Daniel Firman

La Grande Couronne
Oeuvre majeure de l’exposition de Daniel Firman à ARTE, La grande couronne a été spécialement créée en 2008 pour les Ateliers de Rennes / Biennale d’art contemporain, où elle a été présentée au Couvent des Jacobins, lieu des fiançailles historiques d’Anne de Bretagne et de Charles VIII en 1491.
Daniel Firman évoque ainsi l’alliance du Duché de Bretagne et du Royaume de France, un événement majeur dont les conséquences économiques et politiques ont davantage marqué l’histoire collective que l’intimité des deux souverains.
Monumentale chorégraphie de personnages, La grande couronne évoque ainsi un développement collectif et se compose de cinq fois trois personnages en résine, disposés en trois strates. Comme toujours chez Daniel Firman, la figure est traitée sur un mode réaliste.
Chacun dans une posture différente, arc-boutés les uns sur les autres dans un surprenant équilibre, les personnages apparaissent masqués et portent des vêtements blancs contemporains, renvoyant aussi bien à l’achromie du mariage qu’à une considération sociale actuelle sur les nouveaux territoires apparus au cours de l’urbanisation récente.
Daniel Firman pense ainsi chacune de ses sculptures comme un
« environnement-système » faisant dialoguer les idées et les formes. Il envisage le corps humain comme l’interface de l’individu avec le monde, comme le vecteur de la présence et de l’action de l’individu dans un univers à la fois banal et en transformation. Daniel Firman est né en 1966 à Bron, France. Après des études aux Beaux-arts de Saint-Etienne et d’Angoulême, il s’intéresse de près à la sculpture conventionnelle. A partir de 1998, il se tourne vers un langage formel unique en son genre. Ses oeuvres font régulièrement l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives, en France et à l’étranger. Daniel Firman vit et travaille aujourd’hui à Paris
L’intérêt de Daniel Firman pour la physique et l’énergie des corps, pour le mouvement et son rapport à l’espace se traduit par un travail de sculpture au centre duquel la figure revient de manière récurrente. Envisagée à chaque fois comme un « personnage », prise dans un élan chorégraphique et narratif, la figure est traitée sur un mode réaliste qui incite le spectateur autant à se projeter dans l’oeuvre qu’à s’en tenir à distance. Chargés d’objets quotidiens, entravés par leurs vêtements, simplement arrêtés ou encore en équilibre dans l’espace, ces personnages grandeur nature traduisent des situations physiques et morales parfois déroutantes et excessives, à même de transformer la perception d’un lieu. Alliant hasard et conception, corps et esprit, suspens du temps et mouvement, ses oeuvres sont conçues à partir de techniques et de processus divers : performance, moulage, photographie, image électronique, construction ou encore recyclage…

vidéo 1 de l’auteur

La première fois à la Kunsthalle

fonderie-kunsthalle-mulhouse.1228144985.jpg Un an après le démarrage de la Fonderie, le nouveau centre d’art contemporain de Mulhouse ouvre enfin ses portes au second étage du bâtiment. « La Kunsthalle » accueille, en guise de « première fois », la 9e édition de Regionale, une exposition éclatée sur 14 sites différents en Suisse, en Allemagne et en France.

« Il y a un moment où il faut passer à l’acte », souligne Jean-Luc Gerhardt qui depuis six ans, porte le projet d’ouverture d’un centre d’art contemporain à Mulhouse. Il est co-commissaire, avec David Cascaro, directeur de l’école d’art Le Quai, de la toute première exposition présentée dans « La Kunsthalle » de Mulhouse. Ils ont appelé symboliquement cette expo La première fois.
Concrètement, l’événement Regionale 9 est un concours ouvert aux artistes des trois pays organisateurs, l’initiative appartenant aux Bâlois . La manifestation se décline sur 14 sites différents, la plupart étant en Suisse. Pour cette 9e édition, le jury composé des responsables des 14 lieux d’exposition a fait une sélection d’œuvres parmi 650 propositions.

21 œuvres in situ

Jean-Luc Gerhart et David Cascaro ont choisi ensemble les 21 œuvres présentées dans l’espace lumineux de 600 m2 du centre d’art, qui occupe toute la partie gauche du second étage de la Fonderie.
« Ici, c’est un changement de cap, souligne Jean-Luc Gerhardt, on découvre le lieu en même temps que les artistes, un lieu chargé d’une mémoire collective dans lequel on fabrique du futur… D’où l’idée maîtresse de l’exposition de la transformation, du passage rituel du temps, du transit, du voyage… »
Les deux commissaires ont invité les artistes à se rendre sur place pour prendre la mesure — au sens propre comme au figuré ! — des lieux. Certains ont « adapté » leur œuvre (c’est le cas notamment de Wolfgang Rempfer dont le bateau épave n’entrait pas…), d’autres ont créé une œuvre spécialement pour l’expo. Catrin Lüthi, par exemple, a fabriqué son Poste de surveillance parfaitement opérationnel, situé à l’entrée de la salle. Il a fallu trouver une disposition adéquate permettant à ces travaux d’une grande diversité de cohabiter.
Au centre, l’installation emblématique de Laurent Bechtel intitulée Non lieu, le drapeau rouge révolutionnaire « maintenu en équilibre par les éléments ayant servi à sa construction ». Coincé par un pot de peinture rouge, un marteau, un paquet de laurent-bechtel.1231209044.JPGclous et une chute de tissu blanc…
Parmi les autres œuvres exposées, il y a la collection d’objets familiers de Tom Senn (221108) disposés dans un espace limité puis photographiés à différents moments de la journée. L’artiste a ensuite recouvert d’une peinture blanche l’ensemble de l’installation et y projette ses images, jouant aussi de la lumière changeante du lieu pour faire vivre la scène.
David Heitz, lui, met un point d’honneur à créer des œuvres uniquement avec des matériaux récupérés à proximité. Jeux de miroirs, de vides et de pleins, de reflets sur la tôle brillante qui offrent à chaque instant et selon l’endroit où on se place, une autre lecture.
Il y a aussi « la Tora » Buenos Aires fabriquée par Kathrin Schulthess et Daniel Spehr, une multitude de photographies prises dans la capitale argentine qui se succèdent sur un rouleau de 75 mètres de long.
Suzanne Schär et Peter Spillmann convient le visiteur à assister à la construction d’une maison délimitée par de simples lattes de bois et à l’inventaire de tous les objets domestiques qui sont méthodiquement rangés dans l’espace à l’intérieur du cube, jusqu’à la télévision qui retransmet en direct l’opération…
Sur un panneau central, un travail monumental au crayon de Kathrin Kunz, sorte de magma en ébullition, en fermentation… Toujours l’idée de la transformation.

Détournement

Il y a aussi les photos de presse détournées, décontextualisées et réinterprétées de Dominique Koch, Serie Nine Minutes After, les valises de Venera Schönhoffer Packen I-II ou une proposition de lecture du journal, poétique et frémissante, d’Akiro Hellgardt…
Dans le hall d’entrée de La Kunsthalle, l’installation de Patrick Leppert, invitation à s’asseoir en se tournant le dos…
La première fois est visible jusqu’au 18 janvier inclus au 2e étage de la Fonderie.


En 2009, ce sera un commissaire invité, l’Italien Lorenzo Benedetti, qui proposera trois rendez-vous dans l’année,  dont le tout premier aura lieu le vendredi 12 mars 2009
La Kunsthalle accueillera également une exposition des diplômés du Quai et Regionale 10.

l’exposition est ouverte jusqu’au 18 janvier 2009
photo 2 et photos et vidéo de l’auteur

Robert Doisneau – Alsace, été 1945

Plus de 150 photographies qui dormaient dans l’atelier de Montrouge où résidait Robert Doisneau sont présentés dans notre région, soit à Strasbourg dans la salle d’exposition de la Maison de la Région, soit à Mulhouse, dans la Galerie de la Filature.
 Elles sont présentées jusqu’au 11 janvier 2009.
   Francine Deroudille et Anette Doisneau, filles de l’artiste, ont montré les archives mystérieuses qui dormaient depuis plus de 50 ans à l’atelier de leur père. Une cinquante de planches de contact accompagnées de petites feuilles de légendes, rangées dans un classeur métallique, environ 200 tirages vintages classés dans une boîte d’archives, un commentaire noté sur un petit carnet : commande de Braun en 1945, sans suite.
 doisneau-voyage-en-alsace.1228004060.jpgVladimir Vazak, grand reporter sur Arte, président du club de presse de Strasbourg , contacté par les deux oeurs, après avoir pris connaissance de ce trésor (sans suite), a raconté l’Alsace aux deux soeurs au lendemain de la guerre, les blessures, les secrets, les cicatrices encore aujourd’hui sensibles. La suite superbe s’est concrétisée par un ouvrage dont les auteurs sont Vladimir Vazak et Anka Wessang : Robert Doisneau – Alsace, été 1945, édité chez Flammarion.
On découvre un artiste à la palette d’écriture tout à fait étonnante, qui montre une réelle sensibilité aux paysages, à l’architecture, une attention particulière aux enfants, femmes, hommes croisés au cours de son périple alsacien. Robert Doisneau traverse les villages, attentif aux scènes de la vie quotidienne, réalisant des photos remarquables, avec des clair-obscur digne d’un Caravage, des ombres portées, des clins d’oeil, un tendresse portée à ses inconnus modèles d’un instant. Je n’avais jamais vraiment regardé ses photos, les amoureux de l’hôtel de ville, me paraissaient trop cliché, mais là je suis conquise, quel regard ! quel oeil !francine-doisneau-photo.1228681441.jpg                                                        
J’ai choisi quelques photos, à l’attention de ma famille et de certains amis d’enfance. Les p Continuer la lecture de « Robert Doisneau – Alsace, été 1945 »

Noir c'est Noir

« Le noir est le refuge de la couleur ».
Gaston Bachelard
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pour Marie-Jo et les autres ...

Bien avant d’être une couleur à la mode, le noir avait très mauvaise réputation. C’était la couleur de la mort et du deuil, celles de Satan et des sorcières, la couleur du pavillon des pirates et du drapeau des anarchistes, de l’uniforme des fascistes et des S.S, ou du blouson des jeunes rockers des années 1960. Pour les savants comme Newton qui, en décomposant la lumière avait trouvé toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais pas de noir, ou pour un peintre, comme Léonard de Vinci, le noir n’était même pas une couleur. Il n’était que le néant, les ténèbres à partir desquelles, selon la Bible, Dieu avait créé la lumière.
Michel Pastoureau sur France Inter

En janvier 1979, Pierre Soulages en travaillant sur un tableau ajoute, retire du noir pendant des heures. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l’atelier, désemparé. Lorsqu’il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c’était comme s’il n’existait plus « . Cette expérience marque un tournant dans son travail. La même année, il expose au Centre Georges Pompidou ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, appelé plus tard « outre-noir ».
 Quand j’ai commencé à peindre, j’avais 5 ans, j’aimais ça. Et ce qui surprenait les gens, c’est que je préférais, quand on me donnait des couleurs, tremper mon pinceau dans l’encrier… parce que j’aimais cette couleur, j’aimais le noir. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 48)

  • « J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. » (cité par Françoise Jaunin, art. cit.)
  • « Après tout un arbre noir en hiver c’est une sorte de sculpture abstraite. Ce qui m’intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l’espace…»
  • « Je veux que celui qui regarde le tableau soit avec lui, pas avec moi. Je veux qu’il voie ce qu’il y a sur la toile. Rien d’autre. Le noir est formidable pour ça, il reflète. Les mouvements qui comptent ce sont ceux de celui qui regarde. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52)

En 2007, le Musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par le peintre à la ville. Cette donation comprend 20 tableaux de 1951 à 2006 parmi lesquelles des œuvres majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptiques.

photo de l’auteur

Le Caravage – la course à l'abime

Ni la chaleur moite, ni la pluie, ni les manifestations gigantesques de Rome n’auraient pu m’empêcher d’aller à la rencontre de Michelangelo Merisi, dit le Caravage. C’est un bonheur, une émotion sans nom que de découvrir les oeuvres in situ, puissant disait Marie-Jo non sans raison. D’églises, en galeries, de palais en librairie, nous l’avons débusqué, admiré, que ce soit l’ange ambigu blanc aux ailes noires de la Fuite en Egypte de la galerie Pamphilij, la Madeleine Pénitente, ou son petit Saint Jean Baptiste, la Madone des Palefreniers, Saint Jérome à son écritoire, Bacchus malade, David tenant la tête de Goliath, une salle entière consacrée à sa peinture à la Galerie Borghese, mais aussi la Madone des Pèlerins, la conversion et le martyre de St Matthieu, pour conclure ce qui pour moi est le sommet de son art, 2 peintures extraordinaires à Santa Maria del Poppolo : la crucifixion de St Pierre et
   
la conversion de St Paul.


Il est inutile de décrire son art, de faire des phrases pompeuses, de jargonner, il suffit d’écarquiller les yeux et de contempler : c’est « caravagesque » virtuose, sublime. L’extase de St Paul, les bras dirigés vers le ciel peut être mis en parallèle avec les sculptures du Bernin, qui exprime lui aussi, l’extase avec virtuosité :
 Sainte Thérèse d’Avila à Notre Dame de la Victoire,

dans son petit théâtre, la famille de part et d’autre observant, regardant l’ange qui la transperce au coeur, de son dard en or, ressenti jusque dans les entrailles (d’après le récit de la sainte) ou encore la bienheureuse Ludovicina Albertoni en pamoison à San Francesco a Ripa dans le Trastevere. (où j’ai entraîné mes amis contre vents et marées sous un ciel menaçant suivi d’un semi-déluge)



Photos de l’auteur

Jan Fabre au Louvre


Exposition qui a été largement controversée. Dans les salles consacrées aux peintures des écoles du Nord, le visiteur était invité à redécouvrir les chefs-d’oeuvre de Van Eyck, Van der Weyden, Bosch, Metsys ou Rubens à travers le regard de cet artiste majeur de la scène contemporaine. Après des études à l’Académie des beaux-arts d’Anvers, Jan Fabre commence à écrire des textes de théâtre et présente à la fin des années 1970 des « actions » provocatrices et des « performances privées ». Enfant terrible de la « nouvelle vague » flamande des années 80, il est plasticien mais réalise également des mises en scène d’une incroyable liberté. Au printemps 2008, dans les salles de peintures flamandes du Louvre, l’artiste a proposé un parcours d’oeuvres diverses (sculptures, dessins, vidéos, installations…). Il répond ainsi, avec ses propres créations, aux sollicitations visuelles et thématiques de la collection. L’artiste était également invité à l’auditorium du Louvre afin de rendre compte du caractère pluridisciplinaire de son travail de danseur, de chorégraphe et d’homme de théâtre.

photos grâce à la gentillesse de Marie-jo N – texte de l’auteur.

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Jeff Koons de l'art "et" du Homard


Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’une exposition que je n’ai pas vue encore. Je vous épargne la controverse des puristes, sur le kistch, je considère d’ores et déjà l’évèment comme un amusement et une curiosité. Je ne vous parlerai pas non plus du parallèle entre Andy Warhol et leur méthode de travail en atelier, les maîtres de la Renaissance procédaient de la même façon, à la différence de Jeff Koons, ils mettaient la main à la pâte, procédaient à la finition, ne se contentaient pas à d’être un concepteur. Pour nous habitants de la « regio »
1_126.1227562480.jpg Jeff Koons n’est plus un inconnu, nous avons pu voir ses bouquets, lors de la spendide exposition au musée Beyeler, le mythe des fleurs ou encore lors de la magnifique exposition qui montre une sculpture de la la Cicciolina dans son tub Eros à Beyeler Comme je n’irai à Versailles qu’en décembre le thème ne sera plus dans l’actualité brûlante comme le « Homard » de Jeff Koons .
damien-hirst.1227563355.jpg
Entre les 2 vedettes actuelles de l’art contemporain, il n’y a presque pas de choix possible, les 2 sont des busnissmen accomplis, célèbres, provocateurs, talentueux. Les bourses s’effondrent, les banques s’affolent, les gens ne partent plus en vacances et se serrent la ceinture, raclent leur fond de poche, les femmes indonésiennes se font tuer pour quelques poignées de roupies, mais « l’élite » mondiale soutient, achète et se précipite aux ventes et aux expositions de ces artistes . Damien Hirst, dont je vous parlerai dans un autre billet, a court-circuité les galeristes en vendant directement chez Sotheby’s à Londres, aux enchères, 223 de ses œuvres en encaissant la somme astronomique de 140 millions d’euros. La fortune de Bill Gates serait largement dépassée (?) (faux Bill Gates « pèse » 57 milliards de $).
Damien Hirst n’est pas un inconnu pour les frontaliers qui ont la chance de fréquenter Art Basel, où D.H. est très présent. Le veau d’or Dès le premier soir, la vente a explosé le record détenu jusque-là par la cession de 88 oeuvres de Pablo Picasso en 1993, qui avait rapporté 20 millions de dollars.
 » Beautiful inside my head forever  » ou « Money in my pocket, money for a long time” ma traduction ….
« Je pense que le marché de l’art est plus vaste que ce que l’on imagine. J’aime l’art et ceci prouve que je ne suis pas le seul et que l’avenir paraît radieux pour tout le monde », a commenté Damien Hirst,
 Il a de quoi pavoiser car en organisant directement la vente, sans passer par l’intermédiaire traditionnel d’une galerie qui prélève une commission de 40 à 50 %, l’artiste avait joué avec le feu.
Jeff Koons, chevalier, puis officier de la légion d’honneur nous parle de l’acceptation de soi-même et de l’autre, de la confiance en lui-même et du pouvoir de l’art, grâce au rêve réalisé en exposant à Versailles. De François Pinault collectionneur fervent de JK à Jean Jacques Aillagon, respectivement ancien ministre de la culture, puis directeur du Palais Grassi puis directeur du château de Versailles, la connexion était aisée. C’est en regardant l’Olympia de Manet qu’est venue sa compréhension et son amour de l’art et ses niveaux de significations. Il imagine devant le Homard, acrobate, lien entre le visiteur et l’œuvre, la couleur rouge, le motif, évoquant les flammes du Moyen Age, que s’il reste trop longtemps sous le regard du public, il finira dans les flammes. Quand à l’ « Aspirateur  » sa transparence est pour lui associée au féminin …. (tiens donc !) à la matrice. L’autoportrait entre celui de Louis XIV et Louis XVI, expression du monumental, sur un socle réplique du Bernin, n’est pas l’image de Jeff Koons, mais l’expression en tant qu’artiste confronté aux 2 icônes du passé avec le contemporain.
 Je cite « le frottement, la juxtaposition d’intérêts communs, voire le parallèle entre 17e, 18e et JK. »
Il désire être impliqué, pour lui ses œuvres sont une métaphore de l’acceptation de l’autre et de soi-même au niveau mondial. En résumé Jeff Koons souhaite établir une connexion avec l’art et son pouvoir sur le monde. ci-joint 2 liens qui montrent photo et vidéos (descendre dans le site) et un diaporama, de l’exposition de cet automne au château de Versailles, comme si vous y étiez.

Madeleine

marie-madeline-penitente.1247846075.jpgC’est d’abord une impressionnante statue en bois, de Madeleine pénitente, dépeinte comme une vieille femme édentée couverte de longs cheveux, pathétique, dont les mains tremblantes s’efforcent de s’unir pour la prière, c’est inconstestablement une des œuvres les plus poignantes de Donatello, sculptée vers 1454 (Comme dirait Marie-jo, c’est puissant ….), pour le Baptistère, de Florence, présence attestée une première fois vers la fin du XVe siècle. Après les dommages causés par l’inondation de l’Arno de 1966, une restauration s’impose. Il apparut qu’elle était dorée à l’origine. On peut la voir au musée du Duomo à Florence.
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image Insecula
Si l’on lit Daniel Arasse, Madeleine est une figure « composite », le fruit d’une condensation, accessoirement une fausse blonde ( voir la toison de Madeleine !) Pour DA, sa chevelure est un attribut féminin. Ses cheveux sont son image de femme, la manifestation de son corps femelle, tellement exubérante qu’ils nous empêchent de rien voir. C’est à cause d’eux que Madeleine existe, pour eux, grâce à eux, rien d’autre. Sans ses cheveux Madeleine n’existerait pas. A son avis elle n’a jamais existé.
Je fais court, reportez-vous à la page 97 du livre de DA, « on n’y voit rien » vous ne le regretterez pas…
Frère Jacques a tout inventé : elle voit Jésus, elle a honte de son passé, se repent, pleure, renonce à ses plaisirs en lui lavant les pieds, les essuie avec sa longue chevelure, les parfume et n’arrête plus de pleurer… en fait elle est Marie, la sœur de Marthe qui passe son temps à la cuisine, et de Lazare que Jésus ressuscite ; Luc parle d’une autre Madeleine, la vraie selon DA. Jésus l’avait ramassée à Magdala, sur le lac de Tibériade, juste une hystérique que Jésus a exorcisé de ses 7 démons, pas moins… Une putain de la ville, à Naïn, quand Jésus déjeunait chez Simon vient lui laver les pieds, les parfumer et les baiser.
Ceci donne lieu à une belle histoire, un cocktail de Marie la sœur de Marthe, Marie la putain, à cause du lavement des pieds, et de Madeleine, l’hystérique aux 7 démons, une parabole, Marie-Madeleine, avec Jean, favorite de Jésus.
Il lui apparaît après la résurrection, sous la forme d’un jardinier, lorsqu’elle reconnaît Jésus il prononce le « Noli me tangere » (ne me touche pas pas) non je n’ajouterai pas comme DA,  » des fois qu’avec ses larmes, son parfum et ses cheveux, elle lui aurait trop bien lavé les pieds et lui aurait cicatricé les stigmates !… »
Quand ils ont inventé Madeleine, (DA) ils ont construit un triangle sémiotique dans lequel les femmes trouvent leur destin. Entre Marie, la pure, la vierge, un dogme, Eve la précheresse et Madeleine la prostitué repentie, il permet aux filles d’Eve de devenir des filles de Marie, puisque repenties. C’est la sainte des femmes par excellence. Da continue, les femmes sont toutes des filles d’Eve, bien comme leur mère, tentatrices, séductrices, menteuses, bavardes, il en passe et non des moindres, que poouvaient-elles faire les femmes ? D’Eve à Marie, pas de passage, pas de transformation possible. Il n’y a rien à faire, Eve et Marie sont contraires. La preuve, quand Gabriel s’adresse à Marie, il lui dit « Ave » vous croyez que c’est le hasard ? Ave c’est le contraire de Eva, dès le premier mot on a tout compris, Marie renverse Eve, elle annule la malédiction. Mais que peuvent faire les filles d’Eve ? Rien. Rien jusqu’à ce qu’on invente Madeleine, parce qu’avec elle c’est le passage de l’une à l’autre, ou plutôt de l’une vers l’autre, parce qu’aucune femme ne pourra jamais être Marie, alors qu’elles peuvent devenir Madeleine …. Sa chevelure exhibe sa pénitence actuelle et son impudeur passée. En fait la seule qui a une grande chevelure c’est Madeleine l’Egyptienne, qui expie ses turpitudes dans le désert, vieille, hagarde, amaigrie, édentée.

Hans Hartung "le geste et la méthode"

« Lorsque j’avais entre huit et douze ans, j’étais passionné d’astronomie. Je cherchais à dessiner des éclairs ». Hans Hartung

st-paul-de-vence-161_dxo52.1227543194.jpgCette exposition s’articule ainsi sur l’histoire même de l’artiste, puisque Hans Hartung collectionneur et conservateur de son propre travail a laissé à sa mort, au sein de ce qui allait devenir une fondation, les chefs-d’œuvre qu’il a souhaité réunir et conserver. Cet immense corpus, généreux, impressionnant, est montré dans sa nouvelle actualité comme l’aboutissement d’un désir de maîtrise qui vise un concept globalisant, l’œuvre entre geste et méthode.
Avec la présentation des « Hartung de Hartung », la Fondation Maeght renoue avec les grandes expositions monographiques et magnifie le travail patient de la Fondation Hans Hartung et Anna-Eva Bergman qui s’attache à développer des programmes de recherche autour de cette oeuvre majeure. A cette occasion, la Fondation Maeght offre un rendez-vous exceptionnel au public avec Hans Hartung pour mieux appréhender son travail pictural. Cette exposition se veut un véritable plaisir de peinture : une présentation expressive et érudite, exaltée par la rencontre d’une œuvre forte et d’un lieu rare pour créer un moment d’exception. Il décline tantôt sur papier baryté, tous les médiums : peinture, encre, avec des outils tels que : plumes, pinceaux, spalters, rouleaux, griffes.
Ce papier, composé d’une surface très lisse de poudre de marbre blanc, offre à l’artiste un terrain favorable, pour recueillir le dynamisme d’une expression, comme la construction méthodique d’un signe. Compris comme un répertoire graphique de l’oeuvre de Hans Hartung, cet ensemble résume le désir insistant de l’artiste d’inscription et de réinscription de signes privilégiés.
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 clic sur l’image pour l’agrandir
Un film montre l’artiste dans ses divers travaux. Entre les carnets intimes, un ensemble cohérent nous montre un panorama de son oeuvre. Une série de céramiques fabriquées à la fondation même profitant de la présence d’un four, il a abordé cette technique de manière spontanée, avec des inscriptions audacieuses, ludiques et inventives en essayant d’adapter sa technique à la céramique. Véritable musée dans la nature, la Fondation Maeght est un lieu exceptionnel qui possède une des plus importantes collections en Europe de peintures, sculptures, dessins et oeuvres graphiques du XXème siècle : Bonnard, Braque, Calder, Chagall, Giacometti, Léger, Miró… Elle s’apparente avec la Fondation Gianadda à Martigny et l’actuelle exposition du musée Frieder Burda de Baden Baden. c’est en voyant 2 de ses toiles au Musée Wurth que j’ai eu envie d’en savoir plus sur cet artiste au graphisme élégant. Une fontaine Pol Burry a fait son apparition à la Fondation Jusqu’au 16 novembre. photos de l’auteur autorisées contre une légère contribution financière.
photos de l’auteur

Günter Grass au forum Würth

Si sa maîtrise d’écrivain éclipse un peu les qualités de son œuvre graphique, celle-ci est cependant loin d’être négligeable. Son activité d’artiste plasticien, ne peut être entièrement séparée de son travail d’écrivain. Günter Grass, qui n’a jamais été séduit par le non-figuratif, est en effet un remarquable artiste animalier qui s’exprime par le dessin, la gravure, la lithographie, la sculpture. La vocation de sculpteur qui marqua ses débuts n’a toutefois pas pu s’affirmer au même degré : de l’aveu de Grass, elle implique un engagement trop exigeant pour supporter la cohabitation avec l’activité également prenante de l’écriture.

 

Par contre, sur ses manuscrits, le texte s’accompagne souvent d’images qui viennent nourrir l’inspiration dans un chassé-croisé permanent entre les deux disciplines qui se fécondent mutuellement. C’est d’ailleurs, peut-être, par le dessin qu’il arrive le mieux à assumer l’expérience dérangeante de la misère indienne, mais aussi son engagement politique, son amitié pour Willy Brandt.