Le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanneaccueille un ensemble exceptionnel d’oeuvres en provenance de la Galerie nationale Trétiakov, à Moscou.
Quelque 70 peintures retracent les grandes heures de l’école de paysage russe des années 1855 à 1917, du début du règne d’Alexandre II à la révolution d’Octobre. Jusqu’au 5 octobre 2014
D’un continent l’autre, alors qu’à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne on célèbre les peintres de l’Amérique du 19e siècle, le musée cantonal de Lausanne expose les chefs d’oeuvre du musée Trétiakov de Moscou.
Si l’apport de l’école russe à la modernité débute pour beaucoup avec l’avant-garde des années 1910, la rupture avec l’art académique se situe dès le milieu du XIXe siècle. Une nouvelle génération d’artistes refuse de se soumettre au diktat de l’Académie impériale des Beaux-Arts à Saint-Pétersbourg. Abandonnant les sujets bibliques et mythologiques, elle part à la découverte des moeurs et des paysages russes, elle revisite son passé dans le contexte fortement politisé de l’affirmation d’une identité nationale, de l’abolition du servage et de la croyance portée par l’intelligentsia d’une contribution décisive à la construction d’une société moderne et démocratique.
Dans ce contexte de profondes mutations, le paysage joue un rôle déterminant. Avec la peinture de genre, c’est lui qui, pour les contemporains, se révèle le meilleur traducteur de l’« âme » et de la « terre » russes. À l’époque de la plus grande expansion territoriale de la Russie, les peintres explorent les mers, les montagnes et les forêts du vaste Empire. Ils observent les cieux, le défilé des saisons de l’aube à la nuit, ils s’attachent à la représentation des coutumes paysannes, des architectures rurales et citadines. Rejetant les paysages italianisants en vogue jusqu’alors, la nouvelle école s’inspire des réalismes historiques (l’école hollandaise du XVIIe siècle) et contemporains (l’école de Düsseldorf, l’école de Barbizon, l’impressionnisme). Ces courants nourrissent stylistiquement une vision de la nature certes réaliste, mais aussi à forte dimension narrative et symbolique.
La peinture de paysage de cette époque présente une mosaïque complexe et frappe par sa diversité, par les fortes individualités artistiques qui la représentent et par le dynamisme de son développement. On y distingue le paysage lyrique ou « paysage d’humeur » (Savrassov, Kaménev, Lévitan, Polénov), les prolongement du paysage romantique (Aïvazovski, Vassiliev, Kouïndji), la tendance naturaliste et documentaire (Chichkine), et enfin la tendance académique (Lagorio, Bogolioubov, Mechtcherski).
Entretenant des liens étroits avec les écrivains de l’âge d’or de la littérature russe (Tchékhov, Tolstoï, Tourgueniev, Dostoïevski), et avec les musiciens du Groupe des Cinq (Rimski-Korsakov, Borodine, Moussorgski), mais aussi avec une nouvelle génération de critiques d’art (Vladimir Stassov), les artistes représentés dans l’exposition sont membres ou entretiennent des liens étroits avec la Société des expositions artistiques ambulantes, instrument de diffusion de leur art auprès d’un plus large public. Les Ambulants organisent des expositions qui s’arrêtent dans les principales villes de l’Empire : outre Saint-Pétersbourg et Moscou, Orel, Kiev, Kharkov, Kichiniov, Odessa, Varsovie, entre autres. Leurs oeuvres sont collectionnées par un nouveau type de mécènes, issus non plus de l’aristocratie, mais de la bourgeoisie d’affaires ou industrielle moscovite, tels Savva Mamontov, qui rassemble autour de lui les artistes dits du Cercle artistique d’Abramtsévo, ou Pavel Trétiakov, le plus grand collectionneur d’art réaliste russe. Trétiakov fonde la première galerie d’art national russe, qu’il offre à la ville de Moscou en 1892.
La Galerie nationale Trétiakov, organisateur de l’exposition à découvrir à Lausanne, est aujourd’hui, avec le Musée d’Etat russe de Saint-Pétersbourg, la plus grande collection d’art russe au monde.
Commissaires de l’exposition : Tatiana Karpova, vice-directrice de la Galerie nationale Trétiakov à Moscou, et Catherine Lepdor, conservatrice en chef au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne Quelques thèmes et leurs représentants principaux : La forêt Ivan Chichkine (1832-1898.) est surnommé le « patriarche de la forêt » par ses contemporains. Principal représentant de la tendance objective du réalisme, son art, épique, monumental, résolument optimiste, repose sur une analyse scientifique de la nature. Son langage est clair et précis. Son sujet de prédilection est la forêt de chênes ou les conifères, qui restent toujours verts. Sa saison favorite est l’été, et le moment de la journée qu’il préfère est le midi. Son monde repose sur des valeurs pour lui fondamentales: la terre, le pays natal, le peuple, la splendeur de la vie. La mer
Figure tutélaire, Ivan Aïvazovski (1817-1900, ) bâtit sa réputation sur sa virtuosité exceptionnelle dans la représentation de la mer, des tempêtes et des naufrages. D’une productivité hors du commun (il a peint près de 6’000 tableaux, le plus souvent monumentaux), il porte à travers tout le XIXe siècle l’héritage du néoclassicisme et du romantisme. La mer est ainsi pour lui à la fois une métaphore du caractère imprévisible des revirements du destin et le symbole d’une puissance qui ne se laisse pas dompter, celle d’un peuple à la conquête de sa liberté. Le ciel Isaak Lévitan (1860-1900,) est un des principaux représentants du paysage lyrique ou « paysage d’humeur ». Proche ami de l’écrivain Anton Tchékhov, ils sont liés par leur appréhension lyrique de la nature, leur vénération de la beauté, du mystère du monde. La peinture de Lévitan, extrêmement construite et statique dans ses formes, nerveuse dans son traitement, résulte d’observations synthétisées en atelier. Son caractère émotif et solennel se traduit par la juxtaposition de larges coups de pinceau et une appréhension par larges surfaces colorées. Les Nocturnes Arkhip Kouïndji (1842-1910,), un des peintres les plus originaux de sa génération, est fasciné par la manière dont le nature est transfigurée par l a lumière. On l’a baptisé
l’« adorateur du soleil et de la lune ». Le traitement synthétique des formes, la transformation du volume en silhouette, le renforcement des contrastes de lumière et de couleur, apparentent ses paysages au clair de lune à des panneaux décoratifs ou à des décors de théâtre qui en font un précurseur de l’art nouveau, un compagnon de route des symbolistes. Le printemps
Avant Alekseï Savrassov (1830-1897,), la nature russe n’était pas considérée comme digne d’être représentée. On lui préférait les paysages d’Italie. Savrassov est l’inventeur du « motif » du printemps, non plus saison des émois amoureux, mais métaphore privilégiée du renouveau, des changements politiques et sociétaux tant espérés à l’époque de l’abolition du servage. Ce motif connaîtra après lui une grande fortune, répété en peinture d’Igor Grabar à Mikhaïl Larionov, en musique de la Sniégourotchka – La Demoiselle des neiges – de Nikolaï Rimski-Korsakov au Sacre d’Igor Stravinski. L’été Ilia Répine (1844-1930,) est le plus connu des peintres ambulants, mouvement dont il est le fer de lance et la vitrine à l’étranger. Son oeuvre a été influencée par l’impressionnisme français durant son séjour à Paris. Fin coloriste, brillant observateur des physionomies, il est amoureux de la vie dans toutes ses manifestations.
Ses scènes champêtres de la vie à la datcha lui vaudront les remontrances de son
ami l’écrivain Lev Tolstoï pour qui l’artiste doit se mettre au service de la société,
oeuvrer à son éducation et contribuer à son élévation morale.
Comme un air de Camille Monet avec ses enfants.
L’hiver
De la génération qui suit celle des premiers peintres ambulants, Boris Koustodiev (1878-1927,) est un des élèves d’Ilia Répine. Il adhère à l’Union des artistes russes, association moscovite où la peinture acquiert une diversité de couleurs
accrue, et s’affranchit des tons lourds et sombres pour devenir plus aérienne, plus
solaire. Ces peintres, dont les oeuvres résonnent en mode majeur, frappent par
leur vivacité morale, leur regard optimiste sur le monde et leur foi dans l’avenir. Les
oeuvres hivernales de Koustodiev entretiennent de grandes affinités avec l’art des
miniatures laquées de Palekh.
42 artistes sont exposés. L’exposition est organisée avec le soutien généreux du Consulat honoraire de la Fédération de Russie à Lausanne, à l’occasion du 200e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre la Russie et la Suisse. Audio-guide : En français et anglais, gratuit
CONFÉRENCES À 18H30 entrée libre Je 4 septembre:
Entre devoir de réalisme et désir de modernité.
La littérature russe à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, par Jean-Philippe Jaccard,
professeur ordinaire de littérature et de civilisation russes à l’Université
de Genève Je 11 septembre:
Un art nouveau à la redécouverte de la Sainte-Russie;
photographies en Russie, 1840-1914, par Dominique de Font-Réaulx,
conservateur en chef au Louvre, directrice du Musée Eugène-Delacroix photos et texte courtoisie du musée cantonal des Beaux Arts de Lausanne
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L’ exposition de la Fondation de l’Hermitage à Lausanne : Peindre l’AmériqueLes artistes du Nouveau Monde (1830 -1900) est visible jusqu’au 26 OCTOBRE 2014
Edward Lamson HENRY, gardée en retenue 1889
A l’occasion de son 30ème anniversaire, la Fondation de l’Hermitage présente une exposition exceptionnelle consacrée à la peinture américaine du XIXe siècle. Centrée autour des genres du paysage, du portrait et de la nature morte, cette manifestation réunit un ensemble d’œuvres réalisées entre 1830 et 1900, et pour la plupart présentées pour la première fois en Europe. Encore peu connue du grand public européen, la peinture américaine, dont l’essor fut considérable au XIXe siècle, est présentée au travers de plus de 90 œuvres.
Le paysage est à l’honneur, avec les artistes de la Hudson River School (Thomas Cole, Jasper F. Cropsey, Albert Bierstadt, Frederic E. Church et Thomas Moran) et du mouvement luministe (John Kensett, Fitz Henry Lane).
Aux côtés de plusieurs portraits d’Amérindiens peints par George Catlin, sont également réunis des scènes de la vie quotidienne et des portraits réalisés par Thomas Eakins et Richard C. Woodville.
Enfin, des tableaux de William M. Harnett, John F. Peto et John Haberle illustrent le renouvellement profondément original du genre de la nature morte.
Un magnifique ensemble de photographies regroupant des paysages et des portraits d’Amérindiens complète la présentation. Thomas Cowperthwait Eakins
La grande majorité des œuvres provient de musées américains de premier plan (Pennsylvania Academy of the Fine Arts de Philadelphie, National Gallery of Art de Washington, Terra Foundation for American Art de Chicago, Los Angeles County Museum of Art, …), ainsi que d’importants musées européens (Museo Thyssen-Bornemisza à Madrid, Musée d’Orsay et Musée du Quai Branly à Paris, musée cantonal de Lausanne …).
De dimensions généralement plus modestes, ces toiles sont peintes dans des tonalités douces qui renforcent leur ambiance intime et contemplative. Leur précision extrême, probablement influencée par la photographie naissante, va de pair avec une facture lisse où les coups de pinceau deviennent presque invisibles. Véritables sujets des tableaux, les modulations de lumière sont rendues avec une infinité de nuances dans des ciels immenses, des brumes diffuses ou des reflets aquatiques. Sous l’oeil des peintres luministes, la nature est désormais apaisée.
Frederic Edwin Church Morning in the Tropics | Matinée sous les tropiques, vers 1858
Enraciné dans la tradition picturale hollandaise et anglaise, le portrait connaît un essor considérable en Amérique aux XVIIIe et XIXe siècles. Dans un contexte peu favorable à l’expression artistique, le portrait est, dans un premier temps, une des seules formes d’art permettant aux peintres de vivre de leur talent. La naissance de la jeune nation stimule en effet la réalisation de portraits patriotiques, en particulier ceux des Pères fondateurs. De même, la classe marchande émergente commande une multitude de portraits destinés à orner les intérieurs bourgeois.
Si le paysage joue un rôle essentiel dans la construction du sentiment artistique national, il en va de même pour la peinture de la vie quotidienne, dans tout ce qu’elle a de plus prosaïque. Un des objectifs des artistes est d’affirmer la rupture avec les traditions européennes par la représentation d’activités et de personnages américains : travaux agricoles, commerces, réunions politiques, trappeurs, bateliers ou encore cow-boys. Le choix des artistes de montrer des scènes familières répond aussi au souhait de toucher un public moins élitiste, qui se reconnaît dans ces évocations des réalités ordinaires et qui retrouve dans ces tableaux les valeurs morales qui cimentent la nation.
Thomas Cowperthwait Eakins, Cowboy à la guitare
La peinture de genre ne s’intéresse guère aux aspects plus sordides de la réalité américaine, sans doute parce qu’il n’existait pas de marché pour ces sujets. Quand ils sont représentés, les Noirs sont bien souvent cantonnés dans des rôles de second plan. Le sort misérable des immigrés à New York est lui aussi rarement abordé par les artistes. Quant aux Indiens, de nombreuses peintures détaillent leur mode de vie traditionnel dans des paysages grandioses, mais les bouleversements dramatiques que connait leur société sont passés sous silence.
La photographie est adoptée dès son arrivée sur le sol américain en 1840. Dans un pays où la fidélité à la nature est au coeur des préoccupations artistiques, elle apparaît comme le médium idéal pour transcrire la réalité de manière objective. Le portrait est très rapidement popularisé grâce aux nombreux studios qui s’ouvrent dans les villes et aux photographes ambulants qui sillonnent les campagnes. Dans la seconde moitié du siècle, des tentatives de recensement des Indiens sont également menées par le biais du portrait photographique. A partir de la guerre de Sécession, la photographie joue aussi un rôle de premier plan dans la pratique du reportage et du documentaire.
Gardner Two Strikes
Tout au long du XIXe siècle, les Etats-Unis acquièrent et intègrent de nouveaux territoires à l’Ouest: la Louisiane en 1803, l’Oregon en 1846, les provinces mexicaines situées au nord du Rio Grande en 1848 ou l’Alaska en 1867. Afin de cartographier ces espaces immenses et d’inventorier leurs ressources, des missions d’exploration sont lancées par le gouvernement et par des entreprises privées. Des peintres, des dessinateurs, et plus tard des photographes y sont associés pour en documenter les découvertes. Albert Bierstadt parcourt ainsi le Colorado, le Wyoming, les Rocheuses, la vallée de Yosemite ou encore l’Alaska. Ses études de paysages lui serviront de points de départ pour des centaines de tableaux, souvent des vues idylliques témoignant des horizons infinis qu’il a pu observer. Thomas Moran participe à la mission d’exploration officielle conduite par
Frederic Edwin Church The Iceberg | L’iceberg, vers 1875
dans la région de Yellowstone en 1871. Ses peintures grandioses, ainsi que les photographies prises par William H. Jackson, marquent le public et plaident en faveur de la protection de ce site, qui deviendra le premier parc national de l’histoire en 1872. En quête de paysages spectaculaires et exotiques, Frederic E. Church et William Bradford vont même dépasser les frontières américaines. Church obtient ainsi un succès phénoménal avec ses paysages des Andes et de la côte du Labrador. Bradford est un des premiers artistes américains à peindre les glaces de l’Arctique, région qui le fascine au point de s’y rendre à de multiples reprises. George Catlin est, quant à lui, célèbre pour les centaines de portraits d’Indiens qu’il a réalisés en observant les tribus lors de ses nombreux voyages d’exploration dans les années 1830. Sa « galerie indienne », une exposition itinérante consacrée à la culture des Indiens, a été présentée à New York en 1837 avant d’être montrée dans les capitales européennes à partir de 1840. Elle offre un précieux témoignage d’une civilisation menacée de disparition.
L’exposition est accompagnée d’un ouvrage richement illustré, avec des textes de William Hauptman, historien de l’art, spécialiste de l’art américain du XIXe siècle et commissaire de l’exposition, ainsi que deux essais sur la photographie, par Corinne Currat et Dominique Hoeltschi, chargées de projets à la Fondation de l’Hermitage. Publié en coédition avec La Bibliothèque des Arts, Lausanne.
Vaut le détour, car pendant longtemps les peintres américains, étaient considérés comme des artistes de province, jusqu’à l’apparition du pop-art
VISITES COMMENTÉES PUBLIQUES
Les jeudis à 18h30 et les dimanches à 15h Prix : CHF 5.- (en plus du billet d’entrée) / gratuit pour les Amis de l’Hermitage Sans réservation, nombre de participants limité
VISITES COMMENTÉES POUR GROUPES PRIVÉS Des visites peuvent être organisées sur demande pour des groupes privés, en français, allemand ou anglais Prix : CHF 130.- (en plus des billets d’entrée) Maximum 25 personnes par groupe Renseignements et réservations au +41 (0)21 320 50 01
VISITES COMMENTÉES AVEC EXTRAITS MUSICAUX Di 6 juillet à 11h, sa 30 août à 16h, di 21 septembre à 11h, sa 11 octobre à 16h Découvrez les liens entre peinture et musique, grâce à une visite commentée ponctuée d’extraits musicaux. Prix : CHF 5.- (en plus du billet d’entrée) / gratuit pour les Amis de l’Hermitage Nombre de participants limité Sur réservation au +41 (0)21 320 50 01
CONFÉRENCES Jeudi 11 septembre à 18h30 Il était une fois l’Amérique. Le regard des peintres sur le Nouveau Monde par William Hauptman, historien de l’art, commissaire de l’exposition Jeudi 2 octobre à 18h30 La nostalgie de l’avenir : peindre des trompe-l’oeil dans l’Amérique du XIXe siècle par Jan Blanc, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Genève Prix des conférences : CHF 12.- / CHF 10.- tarif réduit / gratuit pour les Amis de l’Hermitage Sur réservation au +41 (0)21 320 50 01
NUIT DES MUSÉES de Lausanne et Pully Samedi 27 septembre de 14h à 2h du matin De nombreuses animations sont proposées autour de l’exposition : commentaires d’oeuvres, visites spéciales « les yeux fermés », atelier créatif pour les familles, chasse au trésor et balades à la découverte du parc de l’Hermitage, contes et légendes amérindiens, musique et restauration légère à l’américaine dans la cour, ainsi que la traditionnelle braderie de livres d’art, catalogues, cartes postales et affiches d’expositions. Prix : CHF 10.- / gratuit pour les moins de 16 ans Programme détaillé des animations et informations pratiques sur www.nuitdesmusees.ch Photos courtoisie Fondation de l’Hermitage
quand le logiciel du Monde voudra bien les faire apparaître
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Ma première rencontre avec les oeuvres de Lee Ufan date de 2004, présentées à la Fondation Fernet Branca, grâce à Jean-Michel Wilmotte, architecte de renommée internationale et grand connaisseur de la culture coréenne, qui a réussi la rénovation et transformation des anciennes usines, en centre d’art contemporain. Dans l’intimité du lieu, elles dégageaient une sérénité contagieuse.
La Fondation présente actuellement et jusqu’au 31 août, les oeuvres d’un ancien élève, puis assistant de Lee Ufan, un compatriote coréen » Lee Bae » Lee Ufan, Relatum – Le bâton du géant
A Versailles, elles tiennent leur promesse. Avec des pierres, du métal et beaucoup de poésie, l’artiste apporte sa vision minimaliste, à la magnificence du parc dessiné par Le Nôtre. Les dix récits illustrés de ce marcheur philosophe, créent de nouvelles visions du monument le plus célèbre du monde.
Dans le château et surtout dans les jardins, les formes sculpturales intenses et silencieuses de l’artiste se posent au pied de l’Escalier Gabriel, dans la perspective majestueuse dessinée par Le Nôtre ainsi qu’au détour des allées et des mystérieux bosquets, complétant et modifiant pour un temps l’atmosphère des lieux. Toutes entièrement nouvelles et pour certaines aux dimensions inusitées viennent en réponse aux espaces des jardins. Lee Ufan, Relatum – L’Arche de Versailles
Il n’apprécie pas les oeuvres qui écrasent l’homme par leur présence qui imposent une idée, une théorie. Son prénom, Ufan veut dire soleil en coréen. Maître de l’art Zen, ses oeuvres minimalistes, sont réduites tant au niveau des couleurs, gris, blanc, noir, tant qu’ au niveau des matériaux, l’acier et la roche, le dialogue entre l’être et le temps.
Il est l’un des protagonistes du mouvement artistique intitulé Mono-Ha, terme que l’on peut traduire par “l’École des choses”.
Selon la définition de Lee Ufan, fondateur et théoricien de ce groupe d’artistes japonais, son principe était “d’utiliser une chose sans rien y ajouter. Ils prenaient et assemblaient des matériaux industriels, des objets quotidiens, des objets naturels, sans les modifier. Cette méthode ne consistait pas à se servir des choses et de l’espace pour réaliser une idée mais est venue à vrai dire de la volonté de faire vivre divers éléments dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux ”.
Le Mono-Ha apparaît dans les mêmes années que les tendances européennes ou nord américaines regroupées au sein de l’Arte Povera, Supports-Surfaces ou Land Art, toutes manières de repenser les fondements mêmes de la sculpture ou de la peinture.
A Versailles il invite à un parcours lent, solitaire, en groupe, en famille, comme une sorte de pèlerinage, une sorte de désintoxication en 10 stations, des installations très épurées, en osmose avec l’espace et le temps, invitant à la pause, à la méditation. le plan des oeuvres Lee Ufan, Relatum, Earth of the Bridge
Elles portent le terme générique de “Relatum”, exprimant que l’œuvre d’art n’est pas une entité indépendante et autonome, mais qu’elle n’existe qu’en relation avec le monde extérieur. Pour Lee Ufan l’acte du sculpteur consiste, en réponse à une évolution de l’art qui après des millénaires d’objets fabriqués par la main de l’homme s’est ouvert à l’objet industriel et au ready made, à critiquer l’hyper productivité du monde contemporain.
Lee Ufan a choisi de lier le faire et le non faire. Il part du principe que “voir, choisir, emprunter ou déplacer font déjà partie de l’acte de création”. Il relie la nature à la conscience humaine avec une simple plaque de fer en dialogue avec une pierre. Il peut aussi déployer des plaques d’acier mat en une structure linéaire debout ou couchée, dont les ondulations répondent à l’espace investi. « Cela fait longtemps que je souhaite réaliser une œuvre en forme d’arche comme un arc-en-ciel suspendu à l’horizon. Je suis donc très heureux d’avoir la chance de réaliser ce projet dans les jardins historiques du Château de Versailles. L’œuvre dépassera l’histoire de Versailles ainsi que ma propre histoire. L’espace lui-même s’ouvrira et deviendra un lieu de rencontre avec les spectateurs, une respiration conjointe. Il y a dans ce projet une forme de transcendance, de par le fait même de sa présentation à Versailles. Il ne s’agit pas de poser un objet tout droit sorti de l’atelier, mais de créer un véritable dialogue avec le site. Je pense que l’œuvre doit avoir deux sens. Cette dernière ne doit pas être un objet fermé, mais une porte ouverte. J’utilise souvent la pierre qui représente la nature, et le métal qui est un symbole de la société industrielle. Ils interagissent en fonction de l’espace et créent une relation inévitable dans le lieu. Les œuvres présentées seront principalement composées de pierre et métal. Du petit chemin, au grand jardin, jusqu’aux salons du château, la circulation de l’air dans l’espace offrira au spectateur la sensation que leur cœur palpite ».
C’est en juin 2014 que l’“espace-temps” s’ouvre dans les jardins du château de Versailles. Lee Ufan Extrait d’un entretien de l’artiste avec Philippe Piguet, L’œil #665, Février 2014
Son énorme «Arche» d’acier incarne un vieux rêve d’enfant devant un arc-en-ciel, souvenir du Japon. C’est un immense et fin ruban d’acier bleuté, de 30 mètres de long et 40 tonnes, aux reflets changeant selon la météo, porte ouverte sur la Grande Perspective, jusqu’aux mystérieux bosquets royaux. Lee Ufan, Relatum – L’ombre des étoiles
Notamment celui de l’Étoile, espace désertique qui abrite « L’Ombre des étoiles », (ma vidéo) une œuvre étrange, un espace minéral de granit blanc, un champ mégalithique éclairé d’une lumière lunaire, auquel Lee Ufan a donné la forme de la constellation du Grand Chariot. Sur les pelouses il a fait onduler des plaques d’acier, comme des vagues, les lames de vent
Dans l’allée de Flore, deux plaques d’acier posées au sol qui relient, tel un pont, deux grandes roches se faisant face au bout d’un sentier étroit, escorté d’arbres et de buissons proprement alignés.
L’envoûtant bosquet des Bains d’Apollon qui clôturent le parcours sont un endroit secret et mythique, un paysage de verdure, de bassins et de cascades déferlant de la grotte où le bel Apollon (Louis XIV) trône entouré de ses nymphes, l’artiste a creusé une tombe, d’où une grosse pierre noire figure un hommage à Le Nôtre, le contraste est saisissant.
Lee Ufan, Relatum, La Tombe, hommage à Le Nôtre
Une seule œuvre à l’intérieur du château« un mur de coton »
C’est une invitation à sentir et à voir, avec l’intériorité de chacun et l’infinité du monde. Jusqu’au 2 novembre photos de l’auteur
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Je recycle une ancienne chronique
Cela a commencé par une banale blague où je voulais piéger mon petit ami et surtout sa fidélité sur un réseau social. Au fil des jours, mon avatar de princesse africaine, m’attira une multitude d’amis, de prétendants, d’invitations de tous poils. Autant vous dire que le piège tendu je l’ai abandonné par crainte de voir la vérité révélée.
Sans rien produire, n’étant jamais en ligne, n’affichant que ma scolarité imaginaire, sans âge, ni qualité, je me retrouve à la tête au bout de 6 mois de 140 amis inconnus. Je n’ai sollicité personne, ils viennent tous à moi, par ricochet, et effet collatéral, au point que mon avatar, le vrai en crève de jalousie. Le pauvre il se fend de billets emberlificotés sur son blog, qu’il reverse sur sa page, en y ajoutant des photos et des commentaires. Rien n’y fait, il est snobé, ignoré, à peine quelques commentaires d’encouragement ou le tellement significatif, sublimant « j’aime ».
Moi princesse du rêve et de l’embrouille je me régale et me moque de ma jumelle désappointée. La prenant en pitié j’ai poussé la gentillesse jusqu’à lui souhaiter son anniversaire. La snobe ne m’a pas répondu, elle ignore la chance qu’elle a de m’avoir dans son ombre tel un ange gardien, malgré tout sexué… Peut-être vais-je moi-même lui proposer mes propres amis, si empressés, et lui prodiguer quelques conseils de bonne communication. J’ai bien vu un livre traitant du sujet dans un salon du livre, mais j’ai trouvé le prix trop élevé pour ma bourse de fantôme, aussi j’en ai fait l’impasse. Peut-être vais-je le lui offrir pour son prochain millésime. Si elle prend la mouche, je vais être fâchée avec la moitié de moi-même, cela ne me mènera-t-il pas vers un psy pour schizophrénie ?
Mais elle n’a pas dit son dernier mot, elle est pleine de ressources et ne manque pas d’humour, ni d’amour propre, je crois qu’elle mijote une vengeance de derrière les fagots, car mine de rien, elle en a dans son ciboulot, si méconnu. Les vacances vont lui être propices à la réflexion et à la confection du scénario. S’il réussit je viendrais vous en conter le récit. S’il rate, je vous parlerais du marronnier de saison et de sa question récurrente « où pars-tu en vacances ? » ou encore l’autre formule « tu n’es pas bronzée, n’as-tu pas été en vacances ? » avec les programmes indispensables : comment perdre 10 kilos avant de se mettre en maillot et une analyse des divers régimes et autres conseils qui obstruent ma boîte aux lettres, qu’un charitable anti-spam élimine gracieusement.
Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne sont que pure coïncidence, sortie de mon imagination, mais l’expérience a été faite. Répondre Yossi Malka Yossi Malka 16 juillet 2011 à 21:12 | # J’aime , ce n’est pas une blague… texte adorable Répondreakimota akimota 08 août 2011 à 21:18 | # J’ai connu un cas semblable, plus sophistiqué (dont la page a disparue depuis). La « vraie » est venue me voir, consternée et dépitée des conséquences inattendues (pas de détails). Je lui ai dit qu’à mon avis, il s’agit de « création » comme un conte ou une nouvelle qui aurait emprunté les voies du web, tant son « jeu » était bien construit, sans avoir arnaqué personne. La seule qui en aie pâti, c’est elle-même, à cause du dédoublement de personnalité, qui prête plus à conséquence que sur Second Life où quand même l’addiction est un grand risque…D’ailleurs, sur second life, je me nomme akimota, pour vous servir… 🙂 Répondre Martine L Martine L 18 juillet 2011 à 08:32 | # C’est vraiment joli ! et de grande pertinence sociologique, Elisabeth ! en quelques lignes bien troussées, vous stigmatisez cet avatar de sentiments, d’amitié, de réel déguisé, qu’est le « roi facebook » ( en dehors de pas mal d’utilités autres et bien réelles, cette fois ) que votre texte donne à réfléchir à quelques uns ! Répondre elisabeth 29 juillet 2011 à 00:14 | # Merci, que vos commentaires sont doux à mon ego, nous pourrions être de vrais amis « hors » facebook ! Répondre a-s a-s 08 août 2011 à 15:42 | # sacrée pistolette ! Répondre elisabeth 14 novembre 2011 à 14:25 | # Marre de marre, trop « d’amis » trop sollicitée l’usurpatrice, j’ai essayé de la virer, rien n’y fait, sans image, hors connexion, elle est encore demandée, comment s’y prendre pour exterminer ce fantôme du Web ? Commentaires (7) elisabeth 24 novembre 2011 à 22:52 | # 350 amis, sans image, sans définition, hors service, hors connexion, elle a encore des demandes et des invitations, non mais je vais la trucider! Est pris qui croyait prendre ! merci pour vos commentaires
D’emblée on se précipite sur le port, pour constater les changements, où voir si le lieu est fidèle au souvenir. Surprise une nouveauté, « l’ombrière » de Norman Foster, architecte high-tech, auteur du viaduc de Millau, du Millénium Bridge de Londres et d’une foultitude de réalisations dans le monde, l’Ombrière, Norman Foster
remplit bien son office, car le soleil est ardent.
Au fond du Vieux Port l’église de Saint-Ferréol les Augustins, dont la façade blanche restaurée réjouit l’œil, et mérite la visite, mais l’arrière du bâtiment contraste par sa vétusté. St Ferréol les Augustins
Puis en touriste lambda nous prenons le petit train touristique, qui grimpe jusqu’à Notre Dame de la Garde en nous promenant le long de la côte avec une vue magnifique sur les coins de plages et de criques. Le sanctuaire de Notre-Dame de la Garde est de style néo-roman. Les arcades du sanctuaire sont romanes. Mais les murs extérieurs de la basilique et sa décoration intérieure révèlent aussi des influences de l’art byzantin. Elle domine le panorama marseillais, on l’aperçoit de n’importe quel point de vue. A Notre-Dame de la Garde, les pierres extérieures sont des pierres blanches et des pierres vertes. A l’intérieur de la basilique (visite) on constate, dans les piliers, une alternance entre le marbre blanc de Carrare et le marbre rouge de Brignoles. Et l’on retrouve la même dualité de couleur dans les stucs des arcades. Cette polychromie donne à l’édifice un caractère joyeux. Des ex-voto couvrent les murs en multitudes. la Major
La cathédrale Sainte-Marie-Majeure, appelée la Major, est la cathédrale catholique de l’archidiocèse de Marseille. La Major a été construite en style néo-byzantin, avec des pierres qui rappellent celles de Notre Dame de la Garde, entre 1852 et 1893 sur les plans de l’architecte Léon Vaudoyer. Située dans le quartier de la Joliette elle se dresse sur une esplanade entre le Vieux-Port et le port de la Joliette, sur l’emplacement de l’ancienne cathédrale du XIIe siècle, d’où vient le nom occitan de « Major ». Actuellement en travaux, elle est difficile d’accès, nous réservons sa visite pour une autre occasion. la Vielle Charité
Après une flânerie dansle Panier, une visite à la Vieille Charité s’impose, où
Chiharu Shiota, propose une installation, State of Being (LE GUÉPARD), jusqu’au 19 octobre 2014. Dans la lignée de Marina Abramovic, la jeune plasticienne japonaise place le corps au centre de sa pratique sculpturale en tissant de vastes environnements de fils noirs emprisonnant des objets qui, ainsi libérés de leur utilité, provoquent de nouvelles visions poétiques et émouvantes. Cette artiste avait déjà attirée mon attention à Art Basel 2013.
Prenant la passerelle depuis le Panier nous arrivons au Fort Saint Jean, où nous avons rendez-vous avec la guide à la Tour du Roi René, pour une visite architecturale du Mucem, en faisant un parcours historique du fort, avec divers point de vue, sur la mer, le Mucem, la Major.
Une autre passerelle au-dessus de la mer nous amène vers le J4, œuvre de l’architecte français, Rudy Ricciotti. Un musée, trois lieux : Le J4, Le Fort Saint-Jean, Le Centre de Conservation et de Ressources. Entre ville et mer, sur l’ancien môle portuaire J4, le bâtiment de 15 500 m2 comporte 3 600 m² d’espaces d’exposition, un espace dédié aux enfants, un auditorium de 335 places pour la présentation de conférences, de spectacles, de concerts, de cycles de cinéma, une librairie, un restaurant doté d’une terrasse panoramique et les « coulisses » indispensables à un équipement de ce type : ateliers, lieux de stockage, bureaux, etc.
Avec vue sur la Tour de Zaha Hadid, la plus grande tour de Marseille et sur la Major.
Nous nous émerveillons devant les Moucharabieh(s), surprise, : Les images vues dans la presse et sur Internet, m’ont laissées un souvenir de bleu, mais en fait, c’est du béton gris derrière lequel se dessine le bleu de la mer méditerranée et du ciel.
Puis nous passons à la Villa Méditerranée. Conçue par l’architecte milanais Stefano Boeri, l’architecture du bâtiment est caractérisée par une structure en porte-à-faux surplombant un bassin artificiel de 2 000 mètres cubes d’eau. Une vibration bizarre provient de l’étage, où nous pénétrons, qui procure une sensation d’insécurité.
En arrière plan se trouvent les immeubles de l’architecte Fernand Pouillon
Puis nous pénétrons dans le musée privé Regards de Provence, duquel la vue sur la Villa méditerranée et le Mucem est imprenable.
Qui dit Marseille, dit aussi Cité Radieuse. Sur le toit de celle-ci le gymnase a été acquis par Ora Ito, qui le transforme en lieu de création artistique en plein ciel. C’est ici, au sommet de La Cité Radieuse édifiée entre 1945 et 1952, que s’installe le MAMO Audi talents awards créé par Ora Ito. Le chef d’oeuvre de Le Corbusier s’offre ainsi un nouveau territoire en devenant l’écrin et le tremplin de la création à venir. Daniel Buren au Mamo
Une exposition de Daniel Buren, ( voir la vidéo) fait la joie, surtout des enfants et des photographes. On peut voir aussi son exposition actuelle de Strasbourg, tout aussi ludique. autre vidéo-DEFINI, FINI, INFINI Travaux in-situ de Daniel Buren – MAMO Audi talents awards
Un autre Musée privé, le musée Cantini (voir la vidéo de l’exposition) nous offre une belle rétrospective de l’artiste belge Paul Delvaux, le rêveur éveillé. Des paysages, un univers ferroviaire, un théâtre de Squelettes, l’Enigme Féminine, dans l’intimité de son chagrin d’amour, puis un rêve d’antiquité.
Dans le métro, une affiche conseille d’abandonner les idées reçues sur Marseille, la guide elle aussi, insiste sur les beautés et qualités de sa ville. Que les marseillais se rassurent, j’ai aimé leur ville, chaleureuse et accueillante.
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