Elisabeth Bourdon – Partir de loin …

Jusqu’au 27 Mars 2011, avec l’exposition  « Partir de loin… », le Musée des Beaux-Arts de Mulhouse invite à découvrir l’œuvre d’
Elisabeth
Bourdon, son site
artiste-peintre mulhousienne. Entre constructions chromatiques et vibrations colorées, le parcours de l’exposition donne à voir en filigrane un travail où l’expérience dispute les apparences.
 Pour son exposition personnelle présentée au Musée des Beaux-Arts, Elisabeth Bourdon propose un florilège de toiles peintes, de formats carrés variés, composées de couleurs nuancées et de formes élémentaires.  Si l’utilisation du carré apparaît comme « l’unité d’un alphabet » pictural, les tableaux d’Elisabeth Bourdon ne veulent pas seulement être compris comme les assemblages d’une seule figure géométrique. En utilisant l’unicité d’une forme, l’artiste entend précisément emmener le regardeur de ses toiles de l’autre côté du sensible. Le carré, s’il fait référence dans l’œuvre d’Elisabeth Bourdon, vaut parce qu’il est associé à d’autres : juxtaposé, superposé et même cloisonné, loin d’exister pour lui-même, il est apposé, appliqué, par aplat précisément, afin de provoquer un « frémissement » visuel. Si l’artiste ne crée pas de séries, ses toiles cependant communiquent et se répondent, se tiennent la main parfois, créent des transitions toujours : vers un monde de possibles que l’artiste sonde elle–même avec une opiniâtreté remarquable. Elisabeth Bourdon interroge à cet égard les sens du spectateur. Son sens du regard tout d’abord, son acuité à dépasser les apparences et à percer le filtre d’un espace visuel à prime abord encombré. Elisabeth Bourdon incite le regard à aller au-delà de ce qu’il voit, et d’accéder à une « sphère claire » à l’aide d’interstices ménagés ici et là, timides ou plus présents. Car plus loin, il y a la couleur et ses infinis espaces : source de réjouissance et moyen efficace par lequel l’artiste interroge la sensorialité des accords qu’elle compose. L’exposition « Partir de loin… » ressemble à une invitation au départ. Il s’agit avant tout pour Elisabeth Bourdon de partir conquérir l’espace d’une toile, en deux temps. Partir de rien d’abord, de la surface d’une toile. Puis partir pour aller loin : recouvrir, et laisser néanmoins apparaître des respirations. Celles sans doute d’un souffle haletant mu par l’expérience de la peinture. Proche et présente, lointaine et distante tant le chemin à parcourir recquiert le sens et le goût du voyage, l’œuvre d’Elisabeth Bourdon, à l’image de la surface du tableau, épiderme de sensations variées, transporte les regards vers des émotions lointaines. 

Faire œuvre « d’expériences » : lignes, trames et points

L’évolution plastique et l’approche artistique d’Elisabeth Bourdon témoignent d’un profond goût pour l’expérience. Celle de la couleur et de son univers incommensurable. Celle de la forme et de ses métamorphoses. Entre l’un et l’autre, il y a le trait d’union de la touche, ce moment où la peinture est posée sur la toile et où l’expérience s’amorce : touche étroite à bords ovales, touche large à bords rectangulaires, ou touche quasi impressionniste où le point dialogue avec la persistance rétinienne. Entre toutes ses combinaisons qui annoncent la recherche d’une forme idéale, il existe essentiellement l’envie d’atteindre la mesure d’un répertoire formel et coloré. 
Raisonner par la couleur : mouvement et dynamisme

Dans l’œuvre d’Elisabeth Bourdon, le regard, le corps et l’esprit du regardeur sont simultanément emportés. Une force omnisciente les anime, sans aucun doute celle de la couleur et le mouvement qu’elle entraîne avec elle. Qu’il s’agisse d’une spirale visuelle, d’un frémissement ou d’une ébullition pour le regard, la couleur est ici employée de sorte que l’image fasse sensation. A cet égard, l’artiste déploie tout le bagage du professeur d’arts plastiques qu’elle est : la cohabitation des couleurs primaires, secondaires et complémentaires, l’attraction mutuelle et leur répulsion réciproque. S’organise ainsi un environnement où les unes laissent la place aux autres pour que se dessine enfin un « for intérieur » : cohabitation de règles et de surprises.
 L’interstice, cet intermédiaire : une question de rapport


 Les œuvres présentées dans l’exposition « Partir de loin… », lorsqu’elles sont rassemblées peuvent se lire comme une recherche de dialogue. Pour ce faire, Elisabeth Bourdon ménage dans ses toiles des espaces de transition. Petites « pépites » colorées ou simples espaces vides signifiés par un fond neutre, ces « communications » apparaissent tantôt comme des espaces cloisonnés, tantôt comme des respirations. Ruptures visuelles dans des gammes chromatiques harmonieuses, elles permettent de nouveaux rebondissements dans cette quête du voyage auquel convie Elisabeth Bourdon. 
S’affranchir du carré ?

Chez Elisabeth Bourdon, la forme n’est pas une fin en soi. Elle représente davantage le cadre, l’espace d’un dialogue, entre elle-même et les « paysages » de ses souvenirs gardés ainsi en mémoire. L’emploi du carré s’apparente de ce fait à une reconstitution. Forme simple, l’artiste lui impose cependant des métamorphoses : la régularité n’est pas de mise, ni dans sa disposition sur la toile, traitée empiriquement, ni dans son traitement formel. Moyen et non pas objectif, il n’est pas source d’une « composition ». L’artiste ne cherche pas à produire un caractère sériel, répétitif, mais bien à utiliser une unité propre à créer un processus de cohabitation dans ses toiles. Chaque carré coloré participe de l’équilibre d’un maillage encore plus vaste : mise en abîme peut-être, mais surtout évocation d’un ensemble transcendant.
texte de Mickael Roy


photos 1  2  6 de l’auteur
autres photos –  dossier de presse ville de Mulhouse

Le trésor des Médicis au musée Maillol

jardins-de-bobili-et-vue-du-palais-pitti-par-giusto-utens.1297291177.jpg« Que les Médicis dorment en paix dans leurs tombeaux de marbre et porphyre, ils ont fait plus pour la gloire du monde que n’avaient jamais fait avant eux et que ne feront jamais depuis, ni princes, ni rois, ni empereurs. « 

 C’est sur cette citation élogieuse d’Alexandre Dumas que débute l’exposition consacrée à l’illustre famille florentine et à leurs richissimes collections d’art au musée Maillol
Princes et mécènes, les Médicis n’ont pas seulement marqué l’histoire de leur cité florissante, ils ont aussi présidé à la destinée de l’Italie et de l’Europe, puisque de leur lignée sont issus deux papes (Léon X et Clément VII)portrait-de-tommaso-inghirami-raphael.1297290773.jpg et deux reines de France (Catherine et Marie de Médicis), dont l’influence a largement contribué au prestige du royaume.
Le parcours commence de manière spectaculaire dans la grande salle du rez de
chaussée! avec l’évocation d’un palais de la Renaissance. Un rappel subtil des fastes de
l’époque avec un tracé géométrique au sol créant un jeu de perspectives, un grand miroir
au fond de la pièce pour décupler l’espace, des arches grises pour évoquer l’architecture du
XVème siècle. Au centre de la pièce, les trésors (bijoux, sculptures, objets précieux…) sont
exposés sous des cloches en verre, comme des reliques, sur une grande table de salle à
manger. Diverses ambiances de couleur caractérisent cette magistrale entrée en matière,
vitrines tapissées de satin rouge, voile doré…
J’ai été émue par le Berceau d’un Orfèvre hollandais (Amsterdam)orfevre-hollandais-berceau.1297290607.jpg
Vers 1695, en
Filigranes d’or, émaux, diamants, perles et soie, 4,9 x 5,5 cm
Inscriptions sur le revers, à côté des deux bascules : « AVGVROR EVENIET »
Florence, Palazzo Pitti, Museo degli Argenti, inv. Gemme 1921, n. 2566
Ultime survivante de la lignée, la soeur de Jean-Gaston, Anne-Marie
Louise, princesse Palatine – dont le bijou en forme de berceau offert par son mari à la nouvelle de sa maternité tant attendue, ne suffira pas à lui donner un héritier vivant – cède toutes les collections Médicis à la ville de Florence, pour qu’elles restent « à la disposition de toutes les nations ». Un testament d’or et de feu, fantastique spectacle d’oeuvres et de chefs-d’oeuvre qui racontent la beauté du monde, un monde réorganisé pour l’esprit et les sens de la famille Médicis.
marrie-de-medicis-franz-pourbus.1297291272.jpgLa salle des deux reines ensuite, Marie et Catherine de Médicis! : moquette rouge et satin
blanc, tissu noir qui évoque la vie de deuil de Catherine de Médicis.
La salle des jardins aux murs habillés d’un treillis rappelle là aussi la vision avant-gardiste
des Médicis dans ce domaine avec la création des jardins de Boboli. Ici, des tableaux de
l’époque sont présentés avec deux sublimes tables en marqueterie de pierre.
La salle de musique décorée de tableaux et dévoilant une rareté, un violoncelle d’Amati (dont
Stradivarius fut l’élève)!; ici le décor est plus joyeux, usant de rubans de satin, comme les
rubans d’une fête…musique-nicolo-amati.1297291400.jpg
Suivent ensuite la salle des pierres dures, la salle des sciences avec son ambiance
cosmique, noire et bleu nuit, la salle des princes exposant des sculptures, des reliquaires,
des ex voto… dont l’écorché en bronze.
La scénographie est remarquable.
L’exposition du Musée Maillol se termine le 13 février 2011
on ne peut que relire Dominique Fernandez et son dictionnaire amoureux de l’Italie et aller à la chasse du trésor dispersé.

Beatriz Milhazes à la Fondation Beyeler

spring-love-2010_home.1296741291.jpgLa Brésilienne Beatriz Milhazes est l’une des artistes les plus en vue de la scène artistique internationale actuelle. Elle puise les thèmes fondamentaux de son œuvre dans la richesse de la nature tropicale ainsi que dans l’histoire et la culture de sa patrie, donnant naissance à des compositions très vivantes, remplies d’arabesques, d’ornements floraux et abstraits, de formes géométriques et de motifs rythmiques, qui révèlent une somptuosité chromatique lumineuse.
Pour la première fois une exposition est dédiée à Beatriz Milhazes en Suisse. Elle a été exposée à la Fondation Cartier pour la France. La Fondation Beyeler présente dans son souterrain une exposition qui rassemble quatre nouvelles peintures monumentales de l’artiste, une sélection de ses collages les plus impressionnants et un mobile. Les toiles spécialement réalisées pour cette exposition, auxquelles Beatriz Milhazes travaille depuis deux ans, déclinent le thème des quatre saisons. La technique picturale tout à fait singulière de Milhazes s’inspire de la décalcomanie. L’artiste recouvre de peinture des films plastiques transparents. Elle applique les couleurs sur la toile en retirant le film. Les films constamment réutilisés conservent ainsi des traces qui peuvent réapparaître dans la même œuvre ou dans des compositions ultérieures. Tel un palimpseste, chaque peinture témoigne de l’écoulement du temps.portrait-milhazes.1296939632.jpg
Avec les quatre saisons, c’est la première fois que Milhazes décide du sujet d’une œuvre avant de se mettre à peindre. Le plus souvent en effet, elle choisit le titre une fois son travail achevé, à partir d’une liste de mots et de phrases notés au préalable, sans qu’il existe obligatoirement de lien objectif entre le titre et l’œuvre. Il n’est pas rare non plus qu’elle emprunte les titres de ses collages aux matériaux utilisés, par exemple du papier d’emballage de sucreries. Leur papier multicolore ou monochrome, à motifs, brillant ou fluorescent est également employé pour réaliser des collages.collage.1296744534.jpg
mobile.1296744468.jpgEn 2007, Beatriz Milhazes a réalisé un décor pour la troupe de danse de sa sœur Marcia (Marcia Milhazes Dance Company). Un des mobiles qui ont servi dans ce spectacle a été repris et développé par l’école de samba Imperatriz Leopoldinense de Rio de Janeiro pour l’exposition de la Fondation Beyeler. Les matériaux se composent d’éléments décoratifs très simples, comme on en utilise pour confectionner les chars des défilés de carnaval.
Si la peinture constitue l’élément majeur du travail création artistique de Milhazes, elle recourt également à d’autres techniques telles que le collage ou la gravure. Parallèlement à la production de livres d’artiste, elle s’intéresse également à la création de textiles, de façades, de décors de scène et même d’espaces intérieurs comme celui de la Tate Modern de Londres. A l’Art Basel Miami Beach de 2010, la Fondation Beyeler a présenté un spectaculaire travail de revêtement de sol: toute la surface du stand était recouverte de carreaux de céramique conçus par Milhazes, qui expérimentait ainsi une nouvelle technique.img_1262.1296742225.jpg
Le travail de revêtement de sol de carreaux de céramique conçus par Milhazes est désormais une œuvre pérenne, visible au sous-sol de la Fondation Beyler. Je ne peux manquer de trouver un lien de parenté entre Cette artiste brésilienne et l’asiatique Murakami, exposé récemment au Château de Versailles, dans l’opulence multicolore des fleurs, quoique l’idée créatrice ne porte pas la même signification.
La commissaire de cette exposition est Michiko Kono, conservatrice adjointe à la Fondation Beyeler.
Jusqu’au 25.4. 2011
Photos 1 et 2  courtoisie de la Fondation Beyeler.
les autres de l’auteur

Ernest Pignon Ernest – Mystique du carmel

 Ernest Pignon-Ernest (né à Nice en 1942) travaillant la ville comme un matériau plastique et symbolique, Ernest Pignon-Ernest crée des œuvres éphémères par nature dont les traces nous sont offertes, dans les musées et dans les galeries, également dans les livres et les films : dessins préparatoires faits à l’atelier, photographies des rues métamorphosées par ses interventions.
les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest sont souvent tragiques, liées à l’horreur des temps et à la condition des hommes à toute époque… Les images de Prométhée et de son aigle, les figures du Christ souffrant et de sa mère douloureuse, les ombres des morts d’Hiroshima hantent bon nombre de ses dessins.
En même temps, la joie de vivre, la sensualité ont leur place dans ce travail. D’abord s’y manifestent le plaisir du dessin et le bonheur de peindre la nudité des corps, même s’il s’agit souvent de corps douloureux. D’autre part, certains événements créés par l’artiste sont des événements heureux.
Ses œuvres les plus riches, les plus complexes, les plus émouvantes, Ernest Pignon-Ernest les a réalisées à Naples, au cours de quatre séjours (en 1988, en 1990, en 1993 et en 1995).
À Naples, il pense les rapports entre la mort et la vie, entre la mort dont on plaisante et celle qui fait pleurer, entre les pompes de la mort et sa misère, entre la mort que l’on donne aux autres et celle qui vous frappe, entre la mort et les dieux souterrains, entre les rites païens et les rites chrétiens. Il cite des tableaux de Caravage et reprend les gestes peints par les peintres napolitains du xviie siècle ; il les reprend avec une heureuse liberté, avec une infidélité volontaire, afin de rendre plus lisibles et plus bouleversants les corps placés en hauteur dans une rue étroite, ou d’autres corps situés dans un soupirail, tout près de dalles en lave noire.

À Naples, il montre des ensevelissements et des résurrections. Il rêve aux Enfers décrits par Virgile. Il se souvient du voisinage de Pompéi et d’Herculanum, cités ensevelies et protégées par leur disparition provisoire. Ses œuvres tendent à manifester la proximité de la catastrophe et du miracle, de la mort et de l’érotique, à rappeler les cultes païens de fécondité et leur continuité masquée à l’intérieur du christianisme… À Naples, il a collé près de mille dessins et sérigraphies.
« Ça fait, dit-il, que j’ai caressé, que je connais les murs de Naples, leur texture, jusqu’au bout des doigts. »
Pour terminer cette approche des œuvres d’Ernest Pignon-Ernest, on soulignera deux de leurs caractères. Tout d’abord, ce sont des œuvres sans couleurs, des dessins en noir et blanc. Elles échappent ainsi à la fois à la tentation du trompe-l’œil et à celle du pathétique. Le sang n’y est pas rouge.
D’autre part, il n’y a pas de cadre autour des œuvres. Celles-ci ne se limitent pas à l’image : parmi les éléments qui constituent chaque œuvre, il y a le mur où elle se place, le sol au pied de ce mur, les habitants et les passants, les souvenirs et les fictions qui hantent la ville. En même temps, l’image creuse les murs, travaille et transforme l’espace urbain. Cette transformation est, la plupart du temps, acceptée par les habitants eux-mêmes, souvent aimée par eux.  Le noir et blanc, le refus du cadre, l’homme habite poétiquement ses œuvres.

Jusqu’au Lundi 28 Février 2011

Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis
22 bis rue Gabriel Péri
93200 SAINT-DENIS

EPE a fait du corps l’objet de ses recherches plastiques. En dialogue depuis presque 20 ans avec les grandes figures mystiques que sont Marie-Madeleine, Hildegarde de Bingen, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila,

Marie de l’Incarnation, Madame Guyon, il a conçu une installation novatrice pour dire la matérialité et la sensualité de ces corps de femmes ayant aspiré à la désincarnation. Cet artiste pour qui le papier n’a jamais été un support anodin, a choisi que ses oeuvres fassent corps avec leur réceptacle, à savoir l’architecture qui les reçoit, et contribue à leur donner sens.
Mystique du carmel

A partir des dessins, des scans et des tirages numériques pigmentaires ont été réalisés, puis marouflés sur des panneaux en aluminium mis en forme de feuilles, pour donner un ensemble exceptionnel de ces corps de femmes dont l’image se reflète dans un plan d’eau. C’est la dimension spirituelle du corps qui est au coeur de cette exposition. Le travail d’Ernest Pignon-Ernest, déjà présent dans les salles du musée consacrées à la guerre de 1870 et la Commune de Paris, rejoint ici non seulement la mystique du carmel et les figures célèbres de Marie Madeleine

et de Madame Louise, mais aussi celles des Surréalistes et du poète Paul Eluard qui avait pris pour titre d’un de ses recueils Mourir de ne pas mourir des vers de Thérèse d’Avila.
Cela m’a d’autant plus touché, c’est que j’avais entraîné mes amis à Rome, pour voir les chefs d’œuvre du Bernin, Ludovicina Albertoni a San Francesco da Ripa dans le Trastevere,

mais aussi l’extase de Sainte Thérèse d’Avila, à la chapelle Cornaro, Sainte-Marie de la Victoire, Rome, 1645, entourée des membres de sa famille de part et d’autre
Surprenant a aussi été la vision d’une sculpture de La Madeleine de Donatello au Bargello de Florence, qui est loin du dessin d’Ernest Pignon Ernest.

Il faut terminer la visite par la chapelle  où la vision est quasi mystique, les panneaux dans la pénombre s’illuminent l’un après l’autre, surgissent de la pénombre, pour former un ensemble empreint de grâce, de ferveur, de sensualité extatique.

Photos de photos …… de l’auteur

Marie Madeleine

C’est d’abord une impressionnante statue en bois, de Madeleine pénitente, dépeinte comme une vieille femme édentée couverte de longs cheveux, dont les mains tremblantes s’efforcent de s’unir pour la prière, c’est incontestablement une des œuvres les plus poignantes de Donatello, sculptée vers 1454 (Comme dirait Marie-jo, c’est puissant ….), pour le Baptistère, de Florence, présence attestée une première fois vers la fin du XVe siècle. Après les dommages causés par l’inondation de l’Arno de 1966, une restauration s’impose. Il apparut qu’elle était dorée à l’origine. On peut la voir au musée du Duomo.
Si l’on lit Daniel Arasse, Madeleine est une figure « composite », le fruit d’une condensation, accessoirement une fausse blonde ( voir la toison de Madeleine !) Pour DA, sa chevelure est un attribut féminin. Ses cheveux sont son image de femme, la manifestation de son corps femelle, tellement exubérante qu’ils nous empêchent de rien voir. C’est à cause d’eux que Madeleine existe, pour eux, grâce à eux, rien d’autre. Sans ses cheveux Madeleine n’existerait pas. A son avis elle n’a jamais existé.
Je fais court, reportez-vous à la page 97 du livre de
DA, « on n’y voit rien » vous ne le regretterez pas…
Frère Jacques a tout inventé : elle voit Jésus, elle a honte de son passé, se repent, pleure, renonce à ses plaisirs en lui lavant les pieds, les essuie avec sa longue chevelure, les parfume et n’arrête plus de pleurer… en fait elle est Marie, la sœur de Marthe qui passe son temps à la cuisine, et de Lazare que Jésus ressuscite ; Luc parle d’une autre Madeleine, la vraie selon DA. Jésus l’avait ramassée à Magdala, sur le lac de Tibériade, juste une hystérique que Jésus a exorcisé de ses 7 démons, pas moins… Une putain de la ville, à Naïn, quand Jésus déjeunait chez Simon vient lui laver les pieds, les parfumer et les baiser.
Ceci donne lieu à une belle histoire, un cocktail de Marie la sœur de Marthe, Marie la putain, à cause du lavement des pieds, et de Madeleine, l’hystérique aux 7 démons, une parabole, Marie-Madeleine, avec Jean, favorite de Jésus.
Il lui apparaît après la résurrection, sous la forme d’un jardinier, lorsqu’elle reconnaît Jésus il prononce le « Noli me tangere » (ne me touche pas) non je n’ajouterai pas comme DA,  » des fois qu’avec ses larmes, son parfum et ses cheveux, elle lui aurait trop bien lavé les pieds et lui aurait cicatrisé les stigmates !… »
Quand ils ont inventé Madeleine, (DA) ils ont construit un triangle sémiotique dans lequel les femmes trouvent leur destin. Entre Marie, la pure, la vierge, un dogme, Eve la pécheresse et Madeleine la prostitué repentie, il permet aux filles d’Eve de devenir des filles de Marie, puisque repenties. C’est la sainte des femmes par excellence. Da continue, les femmes sont toutes des filles d’Eve, bien comme leur mère, tentatrices, séductrices, menteuses, bavardes, il en passe et non des moindres, que pouvaient-elles faire les femmes ? D’Eve à Marie, pas de passage, pas de transformation possible. Il n’y a rien à faire, Eve et Marie sont contraires. La preuve, quand Gabriel s’adresse à Marie, il lui dit « Ave » vous croyez que c’est le hasard ? Ave c’est le contraire de Eva, dès le premier mot on a tout compris, Marie renverse Eve, elle annule la malédiction. Mais que peuvent faire les filles d’Eve ? Rien. Rien jusqu’à ce qu’on invente Madeleine, parce qu’avec elle c’est le passage de l’une à l’autre, ou plutôt de l’une vers l’autre, parce qu’aucune femme ne pourra jamais être Marie, alors qu’elles peuvent devenir Madeleine …. Sa chevelure exhibe sa pénitence actuelle et son impudeur passée. En fait la seule qui a une grande chevelure c’est Madeleine l’Egyptienne, qui expie ses turpitudes dans le désert, vieille, hagarde, amaigrie, édentée.
Commentaires
1. Le 17 décembre 2*** à 09h, par une enfant de Marie
instructif en effet, bonne lecture …..
2. Le 17 décembre 2*** à 13h, par lobita
DA dit vrai, il n’y a aucune trace dans les Evangiles de la Madeleine qui a inspiré cette sculpture en bois. La sculpture n’est pas moins magnifique, bouleversante et courageuse. Et j’ajoute fr.youtube.com/watch?v=EC…
P.S. je n’ignore pas le message et la question que tu m’as envoyé; je prends un peu de temps pour répondre, car la fille d’Eve que je suis est prise dans la tempête de ses émotions…

Sommaire de Janvier 2011

03 janvier 2011 : Voeux 2011
13 janvier 2011 : Haute Sphère
18 janvier 2011 : Les mille et une nuit de Bulgari
19 janvier 2011 : Robert Cahen au ZKM de Karlsruhe
23 janvier 2011 : Monet – money & co
29 janvier 2011 : Douleur extase et volupté

Douleur extase et volupté

ludovicina-albertoini-le-bernin.1296319913.jpg J’avais entraîné mes amis à San Francesco a Ripa dans le Trastevere, quartier de Rome, contre vents et marées, sous un ciel menaçant suivi d’un semi-déluge, pour contempler Ludovicina Albertoni en pamoison, la  présence de la Chapelle Altieri n’est pas facilement révélée par les paroissiens, car lorsque je les ai interrogés, ils en ont nié l’existence, or mon entêtement m’a permis de la dénicher malgré tout.
En 1669, préoccupé par la descendance de sa famille, le vieux cardinal Emilio Altieri voulut que sa seule nièce, épouse Gaspare Paluzzi Albertoni, auquel il imposa de prendre le nom Altieri. L’année suivante, Emilio devint pape sous le nom de Clément X, et l’oncle de Gaspare, le cardinal Paluzzo  Paluzzi Albertoni devint rapidement le personnage le plus puissant de la cour pontificale. Sans hésiter, il s’activa pour qu’une de ses ancêtres, Ludovica Albertoni (1473 – 1533) déjà objet de vénération à San Francesci à Ripa, soit officiellement déclarée bienheureuse.

Pour la “bienheureuse Louise Albertoni”, comme à Santa Maria della Vittoria, le Bernin a ménagé à la Chapelle Altieri, divers effets lumineux. Ainsi une lumière indirecte tombe sur la statue, au drapé mouvementé, de la bienheureuse agonisante. Le corps repose sur un matelas de marbres polychromes ourlé de franges de bronze doré. Au-dessus, un tableau de Gaulli représentant la Vierge à l’enfant avec Ste Anne,  révèle la vision de la bienheureuse. chapelle-altieri-ludovicina-albertoni.1296320064.jpg
Dans la 1° chapelle il y a une naissance de la Vierge du français Simon Vouet.
 Les nombreux monuments funéraires font penser à cette chronique italienne rapportée par Stendhal :
 
A minuit, dans cette même église éclairée par un millier de cierges, une princesse romaine fit célébrer un office funèbre pour l’amant qu’elle allait faire assassiner
 
J’avais lu une description sur un blog, ce qui une nouvelle fois me fit entraîner mes amies dans l’aventure pour contempler cet autre chef d’oeuvre du Bernin.

« La bienheureuse Ludovica Albertoni, dont la statue immortalisée par Bernin en 1674 gît à Rome dans l’église San Francesco a Ripa, ne lasse de me séduire et de m’intriguer.
D’un côté, l’explication officielle mettra abondamment en valeur la vie exemplaire de cette femme qui consacra sa vie au secours des pauvres du Trastevere. Toujours selon l’hagiographie officielle, c’est alors qu’elle allait être terrassée par la fièvre qui devait l’emporter en 1533, que Ludovica trouva réconfort dans l’Eucharistie, en attendant impatiemment la mort pour s’unir au Christ.
Les convulsions du corps alangui de la sainte sont, toujours selon ces sources, les signes de l’extase qui la gagne au fur et à mesure que s’approche le moment de sa délivrance dans la mort. Ludovica se laisse emporter par la vague de plaisir qui submerge sa douleur. Quant à l’artiste, le Bernin, les critiques mettront sur le compte de l’âge (c’est sa dernière oeuvre), l’expression jugée excessive de pathos.
La bouche entrouverte, les yeux clos, plaquant le drapé au bas des côtes avec sa main gauche alors qu’elle se caresse le sein de sa destre, les genoux légèrement desserrés, tout dans sa posture n’est qu’abandon et jouissance. rome-oct-2008-san-francesco-a-ripa-elisabeth-415.1296320131.JPGEt comment croire, sous le soleil de Rome, que les traits transfigurés de la sainte désignent l’extase mystique qui illumine, et non pas, plus trivialement, le plaisir qui inonde ? Equivoque sublime où le Très-Haut scelle une alliance inattendue avec sa créature, où le plaisir devient trait d’union entre l’esprit qui reçoit et le corps qui se donne… à moins que ce ne soit l’Esprit qui se donne et le corps qui reçoit.
Pour ceux qui aimeraient fréquenter d’autres figures de l’ambiguïté :th-r-se-de-j-sus-le-bernin.1296320689.jpg
1. L’extase de Sainte Thérèse d’Avila, à la chapelle Cornaro, Sainte-Marie de la Victoire, Rome, 1645, entourée des membres de sa famille de part et d’autre.
 Pour une interprétation sensible et sensuelle, je vous renvoie au très beau texte de Katrine Alexandre — alias Mademoiselle K — intitulé « Jouissance et Sainteté » et paru dans la « Vénus Littéraire ». »
photos 2 et 3 de l’auteur

Monet – money and co

img_1080.1295794802.jpg Si vous vous attendez à avoir un choc, pour voir l’exposition, tant courue sur le peintre Monet, vous ne serez pas déçus, des chocs, il y en a de toutes parts, dans le dos, de l’avant, de l’arrière, j’ai même eu un passage de roue de fauteuil roulant sur mon pied (malade). Réflexion de l’accompagnant du handicapé, je ne peux pas voir les toiles et regarder en même temps vers où je pousse, traduisez « dégagez j’accompagne un malade, je suis prioritaire, » il faut préciser que l’accompagnant « prioritaire » est privilégié, car son geste lui permet l’entrée gratuite de beaucoup de musées, sans même être contrôlé par le vigie. Je l’ai expérimeté, en accompagnant mon amie tant regrettée Myriam, et moi-même plus tard, en fauteuil, en visitant « Vienne 1900 » à la Fondation Beyeler, où le public était courtois et s’écartait pour me laisser regarder les toiles. Ce qui est intéressant aussi, ce sont les familles avec enfants en bas âge, auxquels on impose, au risque de les dégoûter à vie, de la visite des musées et des expositions, des heures de stagnation, de files, de queue, dans une foule compressée, où les pauvres chérubins ne manquent pas de dire, « maman, mamy, papa, papy on part quand ? » puis n’en pouvant plus d’impatience, pour vraiment se faire entendre se mettent à brailler de plus bel.
Il y a une autre distraction « so amazing » les audio-guides multi-langues, ceux des radins, qui en achètent un seul pour la famille ou le couple, au point que l’on se croirait dans le RER ou le tram de Mulhouse, direction Chataigniers, il y a ceux qui sont sourds,img_1193.1295807347.jpg ceux qui ne savent pas le manipuler. Puis il faut distinguer les « connaisseurs » qui font profiter la cantonade de leur culture générale, et en matière d’art en particulier. Les visiteurs qui sont venus parce qu’ils en ont entendu parler, mais qu’en fait ils parlent d’autre chose et surtout de leur vie et d’eux-mêmes, en en faisant profiter leurs voisins.
Il y a aussi, oui je l’ai vécu : les groupes, où la guide vous demande de « dégager la place » afin de lui permettre de présenter à son groupe en haute et très intelligible voix, l’œuvre.
Je me demande s’il est utile dans ce cas de payer si cherimg_1081.1295794907.jpg la carte sésame du Grand Palais, qui permet certes d’entrer directement, en passant par le symbolique vigie pirate, à loisirs et sans faire la queue.
Il y a des groupes plus discrets (bravo) où le guide est muni d’un micro, le groupe suit en toute discrétion grâce à des écouteurs.
Les groupes à observer sont ceux constitués d’enfants avec un maître. Certains sont attentifs, prennent des notes, baillent, dorment, font des grimaces avec les copains, les adolescents préoccupés par d’autres distractions, ricanent ou tentent de semer le guide.
Il y a aussi ma méthode, télécharger contre paiement l’audio-guide sur le site de l’exposition, que j’écoute depuis mon téléphone ou mon Iphone, C’est là que vous vous faites interpeller par le gardien, sous prétexte qu’il est interdit de téléphoner dans un musée ou une exposition, ou encore il vous soupçonne, non sans raison de prendre clandestinement des photos, (oui je dénonce … j’ai vu des visiteurs à l’oeuvre devant les oeuvres, moi-même  bref….) !
Et pour clore le sujet the cherry of the cake : les amoureux toujours seuls au monde, qui s’embrassent à pleine bouche devant les toiles et qui oublient qu’ils sont en public et qu’ils bouchent la vue.
photos  iphone de l’auteur
Vous pouvez lire un compte rendu détaillé de l’exposition par un autre blogueur  Lunettes Rouges ici

Robert Cahen au ZKM de Karlsruhe

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© photographie Simon Laveuve

Après la rétrospective « le souffle du temps »  au Jeu de Paume à Paris en 2010,
la
biennale du film en République Démocratique du Congo,
une
installation à Wroclav à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Chopin,
Passagi à  Lucca (Italie), des participations à des Festivals de films et de vidéos,
à
Lille « Euralille », Paysages Urbains, Play Replay à l’espace Malraux de Colmar,
les sept visions fugitives à la Chapelle St Jean,
avant une nouvelle exposition à Luxembourg en février 2011 à
la Galerie de Lucien Schweitzer, dont il est l’un des artistes,
un autre événement à
Rome à la Fondation Scelsi,
Robert Cahen , Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs en 1992, nous convie à une nouvelle exposition

« Robert Cahen. Narrating the invisible » au ZKM de Karlsruhe
du  29/01/2011 au 27/03/2011

voir l’article de NOVO page 56 et plus

faire défiler sur la droite ou clic sur les images ci-dessous

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le 28 janvier le CEEAC propose une navette Strasbourg / Karlsruhe vers le ZKM pour le vernissage de l’exposition
départ à 16 h 30 devant le CEEAC, inscription obligatoire
au n° 03 88 25 69 70 (places limitées) ou mail à info@ceaac.org

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http://www.ecartproduction.net/v2/ca
Un DVD édité par Ecart Production, sortira à l’occasion de cette exposition, Coffret 2DVD (29 films) et 1 CD audio comportant 6 œuvres musicales inédites
Livret 80 pages couleur
Textes | Stéphane Audeguy | Hou Hanru que vous pouvez commander à
cette adresse
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Les mille et une nuit Bulgari

grand-palais-expo-bulgari.1295358042.jpg Bulgaria   a embijouté le Grand Palais
Le joaillier a présenté 125 ans d’histoire et plus de six cents joyaux exceptionnels.

« Une infinie série d’échanges entre le passé et le présent »
Qu’est-ce qui a provoqué le désir de glisser progressivement vers la joaillerie ?
Tout commence lorsque Sotirio ouvre la boutique historique et toujours actuelle de Bulgari, via dei Condotti à Rome, en 1905. À l’époque, il la baptise Old Curiosity Shop, d’après le titre d’un livre de Charles Dickens, afin d’attirer plus facilement une clientèle américaine et britannique. Celle-ci était très friande de bijoux et d’accessoires de mode. Sotirio se consacre donc de plus en plus à ces domaines. À sa suite, les premières décennies du XXe siècle sont essentielles pour Constantino et Giorgio, ses deux fils : tous deux se passionnent pour les pierres et les bijoux, tandis que leur père va leur transmettre petit à petit les secrets de son métier et leur confier les rênes de l’entreprise.
Quels sont les signes distinctifs d’un bijou Bulgari ?
L’histoire du bijou est une infinie série d’échanges entre le passé et le présent, le classique et le baroque, le faste et la sobriété. Et on note bien sûr une forte influence de nos origines gréco-romaines. Très tôt, nous avons associé des pierres rares à des matériaux insolites pour l’époque (le cuir et la soie notamment, NDLR). Et nous avons été parmi les premiers à mélanger des gemmes de couleurs différentes. La linéarité, la symétrie, des détails inspirés de l’art et de l’architecture composent aussi notre ADN. Dans les années 70, la revue Connaissance des arts a même souligné qu’ « un bijou Bulgari se reconnaît comme on reconnaît un tailleur Chanel »…collier-de-liz-taylor.1295358135.jpg
Par Claire Mabrut Figaro Magazine

L’intérieur de la coupole se présentait comme un immense diamant noir, taillé, en diverses facettes, où étaient exposées les divers thèmes.
La foule cosmopolite, nombreuse stagnait devant les vitrines, exaltée, resquillant dans les files d’attente. Le plaisir des yeux était intense. De passer par les émeraudes de Liz Taylor aux « tremblantes », au bout de deux heures, j’ai abandonné et je me suis plongée dans le petit livre de Stephan Hessel, pour continuer le lendemain par les extases d’Ernest Pignon Ernest, dont je vous parlerai dans un autre billet.
les photos ne sont pas autoriséescoupole-du-grand-palais-expo-interieur-bulgari.1295358108.jpg, néanmoins vous pouvez visionner quelques images en cliquant sur le lien Bulgari
l’exposition s’est terminée le 12 janvier 2011