COURS D’HISTOIRE DE L’ART CONTEMPORAIN : programme 2014.
Le Musée Würth France Erstein propose pour la troisième année consécutive, de janvier à décembre 2014, un cycle de dix cours sur l’art contemporain, animés par Anne-Virginie Diez, historienne de l’art.
Née en 1978 à Strasbourg, historienne de l’art, spécialiste de l’art contemporain et plus précisément de la sculpture des XXe et XXIe siècles, Anne-Virginie DIEZ est chargée des publics et des conférences au Fonds Régional d’Art Contemporain d’Alsace. Elle est également guide et conférencière indépendante et intervient notamment au Musée Würth France Erstein depuis 2008 ou à l’Université Populaire de Strasbourg. Vice-présidente de l’Observatoire strasbourgeois MAD, elle organise, en qualité de commissaire, des expositions qui questionnent les relations entre art et design.
Destinés à un large public, ces cours seront l’occasion de parcourir les grands mouvements et tendances artistiques des XXe et XXIe siècles, et de découvrir de manière approfondie les artistes dont les œuvres sont exposées au Musée Würth. ATTENTION : 1er cours du cycle le mercredi 22 janvier à 18h30 « La sculpture de la Préhistoire à nos jours »
avec visite de l’exposition en cours de montage. Télécharger le programme 2014 et la fiche individuelle d’inscription
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Dernier jour
Artiste majeur de la scène française et internationale, Pierre Huyghe participe, dès les années 90, à la redéfinition du statut de l’œuvre et du format d’exposition, les faisant parfois se superposer et prendre tour à tour la forme d’un journal, d’un voyage en Antarctique ou d’un calendrier annuel en forme de jardin.
Cette rétrospective propose une lecture inédite de l’œuvre de l’artiste. Elle présente une cinquantaine de ses projets et permet d’avoir toute la mesure d’un travail ou d’une recherche qui se déploient depuis plus de 20 ans. Elle se transforme en véritable écosystème, où l’aléatoire est une pièce maîtresse à fort potentiel poétique et jubilatoire. On croirait les cimaises de la galerie Sud du Centre Pompidou prises dans les racines fictives et galopantes de ses œuvres, témoins de cette « intensification du réel » qui est au cœur de la démarche de l’artiste.
Des araignées tissent leurs toiles dans les angles
(C.C. Spider, 2011), une patinoire de glace noire abandonnée résonne encore des déplacements d’une danseuse (Acte 3 Untitled – Black Ice Stage, 2002)…
Lors du visionnage de la vidéo A way in Untilled (2012), parcours canin et splendide au cœur d’un biotope recomposé dans le parc de Karlsaue en marge de la dOCUMENTA 13 de Kassel, – vidéo – on peut apercevoir Human, lévrier à patte rose et star du film, roder aux alentours. On retrouve plus loin une sculpture de femme allongée, la tête occultée par un essaim d’abeilles (Untilled – Liegender Frauenakt, 2012) (ci-dessus)qui était révélé dans la vidéo. Les sociétés humaines font aussi l’objet des expérimentations narratives de Pierre Huyghe, comme en témoigne la vidéo Streamside Day (2003), captation d’un jour de fête annuel instauré par l’artiste au sein d’une bourgade située au bord de l’Hudson River, dans la région de New York.
Au titre de ses performances filmées, The Host and the Cloud (2010) reste sans doute l’une des plus acides : dans l’espace à l’abandon de l’ancien musée des arts et traditions populaires (ATP), une quinzaine d’acteurs a réagi spontanément à différents stimuli (somnifères, hypnose, alcool, etc.), en présence de spectateurs témoins, par des danses, des incantations et un acte sexuel.
Cherchant à « exposer quelqu’un à quelque chose, plutôt que quelque chose à quelqu’un », Pierre Huyghe déclare poser avec cette rétrospective le point de départ d’un site permanent à venir où son art, vivant et organique, auto-généré, pourra varier dans le temps et l’espace, indifférent à notre regard.
Silence Score, 1997, Partition musicale, transcription des sons imperceptibles tirés de 4’33 ‘’de John Cage en registré en 1952.
Zoodram4, 2011 (d’après la muse endormie de Constantin Brancusi, 1910) les zoodroms -vidéo-sont des mondes en soi, écosystèmes marins, habités de crabes, d’araignées de mer, d’invertébrés, choisis en fonction de leurs comportements, de leurs apparences. Paysage minéral et surréel, rochers insolites, flottant à la surface de l’eau, roches telluriques rouges, la muse endormie est charriée par un bernard l’hermite.
C’est une juxtaposition de projets, le fil conducteur, s’il en est un, m’a quelque peu échappé.
Se termine le 6 janvier 2014 au Centre Pompidou.
Puis du 11 avril au 13 juillet 2014 au Ludwig Museum de Cologne
et du 23 novembre 2014 au 8 mars 2015 au LACMA de Los Angeles.
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Se termine le 6 janvier, hâtez-vous
L’exposition A Triple Tour, issue de la collection François Pinault, présentée à la Conciergerie, porte sur le thème de l’enfermement. Le lieu historique, résidence et siège du pouvoir des rois de France, du Xe au XIVe siècle, convertie en prison d’État en 1370, était considérée pendant la Terreur comme l’antichambre de la mort. Les œuvres entrent en parfaite résonance avec le cadre de la Conciergerie, la disposition des cimaises ajoute au confinement.. « ….La Conciergerie est un lieu exceptionnel, non seulement du point de vue architectural mais aussi et surtout par sa dimension historique….. »
François Pinault.
Organisée par le Centre des Monuments Nationaux, sous la présidence de Philippe Bélaval. la scénographie est confiée aux architectes Caroline Barat et Thomas Dubuisson, le commissariat à Caroline Bourgeois. L’exposition présente sur 1500 mètres carrés une sélection de près de 50 œuvres de 23 artistes. Ces œuvres, pour la majorité inédites, proposent des points de vue variés et singuliers sur ce sujet omniprésent dans l’histoire de l’Humanité.
L’exposition s’articule autour de deux axes principaux : l’enfermement résultant de la violence sous toutes ses formes, politique, religieuse et judiciaire, ou encore des enfermements intérieurs que la fatalité, le destin, l’atavisme, les malheurs de la vie imposent à beaucoup d’entre nous. La Ier partie intitulée « Crise et enfermement », traite de l’enfermement du aux conflits armés, régimes politiques totalitaires, terrorisme, débordements urbains.
La seconde partie intitulée « Enfermement et individu », traite d’un enfermement plus personnel (La folie, l’enfermement physique et psychologique, la maladie). Michel Angelo Pistoletto la Gabbia
Le parcours de l’exposition commence par l’oeuvre de Michelangelo Pistoletto, La Gabbia (La Cage), une installation faite de miroirs grillagés, qui brouille la perception : le visiteur est mis en abîme et a déjà l’impression d’être enfermé. Le ton est donné. L’immersion est immédiate.
On passe dans un couloir, où une autre star de l’art contemporain Bill Viola, nous fait prendre conscience des baillons répressifs (politiques, sociaux, économiques etc..) Bill Viola Hall of Whispers
Puis la toile de Raphaëlle Ricol, Terrorisme, où bien que masqué ou camouflé, les yeux s’ouvrent sur l’environnement. Raphaëlle Ricol, Terrorisme
Puis les prisons dans tous leurs états (Boris Mikhaïlov, Mohammed Bourouissa, Ahmed Alsoudani), la guerre civile (Mona Hatoum),
le terrorisme (Raphaëlle Ricol), les débordements urbains (Julie Mehretu) et enfin l’idée de résistance (Bertille Bak (vidéo) et Jennifer Allora & Calzadilla). La deuxième partie se concentre sur l’individu confronté à lui-même et à ses démons : l’angoisse de la vieillesse (Sung Yen et Peng Yu), montrent 13 sculptures de vieillards qui semblent avoir été des notables, pope, militaire, pape, scheik, qui déambulent inlassablement dans leurs fauteuils roulants automatiques, dans un ballet macabre. Ils sont l’illustration du « naufrage de la vieillesse » seuls, abandonnés, une Vanité. vidéo
La phobie de la maladie et de la décadence, la gigantesque et glaçante armoire à pharmacie de Damien Hirst autre star, la folie Javier Tellez, qui remplace dans le film de Dreyer, la (les) voix par celles de schizophrènes en écho à celles de Jeanne d’Arc. Très poignante, bouleversante, la vidéo de Maria Marshall, où un petit enfant, grimace en gros plan, maintenu par une camisole force, confiné dans une chambre capitonnée, puis la peur de la solitude (Llyn Foulkes).
La culpabilité avec une installation de Kristian Burford, une chambre d’hôtel, la porte entr’ouverte, pourtant l’interdiction d’y entrer est mise, vue sur le room service au premier plan, puis dans le fond, un miroir où se reflète un homme nu. Nous sommes devenus voyeurs, presque malgré nous, témoins d’une scène intime. Parvenus de l’autre côté de la chambre, c’est l’image d’un homme abattu. « Last night you brought a man up to your room after having a late night at the hotel bar. Knowing that you are a HIV positive you had sex which caused him to bleed. After a day of meetings you now return to your room »..
le verrouillage mental (Friedrich Kunath, Tetsumi Kudo), ou corporel (Justin Matherly, Alina Szapocznikow). Le parcours se poursuit avec trois œuvres de Chen Zhen qui dans un même élan embrassent toutes les formes d’enfermement : depuis l’exil jusqu’à la maladie, avec la chaise à ou de concentration, à double sens.
Elle se termine sur les White Elements de Jos de Gruyter.
L’exposition n’est pas bling, bling, et fait la part belle à des artistes moins ou peu connus qui ont été choisis par François Pinault. C’est aussi un peu le portrait d’un collectionneur passionné qui se questionne sur le monde actuel.
Photos de l’auteur
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Le Grand Palais présente la première rétrospective consacrée à Georges Braque (1882-1963)depuis près de quarante ans. Initiateur du cubisme et inventeur des papiers collés, il fut l’une des figures d’avant-garde du début du XXe siècle, avant de recentrer son œuvre sur l’exploration méthodique de la nature morte et du paysage. L’exposition propose un nouveau regard porté sur l’œuvre de l’artiste et une mise en perspective de son travail avec la peinture, la littérature ou la musique de son temps.
L’expo Braque est encore ouverte jusqu’au 6 janvier.
Retardataires, si vous aviez encore besoin d’être convaincus, jetez un coup d’oeil à la presse !
Georges Braque le port de l’Estaque
Il a peint cette oeuvre en 1906. Il y a tout juste un an qu’il a découvert les « Fauves » groupe qui privilégie la couleur pure, loin du romantisme. Il s’agit d’établir un véritable vocabulaire pictural, de mettre en place des stuctures solides.
Legrand nuest un tournant capital dans son oeuvre, une rupture totale avec le fauvisme et sa rencontre avec Picasso pour donner naissance au cubisme. En compagnie de Guillaume Appolinaire ils ont un choc en découvrant les « demoiselles d’Avignon » de Picasso.
L’art africain est présent dans le visage, mais aussi du cézannisme dans la composition et la touche, les couleurs ocres.
Il est le premier à intégrer des lettres dans les pochoirs, dans le désir de s’approcher le plus possible d’une réalité, voir la nature morte aux banderilles.
Une salle d’honneur, lui est consacrée au salon d’automne 1922, à 40 ans, avec 18 oeuvres apparaissent 2 d’entre elles, ou surgissent les Canéphores, consacrées au nu féminin, retour à l’art antique. Braque Canéphores
L’homme à la guitare traduit sa solitude, pendant la seconde guerre mondiale, des oeuvres sombres, des compositions à figures, à peine éclairées, elles traduisent l’enfermement, malgré un travail construit et maîtrisé. George Braque, l’Homme à la Guitare
La série des Grands Ateliers a donné naissance chez Braque à une sorte d’apothéose, un lieu clos, où la palette est toujours présente, toutes sortes de matières, rapport entre la réalité et l’illusion, sans perspective et avec l’abandon du cubisme. Il ordonne dans une sorte de symphonie, l’espace, la couleur, en miroir, une atmosphère troublante, un espace tactile, palpable.
L’oiseau, présent dans la plupart de ses ateliers, a parfois la forme d’une palette, ou encore il est transparent, ou en forme de miroir, reflétant toutes les figures de la composition, ou éclaté dans l’espace. Braque a toujours nié la charge symbolique de l’oiseau, sa présence est à ses yeux, une nécéssité d’ordre plastique, puisque sa fonction est de briser le bloc compact des formes, son vol anime un espace tactile, cet espace qui permet selon les mots mêmes de Braque de « mesurer la distance de l’objet » un espace qu’il rend palpable, tout en suggérant le mouvement.
George Braque, les Ateliers
Les derniers paysages, vastes panoramiques, seront ses derniers tableaux, où on ne voit plus que le rapport du ciel avec la terre, ou avec l’eau. La composition se réduit à 2 bandes parallèles, dans son rapport à la matière, face à la création et à l’immensité du vide, à la manière de Courbet. George Braque, paysage
Le cycle des oiseaux,débute par une commande par André Malraux pour un plafond de la salle des étrusques du Louvre, puis par Aimé Maeght pour une décoration murale à St Paul de Vence. En 1960 Braque excécute ses premières grands peintures sur le thème de l’oiseau.
« les oiseaux m’ont inspiré, je tente d’en extraire le meilleur profit pour mon dessin et ma peinture, il me faut pourtant enfouir dans ma mémoire leur fonction naturelle d’oiseau, ce concept doit s’effacer, s’abolir pour mieux dire, pour me rapprocher de ce qui me préoccupe essentiellement,la construction du fait pictural ».
En 1960 la stylisation du sujet atteint son terme avec l’oiseau blanc et l’oiseau noir, très beau tableau qui a été choisi pour l’affiche de l’exposition. Devenu le motif emblématique de Braque, l’oiseau est en quelque sorte, l’aboutissement de ses recherches, et la réponse à ses questions, il est le lien entre l’espace et la matière, entre le ciel et la terre, entre l’infini et la condition humaine. George Braque atelier
« Une rétrospective qui n’avait pas eu lieu depuis quarante ans et qui réhabilite celui qui avec Picasso à inventer le cubisme… » Entrée libre (France 5) vidéo
« Chez Braque, la composition a la rigidité apparente d’une portée musicale, la rigueur d’un énoncé mathématique, la complexité d’un puzzle constructiviste. Mais chaque tableau est de l’atome en fusion. » Paris Match
« Braque est un peintre sans histoire. C’est aussi une sorte de chevalier : héros tranquille des choses et des huiles, sans peur et sans reproche – sans repos. » Libération Next
« L’œuvre de Braque est ‘sous-estimée’ car elle est ‘exigeante’, ‘rétive à toute anecdote’ et ‘pudique’. » Le Huffington Post
« Braque n’a rien à voir avec le Picasso, volubile, mondain, jubilatoire et sensible au succès. Il a l’élégance naturelle du flegmatique. C’est un lent, un méditatif » Lefigaro.fr
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Le voyage à St Petersbourg
Non pas un choc thermique, mais un choc et une émotion artistiques.
Le musée de l’Ermitage,
Rembrandt
Léonard de Vinci
Le Mariinsky, les Eglises ont toutes leurs particularités mais celle du Sang Versé, dépasse toutes les autres
.
le musée Russe et ses icônes anciennes
La Laure St Alexandre Newky, le cimetière où sont enterrés musiciens
et écrivains russes et le maître de ballet français Marius Petitpa.
La biennale de Venise 2013
A San Giorgio l’oeuvre de Mark Quinn, Alison Lapper Pregnant, oeuvre réalisée pour les jeux paralympique de Londres 2012
La 55e Biennale de Venise, qui a clôturé le 24 novembre dernier, a connu un succès incontestable. Avec plus de 475 000 visiteurs, plus de 7000 journalistes accrédités, la manifestation sous-titrée « il Palazzo enciclopedico », dont Massimiliano Gioni était pour cette édition le curateur, a visiblement rencontré son public.
Au-delà de la fréquentation du public, 161 artistes en provenance de 38 pays participaient au « Palazzo enciclopedico » auxquels ils faut rajouter les artistes des 88 représentations nationales occupant les 88 pavillons des Etats et les 47 événements co-latéraux agréés par La Biennale. Enfin, 10 pays étaient pour la première fois représentés à La Biennale : Angola, Bahamas, Kingdom of Bahrain, Republic of Côte d’Ivoire, the Republic of Kosovo, Kuwait, Maldives, Paraguay, Tuvalu and the Holy See (Vatican). Mes coups de coeur :
Le premier ci-dessus, Anri Sala, franco-libanais, dans le pavillon de l’Allemagne, représentant la France :
dans vidéo 2 mains de 2 pianistes différents, dirigées par 2 chefs différents, interprètent le concerto pour la main gauche de Maurice Ravel.
Ai Weiwei pour l’Allemagne dans le pavillon français, empile des tabourets chinois
qui s’élancent vers le ciel.
Pavillon Russe : Danaë de Vadim Zakharov voir la Vidéo
Pavillon du Chili : Venise, Alfredo Jaarvoir la vidéo
La Biennale sous les eaux Au musée Unterlinden de Colmar, la peinture en mouvement avec Robert Cahen
Les dernières expositions parisiennes : Félix Vallotton au Grand Palais Georges Braque au Grand Palais Frieda kahlo et Diego Rivera à l’Orangerie
très mauvaise organisation, trop de monde pour voir les toiles de Frieda Kahlo
Parcours dans l’univers de Philippe Parreno au Palais de Tokyo
déjà vu en partie chez Beyeler A Triple Tour à la Conciergerie : collection Pinault Pierre Huyghe à Pompidou
photos de l’auteur
Les espaces Lézard et Malraux à Colmar, présentent le travail de l’artiste tchèque Vladimir Skoda.
La pièce, baptisée Dialogue – Face à face , a été imaginée par l’artiste tchèque Vladimir Skoda et réalisée par des apprentis métalliers dans le cadre d’un projet de formation sur mesure. Raison pour laquelle, deux espaces d’art contemporain de la ville, Malraux et Lézard, consacrent chacun une exposition à ce sculpteur de 71 ans à barbe blanche.
Avec une formation de tourneur-fraiseur, Vladimir Skoda a débuté sa trajectoire artistique avec des sculptures en fer ou acier forgés, manuellement.
« On chauffe, on tape là-dessus… » Il est passé ensuite à la forge industrialisée. Peu à peu, Skoda s’aperçoit de « l’absurdité » de sa démarche :
« Je travaillais sur une forme que je ne voyais pas, ébloui par les couleurs, rouge, blanc, que prend le fer quand on le chauffe. »
Le sculpteur décide alors de choisir, une bonne fois pour toutes, une forme,
« la plus parfaite qui existe », la sphère.
Sur cette base, il avance depuis de façon empirique, en expérimentant, toujours fasciné par la cosmogonie, l’astronomie et d’une manière générale par la physique.
Du fait de sa taille, l’Espace Malraux présente les grands formats de l’artiste. Intitulée
« Miroirs du temps », l’exposition s’intéresse principalement au travail de Skoda sur le reflet. Le Tchèque y est arrivé en polissant l’acier. Miroir « extérieur » ou convexe d’abord, puis, un peu par accident, miroir « intérieur », concave.
« La poussière qui bouge dans la lumière »
Dans l’espace, les formes tournent, vibrent, renvoient l’image de l’environnement, à l’endroit puis à l’envers. Dans un hommage à Foucault, une boule dorée suspendue à un pendule oscille d’avant en arrière face à un miroir. Mouvement perpétuel qui modifie la composition de la forme jusqu’à ce que la couleur dorée envahisse l’ensemble… Dans la mezzanine, on découvrira notamment des œuvres réalisées spécialement pour l’exposi-tion colmarienne dont une forme en acier, brute cette fois, et même martelée, transformant le minéral en végétal…
Remarquons encore une vidéo intitulée Giordano Bruno , du nom d’un philosophe en avance sur son temps brûlé vif à Rome en 1600.
« Observant la poussière qui bougeait dans la lumière, il avait dit : ‘‘L’univers, c’est ça…’’ »
Un espace infini peuplé d’innombrables astres et mondes. C’est donc un ballet de poussière cosmogonique auquel nous convie Vladimir Skoda. Du côté du Lézard, l’artiste rend notamment hommage à un autre barbu, Constantin Brancusi (1879-1957) « par simple admiration de cet artiste qui m’a beaucoup séduit et beaucoup influencé ». Le Tchèque est parti d’un dessin intitulé Pyramide fatale , un projet resté inachevé pour Brancusi. Ce dernier la renvoyait à la tour de Babel, symbole de la vanité humaine, s’exprimant dans l’accumulation des biens et de sa chute qui toujours s’ensuit.
« La pyramide, c’est l’idée que dans la société, on tend toujours à monter dans la hiérarchie… », explique Skoda.
Son œuvre comprend une pyramide faite de balles de golf et, à côté, une vidéo filmant la chute de cette construction, de ce mythe sur les escaliers d’un bâtiment historique. Une autre vidéo filme l’élévation dans le ciel d’un ballon noir gonflé par l’artiste, puis sa chute et son dégonflement. « Ça, c’est action-réaction ! »
texte Annick Woehl
Espace Malraux, 4 rue Rapp à Colmar
Espace Lézard 2 bld du Champ de Mars
photos de l’auteur
Jusqu’au 12 janvier 2014
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Année lumière
Lorsqu’il m’a été proposé d’intervenir dans les espaces d’accueil du bâtiment, et à l’occasion d’une année qui marque 20 ans d’existence de La Filature, j’ai souhaité concevoir une série d’interventions lumineuses, une Année lumière, autour de la notion de Célébration. Cinq étapes seront présentes tout au long de la saison 2013-14, tels les chapitres d’un récit où progressivement des décors, des actions et des paysages se superposent. La couleur, la vibration et le mouvement de la lumière seront expérimentés dans des rapports d’échelles variables, en écho ou à rebours des saisons climatiques, intimes ou irradiantes.
Pour la première intervention, intitulée L’équinoxe, des centaines de fanions-miroir ont été déployés dans l’espace du hall pour composer un entrelacs quasi-végétal de guirlandes, scintillantes à la lumière du jour et à celle des projecteurs qui ont été installés spécialement. Tous les soleils, seconde étape inaugurée à l’approche de l’hiver, rassemble une collection d’abat-jour dispersés dans l’espace comme autant de soleils dans la nuit, à proximité des visiteurs ou dans des espaces plus inédits.
À l’occasion de l’ouverture du festival les Vagamondes,
( mardi 14 janvier à 18h30 en entrée libre) une nouvelle œuvre prendra place dans La Filature, tel un astre qui invitera encore à lever le regard… Laurent Pernot
En privilégiant toutes les formes d’expressions, de la conception d’installations à la production d’images fixes et en mouvement, Laurent Pernot expérimente des processus temporels, poétiques et immersifs. Ses productions s’articulent de façon récurrente autour des notions de visible et d’invisible, du temps et des égarements de la mémoire, en s’inspirant de l’imaginaire des sciences et de l’histoire qui hantent l’individu comme la société. L’exploration du potentiel fictionnel des espaces d’exposition et la relation au spectateur sont également déterminantes.
photos de l’auteur