé à l’époque une série de sculptures monumentales modernistes.
« Depuis, la végétation a repris le dessus, c’est devenu un immense terrain vague à l’abandon, fréquenté par des marginaux, une zone où il y a de la drogue, de la prostitution et les sculptures sont devenues un support à graffiti »,
indique le photographe qui joue et rejoue avec l’évolution du statut de ces œuvres mais aussi leurs formes géométriques. Les visiteurs découvriront au rez-de-chaussée de la Villa Steinbach, des photos prises à Mulhouse, sur les lieux où sont affichées d’autres images de l’artiste qui expose donc simultanément à Mulhouse et à Mexico.
Le Musée des beaux-arts accueillera trois autres artistes dans le cadre de la biennale, à partir du 15 juin.

représentants des structures participantes à la Biennale de la photo

Photographier l’aura Dorothée Baumann, jeune photographe suisse, s’est immergée dans un centre de recherche fondamentale en neurosciences, le Brain & behaviour laboratory (BBL) de Genève. En marge de l’exposition qui lui est consacrée, elle invitera également le spectateur à se faire photographier à son tour « par un appareil de photographie d’aura ». Ces portraits polaroïds seront inclus dans l’accrochage.
Cristina de Middel, photographe d’origine espagnole, vit à Londres et travaille pour la presse et des ONG. On pourra découvrir son exposition The Afronauts, série d’images créées à partir d’un fait réel : le projet d’un programme spatial mis en place en Zambie en 1964… Ce programme avait pour but d’envoyer sur la lune dix chats et douze astronautes, il n’a jamais été réalisé, faute d’argent. L’artiste a réalisé, à partir de la documentation qu’elle a collectée, la reconstitution photographique poétique de ce rêve avorté. Elle a conçu les personnages, les costumes, les décors, sans jamais mettre les pieds en Zambie…
Troisième artiste dont on découvrira le travail au dernier étage du musée :
Isabelle Le Mihn qui présentera divers travaux dont une série de photos Trop tôt, trop tard, les peintures Lointain si proche qui posent la question de l’original et de la copie, une série intitulée Les Liseuses , portraits de femmes réalisés en studio au début du XXe siècle et détournés par l’artiste…
La biennale propose beaucoup d’autres rendez-vous aux curieux d’images et de leurs détournements.
Le magazine Novo (à consulter en ligne ou à emporter chez soi )consacre un hors-série à cet événement, disponible dans tous les lieux culturels de la région.

 Affichage urbain
14 juin – 15 septembre
Michel François (BE)
Galerie de la Bibliothèque Grand-rue
14 juin – 15 septembre
Nathalie Wolff (FR) et Matthias Bumiller (DE), Le troisième but // Spiel auf zwei Tore
Galerie Hors-champ
14 juin – 7 juillet
Laura Martin (FR), Mutiraõ – une résidence à São Paulo
La Vitrine
14 juin-7 juillet
Marie Quéau, This is for fight / this is for fun
Exposition associée : La Kunsthalle
Daniel Gustav Cramer avec  TEN WORKS
31 mai-26 août
Programmation croisée : Galerie de la Filature
Cyril Hatt – Nicolas Lelièvre – Jacques Perconte BLOW UP
du 2 mai au 7 juillet

texte presse + emprunté à Frédérique Meichler

photos presse + 2 photos de l’auteur (4 + 5) .

 

Daniel Gustav Cramer investit La Kunsthalle de Mulhouse

Daniel Gustav Cramer investit La Kunsthalle Mulhouse avec Ten Works
– Dix oeuvres – et signe ainsi sa première exposition monographique française.

Ten Works Daniel Gustav Cramer

Entre photographies et textes, presque tous inédits, cette exposition emmène le spectateur dans un univers poétique et un espace-temps redéfini par l’artiste. Daniel Gustav Cramer part souvent d’un récit ou d’une image qu’il fait évoluer imperceptiblement. Il a recours à la série, à la fragmentation, à l’ellipse. D’une séquence à l’autre, il créé des interstices temporels, des entre-deux propices à installer un espace imaginaire. Il invite le spectateur à s’infiltrer dans ces étroites ouvertures et à prendre ses propres chemins de traverse. Les oeuvres de Daniel Gustav Cramer perturbent la lecture objective, elles se noient dans des décors brumeux ou des déroulés qui s’affranchissent de tout commencement et de toute fin.

Daniel Gustav Cramer Ten Works

À Mulhouse, Daniel Gustav Cramer poursuit sa recherche du sensible à travers ses principes de récits, écrits ou imagés. Dans ses histoires, l’être humain s’estompe de plus en plus, voire disparait, pour laisser place à un décor empreint d’une présence effacée. Tel un voyage, l’exposition se présente à la manière d’un rêve, elle mène à des impasses que seule la confiance en l’inconnu permet de dépasser. Nul besoin de comprendre, l’essentiel est de se laisser glisser dans les abîmes de son propre imaginaire.

Daniel Gustav Cramer Ten Works

Daniel Gustav Cramer est né en 1975, il vit et travaille à Berlin. En 2012, il a entre autre exposé à la Kunsthaus de Glarus (Suisse), au Badischer Kunstverein de Karlsruhe (Allemagne), à la Kunsthalle de Lisbonne (Portugal). Il a participé cette même année à la dOCUMENTA 13 à Kassel (Allemagne). Depuis 2007, il développe en partenariat avec Haris Epaminonda le projet The Infinite Library, sous la forme de livres et d’un site internet.
Daniel Gustav Cramer Ten Works

Heures d’ouverture
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h
Samedi et dimanche de 14h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 20h
Ouvert le 14 juillet 2013 Fermé le 15 août 2013
Entrée libre
Coordonnées
La Kunsthalle Mulhouse / La Fonderie Centre d’art contemporain 16 rue de la Fonderie 68093 Mulhouse Cedex tél : + 33 (0)3 69 77 66 47
kunsthalle@mulhouse.fr
www.kunsthallemulhouse.com

Réception Art’ Basel : vendredi 14 juin à 19h00, bus à partir de Bâle

photos de l’auteur

Carte blanche à Zilvinas Kempinas au musée Tinguely

Jusqu’au 22 septembre 2013
Le Musée Tinguely de Bâle, a  donné « carte blanche », à Zilvinas Kempinas pour réaliser sa plus vaste exposition personnelle à ce jour.
Il dialogue avec humour et poésie avec les œuvres de Jean Tinguely.

Zilvinas Kempinas, Kakashi, 2013, Installation dans le Park Tinguely, schwimwasser plastik, Schneetangen, Vogelschreckband

 
Les oeuvres de Zilvinas Kempinas, artiste lituanien vivant à New York, sont à la fois minimalistes et cinétiques. Avec les moyens les plus simples, Kempinas crée des dispositifs complexes d’une grande beauté qui se déploient dans l’espace avec une atmosphère particulière ; ses installations jouent avec l’air et la légèreté, ses reliefs avec le temps et le hasard.
L’art de Zilvinas Kempinas se joue pour ainsi dire sur le « bright side of the moon ». La gravité y semble abolie, la palette de lumière transperce et active les matériaux des installations. Le voyage dans lequel nous entraînent ses oeuvres d’art conduit dans l’ici et le maintenant, vers des dispositifs sensoriels, agrégats d’énergie, esquisses et interventions dans l’espace. Son art crée des événements optiques et physiques, d’une esthétique envoûtante. Les moyens qu’il utilise sont simples, quotidiens et pourtant inhabituels : bande vidéo, ventilateurs, tubes néon, en symbiose avec l’espace, le rythme, l’air et la lumière. L’effet ainsi atteint est d’une grande complexité, qui captive tous les sens, modifie l’orientation du lieu et la perception du temps et du mouvement. L’observateur devient lui-même repère et acteur dans un environnement théâtral souvent minimaliste.
Zilvinas Kempinas, Light Pillars 2013, Magnetic tape, fluorescent lights 140 x 800cm each

Une de ses pièces « Beyond the Fans » est présente au Grand Palais dans l’exposition Dynamo.
Dès l’arrivée à l’abord du musée, son oeuvre  « KaKashi » 2013, multicolore brille et nous enchante de ses couleurs et de son dynamisme, sous le soleil bâlois et dialogue avec la fontaine de Jean Tinguely.
L’exposition se déploie sur quelque 1 500 m², soit quatre niveaux d’exposition, et rassemble aussi bien des travaux récemment conçus, que des oeuvres que l’on a certes déjà pu voir ailleurs mais qui se renouvellent chaque fois, selon la spécificité du lieu.
Le visiteur est accueilli par le travail Light Pillars (2013), deux grands cylindres de huit mètres de haut, librement disposés dans l’espace. Leur forme est due à plusieurs couches concentriques de bande vidéo, que des ventilateurs mettent en mouvement et font osciller ; une lumière claire émerge de l’intérieur du cylindre. Ce travail exubérant, qui capte toute l’attention du spectateur, dégage une dynamique puissante dans le hall ouvert, au milieu des grandes sculptures-machines de Tinguely.
Fountain 201, constituée de bandes magnétiques, oscille et tourne sur une roue, sans fin sur le sol du rez de chaussée, mue par un ventilateur.
Zilvinas Kempinas, Parallels, 2007, Installation Magnetbänder, Sperrholtz

Le vocabulaire de Kempinas sait cependant se faire aussi silencieux et contemplatif, comme nous pouvons le voir juste à côté, sur quelque 200 m², avec le travail Parallels (2007-2013). Ici, les bandes vidéo tendues en parallèle tout le long de la salle donnent à voir, que ce soit depuis la galerie d’en haut ou dans la salle même, l’apparence d’une
« surface aquatique ».
Dans l’un des plus beaux passages du musée, la fameuse « Barca », qui relie le rez-de-chaussée et la galerie avec sa fenêtre en bandeau ouvrant sur le Rhin, Kempinas a installé son travail Timeline (2013) : des bandes parallèles, tendues à la verticale, donnent une nouvelle orientation au regard que l’on porte à l’extérieur.
Zilvinas Kempinas, Timeline, 2013 magnetbänder, rostfreier stahl

Vu de face, le matériau des bandes semble disparaître et permet un regard dégagé sur le Rhin, tandis que le côté fenêtre semble se fermer dès que l’on déplace le regard en diagonale ou/et vers l’avant ou vers l’arrière. On assiste alors à un jeu foisonnant de diffractions et de réflexions qui se dessinent sur la surface tantôt mate, tantôt sombre et brillante.
Au deuxième niveau, parmi les quatre salles aux proportions classiques éclairées par des puits de lumière, deux autres travaux sont installés à travers tout l’espace.
Slash, comme Parallels, se compose de bandes vidéo parallèles et tendues, mais dont l’effet est étonnamment différent. Comme les bandes traversent l’espace en diagonale, l’on n’arrive pas à percevoir cet espace en perspective et les proportions deviennent floues. Dans la dernière salle, une bande semble se tenir en l’air comme par magie et virevolte le long des murs – cette poésie de la légèreté et de l’apesanteur nourrit nos rêves d’envol.
Au niveau inférieur, avec l’installation Ballroom (2010), Kempinas met en scène une démonstration d’énergie presque déroutante pour les sens : des ventilateurs, ampoules de couleurs, bandes vidéo et feuilles miroitantes se mêlent en un tout compact d’éléments dansants. C’est là comme une sorte de « modulateur d’espace lumière » dans lequel le spectateur peut perdre toute orientation.
Zilvinas Kempinas est un magicien des éléments, qui associe le naturel et l’artificiel à la manière d’un ingénieur-orphiste.
Dans une oeuvre plus ancienne, Moon Sketch (2005), il avait déjà traité avec force le contraste entre facture et effet. À partir de matériaux extrêmement simples – un rouleau de carton dont l’intérieur est peint en noir, du ruban adhésif et un cadre de diapositive –, il avait créé là un instrument pour observer le ciel, mais fonctionnant toutefois comme un périscope : posé à seulement quelques millimètres devant un mur et tourné vers celui-ci, il permet de voir quelque chose qui ressemble à la lune et ses cratères dans la lumière pâle du firmament. En réalité, nous regardons un morceau de mur d’à peine cinq centimètres de diamètre, dont la texture, la couleur blanche et l’éclairage particulier rendent cette illusion possible. Il avait représenté le pavillon lithuanien à la 53e biennale de Venise avec « Tube »
.Rien n’est caché, tout est visible. Et pourtant, tous ces effets nous emmènent en des lieux où nos habitudes optiques doivent nécessairement s’interroger.
Roland Wetzel, directeur du Musée Tinguely est commissaire de l’exposition qui a été réalisée en collaboration intime avec l’artiste.
Publication
À l’occasion de cette exposition paraîtra en Août un ouvrage édité par le Christoph Merian Verlag, intitulé « Zilvinas Kempinas. Slow Motion », avec des contributions de Kestutis Šapoka se consacrant aux premières oeuvres de l’artiste ainsi que la scène artistique lithuanienne de l’époque et son évolution vers 1990, une autre de Karine Tissot sur les nouvelles oeuvres réalisées spécialement pour le Musée Tinguely ainsi qu’une préface de Roland Wetzel et une interview de lui-même avec l’artiste :
176 pages, 80 ill., édition allemande: et  édition anglaise
Prix (librairie du Musée Tinguely) : 48 CHF
Informations générales:
Horaires d’ouverture : tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 18h
Horaires spéciaux pendant la foire ART Basel :
lundi – dimanche, 10 – 16 juin : 9h à 19h
Tarifs :
Adultes : 15 CHF
Scolaires, étudiants, apprentis, AHV, IV : 10 CHF Groupes (20 personnes au moins) :
10 CHF (par personne)
Enfants de moins de 16 ans : gratuit
Passmusée
texte presse photos et vidéos de l’auteur courtoisie du musée Tinguely
 

Max Ernst – rétrospective à la Fondation Beyeler

Jusqu’au 8 septembre 2013

L’ange du foyer (Le triomphe du surréalisme), 1937
Huile sur toile, 114 × 146 cm
Collection privée
© 2013, ProLitteris, Zurich

Rassemblant plus de 160 œuvres, la vaste exposition montée par la Fondation Beyeler en collaboration avec l’Albertina de Vienne, constitue la première grande rétrospective consacrée à Max Ernst (1891–1976), l’un des plus grands peintres du Xxe siècle, présentée en Suisse depuis sa mort, et dans tout l’espace germanophone depuis 1999. Bien que ces deux manifestations aient l’une comme l’autre pour vocation d’attirer le regard du public actuel sur la création de Max Ernst et de lui permettre de découvrir celle-ci dans toute son envergure, les expositions de l’Albertina et de la Fondation Beyeler se distinguent par leur optique et par leur accrochage.
Ajoutons que 21 de ces œuvres seront présentées aux seuls visiteurs de Riehen . Un certain nombre d’entre elles, comme « L’ange du foyer (Le Triomphe du Surréalisme)», «L’habillement de l’épousée», «La Vierge corrigeant l’enfant Jésus (…) et «Oedipus Rex » comptent parmi les plus célèbres de l’opus de cet artiste. Ernst Beyeler avait été tellement impressionné par Max Ernst que ce dernier réalisa dès 1953 le portfolio lithographique « Das Schnabelpaar » pour le galeriste bâlois. La Collection Beyeler comprend sept œuvres de Max Ernst : quatre peintures et trois sculptures. Le travail le plus ancien , « Fleurs de neige», remonte aux années 1920, le plus récent , « Naissance d’une galaxie», a vu le jour en 1969.
Max Ernst est l’un des artistes les plus éclectiques de l’art moderne. En 1922, après avoir brandi l’étendard de la révolte dadaïste à Cologne, il partit s’installer à Paris où il s’imposa rapidement parmi les pionniers du surréalisme. Interné à deux reprises pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que ressortissant d’une puissance ennemie, il fut libéré grâce à l’intervention de son ami, le poète Paul Éluard. En 1941, Max Ernst s’exila aux État-Unis où il trouva de nouvelles sources d’inspiration tout en donnant lui-même de nouvelles impulsions à la génération des jeunes artistes américains. Dix ans plus tard, Max Ernst regagna une Europe ravagée par la guerre, dans laquelle cet artiste, jadis très apprécié, sembla d’abord bien oublié, avant que l’on ne redécouvre en lui l’un des Créateurs les plus polymorphes du Xxe siècle. Max Ernst qui avait renoncé en 1948 à sa citoyenneté allemande au profit de la nationalité américaine est devenu citoyen français en 1958.
Ernst a été véritablement un artiste du siècle — non seulement par la qualité et la portée de son œuvre, mais également d’un point de vue objectif, par la simple durée de sa carrière de créateur qui a englobé toute la période allant de 1915 à 1975, soit soixante années. Contemporain de puissants bouleversements artistiques, sociaux, politiques et techniques, il a su intégrer ces ruptures dans une œuvre qui retrace des traits marquants du XXe siècle. Le plaisir avec lequel il expérimentait les techniques les plus diverses a également fait d’Ernst un précurseur de l’expression multimédia. Sans difficulté apparente, il a su rassembler dans son œuvre les thèmes, les styles et les techniques majeurs des différentes générations. Sa recherche inlassable de nouvelles formes d’expression, de nouvelles interrogations et de nouveaux sujets peut être considérée comme emblématique de l’homme moderne. Max Ernst nous apparaît comme l’artiste qui «n’a jamais voulu se trouver» (on se souvient de sa citation : «Un peintre est perdu quand il se trouve». Avec ses débuts de dadaïste, sa position centrale dans le cercle des surréalistes et l’anticipation de l’Action Painting, cet artiste qui s’est toujours mu entre les mondes et les cultures a relié Paris à Cologne, New York à la France. En un temps d’instabilité politique, il a toujours conservé son regard critique et créateur.
 Réfugié dans un pays, les États-Unis, qu’il ne connaissait guère, il a abordé cette nouvelle patrie avec curiosité et a su y trouver d’importantes impulsions pour sa création ultérieure. À travers des expositions à New York, des projets en Arizona ou enTouraine, ses participations à la Biennale de Venise ou à la Documenta, Max Ernst a incarné dès le début du XX e siècle une image promise à un bel avenir, celle du «nomade de la culture et de l’art». Ernst a également su gérer les contradictions de sa vie privée, passant sans heurt de la condition de réfugié de guerre à une vie nettement plus mondaine aux côtés de sa mécène Peggy Guggenheim, qui fut brièvement son épouse. Il renonça brutalement à cette existence pour se retirer dans le désert de l’Arizona, en compagnie de l’artiste Dorothea Tanning. Qu’il s’agisse de Luise Straus (morte à Auschwitz, sa première épouse, mère de son fils Jimmy, de Gala Eluard, Leonora Carrington, Peggy Guggenheim et Dorothea Tanning, Max Ernst s’est souvent entouré de femmes artistes, dotées d’une forte personnalité. Intellectuel tout aussi à l’aise en littérature que dans les beau-arts.
Max Ernst éprouvait également une vive curiosité pour la technique et pour la science, et plus particulièrement pour la biologie et pour la psychanalyse, une discipline qui a joué un rôle majeur pourle surréalisme. La diversité des techniques dont Max Ernst a été l’initiateur et le promoteur est aussi impressionnante que surprenante, comme le révèle la liste suivante :
Collage
Dès 1919, Max Ernst a commencé à utiliser la technique du collage qui lui permettait d’élaborer ou de simuler de nouvelles réalités picturales. Il réalisait ses collages à partir d’illustrations empruntées à des romans, des catalogues de matériel pédagogique et des brochures de mode du XIX e siècle. Pour obtenir un résultat parfait, avec des bords sans la moindre irrégularité ni aspérité, il découpait ces gravures sur bois à l’aide d’un scalpel Max Ernst a réalisé vers 1929/1930 ses romans collages les plus célèbres : La femme 100 têtes et Rêve d’une petite fille qui voulut entrer au Carmel comptent parmi les œuvres les plus fascinantes et les plus énigmatiques du surréalisme.
Frottage
Max Ernst a entrepris vers 1925 sa série intitulée Histoire Naturelle, dans laquelle il a utilisé pour la première fois la technique du «frottage», un procédé semi-automatique : il posait des objets ramassés dans la nature, des feuilles et du bois par exemple, sous une feuille de papier, sur laquelle il passait alorsune mine de plomb. L’artiste complétait ensuite les structures qui apparaissaient sur le papier pour créer des images fantastiques. Ses frottages prêtent une vie nouvelle aux objets inanimés et leur apportent une signification différente, souvent insolite. Max Ernst a élaboré cette technique pendant un séjour en Bretagne. Dans son essai intitulé «Au-delà de la peinture » il décrit une sorte de vision qui le conduisit à exécuter un frottage sur papier du plancher et d’autres objets de sa chambre d’hôtel.
Grattage
La technique du « grattage», inventée vers 1927,constitue en quelque sorte la traduction picturale de la technique du «frottage». Max Ernst commençait par superposer plusieurs couches de peinture sur une toile. Sous le fond pictural ainsi préparé, il posait ensuite des objets tels que des grilles métalliques, des planches ou des ficelles dont le relief se dessinait à travers la toile. Pour faire apparaître ces structures sur son tableau, il grattait les couches picturales supérieures. Dans une étape ultérieure, l’artiste retravaillait les motifs qui avaient surgi sur la toile et les interprétait pour faire naître des forêts, des fleur – coquillages, des oiseaux ou des villes pétrifiées.
Décalcomanie
La décalcomanie est une technique de transfert qui consiste à reporter à plat sur une toile la couleur encore humide appliquée sur une plaque de verre ou une feuille de papier. Son retrait fait naître des dessins subtils, tracés, bulles et marbrures de couleur. L’artiste retravaille ensuite la structure superficielle complexe ainsi créée . Ce procédé artistique connu dès le XVIII e siècle a été utilisé par d’autres Représentants du surréalisme. Max Ernst a adopté cette technique vers la fin des années 1930 et s’en est servi pour représenter des paysages énigmatiques, peuplés de visages, de silhouettes et d’animaux inquiétants, dissimulés dans les profondeurs de la nature.
Oscillation
Exilé aux États-Unis, Max Ernst a commencé à mettre au point la technique de l’oscillation vers 1942. Il remplissait de peinture une boîte percée de trous qu’il suspendait ensuite au-dessus d’une toile au bout d’une longue ficelle, lui imprimant de vastes gestes de balancement. La peinture gouttait par le trou au gré de ses oscillations. Ce processus largement incontrôlable et lui aussi semi-automatique fait apparaître à la surface de la toile des réseaux de cercles, de lignes et de points évoquant des orbites planétaires. Le recours à l’oscillation ajoutait une facette de plus aux procédés et techniques artistiques du surréalisme tout en anticipant le drip-painting de Jackson Pollock.
Cette exposition présente dans un ordre chronologique toutes les phases de création et tous les ensembles thématiques majeurs de Max Ernst .
Dorothea Tanning et Max Ernst avec la sculpture en ciment « Capricorne », Sedona, Arizona, 1948
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo: Documentation Max Ernst, Deutsches Forum für Kunstgeschichte, Paris / John Kasnetzis

Elle s’ouvre sur « Capricorne», la plus importante de ses sculptures.
Né le 2 avril 1891 à Brühl, en Allemagne, Max Ernst apprend la peinture avec son père, peintre amateur. Il reçoit une éducation conservatrice et bourgeoise très stricte, contre laquelle il se révolte rapidement. À partir de 1910, il entreprend des études d’histoire de l’art, mais aussi de psychologie, De langue et de littérature romanes et dephilosophie. Influencé d’abord par l’expressionnisme et le futurisme, il entre rapidement en contact avec d’autres artistes et mouvements artistiques. L’œuvre de jeunesse «Stadt mit Tieren» (La ville avec des animaux) témoigne de cette association singulière entre différents styles et présente des traits cubistes aussi bien que futuristes. La rencontre avec Hans Arp (lui aussi représenté dans la Collection Beyeler, comme les Surréalistes Dalí,Giacometti et Miró) coïncide avec cette période riche en contradictions. Dada est né et les années qui suivent la Première Guerre mondiale sont une phase de bouleversements, de protestations et d’expériences. Max Ernst découvre les artistes surréalistes par le biais du dadaïsme . Il quitte alors son statut d’artiste allemand pour devenir une figure de proue du mouvement surréaliste parisien. Ses tableaux se parent de traits énigmatiques, le surréalisme faisant en effet la part belle aux éléments déterminants de la psychanalyse que sont l’inconscient et le rêve .
Max Ernst reste un innovateur, qui se livre à partir du milieu des années 1920 à ses premières expériences de frottage. Ce moyen d’expression donne naissance à des créatures hybrides associant différents genres, l’intérêt de l’artiste pour les sciences naturelles apparaissant clairement dans ses œuvres. « Au premier mot limpide», sorte de rébus monumental, faisait initialement partie du décor de la maison que Max Ernst partageait avec Paul Éluard et son épouse Gala (la future muse de Dalí). On n’a retrouvé cette peinture murale, recouverte au cours de travaux ultérieurs, que dans les années 1960. « La Vierge corrigeant l’enfant Jésus devant trois témoins: André Breton, Paul Éluard et le peintre», une œuvre scandaleuse aux éléments blasphématoires, n’est guère moins spectaculaire. Geste radical d’affranchissement de l’éducation bourgeoise reçue par Ernst, elle déconstruit l’image sainte habituelle et la représentation traditionnelle de la maternité.
Max Ernst
La Vierge corrigeant l’enfant Jésus devant trois témoins: André Breton, Paul Éluard et le peintre, 1926
Huile sur toile, 196 × 130 cm
Museum Ludwig, Cologne
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo: Peter Willi / ARTOTHEK

Le thème de la «forêt» occupe toute une salle de l’exposition qui regroupe des œuvres majeures de cette série. Les tableaux de «hordes» de la fin des années 1920 se voient également attribuer un rôle important : ces figures métamorphiques illustrent clairement le motif de la transformation. Les «fleurs» et les «villes» (opposition entre «nature» et «culture») constituent d’autres groupes thématiques essentiels .
La salle 11 présente une accumulation d’œuvres clés avec les tableaux de jungle de la deuxième moitié des années 1930, dont la toile «La nature à l’aurore» au caractère sombre et inquiétant. On voit confluer ici différentes traditions, depuis des emprunts à Henri Rousseau jusqu’au romantisme d’un Caspar David Friedrich .
« L’habillement de l’épousée» extrait audio-guide fait référence à l’art de la Renaissance tout en évoquant, peut-être, la diversité des images de la femme. La transformation de la femme en animal et d’un animal en femme est un motif érotique, qui encadre également la toile d’une multitude de détails. «L’ange du foyer» de 1937 en revanche prend pour thème la guerre civile espagnole de la fin des années 1930, qui passionna de nombreux artistes et intellectuels. Dans la dimension colorée, insondable, effrayante comme un masque de la figure représentée qui semble se précipiter vers le spectateur sous forme d’un tourbillon inexorable entre agression et persiflage, Max Ernst anticipe la catastrophe politique qui était sur le point de s’abattre sur l’Europe.
L’œuvre tardive d’Ernst se caractérise par des ruptures thématiques — on relève d’une part la réflexion poétique et sensuelle recourant à la technique du recouvrement pictural du «Jardin de la France», de l’autre « Naissance d’une galaxie», une œuvre somptueuse de la phase tardive qui fait s’épanouir l’air, l’eau, la terre et la lumière dans un astre céleste.
Max Ernst
Au premier mot limpide, 1923
Huile sur plâtre, reporté sur toile, 232 × 167 cm
Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo: Walter Klein, Düsseldorf

Max Ernst était à maints égards un esprit fort ironique, élégant et rebelle — et il apparaît aujourd’hui encore comme un artiste dont la création est tout à la fois accessible et complexe. Ses œuvres s’adressent à nous, elles font surgir des abîmes et des secrets cachés , elles provoquent la réflexion Insaisissable comme du mercure — présentant inlassablement des formes d’un renouvellement fascinant —, Max Ernst reste près de quarante après sa mort un phénomène singulier, exemplaire dans son autonomie artistique, dont la liberté irréductible et le courage qui lui a fait accueillir un changement constant dans son œuvre comme dans sa vie préservent l’œuvre de tout opportunisme stylistique et de toute paralysie.
Cette exposition a été conçue par Werner Spies et Julia Drost, commissaires invités, et a vu le jour en collaboration avec l’Albertina de Vienne. La commissaire d’exposition pour l’Albertina est Gisela Fischer. Le commissaire de l’exposition de la Fondation Beyeler est Raphaël Bouvier. la Fondation Beyeler remercie Dr. Christoph M. et Sibylla M. Müller pour leur engagement tout particulier en faveur de l’exposition.
À l’occasion de cette exposition, la Fondation Beyeler publie un catalogue en allemand et en anglais. L’édition destinée au commerce est éditée par Hatje Cantz Verlag, Ostfildern. Ce volume édité par Werner Spies et Julia Drost contient une préface de Klaus Albrecht Schröder et Sam Keller, avec des essais de Werner Spies, Julia Drost, Adrian Sudhalter, Raphaël Bouvier, Jürgen Pech, Ralph Ubl, Gabriele Wix et autres.
Il  est disponible au musée au prix de 62.50CHF
Le catalogue est aussi disponible auprès de l’ Art Shop de la Fondation Beyeler : www.fondationbeyeler.ch
Fondation Beyeler,
Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH –
4125 Riehen
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours 10h00 – 18h00, le mercredi jusqu’à 20 h
texte presse
Images courtoisie de la Fondation Beyeler

Sommaire de mai 2013

Les Picasso au Kunstmuseum de Bâle

01 mai 2013 : La fête du Muguet
02 mai 2013 : Aujourd’hui pour demain
03 mai 2013 : Basel World
10 mai 2013 :  Art et voyage
18 mai 2013 :  « morceaux choisis » Jeune Art Contemporain
19 mai 2013 :  Marie Paule Bilger – Question de temps
21 mai 2013 :  Une gazette comme une oeuvre d’ar
22 mai 2013 :  Play-Back d’Eden – Gloria Friedmann
24 mai 2013 :  Ateliers ouverts et Atelier Nomade
27 mai 2013 :  Les Picasso sont là

Les Picasso sont là

Par conséquent il ne faudrait surtout pas les rater.
C’est une exposition unique qui couvre toute la période artistique de Picasso.
C’est à Bâle au KUNSTMUSEUM jusqu’au 21 juillet 2013.

Pablo Picasso
Arlequin assis, 1923
Öl auf Leinwand
130.2 x 97.1 cm
Kunstmuseum Basel
Depositum der Einwohnergemeinde der Stadt Basel 1967
Foto: Kunstmuseum Basel, Martin P. Bühler
© Succession Picasso / ProLitteris, Zürich

 
Cette histoire singulière débute par une catastrophe. Le 20 avril 1967, un avion de la compagnie charter bâloise Globe Air s’écrase sur l’île de Chypre, provoquant la mort de 126 personnes et la faillite de Peter Staechelin, propriétaire de la compagnie. Pour payer ses dettes, il vend quatre oeuvres d’art achetées par son père, dont un van Gogh. Mais quand il annonce vouloir aussi vendre les deux tableaux de Pablo Picasso,
« Les Deux frères » et « Arlequin assis » ,
Pablo Picasso
Les deux frères, 1906
Öl auf Leinwand
141.4 x 97.1 cm
Kunstmuseum Basel
Depositum der Einwohnergemeinde der Stadt Basel 1967
Foto: Kunstmuseum Basel, Martin P. Bühler
© Succession Picasso / ProLitteris, Zürich

que son père avait donné en prêt à long terme au Kunstmuseum, les évènements prennent une tournure exceptionnelle. La valeur marchande des deux toiles était alors estimée à 8,4 MF (millions de francs suisses) de l’époque. Pour sauver ces deux pièces maîtresses du musée des Beaux-arts, le gouvernement cantonal vote un prêt de 6 MF et lance un appel au mécénat pour financer les 2,4 MF restant. Un comité de citoyens, mobilisé par un garagiste peu sensible à l’art moderne, lance alors un référendum, qualifiant d’« insensé » ce prêt pour des oeuvres d’un peintre vivant qui incarne à leurs yeux le « déclin de l’art ». C’est le premier référendum pour des oeuvres d’art. Une campagne digne d’enjeux politiques se déroule alors à Bâle et dans tout le canton, les pro-Picasso organisent des rassemblements avec badges et banderolles « We like Picasso » . C’est dans une ambiance survoltée que se déroule le 17 décembre 1967, pour la première fois en Europe, un référendum pour ou contre l’achat d’oeuvres d’art. Le « oui » l’emporte avec 5 000 voix d’avance (32 118 contre 27 190).
Foto Kurt Wyss
20.12.1967: In seinem Atelier in Notre Dame de Vie bei Mougins stellt Picasso zwei Gemälde aus der aktuellen Produktion nebeneinander. Kurz darauf wird er sie Basel schenken und ihnen die Titel „Vénus et l‘Amour“ und „Le couple“ geben.

Les Bâlois ont sauvé leurs deux Picasso. Picasso, âgé de 86 ans à l’époque, fut si touché par cette marque d’amour de la population bâloise qu’il invita, dès le lendemain, le directeur du Kunstmuseum, Franz Meyer, dans sa maison à Mougins. « Picasso lui a dit de choisir une des toiles de l’année 1967 qui remplissaient son atelier », raconte Kurt Wyss, ancien photographe du journal bâlois National Zeitung , témoin de la scène. Franz Meyer a demandé au maître espagnol de poser deux toiles « Vénus et l’Amour » et « Le Couple » côte à côte. « Je ne sais pas laquelle des deux choisir. » Face à l’indécision du Bâlois, Jacqueline Picasso suggère à son mari : « Pourquoi pas les deux ? Ils doivent rester ensemble… » Picasso acquiesce. Puis, dans la salle à manger où ils allèrent boire un thé, était posée en évidence contre un mur une toile  » Homme, Femme et Enfant » de la période rose comme les deux tableaux sauvés par les Bâlois. Picasso rajouta cette toile, qu’il avait gardée 61 ans, au « cadeau » pour les Bâlois, ainsi qu’une grande esquisse des Demoiselles d’Avignon.
Foto Kurt Wyss
Banner an der Fassade des Kunstmuseums Basel, 6. Januar 1968

Et le Kunstmuseum hérita, cette année-là, d’un cinquième Picasso, Le Poète , un portait offert par Maja Sacher, l’une des héritières du fondateur du groupe chimique Hoffmann-La Roche.
Mais les relations privilégiées entre des Bâlois et Picasso remontent encore plus loin. Déjà avant la seconde guerre mondiale des collectionneurs comme Raoul La Roche, Rudolf Staechelin, Karl Im Obersteg et Maja Sacher-Stehlin ont constitué des collections significatives, au sein desquelles Picasso occupait une place centrale. Les tableaux de premier ordre qui furent achetés par ces amateurs ont pour la plupart enrichi, depuis lors, le fonds du Kunstmuseum Basel où ils y sont présentés en tant que prêts à long terme. Le musée lui-même a procédé à ses premiers achats de Picasso dans les années 1920 pour le cabinet des estampes, par la suite, dès les années 1950, il n’a cessé de développer ce fond par l’achat de toiles importantes.
Pablo Picasso
Le repas frugal, 1904
Radierung
65.6 x 50.9 cm
Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett
Foto: Kunstmuseum Basel, Martin P. Bühler
© Succession Picasso / ProLitteris, Zürich

Après la guerre, Ernst Beyeler a fait mieux connaître l’œuvre de l’artiste espagnol aux amateurs bâlois en organisant des expositions dans sa galerie, tandis qu’il constituait sa propre et imposante collection. C’est ainsi que se trouve aujourd’hui en mains bâloises une étonnante concentration d’œuvres, aussi bien en termes qualitatifs que quantitatifs.
La réunion de tous ces fonds donne lieu à une exposition exhaustive qui traite toutes les phases importantes de la carrière de Picasso à travers l’exemple d’œuvres de première qualité. Pour la première fois depuis l’exposition van Gogh en 2009, c’est l’intégralité du 2e étage du musée qui est consacré à cette exposition. On y découvre des peintures, des dessins, des gravures, tout comme des sculptures de l’artiste. Cela permet au visiteur de jouir d’une vue d’ensemble de toutes ses périodes les plus fascinantes, des périodes bleue et rose, en passant par le cubisme, le néoclassicisme et les tableaux surréalistes des années 1930, jusqu’aux travaux des années 1940-50, sans oublier l’œuvre tardive.
La collection de la Fondation Jean et Suzanne Planque est déposée au musée Granet à Aix-en-Provence pour quinze ans. Chapelle des Pénitents blanc – ouverture le 24 mai 2013.
Jean Planque rencontre le marchand bâlois Ernst Beyeler dont il restera le collaborateur jusqu’en 1972. Envoyé par la Galerie Beyeler de Bâle, il apporte une peinture de Cézanne
« Portrait de Mme Cézanne » que Picasso souhaitait acheter. La vente n’aura pas lieu, le tableau ayant été fortement restauré mais cette réunion sera la première de beaucoup d’autres.  C’est en découvrant cette collection à la Fondation Fernet Branca de St Louis (anciennement Centre d’art) que nous avons découvert l’étroite collaboration entre Ernst Beyeler et Jean Planque, mais surtout le lien qu’il établit avec Picasso.
L’exposition du Kunstmuseum réunit environ 60 toiles, 100 travaux sur papier, ainsi que des sculptures. Des photographies et un film de la télévision suisse documentent la fameuse « Année Picasso »
Un catalogue richement documenté illustré chez Hatje Cantz Verlag, paraît. Un programme de médiation culturelle variée est proposé.
photos courtoisie du Kunstmuseum
texte presse

Ateliers ouverts et Atelier Nomade

Ateliers ouverts
Chez Bernard Latuner  la vue  sur les toits de Mulhouse est fantastique, sur l’aiguille du Temple St Etienne, on entend l’heure sonner.
Bernard prend des photos dans la presse de lieux en démolition ou très abîmés, il imagine peindre dessus une image de nature, ce bloc sortit de terre, et son retour à la nature. (retour de la nature à la nature) Il s’inquiète de du fait que l’homme veut transformer la nature en musée, en la domestiquant.

Bernard Latuner

Bernard Latuner a convié Mathieu Husson aux pensées parallèles, il présente la maquette d’une palette en bois précieux d’acajou, provenant d’une forêt d’Amazonie péruvienne, clouée avec des clous dorés à la feuille d’or. Cette œuvre a été réalisée en résidence en Belgique.
C’est une œuvre militante pour s’élever contre la déforestation de l’Amazonie par les sociétés d’exploitation minière. Il aimerait revendre la palette aux enchères, afin de pouvoir reverser les fonds aux associations luttant contre la déforestation.
Mathieu Husson

Parallèlement il y a un dessin d’un arbre qui repousse et des projets d’architectures utopiques pour des tours aux US voire même en Alsace.
 
Atelier Nomade
Cet atelier fonctionne comme une ruche où 7 photographes exposent et s’affairent.
Pendant l’année ils se réunissent à St Louis sous la houlette de Philippe Litlzer, pour échanger et confronter leurs idées, innovations et points de vue. On sent une belle cohésion entre eux.
Néophyte de l’histoire des appareils photos et de la photo en général, adepte du numérique, j’ai pris un grand plaisir, à les écouter exposer leur passion, leur manière de photographier, j’ai tenté de percer leurs secrets de prise de vue, les dispositions magiques qui restituent des images fantastiques.
François Carbonnier

Ici on passe de l’appareil photo datant des Grecs de François Carbonnier, qui fonctionne sans pile, sans bouton,  un petit trou laisse passer la lumière, puis il nous montre une chambre et un appareil qui fait des photos en noir et blanc avec une luminosité particulière, grâce à un film à sensibilité particulière, à Bernard Bay avec ses compositions originales en noir et blanc de carrefours,  de voitures accidentées.
 
Bernard Bay


Renaud Spitz, (voir son album en ligne) absent  ce dimanche montre  des images très pures de bords de mer et de voyages au loin, dont on demeure curieux.
Renaud Spitz

Puis il y a Jean Jacques Delattre dont les photos ressemblent à des peintures,
Jean Jacques Delattre

Sylvain  Scubbi virtuose des prises de vue de la vitesse, des courses de vachettes comme si on y était.

Marie Paule Bilger avec sa vidéo visible aussi à la galerie Hors Champs.
Je crois que j’ai « raté » le 7e L.Georges.  Une belle brochette d’artistes virtuoses de la photo, que je vous invite à suivre dans leurs expositions, collectives ou personnelles.
 

Play-Back d’Eden – Gloria Friedmann

La première œuvre de Gloria Friedmann que l’on voit en entrant dans le parc de sculptures de la Fondation Maeght, est « les Inséparables » avec lesquelles elle s’intègre naturellement. (si on connaît les autres) C’est un singe qui nous regarde moqueur, assis confortablement sur une tête d’homme. Le matériau de terre se marie avec le mur en briques, pendant que la sculpture baigne dans l’eau sur son socle. Le crâne est plat afin d’apporter plus de confort au singe. Menaçant ou mise à niveau de l’homme avec le primate ?

Le thème du singe est repris sous une autre forme, un petit macaque se regarde dans un miroir, si l’on se penche pour y regarder, c’est son propre visage qui apparaît, à côté du singe. Ironie de l’artiste sur notre vanité, qui nous pose à égalité avec l’animal ?
« Toi et moi »

Gloria Friedmann © Toi et Moi – animal naturalisé, miroir, acier, 140 x 55 x 35 cm Adagp. Paris 2013

Un dessin au fusain « LSD I » nous montre un petit singe qui jongle et danse sur la main d’un personnage dont le visage n’est pas défini.
« L’oeuvre de Gloria Friedmann est un théâtre où les hommes et les animaux dialoguent, conscients d’appartenir au même espace, conscients d’avoir la capacité d’user de leur intelligence, même si cela est souvent nié. Dans une sorte de fiction en acte, Gloria Friedmann s’interroge sur leur histoire commune ou ce qu’il en reste, à travers leurs ossements découverts ici ou là. Héritière de certains collages photographiques Dada (Hannah Höch, Raoul Haussmann), Gloria Friedmann propose une pensée du cosmos très vivante et très contemporaine. Je suis heureux que cette artiste sur le « qui vive » ait accepté notre invitation : son exposition délivre autant d’intelligence sur le sort du monde que de tendresse vis-à-vis de notre condition d’être vivant » commente Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation Maeght.
Un homme en pied vêtu d’un pardessus froissé est muni d’un long chapelet de clés,
« L’Intouchable » ouvre l’exposition intérieure, il tient un chapelet de clés, St Pierre ? en principe son attribut se résume à une clé de grande taille. A t’il les clés pour nous ouvrir ses pensées et réflexions, car son front est troué d’une serrure ? Il est seul, isolé, il nous interpelle.
loria Friedmann © l’Intouchable plâtre acier crylique 203 x 50 x 60 Adagp Paris 2013

Dans une autre salle un dessin au fusain nous montre « No Men’s Land II) encore un homme dans un tourbillon d’eau, encerclé, au-dessus de sa tête un petit cercle comme une auréole.
Le long des murs (des peintures en terre) courent des squelettes, des animaux, une tête d’homme surmontée d’un serpent, ou d’un oiseau, sorte de sarabande ou « Totentanz » Dans le fond, un homme surmonté d’un squelette au bec conique rouge « Attraction fatale » qui l’enserre de ses membres osseux, fait pendant avec une femme la
« Matrix » portant une sphère en terre, ils sont séparés par l’« l’Ancêtre du futur »
Gloria Friedmann

Une frise de crânes de vache avec un petit téléviseur à la place du cerveau de chacune « En direct » nous renvoie sans doute aux émissions de télévisions chargées de
« vendre du temps de cerveau humain disponible »
« Karaoké » est une peinture à l’acrylique sur Plexiglas qui, vue de loin, relève de l’expressionnisme abstrait vivement coloré. De près, il apparaît qu’un perroquet empaillé est posé au centre de la peinture, son plumage étant aussi coloré que la peinture, perroquets qui faisaient le bonheur des écoliers visiteurs.
« En fait, la peinture, ce mode d’expression, me démangeait et les perroquets et leurs couleurs multiples m’ont ouvert une voie. » Gloria Friedmann
Un cabinet de curiosités « Wunderkammer » où une dizaine de têtes, faites de terre et de matériaux divers (ProteinSpecies), ne sont plus seules, désormais, mais se dressent parmi une centaine d’animaux naturalisés. L’histoire de ce changement, de cette humanité est l’histoire de cette exposition.
Des vidéos montrent l’actualité : un taureau entrant dans l’abattoir où la carcasse d’un bœuf est prémonitoire. Deux joueurs d’échec imperturbables devant la centrale nucléaire de Cattenom continuent leur partie.
Une autre sculpture dans la cour  « Le Passager » montre un homme, jambe repliée, songeur, assis sur une sphère charriée par une tortue.
Gloria Friedmann – le Passager 2013, Terre, plâtre, résine 320 x 140 x 140 © Adagp Paris 2013

Dans le parc une sculpture toute blanche attire le visiteur, telle une mariée. Ophélie ou Dulcinée ? Un corps de femme portant dans ses branches trois squelettes tout en se transformant en arbre. A la manière d’une héritière du romantisme allemand, la sculpture « Elle » construit un état de visions et de rêves.
Gloria Friedmann © Elle 2011 – plâtre, polyester, acier, 310 x 150 x 150 Adagp Paris 2013

« Un être humain se promenant dans la nature sent souvent s’établir des liens étranges entre cette nature et lui-même » précise l’artiste.
Les œuvres suscitent la surprise, la stupeur parfois, un malaise ou un mouvement d’effroi.  Chaque fois, le spectateur est contraint de s’arrêter et de s’interroger.

 « J’aime que l’oeuvre signifie quelque chose et que la personne en face reçoive du sens, mais je ne suis pas, pour autant, une artiste à message. Je n’ai pas mieux compris que les autres, je suis semblable à tous, mais j’aime trouver la juste forme d’une idée – juste et inattendue » précise Gloria Friedmann dont l’oeuvre présente néanmoins une volonté d’alerte, de mise en éveil. « Ce que je souhaite, c’est proposer aux autres une expérience, et, peut-être des possibilités de vie différentes. » Gloria Friedmann 

Si vous avez la chance de passer dans le coin n’hésitez pas à aller voir le travail de cette artiste hors des sentiers battus, défenseur de la nature, dans le cadre superbe de la Fondation Maeght.
jusqu’au 16 juin 2013
 
visuels 1 courtoisie de la Fondation et photos de l’auteur
 

Marie Paule Bilger – Question de temps

Marie Paule Bilger milite pour la paix à la

Galerie Hors Champs, 16 rue Schlumberger 68200 Mulhouse
jusqu’au 7 juin 2013

L’artiste qui nous avait habitué aux fleurs japonisantes  et à l’écologie,
se consacre  à un travail minutieux,

« peindre la guerre pour défendre la paix »

A partir d’un album familial « cahier 1941 » elle construit des pièces en consultant les médias, de la période 2001 à 2013. Elle nous confronte avec les horreurs de la guerre, afin que nos conscience n’oublient rien.
Elle simule des ready made, en reproduisant des documents d’époque, en réécrivant à la main des articles de presse (11 septembre 2001) de journaux de la période concernée, en exposant des photos de masques à gaz etc …une vidéo, des maquettes.


Son désir « agir avec lenteur » dans cette période d’Ipad et d’immédiateté,
elle veut conserver les informations et archiver les documents, en les examinant au plus près.
Elle oeuvre comme une tisseuse d’évènements et de reconstitution de souvenirs, en s’inspirant de divers supports, en espérant conjurer les
horreurs de la guerre.

Marie Paule Bilger 11 septembre 2001

« Je me suis particulièrement intéressée à ce « corps social » et à cette masse dont
Elias Canetti décrit si bien sa puissance de révolte ».
MP Bilger

Marie Paule Bilger

Une cabine de visionnage projette une vidéo « Springs »  (lien vers)
décrivant son cheminement

photos de l’auteur