La lanterne magique est une petite machine d’optique
Qui fait voir dans l’obscurité sur une muraille blanche
Plusieurs spectres et monstres si affreux
Que celui qui n’en sait pas le secret
Croit que cela se fait par magie
Antoine Furetière
Dictionnaire universel 1690
Divulguée par un jésuite allemand, Anasthase Kirscher, en 1671, l’invention de la « Laterna Magica » est sans doute née grâce à un astronome et physicien hollandais, Christiaan Huygens, en 1659. Cette technique n’a pas cessé de se perfectionner et dans son article, Laurent Mannoni nous explique qu’on en vient à une véritable « tempête optique » une fantasmagorie réalisée par un appareil révolutionnaire, le fantascope, monté sur rail et placé à l’arrière de l’écran. Grâce à ce procédé, l’image s’avance vers le spectateur ou au contraire apparaît extrêmement lointaine pour ne former qu’un point miniscule. C’est un curieux prêtre liégois qui, ayant transformé son nom en Robertson, a mis en pratique ces spectacles de fantasmagorie avec un succès immense. Un journaliste du XVIIIe siècle déclarait que « Robertson était passé maître dans l’art de faire apparaître des spectres et des fantômes. Toutes les puissances de l’au-delà lui obéissaient » Il semble qu’il avait le pressentiment du cinématographe.
Jean Lorentz – président de la Ste Schongauer
Lanterne de peur ou lanterne magique, le Musée Unterlinden de Colmar, jusqu’au 16 mars, nous présente, une infinie variétés de ces lanternes. Les adultes, comme les enfants visiteurs, restent ébahis devant la variété présentée et devant les projections drôles, fantasmagoriques, poétiques.
Tantôt sous forme de Tour Eiffel, de mosquée, de Boudha, de « lampadorama », de voiture, de maisonnette, de chalet, de kiosque, de vase fleurs, d’ église Ste Sophie, chinoise, boule, de communion, bijou, de salon, de colporteur, qu’elles soient romantiques, à feuilles de chêne, à gaudrons, riche, carrée, Louis XV, à rouleau horizontal, « Bi-Unial » ou « Tri-Unial » elles nous parviennent grâce à des collectionneurs passionnés ; depuis leur origine à son évolution jusqu’au 20e siècle.
Le catalogue est l’occasion de rappeler les premières projections au milieu du XVIIe siècle, des danses macabres par Holbein le Jeune.
C’est aussi le moment de rappeler que l’on célèbre le centième anniversaire du premier dessin animé, intitulé « Fantasmagorie » par son auteur Emile Cohl.
Elles sont toutes des pièces uniques et rares, intéressantes dans leur originalité.
Des plaques de projection pour tous les usages, celles qui servaient aux danses macabres, celles qui sont montrées par un singe projectionniste, celles qui animaient simplement les soirées ordinaires, ou celles qui instruisaient les amateurs, toutes tendent vers le futur cinéma de Georges Méliès, sans oublier la camera oscura chère à Veemer.
photos provenant du catalogue de l’exposition qui comporte un DVD d’images de lanternes magiques et de fantasmagories
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