mounir fatmi

Fuck architects : chapter III
Ceux qui peuvent encore rêver ne dorment plus
Jusqu’au 17 mai 2009 au Frac Alsace – Sélestat
Dans le cadre du week-end de l’art contemporain, organisé en Alsace, mounir fatmi, s’impose dans la continuité de mon propos sur les States.
mounir fatmi travaille dans le monde, éthiquement et esthétiquement… Ici au Frac d’Alsace, il opte pour le noir et blanc, il a définitivement gommé les majuscules de ses nom et prénom, en signe de son inscription dans le réel et de son refus des formes d’autorité… ses œuvres relisent l’histoire que la modernité occidentale a écrit, de Freud au 11 septembre en passant par les Black Panthers, mais en reformulent les représentations dans l’esprit d’aujourd’hui… dans les hôtels des pays arabes, désertés il y a quelques années à cause du terrorisme, il proposait d’inviter des artistes en résidence… il a en projet un remake du film Sleep d’Andy Warhol avec Salman Rushdie comme acteur principal… D’exposition en exposition, à chaque fois pensées comme lieu de débat, mounir fatmi affirme son travail comme une démarche critique qui interroge le monde contemporain via la représentation de ses violences et de ses paradoxes. fuck-architects-3.1237768114.JPG
Fuck architects : chapter III est le dernier volet d’un travail commencé en 2007 autour de l’architecture, envisagée comme indice d’enjeux esthétiques, politiques, économiques et religieux. Pour mounir fatmi, l’architecture est l’aune à laquelle mesurer la modernité et ses utopies, leur réussite et leur faillite. Elle est matière à écrire et à penser, comme la littérature et la philosophie. Elle renvoie autant à la construction qu’à la déconstruction : les philosophes occidentaux ne seraient-ils pas les architectes et les chefs d’un chantier abandonné ou en suspens ?
mounir fatmi est un artiste nomade, à la croisée des cultures occidentale et orientale, des pensées laïque et religieuse. Ses œuvres questionnent les formes et les discours de l’autorité, la liberté de parole, le rapport entre vérité et légitimité. Elles traitent de l’envers des événements le-grand-pardon.1237768440.JPG(la rencontre de Jean-Paul II et de son assassin Ali Agca),
de leur potentiel de représentation (le skyline de Manhattan dans l’après 11 septembre), des stratégies de pouvoir…
Les œuvres de mounir fatmi sont des jeux de langages mariant le dessin et l’écriture, des métaphores mixant les formes et les images. Contre toute didactique, elles jouent le rôle d’embrayeurs, au sens linguistique du terme, renvoyant à l’origine et à la réalité des événements plus qu’à leurs représentations dans les médias, et particulièrement à leur actualisation dans la pensée. Ses expositions sont ainsi des équations visuelles, nées d’un usage souple des médiums contemporains (vidéo, installation, dessin…), jouant de signes culturels multiples et éventuellement opposés. En forme de réseau, elles croisent divers domaines du savoir, des sciences à la philosophie, des techniques à la politique. S’y questionnent des façons de représenter le monde dans lequel nous vivons, qui engagent directement le jugement critique et la notion de point de vue.skyline.1237768588.JPG
Ainsi, plus que le monde lui-même, c’est le regardeur de ses œuvres que mounir fatmi interroge sur la nature et l’origine de son propre savoir sur le monde. L’exposition est une tentative de bousculer la passivité critique induite par la globalisation médiatique. Chez mounir fatmi, l’art ne donne pas de réponse, il met à distance, il problématise, en deçà des propagandes et des surdéterminations.
Olivier Grasser
save-manhattan.1237768730.JPG« Save Manhattan » représente le skyline de New York à travers trois univers, trois composants, trois installations.
La première pièce est structurée par une littérature de catastrophes, post 11 septembre, qui n’aurait jamais existée sans cet événement.
La deuxième, avec des cassettes VHS vides, pour signifier l’absence d’images. Les images de la catastrophe ont été tellement diffusées, qu’il n’y a plus besoin de montrer les images que le monde entier garde en mémoire comme une trace indélébile.
Et la troisième, composée d’enceintes posées au sol, restitue le son de New York, enregistré le matin, le soir, l’après midi, dans les rues, le métro…, comme un bruitage cinématographique pour donner le sentiment d’être dans le corps de la ville. Cette dernière n’est pas présente dans l’exposition, elle est remplacée par celle-ci, qui pourrait évoquer  Ground Zero.
Il y a souvent dans ses oeuvres une interdépendance entre les éléments qui la compose, comme s’il voulait signifier que comme dans un jeu de domino, tout pouvait s’effondrer par la défaillance d’une seule fraction
JS : Comment voyez-vous la situation dans le monde arabe aujourd’hui ?

mounir fatmi : C’est un monde en mal d’archives, où tellement de choses ont disparu que c’est le moteur de son activité actuelle. C’est ce qui explique la dynamique de ville comme Dubaï ou Abu-Dhabi où aujourd’hui on est capable de planter des palmiers en pleine mer, où il y a une volonté tenace de créer et remplir des musées, tel le Louvre ou le Guggenheim.
Le monde arabe est une région où jusqu’à présent il n’y avait que des hôtels vide à 70% à cause du terrorisme.
D’ailleurs j’avais pensé les utiliser comme projet de résidence et envoyer des artistes européens et américains à y séjourner, cela peut être intéressant de regrouper les artistes, les terroristes et les touristes dans un même endroit. À ce moment, je pense que l’art rejoint la politique.
Il reste que cette envie de grands musées n’est pas seulement culturelle, il faut dire aussi que les pays arabes ne pouvant plus avoir des armes de destruction, ni pouvoir les fabriquer pour se protéger, ils leur restent juste l’achat des noms de grands musées qui vont fonctionner dans un futur proche comme des boucliers antimissile. Je doute fort que l’armée Américaine ou Britannique tirera des missiles sur le Guggenheim d’Abu Dhabi, ou que l’armée Française attaquera le Louvre de Téhéran ou de Tripoli. J’imagine même qu’en situation de guerre, la population de ces pays choisira sûrement de se cacher dans ces musées au lieu de courir vers les mosquées. Je sais que cela fait un peu trop science-fiction, mais bon, c’est mon côté Burroughsien.

Propos recueilli par Jérôme Sans, Venise 2007
Voilà enfin un raisonnement autrement plus convaincant, que toute cette polémique et ces pétitions conservatrices (et ces ventes aux enchères indécentes, aux prix démesurés et aux réactions épidermiques, nullissimes, d’un Pierre Bergé –
c’est hors sujet ? et alors ? )
photos de l’auteur par autorisation expresse de mounir fatmi – grand merci à lui

Circle Line Cruise à New York

J’ai oublié de vous dire que nous avons fait des passages de douane et de sécurité, sans problème, rien à voir avec les Rossbifs. Nous avons été contrôlés de façon plus approfondie à la sécurité, à cause du mini computer Toshiba, et moi pour la clé USB, que j’avais gardé dans ma poche, à Newwark et à Dusseldorf, le contrôle a été rapide et courtois, rien à voir avec la pseudo Mata-Hari de Londres.
Dois-je vraiment mentionner la perte d’une roue de valise (elle en avait 4) et la fente dans la coque en polycarbonate, de cette pourtant robuste marque allemande. Résultat des courses, après le constat déposé au bureau de l’aéroport, nous avons une valise toute neuve, ce qui est de bonne augure pour un départ vers de nouvelles aventures…manhattan-depuis-le-bateau.1237594362.JPG
Dès que le temps s’est radouci et que le soleil était au beau fixe, nous avons fait le tour non moins classique, avec Circle Line Cruise, 3 h obligatoires, afin de pouvoir partir à 12 h 30, sinon, il aurait fallu attendre jusqu’à 16 h 30, pour ne faire que 2 heures. Nous avons attendu en rang d’oignons (internationaux) pendant ¾ avant de monter dans le bateau, pour être bien placé, il fallait passer par là. Le tour est commenté en anglais, par un senior bénévole, belle vue sur Manhattan, avec ses incroyables buildings, évocation des Twin Towers, au passage de Ground Zero.
 Nous nous sommes rendus à Ground Zero, un autre jour, c’est un immense chantier, ground-zero-ny.1237594481.JPGentouré de barrières hautes où l’on ne voit strictement rien, juste à côté,
 j’ai grimpé sur l’escalier du  Millenium Hilton  pour prendre des photos.
Le grand moment a été le passage à proximité de la Statue de la Liberté, tout le monde se précipite pour la voir, mais pas de Marseillaise, j’étais un peu déçue par ce manque de tact …
statue-de-la-liberte.1237594603.JPGCar lorsque nous avons navigué sur le Rhin, au passage de la Lorelei, il y a eu le chant de la Lorelei, annoncé par quelques coups sonores de cloche. Quelques îles lieux de séquestration, puis la côte est avec l’ONU, dont je vous ai relaté la visite, le pont de Brooklin, celui de Manhattan. La 3e heure est un peu inutile, JR a fait la sieste et moi, oserai-je l’avouer, j’ai fait des autoportraits grimaçants  sur fond de côtes.time-square.1237594978.JPG
A la descente du bateau, nous avons fait un repérage, pour voir où se trouvait le Moma, qui a été un des poins forts de notre voyage. Puis passage dans la très chic Park avenue, puis Brodway si américaine, Times Square, arrêt dans un Café Europe, où le café n’avait rien d’italien, ni de français. Retour vers Pen.
clic sur la flèche verte pour lire l’audio-guide 23-time-square-broadway-show.1237596794.mp3

l'Empire State Building


Comme le touriste lambda que je suis, je n’ai pas été très orignale, j’ai débuté en montant à l’Empire State Building. Avec le City Pass 9 jours, nous n’avions aucun problème de queue, le temps était au beau fixe, en 2 temps, 3 mouvements nous étions au 86e étage. Cela a été une bonne entrée en matière pour se mettre dans le bain américain.
Cilquez sur la flèche verte de gauche pour lire l’macys.1237429614.JPGaudio-guide
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Puis nous sommes allés, déjeuner chez Macy’s, puis l’aventure à continuer par la visite des buildings : Chrysler Building, chrisler-building.1237429799.JPGpuis contact avec Brodway, petite pause à Bryant Park, où se trouve une sculpture de
Gertrude Stein, entre autres, puis incursion au Waldorf Astoria
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pour faire une pause à la
cathédrale ST Patrick,
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 puis visite du Rockfeller Center

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pour ménager notre monture, 
nous sommes retournés sagement à notre domicile.
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 les photos et vidéo sont de l’auteur

Retour des States

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 Non je ne l’ai pas croqué, je me suis contentée de le photographier, ce petit gâteau en l’honneur de St Patrick’s Day
Le jet lag est bien géré, après une bonne sieste. Cela fait 2 nuits que je ne dors pas, l’excitation du retour, le vol de nuit depuis New York via Dusseldorf, puis le transfert vers Bâle Mulhouse. C’était très confortable, j’ai regardé Australia, que je n’avais pas vu au cinéma, puis Desperate Housewifes, puis le Chihuahua de Beverly Hills, puis la Duchesse je ne sais plus quoi, sur mon écran personnel, quoique en classe eco, pas de prise de tête….  Nous avons fait le voyage en compagnie d’un séminaire de rabbins, qui ont prié lorsque l’avion a décollé, aussi j’étais rassurée et sereine pour la fin du voyage… Cela me rappelle, mon premier vol vers Israël, lorsque l’hôtesse m’a demandé si je mangeais casher, j’ai répondu, « pourquoi pas cher ? n’est-ce pas compris dans le vol ?  » ‘ma naïveté me perdra.
Au vu des statistiques du blog plus qu’encourageantes, pour avoir recommencé à zéro en décembre, je suis tentée de relater mon séjour, mais au vu des commentaires, je me pose des questions, sur la qualité rédactionnelle. (je reconnais que tout le monde n’est pas aussi bavard que moi)
Aussi je vous remercie tous de votre soutien, anonymes et connus, qui écrivent quelques commentaires et je salue tous ceux qui me lisent depuis de si nombreux pays, et je leur envoie un message de paix par l’intermédiaire de la carte postale de l’ONU.
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et un gag pour le fun, ma photo sur le timbre de l’ONU, unique endroit d’où il est possible de poster du courrier avec sa propre effigie.
n’oubliez pas le petit clic, même double clic sur les images pour les agrandir
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L'ONU

 Ma visite a l'ONU


clic sur la flèche verte pour lire l’audio guide
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vidéo de l’auteur

En voyage

Si vous me cherchez je suis quelque part par là pour un moment :

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clic sur la fleche verte  tout a gauche pour lire l’ audio guide

Lucas Cranach – La Fontaine de Jouvence

La Gemäldegalerie de Berlin, est l’une des plus importantes  pinacothèques du monde. Six siècles de peinture européenne y ont trouvé un magnifique écrin. La période va du haut Moyen Age, avec de précieux retables, au crépuscule de la tradition baroque vers la fin du XVIIIe siècle. Une subtile sélection de chefs-d’œuvre issus de toutes les écoles et toutes les époques artistiques, permettent d’y être confronté. Cela m’a permis de voir l’original du jugement dernier de Bea Angelico, des annonciations de Fra Filippo Lippi et de Filippino Lippi.
J’ai retenu dans  la salle des Cranach, une toile qui me fait sourire, tellement actuelle, ancêtre des cliniques de rajeunissement suisses et des cliniques d’esthétique actuelles.
« La Fontaine de Jouvence »  ( 1546) luca-cranach-la-fontaine-de-jouvence.1235864358.JPGLa peinture de Cranach traite des êtres humains à l’immortalité et à la jeunesse éternelle. L’âge venant, ils rêvent de jouir à nouveau du printemps de la vie, de pouvoir abandonner leur enveloppe corporelle usée et de l’échanger contre une nouvelle. L’idée de la force purificatrice des éléments, en particulier l’eau, est aussi vielle que le monde. Un bassin dans lequel on descend par quelques marches constitue l’élément central de la scène. Il est placé au milieu d’un paysage imaginaire, loin de toute habitation. Des femmes et des hommes ont rejoint ce lieu isolé afin de plonger dans ces eaux miraculeuses. Ils ont dû pour cela endurer mille peines. Dans la partie gauche de l’image, des femmes toutes ridées et vacillantes de faiblesse sont transportées jusqu’à la fontaine sur des chariots, des brouettes ou des civières. Une fois déshabillées, un médecin les examine avant qu’elles se baignent. Là, dans l’eau, se déroule le processus de rajeunissement progressif. Leurs rides disparaissent. Leur corps prend à nouveau une teinte rose, leur peau se tend : elles se transforment en jeunes filles. Au sortir du bassin, elles sont accueillies par un galant homme qui les guide vers une tente, à l’intérieur de laquelle, elles endosseront de nouveaux habits. C’est ainsi que de vieilles paysannes se transforment en demoiselle de la cour s’adonnant avec insouciance aux plaisirs de la vie. A la joyeuse animation de la table de fête, à la danse, à la musique et aux jeux amoureux, correspond un paysage florissant, celui du royaume de la jeunesse éternelle.
Un paysage rocheux et aride dans lequel sont représentés les tourments de la vieillesse lui fait face, formant un contraste saisissant. Le pilier de la fontaine, qui achemine l’eau de la source vers le bassin, est orné de sculptures de Vénus et d’Amour. Elles montrent qu’il ne s’agit pas là uniquement d’une fontaine de jouvence mais plutôt d’un puits d’amour, et que la force du sentiment est bien la véritable source de jeunesse éternelle.
Et pourquoi cela n’expliquerait pas un peu, l’attirance de beaucoup d’hommes pour les femmes très jeunes, imaginant naïvement que cela agira comme un bain de jouvence…. La version féminine attirée par des jeunes hommes est plus rare, car les femmes ont davantage le sens du ridicule…..

Sommaire de février 2009

01 février 2009 : Tristan et Isolde précédé de magicologie
03 février 2009 : La bêtise
04 février 2009 : Picasso et les maîtres expliqué
05 février 2009 : Play – Replay Robert Cahen
06 février 2009 : Lanternes magiques
10 février 2009 : Chhttt…Le merveilleux dans l’art contemporain (2ème volet)
12 février 2009 : Chhttt…Le merveilleux dans l’art contemporain (2e volet) 2
13 février 2009 : les Naga – une culture oubliée redécouverte
14 février 2009 : Love Story
15 février 2009 : La passion Lippi
16 février 2009 : Charles Pollock, le frère 
20 février 2009 : En vadrouille
23 février 2009 : Sammlung Berggruen
24 février 2009 : Berlin 2009
26 février 2009 : Dora Maar aux ongles verts
28 février 2009 : Picasso et les femmes
 

Picasso et les femmes

Les plus connues sont présentes dans la collection Berggruen.
Sept femmes ont véritablement compté dans la vie du Maître

La tête de Fernande Olivier, portrait en trois dimensions, réalisée en bronze, de 1909. De son vrai nom Amélie Lang avec qui il restera de 1904 à 1912. Quand il la rencontre, il est plongé dans sa période bleue, mélancolique.

Picasso, « Ma Jolie », peinture murale, Sorgues, été 1912

Picasso tombe alors sous le charme d’une autre jeune femme, Eva Gouel née Marcelle Humbert avec qui il restera de 1912 à 1915. Il lui déclare sa flamme de manière cachée dans certaines de ses œuvres en inscrivant souvent « Ma jolie » ou en la personnifiant sous les traits d’une guitare. Malheureusement, elle décède rapidement en 1915 et toute sa vie le Maître aura la nostalgie de ce grand amour perdu.

                                                Olga Khokhlova
Une nouvelle rencontre va le remettre dans la création : celle d’Olga Khokhlova qui deviendra Madame Picasso en 1918. Il est comblé par la naissance de son premier fils, Paulo en 1921. Le couple se déchire, cette vie mélancolique et mondaine qu’ils mènent ne plaît pas à Picasso et leur séparation officielle éclate en 1935, en revanche, le divorce ne sera jamais prononcé, ce qui sera un souhait de la ballerine russe. Elle ne figure pas dans la collection Berggruen.

A son retour de Horta de Ebro, Picasso s’efforce de transposer l’analyse cubiste à la sculpture en trois dimensions. Un entrelacs passionné de formes concaves et convexes, bouche, nez et orbites suivent les volumes naturels  tandis que les joues sont décomposées en parties creuses et saillantes. Une multiplicité de points de vue se trouvent condensés dans cette tête.
Françoise Gilot occupe une place à part dans la vie de Picasso, notamment en

raison de son indépendance d’esprit. Amante de Picasso à l’âge de 21 ans, alors qu’il était âgé de 62 ans.
Ils passèrent ensemble 10 années d’inspiration mutuelle.
Elle était sa muse, critique et artiste, appréciée en société. Le tableau « la lecture » a été peint à la villa La Galloise.  Il s’agit d’une composition de surface. Des moitiés de visage, une veste noire, des manches de chemise, mains, livre et table sont fortement liés par les couleurs. L’impression de plasticité ou d’espace, que donnent les ombres du bras et du livre ou l’ombre portée sur une moitié du double visage, crée un réel contraste. La lecture évoque un adieu.
Ce visage montre deux vues : celle de face (le bel ovale bleu) et celle de profil (anguleuse et peinte d’un blanc terne)
Ils eurent 2 enfants. Elle le quitta et lui tint tête dans un procès en reconnaissance de paternité. Il en sera vexé à jamais.

Matador et femme ( Jacqueline Roque) fait partie d’une série réalisée en 1970 à Mougins sur le thème de prédilection de Picasso : la tauromachie. Encore une  fois, cette peinture d’un couple traite de l’art et de la vie, préoccupation toujours très forte de Picasso alors âgé de 89 ans. Le matador vêtu d’une cape rouge sang et l’épée dégainée symbolise la devise « Au combat ! » (Roland Marz)
Cette peinture vise l’immédiateté – un combat des sexes ? Ce qui est fort probable si l’on regarde la vie agitée de Picasso, sans cesse en quête de nouvelles sources d’énergies féminines. A l’exposition du Grand Palais, l’homme était en vert, pour attester de la toujours vigueur sexuelle de l’artiste. Le corps de la femme bien en chair occupe la partie blanche de la toile, à laquelle répond le chapeau blanc du matador, et s’oppose le rouge de la cape de manière spontanée en lignes dynamiques.

Un dessin au crayon sur papier de 1938, montre un étude de Picasso où il a stylisé les deux femmes de sa vie du moment . Dans la partie haute, Dora Maar en buste de trois quart, coiffé de son chignon catalan sévère, l’accent est mis sur ces grands yeux, il y en a trois, et son visage altier,  dessin cubiste. (voir Dora Maar aux ongles verts sous le lien)
Dans la partie basse Marie Thérèse Walter, qui donna naissance à Maya, assise dans un fauteuil, croise ses jambes, le corps à la poitrine opulente, montré de trois quart, la tête aux deux vues, dont l’une figure  le profil parfait de Marie Thérèse. Unies dans sa vie, contre leur gré, unies sur le papier. Picasso a vécu avec Dora Maar tout en maintenant sa liaison avec Marie Thérèse.

Dora Maar aux ongles verts

Il y avait le gant de Gilda. Il y a ceux de Dora Maar. Noirs et brodés de roses. Toute sa vie Picasso les garda précieusement dans une vitrine. Quand il avait rencontré Dora, en hiver 1935, elle les avait ôtés et avait posé sa main nue sur la table : elle jouait à lancer la lame aiguisée d’un canif entre ses doigts écartés. Plusieurs fois elle manqua son but et se blessa. C’était aux Deux Magots. Dora était en compagnie d’Eluard, qui les présenta. Lorsque Picasso lui adressa la parole, Dora Maar répondit en espagnol. Ainsi commença cette histoire d’amour que nous conta une exposition au Musée Picasso, des chefs-d’oeuvre et des documents multiples, tels des clichés photographiques jamais montrés, qui éclairent les années 1935 à 1945, sans doute les plus intenses de la création de Picasso.
Dora Maar avait des cheveux d’un noir de jais. Picasso n’était-il pas le Minotaure, et Dora Maar sa proie, celle qu’il transforme en muse, en chimère, en sphynge, en nymphe ou en harpie ? Mais Dora Maar est aussi celle qui, selon Eluard,  » a toutes les images dans son jeu « . Pour Picasso elle incarne l’idéal féminin, selon Victoria Combalia :  » sa taille de guêpe, ses hanches larges, ses fesses rebondies et ses jambes bien formées « . Amie des surréalistes, qui s’intéressent à son oeuvre de photographe, elle a signé le 10 février 1934 avec Breton et Eluard  » l’Appel à la lutte  » du Comité de Vigilance des Intellectuels antifascistes. Loin d’être une amante passive, elle va entraîner Picasso sur des voies nouvelles. Par-delà leur passion, un dialogue d’artistes se noue

entre eux, dont témoignent des gravures de Picasso qui font écho aux photomontages de Dora Maar. Elle initie Picasso à la photographie et ils réalisent à quatre mains des   » photogravures  » qui constituent l’une des révélations de l’exposition.
La vente à Paris de la succession Dora Markovitch, dite Dora Maar, en 1998 a suscité un vif engouement de la part des amateurs et pour cause, le musée personnel de celle-ci recelait de nombreux souvenirs et de trésors réalisés par le maître de la peinture moderne.
Ce sont des peintures et des dessins ayant toujours appartenu à Dora Maar et qu’elle ne voulut jamais vendre, qui auront été proposés aux enchères à la Maison de la Chimie comme cette toile « Femme qui Pleure » et cette « Dora Maar sur la plage » qui respectivement étaient estimées au delà de 20 et 10 millions de francs.
A la Sammlung Berggruen c’est une Dora dégantée,  aux yeux grands ouverts, signe de grande intelligence d’après Heinz Berggruen, qui l’a rencontrée, grâce aux liens qu’il entretenait avec Picasso. C’est une des premières peinture de Dora par Picasso, (1936) assise dans un fauteuil, le haut du corps et l’ovale de la tête comme suspendu en gravitation sont inclinés vers le bord gauche, atténuant sa position hiératique, la tête légèrement de profil, coiffée à l’espagnol, accentue les traits classiques de son visage, tandis que les doigts écartés aux ongles vernis en vert soulignent l’élégance de cette dame capricieuse.
Quatre an plus tard, après le début de la guerre et l’avancée des troupes allemandes, Picasso s’était réfugié à Royan, où il vécu et travailla avec Dora Maar dans une toute petite chambre d’hôtel. En 1939 il peignit le  » pull-over jaune  » un autre portrait de Dora, dans lequel les aspects individuels de sa personnalité lui importaient moins que de donner une image symbolique de l’époque. Ici Dora est assise dans un fauteuil, en plein centre de l’image. La tête stylisée au double visage, à la fois vu de face et de profil selon la manière cubiste quasiment classique. Le corps en revanche, sous l’action des rapports déformant de l’époque est serré dans un  » pull-over jaune  » qui ressemble davantage à une camisole en cotte de mailles. Les mains élégantes et les ongles verts du tableau précédent deviennent ici des pattes griffues et animales.
  photos de l’auteur

lecture : Dora Maar Alicia Dujovne Ortiz

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