Suzanne Lacy: By Your Own Hand

Performance, Plaza Belmonte bullring, Quito, Ecuador
Commissaire : Dr Sandra Beate Reimann
au Musée Tinguely jusqu'au - 7 septembre 2025

Du 9 avril au 7 septembre 2025, le Musée Tinguely de Bâle présente dans une exposition personnelle l’installation vidéo De tu pufio y letra (By Your Own Hand; 2014-2015/2019) de la célèbre artiste américaine Suzanne Lacy.
Il s’agit là de l’une de ses œuvres centrales abordant les violences liées au genre. Le travail de Lacy, pionnière dans l’art de la perfor­mance féministe et activiste depuis les années 1970, combine art et engagement social. Ses œuvres relèvent de la Social Practice, elles sont souvent réalisées en collaboration avec les communautés locales et portent sur les injustices sociales : violence domestique, discrimi­nation liée à l’âge et migration.

Avec l’exposition Suzanne
Lacy: By Your Own Hand, le Mu­sée Tinguely rend hommage à une œuvre hautement pertinente due à l’une des artistes féministes majeures de notre époque et instaure en même temps un espace de réflexion, de dialogue et de responsabilité sociale.

Une installation vidéo : une  confrontation qui bouscule

On voit dans l‘installation vidéo De tu puno y letra (By Your Own Hand; 2014-2015/2019) des personnes de genre masculin qui apparaissent les unes après les autres en lisant factuelle­ ment des extraits de lettres. Ces témoignages choquants de violences brutales, sexualisées et domestiques, qui vont de l’agression sexuelle au viol collectif et au féminicide, laissent un profond sentiment de malaise. Le film a été tourné dans les arènes de Quito, un espace con­noté masculin, marqué traditionnellement par la violence et la domination. L’agencement cir­culaire des projections place le public de l’exposition lui-même au centre de l’arène pour le confronter directement aux paroles et aux regards des acteurs. La représentation grandeur na­ture rend palpable le défi physique et émotionnel de l’intervention.

La décision délibérée de confier à des personnages de genre masculin la lecture de témoi­gnages de victimes de violences à caractère sexiste souligne le rôle du patriarcat comme fon­dement structurel de cette violence. Dans le même temps, le hiatus entre les voix masculines et les expériences féminines constitue un élément primordial qui stimule la pensée et permet une réflexion sur le genre, le pouvoir, la crédibilité. La projection se termine par un message essentiel qui rehausse la perspective du niveau individuel au niveau sociétal :

« It’s necessary not to be afraid, I told myself, necessary to write in order to heal, share the pain with others. »

L’art comme pratique sociale

L’installation vidéo reprend une performance participative et dialogique que l’artiste a réalisée en 2015. Lacy avait été invitée alors à concevoir une performance qui attirerait l’attention et la reconnaissance du public sur les lettres collectées dans le cadre de la campagne Cartas de Mu­jeres (2011-2012), projet lancé par la Ville de Quito, le Centro de Arte Contemporaneo de Quito, UN Women et l’organisme allemand Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit (GIZ) en Équateur pour lutter contre les violences faites aux femmes. La performance s’est déroulée à Quito sous forme d’événement en cinq actes, avec la participation d’environ 600 personnes de genre masculin, le 25 novembre 2015, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette intervention avait été précédée d’ateliers avec des hommes de tout âge sur la violence liée au genre et la construction sociale de la masculinité.

Pionnière de l’art féministe

Les œuvres participatives de Suzanne Lacy montrent le pouvoir transformateur de l’art et son potentiel à susciter des débats de société. Comme l’une des principales voix du mouvement artistique féministe des années 1970, l’artiste a développé avec la Social Practice un nouveau modèle combinant art et action sociale. Très tôt déjà, dès le début des années 1970, le travail de Lacy a abordé le thème des violences sexualisées. En 1972, elle a monté la performance Ablu­tions (avec Judy Chicago, Sandra Orgelet Aviva Rahmani), l’une des premières œuvres d’art sur le thème du viol du point de vue des personnes de genre féminin.

À souligner aussi, Three Weeks in May de 1977, une performance de trois semaines centrée sur les viols à Los Angeles (avec Leslie Labowitz et Ariadne: A Social Art Network). Avec ces premières œuvres, Lacy et ses collègues étaient des pionnières non seulement artistiques mais aussi sociales, car elles abordaient publiquement les violences liées au genre dans une perspective résolument fémi­nine. Leurs travaux donnaient enfin voix aux femmes concernées et identifiaient les causes sociales et patriarcales de cette violence.

Le contexte de la présentation au Musée Tinguely

L’exposition au Musée Tinguely souligne toute l’actualité et la pertinence de ce sujet. La proxi­mité spatiale entre l’installation vidéo et l’œuvre Mengele-Totentanz (1986) de Jean Tinguely pose là un accent particulier. Avec cette construction cinétique et austère, faite d’éléments carbonisés et d’ossements d’animaux, Tinguely (1925-1991) aborde les notions de violence et de mort d’un point de vue historique et personnel. Alors que la tradition médiévale tardive
vé­hiculait la fugacité de toute vie humaine et l’égalité des individus dans la mort – du roi au mendiant-, il est clair aujourd’hui que les êtres humains sont très différemment concernés, en fonction de leur genre social, mais aussi de leurs ressources ou de leur appartenance eth­nique. Les violences domestiques et sexualisées sont quotidiennes et largement répandues.

Niki de Saint Phalle (1930-2002), seconde épouse de Tinguely et donatrice de la collection du Musée, a également été touchée. Dans son livre Mon secret (1994), elle fait état des agressions par son père dont elle-même a été victime à l’âge de 11 ans. Ses œuvres dénoncent les struc­tures patriarcales et donnent à voir le rôle de la violence et des abus de pouvoir.

Rendre visible un problème global – Programme d’accompagnement

Les féministes latino-américain-es restent pionnier-ères dans la lutte contre les violences liées au genre et les féminicides. En revanche, il a fallu attendre ces dernières années pour que la politique et la société, en Europe et en Suisse, se penchent davantage sur ce sujet. À travers des interventions, des tables rondes et un projet d’écriture participatif, le programme d’ac­compagnement s’intéresse à la situation locale et invite au dialogue.
Pour ce faire, le Musée Tinguely coopère entre autres avec la Opferhilfe beider Basel (Service d’aide aux victimes des deux Bâle), la Literaturhaus Basel et le collectif Q.U.I.C.H.E. Dans le cadre de l’exposition, le Musée Tinguely présente aussi la performance de Tyra Wigg, The hand, the rock, your shoul­ der, and my mouth (2022), au cœur de laquelle ressortent le toucher comme expression de violence et le toucher comme soin et pratique thérapeutique. Par le maniement d’une grosse pierre, par l’approche attentive et curative du corps et son trauma, c’est un véritable contre­ poids qui prend forme.

Biographie

Suzanne Lacy (née en 1945) est pionnière dans l’art de la performance féministe et activiste mais aussi du New Genre Public Art et de la Social Practice. Son travail porte entre autres sur les violences sexualisées, les discriminations liées à l’âge, la pauvreté, l’incarcération et l’immi­gration. Opérer un rapprochement entre les gens et créer en collaboration avec des groupes locaux sont constitutifs de son travail. Celui-ci englobe des performances chorégraphiées et dialogiques, des recherches sociologiques, la tenue d’ateliers, l’organisation communautaire, la cartographie et le mapping, la photographie, la production et l’installation vidéo ainsi que des interventions dans les médias.
L’art de Lacy s’enracine dans les premières performances californiennes d’Allan Kaprow et la pratique artistique féministe de Judy Chicago. De grandes rétrospectives de l’œuvre de Lacy se sont tenues au San Francisco Museum of Modern Art, au Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco (Suzanne Lacy: We Are Here, 2019) et au Queens Museum (Suzanne Lacy: The Medium is Not the Only Message, 2022). L’artiste a réa­lisé de vastes interventions artistiques sociales et politiques à Londres, Brooklyn, Medellin, Los Angeles, Madrid et dernièrement à Manchester. En 2025, elle participera avec plusieurs œuvres à la Sharjah Biennial 16. Lacy est professeure à la Roski School of Art and Design de la University of Southern California et artiste en résidence au 18th Street Arts Center à Santa Mo­nica, Californie.

Informations pratiques

Musée Tinguely 
1 Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 1 ou 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à
« Tinguely Museum ». 

Heures d’ouverture: mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h

Site Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1 
#byyourownhand @suzanne.lacy

Crédit photo: Suzanne Lacy, De tu puna y letra (By Your Own Hand) (2014-15/2019). Six-channel HD video installation, with sound, 30 min. Partial installation view at Queens Museum, New York. Courtesy the artist; photo: Hai Zhang, courtesy Queens Museum.

«Déjà Vu» Exposition d’échange artistique sino-français (Macao)

« Notre existence actuelle, au fur et à mesure qu’elle se déroule dans le temps, se double ainsi d’une existence virtuelle, d’une image en miroir. Tout moment de notre vie offre donc deux aspects : il est actuel et virtuel, perception d’un côté et souvenir de l’autre. Il se scinde en même temps qu’il se pose. »

 Henri Bergson, « Le Souvenir du Présent et la Fausse Reconnaissance »

Par ces mots, le philosophe français Henri Bergson offre une perspective fondamentale sur la nature de la mémoire et la sensation insaisissable du « déjà vu », ou ce qu’il nommait la « fausse reconnaissance ». Il postule que la mémoire ne se forme pas « après » la perception mais se produit
« simultanément » à elle. Lorsque nous percevons le monde – l’aspect « actuel » – notre conscience crée simultanément une image miroir « virtuelle » de cette perception, un « souvenir du présent ». En temps normal, notre « attention à la vie », orientée vers l’action et l’avenir, refoule cette image-souvenir virtuelle dans l’inconscient, telle une ombre invisible. Le « déjà vu », selon Bergson, survient aux instants où cette attention motrice vacille momentanément. Dans cette brève pause ou ce détachement, le « souvenir du présent » normalement caché fait surface à la conscience aux côtés de la perception en cours. Nous expérimentons ainsi le moment présent « et » son reflet immédiat au même instant. Cet étrange dédoublement crée le sentiment intense et paradoxal de revivre un instant – nous pouvons « reconnaître » le présent qui se déploie non pas parce que nous l’avons véritablement vécu auparavant, mais parce que nous accédons à la fois à la perception et à sa mémoire intrinsèque, générée simultanément.

Organisation

Organisée par l’Art For All Society (AFA), co-organisée par l’Association pour la Promotion des Arts Multimédias Innovants de Macao, et soutenue par le Fonds de Développement Culturel de Macao, « Déjà Vu » — première partie du cycle
d’expositions 
« Miroir · Boucle · Génération » : De l’Art Vidéo à l’Intelligence Artificielle, et exposition d’échange artistique sino-français — 
est inaugurée le 14 mai 2025 au Parisian Macao.
Elle est honorée de faire partie du festival « Le French May ». Les mots-clés de l’exposition, « Miroir », « Boucle » et « Génération », font non seulement allusion aux méthodes artistiques employées – tels les cycles temporels et la manipulation expérimentale de l’image chez Robert Cahen, les paysages virtuels générés par IA d’Alice Kok, et l’exploration par Catherine Cheong des strates visuelles et spéculaires dans la gravure et la vidéo – mais résonnent aussi profondément avec la philosophie bergsonienne fondamentale du dédoublement simultané de la perception et de la mémoire, et de la réflexion mutuelle de l’actuel et du virtuel. Le cadre du French May souligne l’importance de l’exposition en tant que dialogue culturel sino-français, tandis que The Parisian Macao, en tant que sponsor du lieu, offre un cadre unique et fascinant pour cette exploration artistique du temps, de la mémoire et de la perception.

Les artistes

Cette exposition « Déjà Vu » présente un dialogue entre trois artistes : Robert Cahen, Alice Kok et Catherine Cheong. À travers leurs médiums et sensibilités distincts, ils explorent cet état dédoublé de l’expérience et l’espace de résonance entre l’actuel et le virtuel, la perception et son écho immédiat. Leurs œuvres nous invitent à contempler la texture du temps, les mécanismes de la mémoire et l’étrange familiarité qui surgit lorsque la réalité semble se regarder elle-même.

Masterclass d’art vidéo

Instructeur : Robert Cahen
Assistante Instructrice : Alice Kok
Date : 18.05.2025 10h00 – 18h00

Lieu : Le Parisian Macao
Shoppes at Parisian, Level 3, Estrada do Istmo, Lote 3, Cotai Strip, Macao SAR, RP Chine

Développement

Robert Cahen

Robert Cahen, pionnier de l’art vidéo français, sculpte magistralement la trame subtile du temps et de la perception analysée par Bergson. 

Son œuvre immerge le spectateur directement dans l’interstice entre la perception « actuelle » et sa réverbération « virtuelle ». Prenons « Traverses » (2002), où des silhouettes humaines émergent lentement du brouillard, « Lentes apparitions d’Êtres, traversant l’espace, là où le temps est mis à l’épreuve » ; ces formes éthérées incarnent les images virtuelles insaisissables habituellement submergées sous la conscience. Par des techniques emblématiques comme le ralenti, la boucle et la superposition d’images, Cahen manipule délibérément « la durée ». Dans « Tombe » (1997-2005), des objets et des mots évocateurs comme « temps », « passage », « lentement », détachés de leurs fonctions, chutent sans fin dans une profondeur inconnue – une visualisation directe du passage du temps charriant des fragments de vie, de mémoire et d’absence. Que ce soit en étirant l’instant par l’application d’un mouvement bref et intensifié à des scènes statiques dans les « Cartes Postales Vidéo » (1984-1986), ou en dissolvant les contours des formes humaines dans le flux onirique d’« Entrevoir » (2014-2024), Cahen rend palpable le
« dédoublement » habituellement imperceptible. Il suspend l’« élan » vers l’avant de la conscience, permettant à l’image-souvenir virtuelle de presque rattraper la perception actuelle. Ceci induit une « qualité onirique » semblable à celle que Bergson associait à la « fausse reconnaissance », évoquant la familiarité singulière du déjà vu – comme si le moment présent se regardait lui-même. Cahen n’illustre pas simplement le dédoublement temporel de Bergson ; il construit des expériences immersives où nous pouvons ressentir de manière tangible la résonance et la tension entre le présent en devenir et son reflet immédiat et fantomatique.
Son site ici

Alice Kok

Alice Kok explore les royaumes liminaux du déjà vu, tissant les fils complexes de la perception entre le subconscient, la mémoire, la technologie et les frontières nébuleuses de la réalité et de la représentation. Ses œuvres sondent souvent le seuil où le « virtuel » – qu’il s’agisse de mémoire, de rêve ou d’interprétation numérique – rencontre le monde perçu « actuel ». Dans sa série « Artificial Subconscious » (Subconscient Artificiel, 2024) et son extension dynamique « Artificial Emotions » (Émotions Artificielles, 2025), l’artiste agit comme une invocatrice, murmurant des instructions –
« fragments de rêve », « humeurs, symboles et perceptions sensorielles » – à l’intelligence artificielle, faisant émerger des images puis les animant. Ce processus non seulement donne une forme visible aux murmures subtils du subconscient, mais initie également un dialogue troublant entre intuition et calcul algorithmique, faisant écho à la notion bergsonienne de l’image-souvenir naissant aux côtés de la perception présente, traduisant la « fluidité des états de rêve » et les « murmures du flux de conscience » en paysages visuels.
« Through the Looking-Glass » (L’autre côté du miroir, 2020) conduit les spectateurs dans un labyrinthe de miroirs, écoutant des souvenirs anonymes de traces de rêves, confrontant des vérités réfléchies et cachées. La technique d’« occultation » en mosaïque pointe vers les distorsions et filtrages inhérents à l’expérience au sein du subconscient (rêves) et de son rappel, tout comme la nature insaisissable, parfois fragmentée, de la mémoire virtuelle dans l’instant du déjà vu. L’installation onirique, semblable à un mirage, « Form is Emptiness » (La Forme est Vide, 2013), condensant des illusions visibles mais intangibles, et les images méditatives superposées dans « Emptiness is Form » (Le Vide est Forme, 2018), brouillant le soi et l’autre, incitent les spectateurs à contempler la tension subtile entre l’« actuel » tangible et le « virtuel » perceptible mais intouchable. Elles interrogent la nature de la réalité lorsque la perception elle-même semble dédoublée, une expérience faisant écho à la désorientation du déjà vu. La pratique artistique de Kok, à travers divers médias, met en scène des rencontres avec ce moment de dédoublement, observant comment la conscience, la mémoire et même l’intelligence artificielle participent à façonner la réalité à travers des cycles infinis de réflexion et de superposition.

Catherine Cheong

Les œuvres diverses de Catherine Cheong abordent les thèmes du temps, de la perception, de la mémoire et de la réflexion sociétale. Dans 
« En travers » (2024), elle rend un hommage clair à Robert Cahen, ralentissant « aussi lentement que possible » des séquences vidéo d’un paysage qui défile, une intervention douce mais ferme dans « la durée ». En étirant l’instant fugace du voyage, elle perturbe la vitesse habituelle de la perception, permettant potentiellement au spectateur, comme dans l’œuvre de Cahen, de ressentir la résonance discrète entre la vue « actuelle » qui se déploie et sa trace « virtuelle » persistante, ouvrant un espace serein où le temps lui-même est « mis à l’épreuve ».

En contraste frappant, « Vue en secondes » (2024) adopte un rythme rapide, faisant défiler soixante images instantanément, une par seconde. Une telle vélocité non seulement remet en question la perception stable ou la consolidation potentielle d’un soi-disant « souvenir du présent », mais sonde aussi subtilement : dans cette « ère du Big Data », inondée d’informations, la mémoire peut-elle encore s’ancrer efficacement ? Ce dédoublement bergsonien – la convergence du moment présent de la perception et de son écho virtuel – a-t-il été submergé par la surcharge informationnelle et la vitesse effrénée de la vie moderne, rendant improbable l’émergence de cet écho bref et fragile du « déjà vu » ?

Des œuvres comme « Three thousand hairs » (Trois mille cheveux, 2016-2019) plongent dans la durée vécue et la mémoire incarnée, reliant le présent physique (chute de cheveux, grisonnement) aux stress passés et au « cycle sans fin » des soucis, démontrant de manière vivante comment le passé imprègne et sculpte de manière persistante la réalité présente.

Tandis que des pièces comme « Grand Prix » (2009) se concentrent sur l’intensité de la perception fixée sur la vitesse, et d’autres comme « Mark » (Marque, 2019-2023) abordent l’empreinte du savoir historique, le parcours artistique de Cheong, particulièrement à travers sa manipulation nuancée de la vitesse temporelle et son questionnement persistant des seuils perceptifs, sonde en profondeur l’interaction fascinante et complexe entre le présent immédiat, le poids de la mémoire et la familiarité insaisissable au cœur du phénomène du déjà vu.

Conclusion

Ensemble, Cahen, Kok et Cheong offrent des perspectives distinctes mais complémentaires sur le « dédoublement » du moment présent. « Déjà Vu » invite les spectateurs à entrer dans leur conversation, encourageant une conscience plus profonde de la relation complexe entre perception, mémoire et temps, et de ces moments fugaces et étranges où, comme le suggérait Bergson, nous entrevoyons le présent se réfléchissant lui-même.

 

Une soirée avec Elsa Grether

Je laisse la parole à la violoniste Elsa Grether  :

Rejoignez-moi le 15 mai aux Invalides à 20h, dans un programme rare !
J’y donnerai le Concerto pour violon de Kurt Weill, Poema Autunnale de Respighi et Kaddisch de Ravel avec l’Orchestre de l’Armée de l’Air et son chef Claude Kesmaecker, qui a réalisé un arrangement inédit de Kaddisch pour violon et orchestre à vents pour l’occasion ! Ravel dont nous fêtons le 150e anniversaire

Lien de réservations

Programme

Présentation
Kurt Weill, compositeur allemand dont la musique est taxée de dégénérée, décide de s’installer aux États-Unis, dès 1935. Mais, c’est à Paris qu’est créé, en 1925, son brillant concerto pour violon et vents, le Poema autunnale de l’Italien Respighi, composé la même année, nous révélant encore d’autres facettes de la sensibilité aussi raffinée que fougueuse d’Elsa Grether. Dans un programme tout en contrastes, l’orchestre nous restitue successivement la puissante pulsation de la locomotive lancée à toute vapeur dans Pacific 231 d’Honegger, puis l’indolence suggestive de la Danse des sept voiles de Salomé de Strauss. Et c’est dans l’ivresse que s’achève ce programme, avec le violon aux accents hébraïques de Kaddish et la Valse démoniaque de Ravel nous entraînant jusqu’au fond de l’abîme, à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance.

Cycle l’Esprit de Locarno / À l’occasion du centenaire des accords de Locarno (1925) 

Distribution
Orchestre de la musique de l’Air et de l’Espace
Claude Kesmaecker, 
direction
Soliste, Elsa Grether, violon

Programme
Weill, Concerto pour violon et ensemble à vents, opus 12
Honegger, Pacific 231, Mouvement symphonique n° 1
Strauss, Salomé, Danse des sept voiles, opus 54
Respighi, Poema Autunnale, pour violon et orchestre
Ravel, Kaddish pour violon et orchestre, La Valse, Poème chorégraphique pour orchestre

Informations Pratiques

Le site :
Elsa Grether, la passion du violon

Son dernier enregistrement
Sortie le 4 avril 2025 de son nouveau CD
« Granada » avec Ferenc Vizi, label Aparté !

en vente ici



Chorégraphier Unterlinden

Cette saison, le Musée Unterlinden et le CCN•Ballet de l’Opéra national du Rhin s’associent pour présenter aux visiteurs du
samedi 17 au dimanche 18 mai 2025
un programme de spectacles et de rencontres.
Danses, déambulations et table ronde offrent un éclairage inédit, le temps d’un week-end, sur les collections du musée. Ce programme est le fruit d’échanges créatifs entre jeunes chorégraphes et historiens.ne.s d’art menés pendant plusieurs mois autour des collections et des espaces du Musée Unterlinden.

Chorégraphe Unterlinden
Les danseurs-chorégraphes face aux œuvres du musée

17 — 18.05.2025

Samedi 17 et dimanche 18 mai : Déambulation dansée et performances de 15h à 16h40 ;

Dimanche 18 mai : table ronde à 11h

Samedi 17 mai (Nuit des musées) : Déambulation dansée et performances de 20h à 21h40

Tout public

Informations pratiques 

17.05.2025 : déambulation dansée et performances de 15h à 16h40 entrée du musée sans réservation (musée ouvert de 9h à 18h ;
fermeture du musée de 18h à 19h ;
Nuit des musées de 19h à 22h)
17.05.2025 : déambulation dansée et performances de 20h à 21h40
entrée gratuite sans réservation
18.05.2025 : table ronde à 11h (entrée libre, sur réservation*),
puis de 15h à 16h40 entrée du musée, sans réservation.


Samedi 17 et dimanche 18 mai 2025
Déambulation dansée

cette heure et en ce lieu

Chorégraphe : Jesse Lyon
Danseur : Marin Delavaud
Horaire | de 15h à 16h40. Départ à 15h en salle d’orientation
Lieux | salle d’orientation puis Cloître, Galerie, Ackerhof

Performances

Programme à consulter ci-dessous

Table ronde

Pourquoi danser au musée ?
Dimanche 18 mai
11h

Intervenant·es


Laura Cappelle, journaliste, sociologue et chercheuse associée au CCN•Ballet de l’Opéra national du Rhin pour un travail sur les évolutions esthétiques et sociales des ballets d’aujourd’hui.

Pauline Boivineau, maîtresse de conférences en Arts du spectacle – UCO Angers, responsable du Master Spectacle vivant, gestion de projets culturels, responsable de la Licence Arts du Spectacle


Bruno Bouché, directeur artistique du CCN•Ballet de l’Opéra national du Rhin
Camille Broucke, directrice du Musée Unterlinden, Conservatrice en chef du patrimoine

Tarif | entrée gratuite ; les visiteurs munis d’un billet d’entrée peuvent visiter le musée et assister aux performances
Horaire | 11h
Lieu | salle de la Piscine. Accès par le bâtiment des anciens bains.
Réservation en ligne  ou auprès du service réservations du lundi au vendredi au +33 (0)3 89 20 22 79 – reservations@musee-unterlinden.com / le week-end au +33 (0)3 89 20 15 58 ou billetterie@musee-unterlinden.com

Participation de Laura Cappelle à cette table ronde dans le cadre de sa résidence de recherche soutenue par Dance Reflections by Van Cleef & Arpels

Sommaire du mois d’avril 2025

Les Deux Ombres,
Didier  Paquignon, Lisbonne 2024

25 avril 2025 : Ali Cherri « Corps et âmes »
23 avril 2025 : Georg Baselitz, «Corps et âmes»
18 avril 2025 : «CORPS ET ÂMES»
13 avril 2025 : David Hockney, 25
12 avril 2025 : Artemisia, Héroïne de l’art
9 avril  2025  : Paul Béranger au temple Saint-Étienne « Silence »
7 avril  2025 :  Manfred Willmann Beau monde, où es-tu ?
1  avril  2025 : Verso histoire d’envers

Ali Cherri « Corps et âmes »

24 fantômes par seconde

PASSAGE / SALLE DES MACHINES
Ali Cherri
Sous le commissariat de Jean-Marie Gallais,
conservateur, Pinault Collection

Introduction

«Le Passage de la Bourse de Commerce accueille les œuvres d’Ali Cherri, artiste libanais installé en France. Dans sa jeunesse, ce dernier est marqué par la guerre civile au Liban, et notamment par les spoliations, vols et trafics d’œuvres d’art que les guerres engendrent.
Investissant les vingt-quatre vitrines, dispositif muséal par excellence pour présenter des objets, son œuvre s’inspire également du cinéma et de ses vingt-quatre images par seconde:
ses sculptures sont pensées comme des flashes fantomatiques qui s’inscrivent dans un espace liminal entre la vie et la mort, entre le passé et le présent, et qui invitent à réfléchir aux manipulations séculaires d’artefacts culturels
Emma Lavigne

Ali Cherri, L’Homme aux larmes, 2024, tête en pierre sculptée du 14-15e
siècle, argent patiné, plâtre, acier,
49 × 41 × 31 cm. Pinault Collection. Courtesy de Galerie Imane Farès.
Photo: Studio Ali Cherri.

«“Puis vint le cinéma pour ressusciter les corps”, écrit Ali Cherri.
“L’histoire du cinéma est une histoire de morts qui survivent en images. Le cinéma a toujours été une affaire de fantômes, que ce soit pour des raisons techniques (projection lumineuse, fondus enchaînés), généalogiques (influences de la fantasmagorie et de la lanterne magique), ou surtout poé‑
tiques (les personnages à l’écran meurent et ressuscitent à chaque projection). En enregistrant et en conservant les traces des corps, le cinéma devient ainsi un moyen de faire revivre les morts à travers l’écran, réveillant l’âme des corps inertes3.”
Dans son film Somniculus (2017) tourné à Paris, Ali Cherri s’emparait de cette dimension spectrale de la pellicule en remplaçant les corps des acteurs par des œuvres d’art et des objets filmés dans des musées vides.
Prenant à rebours l’analogie récurrente entre musées et cimetières, spécialement dans le contexte postcolonial (Les statues meurent aussi, d’Alain Resnais, Chris Marker et Ghislain Cloquet, 1953), Ali Cherri préfère considérer ces objets comme temporairement endormis—somniculus en latin signifie sommeil léger—, et le musée comme un dortoir 4.
3—Note d’intention du projet par Ali Cherri (août 2024).
4— Cette image est également à l’œuvre dans le film Dahomey (2024) de Mati Diop, qui donne la parole à l’une des vingt-six œuvres restituées par la France au Bénin. Jean Cocteau, dans la voix off du Sang d’un poète (1932),
emploie la même métaphore en 1930, en s’en méfiant:
«N’est-il pas fou de réveiller les statues en sursaut après leur sommeil séculaire?» (11’25 »).

Poursuivant ce projet, des sculptures et artefacts arrangés à la manière
de tableaux vivants miniatures sommeillent ou se réveillent dans chacune des vitrines de la Bourse de Commerce. […]
Mêlant trouvailles archéologiques et ses propres créations, il crée des chimères.
“Les greffes que j’opère dans ma série de sculptures sont une forme de
solidarité entre corps brisés, fragmentés, violentés, qui, en se soudant, créent une communauté”, dit-il. Ces objets, ressuscités ou survivants de passés tumultueux, rebuts que les musées n’ont pas jugé dignes d’être conservés, témoignent d’innombrables échanges et pérégrinations: yeux arrachés des sarcophages égyptiens, contrefaits quand ils deviennent à la mode dans les collections européennes, fausses curiosités et copies d’après l’Antique
fusionnent, comme des civilisations éloignées cohabitent et prennent racines l’une dans l’autre.» Jean-Marie Gallais

Biographie

ALI CHERRI
Né en 1976 à Beyrouth (Liban), Ali Cherri a grandi pendant la guerre civile qui a plongé le pays dans un contexte de crise permanente. Il vit désormais
à Paris (France). Sculpteur et vidéaste, il explore les déphasages temporels entre des mondes anciens et des sociétés contemporaines, privilégiant
une lecture incarnée des événements historiques où mémoires intime et collective s’enchevêtrent sensiblement. Ainsi, ses travaux sur les liens entre
archéologie, narration historique et patrimoine prennent leur source dans les procédés d’excavation, de délocalisation et de muséification des restes
funéraires qui font violence à des pratiques culturelles intemporelles et au sens même des sites archéologiques.

Vidéo ici

Informations pratiques

Bourse de Commerce François Pinault
2 rue de Viarmes, 75001 Paris

 

Horaires

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h 
Fermeture le mardi et le 1er mai
Nocturne gratuite tous les premiers samedis du mois de 17h à 21h

Métro
1 station Louvre — Rivoli
4 station Les Halles
7 11 14 station Châtelet

Bus
74 85 arrêt Bourse de commerce
21 67 arrêt Louvre — Rivoli
70  arrêt Pont Neuf — Quai du Louvre
69 72 arrêt Louvre — Rivoli / Pont des Arts
38 47 58 76
arrêt Châtelet

Georg Baselitz, «Corps et âmes»

«Corps et âmes» débute avec une œuvre de Georg Baselitz, installée dans le Vestibule de la Bourse de Commerce. Figure innocente de face, menaçante de dos, cette sculpture réalisée en bois de cèdre, puis colorée de peinture à l’huile, est un autoportrait colossal de l’artiste enfant, qui se représente enfant et tient entre ses mains un crâne. Dominant le spectateur, les pieds solidement ancrés au sol, Meine neue Mütze (My New Cap) (2003) est sa toute première sculpture-autoportrait.

GALERIE 5

Avec: Georg Baselitz / Ana Mendieta

Comme une promesse d’une renaissance, d’une continuité d’une vie après
la mort, le corps chrysalide d’Ana Mendieta se transformant en papillon, apparaît, lui, comme une lumière dans l’obscurité. 

Biographie
Née à La Havane (Cuba) en 1948 et décédée en 1985 à New York (États-Unis), Ana Mendieta est une artiste dont la carrière, brève, a irrémédiablement
marqué l’histoire de l’art. Émigrée aux États-Unis, Ana Mendieta développe un langage sculptural inédit, nourri de ses recherches sur les mythes
originels et l’art rupestre, inscrivant son œuvre dans la poursuite de traditions ancestrales et des rituels magiques. Dans sa production filmique, elle explore
les relations que son corps entretient avec la nature, et la pleine fusion qui les relie, à la croisée de la sculpture et de la performance. Dans l’effervescence
politique des années 1970, Ana Mendieta rejoint la A.I.R. Gallery, première galerie gérée par un collectif de femmes artistes aux États-Unis, pionnière dans la réflexion féministe et décoloniale, à laquelle l’artiste contribue largement.

Gideon Appah, The Woman Bathing, 2021, huile, acrylique sur toile, diptyque, 120 × 300 cm (chaque panneau).
Pinault Collection. © Gideon Appah. Courtesy de l’artiste et Venus Over Manhattan.

Georg Baselitz

Comme final de l’exposition, le chef-d’œuvre monumental de Georg Baselitz, Avignon (2014), parachève cette danse des corps. Dans l’obscurité, dramatiques et spectaculaires, huit tableaux suspendus dans l’espace, exposés pour la première fois à la Biennale de Venise en 2015, sous le commissariat d’Okwui Enwezor, forment un huis clos, un théâtre où le corps vieillissant de l’artiste est le seul protagoniste. Inspiré notamment par les dernières peintures de Picasso, mais aussi par Cranach, Schiele ou Munch qui transparaissent en filigrane, ces
corps semblent «danser à l’envers» selon les mots d’Antonin Artaud.

Georg Baselitz, Was ist gewesen, vorbei, 2014, huile sur toile, 8 éléments, 480 × 300 cm (chacun). Pinault Collection. © Georg Baselitz.

Podcast renverser l’art

Biographie

GEORG BASELITZ
Né à Deutschbaselitz (Allemagne) en 1938 sous le régime nazi, Georg Baselitz est un peintre et sculpteur formé à Berlin en pleine guerre froide.
Figure majeure du néo-expressionisme, il a participé au renouvellement de la peinture allemande après la seconde guerre mondiale. Influencé par le contexte
d’après-guerre, il entretient un rapport critique à l’histoire de l’art et à ses maîtres. Établissant la transgression comme mode opératoire,
Georg Baselitz réalise une œuvre anticonformiste, où la violence est à la fois formelle et symbolique.
En 1969, il renverse les motifs de ses tableaux: désormais à l’envers, ceux-ci bousculent la tradition et reléguent le motif—comme véhicule d’idéologie—au second plan. La violence à la fois formelle et symbolique de son œuvre, en réaction aux traumatismes humains et aux tragédies liées à l’histoire de l’Allemagne, n’est pas sans provoquer des scandales, comme à la Biennale de Venise de 1980 où il présente Modell für eine Skulptur, une sculpture en bois dont le bras levé rappelle le salut nazi.

Informations Pratiques

EN AVRIL
Vendredi 4 avril
Theo Parrish / DJ set
Compositeur culte de musique électronique et légende de la deep house de Detroit où il s’impose dans les années 1990, Theo Parrish livre un de ses iconiques DJ sets de plusieurs heures à la Bourse de Commerce, explorant les textures et les rythmes, distordant les sons pour créer sa propre couleur, préférant l’émotion brute à la pureté sonore.
Jeudi 24 et vendredi 25 avril
Kingdom Molongi, avec Low Jack / Concert
En collaboration avec le label et collectif ougandais Nyege Nyege
En écho à l’œuvre akingdoncomethas (2015) d’Arthur Jafa, un montage de sermons et de chants gospel enregistrés au sein de congrégations noires aux États-Unis, la chorale congolaise Kingdom Molongi et le compositeur de musique électronique français Low Jack s’associent pour la création d’une œuvre musicale, présentée dans la Rotonde.

Bourse de Commerce François Pinault
2 rue de Viarmes, 75001 Paris

 

Horaires

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h 
Fermeture le mardi et le 1er mai
Nocturne gratuite tous les premiers samedis du mois de 17h à 21h

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«CORPS ET ÂMES»

DU 5 MARS AU 25 AOÛT 2025
Commissariat général: Emma Lavigne, directrice générale de la Collection Pinault conservatrice générale
Programmation culturelle associée: Cyrus Goberville, responsable de la programmation culturelle, Pinault Collection
Le collectionneur

Amateur d’art, François Pinault est l’un des plus importants collectionneurs d’art contemporain au monde. La collection qu’il réunit depuis plus de cinquante ans constitue aujourd’hui un ensemble de plus de 10000 œuvres, représentant tout particulièrement l’art des années 1960 à nos jours. Son projet culturel s’est construit avec la volonté de partager sa passion pour l’art de son temps avec le plus grand nombre. Il s’illustre par un engagement durable
envers les artistes et une exploration continue des nouveaux territoires de la création. Depuis 2006, le projet culturel de François Pinault est orienté autour de trois axes: une activité muséale; un programme d’expositions hors les murs; des initiatives de soutien aux créateurs et de promotion de l’histoire de l’art moderne et contemporain.

Introduction

À l’appui d’une centaine d’œuvres de la Collection Pinault, la Bourse de Commerce présente l’exposition «Corps et âmes», offrant une exploration de la représentation du corps dans l’art contemporain. D’Auguste Rodin à Duane Hanson, de Georg Baselitz à Ana Mendieta, de David Hammons à Marlene Dumas, d’Arthur Jafa à Ali Cherri, une quarantaine d’artistes explore, à travers la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo et le dessin, les liens entre le corps et l’esprit.
«Dans les courbes matricielles de la Bourse de Commerce, en un écho à la ronde des corps habitant le vaste panorama peint ceinturant le dôme de verre du bâtiment, l’exposition “Corps et âmes » sonde, à travers les œuvres d’une quarantaine d’artistes de la Collection Pinault, la prégnance du corps dans la pensée contemporaine. Libéré de tout carcan mimétique, le corps qu’il soit photographié, dessiné, sculpté, filmé ou peint ne cesse de se réinventer, conférant à l’art une organicité essentielle lui permettant, tel un cordon ombilical, de prendre le pouls du corps et de l’âme humaine.

Vidéo de présentation

L’art se saisit des énergies, des flux vitaux de la pensée et de la vie intérieure, pour inviter à une expérience engagée et humaniste de l’altérité. Les formes se métamorphosent, renouent avec la figuration ou s’en affranchissent pour se saisir, retenir et laisser affleurer l’âme et la conscience. Il s’agit non plus d’incarner des formes mais de capturer des forces et de rendre visible ce qui est enfoui, invisible, d’éclairer les ombres.

Arthur Jafa

Jusqu’au 26 mai 2025
Sous le commissariat de Matthieu Humery, conseiller pour la photographie,
Pinault Collection

«J’essaie de créer des œuvres complexes, qui ne se prêtent pas à des réponses simples, binaires. »
— Arthur Jafa

ROTONDE / GALERIE 2 / STUDIO

Dans la Rotonde, l’œuvre d’Artur Jafa Love is the Message, the Message is Death transforme l’espace en une caisse de résonance de la musique et de l’engagement des icônes africainesaméricaines, Martin Luther King Jr, Jimi Hendrix, Barack Obama, Beyoncé, leur conférant une portée universelle.
Ses films oscillant entre la vie et la mort, la violence et la transcendance,
se déploient en une mélopée visuelle inspirée du gospel, du jazz et de la black music et forment un flux d’images et de sons qui impulse son rythme à l’ensemble du parcours, en une chorégraphie où les corps figurés témoignent des liens que l’art entretient avec la vie.
En résonance avec l’exposition, une riche programmation musicale fait de “Corps et âmes“ un événement polyphonique.»
Emma Lavigne, directrice générale de la Collection Pinault, conservatrice générale

Biographie


Né en 1960 à Tupelo dans le Mississippi (États-Unis), Arthur Jafa est un photographe et cinéaste désormais installé à Los Angeles. Son travail
s’inscrit volontairement au sein de la blackness qui revendique une identité culturelle africaine-américaine
à part entière, dans laquelle les traumas de l’esclavage et de la ségrégation continuent de produire leur effet sur les corps, les imaginaires, les relations.
Dans les années 1990, il travaille d’abord aux côtés de réalisateurs comme Stanley Kubrick et Spike Lee
avant de réaliser ses propres films au sein desquels la musique noire notamment le gospel et le jazz—occupe une place centrale. Dans un contexte
de violences policières envers sa communauté et d’un racisme omniprésent aux États-Unis, sa pratique, qui fait également intervenir la photographie,
ne cesse de développer des stratégies visuelles, inspirées du collage et du montage, qui aspirent à représenter l’expérience noire dans sa multiplicité
et sa complexité.

Interview
Podcast

Informations pratiques

Bourse de Commerce François Pinault
2 rue de Viarmes, 75001 Paris

 

Horaires

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h 
Fermeture le mardi et le 1er mai
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 David Hockney, 25

Au printemps 2025, du 9 avril au 31 août, la Fondation Louis Vuitton invite David Hockney
Commissariat 
Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton et commissaire générale 
Sir Norman Rosenthal, commissaire invité 
François Michaud, conservateur à la Fondation Louis Vuitton, commissaire associé 
Assisté par Magdalena Gemra 
Avec la collaboration de Jean-Pierre Gonçalves de Lima et de Jonathan Wilkinson, pour le studio David Hockney
David Hockney est l’un de mes artistes préférés. Aussi est-ce avec une immense joie, et tout autant de reconnaissance, que je l’ai vu accepter notre invitation à 
« investir » la Fondation Louis Vuitton.
David Hockney enchante notre monde, nos émotions comme nos pensées. Il nous fait voir la nature et l’univers plus grands, plus lumineux, plus profonds aussi. Il nous fait nous découvrir.

extrait de la préface de Bernard Arnault
Président de la Fondation Louis Vuitton
« Do remember they can’t cancel the spring »

Au printemps 2025, la Fondation Louis Vuitton invite David Hockney, l’un des artistes les plus influents des XXe et XXIe siècles, à investir l’ensemble de ses espaces d’exposition.
Cette présentation, inédite par son contenu comme par son ampleur, de plus de 400 œuvres de 1955 à 2025 rassemble, outre un fonds majeur provenant de l’atelier de l’artiste et de sa fondation, des prêts de collections internationales, institutionnelles ou privées. L’exposition réunit des créations réalisées avec les techniques les plus variées – des peintures à l’huile ou à l’acrylique, des
dessins à l’encre, au crayon et au fusain, mais aussi des œuvres numériques (dessins photographiques, à l’ordinateur, sur iPhone et sur iPad) et des installations vidéo.

David Hockney s’est totalement impliqué dans la réalisation de cette exposition

Il a lui-même choisi, en collaboration avec son compagnon et studio manager, Jean-Pierre Gonçalves de Lima, de centrer l’exposition sur les vingt-cinq dernières années de son œuvre sans omettre les œuvres « mythiques » de ses débuts, proposant ainsi une immersion dans son univers, couvrant sept
décennies de création. Il a voulu suivre personnellement la conception de chaque séquence et de chaque salle, dans un dialogue continu avec son assistant Jonathan Wilkinson.

David Hockney déclare :

« Cette exposition est particulièrement importante pour moi, car c’est la
plus grande que j’aie jamais eue – les onze galeries de la Fondation Louis Vuitton ! Quelques-unes de mes toutes dernières peintures, auxquelles je suis en train de travailler, y seront présentées. Ça va être bien, je crois.


L’exposition « David Hockney, 25 » montre combien ces dernières années témoignent du renouvellement permanent de ses sujets et de ses modes d’expression. La capacité de l’artiste à toujours se réinventer à travers des nouveaux media est en effet exceptionnelle. D’abord dessinateur, passé maître dans toutes les techniques académiques, il est aujourd’hui un des champions des nouvelles technologies.
Seront réunies au rez-de-bassin des œuvres emblématiques des années 1950 aux années 1970 – depuis ses débuts à Bradford (Portrait of My Father, 1955),

puis à Londres, jusqu’en Californie. La piscine, thème emblématique, apparaît avec A Bigger Splash, 1967 et Portrait of An Artist (Pool with Two Figures), 1972. Sa série de doubles portraits est représentée par deux peintures majeures : Mr. and Mrs. Clark and Percy, 1970-1971 et Christopher Isherwood and Don Bachardy, 1968.

Puis la nature prend une place toujours plus importante dans le travail de David Hockney à partir de la décennie 1980-1990 – comme en témoigne A Bigger Grand Canyon, 1998 – avant que l’artiste ne regagne l’Europe pour y poursuivre l’exploration de paysages familiers.


Ensuite l’exposition se déploie autour des 25 dernières années, passées principalement dans le Yorkshire où il redécouvre les paysages de l’enfance, ainsi qu’en Normandie et à Londres. On y assiste à une célébration du Yorkshire, l’artiste faisant d’un buisson d’aubépine une explosion
spectaculaire du printemps (May Blossom on the Roman Road, 2009).

L’observation du rythme des saisons le mène au paysage hivernal monumental peint sur le motif, exceptionnellement prêté par la Tate de Londres, Bigger Trees near Warter or/ou Peinture sur le Motif pour le Nouvel Âge Post
Photographique, 2007.


Dans le même temps, David Hockney poursuit le portrait de ses proches, à l’acrylique ou sur iPad, ponctué de plusieurs autoportraits. L’exposition en compte une soixantaine en galerie 4, associés à des « portraits de fleurs » réalisés à l’iPad mais insérés dans des cadres traditionnels, créant un
trouble dont on retrouve l’effet dans le dispositif qui les réunit au mur, 25th June 2022, Looking at the Flowers (Framed), 2022.

Tout le 1er étage – galeries 5 à 7 – est consacré à la Normandie et à ses paysages. La série 220 for 2020, exécutée uniquement sur iPad, est présentée dans une installation inédite en galerie 5.
Hockney y capte, jour après jour, saison après saison, les variations de la lumière. En galerie 6, faisant suite à cet ensemble, on notera une série de peintures acryliques et le traitement très singulier du ciel animé de touches vibrantes, lointaine évocation de Van Gogh. En galerie 7, un panorama
composé de vingt-quatre dessins à l’encre (La Grande Cour, 2019) fait écho à la Tapisserie de Bayeux.

Enfin, le dernier étage est introduit par une série de reproductions remontant au Quattrocento constituant des références importantes pour l’artiste (The Great Wall, 2000).

La peinture de Hockney, qui se nourrit de l’histoire universelle de l’art depuis l’Antiquité, est centrée ici sur la peinture
européenne, de la première Renaissance et des peintres flamands jusqu’à l’art moderne. La première partie de la galerie 9 témoigne de ce dialogue avec Fra Angelico, Claude le Lorrain, Cézanne, Van Gogh, Picasso…

Puis, le public est invité à traverser l’espace de cette galerie-atelier transformée en salle de danse et de musique, comme David Hockney le fait régulièrement,
accueillant chez lui musiciens et danseurs.


Passionné par l’opéra, Hockney a souhaité réinterpréter ses réalisations pour la scène depuis les années 1970 dans une création polyphonique à la fois musicale et visuelle, en collaboration avec 59 Studio, enveloppant le visiteur dans la salle la plus monumentale de la Fondation (galerie 10).

L’exposition se clôt par une salle intimiste où seront révélées les œuvres les plus récentes peintes à Londres, où l’artiste réside depuis juillet 2023 (galerie 11). Celles-ci, particulièrement énigmatiques, s’inspirent d’Edvard Munch et de William Blake : After Munch: Less is Known than People Think, 2023,

et After Blake: Less is Known than People Think, 2024, où l’astronomie, l’histoire et la géographie rencontrent une forme de spiritualité, selon les propres mots de l’artiste. Il a souhaité y inclure son tout dernier autoportrait.

Informations pratiques

Fondation Louis Vuitton
8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne,
75116 Paris

Métro

Ligne 1 Station Les sablons (950m)

Bus

Ligne 73 La Garenne-Colombes – Charlebourg

Navette

Toutes les 20 minutes environ durant les horaires d’ouverture de la Fondation Sortie n°2 de la station Charles de Gaulle Étoile – 44 avenue de Friedland 75008 Paris

Fermée le mardi
https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/visiter

10h à 20 h

Artemisia, Héroïne de l’art

Artemisia Gentileschi (1593 – vers 1656), 
Esther et Assuérus, vers 1628, huile sur toile, 208,3 x 273,7 cm,
New York, The Metropolitan Museum of Art,
Gift of Elinor Dorrance Ingersoll, 1969
crédit : courtesy of the Metropolitan Museum of ArtAu Musée

Jacquemart-André
, jusqu'au 3 août 2025

COMMISSARIAT
Patrizia Cavazzini est chercheuse associée à la British School de Rome, conseillère de l’American Academy et membre du comité scientifique de la Galerie Borghèse.
Maria Cristina Terzaghi est professeur titulaire en histoire de l’art moderne à l’université de Roma Tre
Pierre Curie est Conservateur général du patrimoine. Spécialiste de peinture italienne et espagnole du XVIIe siècle, 
Pierre Curie est conservateur du musée Jacquemart-André depuis janvier 2016 et co-commissaire de toutes ses expositions.
PRODUCTION ET RÉALISATION
Emmanuelle Lussiez, Directrice des expositions de Culturespaces
Milly Passigli, Directrice déléguée de la programmation des expositions
SCÉNOGRAPHIE 
Hubert le Gall, sculpteur, designer et scénographe français
Le propos

Le Musée Jacquemart-André met à l’honneur du 19 mars au 3 août 2025 l’artiste romaine Artemisi Gentileschi (1593 – vers 1656). Personnalité au destin hors norme, cette protagoniste de la peinture caravagesque est l’une des rares artistes femmes de l’époque moderne ayant connu de son vivant une gloire internationale et qui put vivre de sa peinture. À travers une quarantaine de tableaux, réunissant aussi bien des chefs-d’œuvre reconnus de l’artiste, des toiles d’attribution récente, ou des peintures rarement montrées en dehors de leur lieu de conservation habituel, cette exposition met en valeur le rôle d’Artemisia Gentileschi dans l’histoire de l’art du XVIIe siècle.

Artemisia Gentileschi, Vénus endormie, vers 1626, 96,5 x 143,8 cm,
Virginia Museum of Fine Arts, Richmond, Adolph D. and Wilkins C. Williams FundL’exposition tend notamment à démontrer la profonde originalité de son oeuvre, de son parcours et de son identité, qui demeurent encore aujourd’hui une source d’inspiration et de fascination. L’histoire d’Artemisia traverse les siècles, et la lecture que l’on peut faire de son oeuvre – reflet de son vécu et
de sa résilience – s’avère intemporelle et universelle.
Née à Rome en 1593, la jeune Artemisia se forme auprès de son père, Orazio Gentileschi (1563- 1639), artiste d’origine toscane influencé par Caravage, et témoigne très vite d’un talent singulier pour la peinture. Adulte, elle mène une brillante carrière, gagnant une renommée internationale et des commandes dans toute l’Europe, jusqu’à la cour de Charles Ier d’Angleterre où elle rejoint son père en 1638. Malgré le succès flamboyant qu’elle avait connu de son vivant, Artemisia tombe dans l’oubli vers la fin du XVIIIe siècle. Il faudra attendre le XXe siècle pour que son oeuvre soit de nouveau appréciée à sa juste valeur.
Sa formation initiale avec son père Orazio, fondamentale pour comprendre son art, ainsi que l’impact fort de Caravage, sont mis en exergue dans l’exposition, notamment grâce à des prêts exceptionnels, tels que l’imposante Suzanne et les vieillards (Pommersfelden, Schloss Weissenstein), sa première œuvre signée et datée,

Gentileschi, Artemisia ; 1593–c. 1654.
– “Suzanne et le vieillards”.
Huile sur toile, H. 1,70 ; L. 1,19.
Pommersfelden, Graf v. Schönborn’sche Slg.

et le Couronnement d’épines de Caravage (collection de la Banca Popolare di Vicenza S.p.A. in L.C.A.). Dès ses débuts, Artemisia fait preuve d’une capacité unique à saisir la psychologie de ses personnages, dans des compositions à la puissance explosive, qui contrastent avec l’élégance lyrique d’Orazio.

L’analyse de l’œuvre d’Artemisia Gentileschi est difficilemment séparable de celle de son destin, même  s’il serait réducteur de comprendre son art uniquement à la lueur de sa vie. En 1611, son existence bascule : le peintre Agostino Tassi, employé par son père Orazio afin de lui enseigner la perspective, la viole. Refusant d’épouser la jeune fille en guise de réparation, Agostino Tassi se voit intenter un procès par Orazio Gentileschi, au cours duquel Artemisia est torturée afin de prouver la véracité de ses  accusations. Les Gentileschi gagnent le procès mais Tassi, malgré sa condamnation à cinq ans d’exil, fut protégé par le pape Paul V Borghèse et put rapidement revenir à Rome. La manière dont Artemisia surmonta cette épreuve révèle sa résilience, son courage et sa détermination.

À l’issue du procès, Artemisia épouse un Florentin et part s’installer à Florence. Elle atteint la pleine émancipation et la célébrité à cette époque, au cours de laquelle elle développe aussi bien ses compétences techniques que son érudition. Grâce aux relations qu’elle établit à Florence, elle développe
plus tard un réseau international de commanditaires. Durant ces années, elle peint notamment avec d’autres artistes le plafond de la Casa Buonarroti, maison dédiée à la mémoire de Michel-Ange par son descendant, dont deux panneaux sont exceptionnellement présentés dans l’ exposition.
Artemisia joue avec sa propre image et ses autoportraits, comme la célèbre Joueuse de luth du Wadsworth Atheneum Museum of Art (Hartford),

qui lui font notamment gagner la confiance du grand-duc Cosme II de Médicis, qui lui commande bientôt des œuvres monumentales, aujourd’hui perdues. Son talent de portraitiste, loué par ses contemporains, constitue un point central de l’exposition qui présente une série de portraits, dont certains ont été récemment découverts.
Artemisia Gentileschi puise par ailleurs son inspiration dans les thèmes bibliques et littéraires pour mettre en avant des sujets féminins et héroïques, qu’elle représente avec une rare empathie. Parfois, elle les dote d’un pouvoir de séduction unique dont elle a bien conscience ; les nus féminins peints par
une femme étaient à l’époque rares et très recherchés par les amateurs d’art. Une partie importante de l’exposition est ainsi consacrée au duel symbolique d’Éros et Thanatos, crucial dans l’art et la culture du baroque et véritablement central dans l’œuvre d’Artemisia Gentileschi.


Plusieurs représentations de Judith et Holopherne, sont illustrées dans l’exposition, comme la Judith et sa servante de la Galerie des Offices (Florence), qui appartint aux Médicis.

La scène monumentale d’Esther et Assuérus du Metropolitan Museum de New York est un autre exemple significatif de l’importance de cette thématique de l’héroïsme au féminin dans l’œuvre d’Artemisia Gentileschi.


Aujourd’hui, notamment depuis les années 1970 et l’émergence d’une histoire de l’art féministe, la figure d’Artemisia Gentileschi continue de fasciner. À son époque, il était difficile pour les femmes aspirant à devenir peintres de surmonter les limites imposées à leur sexe. Dans des circonstances très
contraignantes, Artemisia, presque illettrée dans sa jeunesse, réinventant son style et se réinventant elle même à plusieurs reprises, finit par être considérée comme une savante, détentrice d’une « belle main qui manie si bien le pinceau et la plume qu’elle confère l’immortalité » (Pietro della Valle). Elle entretient
au cours de sa vie une correspondance nourrie avec des personnalités importantes, des souverains, notamment François Ier d’Este, duc de Modène, ou encore des hommes de science, comme Galilée et Cassiano dal Pozzo.
Célébrée dans une gravure de Jérôme David comme un « miracle dans la peinture », Artemisia Gentileschi sut tirer parti de son talent et de son intelligence pour gagner une indépendance exceptionnelle, et pour laisser à la postérité un formidable héritage, par l’exemple même de sa vie et
de son œuvre. Sa personnalité audacieuse et entreprenante ne correspondait en outre certainement pas aux attentes de la société de son époque, et si sa condition féminine n’est pas déterminante dans l’appréciation de son œuvre, Artemisia Gentileschi n’en était pas moins en contact avec des personnalités
et des milieux qui débattaient la place des femmes dans la société. Farouchement indépendante, volontaire et habile dans ses affaires, elle a tracé son propre chemin, nous laissant une peinture brillante, séduisante et dont la puissance gagne à être redécouverte.

                                                         Madeleine pénitente

Informations pratiques

Musée Jacquemart-André, propriété de l’Institut de France
158, bd Haussmann – 75008 Paris
Téléphone : 01 45 62 11 59
Ouvert du lundi au jeudi de 10h à 18h, le vendredi de 10h à 22h et les samedis et dimanches de 10h à 19h.
Le restaurant – salon de thé Le Nélie est ouvert du lundi au jeudi de 11h45 à 18h.
Le vendredi de 11h45 à 22h – afterwork à partir de 18h – et les samedis et dimanches de 11h à 19h.
Brunch les samedis et dimanches de 11h à 14h30. Dernière admission au café à 17h30.
En période d’exposition, nocturnes les dimanches jusqu’à 19h et les vendredis jusqu’à 22h.
La librairie-boutique culturelle est ouverte selon les horaires du musée

Accès
Le Musée se situe à quelques pas des Champs-Élysées et des grands magasins.
En métro : Lignes 9 et 13, stations Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule
En RER : Ligne A, station Charles de Gaulle-Étoile
En bus : Lignes 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93